Google

vendredi 29 novembre 2019

Après 14 millions USD dépensés, la grande majorité des lampadaires solaires ne s’allument plus

Deux ans après le tremblement de terre, près de 14 millions de dollars américains ont été dépensés pour installer des lampadaires dans le pays. Aujourd’hui, la majeure partie de ces dispositifs ne fonctionne plus. Des maires dénoncent un gaspillage des maigres ressources de l’Etat
Lancé en 2012 à Port-au-Prince, le projet « Banm limyè, banm lavi » fut l’un des programmes phares de l’administration Martelly/Lamothe.

Ce projet de plusieurs millions de dollars américains, provenant notamment des Fonds Petrocaribe, visait l’éclairage des routes haïtiennes à travers l’installation de lampes solaires dans tout le pays. Il est difficile de trouver des informations sur la quantité de lampadaires installés. Cependant, le rapport de la Cour supérieure des Comptes et du Contentieux administratif (CSCCA) portant sur la gestion des Fonds PetroCaribe et soumis au Sénat de la République le 31 janvier 2019, parle d’une somme de 13 millions 780 000 dollars américains décaissés pour l’initiative.
Des dispositifs défectueux Aujourd’hui, les lampadaires chapeautés par des panneaux solaires sont dressés sur les principaux axes de Port-au-Prince, mais ne produisent pas de lumière.
À Carrefour par exemple, les 118 lampadaires installés sur la Route des Rails qui s’étend de Mariani à Bizoton ne fonctionnent pas. Pourtant, à part quatre poteaux qui ont été renversés par des véhicules, la majeure partie des dispositifs portent encore deux panneaux solaires, deux ampoules et des batteries.
Sur la route de Bourdon et à Canapé-vert, le constat n’est pas différent : les lampadaires se tiennent debout, mais ne produisent pas la lumière « si nécessaire pour combattre l’insécurité », comme l’a mentionné l’ancien ministre de la sécurité énergétique René Jean Jumeau, lors de la présentation du bilan du projet « Banm limyè, banm lavi », en août 2013.
À Delmas aussi, les lampadaires ne projettent que du « black-out ». Un projet truffé d’irrégularités
Comme gestionnaire du projet, « le Bureau de Monétisation des Programmes d’Aide au Développement (BMPAD) a eu recours à deux résolutions : 11 280 000 dollars américains, le 28 février 2012 et 2 500 000 dollars américains, le 11 décembre 2013 », peut-on lire dans le rapport de la CSCCA.
Dans ce document, l’institution a mis en lumière les irrégularités du projet. Les lampadaires de « Banm limyè, banm lavi » devaient être installés dans les 10 départements du pays. Au lieu de signer dix contrats, le BMPAD a choisi de passer vingt contrats à des firmes.
Sur ces vingt accords, seulement six ont respecté l’article 5.1 de la loi sur la passation de marchés publics. Les quatorze autres contrats ont été passés de gré à gré entre le BMPAD et douze firmes pour un montant total de 133 946 580,50 gourdes.

Qui est responsable ?
Le 13 août 2013, le ministre délégué chargé de la sécurité énergétique René Jean Jumeau parlait, lors d’une conférence de presse à la primature, de l’installation de 8 000 lampadaires solaires à travers le pays à raison de 25 lampadaires dans les villes communales et de 8 dans chaque section communale. Il s’agit du volet « Limyè pèp » qui émane du projet « Banm limyè banm lavi ».
Y avait-il un plan pour l’entretien ? Joint au téléphone sept ans plus tard, René Jean Jumeau, répond par la négative. Selon une feuille de route qu’il avait élaborée, la gestion des lampadaires allait être confiée aux différentes mairies qui à leur tour recevraient une aide de l’État central afin d’assurer la maintenance des lampes, en collaboration avec les firmes privées qui les ont installées.
René Jean Jumeau révèle que Laurent Salvador Lamothe, Premier ministre à l’époque, avait rejeté son plan. Et depuis, aucune décision n’a été prise sur la question.
M. Lamothe a été contacté. Son secrétaire a promis de rappeler Ayibopost. Cet article sera mis à jour s’il réagit.

L’effet dévastateur de la politique
L’autre faux pas dans l’installation des lampadaires solaires a rapport avec la politique.
Selon René Jean Jumeau, il était convenu de passer par les mairies pour placer les dispositifs dans les communes. Cependant, des députés et des sénateurs se sont accaparés des lampadaires dans l’objectif d’en tirer un avantage politique dans leurs circonscriptions électorales.
Aujourd’hui, certaines de ces lampes sont vandalisées par des individus en signe de désapprobation de la politique menée par ces parlementaires.

Qu’en disent les mairies ?
Selon le maire de Carrefour, Jude Édouard Pierre, l’installation de pareilles infrastructures dans une commune sans impliquer la mairie traduit la volonté récurrente de ceux ayant accédé au pouvoir central d’exclure les municipalités.
Parlant d’un « véritable gaspillage des ressources financières de l’État » dans ce projet, Jude Édouard Pierre, également président de la Fédération nationale des maires, dézingue « l’euphorie » et le manque de vision d’un gouvernement qui a pensé à installer 118 lampadaires sur la Route des Rails sans aucun plan pour les maintenir en vie. « Cela prouve que ceux qui ont initié ce projet n’ont pas cru à la décentralisation » fustige le maire. D’un autre côté, Jude Édouard Pierre confie que l’Autorité nationale de Régulation du secteur énergétique (ANARSE) en partenariat avec l’EDH a déjà effectué une évaluation des lampadaires de la Route des Rails dans le but de les réparer. Cependant, les autorités sont encore à la recherche du financement nécessaire pour mener le projet.
À Pétion-Ville, la mairie a pris la décision de réparer les lampadaires solaires. Le maire de la municipalité, Dominique Saint-Roc, dit avoir déjà contacté une firme qui doit évaluer la situation à l’heure où l’insécurité bat son plein dans les rues les plus obscures de la localité. Le projet sera financé par la mairie.
Par ailleurs, selon le directeur général de l’Électricité d’Haïti (EdH), Nicolas Hervé Pierre Louis, les mairies de la région métropolitaine ont une dette de 2,1 milliards de gourdes envers l’institution alors que celles des villes de province affichent 1,9 milliard de gourdes. Ces montants concernent uniquement l’éclairage public.

Source: https://ayibopost.com/apres-14-millions-usd-depenses-la-grande-majorite-des-lampadaires-solaires-ne-sallument-plus/
Auteur : Samuel Celine

D’où vient la crise que traverse Haïti. De très loin répondent les historiens.

