Agence QMI, Josianne Desjardins 10/01/2011 17h32
MONTREAL – Le gouvernement canadien n’aurait déboursé que le tiers de son engagement pour 2010 dans les projets de reconstruction en Haïti selon la Concertation pour Haïti (CPH), qui exige qu’Ottawa rende des comptes.
La CPH, qui est une coalition de 15 organismes humanitaires, dont l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) et Amnistie internationale, a présenté son rapport «Aide et reconstruction après le séisme : quel engagement du Canada en Haïti ?» lors d’une conférence de presse, lundi.
«Force est de constater une lenteur» dans le versement des fonds pour la reconstruction, selon la CPH, puisqu’Ottawa n’a consacré que 31,6 % de la somme prévue pour l’année 2010.
En date du 24 novembre, le gouvernement n’avait octroyé que 70 millions $ pour la reconstruction du pays sur les 220 millions $ qui avaient été alloués en 2010.
«Ce sont les projets qui permettent une aide rapide qui intéressent le gouvernement, mais il faut aussi miser sur des projets à plus long terme», a affirmé Suzanne Loiselle, directrice d’Entraide solidaire et membre du CPH.
La CPH demande entre autres au gouvernement canadien de dévoiler les montants et le contenu des projets de reconstruction qu’il finance et d’être plus clair sur sa stratégie.
«Les informations restent très générales et ne permettent pas de déterminer où va l’argent concrètement. Le contenu est imprécis et il n’y a encore aucun document-cadre qui n’a été publié», a déploré Catherine Duhamel, avocate et membre de la CPH.
Lorsque l’Agence QMI a contacté l’Agence de développement international (ACDI), jeudi dernier, pour connaître concrètement les projets auxquels servira cet argent, le porte-parole de l’ACDI, Scott Cantin, s’est contenté de répondre par courriel qu’il «déboursera les fonds au fur et à mesure que les besoins seront déterminés».
Concertation pour Haïti demande enfin au fédéral de réorienter ses activités vers le développement et les droits humains plutôt que sur les projets de sécurité
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
lundi 10 janvier 2011
La Croix-Rouge belge a récolté 6,44 millions € pour Haïti
La Croix-Rouge de Belgique a récolté l'an dernier une somme de 6,44 millions d'euros à la suite du tremblement de terre en Haïti, a-t-elle indiqué lundi dans un communiqué annonçant le lancement d'un nouvel appel aux dons, via le compte 000-0000016-16, pour poursuivre le processus de reconstruction. Dès les premières heures qui ont suivi le tremblement de terre du 12 janvier 2010, la Croix-Rouge de Belgique a envoyé sur place du matériel pour assurer l'aide urgente: 100 tonnes de kits d'hygiène, 14 millions de pastilles pour purifier l'eau, 400 tentes et 18.000 bâches, ainsi que 14 tentes dispensaires.
La phase d'urgence est toujours en cours puisqu'on estime à un million le nombre de personnes qui résident encore dans des camps improvisés. Le Mouvement Croix-Rouge s'est d'ores et déjà engagé dans la construction de 30.000 logements évolutifs, dont 3.000 ont déjà été construits, précise le communiqué.
La Croix-Rouge de Belgique est partie prenante dans cet effort de reconstruction et gère notamment deux projets: la construction de 600 maisons antisismiques et résistantes aux ouragans, et celle d'un centre médical équipé dont pourront bénéficier les quelque 70.000 personnes du district de Léogane.
Afin de fournir des logements décents aux centaines de milliers de victimes, la Croix-Rouge de Belgique a décidé de poursuivre ses actions de reconstruction et de développer de nouveaux projets d'hébergement, en concertation avec la Croix-Rouge haïtienne et les communautés locales. Elle lance à cet effet une nouvelle campagne d'appel aux dons, via le compte 000-0000016-16. (belga)
10/01/11 22h18
http://www.7sur7.be/7s7/fr/1502/Belgique/article/detail/1206290/2011/01/10/La-Croix-Rouge-belge-a-recolte-6-44-millions-euro-pour-Haiti.dhtml
La phase d'urgence est toujours en cours puisqu'on estime à un million le nombre de personnes qui résident encore dans des camps improvisés. Le Mouvement Croix-Rouge s'est d'ores et déjà engagé dans la construction de 30.000 logements évolutifs, dont 3.000 ont déjà été construits, précise le communiqué.
La Croix-Rouge de Belgique est partie prenante dans cet effort de reconstruction et gère notamment deux projets: la construction de 600 maisons antisismiques et résistantes aux ouragans, et celle d'un centre médical équipé dont pourront bénéficier les quelque 70.000 personnes du district de Léogane.
Afin de fournir des logements décents aux centaines de milliers de victimes, la Croix-Rouge de Belgique a décidé de poursuivre ses actions de reconstruction et de développer de nouveaux projets d'hébergement, en concertation avec la Croix-Rouge haïtienne et les communautés locales. Elle lance à cet effet une nouvelle campagne d'appel aux dons, via le compte 000-0000016-16. (belga)
10/01/11 22h18
http://www.7sur7.be/7s7/fr/1502/Belgique/article/detail/1206290/2011/01/10/La-Croix-Rouge-belge-a-recolte-6-44-millions-euro-pour-Haiti.dhtml
Haïti: l'OEA pour le retrait du candidat du parti au pouvoir
(AFP) – Il y a 3 heures PORT AU PRINCE (Haïti) — Le rapport d'évaluation du premier tour contesté de la présidentielle en Haïti, établi par des experts de l'Organisation des Etats américains (OEA), préconise le retrait du candidat du parti au pouvoir Jude Célestin, a indiqué lundi un diplomate de l'ONU.
"Ce sera très difficile pour (le président sortant René) Préval d'ignorer cette recommandation", a précisé cette même source.
Le rapport est d'avis que le chanteur Michel Martelly, arrivé en troisième position, demeure dans la course, selon cette source diplomatique qui a tenu à conserver l'anonymat.
L'annonce des résultats du premier tour de la présidentielle du 28 novembre avait provoqué des violences dans le pays, amenant M. Préval à commander un rapport d'évaluation du scrutin à l'OEA.
Selon ces résultats, l'ex-première dame Mirlande Manigat était arrivée en première position avec 31% des voix, devant le candidat soutenu par le pouvoir, Jude Célestin, qui a obtenu 22% des suffrages.
Le chanteur populaire Michel Martelly, qui conteste ces résultats, était arrivé de justesse en troisième position avec 21% des voix et n'avait donc pas été qualifié pour le second tour, au grand dam de ses partisans qui ont manifesté violemment dans l'ensemble du pays.
Un deuxième tour est en principe prévu le 16 janvier, mais le délai semble impossible à tenir.
Copyright © 2011 AFP. Tous droits réservés.
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5isP8HoB2nGIVEghQgbjBJ5t_SPuA?docId=CNG.b1c5a3f94104496d6ffbdedd37f0f820.bb1
"Ce sera très difficile pour (le président sortant René) Préval d'ignorer cette recommandation", a précisé cette même source.
Le rapport est d'avis que le chanteur Michel Martelly, arrivé en troisième position, demeure dans la course, selon cette source diplomatique qui a tenu à conserver l'anonymat.
L'annonce des résultats du premier tour de la présidentielle du 28 novembre avait provoqué des violences dans le pays, amenant M. Préval à commander un rapport d'évaluation du scrutin à l'OEA.
Selon ces résultats, l'ex-première dame Mirlande Manigat était arrivée en première position avec 31% des voix, devant le candidat soutenu par le pouvoir, Jude Célestin, qui a obtenu 22% des suffrages.
Le chanteur populaire Michel Martelly, qui conteste ces résultats, était arrivé de justesse en troisième position avec 21% des voix et n'avait donc pas été qualifié pour le second tour, au grand dam de ses partisans qui ont manifesté violemment dans l'ensemble du pays.
Un deuxième tour est en principe prévu le 16 janvier, mais le délai semble impossible à tenir.
Copyright © 2011 AFP. Tous droits réservés.
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5isP8HoB2nGIVEghQgbjBJ5t_SPuA?docId=CNG.b1c5a3f94104496d6ffbdedd37f0f820.bb1
PARIS (AP) — Il faudra au moins dix ans pour reconstruire Haïti. C'est le diagnostic fait par Pierre Duquesne, ambassadeur chargé de la coordination interministérielle française de l'aide et de la reconstruction, lors d'une conférence organisée lundi à la mairie de Paris à l'occasion du premier anniversaire du tremblement de terre du 12 janvier 2010, qui avait fait plus de 230.000 morts. Plus d'un million d'habitants sinistrés vivent encore dans des camps, souvent dans des conditions précaires.
Près de 10 milliards de dollars (environ 7,7 milliards d'euros) ont été promis par des donateurs internationaux lors d'une conférence sur la reconstruction d'Haïti organisée en mars dernier à New York. Mais l'organisation Médecins du monde estime, dans un communiqué, que les Etats membres de la communauté internationale, "loin d'avoir tenu leurs promesses, ne semblent envisager l'assistance à Haïti qu'au travers des programmes d'urgence".
En ce qui concerne la France, Philippe Duquesne ne partage pas cette analyse. Selon lui, la lenteur de la reconstruction s'explique notamment par le manque d'institutions étatiques, décimées au moment du séisme. "Il n'y a pas de ministère du Logement, pas de ministère de l'Enseignement supérieur, pas de financement du système de santé", souligne-t-il notamment, en ajoutant que la campagne électorale actuelle dans le pays "n'aide pas à la prise de décision".
Pour Laënnec Hurbon, directeur de recherche au CNRS et spécialiste d'Haïti, cette "dégringolade" ne date pas du 12 janvier 2010 puisque selon lui l'Etat s'est écroulé il y a déjà plusieurs années avec la dictature. Le séisme de magnitude 7,3 a été "l'estocade finale de l'Etat" qui reste aujourd'hui d'''une fragilité extrême", souligne-t-il.
Philippe Duquesne assure cependant que "la reconstruction n'est pas en panne" mais qu'elle prend du temps. "Au total, 1,4 milliard de dollars (1,1 milliard d'euros) a été versé à Haïti en 2010, ce qui me paraît conforme aux capacités d'absorption du pays", souligne-t-il, en précisant qu'il fallait engager les fonds progressivement. "Il n'est pas vrai et il est contre-productif de dire qu'il ne se passe rien", affirme-t-il.
Niels Scott, qui travaille pour l'Office de coordination des affaires humanitaires des Nations unies à Genève, rappelle notamment que plus de quatre millions de personnes ont reçu de la nourriture, et que 2,2 millions de personnes ont bénéficié d'un abri d'urgence. M. Scott, qui a passé cinq mois à Haïti, concède toutefois qu'''il y a des faiblesses dans la coordination de la gestion humanitaire", avec "trop de réunions, pas assez de résultats, de décisions".
