(AFP) – Il y a 13 heures PORT-AU-PRINCE — L'épidémie de choléra qui sévit en Haïti depuis la mi-octobre a fait 1.648 morts, selon un nouveau bilan publié vendredi par le ministère de la Santé, à deux jours des élections présidentielle et législatives.
Ce bilan, qui porte sur une période comprise entre le 20 octobre et le 24 novembre, fait état de 45 morts de plus que le précédent communiqué jeudi. Aucun nouveau décès n'est à signaler dans la capitale Port-au-Prince, où 146 personnes ont été tuées par la bactérie depuis le début de l'épidémie.
Le choléra a touché au total 72.017 personnes et entraîné 31.210 hospitalisations, soit 1.339 de plus que le précédent bilan.
Le département de l'Artibonite (nord), où s'est déclarée la maladie, reste le plus touché, avec environ la moitié des décès (754) et plus de 14.000 personnes hospitalisées.
Malgré le chaos provoqué par le choléra, les autorités ont refusé de reporter les élections présidentielle et législatives qui doivent avoir lieu dimanche.
L'épidémie a provoqué des violences la semaine dernière à l'encontre des Casques bleus de l'ONU, accusés par une partie de la population d'avoir importé la maladie et des manifestations ont fait six morts.
Tant les Nations unies que l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS), branche de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), jugent que le cap des 200.000 cas pourrait être franchi dans trois mois.
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5gYApn9iDSdV9Ro-p6Vd41jb9BKEA?docId=CNG.c5a4b8f94e1a7bba049babb091bc6451.a31
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
vendredi 26 novembre 2010
Haïti: Jude Célestin, candidat du pouvoir et outsider de la présidentielle
MONDE 26/11/2010 À 15H27
A trois jours du scrutin, le poulain de l'actuel président René Préval, en retard dans les sondages, donne un dernier coup de collier à sa campagne.
Par FABRICE ROUSSELOT
Les deux avions passent et repassent dans le ciel de Port-au-Prince et lâchent leurs nuages de tracts. Les gamins courent dans tous les sens et s’arrachent les morceaux de papier jaune et vert marqués du numéro 10. Le message est assez simple: «Jude Célestin prezidan». Tout autour, la foule a commencé à se rassembler à l’intersection de la route de Delmas et de l’avenue Martin Luther King.
Le candidat du pouvoir, choisi par le président René Préval, a installé un immense podium qui bouche toute la circulation. «C’est lui le meilleur, c’est lui qui va gagner», hurle une jeune fille en transe qui se déchanche au son du kompa, la musique traditionnelle haïtienne. Ce qui est sûr, c’est que Jude Celestin a décidé de mettre le paquet dans les dernières heures de la campagne présidentielle.
Loin derrière la favorite, Mirlande Manigat
Personne ne s’attendait à voir cet ingénieur bâtisseur de routes sans expérience politique arpenter le pays pour prendre la tête de l’Etat. Mais à la surprise générale, l’actuel Président René Préval, qui ne pouvait plus se présenter après ses deux mandats, en a fait son poulain officiel. Peut-être, disent certains Haïtiens, parce que Célestin est le fiancé de sa fille. Une façon de garder éventuellement la main sur le pouvoir, alors que Préval a déjà laissé entendre qu’il serait intéressé par un éventuel poste de Premier ministre, «à la Poutine».
L’appui de Préval semble pourtant avoir été un handicap pour le candidat Célestin. Depuis des mois, surtout après le tremblement de terre du 12 janvier, le Président est vivement critiqué pour son incompétence et son incapacité à gérer la crise. Préval a été également surpris par l’épidémie de choléra, et a mis plusieurs jours à réagir.
Du coup, Jude Célestin est à plus de huit points dans les sondages, loin derrière la favorite, Mirlande Manigat. Dans un pays toutefois où la fraude est partie intégrante de la vie politique, Célestin, qui refuse de parler à la presse, pourrait bien se retrouver au second tour. Et tous les scénarios politiques sont ouverts.
«Les numéros 10 sont les meilleurs!»
Célestin n’a pas de programme particulier mais promet à chacun de ses meetings de «continuer à aider le pays sur tous les fronts». Pendant trois heures, ils sont des milliers à danser et à chanter. Sur le podium, un homme part dans les comparaisons footballistiques et assure que «c’est bien pour le numéro 10 (il y a dix-huit candidats) qu’il faut voter». «Vous les connaissez les numéros 10, ce sont les meilleurs, lâche-t-il, il y a Maradona, il y a Messi». A l’évidence, le candidat n’a pas choisi les couleurs jaune et verte de l’équipe nationale brésilienne au hasard…
Vers cinq heures et demie, Jude Célestin monte enfin sur le podium. Plus de trois heures après le début du meeting. Il ne parlera pas plus de dix minutes. Un discours qui n’en est pas un, juste des promesses sur le choléra, l’économie et le retour de l’emploi.
http://www.liberation.fr/monde/01012304664-haiti-jude-celestin-candidat-du-pouvoir-et-outsider-de-la-presidentielle
A trois jours du scrutin, le poulain de l'actuel président René Préval, en retard dans les sondages, donne un dernier coup de collier à sa campagne.
Par FABRICE ROUSSELOT
Les deux avions passent et repassent dans le ciel de Port-au-Prince et lâchent leurs nuages de tracts. Les gamins courent dans tous les sens et s’arrachent les morceaux de papier jaune et vert marqués du numéro 10. Le message est assez simple: «Jude Célestin prezidan». Tout autour, la foule a commencé à se rassembler à l’intersection de la route de Delmas et de l’avenue Martin Luther King.
Le candidat du pouvoir, choisi par le président René Préval, a installé un immense podium qui bouche toute la circulation. «C’est lui le meilleur, c’est lui qui va gagner», hurle une jeune fille en transe qui se déchanche au son du kompa, la musique traditionnelle haïtienne. Ce qui est sûr, c’est que Jude Celestin a décidé de mettre le paquet dans les dernières heures de la campagne présidentielle.
Loin derrière la favorite, Mirlande Manigat
Personne ne s’attendait à voir cet ingénieur bâtisseur de routes sans expérience politique arpenter le pays pour prendre la tête de l’Etat. Mais à la surprise générale, l’actuel Président René Préval, qui ne pouvait plus se présenter après ses deux mandats, en a fait son poulain officiel. Peut-être, disent certains Haïtiens, parce que Célestin est le fiancé de sa fille. Une façon de garder éventuellement la main sur le pouvoir, alors que Préval a déjà laissé entendre qu’il serait intéressé par un éventuel poste de Premier ministre, «à la Poutine».
L’appui de Préval semble pourtant avoir été un handicap pour le candidat Célestin. Depuis des mois, surtout après le tremblement de terre du 12 janvier, le Président est vivement critiqué pour son incompétence et son incapacité à gérer la crise. Préval a été également surpris par l’épidémie de choléra, et a mis plusieurs jours à réagir.
Du coup, Jude Célestin est à plus de huit points dans les sondages, loin derrière la favorite, Mirlande Manigat. Dans un pays toutefois où la fraude est partie intégrante de la vie politique, Célestin, qui refuse de parler à la presse, pourrait bien se retrouver au second tour. Et tous les scénarios politiques sont ouverts.
«Les numéros 10 sont les meilleurs!»
Célestin n’a pas de programme particulier mais promet à chacun de ses meetings de «continuer à aider le pays sur tous les fronts». Pendant trois heures, ils sont des milliers à danser et à chanter. Sur le podium, un homme part dans les comparaisons footballistiques et assure que «c’est bien pour le numéro 10 (il y a dix-huit candidats) qu’il faut voter». «Vous les connaissez les numéros 10, ce sont les meilleurs, lâche-t-il, il y a Maradona, il y a Messi». A l’évidence, le candidat n’a pas choisi les couleurs jaune et verte de l’équipe nationale brésilienne au hasard…
Vers cinq heures et demie, Jude Célestin monte enfin sur le podium. Plus de trois heures après le début du meeting. Il ne parlera pas plus de dix minutes. Un discours qui n’en est pas un, juste des promesses sur le choléra, l’économie et le retour de l’emploi.
http://www.liberation.fr/monde/01012304664-haiti-jude-celestin-candidat-du-pouvoir-et-outsider-de-la-presidentielle
Le pompier Thierry Velu sera bientôt de retour en Haïti pour participer à la lutte contre l'épidémie de choléra
Samedi 27.11.2010, 05:16 - La Voix du Nord En septembre, lors de la dernière mission du GSCF en Haïti, un médecin avait assuré 400 consultations.
Un an après le tremblement de terre qui a fait 250 000 morts en Haïti, le GSCF ...
(1) sera de retour sur place en janvier.
Son président Thierry Velu, par ailleurs pompier professionnel à la caserne d'Étaples, fera partie de l'expédition. Au moins quatre membres actifs de son association l'accompagneront. Leur mission : tenter d'enrayer la terrible épidémie de choléra, qui a déjà fait plus de 1 200 morts.
« La situationn'a pas évolué »
À la veille de l'élections présidentielle, le sort continue de s'acharner sur l'île des Caraïbes. Thierry Velu en sait quelque chose. Avec son association, il a déjà participé à quatre missions humanitaires en Haïti depuis septembre 2004. Après le séisme du 12 janvier, une équipe du GSCF avait participé aux opérations de sauvetage. « Depuis, la situation n'a pas évolué, constate Thierry Velu. 80 % des bâtiments sont toujours à terre et 1,5 million de personnes vivent encore dans les camps. Je me demande bien où l'aide internationale est passée.
» Le 20 septembre, six membres du GSCF, parmi lesquels on comptait un autre pompier d'Étaples, sont retournés en Haïti. Ils se sont rendus dans deux sites différents pour remettre aux associations locales des équipements indispensables, notamment deux unités de traitement de l'eau, du matériel de déblaiement et de sauvetage, ainsi que des médicaments. Un médecin a aussi assuré 400 consultations, pour soigner à la fois des problèmes de diarrhée, de parasites et proposer un soutien psychologique aux personnes les plus éprouvées.
Une arme redoutable
Depuis, l'épidémie de choléra s'est développée de manière endémique. « C'est le résultat combiné des problèmes de pauvreté, d'insalubrité, du manque d'éducation et de connaissances », estime Thierry Velu. Ce triste constat a motivé la nouvelle mission programmée en janvier. L'équipe viendra cette fois avec une arme redoutable contre le choléra : des appareils de production de chlore permettant individuellement de potabiliser de l'eau pour 3 000 personnes par jour. La solution chlorée qu'ils produisent peut aussi être utilisée pour la désinfection des latrines, des douches, des plaies et le nettoyage des aliments. « On souhaiterait acheter entre 20 et 30 appareils de ce type pour notre prochain voyage. On cassera notre tirelire s'il le faut, car là-bas, ils sont en train de crever », s'insurge le président.
Cette mission doit aussi permettre d'acheter des fournitures pour 600 élèves scolarisés dans un camp de Port-au-Prince. Mais pour l'heure, les dons manquent cruellement. •
SYLVAIN DELAGE
(1) Le Groupe de secours catastrophe français (GSCF) est une association humanitaire basée à Villeneuve-d'Ascq qui regroupe 230 membres opérationnels, essentiellement des pompiers, et 2 300 adhérents.
Pour envoyer des dons : GSCF Haïti, BP 111, 62170 Montreuil-sur-Mer.
Site internet : http://www.gscf.fr/
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Montreuil/actualite/Secteur_Montreuil/2010/11/27/article_le-pompier-thierry-velu-sera-bientot-de.shtml
Un an après le tremblement de terre qui a fait 250 000 morts en Haïti, le GSCF ...
(1) sera de retour sur place en janvier.
Son président Thierry Velu, par ailleurs pompier professionnel à la caserne d'Étaples, fera partie de l'expédition. Au moins quatre membres actifs de son association l'accompagneront. Leur mission : tenter d'enrayer la terrible épidémie de choléra, qui a déjà fait plus de 1 200 morts.
« La situationn'a pas évolué »
À la veille de l'élections présidentielle, le sort continue de s'acharner sur l'île des Caraïbes. Thierry Velu en sait quelque chose. Avec son association, il a déjà participé à quatre missions humanitaires en Haïti depuis septembre 2004. Après le séisme du 12 janvier, une équipe du GSCF avait participé aux opérations de sauvetage. « Depuis, la situation n'a pas évolué, constate Thierry Velu. 80 % des bâtiments sont toujours à terre et 1,5 million de personnes vivent encore dans les camps. Je me demande bien où l'aide internationale est passée.
» Le 20 septembre, six membres du GSCF, parmi lesquels on comptait un autre pompier d'Étaples, sont retournés en Haïti. Ils se sont rendus dans deux sites différents pour remettre aux associations locales des équipements indispensables, notamment deux unités de traitement de l'eau, du matériel de déblaiement et de sauvetage, ainsi que des médicaments. Un médecin a aussi assuré 400 consultations, pour soigner à la fois des problèmes de diarrhée, de parasites et proposer un soutien psychologique aux personnes les plus éprouvées.
Une arme redoutable
Depuis, l'épidémie de choléra s'est développée de manière endémique. « C'est le résultat combiné des problèmes de pauvreté, d'insalubrité, du manque d'éducation et de connaissances », estime Thierry Velu. Ce triste constat a motivé la nouvelle mission programmée en janvier. L'équipe viendra cette fois avec une arme redoutable contre le choléra : des appareils de production de chlore permettant individuellement de potabiliser de l'eau pour 3 000 personnes par jour. La solution chlorée qu'ils produisent peut aussi être utilisée pour la désinfection des latrines, des douches, des plaies et le nettoyage des aliments. « On souhaiterait acheter entre 20 et 30 appareils de ce type pour notre prochain voyage. On cassera notre tirelire s'il le faut, car là-bas, ils sont en train de crever », s'insurge le président.
Cette mission doit aussi permettre d'acheter des fournitures pour 600 élèves scolarisés dans un camp de Port-au-Prince. Mais pour l'heure, les dons manquent cruellement. •
SYLVAIN DELAGE
(1) Le Groupe de secours catastrophe français (GSCF) est une association humanitaire basée à Villeneuve-d'Ascq qui regroupe 230 membres opérationnels, essentiellement des pompiers, et 2 300 adhérents.
Pour envoyer des dons : GSCF Haïti, BP 111, 62170 Montreuil-sur-Mer.
Site internet : http://www.gscf.fr/
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Montreuil/actualite/Secteur_Montreuil/2010/11/27/article_le-pompier-thierry-velu-sera-bientot-de.shtml
Port-au-Prince, ville en morceaux au temps du choléra
Les militaires de la Minustah, la force de stabilisation, sont perçus comme des occupants et envisagent de plier bagage à partir de l'année prochaine. Crédits photo : EDUARDO MUNOZ/REUTERS |
26/11/2010
À la veille de l'élection présidentielle, le chaos règne toujours dans la capitale haïtienne infestée par le choléra, un an après le séisme qui l'a dévastée.
Qui gouverne Haïti ? Le président René Préval ? Son palais, symbole du désastre du 12 janvier, est un château de cartes effondré. Agronome de formation dans un pays où l'agriculture est en déshérence, son mandat s'achève dans le marasme de l'après-séisme. Après lui, en février, son successeur devra à son tour composer avec les bailleurs internationaux qui financent à hauteur de 60 % le budget national.
Les Nations unies ? Elles n'en ont pas le mandat. Bill Clinton pilote la structure chargée de lancer les projets de reconstruction de Port-au-Prince, mais en codirection avec le premier ministre, Jean-Max Bellerive. Quant aux militaires de la Minustah, la force de stabilisation, ils sont perçus comme des occupants et envisagent de plier bagage à partir de l'année prochaine. «Minustah = Kolera», peut-on lire sur les murs. La population accuse le contingent népalais d'avoir importé l'épidémie en salissant une rivière.
Les Organisations non gouvernementales (ONG) ? Elles sont censées puiser dans la manne des 11 milliards de dollars promis par la communauté mondiale au lendemain du tremblement de terre (250 000 morts et toujours 1,3 million de déplacés). Mais les dons tardent à se concrétiser et le milieu humanitaire n'est pas homogène. «Ici, tout le monde gouverne un peu, mais personne n'installe l'eau potable dans les bidonvilles et les campagnes. Résultat : le choléra provoque des milliers de morts», résume Auguste Menza, un intellectuel haïtien. Cassée en mille morceaux, la ville est un capharnaüm. Les opérations de déblayage progressent très lentement. Les rues sont dégagées, pas leurs bordures. «On a calculé qu'une noria de mille camions tournant pendant mille jours sera nécessaire pour enlever quelque 25 millions de tonnes de gravats», précise un expert. Chacun se débrouille comme il peut. La cathédrale continue à être vidée par des gangs de ferrailleurs. Les immeubles en ruines sont dépecés pour en extraire de quoi gagner quelques gourdes, la monnaie locale.
Pierre Charles vit parmi les déplacés rassemblés dans la vaste bourgade de toile du Champ de Mars, la grande place de Port-au-Prince. Comptable au chômage, il a quitté sa maison du centre-ville. Sérieusement ébranlé, le logis inhabitable est marqué d'une croix rouge - signe qu'il doit être rasé. Pierre Charles ne sait pas quand. «J'ignore si un dédommagement est prévu. Je suis comme beaucoup de monde. Je patiente sans avoir d'idée sur l'avenir», dit-il. Le jeune homme est issu de la petite bourgeoisie qui cohabite avec les plus pauvres sur le Champ de Mars. Des commerces de bric et de broc sont apparus entre les abris. Des gargotes servent des spaghettis. On trouve même des cafés Intenet. La précarité s'installe dans la durée. Dimanche, Pierre Charles ira malgré tout voter parce qu'il est «fatigué de ce pouvoir».
Sean Penn, le philanthrope
Sur les hauteurs, dans le secteur de Pétionville, l'unique golf de neuf trous du pays accueille 55.000 déplacés. Son propriétaire s'est laissé envahir. Le camp est une ville dans la ville. Il est entouré de grillages et son accès routier est fermé par une barrière. C'est le domaine de Sean Penn. L'acteur américain, qui réside souvent avec son équipe dans une maison du voisinage, s'implique fortement sur le terrain. Son ONG, J/P HRO, fondée après le tremblement de terre, est couverte de louanges par les diplomates. Le pari n'était pas gagné d'avance. Sean Penn avait débarqué d'un avion-cargo six jours après le séisme, son pistolet Glock en évidence à la ceinture. Il semblait venu pour un show. L'aventure l'a transformé en manager philanthropique. Son personnel traverse en Jeep l'interminable campement de tentes aux allées creusées de tranchées pour évacuer les eaux les jours de fortes pluies. «On est dans une période intermédiaire. La tâche est colossale pour reloger les gens chez eux. On s'organise au mieux pour qu'il n'y ait pas dans le camp de misère abjecte», explique Félix Véronneau, le directeur des opérations de J/P HRO.
Un bureau de vote a été installé sur place pour les élections, mais les candidats ne sont pas passés pour faire campagne. En attendant le vote, le dispensaire tourne à plein régime. Des malades du choléra viennent des environs pour se faire soigner. Dans les rues de Pétionville, où les luxueuses villas des riches sont encerclées par les masures des démunis, les passants ne se serrent plus la main par peur d'une éventuelle contagion. Ils se saluent en se frappant poing contre poing. Ils pourraient aussi les serrer de rage, s'ils n'étaient pas si usés.
Haïti-Élections : Le CEP assure de sa capacité de détecter la contrefaçon
Manigat prévient que toute fraude conduira à une crise politique P-au-P, 26 nov. 2010 [AlterPresse] --- Le Conseil Électoral Provisoire (CEP) affirme disposer de moyens techniques pouvant détecter toute contrefaçon et vérifier l’authenticité des bulletins.
Dans un communiqué transmis à AlterPresse, le CEP annonce que la Force Publique sera mise en action contre tous « les éventuels faussaires » en cas de flagrant délit.
L’institution électorale a fait part de cet avertissement au moment ou de persistantes rumeurs circulent sur d’éventuelles opérations de fraude qui seraient en préparation.
Lors d’une conférence de presse, la candidate Mirlande Manigat, favorite dans les sondages, a averti que toute fraude massive ouvrira la voie à une « crise politique ».
