Jude Célestin. Ce nom ne vous dira pas grand-chose tant l'homme est discret. Dites Jude CNE, du nom du service des équipements lourds qui réalise des routes aux quatre coins du pays, et tout le monde sait que l'on parle du directeur général du Centre National des Equipements, le bras robuste et fidèle qui permet à René Préval de donner forme à ses projets les plus audacieux en terme d'aménagement du territoire. Le Nouvelliste vous présente Jude Célestin, le jeune qui a ravi la place à Jacques Edouard Alexis pour devenir le candidat de INITE. Haïti: Jude Celestin est né le 19 juin 1962 à Port-au-Prince d'une mère originaire de Grand Gosier et d'un père jacmelien. Le candidat de INITE est un produit de ce Sud -Est si important aux yeux du sénateur Lambert, il y garde des attaches solides et a pied à terre à Thiotte où il a pendant des années cultivé des terres et investi dans l'exploitation de caféiers.
Jude passe son enfance au Bois-Verna dans la bâtisse qui loge le collège Fernand Prosper. Toute la famille est d'ailleurs composée d'enseignants : son père, sa mère, ses tante et oncle, tout le mode fait sacerdoce de transmettre le pain de l'instruction.
Le futur candidat a une enfance tranquille et fréquente le Petit Séminaire Collège Saint Martial. Il a la chance d'aller à l'ecole pendant quelques années en fréquentant le collège Fernand Prosper avant d'achever son secondaire au Centre d'études Secondaires. Ses études achevées, il part pour la Suisse et entreprend une formation universitaire en génie. Il se spécialise dans la mécanique. Le travail manuel le fascine, la vitesse et les moteurs aussi.
En 1985, ingénieur en mécanique, il revient en Haïti et commence à travailler à la Minoterie d'Haïti. Sa première quinzaine de travail, il la passe en salopette, les mains dans le cambouis, à réparer tout ce qui ne marche pas.
Résultat : sa paie est de six cent soixante gourdes soit quarante gourde par jour. Le salaire d'un simple ouvrier. Le Français qui dirige le service où il est affecté lui présente des excuses : on a confondu l'ingénieur avec un manoeuvre tant il mettait la main à la pate.
Il gravit tous les échelons de la direction technique avant de devenir directeur d'usine en 1991. C'est le plus haut poste dans l'entreprise à côté du directeur général qui siège en ville, à la rue Pavée. Jude règne sur Lafitteau. En cette année 1991, la Minoterie marche bien, l'ingénieur veille.
C'est à la Minoterie qu'il rencontre pour la première fois René Préval, Premier ministre à l'époque, lors d'une visite d'inspection de celui-ci. L'histoire d'une longue amitié commence, mais les deux hommes ne le savent pas encore.
Entre-temps, Jude Célestin se marie, divorce, est père de famille. La famille, il en fait son roc. Il en est le leader d'ailleurs pour son clan. Sa soeur Rita, très proche de lui témoigne qu'il n'est jamais là pour les fêtes, mais le premier qui accourt quand il y a des pleurs ou un problème quelconque.
Passionne des gadgets, sportif, coureur automobile, fan de moto cross, ce séducteur qui ne fréquente pas les fêtes dort peu et se réveille tous les jours à 4 h 30 pour être au bureau à 6 h.
En fait, il est enchaîné à son travail, quel qu'il soit. Aujourd'hui, en fait jusqu'à sa démission remise au président Préval, il ne vivait que pour son CNE inventé pour lui au fil des années de bons et loyaux services.
« Parrain de mon mariage, il arrive en retard, de peu, il a failli me conduire à l'hôtel en bottes et salopettes », raconte Rita Célestin.
Fin 1997, Jude Célestin rencontre à nouveau René Préval qui cherche un ingénieur pour s'occuper du parc des équipements lourds que la présidence est entrain de constituer pour pallier aux déficiences du ministère des Travaux Publics.
Jude a deux qualités qui impressionnent le président. Il est calme, discret même, appliqué et fait ce qu'il doit faire dans les délais, sans entrer dans les discussions à n'en plus finir des ingénieurs des Travaux publics. Au fil, des mois, Préval le renforce dans son rôle d'interlocuteur privilégié de la présidence et donne à Jose Ulysse la responsabilité du SMCRS. Les deux hommes étaient sur les rangs pour piloter le CNE.
Le CNE fait de beaux coups et quelques couacs. N'en déplaise aux autres Préval s'en emmourache et les critiques le renforcent dans son choix. A la fin de sa présidence en 2001, le CNE est déjà une très belle machine.
Le retour de Jean Bertrand Aristide, qui ne fait pas des routes sa priorité, met de l'eau dans le gaz des ambitions du Centre National des équipements. Les moyens baissent. Se réduisent à presque rien. En février 2002, Jude Célestin quitte son poste.
La traversée du désert, il le passe à l'Unops, un organisme des Nations Unies mais surtout à Marmelade auprès de René Préval qui s'est replié sur la ville natale de ses parents. Préval qui mange son pain noir apprécie la compagnie de celui qui est ce fils qu'il n'a pas et cet ami qui le comprend plus que les autres, rapporte un habitué des week-ends à Marmelade pendant cette période.
En 2006, Jude, fin tacticien ne remonte pas sur les tracteurs du CNE dès le retour de son président au pouvoir. Le Centre est l'objet de scandales. Le parc d'équipements est en pièces. Il y a plus de carcasses que de tracteurs sur la cour de l'ancien Seprenn le Service Permanant d'Entretient Routier du Ministère des Travaux Publics à Varreux où loge le CNE.
Cette bâtisse, quand Jude en parle, il a la nostalgie des premiers moments quand un soir le président Préval lui demande d'aller visiter les locaux désaffectés du Sepren pour savoir si cela peut convenir pour l'organisme qu'il rêve de mettre sur pied.
Quelques jours plus tard Jude Célestin y prend poste avec pour siège une marmite surmontée d'un morceau de carton et cinq employés dont certains y sont encore. La route qui le conduira à devenir Jude CNE n'était pas clairement tracée à l'époque.
Toute l'année 2007 le CNE se débat dans des affaires administratives. Une commission d'évaluation fait le ménage et ce n'est qu'en septembre 2008, que le directeur des années fastes du CNE reprend le contrôle après les ravages des quatre cyclones.
Il faut tout reprendre à zéro pour regarnir le CNE. Les millions abondent. Le maillage routier annoncé par le président Préval ne se concrétise pas avec les fonds de la communauté internationale mais se fait, partout, à travers le pays, grâce à l'opiniâtreté des techniciens du CNE. Continuer >
Toujours présents, de jour comme de nuit, les camions et tracteurs percent des voies, nivellent des talus et construisent les routes promises par le président pendant sa campagne présidentielle ou pour lui permettre de faire d'un élu un allié.
Jude reprend les anciennes formules. Il se remet à recruter des femmes. Avant son départ, en 2002, près de 50% du personnel du centre est de sexe féminin. Chauffeurs de camion, operateurs d'engins lourds, mécaniciens, moniteurs, ingénieurs, les femmes font tout au CNE. Elles s'en iront, débaucher par des ONG ou par des entreprises dans le secteur de la construction.
A son retour en 2008, Jude Célestin recommence avec les dames. « Elles donnent des résultats extraordinaires. Sont les meilleures élèves lors de l'apprentissage, sont appliquées après. Leurs équipements sont propres et bien tenus. Elles sont fiables et prennent soin de tout ce qui est sous leur responsabilité. Atout supplémentaire, elles ont un pouvoir d'attraction extraordinaire. Dans un quartier difficile, elles monopolisent l'attention, calment le jeu. Sur les chantiers durs, leur présence galvanise les hommes qui ne veulent pas perdre la face », confesse Jude Célestin pour expliquer son parti pris pour le sexe faible dans la réalisation de tâches qui sont réputées pénibles, interdites aux femmes.
Jude avoue même que l'intégration des femmes au CNE est l'une de ses plus grandes réussites au sein de cette institution. « Quand une femme travaille, on peut être sûr que les enfants sont bien nourris et vont à l'école, que la maison est bien tenue et qu'il y aura de l'épargne », confie celui qui est aussi changé de recueillir les confidences de ces dames qui devenues autonomes et chef de famille grâce à leur chèque doivent calmer la déprime de leurs maris, souvent chômeurs.
L'autre satisfaction de Jude : les nouvelles routes percées sous sa direction par le CNE. Et il raconte son expérience sur le tronçon Lascahobas-Belladere, il y a quelques années.
« Il fallait une semaine, une semaine pour franchir les 21 kilomètres qui séparent les deux villes. Nous nous sommes mis au travail et avons réussi à faire la route en inventant des solutions au fur et à mesure sous le regard curieux et moqueur des riverains. Il a fallut à un certain moment « enterrer la boue » en creusant des tranchées immenses où on prélevait des matériaux et où on versait la boue retirée de la chaussée. Quand on eut fini, pendant les dernières semaines des travaux, personne de l'équipe du CNE ne payait (rien) aux habitants de Belladere. Tout leur était offert en signe de remerciement», raconte avec des yeux qui brillent le candidat de INITE qui reçoit Le Nouvelliste chez lui dans les hauteurs de Pétion-Ville, ce vendredi.
Jude ne s'est pas étendu sur le déroulement de la semaine décisive qui l'a vu devenir le candidat de INITE en emportant la décision après la démission de Jacques Edouard Alexis de la Plateforme après une réunion orageuse vendredi dernier avec les mammouths du parti-plateforme.
Pour le moment, il partage son temps en séances de réflexion sur le programme qu'il aura à défendre, en réunion de préparation de sa future campagne électorale et en rencontres avec les élus, candidats et soutiens de la Plateforme présidentielle.
Quand on demande à ses conseillers s'ils sont confiants à veille du carnet du 17 août, l'un d'eux répond sans ambages « toutes les pièces requises par la loi électorale ont été soumises au CEP, nous sommes confiant de la suite. La seule personne qui contestait la candidature de Jude a désisté ».
Ceux qui entourent le candidat sont des vieux de la vielle qui ont fait et gagné toutes les campagnes électorales depuis 1990 et aidé deux hommes à accéder à la magistrature suprême en quatre occasions. Ils connaissent le terrain et les hommes qui la composent. Jude leur apporte le bain de jouvence qui ne coule plus dans leurs artères et c'est cela tout le charme du candidat qui apprend de ces expérimentés tuteurs dont le président Préval est le premier d'entre-deux.
Quand on demande à Jude Célestin ce qu'il pense de son choix comme candidat à la présidence pour la plateforme INITE, il devient pensif et sort une anecdote qui date de vendredi dernier, le jour où il est entré au palais à la réunion de désignation directeur général du CNE et en est ressorti avec la responsabilité de défendre les couleurs de la Plateforme.
« Avant d'aller au palais, j'étais à la Croix des Bossales pour visiter un chantier. Les égouts obturés, l'eau arrivait au mollet des marchandes restées là pour débiter leurs marchandises. Quand je suis entré dans l'une des rues avec ma voiture, une dame m'a apostrophé : « ou fou pou ap antre la a ak bel machin sa a ». Je voyais qu'elle s'inquiétait du sort de la voiture alors qu'elle pataugeait dans la boue. Après ma désignation, c'est à elle que j'ai pensé en premier en me disant qu'il allait me revenir, plus encore qu'avant, de la sortir de cette situation, elle et tous les autres Haïtiens », raconte un Jude réputé peu bavard mais qui a mille histoires à raconter, une sur chaque mètre de chantier qu'il a mis en place ces dernières années.
La force du candidat Célestin est d'ailleurs d'avoir des points d'encrage dans chaque commune du pays. Nombreux sont les élus locaux qui lui sont redevables d'un coup de tracteur qui a assuré leur élection ou améliorer le décor d'une fête patronale. Même soutien auprès de ceux qui tiennent les cordons de la bourse, élément déterminant dans une campagne électorale.
Celui qui se présente comme un homme simple, travailleur, qui respecte tout le monde et aime son pays, va se présenter dans le premier combat électoral de sa vie et cela au plus haut niveau. Ceux qui le croient dénué d'expérience politique oublient qu'il fait partie du premier cercle du pouvoir de René Préval depuis plus de douze ans.
« Samedi après le dépôt de ma candidature, je me suis dit que je devaiS appeler tout le monde, tous ceux qui veulent, qui savent travailler pour qu'il viennent participer au relèvement du pays. On va avoir du boulot et comme pour le CNE, seule une équipe où chacun fait ce qu'il a à faire pourra relever le défi»
Jude CNE va mettre sa machine en route. Le tracteur de l'INITE a un jeune chauffeur.
Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
samedi 14 août 2010
Jude CNE, candidat de INITE
Plus de 300 millions de dollars recueillis par l'Eglise catholique
Haïti: Plus de 300 millions de dollars ont été recueillis par l'Eglise catholique à travers ses agences du monde entier pour venir en aide à Haïti et des fonds supplémentaires continuent d'arriver chaque jour. Ces fonds sont recueillis notamment par la Conférence américaine des évêques catholiques, Catholic Relief Services, le réseau mondial d'agences de Caritas International et une poignée d'autres organisations catholiques.
Sur ce montant, près de la moitié provenaient des églises catholiques des États-Unis. Un total de 82.269.255 $ a été remis lors des collectes spéciales dans les diocèses, dans les semaines après le séisme, selon les chiffres compilés par l'USCCB et CRS.
En dehors de l'effort des Etats-Unis, les dons à des organismes du réseau Caritas International à travers le monde ont totalisé 151 247 000 $, a rapporté l'agence de Nouvelles catholiques Service.
Une bonne partie du financement a été recueillie par l'église catholique aux Pays-Bas (42,2 millions de dollars), l'Espagne (19,8 millions de dollars), l'Allemagne (15,8 millions de dollars), Royaume-Uni (13,2 millions de dollars), Canada (12 millions de dollars) et l'Autriche et la France (10,5 millions de dollars chacun).
70 paroisses de l'archidiocèse de Port-au-Prince et le diocèse de Jacmel ont été détruites ou gravement endommagées par le tremblement de terre, tandis que 30 autres chapelles et des stations de mission doivent être reconstruites.
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=82453&PubDate=2010-08-13
Sur ce montant, près de la moitié provenaient des églises catholiques des États-Unis. Un total de 82.269.255 $ a été remis lors des collectes spéciales dans les diocèses, dans les semaines après le séisme, selon les chiffres compilés par l'USCCB et CRS.
En dehors de l'effort des Etats-Unis, les dons à des organismes du réseau Caritas International à travers le monde ont totalisé 151 247 000 $, a rapporté l'agence de Nouvelles catholiques Service.
Une bonne partie du financement a été recueillie par l'église catholique aux Pays-Bas (42,2 millions de dollars), l'Espagne (19,8 millions de dollars), l'Allemagne (15,8 millions de dollars), Royaume-Uni (13,2 millions de dollars), Canada (12 millions de dollars) et l'Autriche et la France (10,5 millions de dollars chacun).
70 paroisses de l'archidiocèse de Port-au-Prince et le diocèse de Jacmel ont été détruites ou gravement endommagées par le tremblement de terre, tandis que 30 autres chapelles et des stations de mission doivent être reconstruites.
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=82453&PubDate=2010-08-13
« Un espoir prometteur dans la riziculture »
Avec un rendement de 4 à 6 tonnes métriques par hectare, la nouvelle variété de riz dénommée Prosequisa-4(P-4), expérimentée à la ferme de Mauger dans l'Artibonite, pourrait augmenter la production nationale de riz. Selon le chef de la Mission technique de Taïwan en Haïti, Carlos Hsiang, qui a présenté jeudi cette nouvelle variété à une centaine de planteurs de l'Artibonite, « la P-4 est un espoir prometteur dans le domaine de la riziculture dans le pays ». Haïti: Les plus grandes variétés de riz dans l'Artibonite est le TSC-10 et Schela. En fait, en 1998, cette région a connu un déclin dans la riziculture. Le riz dénommé Crête- à-Pierrot plus connu sous le nom de La Crête - la variété de plus prisée -, a disparu après l'apparition d'une maladie connue sous le nom de "paille noire". Pour remédier à ce problème, la mission technique de Taïwan et l'Organisme de développement de la Vallée de l'Artibonite (ODVA) ont donc apporté une nouvelle variété de riz qui est la TCS- 10. Depuis, elle est la seule à avoir une fiche technique.
Selon l'agronome Carlos Hsiang, chef de la Mission technique de Taiwan qui est à pied d'oeuvre dans cette région pour l'expérimentation des semences, le rendement moyen rizicole de la Vallée de l'Artibonite ne dépasse pas 2,5 tonnes métriques par hectare. Il estime qu' « avec l'arrivée de la prosequisa-4, cette nouvelle lignée de riz qui atteint 4,6 tonnes métriques en milieu paysan, un vent d'espoir souffle encore dans le pays sur le domaine rizicole ».
En effet, après plus d'une décennie, dans le but d'augmenter la production rizicole et d'initier d'autres variétés dans le pays, l'ODVA et la Mission technique taïwanaise ont investi beaucoup d'efforts dans la recherche. Ainsi, différentes lignées de riz, après la mise en place des parcelles de démonstration et des parcelles d'essais régionaux, commencent à bénéficier de l'appréciation des riziculteurs.
« La lignée la plus prometteuse est la prosequita-4. Les travaux effectués par la mission à cet effet ont été appréciés par plus d'un tant dans le département du Sud que dans l'Artibonite, si l'on se réfère au rendement obtenu à la ferme expérimentale de Mauger de 6,6 tonnes métriques par hectare et de sa forte capacité de repousse », a avancé Carlos Hsiang, très dynamique, qui expliquait à une centaine de planteurs les avantages de cette nouvelle variété.