François Grünewald, directeur général et scientifique du Groupe Urgence-Réhabilitation-Développement (URD), reconnaît qu'il y a eu "un manque de leadership humanitaire" et estime aussi que les humanitaires, souvent habitués à gérer des camps, "ne savent pas travailler en ville", ce qui posait problème à Port-au-Prince, la capitale. Mais il insiste sur "l'extraordinaire résilience des Haïtiens" qui, "très vite, ont essayé de s'en sortir", et sur le rôle important joué par la diaspora, notamment au Canada et aux Etats-Unis.
"On ne peut pas compter sur l'Etat qui s'est effondré", constate également le Dr Daniel Duré, qui tente d'enrayer "l'épidémie de choléra qui fait rage" actuellement en Haïti (plus de 3.000 morts), notamment en raison "des problèmes d'hygiène" dans les bidonvilles.
La France, qui a engagé des fonds notamment pour la reconstruction de l'hôpital universitaire d'Etat et deux quartiers de Port-au-Prince, a aussi accueilli depuis le séisme 1.015 enfants dont les procédures d'adoption avaient été lancées avant le 12 janvier 2010. "Vingt-cinq familles sont encore en attente car la procédure d'adoption n'est pas assez avancée", souligne Jean-Paul Monchau, ambassadeur chargé de l'adoption internationale au ministère français des Affaires étrangères.
"Il n'y a pas eu de nouvelles procédures engagées après le 12 janvier 2010, car les conditions d'adoption ne nous paraissent pas réunies", a-t-il précisé. La mise en place d'un organisme officiel chargé des adoptions à Haïti pourrait permettre de relancer le processus, mais le pays est confronté actuellement à d'autres priorités. AP
pyr/cov/st
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/social/20110110.FAP3467/un-an-apres-haiti-continue-de-panser-ses-plaies.html
Près de 10 milliards de dollars (environ 7,7 milliards d'euros) ont été promis par des donateurs internationaux lors d'une conférence sur la reconstruction d'Haïti organisée en mars dernier à New York. Mais l'organisation Médecins du monde estime, dans un communiqué, que les Etats membres de la communauté internationale, "loin d'avoir tenu leurs promesses, ne semblent envisager l'assistance à Haïti qu'au travers des programmes d'urgence".
En ce qui concerne la France, Philippe Duquesne ne partage pas cette analyse. Selon lui, la lenteur de la reconstruction s'explique notamment par le manque d'institutions étatiques, décimées au moment du séisme. "Il n'y a pas de ministère du Logement, pas de ministère de l'Enseignement supérieur, pas de financement du système de santé", souligne-t-il notamment, en ajoutant que la campagne électorale actuelle dans le pays "n'aide pas à la prise de décision".
Pour Laënnec Hurbon, directeur de recherche au CNRS et spécialiste d'Haïti, cette "dégringolade" ne date pas du 12 janvier 2010 puisque selon lui l'Etat s'est écroulé il y a déjà plusieurs années avec la dictature. Le séisme de magnitude 7,3 a été "l'estocade finale de l'Etat" qui reste aujourd'hui d'''une fragilité extrême", souligne-t-il.
Philippe Duquesne assure cependant que "la reconstruction n'est pas en panne" mais qu'elle prend du temps. "Au total, 1,4 milliard de dollars (1,1 milliard d'euros) a été versé à Haïti en 2010, ce qui me paraît conforme aux capacités d'absorption du pays", souligne-t-il, en précisant qu'il fallait engager les fonds progressivement. "Il n'est pas vrai et il est contre-productif de dire qu'il ne se passe rien", affirme-t-il.
Niels Scott, qui travaille pour l'Office de coordination des affaires humanitaires des Nations unies à Genève, rappelle notamment que plus de quatre millions de personnes ont reçu de la nourriture, et que 2,2 millions de personnes ont bénéficié d'un abri d'urgence. M. Scott, qui a passé cinq mois à Haïti, concède toutefois qu'''il y a des faiblesses dans la coordination de la gestion humanitaire", avec "trop de réunions, pas assez de résultats, de décisions".
François Grünewald, directeur général et scientifique du Groupe Urgence-Réhabilitation-Développement (URD), reconnaît qu'il y a eu "un manque de leadership humanitaire" et estime aussi que les humanitaires, souvent habitués à gérer des camps, "ne savent pas travailler en ville", ce qui posait problème à Port-au-Prince, la capitale. Mais il insiste sur "l'extraordinaire résilience des Haïtiens" qui, "très vite, ont essayé de s'en sortir", et sur le rôle important joué par la diaspora, notamment au Canada et aux Etats-Unis.
"On ne peut pas compter sur l'Etat qui s'est effondré", constate également le Dr Daniel Duré, qui tente d'enrayer "l'épidémie de choléra qui fait rage" actuellement en Haïti (plus de 3.000 morts), notamment en raison "des problèmes d'hygiène" dans les bidonvilles.
La France, qui a engagé des fonds notamment pour la reconstruction de l'hôpital universitaire d'Etat et deux quartiers de Port-au-Prince, a aussi accueilli depuis le séisme 1.015 enfants dont les procédures d'adoption avaient été lancées avant le 12 janvier 2010. "Vingt-cinq familles sont encore en attente car la procédure d'adoption n'est pas assez avancée", souligne Jean-Paul Monchau, ambassadeur chargé de l'adoption internationale au ministère français des Affaires étrangères.
"Il n'y a pas eu de nouvelles procédures engagées après le 12 janvier 2010, car les conditions d'adoption ne nous paraissent pas réunies", a-t-il précisé. La mise en place d'un organisme officiel chargé des adoptions à Haïti pourrait permettre de relancer le processus, mais le pays est confronté actuellement à d'autres priorités. AP
pyr/cov/st
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/social/20110110.FAP3467/un-an-apres-haiti-continue-de-panser-ses-plaies.html
Marvin Victor : "Je ne voulais pas échapper à ce qui se passait" en Haïti
Entretien avec l'auteur haïtien de "Corps mêlés" (Gallimard), 28 ans, qui signe le premier grand roman du séisme. Le Point.fr : Où étiez-vous le 12 janvier 2010 ?
Marvin Victor : À New York, où j'étais arrivé le 20 décembre 2009 pour une résidence d'artistes, un projet vidéo-peinture. Le 12 janvier, j'ai téléphoné à mon ex-compagne. La communication a été coupée. J'ai appelé quelqu'un d'autre aux États-Unis, il m'annonce le tremblement de terre en Haïti. Je n'y croyais pas. Le séisme, pour moi, n'était qu'un phénomène de géologie étudié à l'école, ça n'arrivait qu'au Japon... Tout de suite après, je n'ai voulu entrer en contact avec personne. J'ai voyagé à travers les USA, je ne pouvais pas rester longtemps dans un espace, surtout quand il y avait trop d'Haïtiens.
Quand avez-vous pu rentrer en Haïti ?
Deux mois après le séisme. Plus tôt, je ne pouvais pas. Tous les jours, aux États-Unis, je recevais des nouvelles de morts, et j'écrivais à des morts. Un jour, j'ai écrit à un ami sur Internet en essayant de ne pas être trop tragique, sur le ton "on va boire un grog"... Sur Facebook, je découvre alors la mention "paix à son âme". Il était mort. Dans les journaux, partout, j'apprenais des morts. Je suis, c'est compliqué, je suis vraiment touché. Surtout par rapport à mon ex. On était tout le temps au téléphone, elle devait passer me voir à New York. Donc... touché par sa mort.
Qu'étiez-vous en train d'écrire ?
J'étais en train de retravailler un texte, mais je me suis dit non. Je ne peux pas fuir comme ça. Je n'ai pas envie de voir la tristesse des Haïtiens et d'écrire un roman... Je me suis senti nul. Y avait-il quelque chose à faire ? Qu'est-ce que je vais dire ? Je ne sais pas consoler. Je ne suis jamais allé aux enterrements. Alors, je me suis dit : il faut écrire autre chose. J'étais tellement près de tout ce qui s'est passé, et encore aujourd'hui, que je n'osais pas proposer le roman que j'écrivais avant. Je ne voulais pas échapper à ce qui se passait. J'ai écrit autre chose mais en reprenant des personnages qui existaient. Ursula était l'héroïne d'une nouvelle qui va être publiée à New York dans une anthologie sur le polar dirigée par Edwige Danticat, Haïti noir, projet qui remonte à l'avant-tremblement de terre. Dans cette nouvelle, Ursula n'a pas de nom. Et sa fille est vivante.
Pourquoi avoir choisi de vous mettre dans la peau d'une Haïtienne de 45 ans, la narratrice de Corps mêlés ?
Je pense que les femmes sont plus fortes et plus crédibles que nous. Mon ex, à qui le livre est dédié, a été comédienne et militante. Elle traverse de part en part le corps de l'histoire. Et puis j'aime bien les personnages perdus, comme nous le sommes tous un peu, perdus et hantés par la mort, même sans tremblement de terre. La mort est très présente en Haïti. Chez ma grand-mère, il y a la tombe dans la cour, on joue dessus. Cette femme divague, revient à son village natal de Baie-de-Henne, parce que le tremblement de terre lui fait penser à son enfance. Je ne voulais pas que le séisme soit trop présent. Je voulais que le roman se situe dans une maison qui ne soit pas cassée. C'est pour ça que c'est un huis clos. Quand j'ai relu les épreuves de Corps mêlés, je me suis dit que oui, j'en avais parlé quand même.
Aujourd'hui, comment regardez-vous la situation en Haïti ?
Je ne comprends rien. J'essaie pourtant, mais je n'y arrive pas. Quand j'ai vu le nombre de candidats à la présidence, je me suis demandé "mais qu'est-ce qu'ils veulent ?" Reconstruire l'État ? Avec ces gens-là ?
Que signifie refonder Haïti pour vous ?
Refonder une nouvelle classe de politiques. Et ce n'est pas un truc qu'on peut faire maintenant. Ni même dans dix ans. Dans vingt ans peut-être... On n'est pas prêts. Je dis cela parce que tous reconstruisent les uns après les autres le même schéma, les jeunes aussi, et certains, même parmi mes amis, recommencent... Je trouve cela si lamentable, si méprisable.
Quels sont vos projets ?
Je suis en train de finir mon deuxième roman et de faire un film. Actuellement, j'habite aux Cayes (à environ 200 kilomètres au sud de Port-au-Prince, NDLR), j'en avais assez de Port-au-Prince, d'où je suis. J'habitais à Pétionville, mais la maison s'est barrée. Je ne sais pas à quoi peut ressembler mon mode de vie. M'installer en Haïti ? Dans le sud ? Je ne sais pas quoi faire.
"Corps mêlés", Gallimard, 249 pages, 18,50 euros. En librairie le 13 janvier.
Marvin Victor : À New York, où j'étais arrivé le 20 décembre 2009 pour une résidence d'artistes, un projet vidéo-peinture. Le 12 janvier, j'ai téléphoné à mon ex-compagne. La communication a été coupée. J'ai appelé quelqu'un d'autre aux États-Unis, il m'annonce le tremblement de terre en Haïti. Je n'y croyais pas. Le séisme, pour moi, n'était qu'un phénomène de géologie étudié à l'école, ça n'arrivait qu'au Japon... Tout de suite après, je n'ai voulu entrer en contact avec personne. J'ai voyagé à travers les USA, je ne pouvais pas rester longtemps dans un espace, surtout quand il y avait trop d'Haïtiens.