La candidate, créditée de 36 % d’intentions de vote, a fait savoir que les populations de toutes les régions qu’elle a visitées durant sa campagne ont montré la détermination d’empêcher « le vol de leurs votes ».
Manigat a dénoncé la préparation de « 500 000 bulletins de vote supplémentaires » qui devraient être utilisés, selon elle, à des fins frauduleuses.
De même, « 500 nouveaux bureaux de vote » auraient été mis en place et confiés à des membres du parti officiel Unité, selon Mirlande Manigat, qui en attribue la responsabilité au CEP.
Environ 4,5 millions de votants se sont enregistrés et doivent se rendre aux urnes. 19 candidats sont dans la course à la présidence, 96 candidats au sénat briguent 11 sièges et 816 candidats se présentent pour occuper les 99 sièges de la chambre des députés. Le scrutin met en concurrence 66 partis politiques.
Par ailleurs, l’Office National d’Identification (ONI) annonce que la distribution des Cartes d’Identification Nationale (CIN) se poursuit les vendredi 26 et samedi 27 novembre dans les 10 départements.
Seules les personnes qui se sont enregistrées avant le 28 septembre, date de fermeture du registre électoral, ou qui ont fait une demande de réimpression de cartes durant cette période sont concernées par cette distribution. [rh kft gp apr 26/11/2010 18:00]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article10308
Dans un communiqué transmis à AlterPresse, le CEP annonce que la Force Publique sera mise en action contre tous « les éventuels faussaires » en cas de flagrant délit.
L’institution électorale a fait part de cet avertissement au moment ou de persistantes rumeurs circulent sur d’éventuelles opérations de fraude qui seraient en préparation.
Lors d’une conférence de presse, la candidate Mirlande Manigat, favorite dans les sondages, a averti que toute fraude massive ouvrira la voie à une « crise politique ».
La candidate, créditée de 36 % d’intentions de vote, a fait savoir que les populations de toutes les régions qu’elle a visitées durant sa campagne ont montré la détermination d’empêcher « le vol de leurs votes ».
Manigat a dénoncé la préparation de « 500 000 bulletins de vote supplémentaires » qui devraient être utilisés, selon elle, à des fins frauduleuses.
De même, « 500 nouveaux bureaux de vote » auraient été mis en place et confiés à des membres du parti officiel Unité, selon Mirlande Manigat, qui en attribue la responsabilité au CEP.
Environ 4,5 millions de votants se sont enregistrés et doivent se rendre aux urnes. 19 candidats sont dans la course à la présidence, 96 candidats au sénat briguent 11 sièges et 816 candidats se présentent pour occuper les 99 sièges de la chambre des députés. Le scrutin met en concurrence 66 partis politiques.
Par ailleurs, l’Office National d’Identification (ONI) annonce que la distribution des Cartes d’Identification Nationale (CIN) se poursuit les vendredi 26 et samedi 27 novembre dans les 10 départements.
Seules les personnes qui se sont enregistrées avant le 28 septembre, date de fermeture du registre électoral, ou qui ont fait une demande de réimpression de cartes durant cette période sont concernées par cette distribution. [rh kft gp apr 26/11/2010 18:00]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article10308
Haïti : Sean Penn dans son meilleur rôle en toute discrétion.
Autrefois il y avait un club de golf à Pétionville, dans la banlieue sud-est de Port-au-Prince, maintenant c'est un camp de 55 000 personne, dont la direction a été officiellement confiée à Sean Penn en collaboration avec de nombreuses ONG.
Cinquante personnes sont avec lui dans ce camp de Pétionville, et parmi elles de nombreux volontaires. Il a également deux cents autres personnes qui oeuvrent à travers le pays. "Ici, si tu travailles tout seul tu n’arrives à rien. Tu peux toujours dire "moi je" mais t’as l’air d’un con. C’est le "nous" qui importe." déclare-t-il aux journalistes de Libération venus l'interviewer.
Cela fait dix mois que Sean Penn est en Haïti, il est arrivé 6 jours après le seïsme du 12 janvier, accompagné d'une équipe de médecins et de spécialistes de l’aide humanitaire qu’il a lui-même mise sur pied. Dans la discrétion, sans publicité il a passé les six premiers mois sur place, à dormir sous la tente et à répondre à toutes les urgences.
Il a mis de l'argent dans l'aventure, mais en plus il a réussi a convaincre une riche philanthrope et activiste, Diana Jenkins, de l’aider financièrement. Ensuite il a fondé son ONG ( J/P HRO , comme Jenkins-Penn Human Relief Organization) et il a envoyé sur l’île un avion-cargo bourré de médicaments.
Sean Penn a la réputation d'être une grande gueule, bagarreur et teigneux, à Hollywood on le considère comme un militant de gauche qui se prend un peu trop au sérieux. Jamais il ne s'était impliqué dans un projet de si longue haleine
Au début, l’armée américaine n'était pas très convaincu en le voyant débarquer. Aujourd’hui, Penn a gagné son respect et celui des ONG.
Haïti a changé Sean Penn. Il a toujours été hostile à la chose militaire, souvenez-vous de 2002, époque où il s’est payé une page entière dans le Washington Post pour rédiger une lettre ouverte à George W. Bush afin de dénoncer la guerre que ce dernier s’apprêtait à lancer contre le régime de Saddam Hussein. Et bien maintenant il a appris à travailler avec l’armée, qui lui a même décerné une médaille. Un soldat qui était devant l'entrée du camp a même déclaré aux journalistes : "Il fait du bon boulot, personne ne peut lui enlever ça, personne ne l’obligeait à venir se foutre dans cette galère."
Il faut peut-être revenir en arrière dans sa vie pour comprendre son engagement, comme il l'a lui même suggéré au magazine Vanity Fair, sa séparation l’année dernière avec sa compagne de toujours, Robin Wright Penn, ou peut-être à son fils Hopper, qui a été sauvé miraculeusement d’un accident cérébral après une chute de skateboard.
Mais, en fin de compte il a détaillé à Libération les motivations de son engagement que je vous engage à lire dans l'article suivant intitulé "Un château de cartes qui dépend des dons" CLIQUEZ ICI
Sources : Libération
Par menou69
Cinquante personnes sont avec lui dans ce camp de Pétionville, et parmi elles de nombreux volontaires. Il a également deux cents autres personnes qui oeuvrent à travers le pays. "Ici, si tu travailles tout seul tu n’arrives à rien. Tu peux toujours dire "moi je" mais t’as l’air d’un con. C’est le "nous" qui importe." déclare-t-il aux journalistes de Libération venus l'interviewer.
Cela fait dix mois que Sean Penn est en Haïti, il est arrivé 6 jours après le seïsme du 12 janvier, accompagné d'une équipe de médecins et de spécialistes de l’aide humanitaire qu’il a lui-même mise sur pied. Dans la discrétion, sans publicité il a passé les six premiers mois sur place, à dormir sous la tente et à répondre à toutes les urgences.
Il a mis de l'argent dans l'aventure, mais en plus il a réussi a convaincre une riche philanthrope et activiste, Diana Jenkins, de l’aider financièrement. Ensuite il a fondé son ONG ( J/P HRO , comme Jenkins-Penn Human Relief Organization) et il a envoyé sur l’île un avion-cargo bourré de médicaments.
Sean Penn a la réputation d'être une grande gueule, bagarreur et teigneux, à Hollywood on le considère comme un militant de gauche qui se prend un peu trop au sérieux. Jamais il ne s'était impliqué dans un projet de si longue haleine
Au début, l’armée américaine n'était pas très convaincu en le voyant débarquer. Aujourd’hui, Penn a gagné son respect et celui des ONG.
Haïti a changé Sean Penn. Il a toujours été hostile à la chose militaire, souvenez-vous de 2002, époque où il s’est payé une page entière dans le Washington Post pour rédiger une lettre ouverte à George W. Bush afin de dénoncer la guerre que ce dernier s’apprêtait à lancer contre le régime de Saddam Hussein. Et bien maintenant il a appris à travailler avec l’armée, qui lui a même décerné une médaille. Un soldat qui était devant l'entrée du camp a même déclaré aux journalistes : "Il fait du bon boulot, personne ne peut lui enlever ça, personne ne l’obligeait à venir se foutre dans cette galère."
Il faut peut-être revenir en arrière dans sa vie pour comprendre son engagement, comme il l'a lui même suggéré au magazine Vanity Fair, sa séparation l’année dernière avec sa compagne de toujours, Robin Wright Penn, ou peut-être à son fils Hopper, qui a été sauvé miraculeusement d’un accident cérébral après une chute de skateboard.
Mais, en fin de compte il a détaillé à Libération les motivations de son engagement que je vous engage à lire dans l'article suivant intitulé "Un château de cartes qui dépend des dons" CLIQUEZ ICI
Sources : Libération
Par menou69
Stéphane Jourdain, Agence France-Presse Port-au-Prince
Les citoyens se pressaient vendredi pour retirer leur carte d'électeur avant la présidentielle de dimanche en Haïti, pays meurtri qui voit s'affronter en première ligne un candidat du pouvoir et une ancienne Première dame aux personnalités antinomiques.
Une immense file d'attente, deux fois plus longue qu'en début de semaine, s'étendait devant le commissariat de Pétion-ville chargé de distribuer les cartes d'identification qui permettront de voter dimanche dans cette banlieue de la capitale, Port-au-Prince.
Tremblement de terre, ouragan Tomas, épidémie de choléra: l'année qui s'achève a été cruelle pour le pays le plus pauvre des Amériques.
Les plus de 4,7 millions d'électeurs n'attendent pas de miracle des 18 candidats en lice à la présidentielle, qui se déroule en même temps que les législatives. La campagne a donné lieu à des violences qui ont fait deux morts entre partisans de candidats rivaux.
En tête dans les sondages, cette dernière a dénoncé vendredi l'existence de quelque «500 000» faux bulletins de vote, affirmant qu'ils seront mis en circulation le jour du scrutin pour «favoriser le candidat du pouvoir».
«Je suis sûre d'accéder au second tour. Seules des magouilles peuvent m'empêcher d'accéder à la présidence», a-t-elle lancé devant la presse.
Face à elle, Jude Célestin s'est dit sûr de gagner «parce qu'on est les plus forts». «Personne ne peut réunir autant de monde. Jamais», a assuré le candidat jeudi face à des milliers de partisans qui l'ont acclamé lorsqu'il a promis un emploi à tous les jeunes.
M. Célestin a été nommé par M. Préval à la tête du Centre national des équipements (CNE), l'organisme public chargé des infrastructures. Il a été à ce titre en toute première ligne pour la reconstruction du pays dévasté le 12 janvier par un séisme qui a fait quelque 250 000 morts et laissé plus d'un million de sinistrés.
Ce moustachu, dont les affiches jaunes et vertes aux couleurs d'Inité («Unité» en créole), le parti au pouvoir, recouvrent les murs du pays, est fiancé à la fille de M. Préval.
Un autre candidat, le chanteur Michel Martelly, mieux connu sous son nom d'artiste de «Sweet Micky» et en troisième position selon les sondages, a dit s'attendre à «des fraudes massives» et a agité le spectre d'une «révolution» si le peuple ne parvient pas à faire entendre sa voix.
Les 12 000 Casques bleus de la mission de l'ONU se sont retrouvés à leurs corps défendant au coeur de la campagne, à la suite d'accusations selon lesquelles ils auraient importé le choléra dans l'île. Des manifestations violentes contre leur présence ont fait six morts.
Le chef de la mission de l'ONU, Edmond Mulet, a réitéré jeudi qu'aucun de ces soldats n'était porteur du choléra.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a assuré que les élections n'accentueront pas la propagation du choléra. Selon un dernier bilan, l'épidémie a tué 1648 personnes depuis mi-octobre.
À Genève, l'ONU a indiqué n'avoir reçu que 19,4 millions de dollars sur l'appel de fonds de 164 millions réclamé pour faire face à l'épidémie.
Les citoyens se pressaient vendredi pour retirer leur carte d'électeur avant la présidentielle de dimanche en Haïti, pays meurtri qui voit s'affronter en première ligne un candidat du pouvoir et une ancienne Première dame aux personnalités antinomiques.
Une immense file d'attente, deux fois plus longue qu'en début de semaine, s'étendait devant le commissariat de Pétion-ville chargé de distribuer les cartes d'identification qui permettront de voter dimanche dans cette banlieue de la capitale, Port-au-Prince.
Tremblement de terre, ouragan Tomas, épidémie de choléra: l'année qui s'achève a été cruelle pour le pays le plus pauvre des Amériques.
Les plus de 4,7 millions d'électeurs n'attendent pas de miracle des 18 candidats en lice à la présidentielle, qui se déroule en même temps que les législatives. La campagne a donné lieu à des violences qui ont fait deux morts entre partisans de candidats rivaux.
En tête dans les sondages, cette dernière a dénoncé vendredi l'existence de quelque «500 000» faux bulletins de vote, affirmant qu'ils seront mis en circulation le jour du scrutin pour «favoriser le candidat du pouvoir».
«Je suis sûre d'accéder au second tour. Seules des magouilles peuvent m'empêcher d'accéder à la présidence», a-t-elle lancé devant la presse.
Face à elle, Jude Célestin s'est dit sûr de gagner «parce qu'on est les plus forts». «Personne ne peut réunir autant de monde. Jamais», a assuré le candidat jeudi face à des milliers de partisans qui l'ont acclamé lorsqu'il a promis un emploi à tous les jeunes.
M. Célestin a été nommé par M. Préval à la tête du Centre national des équipements (CNE), l'organisme public chargé des infrastructures. Il a été à ce titre en toute première ligne pour la reconstruction du pays dévasté le 12 janvier par un séisme qui a fait quelque 250 000 morts et laissé plus d'un million de sinistrés.
Ce moustachu, dont les affiches jaunes et vertes aux couleurs d'Inité («Unité» en créole), le parti au pouvoir, recouvrent les murs du pays, est fiancé à la fille de M. Préval.
Un autre candidat, le chanteur Michel Martelly, mieux connu sous son nom d'artiste de «Sweet Micky» et en troisième position selon les sondages, a dit s'attendre à «des fraudes massives» et a agité le spectre d'une «révolution» si le peuple ne parvient pas à faire entendre sa voix.
Les 12 000 Casques bleus de la mission de l'ONU se sont retrouvés à leurs corps défendant au coeur de la campagne, à la suite d'accusations selon lesquelles ils auraient importé le choléra dans l'île. Des manifestations violentes contre leur présence ont fait six morts.
Le chef de la mission de l'ONU, Edmond Mulet, a réitéré jeudi qu'aucun de ces soldats n'était porteur du choléra.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a assuré que les élections n'accentueront pas la propagation du choléra. Selon un dernier bilan, l'épidémie a tué 1648 personnes depuis mi-octobre.
À Genève, l'ONU a indiqué n'avoir reçu que 19,4 millions de dollars sur l'appel de fonds de 164 millions réclamé pour faire face à l'épidémie.
Choléra en Haïti: les dons se font attendre, déplore l'ONU
Publié le 26 novembre 2010 àAgence France-Presse, Genève
L'appel de l'ONU pour Haïti frappé par une épidémie de choléra est financé à seulement 19% selon le dernier décompte vendredi des Nations Unies, qui déplorent la lenteur de la réaction des donateurs.
«Sur l'appel de 164 millions on est maintenant aujourd'hui à 19,4 millions de dollars», a indiqué la porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Elisabeth Byrs, lors d'un point presse.
«Ce n'est pas encore vraiment significatif, c'est très lent. Il faut continuer à être vigilant pour éviter de faire face au pire scénario qu'a envisagé l'Organisation mondiale de la santé (OMS), soit 400 000 personnes qui pourraient être affectées», a-t-elle souligné.
Selon les derniers chiffres fournies par les autorités haïtiennes, l'épidémie de choléra dont les premiers cas sont apparus sur l'île à la mi-octobre a fait 1 603 morts et provoqué près de 30 000 hospitalisations.
Jusqu'à présent, l'OMS tablait sur un pire scénario avec 200 000 cas. Mais l'épidémie se développant très vite selon l'ONU, l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS, office régional de l'OMS)) juge que le cap des 200 000 cas pourrait être franchi dans trois mois et a indiqué jeudi qu'elle pensait même que ce nombre pourrait doubler pour atteindre 400 000 cas d'ici un an.
«On veut éviter ce pire scénario. Il est évitable avec un financement rapide des 164 millions», a relevé Mme Byrs, soulignant l'urgence de «contenir l'épidémie».
Dans une note distribuée aux médias, l'ONU explique que les agences humanitaires ont un besoin «urgent» de nouveaux centres de traitements des malades du choléra et de centres de réhydratation, ainsi que de nouveaux matériels et du personnel formé.
http://www.cyberpresse.ca/international/amerique-latine/201011/26/01-4346599-cholera-en-haiti-les-dons-se-font-attendre-deplore-lonu.php
L'appel de l'ONU pour Haïti frappé par une épidémie de choléra est financé à seulement 19% selon le dernier décompte vendredi des Nations Unies, qui déplorent la lenteur de la réaction des donateurs.
«Sur l'appel de 164 millions on est maintenant aujourd'hui à 19,4 millions de dollars», a indiqué la porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Elisabeth Byrs, lors d'un point presse.
«Ce n'est pas encore vraiment significatif, c'est très lent. Il faut continuer à être vigilant pour éviter de faire face au pire scénario qu'a envisagé l'Organisation mondiale de la santé (OMS), soit 400 000 personnes qui pourraient être affectées», a-t-elle souligné.
Selon les derniers chiffres fournies par les autorités haïtiennes, l'épidémie de choléra dont les premiers cas sont apparus sur l'île à la mi-octobre a fait 1 603 morts et provoqué près de 30 000 hospitalisations.
Jusqu'à présent, l'OMS tablait sur un pire scénario avec 200 000 cas. Mais l'épidémie se développant très vite selon l'ONU, l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS, office régional de l'OMS)) juge que le cap des 200 000 cas pourrait être franchi dans trois mois et a indiqué jeudi qu'elle pensait même que ce nombre pourrait doubler pour atteindre 400 000 cas d'ici un an.
«On veut éviter ce pire scénario. Il est évitable avec un financement rapide des 164 millions», a relevé Mme Byrs, soulignant l'urgence de «contenir l'épidémie».
Dans une note distribuée aux médias, l'ONU explique que les agences humanitaires ont un besoin «urgent» de nouveaux centres de traitements des malades du choléra et de centres de réhydratation, ainsi que de nouveaux matériels et du personnel formé.
http://www.cyberpresse.ca/international/amerique-latine/201011/26/01-4346599-cholera-en-haiti-les-dons-se-font-attendre-deplore-lonu.php
Les défis du président d'Haïti
Publié le 26 novembre 2010
Charles Pierre-Jacques
L'auteur est un consultant international.
Quelques jours après le séisme du 12 janvier qui a dévasté Haïti, le président de la République, René Garcia Préval, a déclaré à la nation qu'il espérait que cette catastrophe soit l'occasion de refondation pour son pays.
La définition du mot refondation dans le Grand Larousse illustré nous apparaît restrictive pour nos propos, nous préférons ici le verbe refonder qui signifie reconstruire sur des bases, des valeurs nouvelles, notamment dans le domaine politique.
Pour ce faire, nous devons mettre fin à l'apartheid social qui empêche le pays de constituer une véritable nation, car si le passé est garant de l'avenir, 80 % des citoyens seront encore laissés pour compte.
Gérard Barthélémy a bien décrit cet état de chose en parlant du pays « en dehors » pour désigner les conditions des masses paysannes. Le nouveau président qui sera élu dimanche devra poser les gestes et actions nécessaires pour corriger une situation qui perdure depuis l'indépendance du pays, en 1804.
L'atteinte de cet objectif suppose la présence aux affaires de l'État d'un président capable de fédérer, au-delà de toute considération partisane, toutes les forces vives de la nation, y compris la diaspora, qui, en plus d'injecter près de 2 milliards de dollars dans l'économie du pays, dispose de compétences diverses pouvant être utilisées au redressement du pays.