D’où vient la crise que traverse Haïti. De très loin répondent les historiens.
La crise que le pays connaît en ce moment est structurelle. Il faut prendre des mesures structurelles pour la contrecarrer expliquent des historiens.
En seulement trois semaines de protestations populaires, beaucoup de choses se sont produites en Haïti. Les activités sont pratiquement paralysées, le président a parlé et des nominations s’en sont suivies. Mais le calme tarde à revenir.
Face à la conjoncture, un ensemble de démarches ont été entreprises par différents secteurs de la nation. Plusieurs professeurs d’université, écrivains, artistes engagés ou non, sont sortis de leur mutisme. Des foules de plus en plus denses se joignent aux fréquentes manifestations.
L’Exécutif est incapable, les parlementaires sont véreux, le pouvoir judiciaire ne peut pas mener le procès Petro Caribe… Tels sont entre autres, les reproches adressés au régime PHTK.
La plupart des protestataires optent pour un chambardement du système, comme c’est le cas pour les signataires d’une pétition signée par des universitaires. Alors que d’autres acteurs ne réclament que la tête du chef de l’État.
Entretemps, la situation demeure chaotique. Ces derniers jours, beaucoup de meurtres ont été perpétrés et le bilan des pertes matérielles est lourd. Jovenel Moïse continue à inviter au dialogue les forces vives de la nation qui se sont levées contre lui.
La crise à laquelle le pays fait face de nos jours n’est pas spontanée. Elle résulte de décisions (forcées ou pas) que les chefs d’États haïtiens ont prises antérieurement
Selon certains historiens, la crise à laquelle le pays fait face de nos jours n’est pas spontanée. Elle résulte de décisions (forcées ou pas) que les chefs d’États haïtiens ont prises antérieurement.
Un État qui a subi
Dans un ouvrage publié en 2010, Haïti : entre colonisation, dette et domination. Deux siècles de luttes pour la liberté, Sophie Perchellet a dressé un panorama des périodes difficiles de l’histoire d’Haïti.
En effet, deux ans après son Indépendance, le chef du nouvel État a été assassiné. Tout compte fait, Jean Jacques Dessalines n’a pas eu le temps de mettre tout son plan en exergue.
L’autre événement majeur qui a marqué l’histoire du pays toujours selon l’auteure est la dette de l’indépendance payée à la France.
L’ordonnance royale de 1825 exigeait la somme de 150 millions de francs-or pour dédommager les anciens colons. Cette somme représentait quatre fois le budget de la France à l’époque si l’on croit Sophie Perchellet.
Cette indemnité a pesé lourd sur l’économie de la jeune nation qui a dû s’endetter auprès d’institutions bancaires françaises pour payer son ancienne métropole.
Le fardeau de l’occupation
L’occupation américaine est un autre événement ayant conduit le pays à des conséquences économiques désastreuses. Le 16 septembre 1915, les États-Unis ont signé une convention avec Haïti qui les autorise à s’emparer des douanes. Ils ont ensuite changé la Constitution pour permettre aux étrangers de posséder des propriétés dans le pays.
Perchellet écrit que les Américains ont contrôlé les finances du pays même après les 19 ans de l’occupation.
Plus tard, le pays connaîtra des instabilités politiques qui déboucheront sur le régime dictatorial des Duvalier qui a quasiment duré trente ans. En plus de mettre toutes les ressources du pays à son profit, François Duvalier a fait des alliances fallacieuses avec la mafia nord-américaine.
Une administration de prévarication
Ce régime répressif a délaissé les paysans qui jusque-là ont constitué un facteur important de l’économie nationale.
Laënnec Hurbon dans Comprendre Haïti relate que des fonds internationaux destinés à l’agriculture ont été détournés par la famille présidentielle dans les années 1980.
L’un des coups forts du duvaliérisme à la classe paysanne a été l’éradication des porcs créoles par l’entremise des États-Unis et des institutions financières internationales.
L’un des coups forts du duvaliérisme à la classe paysanne a été l’éradication des porcs créoles par l’entremise des États-Unis et des institutions financières internationales. Une décision qui a cassé les bras des paysans.
De 1957 à 1986, la dette extérieure du pays a été multipliée par 17,5. Alors que la fortune de la famille Duvalier représentait 900 millions de dollars.
Après Duvalier la situation ne change pas
Sophie Perchellet parle dans son livre du programme d’ajustement structurel que le pays avait adopté pour une sortie de crise.
René Préval a privatisé une bonne partie des institutions publiques. C’est ainsi que la compagnie de télécommunications TELECO est devenue NATCOM après avoir financé à maintes reprises des gouvernements et des instances privées.
Par cette même politique, le pays a libéralisé ses finances et son commerce. Les droits de douane ont chuté. De ce fait, les produits étrangers ont envahi le pays au détriment des producteurs nationaux.
Affaiblissement de la classe paysanne
L’historien Pierre Buteau parle de la faiblesse de la classe paysanne. « Les paysans ne pouvant pas travailler la terre viennent grossir les masses populaires urbaines. En 1986, il y avait quelque 800 000 habitants à Port-au-Prince. Cette population s’élève de nos jours à 3 000 000. »
Selon le professeur, l’État devient faible, car il y a une inadéquation entre la quantité de bouches à nourrir et la quantité de ressources disponibles. « Nous avons un problème de structure de l’État, enchaîne-t-il. L’État est faible. L’État ne fonctionne que pour lui-même. La fonction d’assurer l’unité et la cohésion du corps social n’est pas remplie. »
Quant à Michel Acacia, un autre historien, il pense que l’État est illégitime. « En 1804, c’est la capacité et la disponibilité de l’État à encadrer l’engagement des citoyens à défendre l’intégrité du territoire qui assurait sa légitimité. En 1825, l’option du président Boyer de monnayer l’intégrité du territoire avait mis à mal la légitimité de son gouvernement. »
Il poursuit : « Quoiqu’il en soit de l’origine de l’illégitimité de l’État, une chose est certaine : le gouvernement issu des luttes qui sont menées aujourd’hui contre la corruption et la dilapidation des fonds publics ne jouira de légitimité que s’il entretient la perception de s’attaquer ou de vouloir s’attaquer aux structures qui marginalisent le plus grand nombre. »
« Jean Bertrand Aristide, Michel Joseph Martelly et Jovenel Moïse n’étaient pas préparés à accéder au pouvoir. » Pierre Buteau
Pierre Buteau affirme que les gouvernements qui ont succédé au régime des Duvalier n’ont pas compris l’étendue de la crise. Et l’international qui selon le professeur avait son propre agenda n’a pas aidé en ce sens. « Jean Bertrand Aristide, Michel Joseph Martelly et Jovenel Moïse n’étaient pas préparés à accéder au pouvoir. Le parti Lavalas a causé d’énormes dégâts dans les institutions et le PHTK ne s’en sort pas mieux », lance le professeur.
Selon la lecture des deux historiens, la crise que le pays connait aujourd’hui est la conséquence de la paupérisation des masses populaires, de la faiblesse et de l’illégitimité de l’État.
Que faire ?
Pour une sortie de crise, Michel Acacia pense qu’il faut attaquer la base de la crise. « Il faut d’abord se faire à l’idée que la crise est structurelle, qu’elle porte sur les rapports qui lient et délient les différentes strates sociales.  Sur ce fonds structurel se greffe une crise de légitimité. Il n’y a pas que le gouvernement qui est illégitime ; l’État est illégitime. Chacun sait que l’État n’est pas ce qu’il devrait être. »
Pierre Buteau pour sa part pense qu’il convient de solidifier les secteurs les plus fragiles du corps social. Il entend par là les couches populaires particulièrement les paysans. « Cela doit se faire en priorisant l’agriculture. Il faut se mettre au travail. »
Par ailleurs, le professeur Buteau soutient qu’il faut un recadrage du système politique. « N’importe qui ne peut pas être président », lance-t-il avant d’ajouter que l’Haïtien doit reprendre sa manière modeste de vivre.
Selon le professeur, L’Haïtien vivait modestement autrefois. « De nos jours, des gros commis de l’État aux citoyens lambda, tout le monde vit au-dessus de ses moyens. »
L’historien regrette qu’il y ait autant de parlementaires pour un pays aussi pauvre. Il critique aussi le fait que la famille de la plupart de ces derniers vit dans le luxe à l’étranger aux frais de la République.
Somme toute, Michel Acacia avoue que : « la question à l’ordre du jour est celle d’un changement de « système », c’est à dire des structures sociales. Il reviendra aux organisations de défense des droits humains et de groupes de pression comme le Rasanbleman pou Diyite Ayiti (RADI) de maintenir une vigilance soutenue pour que le pays ne revienne pas au même ou ne sombre dans le pire. »
Source : https://ayibopost.com/dou-vient-la-crise-que-traverse-haiti-de-tres-loin-repondent-les-historiens/?fbclid=IwAR0DKU-UjlzxHUTxazcNMtR1yLrOfMaipMUpaW4Ddn5-G3RPs5ISJfqlG3g
Auteur : Laura Louis

mercredi 27 novembre 2019

Commentaires: ATTENTION DANGER SUR HAITI!
Le titre est sans doute alarmiste mais le spectre du mauvais remède plane sur Haïti.
Il est tant que des voix se lèvent pour réclamer la culture du résultat.
Après 15 ans de mission inefficace de l'ONU, l'organisme régional maintient des missions avec des noms différents sans que personne n'ose questionner leurs résultats!
Haïti s'apprête à commémorer le dixième anniversaire du tremblement de terre qui a provoqué une des catastrophes humanitaires les plus terribles de l'histoire du monde.
Peu de temps après la gestion humanitaire de la catastrophe a été critiquée et l'e cas d'Haïti a été pris comme exemple d'échec. Que restent-ils des efforts humanitaires déployés après le séisme?
Rien si on retient pas les scandales qui ont été vite étouffés par ci et par là.
Après un silence complice sur la situation d'Haïti, la couverture humanitaire semble s'étaler petit à petit et bientôt les vraies revendications des haïtiens seront noyés dans des petit s sachets de riz et d'huile, sous une vague de "manger sinistré".
La catastrophe de 2019 a été provoqué par l'incompétence, la médiocrité, la mauvaise gouvernance et surtout la CORRUPTION et L'IMPUNITE….
Les solutions doivent absolument contempler le traitement de ces problème endémiques!
Bonne lecture!