Selon M. Hsiang, la prosequisa-4 résiste aux vents ; elle a une bonne culture de repousse ; elle comporte beaucoup de tiges et elle est compétitive des mauvaises herbes. Le seul inconvénient, dit-il, c'est qu'on doit attendre quelques jours de plus que les autres variétés, avant la récolte.
A en croire l'agronome taïwanais, les agriculteurs peuvent obtenir annuellement entre 12 à 15 tonnes métriques de riz suivant une culture normale et deux cultures de repousse. « L'expérience a été faite à la ferme expérimentale de Mauger, a-t-il fait savoir. Cette méthode de culture pourrait non seulement augmenter le rendement annuel, mais elle diminue aussi le coût de production comme le labourage, pour ne citer que cela », a-t-il ajouté.
En ce qui a trait aux résultats partiels des travaux déjà effectués sur la lignée de Prosequisa-4, de janvier 2009 à janvier 2010, selon une culture normale de deux repousses, 15 tonnes métriques pour un hectare ont été récoltées à la ferme expérimentale de Mauger. A Torbeck, commune des Cayes où cette mission technique de Taiwan est aussi présente, sur 600 hectares, un rendement moyen de 4,64 tonnes par hectare a été obtenu (milieu paysan). A Trois-Bornes et à Pierre-Paul (localités de l'Artibonite), de janvier à juin 2010, toujours en milieu paysan, la culture de Prosequisa-4 a donné un rendement de 4,27 t/ha.
Plaidant pour un meilleur accompagnement des planteurs à opter pour cette nouvelle variété, M. Carlos Hsiang croit que cette initiative pourra être bénéfique pour le pays. L'agronome a souligné que Haïti importe en moyenne 70 % de riz consommé. La consommation nationale de riz est de 500 000 tonnes alors que la production nationale de riz est de 150 000 tonnes pour 60 000 hectares cultivables.
Valéry DAUDIER
vdaudier@lenouvelliste.com
Selon l'agronome Carlos Hsiang, chef de la Mission technique de Taiwan qui est à pied d'oeuvre dans cette région pour l'expérimentation des semences, le rendement moyen rizicole de la Vallée de l'Artibonite ne dépasse pas 2,5 tonnes métriques par hectare. Il estime qu' « avec l'arrivée de la prosequisa-4, cette nouvelle lignée de riz qui atteint 4,6 tonnes métriques en milieu paysan, un vent d'espoir souffle encore dans le pays sur le domaine rizicole ».
En effet, après plus d'une décennie, dans le but d'augmenter la production rizicole et d'initier d'autres variétés dans le pays, l'ODVA et la Mission technique taïwanaise ont investi beaucoup d'efforts dans la recherche. Ainsi, différentes lignées de riz, après la mise en place des parcelles de démonstration et des parcelles d'essais régionaux, commencent à bénéficier de l'appréciation des riziculteurs.
« La lignée la plus prometteuse est la prosequita-4. Les travaux effectués par la mission à cet effet ont été appréciés par plus d'un tant dans le département du Sud que dans l'Artibonite, si l'on se réfère au rendement obtenu à la ferme expérimentale de Mauger de 6,6 tonnes métriques par hectare et de sa forte capacité de repousse », a avancé Carlos Hsiang, très dynamique, qui expliquait à une centaine de planteurs les avantages de cette nouvelle variété.
Selon M. Hsiang, la prosequisa-4 résiste aux vents ; elle a une bonne culture de repousse ; elle comporte beaucoup de tiges et elle est compétitive des mauvaises herbes. Le seul inconvénient, dit-il, c'est qu'on doit attendre quelques jours de plus que les autres variétés, avant la récolte.
A en croire l'agronome taïwanais, les agriculteurs peuvent obtenir annuellement entre 12 à 15 tonnes métriques de riz suivant une culture normale et deux cultures de repousse. « L'expérience a été faite à la ferme expérimentale de Mauger, a-t-il fait savoir. Cette méthode de culture pourrait non seulement augmenter le rendement annuel, mais elle diminue aussi le coût de production comme le labourage, pour ne citer que cela », a-t-il ajouté.
En ce qui a trait aux résultats partiels des travaux déjà effectués sur la lignée de Prosequisa-4, de janvier 2009 à janvier 2010, selon une culture normale de deux repousses, 15 tonnes métriques pour un hectare ont été récoltées à la ferme expérimentale de Mauger. A Torbeck, commune des Cayes où cette mission technique de Taiwan est aussi présente, sur 600 hectares, un rendement moyen de 4,64 tonnes par hectare a été obtenu (milieu paysan). A Trois-Bornes et à Pierre-Paul (localités de l'Artibonite), de janvier à juin 2010, toujours en milieu paysan, la culture de Prosequisa-4 a donné un rendement de 4,27 t/ha.
Plaidant pour un meilleur accompagnement des planteurs à opter pour cette nouvelle variété, M. Carlos Hsiang croit que cette initiative pourra être bénéfique pour le pays. L'agronome a souligné que Haïti importe en moyenne 70 % de riz consommé. La consommation nationale de riz est de 500 000 tonnes alors que la production nationale de riz est de 150 000 tonnes pour 60 000 hectares cultivables.
Valéry DAUDIER
vdaudier@lenouvelliste.com
7 des 9 cas de contestation entendus
Contestés ou non, les 34 candidats attendent le 17 août prochain Seulement quatre jours nous séparent de la publication officielle de la liste des candidats agréés pour la présidentielle du 28 novembre 2010. Entre-temps, concernant les dossiers de contestations des candidatures, a annoncé le Bureau du Contentieux électoral départemental (BCED) sept (7) des neuf (9) cas enregistrés.
Haïti: Les deux journées de séances d'audition des candidats à la présidence contestés se sont bien déroulées. Ce vendredi, les dossiers des candidats Lesly Voltaire (Ansanm nou Fò), Yvon Neptune (Ayisyen pou Ayiti), Jacques-Edouard Alexis (MPH) et Michel Martelly (Repons Peyizan), ont été entendus par le Bureau du Contentieux électoral départemental situé à Delmas. Leur candidature est contestée par une seule personne répondant au nom de Guttener Baptiste. Ce dernier, qui conteste également les candidatures de Wyclef Jean (Viv Ansanm), Kesler Dalmacy (Indépendant), Lavarice Gaudin (Veyo Yo) et Jude Célestin (INITE), était représenté au Tribunal électoral pour toutes les huit contestations par Me Newton St-Juste, dont les arguments n'ont pas sembler ébranler les parties défenderesses.
« Je crois que Me Rigaud St-Pierre a montré avec brio qu'il s'agissait d'une contestation plutôt farfelue », s'est réjoui M. Alexis à sa sortie de la salle d'audience. Un groupe de partisans étaient venus le supporter à cette occasion. Visiblement satisfait de la performance de son avocat, l'ex-Premier ministre contesté pour n'avoir pas obtenu un certificat de décharge, dit espérer que « les moyens de défense développés par Me St-Pierre permettront au Tribunal d'adopter des décisions tenant compte du strict respect du droit ». Serein, M. Alexis dit attendre la décision du Conseil électoral provisoire (CEP).
De son côté, Yvon Neptune, également ex-Premier ministre, croit que c'est un électeur invisible qui l'a contesté. « La contestation n'est pas fondée, faute de preuves, a estimé le candidat à la présidence qui s'est défendu lui-même au BCED. Je ne connais ni les faits ni la personne qui m'a contesté. » Il dit avoir demandé aux membres du bureau de rejeter cette contestation, précisant avoir la conviction que le Tribunal aura à trancher selon les mots du droit.
La question d'absence de preuves a été évoquée également par Me Grégory Mayard-Paul, le défenseur de Michel Martelly contesté pour mauvaises moeurs, pour convaincre le bureau du contentieux à minimiser le motif de contestation évoqué par Guttener Baptiste. L'avocat de Sweet Micky était accompagné d'une batterie d'hommes de loi composée de Jean-Max Samuel, Thierry Mayard-Paul et Ruddy Aly.
Alors qu'ils étaient attendus au Tribunal électoral ce vendredi, ni Lesly Voltaire ni son avocat Me Jean Renel Sénatus ne s'y ont présenté. De ce fait, seul le représentant du contestataire a été entendu. Me Sénatus quant à lui n'a fait que déposer un mémoire avec, dit-il, un éventail de pièces à la connaissance des membres du BCED. « Le citoyen Guttener Baptiste n'a pas respecté l'article 110 de la Loi électorale », a fait remarquer le défenseur de M. Voltaire. Il menace de poursuivre à cet effet M. Guttener en diffamation par devant le tribunal compétent.
Aucun représentant de Kesler Dalmacy ne s'est non plus présenté à la salle d'audience pour défendre la cause de ce candidat indépendant qui s'est inscrit le premier pour la présidentielle de novembre. Selon les rumeurs, M. Dalmacy, qui serait actuellement à l'étranger, pourrait être le premier à avoir reçu son carnet pour n'avoir pas remis tous les documents exigés par le CEP.
A noter que le cas de Jude Célestin n'a pas été entendu jeudi, le contestataire s'étant désisté. Cependant, celui de Wyclef Jean (pour question de résidence), Lavarice Gaudin et Jean Bertin - celui-ci a été contesté par Gaston Pierre Garnier - ont fait l'objet de débats. Le BCED, selon les prescrits de la loi, a pour obligation de rendre son verdict dans 24 heures. Pour l'instant, les 34 candidats inscrits dans la course présidentielle ont les yeux rivés sur la date du 17 août prochain, prévue pour la publication de la liste officielle des prétendants présidents autorisés à mener campagne. Le CEP dit mettre des bouchées doubles afin de respecter la date du 28 novembre 2010 pour la tenue des scrutins présidentiel et législatif.
Victor Junior Jean
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=82444&PubDate=2010-08-13
Haïti: Les deux journées de séances d'audition des candidats à la présidence contestés se sont bien déroulées. Ce vendredi, les dossiers des candidats Lesly Voltaire (Ansanm nou Fò), Yvon Neptune (Ayisyen pou Ayiti), Jacques-Edouard Alexis (MPH) et Michel Martelly (Repons Peyizan), ont été entendus par le Bureau du Contentieux électoral départemental situé à Delmas. Leur candidature est contestée par une seule personne répondant au nom de Guttener Baptiste. Ce dernier, qui conteste également les candidatures de Wyclef Jean (Viv Ansanm), Kesler Dalmacy (Indépendant), Lavarice Gaudin (Veyo Yo) et Jude Célestin (INITE), était représenté au Tribunal électoral pour toutes les huit contestations par Me Newton St-Juste, dont les arguments n'ont pas sembler ébranler les parties défenderesses.
« Je crois que Me Rigaud St-Pierre a montré avec brio qu'il s'agissait d'une contestation plutôt farfelue », s'est réjoui M. Alexis à sa sortie de la salle d'audience. Un groupe de partisans étaient venus le supporter à cette occasion. Visiblement satisfait de la performance de son avocat, l'ex-Premier ministre contesté pour n'avoir pas obtenu un certificat de décharge, dit espérer que « les moyens de défense développés par Me St-Pierre permettront au Tribunal d'adopter des décisions tenant compte du strict respect du droit ». Serein, M. Alexis dit attendre la décision du Conseil électoral provisoire (CEP).
De son côté, Yvon Neptune, également ex-Premier ministre, croit que c'est un électeur invisible qui l'a contesté. « La contestation n'est pas fondée, faute de preuves, a estimé le candidat à la présidence qui s'est défendu lui-même au BCED. Je ne connais ni les faits ni la personne qui m'a contesté. » Il dit avoir demandé aux membres du bureau de rejeter cette contestation, précisant avoir la conviction que le Tribunal aura à trancher selon les mots du droit.
La question d'absence de preuves a été évoquée également par Me Grégory Mayard-Paul, le défenseur de Michel Martelly contesté pour mauvaises moeurs, pour convaincre le bureau du contentieux à minimiser le motif de contestation évoqué par Guttener Baptiste. L'avocat de Sweet Micky était accompagné d'une batterie d'hommes de loi composée de Jean-Max Samuel, Thierry Mayard-Paul et Ruddy Aly.
Alors qu'ils étaient attendus au Tribunal électoral ce vendredi, ni Lesly Voltaire ni son avocat Me Jean Renel Sénatus ne s'y ont présenté. De ce fait, seul le représentant du contestataire a été entendu. Me Sénatus quant à lui n'a fait que déposer un mémoire avec, dit-il, un éventail de pièces à la connaissance des membres du BCED. « Le citoyen Guttener Baptiste n'a pas respecté l'article 110 de la Loi électorale », a fait remarquer le défenseur de M. Voltaire. Il menace de poursuivre à cet effet M. Guttener en diffamation par devant le tribunal compétent.
Aucun représentant de Kesler Dalmacy ne s'est non plus présenté à la salle d'audience pour défendre la cause de ce candidat indépendant qui s'est inscrit le premier pour la présidentielle de novembre. Selon les rumeurs, M. Dalmacy, qui serait actuellement à l'étranger, pourrait être le premier à avoir reçu son carnet pour n'avoir pas remis tous les documents exigés par le CEP.
A noter que le cas de Jude Célestin n'a pas été entendu jeudi, le contestataire s'étant désisté. Cependant, celui de Wyclef Jean (pour question de résidence), Lavarice Gaudin et Jean Bertin - celui-ci a été contesté par Gaston Pierre Garnier - ont fait l'objet de débats. Le BCED, selon les prescrits de la loi, a pour obligation de rendre son verdict dans 24 heures. Pour l'instant, les 34 candidats inscrits dans la course présidentielle ont les yeux rivés sur la date du 17 août prochain, prévue pour la publication de la liste officielle des prétendants présidents autorisés à mener campagne. Le CEP dit mettre des bouchées doubles afin de respecter la date du 28 novembre 2010 pour la tenue des scrutins présidentiel et législatif.
Victor Junior Jean
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=82444&PubDate=2010-08-13
Haïti : Une vie culturelle au ralenti à Port-au-Prince, sept mois après le séisme
P-au-P, 13 août 2010 [AlterPresse] --- Sept (7) mois depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010, la vie culturelle peine à reprendre son cours d’avant à Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, et ses environs, constate Mireille Pérodin Jérôme, auteure d’un « état des lieux du secteur culturel » réalisé quelques mois après le séisme. Il y a deux raisons à cela, explique l’opératrice culturelle Pérodin Jérôme, interrogée, ce vendredi 13 août 2010, par l’agence en ligne AlterPresse.
La première : la plupart des infrastructures culturelles ont été, sinon détruites, du moins sérieusement endommagées, souligne la directrice des Ateliers Jean René Jérôme, une galerie d’art située à Pétionville (municipalité à 8 km à l’est de Port-au-Prince).
Elle mentionne notamment la seule salle de concert pour musique classique de la ville, la salle Sainte-Cécile de l’église épiscopale catholique anglicane (classique, professionnelle et de musique ) Sainte-Trinité, qui est en ruines depuis le 12 janvier 2010.
Elle cite aussi le centre d’art [considéré comme le berceau de l’art naïf haïtien depuis les années 1940, et qui continuait encore, jusqu’au 12 janvier, à proposer au public des cours d’arts plastiques et des expositions]. Le centre d’art s’est lui, aussi, effondré.
Attirant l’attention sur d’autres espaces considérablement endommagés, tels le « musée d’art haïtien du collège St-Pierre » et le musée-Galerie Nader, Mireille Pérodin Jérôme déplore qu’il n’existe plus, depuis le douze janvier, aucune salle publique [salle fréquentée par le grand public] d’exposition dans Port-au-Prince.
Autres établissements évoqués : l’Institut Français d’Haïti et la fondation connaissance et liberté (Fokal), qu’elle considère comme deux pôles culturels, qui organisaient, chaque semaine, des concerts, des expositions, des spectacles de théâtre et de danse, des projections de films et autres manifestations culturelles.
Ils n’ont pas encore repris leurs activités publiques, fait-elle remarquer.
La deuxième raison, avancée par madame Pérodin Jérôme, a trait à ce qu’elle appelle « le désarroi général d’une population, vivant à 50% sous des tentes, dans l’angoisse du prochain tremblement de terre ou de la prochaine tempête tropicale ».
Comment, dans ces conditions et dans un tel état d’esprit, reprendre les activités culturelles ?, s’interroge-t-elle.
« Après ce qui s’est passé le 12 janvier 2010, les établissements qui avaient la chance d’être debout se devaient de rester debout », insiste, toutefois, l’opératrice culturelle haïtienne.
Ce qu’elle confie ne pas regretter d’avoir fait, elle-même, en rouvrant sa galerie, trois semaines après le séisme. Celle-ci est, en effet, devenue « un point de chute pour de nombreux artistes et artisans [qui ont, eux aussi, perdu des proches ou des maisons dans le séisme], une sorte de refuge pour se rencontrer, se plaindre, [voire] essayer de comprendre ». s’enorgueillit-elle.
Quoi qu’il en soit, sporadiquement, se tiennent des animations musicales dansantes en différents endroits de la zone métropolitaine de la capitale, quelques activités sportives (notamment des championnats de football-vacances, un été au ralenti), sans oublier des tentatives d’adaptation (actions psychoémotionnelles, télécentres mobiles, diffusion de films et documentaires, scènes de théâtre, etc.) pour créer une ambiance de détente dans certains camps de personnes déplacées en vue d’essayer de surmonter le traumatisme ambiant enregistré.