Quand avez-vous pu rentrer en Haïti ?
Deux mois après le séisme. Plus tôt, je ne pouvais pas. Tous les jours, aux États-Unis, je recevais des nouvelles de morts, et j'écrivais à des morts. Un jour, j'ai écrit à un ami sur Internet en essayant de ne pas être trop tragique, sur le ton "on va boire un grog"... Sur Facebook, je découvre alors la mention "paix à son âme". Il était mort. Dans les journaux, partout, j'apprenais des morts. Je suis, c'est compliqué, je suis vraiment touché. Surtout par rapport à mon ex. On était tout le temps au téléphone, elle devait passer me voir à New York. Donc... touché par sa mort.
Qu'étiez-vous en train d'écrire ?
J'étais en train de retravailler un texte, mais je me suis dit non. Je ne peux pas fuir comme ça. Je n'ai pas envie de voir la tristesse des Haïtiens et d'écrire un roman... Je me suis senti nul. Y avait-il quelque chose à faire ? Qu'est-ce que je vais dire ? Je ne sais pas consoler. Je ne suis jamais allé aux enterrements. Alors, je me suis dit : il faut écrire autre chose. J'étais tellement près de tout ce qui s'est passé, et encore aujourd'hui, que je n'osais pas proposer le roman que j'écrivais avant. Je ne voulais pas échapper à ce qui se passait. J'ai écrit autre chose mais en reprenant des personnages qui existaient. Ursula était l'héroïne d'une nouvelle qui va être publiée à New York dans une anthologie sur le polar dirigée par Edwige Danticat, Haïti noir, projet qui remonte à l'avant-tremblement de terre. Dans cette nouvelle, Ursula n'a pas de nom. Et sa fille est vivante.
Pourquoi avoir choisi de vous mettre dans la peau d'une Haïtienne de 45 ans, la narratrice de Corps mêlés ?
Je pense que les femmes sont plus fortes et plus crédibles que nous. Mon ex, à qui le livre est dédié, a été comédienne et militante. Elle traverse de part en part le corps de l'histoire. Et puis j'aime bien les personnages perdus, comme nous le sommes tous un peu, perdus et hantés par la mort, même sans tremblement de terre. La mort est très présente en Haïti. Chez ma grand-mère, il y a la tombe dans la cour, on joue dessus. Cette femme divague, revient à son village natal de Baie-de-Henne, parce que le tremblement de terre lui fait penser à son enfance. Je ne voulais pas que le séisme soit trop présent. Je voulais que le roman se situe dans une maison qui ne soit pas cassée. C'est pour ça que c'est un huis clos. Quand j'ai relu les épreuves de Corps mêlés, je me suis dit que oui, j'en avais parlé quand même.
Aujourd'hui, comment regardez-vous la situation en Haïti ?
Je ne comprends rien. J'essaie pourtant, mais je n'y arrive pas. Quand j'ai vu le nombre de candidats à la présidence, je me suis demandé "mais qu'est-ce qu'ils veulent ?" Reconstruire l'État ? Avec ces gens-là ?
Que signifie refonder Haïti pour vous ?
Refonder une nouvelle classe de politiques. Et ce n'est pas un truc qu'on peut faire maintenant. Ni même dans dix ans. Dans vingt ans peut-être... On n'est pas prêts. Je dis cela parce que tous reconstruisent les uns après les autres le même schéma, les jeunes aussi, et certains, même parmi mes amis, recommencent... Je trouve cela si lamentable, si méprisable.
Quels sont vos projets ?
Je suis en train de finir mon deuxième roman et de faire un film. Actuellement, j'habite aux Cayes (à environ 200 kilomètres au sud de Port-au-Prince, NDLR), j'en avais assez de Port-au-Prince, d'où je suis. J'habitais à Pétionville, mais la maison s'est barrée. Je ne sais pas à quoi peut ressembler mon mode de vie. M'installer en Haïti ? Dans le sud ? Je ne sais pas quoi faire.
"Corps mêlés", Gallimard, 249 pages, 18,50 euros. En librairie le 13 janvier.
HAÏTI - La première grande fiction née du séisme
Un an après la catastrophe qui a ravagé son pays, le jeune Marvin Victor étreint Haïti dans son premier roman, un chef-d'oeuvre. Valérie Marin La Meslée
Voici la première grande fiction née du 12 janvier 2010. Le premier roman de Marvin Victor, Haïtien de 28 ans, repéré dès 2006 par le prix du jeune écrivain francophone qui lui est revenu deux ans de suite pour ses nouvelles et dont il faut désormais retenir le nom.
Corps mêlés nous ramène en ce terrible jour, à Port-au-Prince, aux côtés d'Ursula Fanon, 45 ans. Elle vient de dégager des décombres le corps de sa fille, morte dans son lit. Et maintenant ? Ursula trouve refuge au domicile, encore debout, de son ami et amant de prime jeunesse, Simon Madère, devenu journaliste reporter d'images et qui est incapable de prendre des photos de ce qu'il voit autour de lui ce jour-là. Une mère, "dans la perte de son unique enfant et de soi", vient tenter un dialogue avec Simon, qu'elle n'a pas revu depuis tant d'années. Mais l'homme reste muet. La confidence d'Ursula se transforme alors en monologue intérieur, au souffle ininterrompu comme pour retenir la vie.
Ce 12 janvier, les ruines et les corps mêlés, entassés sur les matelas qu'elle voit par la fenêtre, la ramènent à son enfance, au village de Baie-de-Henne, où la mort était si présente. Les souvenirs remontent et redonnent vie à tous ses morts, dans un désordre flamboyant. Les récits d'Ursula, familiaux, amicaux, amoureux, traversent toutes les époques du pays, de la dictature de Duvalier à nos jours en passant par la révolte contre Aristide. Ils contiennent Haïti de la ville, des champs et de la mer qui baigne Baie-de-Henne, Haïti pauvre et riche, joyeuse et douloureuse, Haïti religieuse, tout cela par morceaux, à la dérive, dans la voix de la narratrice qui cherche à se rassembler. Et s'accroche à la survie possible de son amie Roseline dont le téléphone sonne toujours dans le vide.
La révélation d'un écrivain
Dans ce flot de paroles si magnifiquement rythmé, Ursula convoque sa mère défunte qui l'a abandonnée, sa marraine, forte femme qui l'a élevée, et Simon, bien sûr, qui n'a pas voulu partir avec elle pour la capitale où ils se retrouvent tous deux face à face, ce jour tragique. À fumer sans relâche, à boire du rhum trois étoiles. Ursula doit parler de sa fille à cet homme. "Failllis-je dire à Simon", peut-on lire... Un secret se cache au creux de sa divagation entre le passé et le présent. Jamais la douleur ne se répand. Elle se tient droite, tantôt douce, tantôt rageuse, et toujours lucide, critique, provocante même. Car vifs sont encore, quelques heures après la mort de sa fille, les hurlements qui les déchiraient toutes deux, comme en écho à celui de l'accouchement sur lequel s'ouvre mémorablement ce livre. La fille d'Ursula désolait sa mère parce qu'elle était de ces "jeunes femmes qui n'entrent pas seules dans leur nuit" mais se font la belle vie grâce à leurs charmes, oubliant la misère du jour pour flamber dans les bras des riches.
De la jeune morte, Marvin Victor ne révèle le prénom qu'au final. Après avoir étreint son pays dans ses pages. Cette somptueuse procession de phrases, qui se succèdent dans une grammaire de la retenue et font songer à la sinueuse minutie d'une Marie Ndiaye, construit le tombeau Marie-Carmen Fanon. Un tombeau pour tous les morts. Que peut la littérature ? Entourer les morts de ses mots, porter Haïti debout, parmi les vivants. Mais Corps mêlés n'est pas seulement le premier grand roman de la tragédie qui a dévasté Haïti. C'est la révélation d'un écrivain.
http://www.lepoint.fr/culture/haiti-la-premiere-grande-fiction-nee-du-seisme-10-01-2011-128657_3.php
Voici la première grande fiction née du 12 janvier 2010. Le premier roman de Marvin Victor, Haïtien de 28 ans, repéré dès 2006 par le prix du jeune écrivain francophone qui lui est revenu deux ans de suite pour ses nouvelles et dont il faut désormais retenir le nom.
Corps mêlés nous ramène en ce terrible jour, à Port-au-Prince, aux côtés d'Ursula Fanon, 45 ans. Elle vient de dégager des décombres le corps de sa fille, morte dans son lit. Et maintenant ? Ursula trouve refuge au domicile, encore debout, de son ami et amant de prime jeunesse, Simon Madère, devenu journaliste reporter d'images et qui est incapable de prendre des photos de ce qu'il voit autour de lui ce jour-là. Une mère, "dans la perte de son unique enfant et de soi", vient tenter un dialogue avec Simon, qu'elle n'a pas revu depuis tant d'années. Mais l'homme reste muet. La confidence d'Ursula se transforme alors en monologue intérieur, au souffle ininterrompu comme pour retenir la vie.
Ce 12 janvier, les ruines et les corps mêlés, entassés sur les matelas qu'elle voit par la fenêtre, la ramènent à son enfance, au village de Baie-de-Henne, où la mort était si présente. Les souvenirs remontent et redonnent vie à tous ses morts, dans un désordre flamboyant. Les récits d'Ursula, familiaux, amicaux, amoureux, traversent toutes les époques du pays, de la dictature de Duvalier à nos jours en passant par la révolte contre Aristide. Ils contiennent Haïti de la ville, des champs et de la mer qui baigne Baie-de-Henne, Haïti pauvre et riche, joyeuse et douloureuse, Haïti religieuse, tout cela par morceaux, à la dérive, dans la voix de la narratrice qui cherche à se rassembler. Et s'accroche à la survie possible de son amie Roseline dont le téléphone sonne toujours dans le vide.
La révélation d'un écrivain
Dans ce flot de paroles si magnifiquement rythmé, Ursula convoque sa mère défunte qui l'a abandonnée, sa marraine, forte femme qui l'a élevée, et Simon, bien sûr, qui n'a pas voulu partir avec elle pour la capitale où ils se retrouvent tous deux face à face, ce jour tragique. À fumer sans relâche, à boire du rhum trois étoiles. Ursula doit parler de sa fille à cet homme. "Failllis-je dire à Simon", peut-on lire... Un secret se cache au creux de sa divagation entre le passé et le présent. Jamais la douleur ne se répand. Elle se tient droite, tantôt douce, tantôt rageuse, et toujours lucide, critique, provocante même. Car vifs sont encore, quelques heures après la mort de sa fille, les hurlements qui les déchiraient toutes deux, comme en écho à celui de l'accouchement sur lequel s'ouvre mémorablement ce livre. La fille d'Ursula désolait sa mère parce qu'elle était de ces "jeunes femmes qui n'entrent pas seules dans leur nuit" mais se font la belle vie grâce à leurs charmes, oubliant la misère du jour pour flamber dans les bras des riches.