Le chef d'État doit non seulement être à l'écoute de ses adversaires politiques mais encore et surtout des groupes de la société qui refusent de participer à ces élections, affirmant que le conseil électoral provisoire n'a pas respecté les édits de la constitution de 1987. Je pense particulièrement aux groupes de femmes, aux organisations et associations paysannes, aux universitaires, aux associations syndicales et organisations étudiantes, etc.
La question de la bonne gouvernance
Un autre domaine où une rupture radicale s'impose, est celui de la gouvernance. Elle peut être définie comme une manière de gérer, de gouverner et d'administrer. Nous ne retiendrons que trois éléments qui peuvent définir une bonne gouvernance.
Le respect scrupuleux des biens de l'État. J'entends par biens de l'État, la bonne gestion des fonds publics qui doit se faire dans la plus grande transparence.
Les nominations des hauts fonctionnaires. Respecter la loi de septembre 1982 qui régit le processus de nomination des agents de l'État.
Rompre avec l'ignorance, l'improvisation et l'absence d'un projet de société. La situation actuelle d'Haïti exige du futur président, des savoirs, des savoir-faire, et surtout, avoir l'intelligence pour concevoir un plan de développement économique et social. Le professeur Daniel Holy, politicologue à l'UQAM a tout à fait raison quand il affirme dans la Presse du jeudi 5 août 2010 : «Je suis toujours sidéré de voir à quel point la réalité haïtienne est mal connue de la classe politique... ».
Ce déficit de la connaissance des grands dossiers du pays donne lieu à toutes les dérives. La question qu'il faut se poser est : quelles stratégies le nouveau président utilisera-t-il pour que Haïti puisse reprendre une place honorable dans le concert des nations ?
Celui qui tiendra les rênes du pouvoir devra renforcer toutes les institutions dont il sera garant, réhabiliter le politique, mettre à profit le potentiel de sa jeunesse et permettre à chaque citoyen indépendamment de son origine sociale de s'épanouir tant sur le plan économique et intellectuel. Il devra également, veiller à la protection de l'environnement face au désastre causé par l'érosion due à la déforestation.
Charles Pierre-Jacques
L'auteur est un consultant international.
Quelques jours après le séisme du 12 janvier qui a dévasté Haïti, le président de la République, René Garcia Préval, a déclaré à la nation qu'il espérait que cette catastrophe soit l'occasion de refondation pour son pays.
La définition du mot refondation dans le Grand Larousse illustré nous apparaît restrictive pour nos propos, nous préférons ici le verbe refonder qui signifie reconstruire sur des bases, des valeurs nouvelles, notamment dans le domaine politique.
Pour ce faire, nous devons mettre fin à l'apartheid social qui empêche le pays de constituer une véritable nation, car si le passé est garant de l'avenir, 80 % des citoyens seront encore laissés pour compte.
Gérard Barthélémy a bien décrit cet état de chose en parlant du pays « en dehors » pour désigner les conditions des masses paysannes. Le nouveau président qui sera élu dimanche devra poser les gestes et actions nécessaires pour corriger une situation qui perdure depuis l'indépendance du pays, en 1804.
L'atteinte de cet objectif suppose la présence aux affaires de l'État d'un président capable de fédérer, au-delà de toute considération partisane, toutes les forces vives de la nation, y compris la diaspora, qui, en plus d'injecter près de 2 milliards de dollars dans l'économie du pays, dispose de compétences diverses pouvant être utilisées au redressement du pays.
Le chef d'État doit non seulement être à l'écoute de ses adversaires politiques mais encore et surtout des groupes de la société qui refusent de participer à ces élections, affirmant que le conseil électoral provisoire n'a pas respecté les édits de la constitution de 1987. Je pense particulièrement aux groupes de femmes, aux organisations et associations paysannes, aux universitaires, aux associations syndicales et organisations étudiantes, etc.
La question de la bonne gouvernance
Un autre domaine où une rupture radicale s'impose, est celui de la gouvernance. Elle peut être définie comme une manière de gérer, de gouverner et d'administrer. Nous ne retiendrons que trois éléments qui peuvent définir une bonne gouvernance.
Le respect scrupuleux des biens de l'État. J'entends par biens de l'État, la bonne gestion des fonds publics qui doit se faire dans la plus grande transparence.
Les nominations des hauts fonctionnaires. Respecter la loi de septembre 1982 qui régit le processus de nomination des agents de l'État.
Rompre avec l'ignorance, l'improvisation et l'absence d'un projet de société. La situation actuelle d'Haïti exige du futur président, des savoirs, des savoir-faire, et surtout, avoir l'intelligence pour concevoir un plan de développement économique et social. Le professeur Daniel Holy, politicologue à l'UQAM a tout à fait raison quand il affirme dans la Presse du jeudi 5 août 2010 : «Je suis toujours sidéré de voir à quel point la réalité haïtienne est mal connue de la classe politique... ».
Ce déficit de la connaissance des grands dossiers du pays donne lieu à toutes les dérives. La question qu'il faut se poser est : quelles stratégies le nouveau président utilisera-t-il pour que Haïti puisse reprendre une place honorable dans le concert des nations ?
Celui qui tiendra les rênes du pouvoir devra renforcer toutes les institutions dont il sera garant, réhabiliter le politique, mettre à profit le potentiel de sa jeunesse et permettre à chaque citoyen indépendamment de son origine sociale de s'épanouir tant sur le plan économique et intellectuel. Il devra également, veiller à la protection de l'environnement face au désastre causé par l'érosion due à la déforestation.
Haïti : où en est-on ?
Touché par un terrible séisme, le pays peine à se reconstruire à la veille des élections présidentielles.
Un an après, qu’est-ce qui a changé ? Alors que les Haïtiens sont appelés à se rendre aux urnes dimanche pour élire, entre autre, leur président, 1,3 million d’entre eux vivent encore dans des camps, faute de logements disponibles.
Un pays toujours sous perfusion
"Seulement 10% des débris ont été déblayés depuis le séisme de janvier dernier", estime Christophe Wargny, spécialiste d’Haïti et auteur de Haïti n’existe pas. "Il y a eu un grand élan de solidarité juste après le tremblement de terre, (qui a fait 250.000 morts) mais aujourd’hui les Haïtiens ont un sentiment de déception car leur pays vit toujours sous perfusion de l’aide internationale", a-t-il observé lors d'un déplacement à Port-au-Prince il y a trois semaines.
Sur place, des dizaines d’ONG se mobilisent pour reconstruire, déblayer et venir en aide aux habitants qui ont tout perdu. "La Croix rouge française est présente dans tout le pays et travaille au quotidien avec les Haïtiens", explique Jean-François Riffaud, porte-parole de la Croix rouge française.
Trouver de l’espace pour construire
"Mais cela prend du temps. Quand on se rend à Haïti, on voit l’évolution, mais surtout la lenteur de cette évolution", regrette Jean-François Riffaud. Pour lui, si Haïti peine à se remettre debout c’est avant tout à cause de la fragilité du pays avant le séisme. "La prise en charge des conséquences d’une catastrophe naturelle dépend de l’état d’organisation - et pour Haïti de désorganisation - du pays", analyse-t-il. "Là-bas, tout est déjà lent et difficile en temps normal, alors imaginez après un séisme de telle ampleur !", lance-t-il.
Depuis janvier 2010, la Croix rouge française a construit une centaine d’abris temporaires. Des abris en bois de 12 m2. Une goutte d’eau. "Nous avons prévu d’en construire 3.000 d’ici à 2012, mais il faut savoir que le plus difficile est de trouver de l’espace. L’accès aux terrains est difficile et puis ce sont les autorités qui donnent les autorisations de construire ou non", détaille-t-il.
Les dégâts sont estimés à près de huit milliards de dollars, soit plus de 120% du PIB haïtien, dont 4,4 milliards pour les infrastructures comme les écoles, hôpitaux, routes, ponts, immeubles, ports et aéroports. Les besoins d'Haïti pour se reconstruire sont évalués à 11,5 milliards de dollars sur trois ans.
Le choléra source de tensions
Mais plus que la lenteur de la reconstruction, c’est la situation sanitaire qui inquiète. Le pays est en proie à une épidémie de choléra qui a déjà fait 1.500 morts. C’est la principale préoccupation des ONG aujourd’hui. "Entre 30.000 et 50.000 personnes sont contaminées et cela risque de se développer davantage", alerte Jean-François Riffaud. Malgré le chaos provoqué par le choléra, les autorités ont refusé de reporter les élections présidentielles et législatives.
L’épidémie est devenue source de tension entre les Haïtiens et les casques bleus présents sur place. Les habitants accusent les casques bleus népalais d'avoir introduit le choléra dans le pays. Le chef de la mission de l'ONU en Haïti, Edmond Mulet, a même été jusqu’à faire faire des tests sur ses hommes pour prouver qu’il ne s’agissait que d’une rumeur. Les casques bleus népalais ont été placés sous protection spéciale pour éviter qu’ils ne soient pris à partie par la population.
Les élections ne seront pas suffisantes
"Le climat haïtien est apaisé, tranquille, serein, et sans violences dans les circonstances haïtiennes", assure Edmond Mulet, qui se veut optimiste pour l’organisation du scrutin de dimanche. "Si on compare le processus électoral, la campagne électorale avec les élections législatives de l'année dernière, avec la présidentielle de 2006 ou même avec la présidentielle d'avant, l'évolution est très positive", ajoute-t-il.
Mais pour Christophe Wargny, spécialiste d’Haïti, la tenue d’élections ne suffira pas. "Ce scrutin n’est pas une condition fondamentale à la reconstruction du pays, car il faut aussi organiser un contre-pouvoir, remettre sur pieds les institutions, combattre la corruption", analyse-t-il. Plus de 4 millions d’Haïtiens sont inscrits sur les listes électorales. "Reste à voir combien iront voter', souligne Christophe Wargny. "S’ils sont nombreux, alors ce sera un signe de démocratie pour le pays".
http://www.europe1.fr/International/Haiti-ou-en-est-on-318379/
Un an après, qu’est-ce qui a changé ? Alors que les Haïtiens sont appelés à se rendre aux urnes dimanche pour élire, entre autre, leur président, 1,3 million d’entre eux vivent encore dans des camps, faute de logements disponibles.
Un pays toujours sous perfusion
"Seulement 10% des débris ont été déblayés depuis le séisme de janvier dernier", estime Christophe Wargny, spécialiste d’Haïti et auteur de Haïti n’existe pas. "Il y a eu un grand élan de solidarité juste après le tremblement de terre, (qui a fait 250.000 morts) mais aujourd’hui les Haïtiens ont un sentiment de déception car leur pays vit toujours sous perfusion de l’aide internationale", a-t-il observé lors d'un déplacement à Port-au-Prince il y a trois semaines.
Sur place, des dizaines d’ONG se mobilisent pour reconstruire, déblayer et venir en aide aux habitants qui ont tout perdu. "La Croix rouge française est présente dans tout le pays et travaille au quotidien avec les Haïtiens", explique Jean-François Riffaud, porte-parole de la Croix rouge française.
Trouver de l’espace pour construire
"Mais cela prend du temps. Quand on se rend à Haïti, on voit l’évolution, mais surtout la lenteur de cette évolution", regrette Jean-François Riffaud. Pour lui, si Haïti peine à se remettre debout c’est avant tout à cause de la fragilité du pays avant le séisme. "La prise en charge des conséquences d’une catastrophe naturelle dépend de l’état d’organisation - et pour Haïti de désorganisation - du pays", analyse-t-il. "Là-bas, tout est déjà lent et difficile en temps normal, alors imaginez après un séisme de telle ampleur !", lance-t-il.
Depuis janvier 2010, la Croix rouge française a construit une centaine d’abris temporaires. Des abris en bois de 12 m2. Une goutte d’eau. "Nous avons prévu d’en construire 3.000 d’ici à 2012, mais il faut savoir que le plus difficile est de trouver de l’espace. L’accès aux terrains est difficile et puis ce sont les autorités qui donnent les autorisations de construire ou non", détaille-t-il.
Les dégâts sont estimés à près de huit milliards de dollars, soit plus de 120% du PIB haïtien, dont 4,4 milliards pour les infrastructures comme les écoles, hôpitaux, routes, ponts, immeubles, ports et aéroports. Les besoins d'Haïti pour se reconstruire sont évalués à 11,5 milliards de dollars sur trois ans.
Le choléra source de tensions
Mais plus que la lenteur de la reconstruction, c’est la situation sanitaire qui inquiète. Le pays est en proie à une épidémie de choléra qui a déjà fait 1.500 morts. C’est la principale préoccupation des ONG aujourd’hui. "Entre 30.000 et 50.000 personnes sont contaminées et cela risque de se développer davantage", alerte Jean-François Riffaud. Malgré le chaos provoqué par le choléra, les autorités ont refusé de reporter les élections présidentielles et législatives.
L’épidémie est devenue source de tension entre les Haïtiens et les casques bleus présents sur place. Les habitants accusent les casques bleus népalais d'avoir introduit le choléra dans le pays. Le chef de la mission de l'ONU en Haïti, Edmond Mulet, a même été jusqu’à faire faire des tests sur ses hommes pour prouver qu’il ne s’agissait que d’une rumeur. Les casques bleus népalais ont été placés sous protection spéciale pour éviter qu’ils ne soient pris à partie par la population.
Les élections ne seront pas suffisantes
"Le climat haïtien est apaisé, tranquille, serein, et sans violences dans les circonstances haïtiennes", assure Edmond Mulet, qui se veut optimiste pour l’organisation du scrutin de dimanche. "Si on compare le processus électoral, la campagne électorale avec les élections législatives de l'année dernière, avec la présidentielle de 2006 ou même avec la présidentielle d'avant, l'évolution est très positive", ajoute-t-il.
Mais pour Christophe Wargny, spécialiste d’Haïti, la tenue d’élections ne suffira pas. "Ce scrutin n’est pas une condition fondamentale à la reconstruction du pays, car il faut aussi organiser un contre-pouvoir, remettre sur pieds les institutions, combattre la corruption", analyse-t-il. Plus de 4 millions d’Haïtiens sont inscrits sur les listes électorales. "Reste à voir combien iront voter', souligne Christophe Wargny. "S’ils sont nombreux, alors ce sera un signe de démocratie pour le pays".
http://www.europe1.fr/International/Haiti-ou-en-est-on-318379/
Comprendre l'épidémie de choléra en Haïti
Par LEXPRESS.fr, publié le 26/11/2010 à 11:07 L'épidémie de choléra a fait plus de 1500 victimes dans l'île. LEXPRESS.fr fait le point sur les causes et les développements de ce fléau.
Qu'est-ce que le choléra?
Le choléra est une infection entérique aiguë provoquée par l'ingestion d'une bactérie, le bacille Vibrio cholerae lors d'une contamination fécale des aliments ou de l'eau explique l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
La maladie qui se développe faute d'accès à une eau salubre, peut être aggravée par les catastrophes, qui détruisent les infrastructures. Rony Brauman, ancien président de Médecin sans frontières, interrogé par France Info, nuance cette donnée: une flambée épidémique a bien eu lieu au Pakistan après les inondations de l'été dernier, mais elle n'a pas été plus virulente que l'épidémie précédente qui n'avait pas coïncidé avec une catastrophe naturelle.
D'où vient la maladie et où la trouve-t-on?
Le choléra s'est répandu au 19ème siècle, dans le monde entier à partir de son réservoir d'origine, dans le delta du Gange en Inde.
Selon les estimations de l'OMS, il y a chaque année 3 à 5 millions de cas de choléra dans le monde, avec 100 000 à 120 000 décès. L'Afrique est le continent le plus touché. Le taux global de létalité est de 2,3%, pour l'année 2007, mais a atteint jusqu'à 35% parmi les groupes vulnérables résidant dans des zones à haut risque de choléra indique l'Institut Pasteur. Pour Rony Brauman, le choléra n'est cependant pas un fléau majeur comme le sont le sida, la tuberculose ou le padulisme. Le traitement est en effet simple à condition que les mesures thérapeutiques soient prises à temps.
Combien de victimes en Haïti?
En Haïti, le choléra a fait plus de 1500 morts. Le nombre de cas pourrait doubler d'ici douze mois pour atteindre 400 000, selon le Dr Jon Andrus, directeur adjoint de l'OPS, émanation de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Quels sont les symptômes?
Après une période d'incubation, qui va de deux heures à cinq jours, le malade est atteint de diarrhées aiguës qui peuvent entraîner la mort en quelques heures. Les pertes d'eau et d'électrolytes peuvent atteindre 15 litres par jour.
Les personnes atteintes par le bacille ne développent pas toutes la maladie mais le vibrion, qui reste présent dans leurs selles pendant sept à 14 jours, éliminé dans l'environnement, peut infecter d'autres personnes. Une partie des malades n'est confrontée qu'à des symptômes bénins. Seules 20% des personnes touchées connaissent des diarrhées aqueuses sévères accompagnées de déshydratation.
Quels soins pour les malades?
Pris en charge suffisamment tôt, la maladie peut être facilement traitée par réhydratation, orale dans les cas les plus simples ou en intraveineuse pour les cas sévères. "Tout cholérique parvenu à temps dans un centre de traitement équipé doit en sortir guéri au 3e jour" indique le site Médecine tropicale.
Quelle est la particularité de la flambée de choléra en Haïti?
L'apparition de la maladie a été confirmée le 22 octobre par le ministre haïtien de la Santé, qui a précisé qu'il s'agissait d'une souche "O1" de choléra, le "type le plus dangereux". La bactérie est similaire à des souches trouvées en Asie, ont indiqué des analyses de laboratoires publics américains, selon un communiqué publié le 1er novembre. La souche de la maladie a d'abord été localisée dans le département de l'Artibonite et dans le fleuve du même nom qui traverse la région, qui a connu un afflux de réfugiés, vivant dans des conditions d'hygiène précaires, après le séisme dévastateur du 12 janvier.
Selon le docteur français Gérard Chevallier, qui travaille avec le professeur français Renaud Piarroux, épidémiologiste spécialiste du choléra, pour conseiller le ministère de la santé haïtien, "la mécanique épidémique est inhabituelle, rapide et sévère", et "comme toujours dans ce type d'épidémie", les bilans des autorités haïtiennes sont "sous-évalués". "Les notifications sont imparfaites, il y a des zones où des personnes meurent et personne ne le sait" affirme-t-il en précisant que les "deux tiers du territoire ne sont accessibles qu'à pied".
La vaccination peut-elle être une solution?
Son utilisation n'est pas recommandée par l'OMS en cas de flambée de choléra en raison de la complexité de son emploi et de son coût. Il faut en effet administrer deux doses à 15 jours d'intervalle, ce qui n'apporte qu'une protection différée. Une campagne de vaccination en Haïti nécessiterait d'importantes infrastructures et "trois fois 12 millions de doses" explique Gérard Chevallier. "Cela prendrait des mois avant d'avoir des résultats et retarderait la réponse sanitaire" précise-t-il.
Pourquoi la population s'en est-elle prise aux forces de l'ONU?
Depuis le 16 novembre, des affrontements ont éclaté après la mise en cause des Casques bleus, accusés de propager le choléra. La petite ville de Mirebalais qui abrite une base de Casques bleus népalais aurait été une des premières touchées par la bactérie du choléra, fléau inconnu jusqu'alors dans le pays. En outre, le type choléra qui vient de se développer est de la même souche que celle qui sévissait au Népal il y a quelques mois.
Les latrines de la base étaient à proximité d'un affluent de l'Artibonite, et la majorité des premiers malades recensés vit en aval du fleuve. Selon un scénario juge crédible par les initiés, la responsabilité incomberait pour l'essentiel à l'entreprise chargée de vidanger les fosses septiques de la base népalaise. Ses agents ont pu, si l'on en croit cette thèse, déverser dans la rivière Artibonite des déjections infectées. Mais un épidémiologiste interrogé par L'Express, la traçabilité du vibrion est aléatoire. Il peut avoir voyagé depuis des décennies, frappant l'Amérique latine ou l'Afrique avant d'accoster dans les Caraïbes (Lire La colère et le choléra). mais c'est surtout la mécanisme du bouc émissaire qui à l'oeuvre dans ce pays frappé de tant de malheurs.
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique/comprendre-l-epidemie-de-cholera-en-haiti_940012.html
Qu'est-ce que le choléra?