Haïti : l’écran humanitaire
Par Frédéric Thomas, docteur en Sciences politiques, chargé d'étude au CETRI-Centre tricontinental
L'humanitaire est une nouvelle fois «la réponse» de l'international à la crise haïtienne. Une stratégie de pourrissement qui témoigne avant tout de la complicité avec le régime en place et contourne l'exaspération sociale des habitants.
Haïti : l’écran humanitaire
Tribune. «Crise humanitaire». La formule, insistante, revient avec force ces derniers temps pour dire la situation en Haïti. Plus d’un Haïtien sur trois est en insécurité alimentaire, 2 millions d’enfants ne sont pas scolarisés depuis la rentrée, les médicaments manquent et les hôpitaux sont fermés. Les faits et les chiffres s’égrènent, l’urgence s’impose. La «communauté» internationale s’agite et tire la sonnette d’alarme. Les Etats-Unis ont envoyé, début novembre, un navire-hôpital de la marine, tandis que la France vient de voter le doublement de l’aide alimentaire.
L’humanitaire est la réponse de l’international à la crise haïtienne. Une crise dont il est en partie responsable et qu’il continue d’alimenter, en appelant encore et toujours à un «dialogue sans condition» avec le président Jovenel Moïse, mis en cause dans le dossier de corruption Petrocaribe. Depuis juillet 2018, dans un contexte de dégradation des droits et des conditions de vie, le peuple haïtien s’est soulevé. Les manifestations et barricades se succèdent, au point de bloquer régulièrement le pays, pour exiger la démission du Président et ouvrir la voie à une transition.
Pour les Haïtiens, aucun doute : sans le soutien des institutions internationales et des pays occidentaux – dont, au premier chef, les Etats-Unis –, leur président, décrédibilisé, en butte à un rejet massif de la population, serait déjà tombé. L’aide humanitaire et le dialogue, imposés par l’international, témoignent avant tout de la complicité avec le régime en place. Ils correspondent à sa stratégie de pourrissement, contournent l’exaspération sociale, et tendent à assurer le statu quo.
L’écran humanitaire
Sous le regard humanitaire, les choses vont enfin reprendre leur place, et l’ordre – fût-il illusoire – revenir. Les Haïtiens – les femmes et les enfants d’abord –, seront les victimes, passives et impuissantes, de la corruption endémique des pays du Sud, sinon de la fatalité. Nous, en venant une nouvelle fois en aide envers ces malheureux, nous reprendrons notre tâche héroïque et habituelle de sauver des vies. Le rapport du sauveur «blanc» et de la victime «noire» viendra confirmer l’évidence de cette division du travail. Voilà qui dessine une situation déjà vue, simple et efficace, directement compréhensible.
Soit tout le contraire du soulèvement actuel. Les Haïtiens et Haïtiennes sont descendus dans la rue pour lutter contre la corruption et les inégalités, réclamer justice et changement. Cela demande un triple effort de compréhension. D’abord se départir du regard néocolonial, qui fait du peuple haïtien une masse amorphe et impuissante. La bataille de Vertières en 1803 n’a jamais existé. Ensuite, être à la hauteur de ces voix et revendications qui demandent d’être entendues, et portent une vision politique. Enfin, le plus difficile peut-être : se remettre en cause. Car, au-delà de leur Président et de leur classe dirigeante, les manifestants haïtiens visent un système, que les institutions internationales et les pays occidentaux ont contribué à mettre en place, et que, face à la menace du «chaos», ils soutiennent.
La révolte sociale L’aide internationale permet de quitter notre position inconfortable de responsables, de ne nous embarrasser ni d’histoire ni de la parole des Haïtiens – «on n’y comprend rien» de toute façon –, pour revenir à une attitude-réflexe, où la seule action possible est celle qui met à distance et les acteurs et la révolte, redevenus les victimes d’une tragédie. On répond, en humanitaires, à la faim, pour ne pas avoir répondu aux massacres de La Saline et de Bel Air, et pour ne pas avoir à entendre la colère des Haïtiens et Haïtiennes.
La crise en Haïti est le fruit de politiques, d’inégalités et d’acteurs (nationaux et internationaux) qui font système. Chaque jour qui passe, avec Jovenel Moïse à la tête de l’Etat haïtien, enfonce le pays un peu plus dans le marasme, hypothèque tout avancée, et augmente le risque que le sang coule à nouveau. Lorsque l’on ne sait pas quoi faire, lorsque, surtout, on ne veut rien faire, l’aide humanitaire est la meilleure «solution». Sous le couvert d’une agitation spectaculaire, avantageusement relayée par les médias, elle offre une échappatoire commode à l’inaction et à la complicité.
Tendez l’oreille, ouvrez les yeux : les Haïtiens n’appellent pas au secours. Ils luttent, parlent d’égalité et de liberté, d’un monde à changer. L’urgence en Haïti est moins celle d’une aide internationale que la fin d’un statu quo, qui condamne le pays à dépendre de l’aide. Or l’humanitaire est partie prenante de la reproduction d’un système avec lequel, justement, les Haïtiennes et Haïtiens veulent rompre.

Frédéric Thomas docteur en Sciences politiques, chargé d'étude au CETRI-Centre tricontinental

https://www.liberation.fr/debats/2019/11/27/haiti-l-ecran-humanitaire_1765837?fbclid=IwAR2q1OvTSzDRvA_hVGiolLSFKSP9cPm-gSTwvpYQE9CZE4Fq3GTs70MtREs