Ce n’est pas encore une reprise normale de la vie culturelle proprement dite, en ce mois d’août 2010.
http://www.alterpresse.org/spip.php?article9839
La première : la plupart des infrastructures culturelles ont été, sinon détruites, du moins sérieusement endommagées, souligne la directrice des Ateliers Jean René Jérôme, une galerie d’art située à Pétionville (municipalité à 8 km à l’est de Port-au-Prince).
Elle mentionne notamment la seule salle de concert pour musique classique de la ville, la salle Sainte-Cécile de l’église épiscopale catholique anglicane (classique, professionnelle et de musique ) Sainte-Trinité, qui est en ruines depuis le 12 janvier 2010.
Elle cite aussi le centre d’art [considéré comme le berceau de l’art naïf haïtien depuis les années 1940, et qui continuait encore, jusqu’au 12 janvier, à proposer au public des cours d’arts plastiques et des expositions]. Le centre d’art s’est lui, aussi, effondré.
Attirant l’attention sur d’autres espaces considérablement endommagés, tels le « musée d’art haïtien du collège St-Pierre » et le musée-Galerie Nader, Mireille Pérodin Jérôme déplore qu’il n’existe plus, depuis le douze janvier, aucune salle publique [salle fréquentée par le grand public] d’exposition dans Port-au-Prince.
Autres établissements évoqués : l’Institut Français d’Haïti et la fondation connaissance et liberté (Fokal), qu’elle considère comme deux pôles culturels, qui organisaient, chaque semaine, des concerts, des expositions, des spectacles de théâtre et de danse, des projections de films et autres manifestations culturelles.
Ils n’ont pas encore repris leurs activités publiques, fait-elle remarquer.
La deuxième raison, avancée par madame Pérodin Jérôme, a trait à ce qu’elle appelle « le désarroi général d’une population, vivant à 50% sous des tentes, dans l’angoisse du prochain tremblement de terre ou de la prochaine tempête tropicale ».
Comment, dans ces conditions et dans un tel état d’esprit, reprendre les activités culturelles ?, s’interroge-t-elle.
« Après ce qui s’est passé le 12 janvier 2010, les établissements qui avaient la chance d’être debout se devaient de rester debout », insiste, toutefois, l’opératrice culturelle haïtienne.
Ce qu’elle confie ne pas regretter d’avoir fait, elle-même, en rouvrant sa galerie, trois semaines après le séisme. Celle-ci est, en effet, devenue « un point de chute pour de nombreux artistes et artisans [qui ont, eux aussi, perdu des proches ou des maisons dans le séisme], une sorte de refuge pour se rencontrer, se plaindre, [voire] essayer de comprendre ». s’enorgueillit-elle.
Quoi qu’il en soit, sporadiquement, se tiennent des animations musicales dansantes en différents endroits de la zone métropolitaine de la capitale, quelques activités sportives (notamment des championnats de football-vacances, un été au ralenti), sans oublier des tentatives d’adaptation (actions psychoémotionnelles, télécentres mobiles, diffusion de films et documentaires, scènes de théâtre, etc.) pour créer une ambiance de détente dans certains camps de personnes déplacées en vue d’essayer de surmonter le traumatisme ambiant enregistré.
Ce n’est pas encore une reprise normale de la vie culturelle proprement dite, en ce mois d’août 2010.
http://www.alterpresse.org/spip.php?article9839
Haïti/Post-séisme : 47,5 millions de dollars d’aide alimentaire de l’Usaid au profit des personnes sinistrées
P-au-P, 13 août 2010 [AlterPresse] --- L’agence américaine pour le développement international (USAID) accorde 47,5 millions de dollars [US $ 1.00 = 41.00 gourdes ; 1 euro = 55.00 gourdes aujourd’hui] d’aide alimentaire en faveur des personnes sinistrées dans le séisme du 12 janvier 2010 ainsi que des familles vulnérables vivant dans le Plateau central (Nord-Est) et le Bas-Artibonite (Nord), deux départements géographiques indirectement touchés dans le tremblement de terre), apprend AlterPresse auprès de l’ambassade étasunienne. L’Usaid confie la gestion de ces fonds à la branche nationale du Programme alimentaire mondial (Pam) et à l’organisation non gouvernementale (Ong) Mercy Corps, conformément aux termes de deux accords signés, ce vendredi 13 août 2010 au local de l’ambassade, entre les représentants des trois institutions en Haïti.
Ainsi, une tranche de l’enveloppe de l’Usaid, soit trente cinq (35) millions de dollars, est-elle allouée au Pam pour permettre à l’agence de couvrir la portion en espèces du programme cash and food-for-work (argent et nourriture contre travail).
Quant au reste du montant, soit 12,5 millions de dollars, il permettra à l’Ong internationale Mercy Corps d’approvisionner, en produits alimentaires, plusieurs milliers de familles vulnérables dans le Plateau Central et le Bas-Artibonite qui hébergent des personnes sinistrées.
Constitués de farine, riz, pois et d’huile comestible, les produits alimentaires, qui seront distribués aux familles du Plateau central et du Bas Artibonite, seront importés des États-Unis d’Amérique.
La nouvelle assistance de l’Usaid s’inscrit dans le cadre de l’exécution de son programme de sécurité alimentaire d’urgence.
Cette aide intervient au moment où la coordination nationale de la sécurité alimentaire (Cnsa) tire la sonnette d’alarme sur les risques d’aggravation de l’insécurité alimentaire en Haïti.
Tout en formulant des recommandations aux autorités haïtiennes pour le renforcement de la sécurité alimentaire, la Cnsa souhaite l’intégration des produits locaux dans la distribution de l’aide alimentaire à la population nationale. [cer rc apr 13/08/2010 13:28]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article9836
Ainsi, une tranche de l’enveloppe de l’Usaid, soit trente cinq (35) millions de dollars, est-elle allouée au Pam pour permettre à l’agence de couvrir la portion en espèces du programme cash and food-for-work (argent et nourriture contre travail).
Quant au reste du montant, soit 12,5 millions de dollars, il permettra à l’Ong internationale Mercy Corps d’approvisionner, en produits alimentaires, plusieurs milliers de familles vulnérables dans le Plateau Central et le Bas-Artibonite qui hébergent des personnes sinistrées.
Constitués de farine, riz, pois et d’huile comestible, les produits alimentaires, qui seront distribués aux familles du Plateau central et du Bas Artibonite, seront importés des États-Unis d’Amérique.
La nouvelle assistance de l’Usaid s’inscrit dans le cadre de l’exécution de son programme de sécurité alimentaire d’urgence.
Cette aide intervient au moment où la coordination nationale de la sécurité alimentaire (Cnsa) tire la sonnette d’alarme sur les risques d’aggravation de l’insécurité alimentaire en Haïti.
Tout en formulant des recommandations aux autorités haïtiennes pour le renforcement de la sécurité alimentaire, la Cnsa souhaite l’intégration des produits locaux dans la distribution de l’aide alimentaire à la population nationale. [cer rc apr 13/08/2010 13:28]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article9836
Haïti-Elections...Cette tornade qui vient du nord…
Par Liliane PIERRE PAUL
Samedi 14 août 2010, Radio Kiskeya
Il y a moins d’un an dans une interview exclusive à Radio Kiskeya, la Star du Hip Hop Wyclef Jean se refusait à admettre qu’il se préparait à se porter candidat à la Présidence. Aujourd’hui c’est fait. Il en a fait l’annonce sur le puissant réseau américain CNN et le Jeudi 5 Aout 2010, il a présenté officiellement sa candidature à la direction des opérations électorales du CEP. Il ne fait aucun doute que cette candidature est venue donner une dimension inattendue à ces élections qui jusque-là semblaient opposer d’une part le pouvoir à la recherche d’une formule de continuité et d’autre part, les ténors de l’opposition qui les contestaient d’avance sans vraiment démontrer la capacité d’en empêcher la réalisation. Comme une tornade, l’annonce de la candidature de Wyclef Jean a donné l’impression de tout balayer : Inite, la plateforme du pouvoir, a perdu son apparente cohérence interne et l’opposition semble encore à la recherche d’une nouvelle formule de mobilisation. Si Wyclef Jean arrive à franchir sans difficultés le saut à obstacles que constituent les critères d’admission du CEP (17 documents obligatoires dans son cas) sa candidature marquera certainement un tournant dans une dynamique électorale dominée jusque-là par le clan au pouvoir.
Cette candidature n’est pas sans rappeler celle de Jean Bertrand Aristide en 1990, même s’il faut éviter le piège de la comparaison abusive. Comme Aristide il y a vingt ans, Wyclef Jean est un outsider sans réel programme et porteur d’un discours populiste et messianique qui mobilise les couches les plus défavorisées et la jeunesse nombreuse et marginalisée des bidonvilles du pays. Ce discours effraie, ou tout au moins, dérange l’Establishment. Car comme avec Aristide en 1990, la présence de Wyclef Jean dans la course électorale est vécue comme une remise en cause des élites politique et économique qui ont échoué à faire d’Haïti un pays viable pour ses ressortissants.
Mais contrairement à Aristide qui disposait en 1990 d’un solide réseau d’appuis au sein de l’Eglise catholique (TKL), une frange importante de la bourgeoisie d’affaires, de médias indépendants, d’organisations socio-professionnelles et d’intellectuels progressistes, on n’est pas du tout sûr en 2010 que Wyclef Jean dispose de tels appuis à sa candidature. Ses appuis les plus évidents viennent du mouvement rap créole dont il est le parrain. Il s’agit d’un mouvement contestataire très prisé au sein de la jeunesse marginalisée des quartiers pauvres de nos villes que Wyclef Jean désigne sous le nom de ghettos. Ce mouvement qui a ses propres règles, ses rituels et ses propres codes de communication saura-t-il mobiliser l’ensemble de la jeunesse haïtienne aujourd’hui déboussolée, sans repère dans une société en crise ? L’appui de la jeunesse des ghettos saura-t-il se traduire en vote électoral dans un pays où les jeunes de moins de 30 ans représentent plus de la moitié de la population ? On ne saurait le dire pour le moment. Ce qui est certain, c’est que l’effet Wyclef dans l’opinion publique haïtienne et internationale est sans conteste. Son nom est sur toutes les lèvres en bien ou en mal et son statut de méga star du Hip hop mobilise la grande presse internationale replaçant ainsi Haïti sous les feux de la rampe pour des raisons différentes que celles suscitées il y a 7 mois lors du séisme dévastateur du 12 janvier.
Par ailleurs, dans une société aussi complexe que la nôtre, son statut de méga star venu de la diaspora peut tout aussi bien lui être profitable que nuisible. Depuis la candidature ratée de l’industriel Dumarsais Siméus venu du Texas, c’est pour la première fois que le pays est ainsi confronté à sa diaspora. Car, quoi que dise l’ex-patron des Fugees, il est un candidat venu de la diaspora. Il est un modèle de réussite dans la logique du grand rêve américain. Cela fascine et fait peur en même temps. Tant que Wyclef Jean associait le drapeau haïtien à ses succès internationaux, il faisait l’unanimité. Mais les réactions ne sont plus les mêmes quand il sollicite le suffrage des citoyens pour la magistrature suprême. Tous ses handicaps sociaux sont alors propulsés au premier plan, à commencer par ses problèmes linguistiques. Il ne parle pas le Français au grand dam des francophones et francophiles et il parle un Créole de ghetto qui préoccupe, sinon agace la majorité silencieuse.. Tout cela complique encore davantage sa méconnaissance avérée du pays dans ses codes sociaux, ses us et coutumes.
Mais il n’est pas à une contradiction près. Son mouvement « Fas a Fas » apparait comme une proposition de huis clos haïtiano/haïtien opposant riches et pauvres, jeunes et vieux, mulâtres et noirs, citadins et paysans, haïtiens du dedans et haïtiens du dehors. Mais peut-il y avoir huis clos haïtiano-haitien sous la protection de la MINUSTAH et des Ambassades « amies » ? D’un autre côté, Il se fait inscrire sous la bannière du mouvement « Vivre Ensemble », une toute petite rigole du mouvement lavalas déjà sérieusement morcelé. Saura-t-il faire l’unité de cet électorat de plus en plus atomisé ? S’il passe la trappe du CEP le 17 août prochain, l’un des problèmes majeurs qu’il aura à confronter sera de prouver qu’il a autant de talent pour réussir dans le showbiz international que dans la politique locale. La bataille sera rude. Il devra abattre toutes ses cartes dont certaines demeurent encore de grandes inconnues : Quel sera l’attitude de la diaspora ? Surtout celle très puissante des Etats-Unis ? Quel sera le comportement du gouvernement américain ? Quelle sera la position de l’élite noire américaine ? Le monde des supers stars : des Oprah, 50 cents, Puff Daddy, Beyonce, Danny Glover, etc. ? Et la très musicale communauté évangélique afro-américaine ?
En faisant fi des contestations du CEP par des partis politiques parmi les plus importants du pays, contestation relayée par des organisations de la société civile, Wyclef Jean ainsi que certains candidats du camp démocratique, cautionnent une institution discréditée totalement à la solde de l’exécutif. Ils jouent gros à leurs risques et périls. Wyclef Jean ne sera-t-il qu’une tornade soudaine, puissante, dévastatrice et éphémère ? RK/LPP
http://radiokiskeya.com/spip.php?article6944
Samedi 14 août 2010, Radio Kiskeya
Il y a moins d’un an dans une interview exclusive à Radio Kiskeya, la Star du Hip Hop Wyclef Jean se refusait à admettre qu’il se préparait à se porter candidat à la Présidence. Aujourd’hui c’est fait. Il en a fait l’annonce sur le puissant réseau américain CNN et le Jeudi 5 Aout 2010, il a présenté officiellement sa candidature à la direction des opérations électorales du CEP. Il ne fait aucun doute que cette candidature est venue donner une dimension inattendue à ces élections qui jusque-là semblaient opposer d’une part le pouvoir à la recherche d’une formule de continuité et d’autre part, les ténors de l’opposition qui les contestaient d’avance sans vraiment démontrer la capacité d’en empêcher la réalisation. Comme une tornade, l’annonce de la candidature de Wyclef Jean a donné l’impression de tout balayer : Inite, la plateforme du pouvoir, a perdu son apparente cohérence interne et l’opposition semble encore à la recherche d’une nouvelle formule de mobilisation. Si Wyclef Jean arrive à franchir sans difficultés le saut à obstacles que constituent les critères d’admission du CEP (17 documents obligatoires dans son cas) sa candidature marquera certainement un tournant dans une dynamique électorale dominée jusque-là par le clan au pouvoir.
Cette candidature n’est pas sans rappeler celle de Jean Bertrand Aristide en 1990, même s’il faut éviter le piège de la comparaison abusive. Comme Aristide il y a vingt ans, Wyclef Jean est un outsider sans réel programme et porteur d’un discours populiste et messianique qui mobilise les couches les plus défavorisées et la jeunesse nombreuse et marginalisée des bidonvilles du pays. Ce discours effraie, ou tout au moins, dérange l’Establishment. Car comme avec Aristide en 1990, la présence de Wyclef Jean dans la course électorale est vécue comme une remise en cause des élites politique et économique qui ont échoué à faire d’Haïti un pays viable pour ses ressortissants.
Mais contrairement à Aristide qui disposait en 1990 d’un solide réseau d’appuis au sein de l’Eglise catholique (TKL), une frange importante de la bourgeoisie d’affaires, de médias indépendants, d’organisations socio-professionnelles et d’intellectuels progressistes, on n’est pas du tout sûr en 2010 que Wyclef Jean dispose de tels appuis à sa candidature. Ses appuis les plus évidents viennent du mouvement rap créole dont il est le parrain. Il s’agit d’un mouvement contestataire très prisé au sein de la jeunesse marginalisée des quartiers pauvres de nos villes que Wyclef Jean désigne sous le nom de ghettos. Ce mouvement qui a ses propres règles, ses rituels et ses propres codes de communication saura-t-il mobiliser l’ensemble de la jeunesse haïtienne aujourd’hui déboussolée, sans repère dans une société en crise ? L’appui de la jeunesse des ghettos saura-t-il se traduire en vote électoral dans un pays où les jeunes de moins de 30 ans représentent plus de la moitié de la population ? On ne saurait le dire pour le moment. Ce qui est certain, c’est que l’effet Wyclef dans l’opinion publique haïtienne et internationale est sans conteste. Son nom est sur toutes les lèvres en bien ou en mal et son statut de méga star du Hip hop mobilise la grande presse internationale replaçant ainsi Haïti sous les feux de la rampe pour des raisons différentes que celles suscitées il y a 7 mois lors du séisme dévastateur du 12 janvier.
Par ailleurs, dans une société aussi complexe que la nôtre, son statut de méga star venu de la diaspora peut tout aussi bien lui être profitable que nuisible. Depuis la candidature ratée de l’industriel Dumarsais Siméus venu du Texas, c’est pour la première fois que le pays est ainsi confronté à sa diaspora. Car, quoi que dise l’ex-patron des Fugees, il est un candidat venu de la diaspora. Il est un modèle de réussite dans la logique du grand rêve américain. Cela fascine et fait peur en même temps. Tant que Wyclef Jean associait le drapeau haïtien à ses succès internationaux, il faisait l’unanimité. Mais les réactions ne sont plus les mêmes quand il sollicite le suffrage des citoyens pour la magistrature suprême. Tous ses handicaps sociaux sont alors propulsés au premier plan, à commencer par ses problèmes linguistiques. Il ne parle pas le Français au grand dam des francophones et francophiles et il parle un Créole de ghetto qui préoccupe, sinon agace la majorité silencieuse.. Tout cela complique encore davantage sa méconnaissance avérée du pays dans ses codes sociaux, ses us et coutumes.