De la jeune morte, Marvin Victor ne révèle le prénom qu'au final. Après avoir étreint son pays dans ses pages. Cette somptueuse procession de phrases, qui se succèdent dans une grammaire de la retenue et font songer à la sinueuse minutie d'une Marie Ndiaye, construit le tombeau Marie-Carmen Fanon. Un tombeau pour tous les morts. Que peut la littérature ? Entourer les morts de ses mots, porter Haïti debout, parmi les vivants. Mais Corps mêlés n'est pas seulement le premier grand roman de la tragédie qui a dévasté Haïti. C'est la révélation d'un écrivain.
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Haïti: une reconstruction sans fin
Créé le 10.01.11 à 07h15
Dans le quartier du Canapé Vert, sur les hauteurs de Port-au-Prince, une dizaine de personnes se relaient sur un tas de gravats. Armées d'un seau, elles déblaient une des universités de la capitale haïtienne. «Ça fait un an que j'y travaille tous les jours et je ne sais pas vraiment si l'on terminera», lâche Djeko, le doyen de la bande, avant de se rasseoir sur un caillou. A deux jours du premier anniversaire du séisme, Haïti n'en finit plus de panser ses plaies.
«Parfois, on se demande s'ils ne veulent pas en faire une attraction touristique»
Des plaies encore béantes. Car même si les routes sont enfin praticables, seulement 5% des 20 millions de mètres cubes de gravats (équivalent à environ dix fois ceux du World Trade Center) ont été déblayés. Et les bâtiments de la vieille ville étalent leurs ruines. Comme le Palais des ministères, régulièrement incendié et pillé, et surtout le Palais présidentiel. Concassé par le séisme, le bâtiment continue d'exposer ses entrailles. Personne n'a encore osé s'y attaquer. «Parfois, on se demande s'ils ne veulent pas en faire une attraction touristique», raille Lousteau Roussos, un habitant installé dans le terrain vague de l'ancien palais de justice.
Au milieu de ces administrations effondrées, les habitants survivent et continuent de compter leurs morts qui réapparaissent au fur et à mesure que les chantiers avancent. Vendredi encore, rue Capois, une femme a reconnu le squelette de son concubin grâce à ses vêtements et à sa caméra numérique, provoquant un attroupement.
Un disparu qui s'ajoute aux 250.000 victimes du séisme. Pour les vivants, la «bidonvillisation» de Port-au-Prince se pérennise. Le Champ-de-Mars, artère principale de la ville, est cerné par les camps de réfugiés. Les tentes US AID jouxtent celles à l'effigie de la République de Chine.
«Ils ne savent même pas où ils veulent reconstruire leurs administrations»
«Nous vivons à 2.500 dans ce camp. La corruption règne et nous en sommes déjà à 21 morts du choléra», détaille Carlos Robben, un réfugié, en montrant du doigt le camp de Toussaint-Louverture, qui s'est installé juste devant le Palais présidentiel. Pourtant la situation s'améliore : le nombre de réfugiés est passé de 1,5 million à 900.000 personnes.
Pas assez vite, selon les habitants, qui critiquent l'inefficacité de l'Etat, lequel peut s'appuyer sur les 9,3 milliards de dollars d'aides internationales promis à la conférence des donateurs en avril dernier – même si une infime partie a été pour le moment débloquée.
«Ils ne savent même pas où ils veulent reconstruire leurs administrations», analyse l'ambassadeur de France, Didier Le Bret. «Le séisme a poussé les gens hors de chez eux. L'Etat n'a rien fait pour les remettre dedans», conclut Jan Hanssens, directeur exécutif de la commission Justice et Paix, une ONG haïtienne qui collabore avec le CCFD-Terre solidaire.
—Mathieu Goar
http://www.20minutes.fr/article/650000/monde-haiti-reconstruction-fin
Un an après le tremblement de terre, 5% seulement des 20millions de mètres cubes de gravats ont été déblayés. — M. GOAR / 20 MINUTES |
«Parfois, on se demande s'ils ne veulent pas en faire une attraction touristique»
Des plaies encore béantes. Car même si les routes sont enfin praticables, seulement 5% des 20 millions de mètres cubes de gravats (équivalent à environ dix fois ceux du World Trade Center) ont été déblayés. Et les bâtiments de la vieille ville étalent leurs ruines. Comme le Palais des ministères, régulièrement incendié et pillé, et surtout le Palais présidentiel. Concassé par le séisme, le bâtiment continue d'exposer ses entrailles. Personne n'a encore osé s'y attaquer. «Parfois, on se demande s'ils ne veulent pas en faire une attraction touristique», raille Lousteau Roussos, un habitant installé dans le terrain vague de l'ancien palais de justice.
Au milieu de ces administrations effondrées, les habitants survivent et continuent de compter leurs morts qui réapparaissent au fur et à mesure que les chantiers avancent. Vendredi encore, rue Capois, une femme a reconnu le squelette de son concubin grâce à ses vêtements et à sa caméra numérique, provoquant un attroupement.
Un disparu qui s'ajoute aux 250.000 victimes du séisme. Pour les vivants, la «bidonvillisation» de Port-au-Prince se pérennise. Le Champ-de-Mars, artère principale de la ville, est cerné par les camps de réfugiés. Les tentes US AID jouxtent celles à l'effigie de la République de Chine.
«Ils ne savent même pas où ils veulent reconstruire leurs administrations»
«Nous vivons à 2.500 dans ce camp. La corruption règne et nous en sommes déjà à 21 morts du choléra», détaille Carlos Robben, un réfugié, en montrant du doigt le camp de Toussaint-Louverture, qui s'est installé juste devant le Palais présidentiel. Pourtant la situation s'améliore : le nombre de réfugiés est passé de 1,5 million à 900.000 personnes.
Pas assez vite, selon les habitants, qui critiquent l'inefficacité de l'Etat, lequel peut s'appuyer sur les 9,3 milliards de dollars d'aides internationales promis à la conférence des donateurs en avril dernier – même si une infime partie a été pour le moment débloquée.
«Ils ne savent même pas où ils veulent reconstruire leurs administrations», analyse l'ambassadeur de France, Didier Le Bret. «Le séisme a poussé les gens hors de chez eux. L'Etat n'a rien fait pour les remettre dedans», conclut Jan Hanssens, directeur exécutif de la commission Justice et Paix, une ONG haïtienne qui collabore avec le CCFD-Terre solidaire.
—Mathieu Goar
http://www.20minutes.fr/article/650000/monde-haiti-reconstruction-fin
«Qu'est-ce qui est arrivé à mes filles?»
Publié le 10 janvier 2011
Le Soleil
(Québec) La journée du 12 janvier 2010 débute comme toutes les autres pour la famille Petit-Frère, qui mène une vie paisible à Caradeux, une banlieue située au nord de Port-au-Prince. Les filles se rendent à l'école, et leur père, au travail. Économiste et comptable de formation, Déjuste Petit-Frère occupe depuis près de 20 ans un emploi à la Banque centrale d'Haïti.
Ce jour-là, il quitte le bureau peu après 16h30 au volant de sa voiture. Un collègue de travail l'accompagne. Avant de rentrer à la maison, il doit passer prendre ses filles Anaïka et Dyana, qui l'attendent après l'école à la Maison du livre, rue Christophe. C'est l'heure de pointe à Port-au-Prince, et la circulation est dense rue Pavé.
«Il y avait un blocus ce soir-là, dit-il. On roulait très lentement.» Soudainement, il entend un grand bruit provenant de l'arrière de la voiture. «J'ai regardé derrière, car je croyais qu'une voiture nous avait frappés. Quand j'ai retourné la tête vers l'avant, j'ai vu des maisons s'écrouler. Je me suis dit : "Mais qu'est-ce qui se passe?"»
Des cadavres partout
La ville craque de partout. En quelques secondes, sa vie et celles de millions d'Haïtiens basculent. Il est coincé dans sa voiture. Son esprit s'embrouille. Il panique. «La portière était bloquée par des débris. J'ai dû sortir par la fenêtre.» Une fois dans la rue, il a constaté l'ampleur de la catastrophe. «Il y avait beaucoup de poussière. Les maisons s'étaient effondrées. On voyait des cadavres partout.»
Il a peur. Il pense à sa famille. «En voyant que même le Palais présidentiel et l'édifice de la direction générale des impôts s'étaient effondrés, je me suis demandé : "Mais qu'est-ce qui est arrivé à mes filles?" Ma seule préoccupation était de les retrouver.» Il marche en direction de la Maison du livre au milieu des corps, des fils électriques et des multiples débris qui jonchent le sol. Il y parvient plus d'une heure plus tard et retrouve ses deux filles à l'extérieur, saines et sauves. «Nous étions dans la librairie quand on a senti une première secousse. À la deuxième, on a senti que la librairie s'effondrait et on est sortis. Dehors, les gens pleuraient, criaient et couraient partout», explique Anaïka.
C'est le chaos. Le père et ses filles s'inquiètent maintenant pour Solange et Cybille. Ils mettront près de trois heures pour rentrer à pied. Lézardée de toutes parts, leur maison de pierres blanches a tenu le coup. Tout le monde va bien. Ils ont eu de la chance. «Nous étions juste assez loin de l'épicentre», croit Déjuste.
Le premier mois suivant le séisme, la famille dort dans la cour, à la belle étoile. «C'était trop dangereux de rester dans la maison.» Les secours tardent à se rendre à eux. Au départ, l'aide internationale se concentre au centre-ville de Port-au-Prince et à Léogâne, des secteurs fortement touchés, explique Déjuste. La famille doit donc s'organiser pour survivre. «Grâce à Dieu, nous avions des réserves d'eau et de nourriture.» On leur fournira finalement une tente et des vivres, plus d'un mois après le séisme.
En septembre, le passage de l'ouragan Igor les oblige à retourner dans leur maison. «La tempête avait tout saccagé!» Ils en rigolent aujourd'hui...
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/dossiers/seisme-en-haiti/201101/09/01-4358496-quest-ce-qui-est-arrive-a-mes-filles.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4358495_article_POS1
Le Soleil
(Québec) La journée du 12 janvier 2010 débute comme toutes les autres pour la famille Petit-Frère, qui mène une vie paisible à Caradeux, une banlieue située au nord de Port-au-Prince. Les filles se rendent à l'école, et leur père, au travail. Économiste et comptable de formation, Déjuste Petit-Frère occupe depuis près de 20 ans un emploi à la Banque centrale d'Haïti.
Ce jour-là, il quitte le bureau peu après 16h30 au volant de sa voiture. Un collègue de travail l'accompagne. Avant de rentrer à la maison, il doit passer prendre ses filles Anaïka et Dyana, qui l'attendent après l'école à la Maison du livre, rue Christophe. C'est l'heure de pointe à Port-au-Prince, et la circulation est dense rue Pavé.
«Il y avait un blocus ce soir-là, dit-il. On roulait très lentement.» Soudainement, il entend un grand bruit provenant de l'arrière de la voiture. «J'ai regardé derrière, car je croyais qu'une voiture nous avait frappés. Quand j'ai retourné la tête vers l'avant, j'ai vu des maisons s'écrouler. Je me suis dit : "Mais qu'est-ce qui se passe?"»