lundi 25 novembre 2019

Comprendre la guerre entre l’État haïtien et les fournisseurs d’électricité

Entre l’État et les fournisseurs privés d’électricité, le torchon brûle. Le gouvernement veut renégocier les contrats, ou les suspendre.
Trois producteurs indépendants d’électricité produisent du courant qu’ils revendent à l’Électricité d’Haïti (EdH) dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince et dans les villes des Cayes et de Petit-Gôave.
La production de ces fournisseurs s’additionne à celle de l’EdH qui possède notamment la centrale de Péligre, celle de Carrefour et les centrales Pétion, Bolivar et José Marti. En marge des protestations lancées contre le président Jovenel Moïse depuis juillet 2018, une guerre ouverte a éclaté entre l’État et les fournisseurs privés.
Dans un Conseil des ministres tenu le 23 octobre 2019, l’administration de Jovenel Moïse a décidé de surseoir à l’exécution des contrats des 3 fournisseurs privés. L’État a engagé des cabinets d’avocats pour défendre ses intérêts. Il a annoncé vouloir poursuivre les hauts fonctionnaires qui avaient signé ces contrats. Ce conflit met en lumière la complexité du secteur de l’énergie électrique.
L’apparition des fournisseurs privés
Malgré environ 200 millions de dollars reçus en subvention chaque année, l’EdH n’arrive pas à satisfaire la demande de courant du pays. Pour l’aider, l’entreprise publique a contracté des fournisseurs privés.
René Jean-Jumeau est un ancien ministre chargé de la sécurité énergétique, de l’administration Martelly/Lamothe. Il dirige aujourd’hui l’Institut haïtien de l’énergie (IHE), un organisme autonome, non gouvernemental et à but non lucratif. Selon lui, l’État s’est inspiré de ce qui se faisait ailleurs, à l’époque.
« Des compagnies revendaient leur courant au secteur public, précise l’ancien ministre. L’État haïtien a reproduit cette pratique. Contrairement aux autres pays, les fournisseurs haïtiens ne peuvent revendre leur courant qu’à l’EdH. Le contrat est établi pour une quantité précise de Mégawatts. L’Edh mesure la quantité produite et paye la facture au fournisseur. »
Le premier producteur privé était Interselect SA, établi au Cap-Haïtien en 1996. Puis, pour alimenter la centrale Varreux, Haytian Tractor Energy International a été contracté pour la production de 20 MW. Il y a aussi eu Asservin, devenu par la suite Alstom. Sogener (Société générale d’énergie) a décroché 4 contrats en 2002 pour le Cap-Haïtien, l’Artibonite, Petit-Goave et les Cayes.
Aujourd’hui, les fournisseurs privés d’électricité sont : Sogener, E-Power et Haytrac. Les deux premiers produisent pour Port-au-Prince et ses environs. Le troisième produisait à Petit-Goâve et aux Cayes. Ensemble, ces compagnies fournissent environ 100 MW. La quantité d’électricité qu’il faudrait pour tout le pays, selon le directeur de l’Autorité nationale de régulation du secteur de l’énergie, Evenson Calixte, serait de 800 MW.
Accusations de non-respect de contrat
En 2015, l’État haïtien a mis sur pied la Commission de pilotage de la réforme du secteur de l’énergie. Dans son rapport, cette commission a fait des reproches aux trois opérateurs. Haytrac aurait fourni de l’électricité pendant plus d’un an sans aucun contrat avec l’EdH. Le contrat de l’entreprise pour les usines de Petit-Goâve et des Cayes avait pris fin en 2014.
Sogener quant à elle aurait non seulement surfacturé l’État, mais aussi n’aurait pas respecté des termes de son contrat. Le contrat entre la compagnie et l’EdH précise que la centrale de Varreux 1 et certains moteurs de Varreux 2 devaient marcher au mazout, un produit pétrolier moins raffiné que le diesel.
Selon la commission, Sogener a toujours priorisé le diesel. Ce combustible est plus cher que le mazout. Pour la même quantité d’énergie fournie, l’utilisation du diesel engendrerait, selon les commissaires, une perte pour l’EdH de 0,004 $ par kWh. Se basant sur cette estimation et sur la quantité de MW produite par Sogener de juin 2010 à août 2015, l’EdH aurait perdu 4 653 389,67 $ US sur cette seule période.
Selon René Jean Jumeau, trois raisons peuvent expliquer qu’une compagnie préfère le diesel : « Il faut plus d’installations pour produire au mazout. Si le fournisseur n’a pas installé ces équipements, il ne pourra pas l’utiliser. S’il y a une panne dans l’installation au mazout, la compagnie peut utiliser le diesel, car ce sont presque les mêmes équipements. Pour finir, il est plus facile de s’approvisionner en diesel. »
Accusations de surfacturation
Sogener opère les trois sites de Varreux. Varreux 1 et 2 appartiennent à l’EdH. Selon le rapport, le contrat de Varreux 3 avait pris fin en 2010. Cependant la compagnie aurait facturé l’Edh pour ce site jusqu’en 2011 pour 6 232 344 $ US.
Varreux 3, centrale installée par Sogener, aurait reçu en tout $175 533 349 US. Cette somme, selon les commissaires, n’aurait pas dû être payée parce que la centrale n’existait que pour venir en renforcement à Varreux 1 et 2 où l’on effectuait des réparations.
Certains moteurs installés à Varreux 1 et 2 appartiennent à l’EdH. Mais Sogener aurait facturé mensuellement la production de ces génératrices. Le montant de la surfacturation pour ces équipements s’élèverait à 36 484 962,67 $ US.
L’investissement total de Sogener est d’environ 30 millions de dollars, d’après le rapport. Son chiffre d’affaires, selon la commission, peut monter jusqu’à 1,12 milliard de dollars, pour les 15 ans d’exploitation des sites de Varreux. Le contrat devait prendre fin en 2021.

Tous les chemins mènent à Petrocaribe
Dans cette guerre entre l’Administration Moïse et Sogener S.A., la justice est prête à être saisie. Le gouvernement a annoncé la cessation de paiement de tous les contrats. L’État haïtien réclame à Sogener 194 507 067,17 $ US de dollars pour consommation de carburant non payée.
Pour comprendre cette dette, il faut revenir à l’accord Petrocaribe. Dans cette coopération entre Haïti et le Venezuela, l’État haïtien recevait du pétrole du pays de Simon Bolivar. En fonction du prix du pétrole sur le marché international, le pourcentage qu’Haïti devait payer à court terme variait.
C’est le BMPAD qui s’occupait de recevoir le pétrole vénézuélien et de le revendre aux compagnies locales. Sogener n’est pas une compagnie pétrolière, mais elle s’approvisionne au BMPAD en mazout et diesel. Au cours de leurs rencontres avec les membres de la commission de l’énergie, en 2015, les dirigeants de Sogener se seraient plaints de ne pas pouvoir payer le BMPAD à temps.
Ils ont mis ces difficultés de paiement sur le compte de la dette de l’EdH en faveur de Sogener. D’octobre 2012 à octobre 2015, Sogener devait 154 084 985,52 $ de dollars au BMPAD, selon le rapport. L’EdH quant à elle, presque pour la même période, devait 156 099 069,17 $ à Sogener.
Sogener réclame à l’État haïtien que la dette de l’EdH soit payée, afin qu’elle puisse payer le BMPAD.
E-Power est ouvert aux discussions
E-Power est la troisième compagnie privée, qui fournit environ 30 MW de courant. Son contrat est entré en vigueur le 17 janvier 2008. Il doit prendre fin en 2026. Carl Auguste Boisson, directeur général de l’entreprise, dit avoir entendu sur les ondes que l’État veut renégocier les contrats. Il n’y a encore aucune correspondance officielle du gouvernement, parvenue aux dirigeants de l’entreprise.
« Pour le moment ce sont des déclarations générales qui s’appliquent à tout le secteur. Mais nous sommes des partenaires de l’État, dit-il. Si l’État veut discuter du contrat d’achat d’électricité, nous répondrons présents. »
Le directeur général explique que si l’État veut cesser tout paiement à E-Power, il sera impossible de continuer la production de courant. « Nos coûts de production avoisinent 92 % de nos revenus, affirme Carl Auguste Boisson. Le carburant représente 82 % de ces coûts. Nous avons 145 employés ainsi que des banques à payer. Nous ne pourrons plus produire. Nous ne souhaitons pas que l’on en arrive là. »
Ayibopost a tenté en vain d’entrer en contact avec Sogener. Haytrac a aussi été contacté. L’article sera mis à jour si ces compagnies réagissent.

Installations d’e-Power. Photo: Ayibopost /
Frantz Cinéus Au-delà de la loi ?
La commission de réforme accuse E-Power de bénéficier d’avantages extraordinaires. La compagnie, selon le rapport, ne paie pas de taxes, et bénéficie de franchises douanière et fiscale totales. Les actionnaires de l’entreprise seraient eux aussi exonérés. Les commissaires rapportent que les travailleurs étrangers de E-Power peuvent importer ou exporter leurs effets personnels, libres de droits de douane. Ces travailleurs étrangers ne paient pas de taxes non plus.

D’après Carl Auguste Boisson, E-Power ne bénéficie d’aucun avantage qui ne soit inscrit dans la loi. « Les avantages étaient inscrits dans l’appel d’offres de 2006 et le Code des investissements, assure le directeur général. Cependant, après que nous ayons gagné l’appel d’offres, nous avons proposé à l’État de changer le site qu’il avait choisi pour l’usine. Il était à Fort Dimanche. Pour ce que représente cet emplacement historique, nous n’avons pas voulu. »
« Nous avons proposé à l’État de racheter, à nos frais et sans changer notre offre, un terrain dans la zone franche Hinsa de Cité Soleil, poursuit le patron de E-Power. Nous avons alors pu appliquer pour les avantages offerts aux investissements en zone franche. Une commission interministérielle [Ndlr. La Commission nationale des Zones franches], a accepté. La Cour des comptes et la Commission nationale des marchés publics aussi. Nous avons pu alors bénéficier des avantages de la zone franche. Ils ne sont pas automatiques. »

La loi sur les zones franches de 2002 autorise les entreprises admises en zone franche à ne pas payer d’impôts pendant une période de 15 ans. Les investisseurs reçoivent aussi des avantages. Carl Auguste Boisson affirme en outre que E-Power a consenti à des sacrifices, dans le but d’offrir le prix le plus bas lors de l’appel d’offres. Ainsi, l’entreprise a accepté de réduire à nouveau son offre, qui était déjà le plus bas.