Le choléra est une infection entérique aiguë provoquée par l'ingestion d'une bactérie, le bacille Vibrio cholerae lors d'une contamination fécale des aliments ou de l'eau explique l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
La maladie qui se développe faute d'accès à une eau salubre, peut être aggravée par les catastrophes, qui détruisent les infrastructures. Rony Brauman, ancien président de Médecin sans frontières, interrogé par France Info, nuance cette donnée: une flambée épidémique a bien eu lieu au Pakistan après les inondations de l'été dernier, mais elle n'a pas été plus virulente que l'épidémie précédente qui n'avait pas coïncidé avec une catastrophe naturelle.
D'où vient la maladie et où la trouve-t-on?
Le choléra s'est répandu au 19ème siècle, dans le monde entier à partir de son réservoir d'origine, dans le delta du Gange en Inde.
Selon les estimations de l'OMS, il y a chaque année 3 à 5 millions de cas de choléra dans le monde, avec 100 000 à 120 000 décès. L'Afrique est le continent le plus touché. Le taux global de létalité est de 2,3%, pour l'année 2007, mais a atteint jusqu'à 35% parmi les groupes vulnérables résidant dans des zones à haut risque de choléra indique l'Institut Pasteur. Pour Rony Brauman, le choléra n'est cependant pas un fléau majeur comme le sont le sida, la tuberculose ou le padulisme. Le traitement est en effet simple à condition que les mesures thérapeutiques soient prises à temps.
Combien de victimes en Haïti?
En Haïti, le choléra a fait plus de 1500 morts. Le nombre de cas pourrait doubler d'ici douze mois pour atteindre 400 000, selon le Dr Jon Andrus, directeur adjoint de l'OPS, émanation de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Quels sont les symptômes?
Après une période d'incubation, qui va de deux heures à cinq jours, le malade est atteint de diarrhées aiguës qui peuvent entraîner la mort en quelques heures. Les pertes d'eau et d'électrolytes peuvent atteindre 15 litres par jour.
Les personnes atteintes par le bacille ne développent pas toutes la maladie mais le vibrion, qui reste présent dans leurs selles pendant sept à 14 jours, éliminé dans l'environnement, peut infecter d'autres personnes. Une partie des malades n'est confrontée qu'à des symptômes bénins. Seules 20% des personnes touchées connaissent des diarrhées aqueuses sévères accompagnées de déshydratation.
Quels soins pour les malades?
Pris en charge suffisamment tôt, la maladie peut être facilement traitée par réhydratation, orale dans les cas les plus simples ou en intraveineuse pour les cas sévères. "Tout cholérique parvenu à temps dans un centre de traitement équipé doit en sortir guéri au 3e jour" indique le site Médecine tropicale.
Quelle est la particularité de la flambée de choléra en Haïti?
L'apparition de la maladie a été confirmée le 22 octobre par le ministre haïtien de la Santé, qui a précisé qu'il s'agissait d'une souche "O1" de choléra, le "type le plus dangereux". La bactérie est similaire à des souches trouvées en Asie, ont indiqué des analyses de laboratoires publics américains, selon un communiqué publié le 1er novembre. La souche de la maladie a d'abord été localisée dans le département de l'Artibonite et dans le fleuve du même nom qui traverse la région, qui a connu un afflux de réfugiés, vivant dans des conditions d'hygiène précaires, après le séisme dévastateur du 12 janvier.
Selon le docteur français Gérard Chevallier, qui travaille avec le professeur français Renaud Piarroux, épidémiologiste spécialiste du choléra, pour conseiller le ministère de la santé haïtien, "la mécanique épidémique est inhabituelle, rapide et sévère", et "comme toujours dans ce type d'épidémie", les bilans des autorités haïtiennes sont "sous-évalués". "Les notifications sont imparfaites, il y a des zones où des personnes meurent et personne ne le sait" affirme-t-il en précisant que les "deux tiers du territoire ne sont accessibles qu'à pied".
La vaccination peut-elle être une solution?
Son utilisation n'est pas recommandée par l'OMS en cas de flambée de choléra en raison de la complexité de son emploi et de son coût. Il faut en effet administrer deux doses à 15 jours d'intervalle, ce qui n'apporte qu'une protection différée. Une campagne de vaccination en Haïti nécessiterait d'importantes infrastructures et "trois fois 12 millions de doses" explique Gérard Chevallier. "Cela prendrait des mois avant d'avoir des résultats et retarderait la réponse sanitaire" précise-t-il.
Pourquoi la population s'en est-elle prise aux forces de l'ONU?
Depuis le 16 novembre, des affrontements ont éclaté après la mise en cause des Casques bleus, accusés de propager le choléra. La petite ville de Mirebalais qui abrite une base de Casques bleus népalais aurait été une des premières touchées par la bactérie du choléra, fléau inconnu jusqu'alors dans le pays. En outre, le type choléra qui vient de se développer est de la même souche que celle qui sévissait au Népal il y a quelques mois.
Les latrines de la base étaient à proximité d'un affluent de l'Artibonite, et la majorité des premiers malades recensés vit en aval du fleuve. Selon un scénario juge crédible par les initiés, la responsabilité incomberait pour l'essentiel à l'entreprise chargée de vidanger les fosses septiques de la base népalaise. Ses agents ont pu, si l'on en croit cette thèse, déverser dans la rivière Artibonite des déjections infectées. Mais un épidémiologiste interrogé par L'Express, la traçabilité du vibrion est aléatoire. Il peut avoir voyagé depuis des décennies, frappant l'Amérique latine ou l'Afrique avant d'accoster dans les Caraïbes (Lire La colère et le choléra). mais c'est surtout la mécanisme du bouc émissaire qui à l'oeuvre dans ce pays frappé de tant de malheurs.
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique/comprendre-l-epidemie-de-cholera-en-haiti_940012.html
Ah, si Haïti était une banque...
Jean-Claude Kiefer
Des élections à Haïti ? Franchement, pour quoi faire ? Pour reconduire un gouvernement incapable de gouverner car sans moyens, donc sans pouvoir ? Ou le remplacer par un autre tout aussi inapte pour les mêmes raisons ? Sans oublier la corruption généralisée dans les milieux politiques et dans l'administration, ou du moins ce qu'il en reste. Une corruption inexcusable mais qui pousse si bien sur la misère.
Et c'est le vrai problème d'Haïti. Que de compassion après le tremblement de terre de janvier et que d'argent promis ! Mais où sont les premiers des 10 milliards de dollars claironnés par les pays donateurs ? Et les maisons -des cabanons, plutôt- à construire pour 1,5 million de sans-abri qui, la plupart encore, vivent sous des tentes ? Certes, des projets ont été réalisés comme ces 500 maisonnettes achevées fin août, sous l'égide de la Croix-Rouge française, sur 30 000 annoncées, plus 4 000 autres (de 18 m² !) sur les 10 000 relevant d'un programme coordonné par l'ONU. Une lenteur qui serait aussi à attribuer à la bureaucratie haïtienne freinée par des propriétaires fonciers peu désireux de céder des terrains à leurs compatriotes sinistrés.
Fin juillet, donc six mois après le séisme du 12 janvier, une enquête canadienne avait estimé que seulement 1,9% (bien 1,9% !) de la tranche de 5 milliards à verser dans les deux ans aux Fonds de Reconstruction de Haïti (géré par la Banque mondiale, l'ONU et divers organismes) avaient effectivement été payés.
Depuis, l'aide a été accélérée. Mais le compte n'y est toujours pas. Les ONG restées sur place dans un sentiment d'abandon font ce qu'elles peuvent. Comment déblayer les décombres quand les bulldozers et les engins lourds fièrement exhibés par l'armée américaine les jours qui ont suivi le tremblement de terre ont été rembarqués ? Comment réparer les réseaux d'eau potable et réaliser les indispensables travaux d'assainissement pour empêcher la propagation de l'épidémie de choléra ?
Ah, si Haïti était une banque américaine ou irlandaise en péril, menaçant le dollar ou l'euro ! Les milliards, n'en doutons pas, tomberaient du ciel. Et avec cette manne, une foule d'experts pour reprendre les comptes en mains. Or, c'est ce qui manque à Haïti : une tutelle internationale dotée de fonds conséquents pour, un temps du moins, gérer le pays. Et non le laisser à de trop longues dynasties de « Papa Doc », de « Bébé Doc », d'Aristide, de Préval ou à d'autres prédateurs. A la classe des possédants surtout préoccupés par le maintien de ses privilèges...
Mais qui s'intéresse à Haïti ? Le pays est vraiment trop pauvre, sans ressources naturelles et même sans la moindre importance stratégique. Le monde des riches a bien d'autres soucis...
Jean-Claude Kiefer
http://www.dna.fr/fr/infos-generales/edito/info/4210431-Jean-Claude-Kiefer-Ah-si-Haiti-etait-une-banque
Des élections à Haïti ? Franchement, pour quoi faire ? Pour reconduire un gouvernement incapable de gouverner car sans moyens, donc sans pouvoir ? Ou le remplacer par un autre tout aussi inapte pour les mêmes raisons ? Sans oublier la corruption généralisée dans les milieux politiques et dans l'administration, ou du moins ce qu'il en reste. Une corruption inexcusable mais qui pousse si bien sur la misère.
Et c'est le vrai problème d'Haïti. Que de compassion après le tremblement de terre de janvier et que d'argent promis ! Mais où sont les premiers des 10 milliards de dollars claironnés par les pays donateurs ? Et les maisons -des cabanons, plutôt- à construire pour 1,5 million de sans-abri qui, la plupart encore, vivent sous des tentes ? Certes, des projets ont été réalisés comme ces 500 maisonnettes achevées fin août, sous l'égide de la Croix-Rouge française, sur 30 000 annoncées, plus 4 000 autres (de 18 m² !) sur les 10 000 relevant d'un programme coordonné par l'ONU. Une lenteur qui serait aussi à attribuer à la bureaucratie haïtienne freinée par des propriétaires fonciers peu désireux de céder des terrains à leurs compatriotes sinistrés.
Fin juillet, donc six mois après le séisme du 12 janvier, une enquête canadienne avait estimé que seulement 1,9% (bien 1,9% !) de la tranche de 5 milliards à verser dans les deux ans aux Fonds de Reconstruction de Haïti (géré par la Banque mondiale, l'ONU et divers organismes) avaient effectivement été payés.
Depuis, l'aide a été accélérée. Mais le compte n'y est toujours pas. Les ONG restées sur place dans un sentiment d'abandon font ce qu'elles peuvent. Comment déblayer les décombres quand les bulldozers et les engins lourds fièrement exhibés par l'armée américaine les jours qui ont suivi le tremblement de terre ont été rembarqués ? Comment réparer les réseaux d'eau potable et réaliser les indispensables travaux d'assainissement pour empêcher la propagation de l'épidémie de choléra ?
Ah, si Haïti était une banque américaine ou irlandaise en péril, menaçant le dollar ou l'euro ! Les milliards, n'en doutons pas, tomberaient du ciel. Et avec cette manne, une foule d'experts pour reprendre les comptes en mains. Or, c'est ce qui manque à Haïti : une tutelle internationale dotée de fonds conséquents pour, un temps du moins, gérer le pays. Et non le laisser à de trop longues dynasties de « Papa Doc », de « Bébé Doc », d'Aristide, de Préval ou à d'autres prédateurs. A la classe des possédants surtout préoccupés par le maintien de ses privilèges...
Mais qui s'intéresse à Haïti ? Le pays est vraiment trop pauvre, sans ressources naturelles et même sans la moindre importance stratégique. Le monde des riches a bien d'autres soucis...
Jean-Claude Kiefer
http://www.dna.fr/fr/infos-generales/edito/info/4210431-Jean-Claude-Kiefer-Ah-si-Haiti-etait-une-banque
Alors que les Haïtiens tentent de survivre
Publié le vendredi 26 novembre 2010
Dix-neuf candidats à la présidence, 120 candidats au Sénat, 900 pour la Chambre des députés et 66 partis. Les électeurs ne manquent pas de choix.
Entre séisme, cyclone et épidémie de choléra, les Haïtiens sont convoqués dimanche pour des élections présidentielle et législatives à haut risque.
Le bilan de l'épidémie de choléra dépasse maintenant les 1523 morts à Haïti et il s'alourdit chaque jour de dizaines de nouvelles victimes.
Des émeutes contre les casques bleus ont éclaté dans le pays à la suite de rumeurs accusant le contingent népalais de l'Onu d'avoir été le vecteur du virus du choléra. Ces violentes manifestations compliquent encore un peu plus la lutte contre la maladie ainsi que l'organisation des élections.
Le gouvernement haïtien a néanmoins décidé de maintenir la date du scrutin et Edmond Mulet, chef de la Minustah, qui comporte 12 000 casques bleus, a déclaré que les dispositifs logistique, technique et de sécurité nécessaires à la tenue d'élections crédibles étaient en place.
La campagne électorale a été écourtée dans les régions du centre les plus affectées par l'épidémie de choléra et, dans le nord, elle a été perturbée la semaine dernière pendant plusieurs jours par des émeutes anti-Minustah qui ont fait au moins deux morts et plusieurs dizaines de blessés.
Le personnel de l'Onu a participé à la mise en place de bureaux de vote et à la distribution des bulletins. Mais ses ressources logistiques, déjà engagées dans la lutte contre le choléra, sont limitées.
Les violentes émeutes anti-Onu de Cap-Haïtien font planer des doutes sur la capacité des forces de l'Onu à assurer la sécurité du scrutin si elles sont elles-mêmes la cible d'attaques. L'Onu a rejeté la responsabilité de ces attaques sur des individus cherchant à faire capoter les élections.
Certains hommes politiques se demandent si, dans un pays dont l'économie a été ravagée par le tremblement de terre du 12 janvier, qui a fait plus de 250 000 morts, des électeurs dont la principale préoccupation est de survivre face au choléra et à la misère participeront au scrutin.
Des optimistes et des pessimistes
Mais de nombreux observateurs affirment que les risques de créer un vide du pouvoir en reportant les élections dépassent largement les défis humanitaire, logistique et de sécurité posés par la tenue du scrutin.
La crédibilité constitue aussi un défi de taille dans un pays où depuis des années, la vie politique a souvent été chaotique et violente, mais l'impartialité du Conseil électoral provisoire (CEP) a été mise en doute.
Des désaccords non résolus entre l'exécutif et l'opposition sur la composition du CEP et ce qui est perçu comme des préjugés en faveur du président sortant, René Préval, ajoutent au défi de crédibilité, notait le mois dernier un rapport de l'International Crisis Group (ICG) basé à Bruxelles.
Dix-neuf candidats à la présidence, 120 candidats au Sénat, 900 pour la Chambre des députés et 66 partis ont été admis par le CEP à se présenter aux élections. René Préval, qui n'est pas autorisé par la loi à briguer un troisième mandat, a rejeté des accusations d'ingérence dans les activités du CEP pour tenter de conserver une influence sur le prochain gouvernement.
Les plus optimistes voient dans le scrutin du 28 novembre une chance pour le pays de rompre avec un passé fait d'effusions de sang, de troubles et d'instabilité et d'échapper au piège de la pauvreté et de la dépendance qui a fait de lui une « République des ONG ».
Mais les pessimistes pensent que les élections ne feront qu'ajouter un chapitre malheureux aux calamités - tant naturelles que créées par l'homme - qui ont jalonné l'histoire d'Haïti.
http://www.lunion.presse.fr/article/francemonde/alors-que-les-haitiens-tentent-de-survivre
Dix-neuf candidats à la présidence, 120 candidats au Sénat, 900 pour la Chambre des députés et 66 partis. Les électeurs ne manquent pas de choix.
Entre séisme, cyclone et épidémie de choléra, les Haïtiens sont convoqués dimanche pour des élections présidentielle et législatives à haut risque.
Le bilan de l'épidémie de choléra dépasse maintenant les 1523 morts à Haïti et il s'alourdit chaque jour de dizaines de nouvelles victimes.
Des émeutes contre les casques bleus ont éclaté dans le pays à la suite de rumeurs accusant le contingent népalais de l'Onu d'avoir été le vecteur du virus du choléra. Ces violentes manifestations compliquent encore un peu plus la lutte contre la maladie ainsi que l'organisation des élections.
Le gouvernement haïtien a néanmoins décidé de maintenir la date du scrutin et Edmond Mulet, chef de la Minustah, qui comporte 12 000 casques bleus, a déclaré que les dispositifs logistique, technique et de sécurité nécessaires à la tenue d'élections crédibles étaient en place.
La campagne électorale a été écourtée dans les régions du centre les plus affectées par l'épidémie de choléra et, dans le nord, elle a été perturbée la semaine dernière pendant plusieurs jours par des émeutes anti-Minustah qui ont fait au moins deux morts et plusieurs dizaines de blessés.
Le personnel de l'Onu a participé à la mise en place de bureaux de vote et à la distribution des bulletins. Mais ses ressources logistiques, déjà engagées dans la lutte contre le choléra, sont limitées.
Les violentes émeutes anti-Onu de Cap-Haïtien font planer des doutes sur la capacité des forces de l'Onu à assurer la sécurité du scrutin si elles sont elles-mêmes la cible d'attaques. L'Onu a rejeté la responsabilité de ces attaques sur des individus cherchant à faire capoter les élections.
Certains hommes politiques se demandent si, dans un pays dont l'économie a été ravagée par le tremblement de terre du 12 janvier, qui a fait plus de 250 000 morts, des électeurs dont la principale préoccupation est de survivre face au choléra et à la misère participeront au scrutin.
Des optimistes et des pessimistes
Mais de nombreux observateurs affirment que les risques de créer un vide du pouvoir en reportant les élections dépassent largement les défis humanitaire, logistique et de sécurité posés par la tenue du scrutin.
La crédibilité constitue aussi un défi de taille dans un pays où depuis des années, la vie politique a souvent été chaotique et violente, mais l'impartialité du Conseil électoral provisoire (CEP) a été mise en doute.
Des désaccords non résolus entre l'exécutif et l'opposition sur la composition du CEP et ce qui est perçu comme des préjugés en faveur du président sortant, René Préval, ajoutent au défi de crédibilité, notait le mois dernier un rapport de l'International Crisis Group (ICG) basé à Bruxelles.
Dix-neuf candidats à la présidence, 120 candidats au Sénat, 900 pour la Chambre des députés et 66 partis ont été admis par le CEP à se présenter aux élections. René Préval, qui n'est pas autorisé par la loi à briguer un troisième mandat, a rejeté des accusations d'ingérence dans les activités du CEP pour tenter de conserver une influence sur le prochain gouvernement.
Les plus optimistes voient dans le scrutin du 28 novembre une chance pour le pays de rompre avec un passé fait d'effusions de sang, de troubles et d'instabilité et d'échapper au piège de la pauvreté et de la dépendance qui a fait de lui une « République des ONG ».
Mais les pessimistes pensent que les élections ne feront qu'ajouter un chapitre malheureux aux calamités - tant naturelles que créées par l'homme - qui ont jalonné l'histoire d'Haïti.
http://www.lunion.presse.fr/article/francemonde/alors-que-les-haitiens-tentent-de-survivre
Derniers meetings en Haïti trois jours avant la présidentielle
Haïti - Article publié le : vendredi 26 novembre 2010
Discours du candidat Michel Martelly à Port-au-Prince, le 25 novembre 2010
RFI / Amélie BaronPar RFI
Le 28 novembre les Haïtiens sont appelés aux urnes pour des élections présidentielle, législatives et sénatoriales. Jamais le contexte n'aura été aussi difficile pour un tel scrutin car dix mois après le séisme, le pays fait face à une épidémie de choléra. Pas moins de 19 candidats sont en lice pour la succession de René Préval. La campagne électorale prend fin ce 26 novembre à minuit : ultimes défilés et meetings ont lieu dans la capitale.
Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron
Sur le plan de la popularité Michel Martelly semble avoir déjà gagné. Le candidat chanteur a marché dans les rues de Port-au-Prince et ce sont des milliers d'Haïtiens qui ont suivi dans une ambiance de carnaval. A l'arrivée sur le Champ de Mars, Michel Martelly a montré sa solide volonté de changement pour le pays.