Des cadavres partout
La ville craque de partout. En quelques secondes, sa vie et celles de millions d'Haïtiens basculent. Il est coincé dans sa voiture. Son esprit s'embrouille. Il panique. «La portière était bloquée par des débris. J'ai dû sortir par la fenêtre.» Une fois dans la rue, il a constaté l'ampleur de la catastrophe. «Il y avait beaucoup de poussière. Les maisons s'étaient effondrées. On voyait des cadavres partout.»
Il a peur. Il pense à sa famille. «En voyant que même le Palais présidentiel et l'édifice de la direction générale des impôts s'étaient effondrés, je me suis demandé : "Mais qu'est-ce qui est arrivé à mes filles?" Ma seule préoccupation était de les retrouver.» Il marche en direction de la Maison du livre au milieu des corps, des fils électriques et des multiples débris qui jonchent le sol. Il y parvient plus d'une heure plus tard et retrouve ses deux filles à l'extérieur, saines et sauves. «Nous étions dans la librairie quand on a senti une première secousse. À la deuxième, on a senti que la librairie s'effondrait et on est sortis. Dehors, les gens pleuraient, criaient et couraient partout», explique Anaïka.
C'est le chaos. Le père et ses filles s'inquiètent maintenant pour Solange et Cybille. Ils mettront près de trois heures pour rentrer à pied. Lézardée de toutes parts, leur maison de pierres blanches a tenu le coup. Tout le monde va bien. Ils ont eu de la chance. «Nous étions juste assez loin de l'épicentre», croit Déjuste.
Le premier mois suivant le séisme, la famille dort dans la cour, à la belle étoile. «C'était trop dangereux de rester dans la maison.» Les secours tardent à se rendre à eux. Au départ, l'aide internationale se concentre au centre-ville de Port-au-Prince et à Léogâne, des secteurs fortement touchés, explique Déjuste. La famille doit donc s'organiser pour survivre. «Grâce à Dieu, nous avions des réserves d'eau et de nourriture.» On leur fournira finalement une tente et des vivres, plus d'un mois après le séisme.
En septembre, le passage de l'ouragan Igor les oblige à retourner dans leur maison. «La tempête avait tout saccagé!» Ils en rigolent aujourd'hui...
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/dossiers/seisme-en-haiti/201101/09/01-4358496-quest-ce-qui-est-arrive-a-mes-filles.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4358495_article_POS1
Rebâtir sa vie... bien loin d'Haïti
Publié le 10 janvier 2011 Le Soleil
(Québec) Le séisme du 12 janvier 2010 les a épargnés, mais comme des centaines de milliers d'Haïtiens, ils ont tout perdu. Déjuste Petit-Frère, sa femme Solange et leurs trois filles sont arrivés à Québec le 22 décembre, quittant avec un pincement au coeur un pays affligé de tant de maux. Aujourd'hui, c'est ici qu'ils veulent commencer une nouvelle vie.
Lormilia Petit-Frère, qui vit à Québec depuis 1984, héberge son frère Déjuste et sa famille depuis leur arrivée en décembre. Le Soleil, Yan Doublet
«Bonsoir, je m'appelle Cybille Petit-Frère!» Le seuil de la porte tout juste franchi, nos lunettes sont encore toutes embuées en cette froide soirée de janvier quand une petite main se présente à nous. Elle a neuf ans. C'est la plus jeune des trois filles de la famille. Notre manteau à peine enlevé, Anaïka, 17 ans, et Dyana, 16 ans, se pressent aussi pour nous saluer. Tout au long de l'entretien, ils insisteront tous sur l'accueil des gens de Québec. Et c'est avec une chaleur peu commune qu'ils nous reçoivent.
Arrivée depuis quelques semaines, la famille est une des premières, sinon la première famille haïtienne à s'établir ici depuis le tremblement de terre de l'an dernier, qui a fait près d'un quart de million de victimes. En attendant de trouver un appartement, ils logent chez la soeur de Déjuste, Lormilia Petit-Frère, et son mari, Samuel Chérubin, installés à Québec depuis plusieurs années.
Dans la maison de la rue Courcy, le sapin est toujours là. Les filles racontent leur premier Noël blanc. Le 25 décembre, ils ont mangé de la dinde et du cipâte. «Comme tout le monde!» Elles ont reçu beaucoup de cadeaux. «Surtout des tuques, des mitaines et des vêtements d'hiver!» s'amusent-elles. La neige et le froid? Bof, semblent dire Anaïka et Dyana, avec cette moue caractéristique qu'affichent souvent les adolescents. «C'est joli, mais je vais devoir m'habituer à ce climat», dit Dyana.
De son côté, Cybile fait rouler ses grands yeux noirs autour de la table en bois de la cuisine. Discrète, elle semble malgré tout être le clown de la famille et provoque des éclats de rires chaque fois qu'elle ouvre la bouche. «J'aime l'école, j'aime les jouets, j'aime jouer dans la neige...»
À les observer, il est difficile de croire qu'ils ont passé les 11 derniers mois dans des abris de fortune, privés de ce que la plupart d'entre nous considèrent comme essentiel. Ils ont l'air heureux. Ils rient. S'ils sont visiblement con-tents d'être là, on sent tout de même que leur coeur est encore en Haïti, ce pays qu'ils aiment tant malgré les malheurs qui l'accablent. «C'est difficile de quitter son pays. On est attaché à sa culture», confie Déjuste, qui a pris place au bout de la table.
Ils parlent de la beauté du pays, du soleil haïtien, de la mer, de ceux qu'ils laissent derrière. «Je vais m'ennuyer de mes amis et de la famille», ajoute Anaïka.
Mais la vie s'annonçait difficile là-bas. «Les enfants étaient stressés à la fin», insiste Solange. Les mois passés sous une tente, l'instabilité politique et la désorganisation sociale persistantes les auront convaincus de prendre la route de l'exil. «C'est dommage qu'Haïti ait toujours autant de difficultés. Regardez ce qui nous a frappés depuis un an : un tremblement de terre, des cyclones, le choléra, la politique! C'est un pays qui ne connaît que des maux. Mais c'est un si beau pays. J'espère qu'un jour Haïti va connaître de beaux jours», continue Lormilia.
Aujourd'hui, les Petit-Frère ont un toit. Ils se considèrent chanceux. «Mon souhait est que moi et ma famille, on puisse vivre ici en paix et en sécurité», enchaîne Déjuste. Les filles ont déjà des projets. Anaïka aimerait jouer au tennis. «Je devais aussi commencer des cours de violon en Haïti, mais avec ce qui est arrivé...» Cybille voudrait essayer le patin à glace. «J'ai demandé à mon père de m'en acheter», dit-elle en lui lançant un regard espiègle.
Ici pour rester?
Les adolescentes sont inscrites à la polyvalente de L'Ancienne-Lorette. Cybille à l'école primaire. Ont-ils l'intention de prendre racine à Québec? La question posée, les visages s'allongent un peu, les yeux se baissent. Déjuste accuse un moment de réflexion, il fronce les sourcils. «Je dois travailler pour prendre soin de ma famille. J'aimerais bien travailler dans mon domaine en comptabilité ou science économique, mais je ne sais pas encore si ce sera possible.»
«C'est difficile pour les immigrants de trouver du travail ici», ajoute Lormilia. On évoque Montréal, où la communauté haïtienne est importante, Gatineau, Toronto...
La famille a pu immigrer grâce à un programme mis en place par Québec pour faciliter la réunification des familles. Une belle initiative, mais pas à la portée de tous, se désole Lormilia. Elle et son mari ont dû investir «des milliers de dollars» pour faire venir la famille de son frère.
«Les démarches ont aussi été très lourdes. Il fallait obtenir de nouveaux actes de naissance, des passeports. Tout avait été détruit», soutient la femme arrivée à Québec en 1984, deux ans avant la fuite du dictateur Jean-Claude Duvalier. Elle salue la générosité des gens de Québec. «Merci aux Québécois! Je n'aurais jamais pensé qu'ils étaient aussi proches des Haïtiens. J'ai vu des gens pleurer. Certains collègues me donnaient deux cents, parfois cinq cents dollars pour Haïti», affirme la femme qui enseigne en petite enfance à l'école Montessori.
Après plus d'une heure, le temps est venu de se quitter. Les filles demandent au photographe : «On va passer à la télé?» Tout le monde rit. Nos hôtes insistent pour nous offrir des cadeaux, bien emballés. «Mèsi ampil, Mèsi ampil!» répètent-ils. «Ça veut dire "merci en pile" en créole. On dit ça quand il y en a beaucoup», assure Déjuste. Pour le moment, la famille compte vivre ici. Il faudra trouver un logement. Les filles vont bientôt commencer l'école.
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/dossiers/seisme-en-haiti/201101/09/01-4358495-rebatir-sa-vie-bien-loin-dhaiti.php
(Québec) Le séisme du 12 janvier 2010 les a épargnés, mais comme des centaines de milliers d'Haïtiens, ils ont tout perdu. Déjuste Petit-Frère, sa femme Solange et leurs trois filles sont arrivés à Québec le 22 décembre, quittant avec un pincement au coeur un pays affligé de tant de maux. Aujourd'hui, c'est ici qu'ils veulent commencer une nouvelle vie.
Lormilia Petit-Frère, qui vit à Québec depuis 1984, héberge son frère Déjuste et sa famille depuis leur arrivée en décembre. Le Soleil, Yan Doublet
«Bonsoir, je m'appelle Cybille Petit-Frère!» Le seuil de la porte tout juste franchi, nos lunettes sont encore toutes embuées en cette froide soirée de janvier quand une petite main se présente à nous. Elle a neuf ans. C'est la plus jeune des trois filles de la famille. Notre manteau à peine enlevé, Anaïka, 17 ans, et Dyana, 16 ans, se pressent aussi pour nous saluer. Tout au long de l'entretien, ils insisteront tous sur l'accueil des gens de Québec. Et c'est avec une chaleur peu commune qu'ils nous reçoivent.
Arrivée depuis quelques semaines, la famille est une des premières, sinon la première famille haïtienne à s'établir ici depuis le tremblement de terre de l'an dernier, qui a fait près d'un quart de million de victimes. En attendant de trouver un appartement, ils logent chez la soeur de Déjuste, Lormilia Petit-Frère, et son mari, Samuel Chérubin, installés à Québec depuis plusieurs années.
Dans la maison de la rue Courcy, le sapin est toujours là. Les filles racontent leur premier Noël blanc. Le 25 décembre, ils ont mangé de la dinde et du cipâte. «Comme tout le monde!» Elles ont reçu beaucoup de cadeaux. «Surtout des tuques, des mitaines et des vêtements d'hiver!» s'amusent-elles. La neige et le froid? Bof, semblent dire Anaïka et Dyana, avec cette moue caractéristique qu'affichent souvent les adolescents. «C'est joli, mais je vais devoir m'habituer à ce climat», dit Dyana.