Mais il n’est pas à une contradiction près. Son mouvement « Fas a Fas » apparait comme une proposition de huis clos haïtiano/haïtien opposant riches et pauvres, jeunes et vieux, mulâtres et noirs, citadins et paysans, haïtiens du dedans et haïtiens du dehors. Mais peut-il y avoir huis clos haïtiano-haitien sous la protection de la MINUSTAH et des Ambassades « amies » ? D’un autre côté, Il se fait inscrire sous la bannière du mouvement « Vivre Ensemble », une toute petite rigole du mouvement lavalas déjà sérieusement morcelé. Saura-t-il faire l’unité de cet électorat de plus en plus atomisé ? S’il passe la trappe du CEP le 17 août prochain, l’un des problèmes majeurs qu’il aura à confronter sera de prouver qu’il a autant de talent pour réussir dans le showbiz international que dans la politique locale. La bataille sera rude. Il devra abattre toutes ses cartes dont certaines demeurent encore de grandes inconnues : Quel sera l’attitude de la diaspora ? Surtout celle très puissante des Etats-Unis ? Quel sera le comportement du gouvernement américain ? Quelle sera la position de l’élite noire américaine ? Le monde des supers stars : des Oprah, 50 cents, Puff Daddy, Beyonce, Danny Glover, etc. ? Et la très musicale communauté évangélique afro-américaine ?
En faisant fi des contestations du CEP par des partis politiques parmi les plus importants du pays, contestation relayée par des organisations de la société civile, Wyclef Jean ainsi que certains candidats du camp démocratique, cautionnent une institution discréditée totalement à la solde de l’exécutif. Ils jouent gros à leurs risques et périls. Wyclef Jean ne sera-t-il qu’une tornade soudaine, puissante, dévastatrice et éphémère ? RK/LPP
http://radiokiskeya.com/spip.php?article6944
Le verdict du tribunal électoral sur les contestations attendu incessamment
Le président du tribunal, Jaccillon Barthélemy, annonce que dans les prochaines 24 heures sera connu le sort des candidats contestés dont les ex-Premiers ministres Jacques-Edouard Alexis et Yvon Neptune ainsi que la mégastar Wyclef Jean vendredi 13 août 2010,Radio Kiskeya
Le tribunal électoral s’apprête à rendre au cours des prochaines 24 heures son verdict sur les neuf cas de contestation entendus jeudi et vendredi visant plusieurs candidatures remarquées aux prochaines présidentielles dont celles des anciens Premiers ministres Jacques-Edouard Alexis et Yvon Neptune et du rappeur mondialement connu, Wyclef Jean.
Jaccillon Barthélemy qui, à titre de directeur du BED de l’ouest présidait les audiences du tribunal, a promis une décision dans les délais prévus par la loi électorale à l’issue des dernières plaidoiries de la période de contestation.
Cette journée a été marquée par la présence de MM. Alexis (MPH) et Neptune (Ayisyen pou Ayiti) venus en personne défendre leur place dans la course électorale en butte à des contestations pour cause d’absence de décharge.
Les dossiers de candidature des deux hommes figuraient parmi les quatre affaires qui étaient à l’ordre du jour.
Parlant avec une confiance presqu’excessive, l’ancien Premier ministre de René Préval a même laissé planer des doutes sur les conséquences de son exclusion éventuelle des présidentielles du 28 novembre.
"Personne ne pourra m’empêcher d’aller aux élections. Si c’est le peuple qui décide de me sanctionner aux urnes, ça c’est une autre paire de manches", a lancé un Jacques-Edouard Alexis déterminé et optimiste sur ses chances d’avoir gain de cause devant le tribunal électoral. Il estime que son avocat, Rigaud St-Pierre, a développé un argumentaire ayant déstabilisé le représentant de l’accusateur, Gutner Baptitse, dont l’action a été qualifiée de "farfelue".
Pour sa part, également visé en raison de son inscription sans le certificat de décharge réclamé aux anciens gestionnaires du trésor public, Yvon Neptune s’est présenté à la barre tout seul, sans son avocat. Il a exigé la présence de M. Baptiste qui, soutient-il, ne disposerait d’aucune preuve pour étayer sa contestation.
A mots couverts, l’ancien chef de gouvernement Lavalas a semblé vouloir soulever des suspicions sur les motivations politiques de celui qui, intitalement, avait dans son collimateur huit des 34 prétendants inscrits.
Cependant, le mystérieux citoyen que représente Me Newton St-Juste s’est depuis ravisé. Sans justification aucune, il s’est désisté dans le cas du candidat de la plateforme présidentielle INITE, Jude Célestin, après avoir exigé de l’ancien directeur du Centre national des équipements (CNE) un certificat de décharge attestant de sa bonne gestion.
Mes Jean Renel Cénatus et Grégory Mayard Paul ont du également s’employer à défendre leurs clients, respectivement l’ancien ministre Lesly Voltaire (Ansanm Nou Fò) et le populaire chanteur de Compas Direct, Michel Martelly dit "Sweet Micky" (Repons Peyizan).
La liste définitive des candidats agréés, qui doit être rendue publique mardi prochain, pourrait être préparée en fonction de la "théorie des formalités impossibles" dont s’est appropriée le président du Conseil électoral provisoire, Gaillot Dorsinvil, pour justifier à l’avance un feu vert aux aspirants sans décharge.
Le 28 novembre, les électeurs devraient se rendre aux urnes pour désigner un Président, 11 Sénateurs et 99 Députés. spp/Radio Kiskeya
http://radiokiskeya.com/spip.php?article6942
Le tribunal électoral s’apprête à rendre au cours des prochaines 24 heures son verdict sur les neuf cas de contestation entendus jeudi et vendredi visant plusieurs candidatures remarquées aux prochaines présidentielles dont celles des anciens Premiers ministres Jacques-Edouard Alexis et Yvon Neptune et du rappeur mondialement connu, Wyclef Jean.
Jaccillon Barthélemy qui, à titre de directeur du BED de l’ouest présidait les audiences du tribunal, a promis une décision dans les délais prévus par la loi électorale à l’issue des dernières plaidoiries de la période de contestation.
Cette journée a été marquée par la présence de MM. Alexis (MPH) et Neptune (Ayisyen pou Ayiti) venus en personne défendre leur place dans la course électorale en butte à des contestations pour cause d’absence de décharge.
Les dossiers de candidature des deux hommes figuraient parmi les quatre affaires qui étaient à l’ordre du jour.
Parlant avec une confiance presqu’excessive, l’ancien Premier ministre de René Préval a même laissé planer des doutes sur les conséquences de son exclusion éventuelle des présidentielles du 28 novembre.
"Personne ne pourra m’empêcher d’aller aux élections. Si c’est le peuple qui décide de me sanctionner aux urnes, ça c’est une autre paire de manches", a lancé un Jacques-Edouard Alexis déterminé et optimiste sur ses chances d’avoir gain de cause devant le tribunal électoral. Il estime que son avocat, Rigaud St-Pierre, a développé un argumentaire ayant déstabilisé le représentant de l’accusateur, Gutner Baptitse, dont l’action a été qualifiée de "farfelue".
Pour sa part, également visé en raison de son inscription sans le certificat de décharge réclamé aux anciens gestionnaires du trésor public, Yvon Neptune s’est présenté à la barre tout seul, sans son avocat. Il a exigé la présence de M. Baptiste qui, soutient-il, ne disposerait d’aucune preuve pour étayer sa contestation.
A mots couverts, l’ancien chef de gouvernement Lavalas a semblé vouloir soulever des suspicions sur les motivations politiques de celui qui, intitalement, avait dans son collimateur huit des 34 prétendants inscrits.
Cependant, le mystérieux citoyen que représente Me Newton St-Juste s’est depuis ravisé. Sans justification aucune, il s’est désisté dans le cas du candidat de la plateforme présidentielle INITE, Jude Célestin, après avoir exigé de l’ancien directeur du Centre national des équipements (CNE) un certificat de décharge attestant de sa bonne gestion.
Mes Jean Renel Cénatus et Grégory Mayard Paul ont du également s’employer à défendre leurs clients, respectivement l’ancien ministre Lesly Voltaire (Ansanm Nou Fò) et le populaire chanteur de Compas Direct, Michel Martelly dit "Sweet Micky" (Repons Peyizan).
La liste définitive des candidats agréés, qui doit être rendue publique mardi prochain, pourrait être préparée en fonction de la "théorie des formalités impossibles" dont s’est appropriée le président du Conseil électoral provisoire, Gaillot Dorsinvil, pour justifier à l’avance un feu vert aux aspirants sans décharge.
Le 28 novembre, les électeurs devraient se rendre aux urnes pour désigner un Président, 11 Sénateurs et 99 Députés. spp/Radio Kiskeya
http://radiokiskeya.com/spip.php?article6942
Un cambiste tué à proximité d’un commissariat de police
Des citoyens scandalisés par la passivité des agents de la PNH incapables de rattraper trois motards armés ayant commis le crime
vendredi 13 août 2010,
Un cambiste prénommé Edner a été abattu de sang froid vendredi en début de soirée par des bandits circulant à moto à quelques mètres seulement de la direction départementale de l’ouest de la Police Nationale (DDO) et du QG de l’unité spécialisée CIMO, logés au même bâtiment situé à l’angle des rues Mgr Guilloux et des Casernes.La victime, qui a reçu une balle à la tête, aurait tenté de résister aux meurtriers, selon des témoins interrogés sur place par Radio Kiskeya.
Plusieurs autres cambistes ont été mis en joue et soulagés des liasses de billets qui étaient en leur possession.
Riverains et curieux ont été sidérés en constatant la facilité avec laquelle les trois bandits ont pu mener l’opération à la barbe de policiers restés indifférents avant de prendre la fuite en tirant des coups de feu en l’air.Ce n’est que quelques minutes plus tard qu’une patrouille policière est intervenue sur la scène de crime.La disparition brutale d’Edner a provoqué une vive émotion dans le quartier où il était connu comme un homme paisible et un agent très actif sur le marché parallèle de la finance.
Divers crimes commis ces derniers temps dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince n’ont pas donné lieu à des investigations sérieuses ni porté les autorités à contrer efficacement le banditisme à travers une politique préventive. spp/Radio Kiskeya
http://radiokiskeya.com/spip.php?article6943
Les haïtiens de la diaspora suivent de tres prés le processus électoral
La diaspora haïtienne s'est montrée intéressée par les prochaines élections en Haïti. C'est ce qu'a déclaré, l'économiste François Leconte. Intervenant à la rubrique le point sur Radio Métropole, le professeur François Leconte, a indiqué que la communauté haïtienne à l'étranger suit de tres prés le processus électoral et attend la publication de la liste des candidats agréés, pour se prononcer sur ces élections.
« La mobilisation est évidente toutefois, les haïtiens de l'extérieur vivent avec la déception, de ne pouvoir voter au prochain scrutin.», a précisé l'économiste.
Monsieur Leconte, déplore que rien n'ait été fait pour permettre aux haïtiens de la diaspora de remplir, leur devoir civique.
Par ailleurs, il a fait remarquer que l'absence de plan gouvernemental dans le cadre de la reconstruction d'Haïti, peut entrainer le non décaissement des fonds promis à Haïti par la communauté internationale.
EJ/Radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=18127
« La mobilisation est évidente toutefois, les haïtiens de l'extérieur vivent avec la déception, de ne pouvoir voter au prochain scrutin.», a précisé l'économiste.
Monsieur Leconte, déplore que rien n'ait été fait pour permettre aux haïtiens de la diaspora de remplir, leur devoir civique.
Par ailleurs, il a fait remarquer que l'absence de plan gouvernemental dans le cadre de la reconstruction d'Haïti, peut entrainer le non décaissement des fonds promis à Haïti par la communauté internationale.
EJ/Radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=18127
Edmond Mulet réitéré son attachement à la jeunesse haïtienne
Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti, Edmond Mulet exprimé son attachement à la jeunesse haïtienne à l'occasion de la célébration Journée Internationale de la Jeunesse hier jeudi. “La jeunesse haïtienne est la force motrice du pays”, a indiqué, le diplomate, qui a mis l'accent sur l'importance d'intégrer la jeunesse dans le processus de redressement et de développement en cours tout en insistant sur son rôle dans la promotion des idéaux de paix, de respect, de compréhension mutuelle et de solidarité.
« Vous avez été durement touchés mais vous avez été parmi les premiers à aider les autres au lendemain du tremblement de terre du 12 janvier 2010. Depuis 7 mois, que ce soit dans les sites de déplacés, dans les associations, dans vos familles, votre créativité et votre énergie font la différence. Continuez de les mettre au service de la solidarité et du respect mutuel », a declaré Edmond Mulet , dans un communiqué de presse rendu public par la Minustah.
Monsieur Mulet a également fait appel à l'engagement civique et citoyen de la jeunesse afin de lutter contre les violences sexuelles et l'exclusion.
EJ/Radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=18125
« Vous avez été durement touchés mais vous avez été parmi les premiers à aider les autres au lendemain du tremblement de terre du 12 janvier 2010. Depuis 7 mois, que ce soit dans les sites de déplacés, dans les associations, dans vos familles, votre créativité et votre énergie font la différence. Continuez de les mettre au service de la solidarité et du respect mutuel », a declaré Edmond Mulet , dans un communiqué de presse rendu public par la Minustah.
Monsieur Mulet a également fait appel à l'engagement civique et citoyen de la jeunesse afin de lutter contre les violences sexuelles et l'exclusion.
EJ/Radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=18125
Pakistan: où est passé notre générosité
Stéphanie Alcaraz Robinson: Résidante de Longueuil, l'auteure complète un baccalauréat en ressources humaines à l'UQAM.
La Presse
La générosité, la solidarité, l'entraide, la mobilisation et la sympathie sont des qualités légendaires chez les Québécois et les Canadiens en général.
Nous avons maintes fois prouvé, par exemple lors du tsunami en Asie et du tremblement de terre qui a secoué Haïti, que nous étions capables de surmonter nos propres problèmes quotidiens pour venir en aide aux gens qui sont dans le plus terrible besoin.
Des marches, des concerts spontanés, des dons en profusion, de simples citoyens qui vont se rendre sur les lieux afin de reconstruire les ruines, des célébrités nationales qui parlent au nom de ceux qui se retrouvent sans voix. Bref, la société se met en branle et vient en aide aux sinistrés. Des montants d'argent astronomiques sont offerts par les citoyens, les gouvernements et les organismes de tout genre à ceux qui ont tout perdu. Dans les médias, les restaurants, le métro, au bureau, partout où on va, on parle de ces terribles tragédies.
Par contre, alors qu'une des pires catastrophes mondiales se produit en ce moment au Pakistan, toutes ces qualités admirables qui sont habituellement déployées sont terriblement absentes.
Des millions de sinistrés ont tout perdu. Et ça continue d'empirer. Où sont les Georges Laraque et Luck Mervil? Les pages couvertures et les innombrables reportages? Les dons et les téléthons? Les concerts et les marches? Combien a-t-on amassé si généreusement pour ce pays déchiré et ravagé? Où est donc passée toute cette générosité alors que ce pays a tant besoin de notre aide?
Il est triste de constater que le sort de ces Pakistanais nous importe peu. Que les morts haïtiens ont plus de valeur que les morts pakistanais. Que parce qu'il n'y a pas de plages superbes, de tourisme prisé et de célébrités pakistanaises au Canada, on préfère tourner la page, passer sous silence ce drame et oublier tous ces humains qui souffrent et qui sont dans le besoin.
Notre générosité vient-elle avec des conditions? On choisit ceux que l'on aide et que les autres se débrouillent? Comment peut-on évaluer la valeur de la vie humaine avec un désintéressement aussi vif et cruel? Est-on dérangé par leur religion, la couleur de leur peau? Nos préjugés envers ce pays sont-ils plus importants que ces gens qui souffrent?
Toutes ces belles qualités se sont transformées en un haussement d'épaules, un pur fait divers, une nouvelle sans trop d'artifice. On continue notre vie comme si de rien n'était, en jugeant que ces Pakistanais ne valent pas qu'on se mobilise pour eux. Le sommeil d'aucuns ne sera troublé, et demain, nous parlerons d'autre chose. Jusqu'à ce qu'un pays que l'on aime se fasse dévaster. Alors là, on sortira nos chéquiers, notre intérêt et notre générosité. On reparlera de héros, de personnes admirables, de tragédies et d'amour. On se tapera le dos, en disant que l'on a bien agi, que l'on est un peuple de bonnes personnes et que tous les pays devraient être comme nous. Mais, veut-on vraiment que l'humanité choisisse leurs intérêts comme nous le faisons?
A-t-on vraiment le droit de fermer les yeux sur le drame que vivent les Pakistanais en ce moment?
http://www.cyberpresse.ca/opinions/201008/11/01-4305768-pakistan-ou-est-passe-notre-generosite.php
Frankétienne: "Je suis un survivant de la misère, des Duvalier, de l'alcool"
Immense poète, romancier, dramaturge mais aussi peintre, musicien, comédien, l'écrivain haïtien Frankétienne vient de publier Les affres d'un défi, un titre qui lui va bien, où il bouscule à nouveau les mots comme personne. Haïti: Regard malicieux, lucidité frondeuse, intelligence inclassable, humanisme rebelle... A 74 ans, le grand écrivain haïtien Frankétienne dégage toujours un charisme inouï où l'esprit d'enfance le dispute à la tranquillité du sage. Le tremblement de terre, qui a frappé son île le 12 janvier dernier, n'a pas altéré son goût de la vie ni sa liberté. Liberté de penser, de parole. Liberté de ses écrits qui disent la complexité du monde, pas seulement celle d'Haïti, et qui en font l'un des plus grands écrivains contemporains, vénéré par ses compatriotes. Immense poète, romancier, dramaturge mais aussi peintre, musicien, comédien, cet artiste hors norme vient de publier Les affres d'un défi, un titre qui lui va bien, où il bouscule à nouveau les mots comme personne. Ce créateur d'une "esthétique du chaos" est aussi dans l'actualité avec Melovivi ou Le piège, sa nouvelle pièce de théâtre : un texte incroyablement prophétique, publié en mai 2010 mais rédigé fin 2009, qui met en scène deux hommes au bord d'un gouffre après un séisme... Pas forcément facile à aborder, la puissance créatrice de Frankétienne finit toujours par envoûter.