26/11/2010 par RFI
« Nous ne sommes pas venus pour le pouvoir. Nous sommes venus pour inspirer pour faire changer les mentalités. On ne doit pas continuer à accepter que les gens vivent dans ces conditions, avec les enfants qui frappent aux fenêtres des voitures car ils n'ont pas d'autres moyens pour trouver de l'argent pour manger. Je ne veux pas de ça. »
« Il y a des personnes qui font des intimidations. Je le dis, même si je prends une cartouche et que je meure. Il faut continuer le combat, continuez le combat. Il faut gagner pour nous sortir de là où nous sommes. En 2010, il y a des gens qui sont contraints de boire l'eau qui coule dans les caniveaux, il faut que ça cesse. Nous ne voulons pas ça. »
Le candidat sait galvaniser la foule. Au micro, il a repris certaines de ses chansons mais Michel Martelly n'oublie pas l'enjeu électoral. Il a appelé ses partisans à aller voter, tout en faisant attention aux possibles violences qui sont redoutées pour la journée de dimanche prochain.
Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron
La présence de l’ONU contestée
Les forces de l'ONU sont en charge de la sécurisation du pays le jour du vote, mais beaucoup de voix s'élèvent contre la présence des casques bleus en Haïti.
Edmond Mulet, le chef de la Minustah (Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti) a indiqué le jeudi 25 novembre qu'un départ progressif des soldats internationaux pourrait être envisagé en avril, mai 2011, si les élections du 28 novembre se passent bien. Mais Panel Lindor, étudiant en philosophie, n'accepte pas du tout cette condition :
« Ils conditionnent leur départ par rapport aux élections alors que ça ne devrait pas l’être. La Constitution du pays reconnaît seulement la police nationale d’Haïti et l’armée d’Haïti, pas la Minustah. Aucune force étrangère n’a le droit de mettre les pieds sur ce territoire. Dans le pays, il n’y a pratiquement rien. On l’a vu après le tremblement de terre, la population n’était vraiment pas agressive, du tout. »
« Dans tous les pays, il y a des zones de non-droit. En France, il y a les banlieues. Au Canada, il y a des endroits où l’on ne peut pas se promener à n’importe qu’elle heure de la nuit, comme au Brésil dans les favelas. C’est un fantasme. C’est montrer à l’international qu’Haïti est un pays ingouvernable. Il faut constamment envoyer des forces de l’ONU. S’ils avaient compris qu’on voulait leur départ quelques mois après leur arrivée en Haïti, s’ils avaient laissé le pays, on ne les accuserait pas aujourd’hui d’être responsables de l’épidémie de choléra en Haïti.»
Dimanche, la Minustah sera en charge avec la police nationale de la sécurisation des opérations de vote. Mais on craint de nombreuses fraudes, aussi la présence militaire internationale en Haïti pourrait être prolongée de plusieurs années.
http://www.rfi.fr/ameriques/20101126-derniers-meetings-haiti-trois-jours-avant-presidentielle
Discours du candidat Michel Martelly à Port-au-Prince, le 25 novembre 2010
RFI / Amélie BaronPar RFI
Discours du candidat Michel Martelly à Port-au-Prince, le 25 novembre 2010 RFI / Amélie BaronPar RFI |
Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron
Sur le plan de la popularité Michel Martelly semble avoir déjà gagné. Le candidat chanteur a marché dans les rues de Port-au-Prince et ce sont des milliers d'Haïtiens qui ont suivi dans une ambiance de carnaval. A l'arrivée sur le Champ de Mars, Michel Martelly a montré sa solide volonté de changement pour le pays.
26/11/2010 par RFI
« Nous ne sommes pas venus pour le pouvoir. Nous sommes venus pour inspirer pour faire changer les mentalités. On ne doit pas continuer à accepter que les gens vivent dans ces conditions, avec les enfants qui frappent aux fenêtres des voitures car ils n'ont pas d'autres moyens pour trouver de l'argent pour manger. Je ne veux pas de ça. »
« Il y a des personnes qui font des intimidations. Je le dis, même si je prends une cartouche et que je meure. Il faut continuer le combat, continuez le combat. Il faut gagner pour nous sortir de là où nous sommes. En 2010, il y a des gens qui sont contraints de boire l'eau qui coule dans les caniveaux, il faut que ça cesse. Nous ne voulons pas ça. »
Le candidat sait galvaniser la foule. Au micro, il a repris certaines de ses chansons mais Michel Martelly n'oublie pas l'enjeu électoral. Il a appelé ses partisans à aller voter, tout en faisant attention aux possibles violences qui sont redoutées pour la journée de dimanche prochain.
Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron
La présence de l’ONU contestée
Les forces de l'ONU sont en charge de la sécurisation du pays le jour du vote, mais beaucoup de voix s'élèvent contre la présence des casques bleus en Haïti.
Edmond Mulet, le chef de la Minustah (Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti) a indiqué le jeudi 25 novembre qu'un départ progressif des soldats internationaux pourrait être envisagé en avril, mai 2011, si les élections du 28 novembre se passent bien. Mais Panel Lindor, étudiant en philosophie, n'accepte pas du tout cette condition :
« Ils conditionnent leur départ par rapport aux élections alors que ça ne devrait pas l’être. La Constitution du pays reconnaît seulement la police nationale d’Haïti et l’armée d’Haïti, pas la Minustah. Aucune force étrangère n’a le droit de mettre les pieds sur ce territoire. Dans le pays, il n’y a pratiquement rien. On l’a vu après le tremblement de terre, la population n’était vraiment pas agressive, du tout. »
« Dans tous les pays, il y a des zones de non-droit. En France, il y a les banlieues. Au Canada, il y a des endroits où l’on ne peut pas se promener à n’importe qu’elle heure de la nuit, comme au Brésil dans les favelas. C’est un fantasme. C’est montrer à l’international qu’Haïti est un pays ingouvernable. Il faut constamment envoyer des forces de l’ONU. S’ils avaient compris qu’on voulait leur départ quelques mois après leur arrivée en Haïti, s’ils avaient laissé le pays, on ne les accuserait pas aujourd’hui d’être responsables de l’épidémie de choléra en Haïti.»
Dimanche, la Minustah sera en charge avec la police nationale de la sécurisation des opérations de vote. Mais on craint de nombreuses fraudes, aussi la présence militaire internationale en Haïti pourrait être prolongée de plusieurs années.
http://www.rfi.fr/ameriques/20101126-derniers-meetings-haiti-trois-jours-avant-presidentielle
Haïti choisit son avenir...Les Haïtiens élisent dimanche le successeur du président René Préval. Avec plus d'un million de sinistrés et le choléra, le pays est à terre
Les Haïtiens élisent dimanche le successeur du président René Préval. Avec plus d'un million de sinistrés et le choléra, le pays est à terre
Dimanche sera l'un des jours les plus importants pour les 4,7 millions d'Haïtiens qui se rendent aux urnes pour désigner le successeur de l'actuel président René Préval. Pour Philippe Becoulet, représentant des ONG à la Commission intérimaire de reconstruction d'Haïti, ce vote est primordial “si l'on veut espérer résoudre les problèmes structurels du pays”.
Une opinion partagée par Didier Le Bret, ambassadeur de France en Haïti : “Ces élections peuvent tout changer. Elles sont l'occasion de donner une gouvernance forte au pays.” Or, depuis le séisme du 12 janvier, les choses n'ont guère avancé sur le terrain : le pays est actuellement en proie à une inquiétante épidémie de choléra, tandis qu'à Port-au-Prince, des dizaines de milliers d'habitants dorment encore sous les tentes.
Dans ces conditions, organiser une élection est une véritable gageure : “Je ne suis pas sûr que les 33 000 membres des bureaux de vote soient intègres”, s'inquiète Philippe RJ Augustin, directeur du registre électoral national haïtien. D'autant que la campagne a été perturbée ces derniers jours par des violences sporadiques, qui ont fait deux morts lundi, et que certains candidats, comme Mirlande Manigat, s'attendent à “des fraudes massives”.
Le chef de la mission de l'ONU en Haïti (Minustah), Edmond Mulet, reste optimiste et pense que les élections de dimanche se dérouleront dans un “climat serein et apaisé”. C'est bien le moins que puissent attendre les Haïtiens de ce scrutin.
Les candidats favoris
Jude Célestin, protégé du président sortant...cet ingénieur de formation, proche du président Préval et sans expérience politique, se présente sous la bannière du parti "Inité" ("Unité")
Mirlande Manigat, ex-Première dame...Mirlande Manigat, 70 ans, a été Première dame d'Haïti pendant quelques mois en 1988, sous la présidence de son mari Leslie Manigat. Elle est placée en tête de certains sondages et jouit de la sympathie des organisations féminines.
Michel Martelly, "Sweet Micky"... A 49 ans, ce chanteur autoproclamé président du "compas" (musique dansante) a pris la relève du chanteur de hip-hop Wyclef Jean, écarté de la course électorale.
http://www.metrofrance.com/info/haiti-choisit-son-avenir/pjky!YaTC6ZIKFn5g0OP5yGj6Lg/
Dimanche sera l'un des jours les plus importants pour les 4,7 millions d'Haïtiens qui se rendent aux urnes pour désigner le successeur de l'actuel président René Préval. Pour Philippe Becoulet, représentant des ONG à la Commission intérimaire de reconstruction d'Haïti, ce vote est primordial “si l'on veut espérer résoudre les problèmes structurels du pays”.
Une opinion partagée par Didier Le Bret, ambassadeur de France en Haïti : “Ces élections peuvent tout changer. Elles sont l'occasion de donner une gouvernance forte au pays.” Or, depuis le séisme du 12 janvier, les choses n'ont guère avancé sur le terrain : le pays est actuellement en proie à une inquiétante épidémie de choléra, tandis qu'à Port-au-Prince, des dizaines de milliers d'habitants dorment encore sous les tentes.
Dans ces conditions, organiser une élection est une véritable gageure : “Je ne suis pas sûr que les 33 000 membres des bureaux de vote soient intègres”, s'inquiète Philippe RJ Augustin, directeur du registre électoral national haïtien. D'autant que la campagne a été perturbée ces derniers jours par des violences sporadiques, qui ont fait deux morts lundi, et que certains candidats, comme Mirlande Manigat, s'attendent à “des fraudes massives”.
Le chef de la mission de l'ONU en Haïti (Minustah), Edmond Mulet, reste optimiste et pense que les élections de dimanche se dérouleront dans un “climat serein et apaisé”. C'est bien le moins que puissent attendre les Haïtiens de ce scrutin.
Les candidats favoris
Jude Célestin, protégé du président sortant...cet ingénieur de formation, proche du président Préval et sans expérience politique, se présente sous la bannière du parti "Inité" ("Unité")
Mirlande Manigat, ex-Première dame...Mirlande Manigat, 70 ans, a été Première dame d'Haïti pendant quelques mois en 1988, sous la présidence de son mari Leslie Manigat. Elle est placée en tête de certains sondages et jouit de la sympathie des organisations féminines.
Michel Martelly, "Sweet Micky"... A 49 ans, ce chanteur autoproclamé président du "compas" (musique dansante) a pris la relève du chanteur de hip-hop Wyclef Jean, écarté de la course électorale.
http://www.metrofrance.com/info/haiti-choisit-son-avenir/pjky!YaTC6ZIKFn5g0OP5yGj6Lg/
Haïti: le chef de la MINUSTAH évoque «le départ» des Casques bleus
Publié le 25 novembre 2010
Agence France-Presse, Port-au-Prince
Le chef de la mission de l'ONU en Haïti (MINUSTAH) Edmond Mulet a indiqué jeudi que la réduction du nombre de Casques bleus en Haïti et leur «éventuel départ» seraient examinés en avril ou mai 2011, si les élections de dimanche et la passation de pouvoir se passent bien.
«Si nous avons de bonnes élections maintenant et qu'il y a un transfert de pouvoir démocratique» entre l'ancien président et le président élu et «l'installation d'une nouvelle assemblée nationale l'année prochaine, alors nous allons faire une analyse de la situation sécuritaire dans le pays en avril ou mai» 2011, a indiqué Edmond Mulet lors d'une conférence de presse.
Cette réflexion pourrait permettre d'en revenir «au plan que nous avions établi à la fin de 2009 pour la réduction et l'éventuel départ de la mission», a-t-il déclaré.
Le chef de la MINUSTAH a précisé qu'il y avait eu «un débat en octobre 2009 au niveau du Conseil de sécurité parce que la mission de l'ONU était déjà en train d'accomplir sa mission». Le tremblement de terre avait ensuite remis en cause ces pistes de réflexion et obligé la MINUSTAH à proroger sa mission.
Plusieurs candidats, comme Mirlande Manigat, l'une des favoris, demandent le départ de la MINUSTAH qui est notamment accusée par des Haïtiens d'avoir introduit, via ses soldats népalais, le choléra en Haïti.
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/elections-en-haiti/201011/25/01-4346419-haiti-le-chef-de-la-minustah-evoque-le-depart-des-casques-bleus.php
Agence France-Presse, Port-au-Prince
Le chef de la mission de l'ONU en Haïti (MINUSTAH) Edmond Mulet a indiqué jeudi que la réduction du nombre de Casques bleus en Haïti et leur «éventuel départ» seraient examinés en avril ou mai 2011, si les élections de dimanche et la passation de pouvoir se passent bien.
«Si nous avons de bonnes élections maintenant et qu'il y a un transfert de pouvoir démocratique» entre l'ancien président et le président élu et «l'installation d'une nouvelle assemblée nationale l'année prochaine, alors nous allons faire une analyse de la situation sécuritaire dans le pays en avril ou mai» 2011, a indiqué Edmond Mulet lors d'une conférence de presse.
Cette réflexion pourrait permettre d'en revenir «au plan que nous avions établi à la fin de 2009 pour la réduction et l'éventuel départ de la mission», a-t-il déclaré.
Le chef de la MINUSTAH a précisé qu'il y avait eu «un débat en octobre 2009 au niveau du Conseil de sécurité parce que la mission de l'ONU était déjà en train d'accomplir sa mission». Le tremblement de terre avait ensuite remis en cause ces pistes de réflexion et obligé la MINUSTAH à proroger sa mission.
Plusieurs candidats, comme Mirlande Manigat, l'une des favoris, demandent le départ de la MINUSTAH qui est notamment accusée par des Haïtiens d'avoir introduit, via ses soldats népalais, le choléra en Haïti.
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/elections-en-haiti/201011/25/01-4346419-haiti-le-chef-de-la-minustah-evoque-le-depart-des-casques-bleus.php
Haïti: les faits marquants depuis janvier 2010
Publié le 25 novembre 2010
Agence France-Presse, Port-au-Prince
Voici un rappel des faits marquants depuis le séisme qui a dévasté Haïti en janvier 2010 et fait plus de 250 000 morts.
> 12 janvier 2010: Un tremblement de terre de magnitude 7 frappe Port-au-Prince et sa région. De nombreux bâtiments, dont le palais national, la cathédrale, le parlement ou le siège de la mission de l'ONU (MINUSTAH) s'effondrent. Le séisme a fait plus de 250 000 morts, plus de 300 000 blessés et plus d'un million de sinistrés. Les dégâts sont estimés à près de huit milliards de dollars, soit plus de 120% du PIB haïtien, dont 4,4 milliards pour les infrastructures comme les écoles, hôpitaux, routes, ponts, immeubles, ports et aéroports. Les besoins d'Haïti pour se reconstruire sont évalués à 11,5 milliards de dollars sur trois ans.
> 4 mars: De fortes pluies, qui s'abattent durant une semaine dans le sud d'Haïti, font 20 morts et disparus et des milliers de sinistrés.
> Fin septembre/début octobre: 14 morts à la suite d'intempéries dont plusieurs emportés par une rivière en crue. Des milliers de tentes sont détruites et plusieurs quartiers de Port-au-Prince submergés par des torrents d'eau.
> Mi-octobre: Début d'une épidémie de choléra qui fait 135 morts en quelques jours dans le nord d'Haïti, vraisemblablement due à la mauvaise qualité de l'eau potable.
> 18 octobre: Treize morts et disparus à Port-au-Prince et sa région après des inondations dues à des pluies diluviennes.
> 8 novembre: Le passage de l'ouragan Tomas sur Haïti fait au moins 21 morts et 36 blessés en 48 heures. L'ouragan provoque de fortes inondations, faisant des milliers de sinistrés et propageant davantage le choléra.
> 15 novembre: L'épidémie de choléra, qui a fait plus de 1100 morts depuis la mi-octobre, selon les autorités, et touché quelque 18 000 personnes, pourrait «durer des années», avertit l'ONU.
> 15-17 novembre: Des heurts très violents entre des milliers de manifestants et des soldats de l'ONU font trois morts et plusieurs blessés à Cap-Haïtien (nord), deuxième ville du pays, et six blessés parmi les soldats de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) à Hinche (centre). Les manifestants protestent contre la gestion de l'épidémie de choléra par les autorités et accusent les casques bleus népalais d'avoir propagé l'épidémie.
> 20 novembre: Quatre des 19 candidats alors engagés dans la course à la présidence demandent un report des élections législatives et présidentielle prévues le 28 novembre et la publication d'un plan de lutte contre l'épidémie de choléra. Deux jours plus tard, les partisans de deux candidats s'affrontent dans le sud-ouest du pays, faisant deux morts.
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/elections-en-haiti/201011/25/01-4346397-haiti-les-faits-marquants-depuis-janvier-2010.php
Agence France-Presse, Port-au-Prince
Voici un rappel des faits marquants depuis le séisme qui a dévasté Haïti en janvier 2010 et fait plus de 250 000 morts.
> 12 janvier 2010: Un tremblement de terre de magnitude 7 frappe Port-au-Prince et sa région. De nombreux bâtiments, dont le palais national, la cathédrale, le parlement ou le siège de la mission de l'ONU (MINUSTAH) s'effondrent. Le séisme a fait plus de 250 000 morts, plus de 300 000 blessés et plus d'un million de sinistrés. Les dégâts sont estimés à près de huit milliards de dollars, soit plus de 120% du PIB haïtien, dont 4,4 milliards pour les infrastructures comme les écoles, hôpitaux, routes, ponts, immeubles, ports et aéroports. Les besoins d'Haïti pour se reconstruire sont évalués à 11,5 milliards de dollars sur trois ans.
> 4 mars: De fortes pluies, qui s'abattent durant une semaine dans le sud d'Haïti, font 20 morts et disparus et des milliers de sinistrés.
> Fin septembre/début octobre: 14 morts à la suite d'intempéries dont plusieurs emportés par une rivière en crue. Des milliers de tentes sont détruites et plusieurs quartiers de Port-au-Prince submergés par des torrents d'eau.
> Mi-octobre: Début d'une épidémie de choléra qui fait 135 morts en quelques jours dans le nord d'Haïti, vraisemblablement due à la mauvaise qualité de l'eau potable.
> 18 octobre: Treize morts et disparus à Port-au-Prince et sa région après des inondations dues à des pluies diluviennes.
> 8 novembre: Le passage de l'ouragan Tomas sur Haïti fait au moins 21 morts et 36 blessés en 48 heures. L'ouragan provoque de fortes inondations, faisant des milliers de sinistrés et propageant davantage le choléra.
> 15 novembre: L'épidémie de choléra, qui a fait plus de 1100 morts depuis la mi-octobre, selon les autorités, et touché quelque 18 000 personnes, pourrait «durer des années», avertit l'ONU.
> 15-17 novembre: Des heurts très violents entre des milliers de manifestants et des soldats de l'ONU font trois morts et plusieurs blessés à Cap-Haïtien (nord), deuxième ville du pays, et six blessés parmi les soldats de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) à Hinche (centre). Les manifestants protestent contre la gestion de l'épidémie de choléra par les autorités et accusent les casques bleus népalais d'avoir propagé l'épidémie.
> 20 novembre: Quatre des 19 candidats alors engagés dans la course à la présidence demandent un report des élections législatives et présidentielle prévues le 28 novembre et la publication d'un plan de lutte contre l'épidémie de choléra. Deux jours plus tard, les partisans de deux candidats s'affrontent dans le sud-ouest du pays, faisant deux morts.