« Nous ne souhaitons pas la résiliation »
Dans l’escalade des tensions entre les producteurs indépendants d’énergie, et l’État haïtien, des déclarations font croire qu’il est possible que tous les contrats soient résiliés. Selon Carl Auguste Boisson, ce serait une mauvaise option. « Nous ne souhaitons pas la résiliation du contrat d’achat d’électricité, dit-il. Mais il existe une clause de résiliation, dans le contrat. Selon cette clause l’État devrait racheter l’usine, pour un montant fixé dans le contrat. » Selon le rapport de la Commission, ce montant serait de 54 millions de dollars.

L’État voudrait proposer de nouveaux contrats. La commission de réforme du secteur de l’énergie a voulu faire la même chose en 2015. « La commission avait eu une rencontre avec nous, dit Carl Auguste Boisson. Ils nous exigeaient de signer un nouveau contrat. Sauf que nous n’avions pas de contrat avec la commission, mais avec l’État et l’EdH. Cette commission n’était là que pour émettre des opinions pour le compte du gouvernement, et n’avait pas qualité pour nous imposer un contrat. Nous avons refusé de signer. De plus, la loi sur les marchés publics exige que pour tout nouveau contrat il faut un nouvel appel d’offres, sinon c’est un contrat de gré à gré, ce qui est illégal.»
Trois contrats différents

Les contrats de Haytrac, Sogener S.A., E-Power avec l’État haïtien et l’EdH sont tous différents. Chaque fournisseur a des clauses précises qui ne se retrouvent pas toutes dans les autres contrats. Selon René Jean-Jumeau, cela a un coût sur le prix de l’électricité facturé à l’EdH. Si un contrat stipule qu’à la fin de l’exploitation, les équipements resteront la propriété du fournisseur, le prix sera plus bas.

D’après l’ancien ministre, on ne peut pas accuser les compagnies d’être responsables du manque d’électricité. « L’EdH a contracté les fournisseurs pour une quantité précise de MW, dit René Jean Jumeau. L’Électricité d’Haïti n’a pas payé pour la quantité d’électricité qui pourrait alimenter tout le pays ; elle n’en a pas les moyens. »
Cet article a été mis à jour le 17/11/2019, à 5:23 pm.

Auteur: Jameson Francisque
Linguiste. Journaliste. Passionné de technologie. Source: https://ayibopost.com/comprendre-la-guerre-entre-letat-haitien-et-les-fournisseurs-delectricite/

dimanche 17 novembre 2019

COMPLOT...COMPLOT MEDIATIQUE! INJUSTICE...INJUSTICE MEDIATIQUE CONTRE HAITI CHERIE !

Pourquoi ce qui est inadmissible ailleurs se vend comme normal en Haïti?
Serait-ce à cause de cette résilience qui nous pousse à tolérer même les tentatives et les décisions qui nous excluent doucement mais sûrement du genre humain?
Comment un individu peut-il faire passer dans un aéroport de Miami une valise avec un arsenal militaire composé de 2 fusils d'assaut , cinq pistolets et des munitions. L'individu en question ne se rend pas au Texas ni à Los Angeles là ou les américains semblent-ils auraient le droit de se promener avec des armes lourdes grâce à leur Constitution. L'individu se rend en Haïti, un pays en proie à des manifestations tintées d'actes violents, un pays sous le coup d'un embargo contre l'importations d'armes.

J'espère que les Haïtiens résidant aux USA poseront ces questions à qui de droit.
L'attitude de TAMBOU 2 BOUNDA des USA doit être analysée et dénoncée.
Cette semaine dans le cadre du constat du premier anniversaire du massacre de Lasaline, plusieurs instances de l'administration américaine ont émis des déclarations réclamant justice contre ce crime perpétré par des proches du pouvoir, condamnant un usage exagéré de la force contre les manifestants.
#Haitiannitéavanttout!
"Un ancien soldat de la Marine américaine arrêté en Haïti avec 2 fusils d’assaut et 5 pistolets Johnson Mondesir Johnson Mondesir.
Un américain d’origine haïtienne a été appréhendé à l’aéroport international Toussaint Louverture avec 2 fusils d’assaut et 5 pistolets de 9mm en provenance de Miami.
Jacques Yves Bastien Duroseau, un ancien membre de la Marine américaine, a débarqué à l’Aéroport International Toussaint Louverture, ce mardi 12 novembre 2019, avec 2 fusils d’assaut et 5 pistolets de calibre 9mm dans ses bagages.
L’ancien membre de la Marine américaine d’origine haïtienne a été appréhendé par les services de sécurité et de la Douane de l’aéroport après l’avoir constaté en possession d’armes de guerre et de munitions illégales.
Certains passagers à bord de l’American Airlines # 949 témoigne de son arrogance et qu’il avait l’air d’un fou. Le même comportement a été décelé par les agents de l’immigration et des policiers haïtiens. Selon des temoins sur place, l’ancien Marine américain s’est dit vouloir mettre de l’ordre en Haïti. Pour l’instant, aucune information n’est encore disponible sur les véritables intentions du contrevenant, ainsi que la manière dont il s’est pris pour tromper la vigilance des autorités américaines.
Source: https://www.tripfoumi.com/blog/2019/11/12/un-ancien-soldat-de-la-marine-americaine-arrete-en-haiti-avec-2-fusils-dassaut-et-5-pistolets/

jeudi 31 octobre 2019

HAITI...HORREUR 2.0

Bonjour!
Un ciel plutôt bleu sur la région!
Ciel entaché de fumées et de sang en Haïti!
Un ciel d'horreur!
Encore un autre massacre !
Encore un autre plongeon depuis les bas-fonds de l’horreur vers plus d’horreur !
On peut aujourd’hui oublier les massacres de La Saline puis qu’il y a maintenant une autre scène d’horreur à Petite Rivière de l’Artibonite.
La visions des cadavres dépecés, livrés en pâtures aux cochons sur des tas d’immondices n’a pas ému plus que ça. Les organisations des droits de l’homme firent leur travail d’investigation et d’accusation. La Minujusth, bras du patron des décisions qui se prennent en Haïti à travers l’ONU ; cette belle mission fit son travail en indexant des hauts fonctionnaires du gouvernement. Ceux-ci ont pu rester en poste jusqu’à très récemment. Aujourd’hui ils ne sont pas inquiétés !
L’ONU supporte encore le gouvernement dont les fonctionnaires sont accusés de massacres !
Fort de son succès, après celui encore plus éclatant de la Minustha, l’ONU a ouvert un bureau politique permanent en Haïti !
Il ne faut ni questionner, ni exiger une politique de résultat. Pourquoi faire ? Il s’agit d’Haïti !
Les horreurs de La Saline sont bien derrière nous puisque l’actualité est « rafraîchie » par celles de Petite-Rivière de l’Artibonite.
Un journaliste fameux et connu appui son indignation à travers cette description poignante : « Mais la vidéo de jeunes haïtiens, fusils mitrailleurs en bandoulière, tuant et démembrant au coupe-coupe d’autres jeunes haïtiens m’oblige à joindre ma voix à celles et ceux qui en ont assez. Ils opèrent en toute quiétude, les yeux rivés sur leurs téléphones comme dans un jeu vidéo. Qui s’attaque à une jambe, qui ouvre un tronc, qui découpe une main, qui tient une tête séparée de son corps, qui cisèle un cœur dégoulinant de sang alors que se prépare un feu pour sans doute rôtir les restes et pourquoi pas les déguster »
Le bilan fait état de 25 morts, des dizaines de blessés et de nombreuses maisonnettes incendiées. Les autorités locales y compris notre fameuse PNH qui devait remplacer nos forces armées dont – selon les dire des donneurs d’ordres étrangers – Haïti n’avait pas besoin, sont démunies.
Le gouvernement central ne peut pas réagir non plus puisqu’aujourd’hui, les gangs armés sont les alliés de presque tous les secteurs de la société. Ils seraient financés par des candidats pour gérer les élections, ils recevraient de l’argent de certains grands commerçants pour la protection de leurs biens. D’autres rumeurs dans le même genre circulent pour faire d’eux les vrais gagnants du chaos qui sévit dans le pays.
Je n’ai pas eu connaissance de descente d’équipes gouvernementales solidement armées pour reprendre le contrôle de la zone. Si ça n’a jamais été fait pour Martissant déserté par sa population aujourd’hui, malgré l’importance de cette route en matière de communication avec le grand Sud, les horreurs de l’Artibonite seront traitées avec l’indifférence caractéristique de ce gouvernement qui reste accroché au pouvoir envenimant par chaque action un mécontentement généralisé.
Combien d’haïtiens doivent mourir dans des conditions infrahumaines pour que le monde des humains jette un regard vers ce coin de terre qui ne fait que RESISTER ?
Dr Jonas Jolivert
31/10/2019

mardi 29 octobre 2019

RESISTANCE VERSUS RESILIENCE….