Frankétienne
L'Express: Il paraît qu'après le tremblement de terre vos compatriotes étaient très émus de vous savoir sain et sauf, et qu'ils ont crié : "Le poète est vivant !" C'est vrai ?
FRANKÉTIENNE: Oui. En fait, c'est Dany Laferrière qui a rapporté cette scène. Il est arrivé chez moi avec deux autres amis haïtiens, l'écrivain Lyonel Trouillot et l'artiste Lionel St. Eloi, et ils ont vu les murs de ma maison effondrés, des murs construits il y a plus de trente ans, connus de tout le monde. Ils ont cru qu'un malheur était arrivé à ma famille. Mais les gens du quartier les ont rassurés : "Notre écrivain, il est là, il est vivant ! Notre poète est là !"
Qu'avez-vous ressenti : de l'émotion, de la fierté ?
J'ai été ému, oui. Mais d'autres témoignages, avant cet événement, m'ont tout aussi marqué : il y a des années de cela, alors que je sortais d'une banque de Port-au-Prince, en plein midi, j'ai entendu des voix féminines crier en créole : "Quand est-ce que tu vas nous donner autre chose ?" Je me suis retourné et j'ai vu, dans une camionnette, des paysannes transportant des vivres, des légumes, des poulets qui caquetaient, des chèvres, etc. Par préjugé, j'ai pensé : "Non, ce n'est pas à moi qu'elles s'intéressent." Mais au moment où j'allais m'installer dans ma voiture, elles ont répété leur interpellation, de façon ferme, définitive : "Mais Frankétienne, on s'adresse à vous ! Quand est-ce que vous allez nous donner une autre pièce de théâtre ?" Là, j'ai réellement ressenti une émotion véritable, au premier degré, une vraie reconnaissance.
Est-il vrai aussi que seules les piles de livres sont restées debout dans votre maison de Port-au-Prince après le séisme ?
Effectivement. J'étais avec des journalistes. C'était au crépuscule, c'était lugubre. On a senti que la maison était inclinée de quelques degrés. Le lendemain matin, quand je suis monté, j'ai vu les livres debout. J'ai dit : "Ce n'est pas possible ! Des piles de deux mètres de haut s'effondrent, normalement !"
Il vous est impossible d'écrire en dehors d'Haïti, confiez-vous volontiers, ayant toujours refusé de vivre ailleurs. Avez-vous pu reprendre votre activité d'écrivain depuis le tremblement de terre ?
Là, je suis K.-O. Mais je continue mon activité théâtrale. Je suis accaparé par des représentations prévues toute l'année, dont une longue tournée en Amérique du Nord, à Montréal, à Ottawa, New York, Washington, Atlanta, etc. Et puis en Floride, où il y a à peu près un million d'Haïtiens. Peut-être aussi en Amérique latine, au Brésil...
Dans la préface D'un pur silence inextinguible. Premier mouvement des métamorphoses de l'oiseau schizophone (Vents d'ailleurs), Rodney Saint-Eloi estime que vous êtes "l'écrivain le plus novateur d'Haïti ". Sans flagornerie, on est même tenté de dire que vous êtes l'écrivain le plus novateur du monde, tant vos écrits sont transgressifs... Avez-vous conscience de votre avant-gardisme ?
J'en ai eu conscience très tôt. Parce que j'ai été un grand dévoreur de livres, d'écrits, de signes plus exactement, un avaleur de signes. Je me suis rendu compte qu'il y avait, dans les livres que je lisais, un côté répétitif qui m'agaçait. Non seulement des clichés, des stéréotypes, mais aussi une intertextualité gênante. Je trouvais que les écrivains se recopiaient les uns les autres. Je me suis dit que j'allais m'arranger pour dire les choses autrement, notamment parce que je suis inscrit dans un courant de multilinguisme : Haïti est non seulement sous l'influence du créole et du français, mais aussi de l'espagnol en raison de sa proximité avec la République dominicaine et Cuba, ainsi que de l'anglais, avec les Etats-Unis, non loin. J'ai vite compris qu'il y avait des espaces qui, par moments, se rejoignaient. Bien sûr, il y a d'abord l'espace de la non-littérature, de la chose non littéraire, pour les écrivains tout à fait débiles qui ne produisent absolument rien. Et puis il y a ceux qui se contentent de raconter des histoires bien écrites. Ceux-là arrivent à entrer dans l'espace de la littérature. Mais tous les écrivains ne sont pas dans l'espace de l'écriture, celui où l'on trouve Henri Michaux, Louis-Ferdinand Céline, James Joyce, et les grands poètes tels que Rimbaud, Paul Celan. Moi aussi j'ai voulu être dans l'écriture, même si je savais que ça allait être difficile puisque, à mes débuts, je n'ai pas eu de lecteurs...
Comment l'écriture et la littérature peuvent-elles s'articuler, selon vous ?
Il faut les concilier. Il n'y a pas d'incompatibilité entre ce que j'appelle la dimension anecdotique, la dimension narrative, et l'écriture proprement dite qui utilise les signes et les traits qui construisent, qui déconstruisent. Dans mes livres, en particulier dans Ultravocal, il n'y a pas une histoire unique mais une foule d'anecdotes, une bonne centaine de faits racontés, et de fictions aussi. Il en va de même avec mon premier roman, Mûr à crever, paru en 1968. Mais ce qui est important pour moi, c'est le traitement de la langue, c'est de rester dans le domaine du langage.
Vous avez été élevé en créole, la langue de votre mère, et vous avez appris le français en arrivant à Port-au-Prince, encore tout jeune : comment s'est passée votre découverte, votre conquête du français ?
Je venais d'une région rurale et j'ai été propulsé dans ce quartier populaire et populeux de Bel-Air, à Port-au-Prince. Un quartier totalement créolophone où l'on ne parle pas le français, où je me sentais donc encore chez moi. Mais ma mère a voulu me placer dans une institution dirigée par des jésuites, le petit séminaire collège Saint-Martial, où j'ai découvert, pour la première fois, l'existence d'une autre langue. J'avais cinq ans, et j'ai été étonné de constater qu'on pouvait, du point de vue phonétique, parler et s'exprimer différemment. L'acte fondateur est venu de cette question formulée par la soeur Félicienne : "Comment t'appelles-tu ?" C'est l'acte fondateur de l'écrivain Frankétienne.
Pourquoi ?
Parce que j'ai été traumatisé par cette question dont je ne comprenais pas le sens. J'étais dans une école huppée, où tous les élèves parlaient le français sauf moi. Je n'ai pas compris cette phrase, alors j'ai souri comme un imbécile. C'est un camarade de mon âge qui a traduit, mais en m'insultant : "Petit macaque, d'où sortez-vous, de quel quartier, de quel milieu venez-vous ? On vient de vous demander votre nom !" J'ai pleuré, bien sûr. Arrivé à la maison, je n'ai pas pu l'expliquer à ma mère, qui en aurait été traumatisée : elle m'avait mis dans cette école parce que mon père était un Blanc, donc je devais être dans une école de fils de Blancs. Ce complexe vis-à-vis du français n'était pas légitime. A partir de ce jour-là, j'ai commencé à répéter tous les mots français que je découvrais, d'abord à la manière d'un perroquet. J'écoutais tout, je lisais tout, mais je ne comprenais pas. Je ne comprenais rien à ce qui se disait à la radio, exclusivement en langue française à l'époque. Et puis j'ai décidé d'aller chercher les mots là où ils se trouvent, c'est-à-dire dans le dictionnaire. J'ai ouvert Le Petit Larousse et j'ai appris par coeur toutes les définitions, avec volupté. J'ai découvert la musicalité de cette langue : il y avait des mots tendres, des mots doux, des mots violents, des mots acides, sucrés... C'est pourquoi mon contact avec les mots - qui peut étonner les gens, ceux qui croient que je suis au septième ciel - est un contact physique, concret et sensuel.
En somme, vous étiez animé à la fois par un désir de vengeance, pour laver cette humiliation, et par votre fascination pour cette langue étrangère : votre rapport au français n'est-il pas resté ambivalent ?
Non. A l'adolescence, j'écrivais des poèmes débiles car je n'avais pas encore lu Rimbaud, Lautréamont, Apollinaire, Baudelaire, ces formateurs de conscience et d'expérience culturelle. Après, autour de vingt-cinq, vingt-six ans, j'ai commencé à soigner mes poèmes. J'ai commencé à considérer l'acte d'écrire comme un vrai travail. Un travail de recherche, axé sur les innovations, les modifications, les mutations. Parce que j'avais décidé que je n'écrirais pas des phrases qu'on a déjà lues.
Votre étonnante propension à inventer des mots vient-elle aussi du fait que le français n'est pas votre langue maternelle ? Etes-vous d'accord avec Cioran quand il dit : "Ecrire dans une langue étrangère est une émotion, c'est se libérer de son propre passé" ?
Oui, je suis totalement d'accord. Progressivement, je me suis rendu compte que j'allais adopter cette même attitude, ce même rapport avec ma propre langue, parce que les textes créoles présentent autant de difficultés que le français. Avec L'oiseau schizophone, je me suis rendu compte que je ne pouvais pas me permettre de traiter ma langue maternelle comme si c'était un champ libre où j'aurais la possibilité de pondre des débilités. Non, il faut avoir le respect de sa langue. C'est ça le malheur chez nous : en Martinique, et même en Guadeloupe, le créole est la langue maternelle, tout le monde est écrivain, on l'écrit n'importe comment.
Est-ce qu'il y a un néologisme, parmi tous ceux que vous avez créés, dont vous êtes particulièrement fier ?
Récemment, après le tremblement de terre, un journaliste américain d'origine portoricaine était venu m'interviewer sur la présence du divin dans mon oeuvre, dans ma vie. Il m'a posé une question sur le passage du séisme. Je lui ai répondu : "J'ai eu les yeux tantôt ouverts, tantôt fermés. Je ne voulais pas voir ma maison vaciller. J'étais au dernier niveau, j'entendais des bruits terribles, de toutes les sonorités du monde, tous les métros de Brooklyn..." J'ai dit alors : "C'est une "vloperie" de brouhaha démentiel qui traversait la terre." J'aime bien ce "vloperie"...
A quoi tient exactement cette liberté permanente qui caractérise votre oeuvre ?
Elle vient d'un constat et d'une prise de conscience douloureuse. Même si, avec le temps, je dirais que cette explication peut paraître un peu superficielle, il faut remonter aux années 1960, quand j'ai commencé à écrire, et en particulier à l'année 1972, avec Ultravocal : j'avais la conscience d'être un écrivain sans lecteurs, un général sans armée. J'ai pensé : si je suis seul, dans la solitude, sans aucun regard critique sur mon travail, alors je suis libre, j'en profite.
Quelles sont les limites d'une telle liberté ?
Il n'y a pas de limites. Sauf celles que l'on s'impose à soi-même. On est dans le champ étendu et infini de l'imaginaire, où l'on a la possibilité d'inventer des mots, de jouer avec des mots. Ce qui ne signifie pas l'anarchie, ni que tout est permis. J'ai élaboré un code d'être, un code de travail. Je me considère comme quelqu'un - peut-être même un clown, les clowns m'ont toujours fasciné - en permanence sur le fil du rasoir. A gauche, il y a l'opacité, et là je suis dans le noir, totalement libre, parce que personne ne voit mes gestes, personne n'entend mes cris, c'est la démence totale. Mais de temps en temps, lorsque je retrouve mon équilibre instable sur le tranchant de ce rasoir, je fais un clin d'oeil à l'autre versant, le versant droit, où il y a la lumière, la transparence, les gens qui me regardent, et je leur donne une chance, celle de suivre mon aventure.
Ne craignez-vous pas que cette liberté puisse parfois dérouter vos lecteurs, par trop d'innovations et de jeux avec la langue, par exemple ? Avez-vous conscience que votre oeuvre n'est pas toujours d'un accès facile, qu'elle peut être déstabilisante et demander un véritable effort pour l'appréhender ?
J'en ai conscience mais je la justifie. Parce qu'elle a une dimension pédagogique, didactique, sur le plan idéologique et sur le plan politique. Je vis dans un pays qui n'est pas facile à comprendre. Quand je donne mon livre, quand j'offre cet espace d'écriture à un lectorat, je lui donne la chance de comprendre le réel. Pas seulement le réel haïtien, mais aussi la réalité humaine en général, le grand désordre humain. C'est maintenant qu'on le découvre. On a voulu m'enfermer dans une sorte de case haïtienne, spécifiquement antillaise, spécifiquement du Sud : non ! La planète vit dans un grand désordre. La vie elle-même est un chaos générateur de lumière. J'ai toujours considéré le chaos comme la matrice du futur. Parce que nous ne sommes pas outillés biologiquement, nous n'avons pas d'instruments organiques, intellectuels, qui nous permettent d'appréhender ce chaos. Là où il n'y a pas de chaos, il y a la mort. C'est la mort qui est plate. Et la vie, c'est le chaos.
L'écriture est-elle un remède à la résignation ?
C'est plutôt la contre-résignation. L'écriture, c'est l'affirmation d'abord de soi-même.
Est-ce pour cette raison que vous avez déclaré un jour : "J'écris, donc j'existe" ?
Oui. Quand on produit, on produit d'abord pour soi-même. On recherche à se justifier par rapport à soi-même et pour soi-même. Je l'ai toujours dit : quelqu'un qui ne se découvre pas ne peut pas aider les autres. La force doit être d'abord personnelle. Et je crois que tout écrivain qui se réclame de cette démarche d'affirmation de soi-même est dans la vérité. L'autre est dans une sorte de caricature de l'engagement, dans une posture, du genre : "J'écris pour les autres, j'écris pour la révolution..." Moi je n'écris pas pour la révolution. Si ça arrive, tant mieux.
Vous considérez donc l'écriture avant tout comme connaissance de soi ?
Oui ! L'écriture comme connaissance et affirmation de soi ! J'appelle ça la "magicriture" : tant mieux si à travers cette magicriture les autres se retrouvent. Là, c'est le bonheur. Mais tant pis s'ils ne s'y retrouvent pas !
Vous avez dit aussi : "Rêver, c'est déjà être libre." Est-ce qu'écrire, c'est aussi rêver ?
Ecrire, c'est rêver, c'est se structurer, mais à travers la sève de l'imaginaire. Pour moi, l'écrivain devrait être d'abord un artiste, un créateur.
Que pensez-vous de cette phrase du peintre Paul Klee : "L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible" ? Elle vous va bien, non ?
F. C'est vrai. Je peux même trouver quelque chose d'approximativement similaire dans l'un de mes textes : "La littérature, la création, l'écriture sont un grand mensonge, mais c'est le plus court chemin qui nous permet d'atteindre la vérité."
Vous êtes un artiste, mais on sait moins que vous avez été également professeur, notamment de mathématiques et de physique...
J'ai été un brillant étudiant. En l'absence de certains professeurs titulaires, mes camarades de classe me désignaient à l'unanimité pour assurer le cours. Je faisais ça au lycée. J'ai fait mes études primaires avec les jésuites, et mes études secondaires jusqu'en terminale dans un lycée de Port-au-Prince. La polyvalence, cette pluridisciplinarité est venue sur les bancs de l'école. Je l'ai cultivée parce que j'étais professeur tout jeune. J'ai été diplômé de l'Ecole des Hautes Etudes mais comme j'avais fait la grève contre le régime de Duvalier, et qu'il me fallait vivre, j'ai ouvert cette école. Or, je n'avais pas les moyens de payer des professeurs. Donc j'ai tout fait seul, pendant quatre ans. Après, l'école s'est agrandie, j'ai eu d'autres collaborateurs.
Faites-vous le lien, comme certains, entre les mathématiques et la poésie ?
Oui. On retrouve la même démarche chez Paul Valéry, chez Mallarmé que chez Einstein. Qu'il s'agisse de la recherche scientifique, mathématique, physique, ou de la recherche poétique, l'émotion et l'imaginaire jouent un rôle. Si l'imaginaire est absent, il n'y a pas de découverte, il n'y a plus rien. Les recherches en sciences supposent aussi cette quête que l'on retrouve dans le domaine religieux, mystique et poétique. C'est une quête vers l'insondable, vers l'intangible, qu'on essaie de rendre par des signes et des symboles. Je ne dis pas "par les mots", parce que je me méfie de la sémantique. En dehors de leur sonorité, de leur parfum, de ce qu'ils nous suggèrent, les mots n'arrivent jamais à rendre la totalité du réel. C'est très frustrant. Une seule seconde de vie dans l'existence d'un éboueur, d'un cantonnier, d'un balayeur de rues, est plus dense que toutes les bibliothèques du monde entier.
Vous êtes souvent cité parmi les candidats bien placés pour obtenir le prix Nobel de littérature : aimeriez-vous le recevoir ?