De son côté, Cybile fait rouler ses grands yeux noirs autour de la table en bois de la cuisine. Discrète, elle semble malgré tout être le clown de la famille et provoque des éclats de rires chaque fois qu'elle ouvre la bouche. «J'aime l'école, j'aime les jouets, j'aime jouer dans la neige...»
À les observer, il est difficile de croire qu'ils ont passé les 11 derniers mois dans des abris de fortune, privés de ce que la plupart d'entre nous considèrent comme essentiel. Ils ont l'air heureux. Ils rient. S'ils sont visiblement con-tents d'être là, on sent tout de même que leur coeur est encore en Haïti, ce pays qu'ils aiment tant malgré les malheurs qui l'accablent. «C'est difficile de quitter son pays. On est attaché à sa culture», confie Déjuste, qui a pris place au bout de la table.
Ils parlent de la beauté du pays, du soleil haïtien, de la mer, de ceux qu'ils laissent derrière. «Je vais m'ennuyer de mes amis et de la famille», ajoute Anaïka.
Mais la vie s'annonçait difficile là-bas. «Les enfants étaient stressés à la fin», insiste Solange. Les mois passés sous une tente, l'instabilité politique et la désorganisation sociale persistantes les auront convaincus de prendre la route de l'exil. «C'est dommage qu'Haïti ait toujours autant de difficultés. Regardez ce qui nous a frappés depuis un an : un tremblement de terre, des cyclones, le choléra, la politique! C'est un pays qui ne connaît que des maux. Mais c'est un si beau pays. J'espère qu'un jour Haïti va connaître de beaux jours», continue Lormilia.
Aujourd'hui, les Petit-Frère ont un toit. Ils se considèrent chanceux. «Mon souhait est que moi et ma famille, on puisse vivre ici en paix et en sécurité», enchaîne Déjuste. Les filles ont déjà des projets. Anaïka aimerait jouer au tennis. «Je devais aussi commencer des cours de violon en Haïti, mais avec ce qui est arrivé...» Cybille voudrait essayer le patin à glace. «J'ai demandé à mon père de m'en acheter», dit-elle en lui lançant un regard espiègle.
Ici pour rester?
Les adolescentes sont inscrites à la polyvalente de L'Ancienne-Lorette. Cybille à l'école primaire. Ont-ils l'intention de prendre racine à Québec? La question posée, les visages s'allongent un peu, les yeux se baissent. Déjuste accuse un moment de réflexion, il fronce les sourcils. «Je dois travailler pour prendre soin de ma famille. J'aimerais bien travailler dans mon domaine en comptabilité ou science économique, mais je ne sais pas encore si ce sera possible.»
«C'est difficile pour les immigrants de trouver du travail ici», ajoute Lormilia. On évoque Montréal, où la communauté haïtienne est importante, Gatineau, Toronto...
La famille a pu immigrer grâce à un programme mis en place par Québec pour faciliter la réunification des familles. Une belle initiative, mais pas à la portée de tous, se désole Lormilia. Elle et son mari ont dû investir «des milliers de dollars» pour faire venir la famille de son frère.
«Les démarches ont aussi été très lourdes. Il fallait obtenir de nouveaux actes de naissance, des passeports. Tout avait été détruit», soutient la femme arrivée à Québec en 1984, deux ans avant la fuite du dictateur Jean-Claude Duvalier. Elle salue la générosité des gens de Québec. «Merci aux Québécois! Je n'aurais jamais pensé qu'ils étaient aussi proches des Haïtiens. J'ai vu des gens pleurer. Certains collègues me donnaient deux cents, parfois cinq cents dollars pour Haïti», affirme la femme qui enseigne en petite enfance à l'école Montessori.
Après plus d'une heure, le temps est venu de se quitter. Les filles demandent au photographe : «On va passer à la télé?» Tout le monde rit. Nos hôtes insistent pour nous offrir des cadeaux, bien emballés. «Mèsi ampil, Mèsi ampil!» répètent-ils. «Ça veut dire "merci en pile" en créole. On dit ça quand il y en a beaucoup», assure Déjuste. Pour le moment, la famille compte vivre ici. Il faudra trouver un logement. Les filles vont bientôt commencer l'école.
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/dossiers/seisme-en-haiti/201101/09/01-4358495-rebatir-sa-vie-bien-loin-dhaiti.php
Haïti, un an après : beaucoup de promesses non tenues
Agence QMI 09/01/2011 16h46
MONTREAL – La reconstruction d’Haïti ne progresse pas aussi rapidement que prévu parce que « l’argent n’est pas au rendez-vous » déplore le consul d'Haïti à Montréal.
Entre la collaboration variable des ONG et les problèmes électoraux, le gouvernement haïtien commence à peine à se rebâtir. « Beaucoup de promesses n’ont pas été tenues, a déclaré Pierre-Richard Casimir. L’argent n’est pas au rendez-vous. Les ONG doivent mieux collaborer avec le gouvernement haïtien et nous, de notre côté, devons redoubler d’efforts ».
En entrevue à l’Agence QMI, le consul d’Haïti à Montréal a évoqué la reconstruction du pays dévasté qui, « malgré des progrès notables, n’a toujours pas atteint sa vitesse de croisière. Par exemple, 16 ministères sur 17 ont été relogés, mais dans des installations temporaires. Il y a encore beaucoup de travail à faire », a prévenu Pierre-Richard Casimir.
On estime à plus d’un million le nombre de personnes qui se sont retrouvées à la rue à la suite du séisme du 12 janvier 2010. Jusqu’à maintenant, près de 350 000 personnes ont pu être relogées, estime-t-il.
Un nouveau projet de construction de logements, qui débutera symboliquement le 12 janvier, devrait pouvoir accueillir près de 30 000 personnes supplémentaires au cours de l’année 2011.
La création d’une nouvelle prison, financée par le Canada, va également bon train. Il en est autrement pour les écoles. « Tous les enfants scolarisés ont repris le chemin de l’école deux à trois mois après le séisme, mais ils étudient des conditions difficiles, là aussi à l’intérieur d’abris temporaires », indique M. Casimir.
Ce dernier estime que la reconstruction d’Haïti a « progressé », mais qu’il y a « un problème d’argent. Plus de la moitié des fonds promis par l’aide internationale n’ont toujours pas été encaissés », dénonce le consul.
Selon le bureau de l'envoyé spécial de l'ONU en Haïti, seulement 42 % des 2,1 milliards de dollars promis par les gouvernements en 2010 ont été donnés à la fin de l'année. D’après Oxfam, seulement 5 % des décombres ont été dégagés et à peine 15 % des logements temporaires prévus ont été construits depuis la catastrophe.
Dans son rapport, intitulé « De l’urgence au relèvement », l’organisme impute ce retard au fait que « de trop nombreux donateurs des pays riches (…) n’ont pas suffisamment travaillé de concert avec le gouvernement haïtien. Ceci a eu pour effet d’affaiblir très sérieusement la capacité du gouvernement à planifier et à tenir ses engagements » dans le cadre de la reconstruction du pays, peut-on lire dans le rapport.
http://fr.canoe.ca/infos/international/archives/2011/01/20110109-164651.html
MONTREAL – La reconstruction d’Haïti ne progresse pas aussi rapidement que prévu parce que « l’argent n’est pas au rendez-vous » déplore le consul d'Haïti à Montréal.
Entre la collaboration variable des ONG et les problèmes électoraux, le gouvernement haïtien commence à peine à se rebâtir. « Beaucoup de promesses n’ont pas été tenues, a déclaré Pierre-Richard Casimir. L’argent n’est pas au rendez-vous. Les ONG doivent mieux collaborer avec le gouvernement haïtien et nous, de notre côté, devons redoubler d’efforts ».
En entrevue à l’Agence QMI, le consul d’Haïti à Montréal a évoqué la reconstruction du pays dévasté qui, « malgré des progrès notables, n’a toujours pas atteint sa vitesse de croisière. Par exemple, 16 ministères sur 17 ont été relogés, mais dans des installations temporaires. Il y a encore beaucoup de travail à faire », a prévenu Pierre-Richard Casimir.
On estime à plus d’un million le nombre de personnes qui se sont retrouvées à la rue à la suite du séisme du 12 janvier 2010. Jusqu’à maintenant, près de 350 000 personnes ont pu être relogées, estime-t-il.
Un nouveau projet de construction de logements, qui débutera symboliquement le 12 janvier, devrait pouvoir accueillir près de 30 000 personnes supplémentaires au cours de l’année 2011.
La création d’une nouvelle prison, financée par le Canada, va également bon train. Il en est autrement pour les écoles. « Tous les enfants scolarisés ont repris le chemin de l’école deux à trois mois après le séisme, mais ils étudient des conditions difficiles, là aussi à l’intérieur d’abris temporaires », indique M. Casimir.
Ce dernier estime que la reconstruction d’Haïti a « progressé », mais qu’il y a « un problème d’argent. Plus de la moitié des fonds promis par l’aide internationale n’ont toujours pas été encaissés », dénonce le consul.
Selon le bureau de l'envoyé spécial de l'ONU en Haïti, seulement 42 % des 2,1 milliards de dollars promis par les gouvernements en 2010 ont été donnés à la fin de l'année. D’après Oxfam, seulement 5 % des décombres ont été dégagés et à peine 15 % des logements temporaires prévus ont été construits depuis la catastrophe.
Dans son rapport, intitulé « De l’urgence au relèvement », l’organisme impute ce retard au fait que « de trop nombreux donateurs des pays riches (…) n’ont pas suffisamment travaillé de concert avec le gouvernement haïtien. Ceci a eu pour effet d’affaiblir très sérieusement la capacité du gouvernement à planifier et à tenir ses engagements » dans le cadre de la reconstruction du pays, peut-on lire dans le rapport.
http://fr.canoe.ca/infos/international/archives/2011/01/20110109-164651.html
Haïti, le bourbier des ONG
Rédaction: Elodie Vialle 10/01/2011
L’efficacité de leur action est remise en cause.
"ONG, go home!". Sur les murs de Port-au-Prince, quelques graffitis rageurs témoignent de la défiance à l’égard de ceux censés venir en aide à Haïti. Un an après le séisme qui a plongé le pays dans le chaos, les ONG restent pourtant mobilisées pour secourir les Haïtiens rescapés du séisme qui a tué plus de 222.000 personnes, blessé plus de 300.000 autres et laissé sans logement 1,5 million de Haïtiens.
Mais la perspective d’un "nouveau départ" que certains appelaient de leurs vœux après le séisme semble bien loin. Haïti, nous disait-on, devait se relever. Saisir cette catastrophe comme une "opportunité" pour rebâtir Port-au-Prince et, au-delà, reconstruire le pays. L’immense élan de générosité qui s’est manifesté à travers le monde a dopé cet espoir: en quelques semaines, près de 40 millions de dollars de dons ont été versés par des particuliers pour venir en aide aux Haïtiens. (Visualisez un carte interactive des dons.)