J’aime les mots.
J’éprouve même une certaine passion pour bon nombre d’entre eux. Les mots ne sont pas seulement des outils de communication ou du langage. Ceux sont des entités à parts entières.
Ils ont leurs importances intrinsèques. En dehors de leurs contenus ou leurs évocations. Leurs agencements peuvent produire le bien comme le mal. Ceux qui savent les utiliser leur accordent de l’importance même dans un contexte de non-sens.
Quand vous lisez ou vous écoutez des expressions comme « les bruits du silence » « pleurer les larmes de son cœur » on serait tenté de dire : c’est quoi ce charabia ! Mais non on est dans le domaine de la poésie !
Les mots sont indépendants et souverains. Souvent, « quelques » s’accompagne de fois ; presque toujours « fur » vient de pair avec « à mesure ». Comme si l’un avait des difficultés à exister sans l’autre. Je trouvai dans la poésie un instant de gloire à « fur » quand dans un texte intitulé « Echanges de bons procédés » j’ai pu écrire : « Contre ton fur, je te cède ma mesure » …
Les mots peuvent aussi, comme d’autres entités, être capables du pire et provoquer des sentiments de haines d’aversion et de répugnance à leur contact. C’est justement le cas de RESILIENCE dont voici deux définitions trouvées sur le net :
1. Résistance d'un matériau aux chocs répétés. 
2. Aptitude à faire face avec succès à une situation représentant un stress intense en raison de sa nocivité ou du risque qu'elle représente, ainsi qu'à se ressaisir, à s'adapter et à réussir à vivre et à se développer positivement en dépit de ces circonstances défavorables (GDT).

J’ai souvent l’impression que ce mot a été créé pour Haïti et les Haïtiens. Et ceci dans le but sournoisement avoué de remplacer un autre qui nous fut, nous était et nous est caractéristique. Je veux parler de « RE-SIS-TAN-CE ».
La résilience évoque plus l’adaptation alors que la résistance appelle à la révolte.
Haïti représente le meilleur laboratoire pour les expérimentateurs de tout bord.
Aujourd’hui on peut conceptualiser facile le terme « haitianisation de l’assistance humanitaire ». En effet la gestion de l’aide humanitaire après le tremblement de terre d’il y a dix ans est un modèle pour jauger et évaluer comment échouer dans ce domaine.
D’ailleurs six mois après le 12 janvier, j’avais croisé un coopérant dont la mission était d’observer Haïti. Car d’après son hypothèse de travail on pouvait y trouver tout ce qu’il ne faut pas faire pour ne pas échouer.
Des ONGs sont venus travailler avec Haïti pour « augmenter et développer notre résilience », faces aux catastrophes naturelles. Cependant on ne voit pas de grands chantiers de curages de cours d’eau, pas de modifications dans le domaine de l’urbanisation des villes. On peut facilement imaginer les moyens et les outils utilisés pour augmenter cette résilience.
Dans ce domaine-là, les ONGs peuvent exhiber leurs victoires et leurs succès car les haïtiens supportent avec un courage aveuglant ce que nul être humain n’accepterait ailleurs !
Comme fatalité ou comme volonté divine on accepte de vivre sans eau, sans nourriture, sans infrastructures, sans soins de santé, sans diversion saine. Qui pis est nous arrivons difficilement à juger l’action de nos dirigeants puisque nous avons changer la culture du résultat à cette attitude béate de tout accepter sans se révolter.
En Haïti, pour reprendre un refrain de chez nous « tout ti bouton tounen manleng »
Les exemples sont pléthoriques.
Depuis quelques années, les haïtiens – à quelques exceptions près – ne connaissent pas de vies nocturnes. Pas une seule salle de cinéma pour toute une population. Après 1986, les salles se sont fermées. Maintenant une autre forme d’agencement du temps du jour prend forme. Les gens se lèvent extrêmement tôt ( 4 heures du matin !) pour faire le peu réalisable à cette heure et rentrer tout de suite à la maison, pour laisser les rues aux manifestants.
Un comportement conjoncturel dira-t-on ! Mais cela risque de perdurer et de devenir la nouvelle façon de vivre.
Et il ne faut surtout pas s’attendre à ce qu’un gouvernement apporte une solution à ce problème. Le président n’intègre pas cette responsabilité dans l’ensemble de ses fonctions.
Les citoyens ne vont pas non plus le lui réclamer !
Un autre exemple serait la situation sécuritaire du pays.
Avec l’arrivée de l’insécurité dans certains quartiers, les gens se sont adaptés sans faire aucune exigence aux responsables.
Il suffisait d’éviter Cité soleil par exemple pour se sentir à l’abri.
Puis les bandes armées ont investi le centre-ville au niveau de la grande Rue pour prendre le contrôle des activités commerciales et rançonnées les vendeurs.
On peut vivre sans aller au marché donc ce n’est pas un grand souci.
Aujourd’hui, le pays est carrément coupé au moins en deux par l’occupation de Martissant par des gangs armés.
La circulation, donc le déplacement vers le Grand Sud restent très aléatoires avec ce que cela représente comme inconvénient dans un pays ou tout a toujours été concentré exclusivement dans la « République de Port-au-Prince » Puisque comme résilients nous avons appris à nous adapter, les gens de Carrefour vivent sans venir à Port-au-Prince et vice versa.
Au lieu de rêvasser à une solution du problème, il faut prophétiser que bientôt, les gangs élargiront leurs territoires au-delà du champ de Mars et repousseront les « aires de liberté de mouvement de la population » à ces endroits de plus en plus restreints ou l’on puise de quoi survivre !
Grace à la résilience, le citoyen haïtien ne voit pas qu’il vit chez lui, dans les rues, comme ont vit ailleurs en conditions de détenus, de prisonnier.
Cette résilience prête à toute sorte d’interprétations, les velléités de cette nouvelle génération pour offrir et s’engager dans une RESISTANCE active et efficace dans la défense de la dignité humaine de tous les haïtiens !
Dr Jonas Jolivert
29/10/2019

samedi 26 octobre 2019

BONJOUR ET BON DIMANCHE!