Je ne le refuserais pas, ce serait le couronnement d'un travail immense. Mais, à mon âge, après avoir bouclé beaucoup d'expériences, bu tous les alcools du monde, rencontré beaucoup de femmes, là, je suis dans la sobriété, la sagesse relative - car celle-ci n'est jamais absolue. Ce qui m'intéresse, c'est simplement un certain sentiment de satisfaction, non pas de la vanité parce que je sais que ça passe. Mais c'est pour mon pays que je serais heureux de recevoir ce prix. Je n'ai pas choisi de me présenter. Ma candidature a été appuyée par l'université Bordeaux-III, par celle de Liverpool, par l'Unesco aussi dont la présidente a elle-même envoyé une lettre d'appui, argumentant sur le malheur haïtien, et sur le fait que je suis un créateur issu de la matrice de ce peuple.
Comment arrivez-vous à conjuguer votre modernité à ce matériau haïtien qui vient de loin, à cet héritage considérable de malheurs ?
C'est mon pays, Haïti, qui me l'a permis. Haïti m'a toujours fasciné, depuis tout jeune. C'est un pays que je n'arrive pas à saisir, je n'arrive pas à en saisir tout ce qu'il y a de mystérieux, de bouillonnant, d'effervescent, de tumultueux, à la limite même de l'anarchie dans le quotidien de ce peuple. Il n'y a pas d'absence de matière. J'ai toujours eu peur du vide total, absolu, parce que ce vide-là, c'est la mort. Or Haïti, c'est l'excès, l'exubérance.
Pourquoi écrivez-vous dans votre autobiographie, H'Eros chimères, "je suis un survivant de toutes les catastrophes, un authentique mutant" ?
J'assume les deux. Je suis vivant et survivant. Tous mes parents, tous les amis que j'ai connus à l'âge de quatre ou cinq ans ne sont plus de ce monde. Je suis un survivant de la misère, un survivant aussi du quartier de Bel-Air. Pas mal de mes copains qui y vivaient ont sombré dans la drogue, dans l'alcool, dans la délinquance totale. Je suis aussi un survivant de l'alcool, j'ai commencé à boire et à fumer à l'âge de six ans... Je suis passé tout près de l'abîme. Je suis un survivant des Duvalier, des deux Duvalier, un survivant du cancer, et un survivant du séisme...
Quelles sortes de livres lisez-vous ?
J'ai beaucoup lu dans ma vie, jusqu'à mes 60, 65 ans. J'ai lu tous les livres de Philippe Sollers, par exemple, et je continue. Mais je préfère ce qu'il faisait il y a quarante ans. Aujourd'hui, il est devenu un écrivain mondain, et il est sorti de la contestation. J'ai lu également Les particules élémentaires de Michel Houellebecq, qui m'a plu en partie. Maintenant, je lis de manière plus sélective. Si on me parle d'un très bon ouvrage qui vient de paraître, un ouvrage de philosophie, sur la science, je le lis. Récemment, j'ai lu aussi L'énigme du retour de Dany Laferrière. Reste que je lis de moins en moins. Parce que je vis de ma peinture, pas de mes livres.
Comment pratiquez-vous tous ces arts ? De façon très compartimentée, très organisée ?
Je suis devenu organisé. Ça s'imbrique, naturellement. Il y a eu, pendant longtemps, cette grande matrice où tout s'entremêlait. Maintenant c'est différent. Je peins la journée, l'après-midi, pour la lumière, c'est un fait biologique, ma vision baisse. Et j'écris la nuit.
Avez-vous des manies d'écrivain ?
J'ai besoin d'une totale solitude. Je ne peux pas écrire devant quelqu'un. Même ma femme ne m'a jamais vu écrire. J'ai une petite chambre et une petite table d'écolier, à peine un mètre sur 60 centimètres, et j'ai tout pondu sur cette petite table. Je n'ai jamais touché un clavier d'ordinateur. Je me définis comme "analphanet" ! J'écris tout à la main, sur un cahier, avec un stylo. Après, je profite de la présence des gens qui sont chez moi, des gens parfois analphabètes, qui sont mes premiers juges, qui sont très durs et très justes dans leur jugement. Ils me disent sans détours : "Ça, je n'aime pas !" Et, très souvent, ils ont raison.
Est-ce que le séisme du 12 janvier a modifié votre façon d'écrire, votre écriture même ?
Non. Mon oeuvre est derrière moi, elle n'est pas devant moi. J'ai deux oeuvres à produire pour fermer la boucle, pour fermer cette aventure fabuleuse. Je ne suis pas dans les recherches sémantiques, linguistiques, métaphoriques. J'ai 74 ans, actuellement. Je ne veux pas aller au-delà de 84 ans. Ça viendra tout seul. Il y a une complicité entre l'énergie et moi.
Pourquoi 84 ans ?
Parce que je crois que dix bonnes années me permettront de terminer ma production picturale, littéraire, théâtrale, et d'emmagasiner quelques bons souvenirs. Je n'ai pas besoin d'être dans un fauteuil à 90 ans. Je sens, j'ai la certitude que, pendant les dix années que j'ai choisi de vivre avant de foutre le camp, j'aurai encore l'immense possibilité de pouvoir jouir de la plénitude de mes sens. C'est-à-dire boire du café et devenir moi-même café, boire du chocolat et sentir que je suis moi-même chocolat. Sans entrer dans les détails, nous, les hommes, avons tendance à hypertrophier ce que nous vivons. Concernant, par exemple, la rencontre la plus intime, l'acte sexuel, je sens que je n'ai pas besoin d'aller jusque-là : en rencontrant une femme, parfois même un homme, il m'est possible de vibrer en regardant ses cheveux, ses hanches. Je le vis avec intensité. Le jour où je n'aurai plus ce frisson, cela voudra dire que l'heure est venue pour moi de partir.
Est-ce cette perception immédiate du réel qui vous permet de lier si fortement les mots et le corps ?
D'abord, j'ai grandi dans un milieu vaudou. Je ne suis pas vaudouisant, mais dans mon village natal et au Bel-Air, jusqu'à 28-29 ans, j'ai vécu le fait vaudou, le phénomène vaudou. Le vaudou est la religion qui accorde une place primordiale au corps. Le corps devient le lieu de la pensée totale, de la vie totale. Les gens ne pensent pas qu'avec leurs neurones, ils ne vivent pas qu'avec l'intellect. C'est l'un des reproches que j'adresse à l'enseignement occidental dispensé en Haïti. L'Occident a contribué à la fragmentation de l'être, de la pensée. Je crois au contraire que sortir de la fragmentation de l'être, c'est s'ouvrir à la lumière de la totalité de la vie. Je crois que la politique, ou l'idéologie, bref la démarche du compartimentage, est à l'origine d'une crise de civilisation, responsable de tous les malheurs de la planète. On ne va pas la régler à coups de milliards d'euros. Je crois que la culture est un symbole. Nous sortirons de cette crise mortifère par la culture. La culture prise dans son sens le plus spirituel possible, global. On a diabolisé le corps. Mais le corps c'est plutôt le lieu où l'on retrouve le jaillissement de la lumière pour sortir des ténèbres. L'Occident nous a appris à avoir peur de notre corps. Dans le vaudou, j'ai vu les cris de possession, j'ai vu la transe et j'ai été marqué par cette expérience.
Avez-vous vécu vous-même cet état de transe ?
Non. Ou alors d'une certaine façon, au théâtre. Là, je vous demande de me croire : il y a quelques semaines, j'ai joué ma pièce Melovivi dans un grand parc où il y avait 1 500 personnes, à ciel ouvert. Je suis obsédé par le cosmos, le ciel, les étoiles. A un moment de la représentation, je regarde vers le ciel et je vois se rapprocher de gros nuages gorgés de pluie. Au milieu de la pièce, au moment où mon camarade me donnait la réplique, j'ai parlé aux nuages, dans ma tête. Je leur ai dit : "Vous allez vous effacer." J'étais assis dans un sofa, la tête inclinée en arrière. Il y a eu quelques secondes de panique car des gouttelettes ont commencé à tomber. Mais, tout de suite, les nuages se sont effacés, il n'y a pas eu de pluie, on a joué jusqu'au bout. Je l'ai dit aux spectateurs : "Je sais que dans la salle des gens ont senti que j'exorcisais des nuages gorgés de pluie." La pluie est venue après, à la fin du spectacle !
Seriez-vous un exorciste, Frankétienne ?
Je suis plutôt dans une sorte de méditation liée à l'intensité de la conscience. Je crois que nous sommes tous interconnectés avec l'univers, que nous avons d'immenses possibilités avec l'univers qui n'ont jamais été exploitées parce que nous avons été empoisonnés par une rationalité à outrance qui a tué l'intuition, atrophié l'imaginaire. J'ai conscience que nous sommes tous interconnectés à une énergie multiforme, omniprésente. L'unique objectif de cette totalité, c'est sa propre perpétuation, et cette totalité nous utilise comme canaux, comme relais parce que nous faisons partie de sa constitution. Nos cellules sont plus savantes que nous parce que nous nous sommes fermés. Il y a cette petite musique intérieure, qui nous informe non seulement de notre propre vie mais aussi de la totalité du temps. A ce moment-là, on est dans tous les possibles, dans l'exaltation totale, cet espace de lumière qui nous permet d'être le tout et de ne pas avoir peur de la mort. Et alors, tout est facile...
Né en 1936 dans la région d'Artibonite, Jean-Pierre Basilique d'Antor Frank Etienne d'Argent, de son vrai nom, est le fils d'une jeune paysanne haïtienne analphabète et d'un riche Américain qui ne l'a jamais reconnu - d'où son surnom "le caca sans savon", l'enfant sans père, en créole. En 1968, Frankétienne fonde avec Jean-Claude Fignolé et René Philoctète, le Spiralisme, une théorie sur l'art total, qui trouve un prolongement dans son livre Ultravocal, publié en 1972 mais qui attendra trente ans avant de trouver un éditeur français. Ephémère ministre de la Culture haïtienne, en 1988, Frankétienne a construit une oeuvre immense, qui compte près d'une quarantaine de titres.
L'Express
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=81240&PubDate=2010-07-12
Frankétienne
L'Express: Il paraît qu'après le tremblement de terre vos compatriotes étaient très émus de vous savoir sain et sauf, et qu'ils ont crié : "Le poète est vivant !" C'est vrai ?
FRANKÉTIENNE: Oui. En fait, c'est Dany Laferrière qui a rapporté cette scène. Il est arrivé chez moi avec deux autres amis haïtiens, l'écrivain Lyonel Trouillot et l'artiste Lionel St. Eloi, et ils ont vu les murs de ma maison effondrés, des murs construits il y a plus de trente ans, connus de tout le monde. Ils ont cru qu'un malheur était arrivé à ma famille. Mais les gens du quartier les ont rassurés : "Notre écrivain, il est là, il est vivant ! Notre poète est là !"
Qu'avez-vous ressenti : de l'émotion, de la fierté ?
J'ai été ému, oui. Mais d'autres témoignages, avant cet événement, m'ont tout aussi marqué : il y a des années de cela, alors que je sortais d'une banque de Port-au-Prince, en plein midi, j'ai entendu des voix féminines crier en créole : "Quand est-ce que tu vas nous donner autre chose ?" Je me suis retourné et j'ai vu, dans une camionnette, des paysannes transportant des vivres, des légumes, des poulets qui caquetaient, des chèvres, etc. Par préjugé, j'ai pensé : "Non, ce n'est pas à moi qu'elles s'intéressent." Mais au moment où j'allais m'installer dans ma voiture, elles ont répété leur interpellation, de façon ferme, définitive : "Mais Frankétienne, on s'adresse à vous ! Quand est-ce que vous allez nous donner une autre pièce de théâtre ?" Là, j'ai réellement ressenti une émotion véritable, au premier degré, une vraie reconnaissance.
Est-il vrai aussi que seules les piles de livres sont restées debout dans votre maison de Port-au-Prince après le séisme ?
Effectivement. J'étais avec des journalistes. C'était au crépuscule, c'était lugubre. On a senti que la maison était inclinée de quelques degrés. Le lendemain matin, quand je suis monté, j'ai vu les livres debout. J'ai dit : "Ce n'est pas possible ! Des piles de deux mètres de haut s'effondrent, normalement !"
Il vous est impossible d'écrire en dehors d'Haïti, confiez-vous volontiers, ayant toujours refusé de vivre ailleurs. Avez-vous pu reprendre votre activité d'écrivain depuis le tremblement de terre ?
Là, je suis K.-O. Mais je continue mon activité théâtrale. Je suis accaparé par des représentations prévues toute l'année, dont une longue tournée en Amérique du Nord, à Montréal, à Ottawa, New York, Washington, Atlanta, etc. Et puis en Floride, où il y a à peu près un million d'Haïtiens. Peut-être aussi en Amérique latine, au Brésil...
Dans la préface D'un pur silence inextinguible. Premier mouvement des métamorphoses de l'oiseau schizophone (Vents d'ailleurs), Rodney Saint-Eloi estime que vous êtes "l'écrivain le plus novateur d'Haïti ". Sans flagornerie, on est même tenté de dire que vous êtes l'écrivain le plus novateur du monde, tant vos écrits sont transgressifs... Avez-vous conscience de votre avant-gardisme ?
J'en ai eu conscience très tôt. Parce que j'ai été un grand dévoreur de livres, d'écrits, de signes plus exactement, un avaleur de signes. Je me suis rendu compte qu'il y avait, dans les livres que je lisais, un côté répétitif qui m'agaçait. Non seulement des clichés, des stéréotypes, mais aussi une intertextualité gênante. Je trouvais que les écrivains se recopiaient les uns les autres. Je me suis dit que j'allais m'arranger pour dire les choses autrement, notamment parce que je suis inscrit dans un courant de multilinguisme : Haïti est non seulement sous l'influence du créole et du français, mais aussi de l'espagnol en raison de sa proximité avec la République dominicaine et Cuba, ainsi que de l'anglais, avec les Etats-Unis, non loin. J'ai vite compris qu'il y avait des espaces qui, par moments, se rejoignaient. Bien sûr, il y a d'abord l'espace de la non-littérature, de la chose non littéraire, pour les écrivains tout à fait débiles qui ne produisent absolument rien. Et puis il y a ceux qui se contentent de raconter des histoires bien écrites. Ceux-là arrivent à entrer dans l'espace de la littérature. Mais tous les écrivains ne sont pas dans l'espace de l'écriture, celui où l'on trouve Henri Michaux, Louis-Ferdinand Céline, James Joyce, et les grands poètes tels que Rimbaud, Paul Celan. Moi aussi j'ai voulu être dans l'écriture, même si je savais que ça allait être difficile puisque, à mes débuts, je n'ai pas eu de lecteurs...
Comment l'écriture et la littérature peuvent-elles s'articuler, selon vous ?
Il faut les concilier. Il n'y a pas d'incompatibilité entre ce que j'appelle la dimension anecdotique, la dimension narrative, et l'écriture proprement dite qui utilise les signes et les traits qui construisent, qui déconstruisent. Dans mes livres, en particulier dans Ultravocal, il n'y a pas une histoire unique mais une foule d'anecdotes, une bonne centaine de faits racontés, et de fictions aussi. Il en va de même avec mon premier roman, Mûr à crever, paru en 1968. Mais ce qui est important pour moi, c'est le traitement de la langue, c'est de rester dans le domaine du langage.
Vous avez été élevé en créole, la langue de votre mère, et vous avez appris le français en arrivant à Port-au-Prince, encore tout jeune : comment s'est passée votre découverte, votre conquête du français ?
Je venais d'une région rurale et j'ai été propulsé dans ce quartier populaire et populeux de Bel-Air, à Port-au-Prince. Un quartier totalement créolophone où l'on ne parle pas le français, où je me sentais donc encore chez moi. Mais ma mère a voulu me placer dans une institution dirigée par des jésuites, le petit séminaire collège Saint-Martial, où j'ai découvert, pour la première fois, l'existence d'une autre langue. J'avais cinq ans, et j'ai été étonné de constater qu'on pouvait, du point de vue phonétique, parler et s'exprimer différemment. L'acte fondateur est venu de cette question formulée par la soeur Félicienne : "Comment t'appelles-tu ?" C'est l'acte fondateur de l'écrivain Frankétienne.
Pourquoi ?
Parce que j'ai été traumatisé par cette question dont je ne comprenais pas le sens. J'étais dans une école huppée, où tous les élèves parlaient le français sauf moi. Je n'ai pas compris cette phrase, alors j'ai souri comme un imbécile. C'est un camarade de mon âge qui a traduit, mais en m'insultant : "Petit macaque, d'où sortez-vous, de quel quartier, de quel milieu venez-vous ? On vient de vous demander votre nom !" J'ai pleuré, bien sûr. Arrivé à la maison, je n'ai pas pu l'expliquer à ma mère, qui en aurait été traumatisée : elle m'avait mis dans cette école parce que mon père était un Blanc, donc je devais être dans une école de fils de Blancs. Ce complexe vis-à-vis du français n'était pas légitime. A partir de ce jour-là, j'ai commencé à répéter tous les mots français que je découvrais, d'abord à la manière d'un perroquet. J'écoutais tout, je lisais tout, mais je ne comprenais pas. Je ne comprenais rien à ce qui se disait à la radio, exclusivement en langue française à l'époque. Et puis j'ai décidé d'aller chercher les mots là où ils se trouvent, c'est-à-dire dans le dictionnaire. J'ai ouvert Le Petit Larousse et j'ai appris par coeur toutes les définitions, avec volupté. J'ai découvert la musicalité de cette langue : il y avait des mots tendres, des mots doux, des mots violents, des mots acides, sucrés... C'est pourquoi mon contact avec les mots - qui peut étonner les gens, ceux qui croient que je suis au septième ciel - est un contact physique, concret et sensuel.