Un an après, Port-au-Prince ressemble à un vaste bidonville. Les déplacés vivent toujours sous les tentes, et plus de 8 millions de m³ de débris restent à déblayer. Entre temps, le pays a été frappé par le choléra, qui a tué plus de 3.300 personnes. Près de 400.000 bâtiments avaient été détruits ou endommagés par le tremblement de terre, mais moins d’un millier de maisons ont été réparées. Et les élections, censées stabiliser le pays et mettre à sa tête des leaders capables de le relever, ont tourné au fiasco.
Les promesses des dirigeants mondiaux ont rapidement été oubliées: sur les 11 milliards de dollars annoncés lors de la conférence de New York en mars dernier, seuls 5,3 milliards seront attribués dans les deux prochaines années.
Où est passé l'argent des dons?
A l’heure du bilan, il peut être tentant de désigner les ONG comme les responsables d’une situation qui s’enlise. "Je n'ai rien contre les ONG, nous avons besoin d'elles. Mais nous devons savoir ce qu'elles font de notre pays, les contrôler", estimait Jean-Max Bellerive, le Premier ministre haïtien, en décembre dernier sur la BBC. Où est passé l’argent des dons? Pourquoi les ONG sont-elles encore dans la gestion de l’urgence, plus occupées à assurer la survie des Haïtiens qu’à trouver des solutions durables pour reconstruire le pays? Et pourquoi ont-elles eu tant de mal à empêcher la propagation du choléra?
"Manque de coordination", répondent la plupart des acteurs de l’humanitaire interviewés sur le sujet. La crise a en effet révélé les limites du système des "clusters", qui consiste à réunir plusieurs ONG qui couvrent le même champ d’action pour définir une stratégie commune. "Nous nous efforçons de faire dialoguer toutes les ONG ensemble", explique Elisabeth Byrs, porte-parole d’OCHA, la mission de l’ONU qui fédère le travail des ONG sur le terrain.
"Il y a beaucoup de brassage, de blabla, beaucoup de recommandations, de rapports d’activités en décalage avec ce qui se passe sur le terrain", traduit le responsable d’une ONG présente à Haïti.
Haïti, le Far West des ONG
Il y a surtout beaucoup d’acteurs de l’aide à Haïti. Au lendemain du séisme, les ONG étaient plus de 1000 à débarquer à Port-au-Prince, dans un chaos total. "Une jungle", selon Benoît Miribel, président d’Action contre la Faim (ACF) et auteur d’un rapport sur l'évolution de l'action l’humanitaire remis à Bernard Kouchner en juin dernier.
Aux côtés de l’ONU et de la Fédération des Croix Rouges, se trouvent de grosses ONG, comme World Vision, Save the Children, ou encore Médecins sans frontières, Care, etc. Mais aussi beaucoup d’anonymes, des individus seuls ou des petites associations qui échappent au système des "clusters".
"Parfois, on voit des acteurs sur le terrain, et on se dit: 'mais, ils font quoi, eux, concrètement'?", s’interroge le responsable d’une grande ONG qui intervient en Haïti.
"Aujourd’hui, n’importe quelle organisation peut entrer à Haïti, comme dans un moulin!", renchérit Theodore Wendell, directeur de l’information à Radio Métropole. Kathie Klarreich, formatrice pour l’International Center for Journalism: “Certaines ONG travaillent pour elles-mêmes et pas forcément pour le pays". Terrible à dire, mais Haïti semble être devenu " the place to be" pour les ONG!
Business humanitaire
La faute à qui? Peut-être, d’une certaine manière, aux bailleurs de fonds. Car aujourd’hui, lever des fonds pour Haïti est plus facile que pour beaucoup d’autres causes, grâce, notamment, à la médiatisation de la catastrophe. (En comparaison, les inondations au Pakistan sont moins "sexy")
En ce sens, le séisme aura révélé les dérives du business humanitaire. Et ce d’autant plus que les ONG n’ont pas toutes été transparentes sur la gestion des dons reçus pour Haïti. Une enquête de l’organisme indépendant Disaster Accountability Project a révélé recemment qu’environ 80% des ONG présentes à Haïti avaient refusé de dévoiler leurs comptes. "Ces organisations se soucient beaucoup de leur image et si nous avons besoin de faire une étude et de révéler leur manque de transparence pour les inciter à mieux partager l’information, et donc à mieux se coordonner entre elles, alors ça vaut le coup», estime Ben Smilowitz, directeur du projet.
Attention, cependant, à ne pas désigner trop vite des boucs- émissaires. Rendre les ONG responsables du marasme haïtien reviendrait à oublier un peu vite le contexte exceptionnel dans lequel elles sont intervenues: une capitale détruite, des centaines de milliers de morts parmi lesquels des représentants des pouvoirs publics, un gouvernement inexistant.
Si le pays s’est transformé en "République des ONG", c’est bien parce que Haïti vivait déjà sous perfusion humanitaire, avec les trois quarts de sa population au chômage, et deux milliards de budget provenant de dons et des bailleurs internationaux.
"Un Etat sous-administré, débordé par l’économie informelle et la fraude", écrit Luc Evrard dans le hors-série consacré à Haïti de la Revue Humanitaire (téléchargez le pdf ici). Un pays, souligne le journaliste, où l’Etat ne possède que 5% du capital foncier et dont les terres sont détenues par une vingtaine de familles.
Un Etat gangréné par le clientélisme, mais qui doit pourtant prendre ses responsabilités. Car les ONG, c’est un fait, ne resteront pas éternellement à Haïti.
http://www.youphil.com/fr/article/03358-haiti-le-bourbier-des-ong?ypcli=ano
L’efficacité de leur action est remise en cause.
Mais la perspective d’un "nouveau départ" que certains appelaient de leurs vœux après le séisme semble bien loin. Haïti, nous disait-on, devait se relever. Saisir cette catastrophe comme une "opportunité" pour rebâtir Port-au-Prince et, au-delà, reconstruire le pays. L’immense élan de générosité qui s’est manifesté à travers le monde a dopé cet espoir: en quelques semaines, près de 40 millions de dollars de dons ont été versés par des particuliers pour venir en aide aux Haïtiens. (Visualisez un carte interactive des dons.)
Un an après, Port-au-Prince ressemble à un vaste bidonville. Les déplacés vivent toujours sous les tentes, et plus de 8 millions de m³ de débris restent à déblayer. Entre temps, le pays a été frappé par le choléra, qui a tué plus de 3.300 personnes. Près de 400.000 bâtiments avaient été détruits ou endommagés par le tremblement de terre, mais moins d’un millier de maisons ont été réparées. Et les élections, censées stabiliser le pays et mettre à sa tête des leaders capables de le relever, ont tourné au fiasco.
Les promesses des dirigeants mondiaux ont rapidement été oubliées: sur les 11 milliards de dollars annoncés lors de la conférence de New York en mars dernier, seuls 5,3 milliards seront attribués dans les deux prochaines années.
Où est passé l'argent des dons?
A l’heure du bilan, il peut être tentant de désigner les ONG comme les responsables d’une situation qui s’enlise. "Je n'ai rien contre les ONG, nous avons besoin d'elles. Mais nous devons savoir ce qu'elles font de notre pays, les contrôler", estimait Jean-Max Bellerive, le Premier ministre haïtien, en décembre dernier sur la BBC. Où est passé l’argent des dons? Pourquoi les ONG sont-elles encore dans la gestion de l’urgence, plus occupées à assurer la survie des Haïtiens qu’à trouver des solutions durables pour reconstruire le pays? Et pourquoi ont-elles eu tant de mal à empêcher la propagation du choléra?
"Manque de coordination", répondent la plupart des acteurs de l’humanitaire interviewés sur le sujet. La crise a en effet révélé les limites du système des "clusters", qui consiste à réunir plusieurs ONG qui couvrent le même champ d’action pour définir une stratégie commune. "Nous nous efforçons de faire dialoguer toutes les ONG ensemble", explique Elisabeth Byrs, porte-parole d’OCHA, la mission de l’ONU qui fédère le travail des ONG sur le terrain.
"Il y a beaucoup de brassage, de blabla, beaucoup de recommandations, de rapports d’activités en décalage avec ce qui se passe sur le terrain", traduit le responsable d’une ONG présente à Haïti.
Haïti, le Far West des ONG
Il y a surtout beaucoup d’acteurs de l’aide à Haïti. Au lendemain du séisme, les ONG étaient plus de 1000 à débarquer à Port-au-Prince, dans un chaos total. "Une jungle", selon Benoît Miribel, président d’Action contre la Faim (ACF) et auteur d’un rapport sur l'évolution de l'action l’humanitaire remis à Bernard Kouchner en juin dernier.
Aux côtés de l’ONU et de la Fédération des Croix Rouges, se trouvent de grosses ONG, comme World Vision, Save the Children, ou encore Médecins sans frontières, Care, etc. Mais aussi beaucoup d’anonymes, des individus seuls ou des petites associations qui échappent au système des "clusters".
"Parfois, on voit des acteurs sur le terrain, et on se dit: 'mais, ils font quoi, eux, concrètement'?", s’interroge le responsable d’une grande ONG qui intervient en Haïti.
"Aujourd’hui, n’importe quelle organisation peut entrer à Haïti, comme dans un moulin!", renchérit Theodore Wendell, directeur de l’information à Radio Métropole. Kathie Klarreich, formatrice pour l’International Center for Journalism: “Certaines ONG travaillent pour elles-mêmes et pas forcément pour le pays". Terrible à dire, mais Haïti semble être devenu " the place to be" pour les ONG!
Business humanitaire
La faute à qui? Peut-être, d’une certaine manière, aux bailleurs de fonds. Car aujourd’hui, lever des fonds pour Haïti est plus facile que pour beaucoup d’autres causes, grâce, notamment, à la médiatisation de la catastrophe. (En comparaison, les inondations au Pakistan sont moins "sexy")
En ce sens, le séisme aura révélé les dérives du business humanitaire. Et ce d’autant plus que les ONG n’ont pas toutes été transparentes sur la gestion des dons reçus pour Haïti. Une enquête de l’organisme indépendant Disaster Accountability Project a révélé recemment qu’environ 80% des ONG présentes à Haïti avaient refusé de dévoiler leurs comptes. "Ces organisations se soucient beaucoup de leur image et si nous avons besoin de faire une étude et de révéler leur manque de transparence pour les inciter à mieux partager l’information, et donc à mieux se coordonner entre elles, alors ça vaut le coup», estime Ben Smilowitz, directeur du projet.
Attention, cependant, à ne pas désigner trop vite des boucs- émissaires. Rendre les ONG responsables du marasme haïtien reviendrait à oublier un peu vite le contexte exceptionnel dans lequel elles sont intervenues: une capitale détruite, des centaines de milliers de morts parmi lesquels des représentants des pouvoirs publics, un gouvernement inexistant.
Si le pays s’est transformé en "République des ONG", c’est bien parce que Haïti vivait déjà sous perfusion humanitaire, avec les trois quarts de sa population au chômage, et deux milliards de budget provenant de dons et des bailleurs internationaux.