Bonjour !
Ciel encore et heureusement bleu sur notre région !
Pour Haïti rien ne bouge et rien ne semble bouger !
Ceux qui croient prient…
Ceux qui ne croient pas espèrent…
Ceux qui invitent à prier ont compris que la seule prière ne devrait plus suffire. Qu’il fallait traiter avec Dieu tout ce qui avait à voir avec Dieu et avec les humains ce qui concerne les humains.
Ainsi, les églises comme les artistes ont rejoint la population sur le béton réclamant toujours un changement dans le système qui la déshumanise. Les revendications restent les mêmes le départ du Président Jovenel Moïse.
En réfléchissant bien, ce départ retrouve dans les éléments constitutifs de ce président le plus grand des obstacles.
Un petit rappel de la genèse et la dynamique des mouvements de contestations pourra nous faire comprendre le dilemme que pose la démission de ce président.
Son élection contestée par les partis politiques au départ n’avait eu aucun impact sur l’ensemble de la population qui vit dans cette lutte, une attitude purement politique de ceux qui étaient là avant et qui n’avaient pas fait grand-chose pour la population et le pays qui veulent renverser ceux qui sont actuellement au pouvoir et qui ne font rien non plus. Pour la population, ce n’était que deux faces d’une même monnaie voulant une réflexion plus directe dans un vaste miroir.
La donne changea quand le cinéaste Gilbert Mirambeau Junior lança le #PetroCaribeChallenge.
Une grande partie du pays compris que la dilapidation de ces fonds pouvait être assimilée à un vrai crime et les dilapidateurs devraient rendre compte de leurs méfaits devant la Justice.
Les manifestations qui réunissaient peu de monde jusque-là, prirent une autre allure et les demandes de démission de Jovenel Moise se firent unanimes après son indexation dans le rapport de la Cours Supérieur des Comptes.
Aujourd’hui, au problème de mauvaises gouvernances caractérisant la gestion de Jovenel Moïse s’ajoute son implication dans la dilapidation des fonds #PetroCaribe.
Les manifestants ne demandent pas une démission et qu’il aille jouir des sous qu’il a dû se faire pendant sa gestion, mais ils veulent une poursuite en justice.
Donc sa démission équivaudrait à s’écarter du pouvoir et se mettre à la disposition de la Justice.
Aujourd’hui, son seul appui le permettant de rester encore quelque temps au pouvoir vient de la communauté internationale et plus particulièrement des USA. Un appui très mal vu par les haïtiens dans la mesure ou il est vécu comme une vraie ingérence dans les affaires du pays.
Mais ce que Jovenel Moïse prend comme un appui n’est rien d’autre que l’expression du ras le bol de l’administration américaine qui finances la plus grande tranche des élections en Haïti.
Donc les américains, comme les autres nations intégrant le Coregroup ne défendent que le principe des élections, le seul baromètre leur permettant de s’octroyer un satisfecit après 15 ans de mission de « stabilisation »
Bien au contraire d’un Aristide qui incarnait à la fois une volonté et un espoir populaires, Jovenel Moïse n’est que le banal fruit d’une plaisanterie de Michel Martelly qui, comme dans un match de foot pensait pouvoir faire une sorte de « une – deux » avec ce président politiquement insignifiant n’ayant pour seul atout que de ressembler aux pauvres, pour récupérer la présidence cinq ans plus tard.
Ainsi la communauté internationale n’a que faire de la petite personne d’un Jovenel Moïse qui représentera un vrai pongongon si jamais il arrive à se maintenir au pouvoir la durée de son mandat.
La population ne cessera de réclamer la tête de ceux qui ont dilapidé les fonds #PetroCaribe.
Il faudra absolument un procès. Sinon il n’y aura point de stabilité. Jovenel Moïse ne fait surement pas partie de ceux qui auront le plus profité de cette manne. Mais là encore il est le maillon faible qui servira d’exemple a tout simulacre de justice parce qu’il ne pèse rien dans la balance de la société haïtienne. Il ira sans aucun doute en prison ! Cette semaine donc, à la demande de ces amis et conseillers il a donné signe de vie. Il a voulu montrer qu’il présidait. Il a débuté par une Conférence de presse donnée dans a Cour du Palais National protégé par des mercenaires étrangers lourdement armés. Une Conférence de presse avait les traits caractéristiques du Président : Le mensonge !
Le 17 Octobre il a présidé les activités commémoratives de l’anniversaire de la mort du fondateur de la Nation haïtienne, l’empereur Jean Jacques Dessalines. Il fit le minimum syndical. Pas de commémoration à Pont Rouge car trop sale et occupé par les bandits. Pas de visite à Marchand Dessalines, non plus ! Il aurait été mal reçu et probablement il se serait retrouvé dans une sale situation. Il choisit de rester à quelques pas du palais national encore surveillé par les mercenaires et fit du Jovenel en prononçant un discours truffé de mensonges selon les observateurs et experts. Le plus grand mensonge qui servira de base à ses actions farfelues et disparates c’est de dire que le mécontentement vient du fait qu’il aurait attaqué un secteur très puissant d’un fameux « système » dont il se définit comme la victime.
C’est dans cette dynamique peu crédible que les haïtiens liront des arrêtés contre les compagnies ayant des contrats pour la production d’électricité puis une suspension d’exonérations.
Il suffit de ne pas être partisans intéressés de ce régime pour accepter que le mécontentement populaire tire son origine d’un ras le bol contre la corruption et l’impunité Les actions du gouvernement (lequel ?) ne semblent pas pouvoir convaincre les haïtiens qui n’attendent que la démission de ce président qui préfère trouver des boucs émissaires que de trouver des solutions pour calmer la population. Les déplacements vers le sud du pays sont très risqués et aléatoires puisque les bandits ont renforcé leurs positions pendant cette crise.
Ce que l’on peut dire, c’est que Jovenel a résisté encore une semaine tandis que les manifestants ne veulent pas se rendre. Les appels au dialogue de la gouverneure-ambassadrice des USA sont très mal appréciés.
Le temps s’annonce encore assez sombre sur Haïti !
Affaire encore à suivre !

lundi 21 octobre 2019

‘There Is No Hope’: Crisis Pushes Haiti to Brink of Collapse


On a recent evening, she sat with Ms. Molière, her daughter, in their house as it sank into the shadows of the night. Ms. Molière began to cry softly. Seeing her tears, Ms. Jules began to cry as well. “It’s not only that we’re hungry for bread and water,” Ms. Molière said. “We’re hungry for the development of Haiti.”

Haitians say the violence and economic stagnation stemming from a clash between the president and the opposition are worse than anything they have ever experienced.
By Kirk Semple
Photographs by Meridith Kohut
Protesters last week in Les Cayes, Haiti, 
surrounded a vehicle that had been burned 
in a previous demonstration. Impassable roads 
have contributed to the country’s emergency.

Newborns breathing with the help of oxygen tubes
 in the neonatal ward of Sainte Croix Hospital
 in Léogâne, west of Port-au-Prince. 
Hospitals are struggling with precarious supplies.
 LÉOGÂNE, Haiti — The small hospital was down to a single day’s supply of oxygen and had to decide who would get it: the adults recovering from strokes and other ailments, or the newborns clinging to life in the neonatal ward.
Haiti’s political crisis had forced this awful dilemma — one drama of countless in a nation driven to the brink of collapse.
A struggle between President Jovenel Moïse and a surging opposition movement demanding his ouster has led to violent demonstrations and barricaded streets across the country, rendering roads impassable and creating a sprawling emergency.
Caught in the national paralysis, officials at Sainte Croix Hospital were forced to choose who might live and who might die. Fortunately, a truck carrying 40 fresh tanks of oxygen made it through at the last minute, giving the hospital a reprieve.
“It was scary, really scary,” said Archdeacon Abiade Lozama of the Episcopal Church of Haiti, which owns the hospital. “Every day, things become more difficult, day after day.”
Though the country has been trapped for years in cycles of political and economic dysfunction, many Haitians say the current crisis is worse than anything they have ever experienced. Lives that were already extremely difficult, here in the poorest country in the Western Hemisphere, have become even more so.
Weeks of unrest around Haiti, coupled with rampant corruption and economic malaise, have led to soaring prices, a disintegration of public services and a galloping sense of insecurity and lawlessness. At least 30 people have been killed in the demonstrations in the past few weeks, including 15 by police officers, according to the United Nations.

Trash piling up in Port-au-Prince, the capital, 
where  many public services have collapsed.
“There is no hope in this country,” said Stamène Molière, 27, an unemployed secretary in the southern coastal town of Les Cayes. “There’s no life anymore.”
Image Newborns breathing with the help of oxygen tubes in the neonatal ward of Sainte Croix Hospital in Léogâne, west of Port-au-Prince. Hospitals are struggling with precarious supplies. 


Frustration with the government has mounted,
 leading to demonstrations like this one last week 
in the coastal town of Les Cayes.
Gas shortages are worsening by the day. Hospitals have cut services or closed entirely. Public transportation has ground to a halt. Businesses have shuttered. Most schools have been closed since early September, leaving millions of children idle. Widespread layoffs have compounded chronic poverty and hunger. Uncertainty hangs over everything.
Many Haitians with the means to flee have left or are planning to, while most who remain are simply trying to figure out where they are going to get their next meals.
Haiti was once a strategic ally for the United States.
Which often played a crucial role here. During the Cold War, American governments supported — albeit at times grudgingly — the authoritarian governments of François Duvalier and his son, Jean-Claude Duvalier, because of their anti-Communist stance.
In 1994, the Clinton administration sent troops to restore Jean-Bertrand Aristide to power after his ouster as president, but 10 years later, intense pressure from the United States helped push Mr. Aristide out again. Now, protesters are criticizing the United States for continuing to stand by Mr. Moïse. The Trump administration has urged respect for the democratic process, but has said little about the unrest in Haiti.
“If you look at Haitian history, governments are overthrown when the United States turns on them,” said Jake Johnston, a research associate at the Center for Economic and Policy Research.
The current crisis is a culmination of more than a year of violent protests, and the product, in part, of political acrimony that
Confronting security forces in Port-au-Prince this month. 
Opposition leaders have sought to harness Haitians’ anger 
to force the resignation of President Jovenel Moïse.
has seized the nation since Mr. Moïse, a businessman, took office in February 2017 following an electoral process that was marred by delays, allegations of voter fraud and an abysmal voter turnout.