En somme, vous étiez animé à la fois par un désir de vengeance, pour laver cette humiliation, et par votre fascination pour cette langue étrangère : votre rapport au français n'est-il pas resté ambivalent ?
Non. A l'adolescence, j'écrivais des poèmes débiles car je n'avais pas encore lu Rimbaud, Lautréamont, Apollinaire, Baudelaire, ces formateurs de conscience et d'expérience culturelle. Après, autour de vingt-cinq, vingt-six ans, j'ai commencé à soigner mes poèmes. J'ai commencé à considérer l'acte d'écrire comme un vrai travail. Un travail de recherche, axé sur les innovations, les modifications, les mutations. Parce que j'avais décidé que je n'écrirais pas des phrases qu'on a déjà lues.
Votre étonnante propension à inventer des mots vient-elle aussi du fait que le français n'est pas votre langue maternelle ? Etes-vous d'accord avec Cioran quand il dit : "Ecrire dans une langue étrangère est une émotion, c'est se libérer de son propre passé" ?
Oui, je suis totalement d'accord. Progressivement, je me suis rendu compte que j'allais adopter cette même attitude, ce même rapport avec ma propre langue, parce que les textes créoles présentent autant de difficultés que le français. Avec L'oiseau schizophone, je me suis rendu compte que je ne pouvais pas me permettre de traiter ma langue maternelle comme si c'était un champ libre où j'aurais la possibilité de pondre des débilités. Non, il faut avoir le respect de sa langue. C'est ça le malheur chez nous : en Martinique, et même en Guadeloupe, le créole est la langue maternelle, tout le monde est écrivain, on l'écrit n'importe comment.
Est-ce qu'il y a un néologisme, parmi tous ceux que vous avez créés, dont vous êtes particulièrement fier ?
Récemment, après le tremblement de terre, un journaliste américain d'origine portoricaine était venu m'interviewer sur la présence du divin dans mon oeuvre, dans ma vie. Il m'a posé une question sur le passage du séisme. Je lui ai répondu : "J'ai eu les yeux tantôt ouverts, tantôt fermés. Je ne voulais pas voir ma maison vaciller. J'étais au dernier niveau, j'entendais des bruits terribles, de toutes les sonorités du monde, tous les métros de Brooklyn..." J'ai dit alors : "C'est une "vloperie" de brouhaha démentiel qui traversait la terre." J'aime bien ce "vloperie"...
A quoi tient exactement cette liberté permanente qui caractérise votre oeuvre ?
Elle vient d'un constat et d'une prise de conscience douloureuse. Même si, avec le temps, je dirais que cette explication peut paraître un peu superficielle, il faut remonter aux années 1960, quand j'ai commencé à écrire, et en particulier à l'année 1972, avec Ultravocal : j'avais la conscience d'être un écrivain sans lecteurs, un général sans armée. J'ai pensé : si je suis seul, dans la solitude, sans aucun regard critique sur mon travail, alors je suis libre, j'en profite.
Quelles sont les limites d'une telle liberté ?
Il n'y a pas de limites. Sauf celles que l'on s'impose à soi-même. On est dans le champ étendu et infini de l'imaginaire, où l'on a la possibilité d'inventer des mots, de jouer avec des mots. Ce qui ne signifie pas l'anarchie, ni que tout est permis. J'ai élaboré un code d'être, un code de travail. Je me considère comme quelqu'un - peut-être même un clown, les clowns m'ont toujours fasciné - en permanence sur le fil du rasoir. A gauche, il y a l'opacité, et là je suis dans le noir, totalement libre, parce que personne ne voit mes gestes, personne n'entend mes cris, c'est la démence totale. Mais de temps en temps, lorsque je retrouve mon équilibre instable sur le tranchant de ce rasoir, je fais un clin d'oeil à l'autre versant, le versant droit, où il y a la lumière, la transparence, les gens qui me regardent, et je leur donne une chance, celle de suivre mon aventure.
Ne craignez-vous pas que cette liberté puisse parfois dérouter vos lecteurs, par trop d'innovations et de jeux avec la langue, par exemple ? Avez-vous conscience que votre oeuvre n'est pas toujours d'un accès facile, qu'elle peut être déstabilisante et demander un véritable effort pour l'appréhender ?
J'en ai conscience mais je la justifie. Parce qu'elle a une dimension pédagogique, didactique, sur le plan idéologique et sur le plan politique. Je vis dans un pays qui n'est pas facile à comprendre. Quand je donne mon livre, quand j'offre cet espace d'écriture à un lectorat, je lui donne la chance de comprendre le réel. Pas seulement le réel haïtien, mais aussi la réalité humaine en général, le grand désordre humain. C'est maintenant qu'on le découvre. On a voulu m'enfermer dans une sorte de case haïtienne, spécifiquement antillaise, spécifiquement du Sud : non ! La planète vit dans un grand désordre. La vie elle-même est un chaos générateur de lumière. J'ai toujours considéré le chaos comme la matrice du futur. Parce que nous ne sommes pas outillés biologiquement, nous n'avons pas d'instruments organiques, intellectuels, qui nous permettent d'appréhender ce chaos. Là où il n'y a pas de chaos, il y a la mort. C'est la mort qui est plate. Et la vie, c'est le chaos.
L'écriture est-elle un remède à la résignation ?
C'est plutôt la contre-résignation. L'écriture, c'est l'affirmation d'abord de soi-même.
Est-ce pour cette raison que vous avez déclaré un jour : "J'écris, donc j'existe" ?
Oui. Quand on produit, on produit d'abord pour soi-même. On recherche à se justifier par rapport à soi-même et pour soi-même. Je l'ai toujours dit : quelqu'un qui ne se découvre pas ne peut pas aider les autres. La force doit être d'abord personnelle. Et je crois que tout écrivain qui se réclame de cette démarche d'affirmation de soi-même est dans la vérité. L'autre est dans une sorte de caricature de l'engagement, dans une posture, du genre : "J'écris pour les autres, j'écris pour la révolution..." Moi je n'écris pas pour la révolution. Si ça arrive, tant mieux.
Vous considérez donc l'écriture avant tout comme connaissance de soi ?
Oui ! L'écriture comme connaissance et affirmation de soi ! J'appelle ça la "magicriture" : tant mieux si à travers cette magicriture les autres se retrouvent. Là, c'est le bonheur. Mais tant pis s'ils ne s'y retrouvent pas !
Vous avez dit aussi : "Rêver, c'est déjà être libre." Est-ce qu'écrire, c'est aussi rêver ?
Ecrire, c'est rêver, c'est se structurer, mais à travers la sève de l'imaginaire. Pour moi, l'écrivain devrait être d'abord un artiste, un créateur.
Que pensez-vous de cette phrase du peintre Paul Klee : "L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible" ? Elle vous va bien, non ?
F. C'est vrai. Je peux même trouver quelque chose d'approximativement similaire dans l'un de mes textes : "La littérature, la création, l'écriture sont un grand mensonge, mais c'est le plus court chemin qui nous permet d'atteindre la vérité."
Vous êtes un artiste, mais on sait moins que vous avez été également professeur, notamment de mathématiques et de physique...
J'ai été un brillant étudiant. En l'absence de certains professeurs titulaires, mes camarades de classe me désignaient à l'unanimité pour assurer le cours. Je faisais ça au lycée. J'ai fait mes études primaires avec les jésuites, et mes études secondaires jusqu'en terminale dans un lycée de Port-au-Prince. La polyvalence, cette pluridisciplinarité est venue sur les bancs de l'école. Je l'ai cultivée parce que j'étais professeur tout jeune. J'ai été diplômé de l'Ecole des Hautes Etudes mais comme j'avais fait la grève contre le régime de Duvalier, et qu'il me fallait vivre, j'ai ouvert cette école. Or, je n'avais pas les moyens de payer des professeurs. Donc j'ai tout fait seul, pendant quatre ans. Après, l'école s'est agrandie, j'ai eu d'autres collaborateurs.
Faites-vous le lien, comme certains, entre les mathématiques et la poésie ?
Oui. On retrouve la même démarche chez Paul Valéry, chez Mallarmé que chez Einstein. Qu'il s'agisse de la recherche scientifique, mathématique, physique, ou de la recherche poétique, l'émotion et l'imaginaire jouent un rôle. Si l'imaginaire est absent, il n'y a pas de découverte, il n'y a plus rien. Les recherches en sciences supposent aussi cette quête que l'on retrouve dans le domaine religieux, mystique et poétique. C'est une quête vers l'insondable, vers l'intangible, qu'on essaie de rendre par des signes et des symboles. Je ne dis pas "par les mots", parce que je me méfie de la sémantique. En dehors de leur sonorité, de leur parfum, de ce qu'ils nous suggèrent, les mots n'arrivent jamais à rendre la totalité du réel. C'est très frustrant. Une seule seconde de vie dans l'existence d'un éboueur, d'un cantonnier, d'un balayeur de rues, est plus dense que toutes les bibliothèques du monde entier.
Vous êtes souvent cité parmi les candidats bien placés pour obtenir le prix Nobel de littérature : aimeriez-vous le recevoir ?
Je ne le refuserais pas, ce serait le couronnement d'un travail immense. Mais, à mon âge, après avoir bouclé beaucoup d'expériences, bu tous les alcools du monde, rencontré beaucoup de femmes, là, je suis dans la sobriété, la sagesse relative - car celle-ci n'est jamais absolue. Ce qui m'intéresse, c'est simplement un certain sentiment de satisfaction, non pas de la vanité parce que je sais que ça passe. Mais c'est pour mon pays que je serais heureux de recevoir ce prix. Je n'ai pas choisi de me présenter. Ma candidature a été appuyée par l'université Bordeaux-III, par celle de Liverpool, par l'Unesco aussi dont la présidente a elle-même envoyé une lettre d'appui, argumentant sur le malheur haïtien, et sur le fait que je suis un créateur issu de la matrice de ce peuple.
Comment arrivez-vous à conjuguer votre modernité à ce matériau haïtien qui vient de loin, à cet héritage considérable de malheurs ?
C'est mon pays, Haïti, qui me l'a permis. Haïti m'a toujours fasciné, depuis tout jeune. C'est un pays que je n'arrive pas à saisir, je n'arrive pas à en saisir tout ce qu'il y a de mystérieux, de bouillonnant, d'effervescent, de tumultueux, à la limite même de l'anarchie dans le quotidien de ce peuple. Il n'y a pas d'absence de matière. J'ai toujours eu peur du vide total, absolu, parce que ce vide-là, c'est la mort. Or Haïti, c'est l'excès, l'exubérance.
Pourquoi écrivez-vous dans votre autobiographie, H'Eros chimères, "je suis un survivant de toutes les catastrophes, un authentique mutant" ?
J'assume les deux. Je suis vivant et survivant. Tous mes parents, tous les amis que j'ai connus à l'âge de quatre ou cinq ans ne sont plus de ce monde. Je suis un survivant de la misère, un survivant aussi du quartier de Bel-Air. Pas mal de mes copains qui y vivaient ont sombré dans la drogue, dans l'alcool, dans la délinquance totale. Je suis aussi un survivant de l'alcool, j'ai commencé à boire et à fumer à l'âge de six ans... Je suis passé tout près de l'abîme. Je suis un survivant des Duvalier, des deux Duvalier, un survivant du cancer, et un survivant du séisme...
Quelles sortes de livres lisez-vous ?
J'ai beaucoup lu dans ma vie, jusqu'à mes 60, 65 ans. J'ai lu tous les livres de Philippe Sollers, par exemple, et je continue. Mais je préfère ce qu'il faisait il y a quarante ans. Aujourd'hui, il est devenu un écrivain mondain, et il est sorti de la contestation. J'ai lu également Les particules élémentaires de Michel Houellebecq, qui m'a plu en partie. Maintenant, je lis de manière plus sélective. Si on me parle d'un très bon ouvrage qui vient de paraître, un ouvrage de philosophie, sur la science, je le lis. Récemment, j'ai lu aussi L'énigme du retour de Dany Laferrière. Reste que je lis de moins en moins. Parce que je vis de ma peinture, pas de mes livres.
Comment pratiquez-vous tous ces arts ? De façon très compartimentée, très organisée ?
Je suis devenu organisé. Ça s'imbrique, naturellement. Il y a eu, pendant longtemps, cette grande matrice où tout s'entremêlait. Maintenant c'est différent. Je peins la journée, l'après-midi, pour la lumière, c'est un fait biologique, ma vision baisse. Et j'écris la nuit.
Avez-vous des manies d'écrivain ?
J'ai besoin d'une totale solitude. Je ne peux pas écrire devant quelqu'un. Même ma femme ne m'a jamais vu écrire. J'ai une petite chambre et une petite table d'écolier, à peine un mètre sur 60 centimètres, et j'ai tout pondu sur cette petite table. Je n'ai jamais touché un clavier d'ordinateur. Je me définis comme "analphanet" ! J'écris tout à la main, sur un cahier, avec un stylo. Après, je profite de la présence des gens qui sont chez moi, des gens parfois analphabètes, qui sont mes premiers juges, qui sont très durs et très justes dans leur jugement. Ils me disent sans détours : "Ça, je n'aime pas !" Et, très souvent, ils ont raison.
Est-ce que le séisme du 12 janvier a modifié votre façon d'écrire, votre écriture même ?
Non. Mon oeuvre est derrière moi, elle n'est pas devant moi. J'ai deux oeuvres à produire pour fermer la boucle, pour fermer cette aventure fabuleuse. Je ne suis pas dans les recherches sémantiques, linguistiques, métaphoriques. J'ai 74 ans, actuellement. Je ne veux pas aller au-delà de 84 ans. Ça viendra tout seul. Il y a une complicité entre l'énergie et moi.
Pourquoi 84 ans ?
Parce que je crois que dix bonnes années me permettront de terminer ma production picturale, littéraire, théâtrale, et d'emmagasiner quelques bons souvenirs. Je n'ai pas besoin d'être dans un fauteuil à 90 ans. Je sens, j'ai la certitude que, pendant les dix années que j'ai choisi de vivre avant de foutre le camp, j'aurai encore l'immense possibilité de pouvoir jouir de la plénitude de mes sens. C'est-à-dire boire du café et devenir moi-même café, boire du chocolat et sentir que je suis moi-même chocolat. Sans entrer dans les détails, nous, les hommes, avons tendance à hypertrophier ce que nous vivons. Concernant, par exemple, la rencontre la plus intime, l'acte sexuel, je sens que je n'ai pas besoin d'aller jusque-là : en rencontrant une femme, parfois même un homme, il m'est possible de vibrer en regardant ses cheveux, ses hanches. Je le vis avec intensité. Le jour où je n'aurai plus ce frisson, cela voudra dire que l'heure est venue pour moi de partir.
Est-ce cette perception immédiate du réel qui vous permet de lier si fortement les mots et le corps ?
D'abord, j'ai grandi dans un milieu vaudou. Je ne suis pas vaudouisant, mais dans mon village natal et au Bel-Air, jusqu'à 28-29 ans, j'ai vécu le fait vaudou, le phénomène vaudou. Le vaudou est la religion qui accorde une place primordiale au corps. Le corps devient le lieu de la pensée totale, de la vie totale. Les gens ne pensent pas qu'avec leurs neurones, ils ne vivent pas qu'avec l'intellect. C'est l'un des reproches que j'adresse à l'enseignement occidental dispensé en Haïti. L'Occident a contribué à la fragmentation de l'être, de la pensée. Je crois au contraire que sortir de la fragmentation de l'être, c'est s'ouvrir à la lumière de la totalité de la vie. Je crois que la politique, ou l'idéologie, bref la démarche du compartimentage, est à l'origine d'une crise de civilisation, responsable de tous les malheurs de la planète. On ne va pas la régler à coups de milliards d'euros. Je crois que la culture est un symbole. Nous sortirons de cette crise mortifère par la culture. La culture prise dans son sens le plus spirituel possible, global. On a diabolisé le corps. Mais le corps c'est plutôt le lieu où l'on retrouve le jaillissement de la lumière pour sortir des ténèbres. L'Occident nous a appris à avoir peur de notre corps. Dans le vaudou, j'ai vu les cris de possession, j'ai vu la transe et j'ai été marqué par cette expérience.
Avez-vous vécu vous-même cet état de transe ?
Non. Ou alors d'une certaine façon, au théâtre. Là, je vous demande de me croire : il y a quelques semaines, j'ai joué ma pièce Melovivi dans un grand parc où il y avait 1 500 personnes, à ciel ouvert. Je suis obsédé par le cosmos, le ciel, les étoiles. A un moment de la représentation, je regarde vers le ciel et je vois se rapprocher de gros nuages gorgés de pluie. Au milieu de la pièce, au moment où mon camarade me donnait la réplique, j'ai parlé aux nuages, dans ma tête. Je leur ai dit : "Vous allez vous effacer." J'étais assis dans un sofa, la tête inclinée en arrière. Il y a eu quelques secondes de panique car des gouttelettes ont commencé à tomber. Mais, tout de suite, les nuages se sont effacés, il n'y a pas eu de pluie, on a joué jusqu'au bout. Je l'ai dit aux spectateurs : "Je sais que dans la salle des gens ont senti que j'exorcisais des nuages gorgés de pluie." La pluie est venue après, à la fin du spectacle !
Seriez-vous un exorciste, Frankétienne ?