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/elections-en-haiti/201011/25/01-4346397-haiti-les-faits-marquants-depuis-janvier-2010.php
Élections en Haïti: mode d'emploi
Publié le 25 novembre 2010
Agence France-Presse, Port-au-Prince
Les Haïtiens sont appelés aux urnes dimanche LE 28 novembre pour désigner leur futur président ainsi que leurs députés et sénateurs.
Corps électoral: 4,7 millions d'électeurs
Président sortant: René Préval, élu en 2006
Mode de scrutin présidentiel: majoritaire à deux tours
Mandat présidentiel: 5 ans
Date de publication des résultats: À partir du 5 décembre
Date du deuxième jour: 16 janvier 2011
Date d'entrée en fonction du président élu: 7 février 2011
Nombre de candidats à la présidentielle: 18. Si aucun ne recueille 50% des voix, un second tour est organisé entre les deux candidats arrivés en tête.
Taux de participation à la dernière présidentielle: 60%
Sénat: 11 postes à pourvoir pour un mandat de 6 ans. Une centaine de candidats sont en lice.
Assemblée Nationale: 99 députés à choisir parmi 850 candidats pour un mandat de 4 ans.
Maintien de l'ordre: Plus de 12 000 militaires et policiers internationaux de la Mission de l'ONU pour la stabilisation d'Haïti (MINUSTAH) sont mobilisés aux côtés de 9000 policiers haïtiens pour sécuriser plus de 11 000 bureaux de vote.
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/elections-en-haiti/201011/25/01-4346394-elections-en-haiti-mode-demploi.php
Agence France-Presse, Port-au-Prince
Les Haïtiens sont appelés aux urnes dimanche LE 28 novembre pour désigner leur futur président ainsi que leurs députés et sénateurs.
Corps électoral: 4,7 millions d'électeurs
Président sortant: René Préval, élu en 2006
Mode de scrutin présidentiel: majoritaire à deux tours
Mandat présidentiel: 5 ans
Date de publication des résultats: À partir du 5 décembre
Date du deuxième jour: 16 janvier 2011
Date d'entrée en fonction du président élu: 7 février 2011
Nombre de candidats à la présidentielle: 18. Si aucun ne recueille 50% des voix, un second tour est organisé entre les deux candidats arrivés en tête.
Taux de participation à la dernière présidentielle: 60%
Sénat: 11 postes à pourvoir pour un mandat de 6 ans. Une centaine de candidats sont en lice.
Assemblée Nationale: 99 députés à choisir parmi 850 candidats pour un mandat de 4 ans.
Maintien de l'ordre: Plus de 12 000 militaires et policiers internationaux de la Mission de l'ONU pour la stabilisation d'Haïti (MINUSTAH) sont mobilisés aux côtés de 9000 policiers haïtiens pour sécuriser plus de 11 000 bureaux de vote.
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/elections-en-haiti/201011/25/01-4346394-elections-en-haiti-mode-demploi.php
Élections en Haïti: le chef de la MINUSTAH prévoit un «climat serein»
Publié le 25 novembre 2010
Clarens Renois et Stéphane Jourdain
Agence France-Presse, Port-au-Prince
Le chef de la mission de l'ONU en Haïti (MINUSTAH), Edmond Mulet, pense que les élections présidentielle et législatives de dimanche à Haïti vont se dérouler dans un «climat serein et apaisé», malgré les craintes de fraudes exprimées par certains.
«Le climat haïtien est apaisé, tranquille, serein, et sans violence dans les circonstances haïtiennes», a dit Edmond Mulet lors d'une conférence de presse samedi à Port-au-Prince.
«Si on compare le processus électoral, la campagne électorale avec les élections législatives de l'année dernière, avec la présidentielle de 2006 ou même avec la présidentielle d'avant, l'évolution est très positive», a-t-il ajouté.
Et si M. Mulet a reconnu qu'il y aurait «des dérapages et des magouilles, ils seront moindres que dans le passé», malgré les violences qui ont fait deux morts lundi dans le cadre de la campagne électorale.
Ces craintes de «magouilles» ont notamment été exprimées par le directeur du registre électoral national, Philippe RJ Augustin. Il a déclaré à l'AFP qu'il redoutait «des fraudes partout» dans Haïti.
«Je ne suis pas sûr que les 33 000 membres des bureaux de vote soient intègres dans un pays qui est pauvre», a-t-il poursuivi.
Pour y remédier, M. Augustin estime qu'il faut «une participation massive et beaucoup d'observateurs et de journalistes» dans les bureaux de vote.
Certains candidats à la présidentielle expriment les mêmes inquiétudes. Mirlande Manigat, une des 18 candidats, a dit se préparer à «des fraudes massives», avec des bureaux de vote «pas prévus» gérés par les partisans d'un candidat rival et des faux bulletins de vote «en extra».
Lors de la conférence de presse de jeudi, M. Mulet a également fait un point sur le déroulement du scrutin.
Il a précisé que 19 candidats enregistrés, dont au moins un s'est désisté, participaient à l'élection présidentielle. Quelque 96 candidats vont se disputer les 11 sièges vacants du Sénat et 816 candidats vont tenter de remporter l'un des 99 sièges de député. 4 174 112 Haïtiens sont inscrits sur les listes électorales, a-t-il annoncé.
Au total, 11 181 bureaux de vote seront ouverts. Ils dépendront de 1500 centres de vote, dont 41% se trouvent dans la région métropolitaine de Port-au-Prince.
«C'est un défi logistique et sécuritaire que nous allons relever» avec les autorités haïtiennes, a déclaré souligné Edmond Mulet.
Le général Gerardo Chaumont, responsable de la police de l'ONU en Haïti, a indiqué au cours de cette conférence de presse que «plus de 3200 agents de police des Nations unies vont se consacrer à la tâche de sécurité» des élections. Il faut y ajouter 4200 agents de sécurité, 4500 officiers de la police nationale haïtienne «sans compter la composante militaire».
Le nouveau président va hériter d'un pays exsangue.
Le tremblement de terre du 12 janvier a tué quelque 250 000 personnes dans la région de Port-au-Prince.
Et le choléra a tué 1523 personnes depuis la mi-octobre dont 140 dans la capitale Port-au-Prince, selon les chiffres communiqués par le ministère de la Santé jeudi.
Au chapitre des pronostics, Mirlande Manigat et le candidat du parti au pouvoir, Jude Célestin, font figure de favoris.
Selon un sondage du Bureau de recherches en informatique et en développement économique et social, Mme Manigat l'emporterait avec 36% des voix contre 20% à M. Célestin. Un troisième candidat, Michel Martelly, plus connu sous son nom de chanteur, «Sweet Micky», recueillerait 14% des suffrages.
Les résultats ne pourraient être connus que début décembre. Les deux candidats les mieux placés s'affronteront dans un second tour.
http://www.cyberpresse.ca/international/amerique-latine/201011/25/01-4346322-elections-en-haiti-le-chef-de-la-minustah-prevoit-un-climat-serein.php
Clarens Renois et Stéphane Jourdain
Agence France-Presse, Port-au-Prince
Le chef de la mission de l'ONU en Haïti (MINUSTAH), Edmond Mulet, pense que les élections présidentielle et législatives de dimanche à Haïti vont se dérouler dans un «climat serein et apaisé», malgré les craintes de fraudes exprimées par certains.
«Le climat haïtien est apaisé, tranquille, serein, et sans violence dans les circonstances haïtiennes», a dit Edmond Mulet lors d'une conférence de presse samedi à Port-au-Prince.
«Si on compare le processus électoral, la campagne électorale avec les élections législatives de l'année dernière, avec la présidentielle de 2006 ou même avec la présidentielle d'avant, l'évolution est très positive», a-t-il ajouté.
Et si M. Mulet a reconnu qu'il y aurait «des dérapages et des magouilles, ils seront moindres que dans le passé», malgré les violences qui ont fait deux morts lundi dans le cadre de la campagne électorale.
Ces craintes de «magouilles» ont notamment été exprimées par le directeur du registre électoral national, Philippe RJ Augustin. Il a déclaré à l'AFP qu'il redoutait «des fraudes partout» dans Haïti.
«Je ne suis pas sûr que les 33 000 membres des bureaux de vote soient intègres dans un pays qui est pauvre», a-t-il poursuivi.
Pour y remédier, M. Augustin estime qu'il faut «une participation massive et beaucoup d'observateurs et de journalistes» dans les bureaux de vote.
Certains candidats à la présidentielle expriment les mêmes inquiétudes. Mirlande Manigat, une des 18 candidats, a dit se préparer à «des fraudes massives», avec des bureaux de vote «pas prévus» gérés par les partisans d'un candidat rival et des faux bulletins de vote «en extra».
Lors de la conférence de presse de jeudi, M. Mulet a également fait un point sur le déroulement du scrutin.
Il a précisé que 19 candidats enregistrés, dont au moins un s'est désisté, participaient à l'élection présidentielle. Quelque 96 candidats vont se disputer les 11 sièges vacants du Sénat et 816 candidats vont tenter de remporter l'un des 99 sièges de député. 4 174 112 Haïtiens sont inscrits sur les listes électorales, a-t-il annoncé.
Au total, 11 181 bureaux de vote seront ouverts. Ils dépendront de 1500 centres de vote, dont 41% se trouvent dans la région métropolitaine de Port-au-Prince.
«C'est un défi logistique et sécuritaire que nous allons relever» avec les autorités haïtiennes, a déclaré souligné Edmond Mulet.
Le général Gerardo Chaumont, responsable de la police de l'ONU en Haïti, a indiqué au cours de cette conférence de presse que «plus de 3200 agents de police des Nations unies vont se consacrer à la tâche de sécurité» des élections. Il faut y ajouter 4200 agents de sécurité, 4500 officiers de la police nationale haïtienne «sans compter la composante militaire».
Le nouveau président va hériter d'un pays exsangue.
Le tremblement de terre du 12 janvier a tué quelque 250 000 personnes dans la région de Port-au-Prince.
Et le choléra a tué 1523 personnes depuis la mi-octobre dont 140 dans la capitale Port-au-Prince, selon les chiffres communiqués par le ministère de la Santé jeudi.
Au chapitre des pronostics, Mirlande Manigat et le candidat du parti au pouvoir, Jude Célestin, font figure de favoris.
Selon un sondage du Bureau de recherches en informatique et en développement économique et social, Mme Manigat l'emporterait avec 36% des voix contre 20% à M. Célestin. Un troisième candidat, Michel Martelly, plus connu sous son nom de chanteur, «Sweet Micky», recueillerait 14% des suffrages.
Les résultats ne pourraient être connus que début décembre. Les deux candidats les mieux placés s'affronteront dans un second tour.
http://www.cyberpresse.ca/international/amerique-latine/201011/25/01-4346322-elections-en-haiti-le-chef-de-la-minustah-prevoit-un-climat-serein.php
Choléra en Haïti: nouveau bilan de 1523 morts
Publié le 25 novembre 2010
Agence France-Presse, Port-au-Prince
L'épidémie de choléra qui sévit en Haïti depuis la mi-octobre a fait 1523 morts, selon des chiffres publiés jeudi par le ministère de la Santé, à trois jours des élections présidentielle et législatives.
Ce bilan, arrêté au 22 novembre, recense 108 décès de plus que le précédent, établi à la date du 20 novembre, qui faisait état de 1415 morts.
Le nombre d'hospitalisations est passé à 27 933 depuis le début de l'épidémie, selon ces nouvelles données.
Le département de l'Artibonite (nord), où s'est déclarée la maladie, est le plus touché, avec environ la moitié des décès (723) et près de 14 000 personnes hospitalisées.
À Port-au-Prince, la capitale, où se trouvent de nombreux camps de sinistrés du séisme du 12 janvier 2010 aux conditions d'hygiène très insuffisantes, le nombre de décès a été porté à 140. Les hospitalisations à Port-au-Prince se portent à près de 3000 personnes.
Au total, 66 593 cas de contamination ont été recensés dans tout le pays, dont plus de 32 000 dans le nord du pays et 6500 dans la capitale.
Malgré le chaos provoqué par le choléra, les autorités ont refusé de reporter les élections présidentielle et législatives qui doivent avoir lieu dimanche.
L'épidémie a provoqué des violences la semaine dernière à l'encontre des Casques bleus de l'ONU, accusés par une partie de la population d'avoir importé la maladie et des manifestations ont fait six morts.
Selon Nigel Fisher, coordinateur de l'ONU pour Haïti, l'épidémie de choléra «se développe de plus en plus vite». Tant les Nations unies que l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS) jugent que le cap des 200 000 cas pourrait être franchi dans trois mois.
Jon Andrus, directeur adjoint de l'OPS, pense même que ce nombre pourrait doubler pour atteindre 400 000 cas d'ici un an.
http://www.cyberpresse.ca/international/amerique-latine/201011/25/01-4346303-cholera-en-haiti-nouveau-bilan-de-1523-morts.php
Agence France-Presse, Port-au-Prince
L'épidémie de choléra qui sévit en Haïti depuis la mi-octobre a fait 1523 morts, selon des chiffres publiés jeudi par le ministère de la Santé, à trois jours des élections présidentielle et législatives.
Un enfant présentant des symptômes du choléra se fait soigner dans une clinique de la Croix-Rouge à Port-au-Prince. Photo: Reuters |
Le nombre d'hospitalisations est passé à 27 933 depuis le début de l'épidémie, selon ces nouvelles données.
Le département de l'Artibonite (nord), où s'est déclarée la maladie, est le plus touché, avec environ la moitié des décès (723) et près de 14 000 personnes hospitalisées.
À Port-au-Prince, la capitale, où se trouvent de nombreux camps de sinistrés du séisme du 12 janvier 2010 aux conditions d'hygiène très insuffisantes, le nombre de décès a été porté à 140. Les hospitalisations à Port-au-Prince se portent à près de 3000 personnes.
Au total, 66 593 cas de contamination ont été recensés dans tout le pays, dont plus de 32 000 dans le nord du pays et 6500 dans la capitale.
Malgré le chaos provoqué par le choléra, les autorités ont refusé de reporter les élections présidentielle et législatives qui doivent avoir lieu dimanche.
L'épidémie a provoqué des violences la semaine dernière à l'encontre des Casques bleus de l'ONU, accusés par une partie de la population d'avoir importé la maladie et des manifestations ont fait six morts.
Selon Nigel Fisher, coordinateur de l'ONU pour Haïti, l'épidémie de choléra «se développe de plus en plus vite». Tant les Nations unies que l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS) jugent que le cap des 200 000 cas pourrait être franchi dans trois mois.
Jon Andrus, directeur adjoint de l'OPS, pense même que ce nombre pourrait doubler pour atteindre 400 000 cas d'ici un an.
http://www.cyberpresse.ca/international/amerique-latine/201011/25/01-4346303-cholera-en-haiti-nouveau-bilan-de-1523-morts.php
Élections en Haïti: une femme dans la course
Publié le 25 novembre 2010
Agnès Gruda, envoyée spéciale, La Presse
(Haïti) Dimanche prochain, les Haïtiens voteront pour élire leur nouveau président. Selon les sondages, ça pourrait bien être... une présidente. L'ancienne première dame du pays, Mirlande Manigat, est systématiquement en tête des sondages. Son handicap: elle est perçue comme une personne loin du peuple. Son atout: elle est une femme. La Presse l'a suivie pendant une journée de campagne électorale, cette semaine.
Après Jacmel, la route qui longe la mer vers l'est impose un parcours du combattant où il faut slalomer entre des crevasses, contourner des monticules et traverser des rivières sans pont.
Le cortège de Mirlande Manigat attaque cette route escarpée en soulevant un nuage de poussière. Nous mettons près de deux heures pour atteindre le premier arrêt de cette journée de campagne électorale: Bainet, un village côtier de 2500 habitants.
Nous sommes accueillis par des motos-taxis arborant les affiches de la candidate qui se collent au convoi en klaxonnant. Des gens s'agglutinent autour du véhicule qui transporte la candidate. Leur cri de ralliement: «De la volonté, pas de l'argent.» Une allusion à la campagne coûteuse menée par le principal rival de Mirlande Manigat dans la course à la présidence d'Haïti, Jude Célestin, soutenu par le régime.
Mirlande Manigat se fraie péniblement un chemin dans la foule: elle a un orteil cassé et a besoin d'assistance pour avancer. Elle s'adresse brièvement aux électeurs. «Je suis une mère, quand une femme me dit qu'elle est incapable d'acheter du maïs pour ses cinq enfants, qu'elle me dit que sa chaudière ne montera pas, ça me fait de la peine.»
Puis elle invite des membres de l'assistance à la rejoindre pour lui faire part de leurs problèmes. Une femme monte sur la scène. Elle explique qu'elle a mal aux seins, et fait mine de relever son chandail pour montrer la source de sa douleur. «Avez-vous rencontré un médecin?» demande la candidate pleine de sollicitude.
Catastrophes et ras-le-bol
Le ton est donné. Dans ses rencontres avec les électeurs, Mirlande Manigat évite les grands discours et se montre préoccupée par les soucis quotidiens des gens - façon de casser l'image d'intellectuelle qui lui colle à la peau et constitue son principal handicap dans la campagne en vue du vote de dimanche.
Son principal atout, c'est le ras-le-bol généralisé d'une population qui accumule les catastrophes: tremblement de terre, ouragan, épidémie de choléra. Et qui ne voit aucun signe d'amélioration poindre à l'horizon.
«Mirlande Manigat est une personnalité respectée, c'est une marque de commerce connue, et elle est propre», dit Frantz Duval, le rédacteur en chef du principal quotidien de la capitale, Le Nouvelliste.
À 70 ans, avec ses lunettes à monture dorée et sa tunique beige, Mirlande Manigat a l'allure rassurante d'une grand-mère. «Elle pourrait calmer le pays, apaiser les tensions», dit le journaliste Cyrus Sibert.
La leader du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes a quand même un cadavre dans son placard. Gagnante au premier tour de l'élection sénatoriale de 2005, elle s'est retirée sous prétexte d'un processus électoral douteux. Des électeurs lui reprochent cette manoeuvre, attribuée à l'influence de son mari Leslie Manigat - qui a occupé le poste de président en 1987.
Dans une déclaration à la télévision, cette semaine, elle a présenté ses excuses. «Je ne regrette pas ce que j'ai fait, je regrette d'avoir mécontenté des gens», dit-elle avec diplomatie, quand je finis par me frayer un chemin à travers la foule pour la rejoindre dans sa jeep.
La violence du désespoir
Dimanche, des hommes brandissant des affiches électorales de Jude Célestin ont violemment interrompu un rassemblement de Mirlande Manigat. Plus tard, un autre événement a occasionné une altercation, cette fois avec des partisans du chanteur Michel Martelly.
Lors de notre rencontre, mardi, au milieu d'une foule qui faisait tanguer son véhicule, la candidate a affirmé que ces incidents ne lui faisaient absolument pas peur. Elle les attribue à des «gestes de désespoir» d'un régime aux abois.
Les explosions de violence ont aussi visé son principal rival, Jude Célestin, qui a été la cible d'une attaque, lundi, au cours de laquelle deux personnes ont été tuées. «Les Haïtiens n'ont pas une culture de la violence, mais nous avons malheureusement une habitude de la violence», déplore Mme Manigat.
Dans son programme, Mirlande Manigat plaide pour de nouvelles écoles, des investissements en santé. Elle souhaite le départ de la MINUSTAH, la mission de stabilisation l'ONU que les Haïtiens jugent trop associée au président René Préval. Mais elle estime que celui-ci devra se faire progressivement: «Nous ne sommes pas encore prêts.»
Les derniers sondages accordent 36% des intentions de vote à Mme Manigat, une avance de deux ou trois points sur son principal rival, Jude Célestin. Mais à Bainet, Jude Célestin est le plus populaire, reconnaît un organisateur électoral de Mirlande Manigat, Nestaud Henriquez. Pourquoi? «Parce qu'il a donné plus d'argent aux élus locaux.»