Outrage over allegations that the government misappropriated billions of dollars meant for social development projects provided the initial impetus for the protests. But opposition leaders have sought to harness the anger to force his ouster, calling for his resignation and the formation of a transitional government.
The protests intensified in early September, at times turning violent and bringing the capital, Port-au-Prince, and other cities and towns around the country to a standstill.
Image Frustration with the government has mounted, leading to demonstrations like this one last week in the coastal town of Les Cayes.
At Sainte Croix Hospital in Léogâne, 
patients like Gislaien Milord face dismal conditions. 
Recently the hospital was down to one day’s 
supply of oxygen, forcing difficult choices.
Image Confronting security forces in Port-au-Prince this month. Opposition leaders have sought to harness Haitians’ anger to force the resignation of President Jovenel Moïse.
“We’re not living,” Destine Wisdeladens, 24, a motorcycle-taxi driver, said at a protest march in Port-au-Prince this month. “There is no security in the country. There’s no food. There’s no hospitals. There’s no school.” Mr. Moïse has been defiant, saying in public comments last week that it would be “irresponsible” for him to resign. He has named a commission of politicians to explore solutions to the crisis.
Amid the current turmoil, daily routines, never a sure thing in this vulnerable country, have been thrown even more deeply into doubt.
Lafontaine St. Fort says his leg was wounded 
by a police bullet during a demonstration. 
“The reason why I went to the protest was
 to make a better life for myself, and make 
a better country,” he said from his home 
in La Savane, a poor  neighborhood in   Les Cayes.
With public transportation having ground to a halt, Alexis Fritzner, 41, a security guard making about $4 per day, walks about 10 miles each way to work at a clothing factory in Port-au-Prince. He has not been paid for more than a month, he said, yet he still goes to work for fear of being fired.
“It’s because there are no other options,” he said.
The mounting problems at Sainte Croix Hospital here in Léogâne are emblematic of the crisis. Though the town is only about 20 miles from Port-au-Prince, near-daily barricades have impeded traffic. Suppliers in
the capital have been forced to close or have had trouble receiving imports, making medicine hard to get.
At least one patient at the hospital died in recent days because of a lack of crucial medicine, said the Rev. Jean Michelin St.-Louis, the hospital’s general manager.
It has been hard to wrangle fuel to run the hospital’s generators, its only power supply, he said. At times, ambulances have been blocked from crossing the barricades despite promises from protest leaders to the contrary. Some of the hospital’s staff members, including the chief surgeon, have not always been able to make it to work because of the protests.
Street protests have intensified in recent months. 
The turnout can bring even Port-au-Prince 
to a standstill. 
“It’s the first time I’ve been through such a difficult experience,” Father St.-Louis, 41, said. Image At Sainte Croix Hospital in Léogâne, patients like Gislaien Milord face dismal conditions. Recently the hospital was down to one day’s supply of oxygen, forcing difficult choices. Image Lafontaine St. Fort says his leg was wounded by a police bullet during a demonstration. “The reason why I went to the protest was to make a better life for myself, and make a better country,” he said from his home in La Savane, a poor neighborhood in Les Cayes. The crisis is particularly stark in Les Cayes, the most populous city in southern Haiti, which has effectively been cut off from the capital by barricades on the main road. The city endured a total blackout for nearly two months. The power company started to mete out electricity again earlier this month, though in tiny increments — a f
Gas shortages have worsened daily,  one of 
many persistent problems hobbling 
already harsh lives.
ew hours on one day, a few more on another. The city’s public hospital shut down recently when protesters, angry over the death of one of their comrades, smashed its windows and destroyed cars in its parking lot. After the attack, the staff fled, said Herard Marc Rocky, 37, the hospital’s head of logistics. Even before the riot, the hospital was barely functioning. For three weeks, it had been without power after running out of fuel for its generators. Archdeacon Lozama, 39, who oversees an Episcopal parish in Les Cayes, said demonstrators forbid him from holding services on two recent Sundays. “We couldn’t open the doors,” he said. “People would burn the church.” Thieves have stolen the batteries from solar panels that provide electricity to the parish school. The keyboardist in the church music ensemble was recently wounded by a stray bullet. And protesters manning a barricade took food that Archdeacon Lozama was delivering by truck on behalf of an international charity.
“There’s no one you can call,” he lamented. “There’s no one in charge.”
Image Street protests have intensified in recent months. The turnout can bring even Port-au-Prince to a standstill. Image Gas shortages have worsened daily, one of many persistent problems hobbling already harsh lives. People, he said, are desperate. “As they have nothing, they can destroy everything. They have nothing to lose.” Intersections throughout Les Cayes are scarred with the remains of burned barricades made with wood, tires and other debris, vestiges of near-daily protests. “I’m hiding out here, I’m hunkering down, I’m not even on my porch,” said Marie Prephanie Pauldor Delicat, 67, the retired headmistress of a kindergarten in Les Cayes. “I’m scared of the people.” Shop owners say sales have plummeted. 



Violent demonstrations have forced them to curtail their hours, and it has become harder to restock merchandise. Several regional opposition leaders, in an interview at a dormant nightclub in Les Cayes, blamed infiltrators sympathetic to the government for the violence. But they defended the roadblocks, saying they helped thwart the movement of security forces accused of aggressions against residents. “We get the support of the population despite it all, because all the population has the same demand: the departure of Jovenel Moïse,” said Anthony Cyrion, a lawyer. A wellspring of opposition in Les Cayes is La Savane, one of its most forlorn neighborhoods, where simple, rough-hewed homes line unpaved roads and the stench of open sewers commingles with the salty perfume of the Caribbean Sea. On a visit this month, reporters from The New York Times were surrounded by crowds of desperate and angry residents, each with a list of grievances against the government and accounts of utter despair. One young man opened his shirt to reveal a bullet wound in his shoulder. Another showed where a bullet had hit his leg. They blamed the police. “We are all victims in many ways!” shouted Lys Isguinue, 48. “We are victims under the sticks of the police! We are victims of tear gas! We are victims because we cannot eat! We are victims because we cannot sleep!” Image Much activity in Haiti has ground to a halt, with shops and schools closed, and incomes disastrously affected. Children in La Savane have been out of class since early September. Image Venise Jules fights complete despair, and the hope that propelled her to vote for Mr. Moïse has vanished. “He said everything would change,” she recalled. “We would have food on our plates, we would have electricity 24/7, we would have jobs for our children and salaries would increase.” 

Venise Jules, 55, a cleaning woman at a grade school and the mother of Ms. Molière, the unemployed secretary, said her entire family had voted for Mr. Moïse.
“He said everything would change,” she recalled. “We would have food on our plates, we would have electricity 24/7, we would have jobs for our children and salaries would increase.”
Ms. Jules, three of her five children and a cousin live in a narrow house in La Savane made from mud and stone. The corrugated metal roof leaks when it rains. The bathroom is an outhouse with a hole in the ground. With no running water, the family has to fill buckets at a public tap several blocks away.
They cook over coal — when they have something to cook.
“I didn’t put anything on the fire today,” Ms. Jules said. It had been a full day since she had eaten anything.
With the schools closed, Ms. Jules had been without work — or an income — for weeks. Even when she worked, earning $47 per month, she had not been able to amass any savings. Now she sends her children to eat at the homes of friends with something to spare.
Her despair, she said, has driven her to consider suicide.
“Haiti is very fragile,” she said.
Image Blackouts in Les Cayes exacerbate people’s anxieties. “I’m hiding out here, I’m hunkering down, I’m not even on my porch,” said one woman fearful of what anger and desperation might drive people to do.

Harold Isaac and Meridith Kohut contributed reporting.
Kirk Semple is a correspondent covering Mexico, Central America and the Caribbean.
He is based in Mexico City. @KirkSemple