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vendredi 26 novembre 2010

Les défis du président d'Haïti

Publié le 26 novembre 2010
Charles Pierre-Jacques

L'auteur est un consultant international.
Quelques jours après le séisme du 12 janvier qui a dévasté Haïti, le président de la République, René Garcia Préval, a déclaré à la nation qu'il espérait que cette catastrophe soit l'occasion de refondation pour son pays.
La définition du mot refondation dans le Grand Larousse illustré nous apparaît restrictive pour nos propos, nous préférons ici le verbe refonder qui signifie reconstruire sur des bases, des valeurs nouvelles, notamment dans le domaine politique.
Pour ce faire, nous devons mettre fin à l'apartheid social qui empêche le pays de constituer une véritable nation, car si le passé est garant de l'avenir, 80 % des citoyens seront encore laissés pour compte.
Gérard Barthélémy a bien décrit cet état de chose en parlant du pays « en dehors » pour désigner les conditions des masses paysannes. Le nouveau président qui sera élu dimanche devra poser les gestes et actions nécessaires pour corriger une situation qui perdure depuis l'indépendance du pays, en 1804.
L'atteinte de cet objectif suppose la présence aux affaires de l'État d'un président capable de fédérer, au-delà de toute considération partisane, toutes les forces vives de la nation, y compris la diaspora, qui, en plus d'injecter près de 2 milliards de dollars dans l'économie du pays, dispose de compétences diverses pouvant être utilisées au redressement du pays.
Le chef d'État doit non seulement être à l'écoute de ses adversaires politiques mais encore et surtout des groupes de la société qui refusent de participer à ces élections, affirmant que le conseil électoral provisoire n'a pas respecté les édits de la constitution de 1987. Je pense particulièrement aux groupes de femmes, aux organisations et associations paysannes, aux universitaires, aux associations syndicales et organisations étudiantes, etc.

La question de la bonne gouvernance
Un autre domaine où une rupture radicale s'impose, est celui de la gouvernance. Elle peut être définie comme une manière de gérer, de gouverner et d'administrer. Nous ne retiendrons que trois éléments qui peuvent définir une bonne gouvernance.
Le respect scrupuleux des biens de l'État. J'entends par biens de l'État, la bonne gestion des fonds publics qui doit se faire dans la plus grande transparence.
Les nominations des hauts fonctionnaires. Respecter la loi de septembre 1982 qui régit le processus de nomination des agents de l'État.
Rompre avec l'ignorance, l'improvisation et l'absence d'un projet de société. La situation actuelle d'Haïti exige du futur président, des savoirs, des savoir-faire, et surtout, avoir l'intelligence pour concevoir un plan de développement économique et social. Le professeur Daniel Holy, politicologue à l'UQAM a tout à fait raison quand il affirme dans la Presse du jeudi 5 août 2010 : «Je suis toujours sidéré de voir à quel point la réalité haïtienne est mal connue de la classe politique... ».
Ce déficit de la connaissance des grands dossiers du pays donne lieu à toutes les dérives. La question qu'il faut se poser est : quelles stratégies le nouveau président utilisera-t-il pour que Haïti puisse reprendre une place honorable dans le concert des nations ?
Celui qui tiendra les rênes du pouvoir devra renforcer toutes les institutions dont il sera garant, réhabiliter le politique, mettre à profit le potentiel de sa jeunesse et permettre à chaque citoyen indépendamment de son origine sociale de s'épanouir tant sur le plan économique et intellectuel. Il devra également, veiller à la protection de l'environnement face au désastre causé par l'érosion due à la déforestation.

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