Mirlande Manigat a un dernier atout dans sa donne: son sexe. «On a essayé avec des hommes, ça n'a pas marché, maintenant, je veux essayer une femme», dit un homme rencontré au camp du Champ-de-Mars, face au palais présidentiel écroulé. Plusieurs autres électeurs m'ont fait la même remarque au cours des derniers jours. En appui à «sa» candidate, Nestaud Henriquez cite un proverbe haïtien, selon lequel «les hommes ont quatre poches, et les femmes n'en ont qu'une». Une image de probité qui pourrait servir Mirlande Manigat le jour du vote.
http://www.cyberpresse.ca/international/amerique-latine/201011/25/01-4346129-elections-en-haiti-une-femme-dans-la-course.php
Agnès Gruda, envoyée spéciale, La Presse
Mirlande Manigat, 70 ans, a plusieurs atouts, dont celui d'être une femme. «On a essayé avec des hommes, ça n'a pas marché. Maintenant, je veux essayer une femme», confie un électeur. Photo: Reuters |
Après Jacmel, la route qui longe la mer vers l'est impose un parcours du combattant où il faut slalomer entre des crevasses, contourner des monticules et traverser des rivières sans pont.
Le cortège de Mirlande Manigat attaque cette route escarpée en soulevant un nuage de poussière. Nous mettons près de deux heures pour atteindre le premier arrêt de cette journée de campagne électorale: Bainet, un village côtier de 2500 habitants.
Nous sommes accueillis par des motos-taxis arborant les affiches de la candidate qui se collent au convoi en klaxonnant. Des gens s'agglutinent autour du véhicule qui transporte la candidate. Leur cri de ralliement: «De la volonté, pas de l'argent.» Une allusion à la campagne coûteuse menée par le principal rival de Mirlande Manigat dans la course à la présidence d'Haïti, Jude Célestin, soutenu par le régime.
Mirlande Manigat se fraie péniblement un chemin dans la foule: elle a un orteil cassé et a besoin d'assistance pour avancer. Elle s'adresse brièvement aux électeurs. «Je suis une mère, quand une femme me dit qu'elle est incapable d'acheter du maïs pour ses cinq enfants, qu'elle me dit que sa chaudière ne montera pas, ça me fait de la peine.»
Puis elle invite des membres de l'assistance à la rejoindre pour lui faire part de leurs problèmes. Une femme monte sur la scène. Elle explique qu'elle a mal aux seins, et fait mine de relever son chandail pour montrer la source de sa douleur. «Avez-vous rencontré un médecin?» demande la candidate pleine de sollicitude.
Catastrophes et ras-le-bol
Le ton est donné. Dans ses rencontres avec les électeurs, Mirlande Manigat évite les grands discours et se montre préoccupée par les soucis quotidiens des gens - façon de casser l'image d'intellectuelle qui lui colle à la peau et constitue son principal handicap dans la campagne en vue du vote de dimanche.
Son principal atout, c'est le ras-le-bol généralisé d'une population qui accumule les catastrophes: tremblement de terre, ouragan, épidémie de choléra. Et qui ne voit aucun signe d'amélioration poindre à l'horizon.
«Mirlande Manigat est une personnalité respectée, c'est une marque de commerce connue, et elle est propre», dit Frantz Duval, le rédacteur en chef du principal quotidien de la capitale, Le Nouvelliste.
À 70 ans, avec ses lunettes à monture dorée et sa tunique beige, Mirlande Manigat a l'allure rassurante d'une grand-mère. «Elle pourrait calmer le pays, apaiser les tensions», dit le journaliste Cyrus Sibert.
La leader du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes a quand même un cadavre dans son placard. Gagnante au premier tour de l'élection sénatoriale de 2005, elle s'est retirée sous prétexte d'un processus électoral douteux. Des électeurs lui reprochent cette manoeuvre, attribuée à l'influence de son mari Leslie Manigat - qui a occupé le poste de président en 1987.
Dans une déclaration à la télévision, cette semaine, elle a présenté ses excuses. «Je ne regrette pas ce que j'ai fait, je regrette d'avoir mécontenté des gens», dit-elle avec diplomatie, quand je finis par me frayer un chemin à travers la foule pour la rejoindre dans sa jeep.
La violence du désespoir
Dimanche, des hommes brandissant des affiches électorales de Jude Célestin ont violemment interrompu un rassemblement de Mirlande Manigat. Plus tard, un autre événement a occasionné une altercation, cette fois avec des partisans du chanteur Michel Martelly.
Lors de notre rencontre, mardi, au milieu d'une foule qui faisait tanguer son véhicule, la candidate a affirmé que ces incidents ne lui faisaient absolument pas peur. Elle les attribue à des «gestes de désespoir» d'un régime aux abois.
Les explosions de violence ont aussi visé son principal rival, Jude Célestin, qui a été la cible d'une attaque, lundi, au cours de laquelle deux personnes ont été tuées. «Les Haïtiens n'ont pas une culture de la violence, mais nous avons malheureusement une habitude de la violence», déplore Mme Manigat.
Dans son programme, Mirlande Manigat plaide pour de nouvelles écoles, des investissements en santé. Elle souhaite le départ de la MINUSTAH, la mission de stabilisation l'ONU que les Haïtiens jugent trop associée au président René Préval. Mais elle estime que celui-ci devra se faire progressivement: «Nous ne sommes pas encore prêts.»
Les derniers sondages accordent 36% des intentions de vote à Mme Manigat, une avance de deux ou trois points sur son principal rival, Jude Célestin. Mais à Bainet, Jude Célestin est le plus populaire, reconnaît un organisateur électoral de Mirlande Manigat, Nestaud Henriquez. Pourquoi? «Parce qu'il a donné plus d'argent aux élus locaux.»
Mirlande Manigat a un dernier atout dans sa donne: son sexe. «On a essayé avec des hommes, ça n'a pas marché, maintenant, je veux essayer une femme», dit un homme rencontré au camp du Champ-de-Mars, face au palais présidentiel écroulé. Plusieurs autres électeurs m'ont fait la même remarque au cours des derniers jours. En appui à «sa» candidate, Nestaud Henriquez cite un proverbe haïtien, selon lequel «les hommes ont quatre poches, et les femmes n'en ont qu'une». Une image de probité qui pourrait servir Mirlande Manigat le jour du vote.
http://www.cyberpresse.ca/international/amerique-latine/201011/25/01-4346129-elections-en-haiti-une-femme-dans-la-course.php
Violences sur fond d’élections en Haïti
Les deux scrutins présidentiel et législatif du 28 novembre ont déjà des morts à leur actif.
Sylvie Gardel , Port-au-Prince
24.11.2010
La violence appelle la violence. Après les manifestations contre la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), accusée d’avoir importé le choléra – manifestations dans lesquelles le pouvoir en place a joué sa partition –, les incidents dénonçant les irrégularités de la plateforme présidentielle Inite (Unité en français) se multiplient à quelques jours du scrutin. Du nord au sud, les manifestants accusent le Conseil électoral provisoire (CEP), en charge de l’organisation des élections, de partisanerie en faveur du parti de Jude Célestin, d’Inite, dans la désignation des superviseurs, gardes électoraux et membres de bureaux de vote. Des «signes avant-coureurs des magouilles du 28 novembre», selon eux.
Aux Cayes, c’est une conseillère électorale, Ginette Chérubin, qui a fait savoir qu’une machination était à l’origine des protestations dans cette ville. Faisant état de l’existence de listes de superviseurs et de gardes électoraux parallèles aux listes authentiques, elle a reconnu que ce sont de pareils problèmes qui sont à l’origine des mécontentements enregistrés dans plusieurs autres régions du pays. Résultat: deux morts et plusieurs blessés par balles lundi soir à Beaumont (Département de la Grande Anse) lors d’affrontements entre les partisans du candidat à la présidence Charles Henry Baker (Respè) et ceux d’Inite. Les unités chargées de la sécurité de Jude Célestin auraient ouvert le feu, tentant de disperser la foule qui les attaquait à coups de pierres et de tessons de bouteilles.
Hier encore, le candidat Jacques-Edouard Alexis a réaffirmé que des proches du pouvoir auraient distribué des armes à leurs partisans pour semer la confusion et favoriser les fraudes le jour du scrutin.
«Dépouillement sincère»
Interrogé ce mardi matin sur Radio Métropole, le directeur général du CEP, Pierre-Louis Opont, désigné par le chef du gouvernement, a certifié que «la totalité des partis tentent de contrôler l’appareil électoral». Celui-ci n’a cependant pas pu garantir que les élections du 28 se dérouleront de manière honnête, démocratique et transparente. «Ce groupe de mots fait peur. Par contre, je peux vous assurer que le CEP effectuera son travail avec sincérité et dans le respect des directives, tant au niveau du dépouillement que des résultats publiés.» La version définitive ne doit pas être attendue, selon lui, avant la troisième semaine de décembre.
La tension n’est donc pas près de retomber. Deux journées de manifestations sont d’ailleurs prévues aujourd’hui et demain à Port-au-Prince en vue de réclamer une nouvelle fois le départ de la MINUSTAH.
http://www.tdg.ch/violences-fond-elections-haiti-2010-11-24
Sylvie Gardel , Port-au-Prince
24.11.2010
La violence appelle la violence. Après les manifestations contre la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), accusée d’avoir importé le choléra – manifestations dans lesquelles le pouvoir en place a joué sa partition –, les incidents dénonçant les irrégularités de la plateforme présidentielle Inite (Unité en français) se multiplient à quelques jours du scrutin. Du nord au sud, les manifestants accusent le Conseil électoral provisoire (CEP), en charge de l’organisation des élections, de partisanerie en faveur du parti de Jude Célestin, d’Inite, dans la désignation des superviseurs, gardes électoraux et membres de bureaux de vote. Des «signes avant-coureurs des magouilles du 28 novembre», selon eux.
Aux Cayes, c’est une conseillère électorale, Ginette Chérubin, qui a fait savoir qu’une machination était à l’origine des protestations dans cette ville. Faisant état de l’existence de listes de superviseurs et de gardes électoraux parallèles aux listes authentiques, elle a reconnu que ce sont de pareils problèmes qui sont à l’origine des mécontentements enregistrés dans plusieurs autres régions du pays. Résultat: deux morts et plusieurs blessés par balles lundi soir à Beaumont (Département de la Grande Anse) lors d’affrontements entre les partisans du candidat à la présidence Charles Henry Baker (Respè) et ceux d’Inite. Les unités chargées de la sécurité de Jude Célestin auraient ouvert le feu, tentant de disperser la foule qui les attaquait à coups de pierres et de tessons de bouteilles.
Hier encore, le candidat Jacques-Edouard Alexis a réaffirmé que des proches du pouvoir auraient distribué des armes à leurs partisans pour semer la confusion et favoriser les fraudes le jour du scrutin.
«Dépouillement sincère»
Interrogé ce mardi matin sur Radio Métropole, le directeur général du CEP, Pierre-Louis Opont, désigné par le chef du gouvernement, a certifié que «la totalité des partis tentent de contrôler l’appareil électoral». Celui-ci n’a cependant pas pu garantir que les élections du 28 se dérouleront de manière honnête, démocratique et transparente. «Ce groupe de mots fait peur. Par contre, je peux vous assurer que le CEP effectuera son travail avec sincérité et dans le respect des directives, tant au niveau du dépouillement que des résultats publiés.» La version définitive ne doit pas être attendue, selon lui, avant la troisième semaine de décembre.
La tension n’est donc pas près de retomber. Deux journées de manifestations sont d’ailleurs prévues aujourd’hui et demain à Port-au-Prince en vue de réclamer une nouvelle fois le départ de la MINUSTAH.
http://www.tdg.ch/violences-fond-elections-haiti-2010-11-24
Haïti: trois heures de fête et 10 minutes de discours au meeting de Célestin
PORT-AU-PRINCE - Trois heures et demie de chanson, de danse, de fête, d'alcool. Et dix minutes de discours politique. Jude Célestin, le candidat du pouvoir, tenait jeudi un meeting à Port-au-Prince devant des dizaines de milliers d'Haïtiens, à trois jours de l'élection présidentielle. L'ingénieur placé à la tête de l'organisme chargé de la reconstruction du pays après le séisme du 12 janvier, a été choisi par le président sortant, René Préval, pour défendre les couleurs d'Inite (Unité). Il est, avec l'ex-Première dame d'Haïti Mirlande Manigat, l'un des favoris du scrutin de dimanche.
L'estrade en bois est installée à "Carrefour aéroport", un grand croisement de la capitale. Dessus, un DJ, un orchestre et deux animateurs qui alpaguent la foule. Devant, des milliers de partisans chauffés à blancs, dont beaucoup arborent un tee-shirt aux couleurs jaune et verte du parti Inite.
Certains tiennent un petit verre en plastique rempli de Tafia, l'alcool local. Il y a des odeurs de marijuana. On s'empoigne pour monter à la tribune. Dans le ciel, un hélicoptère jaune et vert d'Inite fait des ronds dans l'air. La sono crache des rythmes sacadés à tout berzingue. Des filles dansent.
Petites lunettes et polo vert, Bej Danda, un fonctionnaire de 31 ans, regarde la foule grossir. "Jude Célestin est un ingénieur. Ca va nous faire du bien. Il construit des routes dans tout le pays. Des routes, des écoles, c'est ça qui va sauver Haïti", dit-il d'un ton posé qui contraste avec la ferveur.
Sur scène, le chanteur star Fredo, chauffe la foule. Entre deux morceaux, les animateurs prennent la parole. "Il ne va pas y avoir de coup d'Etat cette fois, le peuple va voter n°10", dit l'un d'eux en faisant référence au numéro qui ornera les bulletins de vote "Célestin".
"Voilà c'est ça les sondages", crie-t-il dans le micro en montrant la foule, alors qu'une nouvelle enquête d'opinion, diffusée jeudi, place Mirlande Manigat en tête des intentions de vote.
Le hit qui entraîne la foule, c'est "prisonnier fédéral", le tube de Blaise one, un ancien prisonnier, qui dénonce les conditions de vies dans les prisons d'Haïti, ce pays où trois-quart des détenus sont en attente d'un procès.
Dans cette marée humaine, un homme tient une photo d'Aristide, l'ancien président condamné à l'exil: "je ne la quitte jamais". Des policiers se filment avec le meeting en arrière plan. Comme la place n'a pas été fermée à la circulation, bus et voitures se fraient difficilement un chemin.
De petits mouvements de foule rythment ce concert-meeting. A cause de débuts de bagarre, de courses poursuites avec les policiers, d'interpellations musclées: un jeune à la nuque en sang est jeté dans un fourgon de la police.
Puis Jude Célestin est annoncé dans une avenue qui donne sur la place. Nouveau mouvement de foule. L'homme est ballotté. Il saisit les mains sans voir les visages, tente de ne pas tomber, garde son sourire. Il est porté par la foule.
Après trois heures et demie de fête, le public applaudit pour la première fois: Célestin va parler. "On va gagner parce qu'on est les plus forts", lance-t-il au bord de la tribune, au milieu de ses supporters. "Personne ne peut réunir autant de monde. Jamais", dit-il.
Education, prison, choléra, sont évoqués en quelques secondes. C'est quand il promet des emplois aux jeunes que tout le monde applaudit.
Dix minutes après avoir commencé, il s'arrête. Fin du meeting. La foule se disperse dans une pagaille généralisée. Un camion aux couleurs de la marque de beurre "Président" traverse par hasard la place. A croire, comme l'assurent ses adversaires, que Jude Célestin contrôle vraiment tout.
(©AFP / 26 novembre 2010 03h38)
http://www.romandie.com/infos/news2/101126023846.ue4zm5ww.asp
L'estrade en bois est installée à "Carrefour aéroport", un grand croisement de la capitale. Dessus, un DJ, un orchestre et deux animateurs qui alpaguent la foule. Devant, des milliers de partisans chauffés à blancs, dont beaucoup arborent un tee-shirt aux couleurs jaune et verte du parti Inite.
Certains tiennent un petit verre en plastique rempli de Tafia, l'alcool local. Il y a des odeurs de marijuana. On s'empoigne pour monter à la tribune. Dans le ciel, un hélicoptère jaune et vert d'Inite fait des ronds dans l'air. La sono crache des rythmes sacadés à tout berzingue. Des filles dansent.
Petites lunettes et polo vert, Bej Danda, un fonctionnaire de 31 ans, regarde la foule grossir. "Jude Célestin est un ingénieur. Ca va nous faire du bien. Il construit des routes dans tout le pays. Des routes, des écoles, c'est ça qui va sauver Haïti", dit-il d'un ton posé qui contraste avec la ferveur.
Sur scène, le chanteur star Fredo, chauffe la foule. Entre deux morceaux, les animateurs prennent la parole. "Il ne va pas y avoir de coup d'Etat cette fois, le peuple va voter n°10", dit l'un d'eux en faisant référence au numéro qui ornera les bulletins de vote "Célestin".
"Voilà c'est ça les sondages", crie-t-il dans le micro en montrant la foule, alors qu'une nouvelle enquête d'opinion, diffusée jeudi, place Mirlande Manigat en tête des intentions de vote.
Le hit qui entraîne la foule, c'est "prisonnier fédéral", le tube de Blaise one, un ancien prisonnier, qui dénonce les conditions de vies dans les prisons d'Haïti, ce pays où trois-quart des détenus sont en attente d'un procès.
Dans cette marée humaine, un homme tient une photo d'Aristide, l'ancien président condamné à l'exil: "je ne la quitte jamais". Des policiers se filment avec le meeting en arrière plan. Comme la place n'a pas été fermée à la circulation, bus et voitures se fraient difficilement un chemin.
De petits mouvements de foule rythment ce concert-meeting. A cause de débuts de bagarre, de courses poursuites avec les policiers, d'interpellations musclées: un jeune à la nuque en sang est jeté dans un fourgon de la police.
Puis Jude Célestin est annoncé dans une avenue qui donne sur la place. Nouveau mouvement de foule. L'homme est ballotté. Il saisit les mains sans voir les visages, tente de ne pas tomber, garde son sourire. Il est porté par la foule.
Après trois heures et demie de fête, le public applaudit pour la première fois: Célestin va parler. "On va gagner parce qu'on est les plus forts", lance-t-il au bord de la tribune, au milieu de ses supporters. "Personne ne peut réunir autant de monde. Jamais", dit-il.
Education, prison, choléra, sont évoqués en quelques secondes. C'est quand il promet des emplois aux jeunes que tout le monde applaudit.
Dix minutes après avoir commencé, il s'arrête. Fin du meeting. La foule se disperse dans une pagaille généralisée. Un camion aux couleurs de la marque de beurre "Président" traverse par hasard la place. A croire, comme l'assurent ses adversaires, que Jude Célestin contrôle vraiment tout.
(©AFP / 26 novembre 2010 03h38)
http://www.romandie.com/infos/news2/101126023846.ue4zm5ww.asp
Une odeur de fraude règne en Haïti
Publié le 26 novembre 2010
Agnès Gruda, envoyée spéciale, La Presse
(Haïti) À la sortie du bureau de Nawoon Marcellus, candidat au Sénat pour le parti INITE du président sortant René Préval, des femmes jouent les groupies en scandant «Chico,Chico!»
Leur joie exubérante tranche avec les mines patibulaires de la vingtaine d'hommes qui ont assisté à notre rencontre avec un des politiciens les plus en vue au Cap-Haïtien, deuxième ville du pays.
«Il va nous sauver, il va nous rendre riches», crie une des femmes, Yvenie, en frappant dans ses mains. Une de ses compagnes ouvre son sac à main, à l'intérieur duquel nous avons la surprise d'apercevoir une bonne cinquantaine de cartes d'identité indispensables pour aller voter le 28 novembre.
«Nous sommes une association de femmes et tous ces gens sont avec nous!» affirme fièrement la propriétaire du sac, qui ne semble pas consciente du fait que son butin n'est pas tout à fait régulier.
Nawoon Marcellus, un bel homme au sourire à faire craquer le coeur des filles, nous a reçus dans une pièce de la maison familiale qui lui sert de bureau électoral, au centre de la ville. «C'est à l'État et non aux ONG qu'appartient la responsabilité de venir en aide au peuple, notre pays souffre d'une faible structure économique et sociale», a-t-il plaidé avec éloquence.
Mais au-delà de ses beaux discours, cet ancien maire et député est aussi une sorte de roi du département du Nord. Il a ses influences partout. Comme le résume Yvenie, sur un ton admiratif: «Quand on est malade, il nous fait conduire à l'hôpital, quand quelqu'un meurt, il s'occupe des funérailles, et quand quelqu'un est en prison, il s'arrange pour le faire sortir.»