Je suis plutôt dans une sorte de méditation liée à l'intensité de la conscience. Je crois que nous sommes tous interconnectés avec l'univers, que nous avons d'immenses possibilités avec l'univers qui n'ont jamais été exploitées parce que nous avons été empoisonnés par une rationalité à outrance qui a tué l'intuition, atrophié l'imaginaire. J'ai conscience que nous sommes tous interconnectés à une énergie multiforme, omniprésente. L'unique objectif de cette totalité, c'est sa propre perpétuation, et cette totalité nous utilise comme canaux, comme relais parce que nous faisons partie de sa constitution. Nos cellules sont plus savantes que nous parce que nous nous sommes fermés. Il y a cette petite musique intérieure, qui nous informe non seulement de notre propre vie mais aussi de la totalité du temps. A ce moment-là, on est dans tous les possibles, dans l'exaltation totale, cet espace de lumière qui nous permet d'être le tout et de ne pas avoir peur de la mort. Et alors, tout est facile...
Né en 1936 dans la région d'Artibonite, Jean-Pierre Basilique d'Antor Frank Etienne d'Argent, de son vrai nom, est le fils d'une jeune paysanne haïtienne analphabète et d'un riche Américain qui ne l'a jamais reconnu - d'où son surnom "le caca sans savon", l'enfant sans père, en créole. En 1968, Frankétienne fonde avec Jean-Claude Fignolé et René Philoctète, le Spiralisme, une théorie sur l'art total, qui trouve un prolongement dans son livre Ultravocal, publié en 1972 mais qui attendra trente ans avant de trouver un éditeur français. Ephémère ministre de la Culture haïtienne, en 1988, Frankétienne a construit une oeuvre immense, qui compte près d'une quarantaine de titres.
L'Express
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=81240&PubDate=2010-07-12
Haïti n'est pas une chorale
Mis à jour le 13 août 2010
Raymond Giroux, Le Soleil
(Québec) Trente-quatre personnes font acte de candidature pour le premier tour de la présidentielle du
28 novembre, à Haïti. Cinquante-huit partis politiques contestent les législatives du même jour, sans compter ceux qui ont décidé de les boycotter.
Vu de l'extérieur, tout cela ressemble pas mal à une mascarade dont ce pays mal-en-point aurait pu se passer. Haïti n'a pas de gouvernement réel depuis le tremblement de terre de janvier dernier, n'a pas les capacités de s'en choisir un, et ce dernier ne pourra pas plus fonctionner après qu'avant les élections.
Le pays et la communauté internationale connaissent bien le degré de désorganisation de l'ancienne «perle des Antilles», d'où un calendrier électoral surréaliste qui prévoit le dévoilement du vainqueur de ce tour seulement le 20 décembre.
Passons sur les législatives, pour lesquelles le désordre ultime règne déjà. Port-au-Prince peine à abriter les survivants du désastre, la capitale se retrouve privée d'infrastructures humaines et physiques, et il faudrait s'attendre à des élections honnêtes et vraiment démocratiques?
Le président sortant, René Préval, inéligible pour un second mandat, a perdu le con trôle de son propre parti et son dauphin souhaité, Jacques-Édouard Alexis, a dû se faire parrainer en dernière minute par une autre formation, ce qui promet pour la suite des choses.
La candidature du rappeur américain Wyclef Jean a l'avantage inouï de permettre de crever l'abcès en démontrant la nécessité de retarder l'élection d'un an.
Élevé en anglais aux États-Unis depuis l'âge de neuf ans, il ne répond même pas aux critères d'éligibilité pour que sa candidature soit valide. Nous en aurons confirmation mardi, jour de publication de la liste finale des candidats agréés.
Mais il a au moins réussi à éveiller le cercle des pays dits «amis d'Haïti» à la catastrophe politique qui menace le pays.
Baragouinant la langue commune, le créole, ignorant à peu près tout du français, langue de l'éducation et de l'administration, le chanteur s'est présenté dans la capitale comme si c'était une simple étape de sa tournée musicale.
Il a corrigé son âge de 37 à 40 ans, et doit se débattre avec ses dossiers fiscaux et la gestion contestée de sa fondation caritative.
Que les foules l'accueillent sur la musique de campagne du tristement célèbre Jean-Bertrand Aristide, deux fois président et maintenant en exil en Afrique du Sud, et voilà que M. Jean n'y trouve rien à redire. Un pur hasard, en quelque sorte.
Mais ce hasard révèle la détresse du peuple haïtien, qui a depuis longtemps perdu confiance en ses élites et se lance corps et biens dans n'importe quel mouvement spontané, souvent inspiré d'une certaine religiosité compensatoire.
Le chanteur amorce sa campagne avec l'avantage de la notoriété. Mais Haïti n'est pas une chorale, et imaginerait-on par exemple Céline Dion annoncer sa candidature comme première ministre du Québec?
De ses premiers propos, on aura facilement compris que l'artiste se présente comme la voix de Washington à Port-au-Prince. Son premier discours évoquait les projets de Bill Clinton, le véritable meneur de jeu à Haïti malgré les retards de l'aide, et invoquait le modèle Barack Obama. Je veux bien, mais encore faudrait-il qu'il sache ce dont il parle.
Pour gérer la reconstruction du pays et simplement le ramener à son niveau d'avant le tremblement de terre, aucune trace de crédibilité dans cette candidature. Pour progresser à partir de ce strict minimum, Haïti demeure loin du compte, avec ou sans Wyclef.
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/opinions/editoriaux/201008/10/01-4305464-haiti-nest-pas-une-chorale.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4306394_article_POS1
Commentaires:
Ce serait et c'est injuste de choisir la candidature d'un candidat en particulier pour caricaturiser le bordel que représente les prochaines élections présidentielles d'Haïti. La présence de personnalités particulières n'est qu'un épiphénomène qui ne sert qu'à dévier le vrai débat que devrait susciter la tenue de ces joutes.
Ni Wyclef, ni Sweet Micky mérite d'aller vers la guillotine à cause de leurs velléités de se faire élire président de la République d'Haïti. Le pire de tout ça - et ce qui semble déranger les politologues - c'est qu'ils ont de vraies chances de l'emporter si leurs candidatures sont acceptées par le CEP.
Dans ce cas faut il les incriminer directement ou rendre responsable un système importer et introduit en Haïti, un garant d'une démocratie prêt-à-porter qui ne correspond pas à notre mentalité ?
Moi aussi j'ai été pratiquement sidéré quand quelques jours après le désastre du 12 janvier, la classe politique haïtienne dans son ensemble - la classe traditionnelle- au lieu de penser à la reconstruction et à la prise en charge des sinistrés, s'est lancée dans une lutte sans merci pour accaparer ou garder le pouvoir. Ceci juste dans le but d'être le plus près possible du brassage des milliards annoncés par la communauté internationale.
Qui pis est, la Communauté internationale a accepté et approuver l'idée de la réalisation d'élections sur les ruines et les décombres de ce qui restait d'Haïti.
Aujourd'hui, les vrais metteurs en scène de cette énorme mascarade qui est entrain de se monter en Haïti ne sont pas ni exclusivement ni principalement les haïtiens, mais surtout la communauté internationale qui jusqu'à présent n'a pas encore trouvé la bonne formule pour vaincre les vieux démons d'Haïti.
C'est à se demander carrément si on n'est pas observé juste pour assouvir les désirs morbides de cette communauté transformée en vrais voyeuristes pervers!
Raymond Giroux, Le Soleil
(Québec) Trente-quatre personnes font acte de candidature pour le premier tour de la présidentielle du
28 novembre, à Haïti. Cinquante-huit partis politiques contestent les législatives du même jour, sans compter ceux qui ont décidé de les boycotter.
Vu de l'extérieur, tout cela ressemble pas mal à une mascarade dont ce pays mal-en-point aurait pu se passer. Haïti n'a pas de gouvernement réel depuis le tremblement de terre de janvier dernier, n'a pas les capacités de s'en choisir un, et ce dernier ne pourra pas plus fonctionner après qu'avant les élections.
Le pays et la communauté internationale connaissent bien le degré de désorganisation de l'ancienne «perle des Antilles», d'où un calendrier électoral surréaliste qui prévoit le dévoilement du vainqueur de ce tour seulement le 20 décembre.
Passons sur les législatives, pour lesquelles le désordre ultime règne déjà. Port-au-Prince peine à abriter les survivants du désastre, la capitale se retrouve privée d'infrastructures humaines et physiques, et il faudrait s'attendre à des élections honnêtes et vraiment démocratiques?
Le président sortant, René Préval, inéligible pour un second mandat, a perdu le con trôle de son propre parti et son dauphin souhaité, Jacques-Édouard Alexis, a dû se faire parrainer en dernière minute par une autre formation, ce qui promet pour la suite des choses.
La candidature du rappeur américain Wyclef Jean a l'avantage inouï de permettre de crever l'abcès en démontrant la nécessité de retarder l'élection d'un an.
Élevé en anglais aux États-Unis depuis l'âge de neuf ans, il ne répond même pas aux critères d'éligibilité pour que sa candidature soit valide. Nous en aurons confirmation mardi, jour de publication de la liste finale des candidats agréés.
Mais il a au moins réussi à éveiller le cercle des pays dits «amis d'Haïti» à la catastrophe politique qui menace le pays.
Baragouinant la langue commune, le créole, ignorant à peu près tout du français, langue de l'éducation et de l'administration, le chanteur s'est présenté dans la capitale comme si c'était une simple étape de sa tournée musicale.
Il a corrigé son âge de 37 à 40 ans, et doit se débattre avec ses dossiers fiscaux et la gestion contestée de sa fondation caritative.
Que les foules l'accueillent sur la musique de campagne du tristement célèbre Jean-Bertrand Aristide, deux fois président et maintenant en exil en Afrique du Sud, et voilà que M. Jean n'y trouve rien à redire. Un pur hasard, en quelque sorte.
Mais ce hasard révèle la détresse du peuple haïtien, qui a depuis longtemps perdu confiance en ses élites et se lance corps et biens dans n'importe quel mouvement spontané, souvent inspiré d'une certaine religiosité compensatoire.
Le chanteur amorce sa campagne avec l'avantage de la notoriété. Mais Haïti n'est pas une chorale, et imaginerait-on par exemple Céline Dion annoncer sa candidature comme première ministre du Québec?
De ses premiers propos, on aura facilement compris que l'artiste se présente comme la voix de Washington à Port-au-Prince. Son premier discours évoquait les projets de Bill Clinton, le véritable meneur de jeu à Haïti malgré les retards de l'aide, et invoquait le modèle Barack Obama. Je veux bien, mais encore faudrait-il qu'il sache ce dont il parle.
Pour gérer la reconstruction du pays et simplement le ramener à son niveau d'avant le tremblement de terre, aucune trace de crédibilité dans cette candidature. Pour progresser à partir de ce strict minimum, Haïti demeure loin du compte, avec ou sans Wyclef.
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/opinions/editoriaux/201008/10/01-4305464-haiti-nest-pas-une-chorale.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4306394_article_POS1
Commentaires:
Ce serait et c'est injuste de choisir la candidature d'un candidat en particulier pour caricaturiser le bordel que représente les prochaines élections présidentielles d'Haïti. La présence de personnalités particulières n'est qu'un épiphénomène qui ne sert qu'à dévier le vrai débat que devrait susciter la tenue de ces joutes.
Ni Wyclef, ni Sweet Micky mérite d'aller vers la guillotine à cause de leurs velléités de se faire élire président de la République d'Haïti. Le pire de tout ça - et ce qui semble déranger les politologues - c'est qu'ils ont de vraies chances de l'emporter si leurs candidatures sont acceptées par le CEP.
Dans ce cas faut il les incriminer directement ou rendre responsable un système importer et introduit en Haïti, un garant d'une démocratie prêt-à-porter qui ne correspond pas à notre mentalité ?
Moi aussi j'ai été pratiquement sidéré quand quelques jours après le désastre du 12 janvier, la classe politique haïtienne dans son ensemble - la classe traditionnelle- au lieu de penser à la reconstruction et à la prise en charge des sinistrés, s'est lancée dans une lutte sans merci pour accaparer ou garder le pouvoir. Ceci juste dans le but d'être le plus près possible du brassage des milliards annoncés par la communauté internationale.
Qui pis est, la Communauté internationale a accepté et approuver l'idée de la réalisation d'élections sur les ruines et les décombres de ce qui restait d'Haïti.
Aujourd'hui, les vrais metteurs en scène de cette énorme mascarade qui est entrain de se monter en Haïti ne sont pas ni exclusivement ni principalement les haïtiens, mais surtout la communauté internationale qui jusqu'à présent n'a pas encore trouvé la bonne formule pour vaincre les vieux démons d'Haïti.
C'est à se demander carrément si on n'est pas observé juste pour assouvir les désirs morbides de cette communauté transformée en vrais voyeuristes pervers!
Michel Martelly veut changer les choses et les mentalités en Haïti
Michel Martelly, candidat à la Présidence. |
MONTRÉAL - C'est en promettant de changer les choses en profondeur et de changer aussi les mentalités que le candidat aux présidentielles haïtiennes Michel Martelly s'est présenté à la presse montréalaise, vendredi. Michel Martelly, un chanteur et un musicien, tout comme son principal adversaire Wyclef Jean, vit présentement en Haïti. Il dit mieux connaître le peuple haïtien que Wyclef Jean et bénéficier déjà de la confiance du peuple haïtien.
Il était d'ailleurs accompagné de Pras Michel, un ancien collaborateur et ami de Wyclef Jean, au sein du groupe The Fugees, qui a choisi de l'appuyer plutôt que Wyclef Jean.
Et si Michel Martelly s'est montré diplomate envers son adversaire Wyclef Jean, quand on lui a demandé d'en parler, Pras Michel, lui, a eu des mots critiques à son endroit.
«Wyclef a fait beaucoup pour Haïti. Il a attiré l'attention internationale sur Haïti et je l'applaudis pour ça. Il a été un militant pour Haïti et je le félicite pour ça. Mais je désapprouve sa candidature. J'appuie Michel Martelly plutôt que Wyclef Jean, parce que l'état dans lequel se trouve présentement Haïti, surtout depuis le tremblement de terre, nécessite un changement radical. Haïti n'est pas dans un état où il peut pas avoir un leader qui vient pour faire de la politique comme avant. Il faut un candidat qui appelle la transformation d'Haïti; il faut quelqu'un qui vient et qui rassemble tous les Haïtiens», a plaidé Pras Michel, qui vit aux États-Unis.
«Si, pour une raison ou pour une autre, Wyclef Jean souhaite continuer et devient le prochain président, on restera à ses côtés pour l'aider à rebâtir Haïti, parce que c'est ce dont on a besoin. Mais si Wyclef Jean veut se promener et agir comme s'il était le Messie, il va continuer à perpétuer la destruction d'Haïti», a opiné Pras Michel.
Le candidat Martelly, lui, s'est décrit comme plus apte à rassembler, à comprendre le peuple haïtien, auprès duquel il oeuvre sur le terrain depuis des années. «J'ai toujours vécu avec mon peuple main dans la main. On a fait le tour du pays. On a souffert avec eux, chanté avec eux, dansé avec eux, partagé avec eux. On a compris, entendu leurs cris.» Il vit d'ailleurs en Haïti et oeuvre à la Fondation rose et blanc, qui est engagée dans des causes sociales en Haïti.
Son programme est ambitieux. D'abord, il veut faire table rase du passé. «En Haïti, la corruption est légale. On vit de corruption. On est corrompu du plus haut niveau au plus bas niveau. Il faut changer tout ça et responsabiliser l'État», a-t-il dit.
Ensuite, il veut investir dans ce qu'il appelle le social, c'est-à-dire les écoles et les hôpitaux.
M. Martelly se dit prêt à prendre des décisions impopulaires pour rebâtir Haïti, notamment instaurer un système d'impôt. «Quand vous allez dire à quelqu'un qui n'a jamais payé d'impôt qu'il devra désormais en payer un peu, c'est une guerre qui commence. Ça ne va pas être facile. Mais quand les retombées seront positives et que les gens vont comprendre que c'est grâce à leurs impôts que l'État arrive à implanter des hôpitaux dans les communes, des écoles, et supporte les agriculteurs, ces décisions qui auront été impopulaires, au début, seront beaucoup mieux comprises et mieux interprétées dans un second temps.»
Aussi, il veut reconstruire Haïti avec les Haïtiens et les amis d'Haïti. Et cela passe aussi par le développement de l'agriculture et la restauration de la sécurité dans le pays.
«Il y a cette misère atroce qui nous crève les yeux tous les jours. Il y a cet échec des gouvernements précédents, l'absence de structures, l'absence de valeurs morales, l'inefficacité d'un système éducatif, l'accès à la santé inexistant, le développement agricole inexistant, la promotion même de notre culture inexistante», a-t-il déploré.
Il réitère son message voulant que pour instaurer de tels changements, il faudra changer les structures en Haïti. «Méfiez-vous. Il y a des milliards de dollars qu'on s'apprête à donner en Haïti. Si vous ne vous assurez pas que la structure même de l'État change en Haïti, je vous le garantis, ces milliards ne serviront à rien. Préparez-vous à en donner d'autres. C'est pourquoi j'insiste sur le fait qu'il faille changer la mentalité, la structure, la façon de faire», a conclu M. Martelly.
Les élections haïtiennes doivent avoir lieu le 28 novembre.
http://nouvelles.sympatico.ca/monde/contentposting_src_monde/michel_martelly_veut_changer_les_choses_et_les_mentalites_en_haiti/860c274d
Inscription à :
Articles (Atom)