Il faut dire que Nawoon Marcellus a un lourd passé. Selon le Réseau national de défense des droits humains, il s'est fait révoquer son visa américain à cause de soupçons de trafic de drogue. Le même organisme lui reproche d'avoir été mêlé à des actes de vandalisme contre une station de radio, il y a cinq ans.
Un personnage haut en couleur, donc. Mais revenons à ce sac bourré de cartes d'identité. Au cours des derniers jours, nous avons demandé à une bonne dizaine de personnes comment on pouvait interpréter le fait que des partisans d'un candidat se baladent avec des tas de cartes d'identité entre les mains. Tous évoquent un scénario similaire, qui fonctionnerait grosso modo comme suit: certains candidats envoient des émissaires dans les quartiers populaires pour recueillir les cartes électorales, en échange de ce que l'on appelle ici des «avantages». Un peu d'argent. De la nourriture. Des promesses d'aide. Les besoins des électeurs sont sans fond.
Oui, mais pourquoi recueillir les cartes? «Pour empêcher ces gens d'aller voter, ou pour faire voter quelqu'un à leur place», résume le journaliste Cyrus Sibert, du Cap-Haïtien.
Pluie de critiques
Le trafic de cartes? «Oui, j'en ai entendu parler, il y a des rumeurs à ce sujet», reconnaît Jean François Alexis, responsable des communications à l'Office national d'identification (ONI), qui délivre les fameuses cartes, quand on lui parle de notre découverte.
«Vous avez VRAIMENT vu ça? Ah bon... Pourtant la carte, c'est la responsabilité de chaque citoyen», dit-il, stupéfait.
Jean François Alexis ne croit pas qu'il soit facile de faire voter quelqu'un avec une carte qui n'est pas la sienne. Après tout, les cartes d'identité comportent une photo. Et puis, les électeurs qui ont voté doivent tremper leur pouce dans de l'encre. Impossible de voter une deuxième fois.
Encore faut-il que le personnel des bureaux électoraux soit vigilant. Or, au cours des derniers jours, la Commission électorale provisoire, qui supervise le processus électoral, a été la cible d'une tempête de critiques.
Les reproches viennent de partout: le Sud, le Nord, le Plateau central. Dans plusieurs bureaux de scrutin, la Commission aurait modifié les listes de superviseurs, de manière à écarter les représentants des partis de l'opposition et à favoriser les gens proches du régime.
Un exemple: à Miragoâne, au sud-est de Port-au-Prince, des allégations de manipulation des listes de superviseurs ont causé un début d'émeutes, lundi matin. Des hommes ont brûlé des pneus et érigé des barricades pour protester contre la composition du personnel dans quelques bureaux de vote.
Les voix critiques ne viennent pas uniquement de l'extérieur. Dans un coup de théâtre survenu cette semaine, une des membres du Conseil électoral provisoire, Ginette Chérubin, a accusé sa propre organisation d'être à l'origine du traficotage de listes. Elle a eu la surprise de s'apercevoir que la liste définitive de superviseurs pour la région du sud-est du pays ne correspondait pas du tout à celle qu'elle avait déjà en sa possession.
«Je suis choquée», a dit Ginette Chérubin dans une déclaration à la radio. Selon elle, la nouvelle liste émane de la Commission électorale elle-même, un organisme qui s'est souvent fait accuser de marcher main dans la main avec le pouvoir.
«Nous favorisons les critères de performance, d'ancienneté et de proximité du bureau de vote», explique le porte-parole de la Commission électorale, Richardson Dumel, quand on lui demande de commenter les allégations de fraude.
Selon lui, les superviseurs sont choisis parmi ceux qui ont exercé ce rôle lors d'élections précédentes. Quant à ceux qui ont été écartés, ils avaient des «rapports disciplinaires défavorables», assure-t-il. Ce qui ne l'empêche pas d'admettre qu'il y a «de faux bulletins et de faux procès verbaux en circulation». Où? Combien? Il ne le sait pas.
Le directeur du registre national, Philippe Augustin, est plus précis: il s'attend à ce qu'il y ait «de la fraude partout», selon une déclaration faite cette semaine.
La fraude électorale est endémique en Haïti. «Chez nous, c'est surtout lors du décompte des votes que cela se passe», explique Frantz Duval, rédacteur en chef du principal quotidien de Port-au-Prince, Le Nouvelliste. D'où l'importance de contrôler le personnel électoral.
Chaque jour apporte son lot de nouvelles troublantes. Mardi, la radio Kiskeya révélait l'existence de deux listes électorales. L'une émane de l'Office d'identification nationale, l'autre du Conseil électoral provisoire. La seconde compterait 71 039 électeurs de plus que la première. D'où vient cet écart? Mystère.
Élection ou sélection?
Tous ces incidents n'empêchent pas le chef de la mission de l'ONU en Haïti, Edmond Mulet, d'assurer que tout se passe très bien. «Le climat est apaisé, tranquille, serein et sans violence dans les circonstances haïtiennes», a-t-il assuré en conférence de presse hier.
Pourtant, dans la rue, cet optimisme est inexistant. Et les soupçons de fraude font monter la tension, à la veille d'un vote où le régime du président René Préval se sent menacé. Ils alimentent aussi le scepticisme des électeurs, qui sont nombreux à résumer le processus électoral par un seul mot: magouille.
«Notre pays est entre les mains de gens immoraux», dénonce Jean Pierre Frécher, organisateur communautaire dans le quartier Carrefour Feuilles, un des plus ravagés par le séisme du 12 janvier.
«Beaucoup d'argent est gaspillé pour que Jude Célestin (le candidat appuyé par le régime) gagne les élections, et pendant ce temps, la population n'a rien», déplore-t-il.
Mêmes commentaires à la «Faculté libre», une petite place aménagée sous un arbre d'acajou, en plein camp de déplacés du Champ-de-Mars, où des hommes ont l'habitude de se rassembler pour discuter. Le jour de notre passage, le scrutin de dimanche ne leur inspirait rien de bon: «Les élections, c'est une perte de temps, de la magouille.»
À la faculté des sciences humaines de l'Université d'État d'Haïti, les étudiants sont tout aussi désabusés. «La politique traditionnelle est totalement corrompue», dénonce l'un d'entre eux.
Pour résumer les choses, Jean Pierre Frécher lance une phrase que l'on entend beaucoup ces jours-ci en Haïti: «Ce n'est pas une élection, mais une sélection!
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/elections-en-haiti/201011/25/01-4346458-une-odeur-de-fraude-regne-en-haiti.php
Agnès Gruda, envoyée spéciale, La Presse
(Haïti) À la sortie du bureau de Nawoon Marcellus, candidat au Sénat pour le parti INITE du président sortant René Préval, des femmes jouent les groupies en scandant «Chico,Chico!»
Une femme marche devant une affiche de Jude Célestin, à Port-au-Prince. Photo: Reuters |
«Il va nous sauver, il va nous rendre riches», crie une des femmes, Yvenie, en frappant dans ses mains. Une de ses compagnes ouvre son sac à main, à l'intérieur duquel nous avons la surprise d'apercevoir une bonne cinquantaine de cartes d'identité indispensables pour aller voter le 28 novembre.
«Nous sommes une association de femmes et tous ces gens sont avec nous!» affirme fièrement la propriétaire du sac, qui ne semble pas consciente du fait que son butin n'est pas tout à fait régulier.
Nawoon Marcellus, un bel homme au sourire à faire craquer le coeur des filles, nous a reçus dans une pièce de la maison familiale qui lui sert de bureau électoral, au centre de la ville. «C'est à l'État et non aux ONG qu'appartient la responsabilité de venir en aide au peuple, notre pays souffre d'une faible structure économique et sociale», a-t-il plaidé avec éloquence.
Mais au-delà de ses beaux discours, cet ancien maire et député est aussi une sorte de roi du département du Nord. Il a ses influences partout. Comme le résume Yvenie, sur un ton admiratif: «Quand on est malade, il nous fait conduire à l'hôpital, quand quelqu'un meurt, il s'occupe des funérailles, et quand quelqu'un est en prison, il s'arrange pour le faire sortir.»
Il faut dire que Nawoon Marcellus a un lourd passé. Selon le Réseau national de défense des droits humains, il s'est fait révoquer son visa américain à cause de soupçons de trafic de drogue. Le même organisme lui reproche d'avoir été mêlé à des actes de vandalisme contre une station de radio, il y a cinq ans.
Un personnage haut en couleur, donc. Mais revenons à ce sac bourré de cartes d'identité. Au cours des derniers jours, nous avons demandé à une bonne dizaine de personnes comment on pouvait interpréter le fait que des partisans d'un candidat se baladent avec des tas de cartes d'identité entre les mains. Tous évoquent un scénario similaire, qui fonctionnerait grosso modo comme suit: certains candidats envoient des émissaires dans les quartiers populaires pour recueillir les cartes électorales, en échange de ce que l'on appelle ici des «avantages». Un peu d'argent. De la nourriture. Des promesses d'aide. Les besoins des électeurs sont sans fond.
Oui, mais pourquoi recueillir les cartes? «Pour empêcher ces gens d'aller voter, ou pour faire voter quelqu'un à leur place», résume le journaliste Cyrus Sibert, du Cap-Haïtien.
Pluie de critiques
Le trafic de cartes? «Oui, j'en ai entendu parler, il y a des rumeurs à ce sujet», reconnaît Jean François Alexis, responsable des communications à l'Office national d'identification (ONI), qui délivre les fameuses cartes, quand on lui parle de notre découverte.
«Vous avez VRAIMENT vu ça? Ah bon... Pourtant la carte, c'est la responsabilité de chaque citoyen», dit-il, stupéfait.
Jean François Alexis ne croit pas qu'il soit facile de faire voter quelqu'un avec une carte qui n'est pas la sienne. Après tout, les cartes d'identité comportent une photo. Et puis, les électeurs qui ont voté doivent tremper leur pouce dans de l'encre. Impossible de voter une deuxième fois.
Encore faut-il que le personnel des bureaux électoraux soit vigilant. Or, au cours des derniers jours, la Commission électorale provisoire, qui supervise le processus électoral, a été la cible d'une tempête de critiques.
Les reproches viennent de partout: le Sud, le Nord, le Plateau central. Dans plusieurs bureaux de scrutin, la Commission aurait modifié les listes de superviseurs, de manière à écarter les représentants des partis de l'opposition et à favoriser les gens proches du régime.
Un exemple: à Miragoâne, au sud-est de Port-au-Prince, des allégations de manipulation des listes de superviseurs ont causé un début d'émeutes, lundi matin. Des hommes ont brûlé des pneus et érigé des barricades pour protester contre la composition du personnel dans quelques bureaux de vote.
Les voix critiques ne viennent pas uniquement de l'extérieur. Dans un coup de théâtre survenu cette semaine, une des membres du Conseil électoral provisoire, Ginette Chérubin, a accusé sa propre organisation d'être à l'origine du traficotage de listes. Elle a eu la surprise de s'apercevoir que la liste définitive de superviseurs pour la région du sud-est du pays ne correspondait pas du tout à celle qu'elle avait déjà en sa possession.
«Je suis choquée», a dit Ginette Chérubin dans une déclaration à la radio. Selon elle, la nouvelle liste émane de la Commission électorale elle-même, un organisme qui s'est souvent fait accuser de marcher main dans la main avec le pouvoir.
«Nous favorisons les critères de performance, d'ancienneté et de proximité du bureau de vote», explique le porte-parole de la Commission électorale, Richardson Dumel, quand on lui demande de commenter les allégations de fraude.
Selon lui, les superviseurs sont choisis parmi ceux qui ont exercé ce rôle lors d'élections précédentes. Quant à ceux qui ont été écartés, ils avaient des «rapports disciplinaires défavorables», assure-t-il. Ce qui ne l'empêche pas d'admettre qu'il y a «de faux bulletins et de faux procès verbaux en circulation». Où? Combien? Il ne le sait pas.
Le directeur du registre national, Philippe Augustin, est plus précis: il s'attend à ce qu'il y ait «de la fraude partout», selon une déclaration faite cette semaine.
La fraude électorale est endémique en Haïti. «Chez nous, c'est surtout lors du décompte des votes que cela se passe», explique Frantz Duval, rédacteur en chef du principal quotidien de Port-au-Prince, Le Nouvelliste. D'où l'importance de contrôler le personnel électoral.
Chaque jour apporte son lot de nouvelles troublantes. Mardi, la radio Kiskeya révélait l'existence de deux listes électorales. L'une émane de l'Office d'identification nationale, l'autre du Conseil électoral provisoire. La seconde compterait 71 039 électeurs de plus que la première. D'où vient cet écart? Mystère.
Élection ou sélection?
Tous ces incidents n'empêchent pas le chef de la mission de l'ONU en Haïti, Edmond Mulet, d'assurer que tout se passe très bien. «Le climat est apaisé, tranquille, serein et sans violence dans les circonstances haïtiennes», a-t-il assuré en conférence de presse hier.
Pourtant, dans la rue, cet optimisme est inexistant. Et les soupçons de fraude font monter la tension, à la veille d'un vote où le régime du président René Préval se sent menacé. Ils alimentent aussi le scepticisme des électeurs, qui sont nombreux à résumer le processus électoral par un seul mot: magouille.
«Notre pays est entre les mains de gens immoraux», dénonce Jean Pierre Frécher, organisateur communautaire dans le quartier Carrefour Feuilles, un des plus ravagés par le séisme du 12 janvier.
«Beaucoup d'argent est gaspillé pour que Jude Célestin (le candidat appuyé par le régime) gagne les élections, et pendant ce temps, la population n'a rien», déplore-t-il.
Mêmes commentaires à la «Faculté libre», une petite place aménagée sous un arbre d'acajou, en plein camp de déplacés du Champ-de-Mars, où des hommes ont l'habitude de se rassembler pour discuter. Le jour de notre passage, le scrutin de dimanche ne leur inspirait rien de bon: «Les élections, c'est une perte de temps, de la magouille.»
À la faculté des sciences humaines de l'Université d'État d'Haïti, les étudiants sont tout aussi désabusés. «La politique traditionnelle est totalement corrompue», dénonce l'un d'entre eux.
Pour résumer les choses, Jean Pierre Frécher lance une phrase que l'on entend beaucoup ces jours-ci en Haïti: «Ce n'est pas une élection, mais une sélection!
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/elections-en-haiti/201011/25/01-4346458-une-odeur-de-fraude-regne-en-haiti.php
Dans "Little Haiti" à Miami, on s'en remet à Dieu, pas à la politique
MIAMI (Etats-Unis) - Un pasteur sermonne le "Little Haiti" de Miami en créole depuis son temple. Son message est relayé par des haut-parleurs dans le quartier haïtien, où l'on s'en remet à Dieu, et non aux élections de dimanche, pour sortir le pays des tragédies qui l'accablent. Dans les rues de "Little Haiti", où vivent 75.000 Haïtiens, peu nombreux sont ceux prêts à fonder leurs espoirs sur l'un des candidats à la présidentielle de dimanche.
Le tremblement de terre de janvier dernier, l'ouragan Tomas et maintenant le choléra qui a fait plus de 1.500 morts, cela fait beaucoup de drames pour ce petit pays.
Sans hésitation, Giselle fait part de son peu de confiance en la politique pour redresser le pays le plus pauvre des Amériques. "Nous n'avons pas besoin d'élections. Nous avons besoin de Dieu en Haïti", dit-elle.
La religion, c'est l'affaire de Giselle. Dans sa boutique elle propose des herbes médicinales, des images de saints, de l'encens et toute une gamme de produits propres à la culture vaudou.
"Les gens doivent prier pour que cessent les tragédies dans notre pays", lance Giselle entre deux nuages de fumée échappée d'un pot dans lequel se consument de l'encens et quelques herbes.
Les commerces comme celui de Giselle, les temples évangéliques et les églises pullulent dans "Little Haiti", où les conversations portent bien plus sur les tragédies qui frappent le pays que sur l'avenir politique.
"Les élections auraient dû être reportées et on aurait dû mettre toute l'énergie à juguler le choléra", lâche Georges Mphiles, employé d'un magasin de cartes téléphoniques qui permettent d'appeler à Haïti à un tarif bon marché.
Comme Georges, quatre candidats à la présidentielle et certaines ONG ont appelé au report du scrutin. En vain.
Joseph Millford, 25 ans, est obligé de retenir son pantalon d'une main pour qu'il ne tombe pas. C'est son style. Pour pouvoir étudier, il doit faire garder son fils de 2 ans à la crèche de l'église "Notre Dame d'Haïti".
"Je ne pense pas que les élections changent quoi que ce soit en Haïti", dit Joseph. Il regrette que les autorités n'aient pas autorisé le chanteur Wyclef Jean à se présenter à la présidentielle. Voir l'ancien membre des Fugees succéder au président René Préval, cela "aurait été bon pour le pays", juge Joseph.
"Nous avons besoin d'un vrai leader, de quelqu'un avec un bon coeur", ajoute-t-il.
Un peu plus loin, Michel Leonor tente de vendre un sac rempli de chapeaux faits de feuilles de palmier à un commerçant. Qui refuse. Michel repart avec son sac.
Les chapeaux lui sont envoyés directement d'Haïti. Il les vend cinq dollars l'unité. "Ils sont faits main, ils n'ont pas le choléra", s'exclame Michel. "Mais je ne trouve pas d'acheteur" se lamente-t-il.
(©AFP / 26 novembre 2010 09h52)
http://www.romandie.com/ats/news/101126085218.0lwgjw25.asp
Le tremblement de terre de janvier dernier, l'ouragan Tomas et maintenant le choléra qui a fait plus de 1.500 morts, cela fait beaucoup de drames pour ce petit pays.
Sans hésitation, Giselle fait part de son peu de confiance en la politique pour redresser le pays le plus pauvre des Amériques. "Nous n'avons pas besoin d'élections. Nous avons besoin de Dieu en Haïti", dit-elle.
La religion, c'est l'affaire de Giselle. Dans sa boutique elle propose des herbes médicinales, des images de saints, de l'encens et toute une gamme de produits propres à la culture vaudou.
"Les gens doivent prier pour que cessent les tragédies dans notre pays", lance Giselle entre deux nuages de fumée échappée d'un pot dans lequel se consument de l'encens et quelques herbes.
Les commerces comme celui de Giselle, les temples évangéliques et les églises pullulent dans "Little Haiti", où les conversations portent bien plus sur les tragédies qui frappent le pays que sur l'avenir politique.
"Les élections auraient dû être reportées et on aurait dû mettre toute l'énergie à juguler le choléra", lâche Georges Mphiles, employé d'un magasin de cartes téléphoniques qui permettent d'appeler à Haïti à un tarif bon marché.
Comme Georges, quatre candidats à la présidentielle et certaines ONG ont appelé au report du scrutin. En vain.
Joseph Millford, 25 ans, est obligé de retenir son pantalon d'une main pour qu'il ne tombe pas. C'est son style. Pour pouvoir étudier, il doit faire garder son fils de 2 ans à la crèche de l'église "Notre Dame d'Haïti".
"Je ne pense pas que les élections changent quoi que ce soit en Haïti", dit Joseph. Il regrette que les autorités n'aient pas autorisé le chanteur Wyclef Jean à se présenter à la présidentielle. Voir l'ancien membre des Fugees succéder au président René Préval, cela "aurait été bon pour le pays", juge Joseph.
"Nous avons besoin d'un vrai leader, de quelqu'un avec un bon coeur", ajoute-t-il.
Un peu plus loin, Michel Leonor tente de vendre un sac rempli de chapeaux faits de feuilles de palmier à un commerçant. Qui refuse. Michel repart avec son sac.
Les chapeaux lui sont envoyés directement d'Haïti. Il les vend cinq dollars l'unité. "Ils sont faits main, ils n'ont pas le choléra", s'exclame Michel. "Mais je ne trouve pas d'acheteur" se lamente-t-il.
(©AFP / 26 novembre 2010 09h52)
http://www.romandie.com/ats/news/101126085218.0lwgjw25.asp
Inscription à :
Articles (Atom)