"Un Etat sous-administré, débordé par l’économie informelle et la fraude", écrit Luc Evrard dans le hors-série consacré à Haïti de la Revue Humanitaire (téléchargez le pdf ici). Un pays, souligne le journaliste, où l’Etat ne possède que 5% du capital foncier et dont les terres sont détenues par une vingtaine de familles.
Un Etat gangréné par le clientélisme, mais qui doit pourtant prendre ses responsabilités. Car les ONG, c’est un fait, ne resteront pas éternellement à Haïti.
http://www.youphil.com/fr/article/03358-haiti-le-bourbier-des-ong?ypcli=ano
Carel Pedre: "Sans leadership national, Haïti n’a aucun avenir"
Contributeur: Carel Pedre 10/01/2011
Pour ce journaliste haïtien, témoin de la première heure du séisme du 12 janvier, la reconstruction d’Haïti est impossible sans des dirigeants responsables.
Un an après le séisme qui a frappé Haïti, plus d’un million et demi de personnes vivent sous des tentes. Elles ont subi les pluies, le cyclone, et maintenant le choléra. Si vous demandez aujourd’hui à n’importe quel Haïtien de quoi l’avenir sera fait, il est incapable de vous répondre.
Ces jours-ci, de nombreux articles évoquent la reconstruction du pays. Et on se rend compte qu’au bout d’un an, rien n’a été fait. Haïti est détruite, une grosse majorité de ses habitants vit dans la misère. Aujourd’hui, nombreux sont les Haïtiens qui n’arrivent pas à se nourrir ou à avoir accès à l’eau potable. Beaucoup d’enfants ne vont pas à l’école.
A Haïti, les problèmes politiques sont responsables de nos malheurs depuis toujours, et le tremblement de terre n’a rien changé à cela. Pourtant, les Haïtiens ont eu l’espoir, pendant un temps, que cette catastrophe débouche sur un avenir moins difficile. Haïti a été au cœur d’une solidarité sans précédent, beaucoup d’aide a été promise. Mais rien n’a été fait et aujourd’hui cet espoir a disparu.
On avait besoin après cette catastrophe de leaders en mesure de canaliser l’aide, de la coordonner. Mais au plus haut niveau, personne n’a pris ses responsabilités. Si les milliards d’aide qu’a reçu Haïti avaient été bien investis, les Haïtiens seraient dans une situation différente aujourd’hui. Bien sûr, il y aurait encore de nombreux problèmes, des personnes encore en proie à des difficultés, mais on aurait quand même quelques réalisations.
Tout le monde se souvient de cette image du palais présidentiel détruit par le séisme (NDLR: voir l'image illustrant la tribune). Un an après, à Haïti, ni l’aéroport ni ce palais n'ont été reconstruits. Ce sont deux symboles qui illustrent bien où nous en sommes.
S’il y a des critiques qui s’élèvent aujourd’hui à l’encontre des ONG, je pense qu’il faut d’abord que nous envisagions nos défaillances. Tout se résume à une question de leadership. Ce problème vient de chez nous. On doit donc d’abord blâmer nos dirigeants et ceux parmi les Haïtiens qui sont engagés dans le processus de reconstruction avec la communauté internationale.
Les ONG, qui arrivent pour beaucoup d’entre elles dans un pays qu’elles ne connaissent pas, ne trouvent aucun interlocuteur pour les orienter. Donc aujourd’hui, on voit beaucoup d’étrangers à Haïti mais on ne sait pas ce qu’ils font. Il n’y a pas de coordination de l’aide.
La priorité est donc d’avoir un leadership national, que le processus électoral aboutisse et que les dirigeants prennent enfin leurs responsabilités. Avec d’autres gouvernants, Haïti ne serait sans doute pas dans cette situation de misère aujourd’hui.
http://www.youphil.com/fr/article/03343-carel-pedre-sans-leadership-national-haiti-n-a-aucun-avenir?ypcli=ano
Pour ce journaliste haïtien, témoin de la première heure du séisme du 12 janvier, la reconstruction d’Haïti est impossible sans des dirigeants responsables.
Ces jours-ci, de nombreux articles évoquent la reconstruction du pays. Et on se rend compte qu’au bout d’un an, rien n’a été fait. Haïti est détruite, une grosse majorité de ses habitants vit dans la misère. Aujourd’hui, nombreux sont les Haïtiens qui n’arrivent pas à se nourrir ou à avoir accès à l’eau potable. Beaucoup d’enfants ne vont pas à l’école.
A Haïti, les problèmes politiques sont responsables de nos malheurs depuis toujours, et le tremblement de terre n’a rien changé à cela. Pourtant, les Haïtiens ont eu l’espoir, pendant un temps, que cette catastrophe débouche sur un avenir moins difficile. Haïti a été au cœur d’une solidarité sans précédent, beaucoup d’aide a été promise. Mais rien n’a été fait et aujourd’hui cet espoir a disparu.
On avait besoin après cette catastrophe de leaders en mesure de canaliser l’aide, de la coordonner. Mais au plus haut niveau, personne n’a pris ses responsabilités. Si les milliards d’aide qu’a reçu Haïti avaient été bien investis, les Haïtiens seraient dans une situation différente aujourd’hui. Bien sûr, il y aurait encore de nombreux problèmes, des personnes encore en proie à des difficultés, mais on aurait quand même quelques réalisations.
Tout le monde se souvient de cette image du palais présidentiel détruit par le séisme (NDLR: voir l'image illustrant la tribune). Un an après, à Haïti, ni l’aéroport ni ce palais n'ont été reconstruits. Ce sont deux symboles qui illustrent bien où nous en sommes.
S’il y a des critiques qui s’élèvent aujourd’hui à l’encontre des ONG, je pense qu’il faut d’abord que nous envisagions nos défaillances. Tout se résume à une question de leadership. Ce problème vient de chez nous. On doit donc d’abord blâmer nos dirigeants et ceux parmi les Haïtiens qui sont engagés dans le processus de reconstruction avec la communauté internationale.
Les ONG, qui arrivent pour beaucoup d’entre elles dans un pays qu’elles ne connaissent pas, ne trouvent aucun interlocuteur pour les orienter. Donc aujourd’hui, on voit beaucoup d’étrangers à Haïti mais on ne sait pas ce qu’ils font. Il n’y a pas de coordination de l’aide.
La priorité est donc d’avoir un leadership national, que le processus électoral aboutisse et que les dirigeants prennent enfin leurs responsabilités. Avec d’autres gouvernants, Haïti ne serait sans doute pas dans cette situation de misère aujourd’hui.
http://www.youphil.com/fr/article/03343-carel-pedre-sans-leadership-national-haiti-n-a-aucun-avenir?ypcli=ano
Le Pape Benoît XVI encourage les haïtiens éprouvés par des catastrophes
Le pape Benoît XVI s'est déclaré constamment proche de la population haïtienne, quasiment un an après le violent séisme du 12 janvier 2010 ayant causé le décès de plus de 250 000 personnes. A l'occasion de la prière dominicale de l'Angélus, Benoît XVI s'est souvenu de "la population de Haïti un an après le terrible tremblement de terre, qui a été malheureusement suivi d'une grave épidémie de choléra". Un an après la catastrophe plus d'un million de personnes sont toujours regroupés dans des sites d'hébergement notamment dans la région métropolitaine de Port-au-Prince.
Le souverain pontife qui s'exprimait depuis ses appartements, a expliqué qu'il avait dépêché le cardinal Robert Sarah en Haïti pour "exprimer (sa) constante proximité et celle de l'Eglise tout entière".
LLM / radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=18649
Le souverain pontife qui s'exprimait depuis ses appartements, a expliqué qu'il avait dépêché le cardinal Robert Sarah en Haïti pour "exprimer (sa) constante proximité et celle de l'Eglise tout entière".
LLM / radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=18649
Les Haïtiens de Montréal se recueillent à l'oratoire Saint-Joseph
Publié le 09 janvier 2011
Catherine Handfield, La Presse
Raymond Joseph et Margarette Laguerre se sont habillés en noir, dimanche. Assis dans la basilique de l'oratoire Saint-Joseph, à Montréal, ils pensaient en silence à leurs proches morts à Port-au-Prince le 12 janvier 2010.
Comme plusieurs centaines de Montréalais d'origine haïtienne, le couple a assisté à la célébration en mémoire des victimes du tremblement de terre. Margarette Laguerre a perdu sa soeur Kelly lors du séisme. Raymond Joseph, sa marraine.
«Plus le 12 janvier approche, plus ça nous frappe», a dit M. Joseph, qui perçoit le premier anniversaire du séisme comme une seconde épreuve.
La grande messe a attiré environ 1000 personnes, dont plusieurs politiciens et meneurs de la communauté haïtienne. Les organisateurs ont ajouté 10 rangées de chaises pliantes à l'arrière. Malgré cela, quelques croyants ont assisté la cérémonie debout.
Instigateur du rassemblement, le père Yves-Michel Touzin, de la Mission catholique Notre-Dame-d'Haïti, a célébré la messe. Il était accompagné d'une chorale haïtienne, qui a entonné quelques chants catholiques créoles.
Joël Jean-Jacques, de Montréal, regardait sa femme chanter dans la chorale aux côtés de sa fille Joëlla et de son neveu Jean-Bastien, âgés de 5 ans. Le père de famille a eu une pensée pour la mère de son premier enfant et pour sa cousine, mortes lors du séisme. «Nous sommes ici pour les défunts», a-t-il dit.
Le député de Viau, Emmanuel Dubourg, était assis dans la première rangée auprès du premier ministre Jean Charest et de sa femme, Michèle Dionne. Selon lui, la grande messe d'hier a tenu lieu de funérailles pour plusieurs Haïtiens présents à l'Oratoire.
«Certaines personnes ici n'ont jamais eu de nouvelles de leurs proches, mais ils ont dû accepter leur disparition, a dit M. Dubourg, qui a participé à l'organisation de la messe. C'est aussi une façon de saluer les disparus.»
Jean Charest a exprimé sa volonté de «renouveler l'engagement du Québec envers le peuple haïtien». «Nous n'allons surtout pas laisser les difficultés actuelles nous décourager du projet de reconstruction que nous voulons pour Haïti? Nous allons continuer de travailler pour le peuple haïtien et avec le peuple haïtien», a-t-il dit, sans toutefois citer d'exemples concrets.
Immigration
Le premier ministre a assuré que les dossiers des nombreux Haïtiens qui attendent d'immigrer au Québec seront traités «le plus rapidement possible». À ce jour, seulement 400 Haïtiens ont immigré au Québec en vertu du programme de parrainage humanitaire, lequel devait permettre à 3000 Haïtiens de s'installer ici.
«Plus de 3000 certificats de sélection ont été livrés, a déclaré Jean Charest. On va atteindre les objectifs du programme, on y va le plus rapidement possible.»
Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, et son homologue d'Alma, Ulrick Chérubin, étaient également présents à la cérémonie. Le chef du Service de police de la Ville de Montréal, Marc Parent, a également tenu à y être. «Montréal compte près de 125 000 Haïtiens et nous avons 120 policiers d'origine haïtienne au SPVM, a dit M. Parent. Ils ont encore de la famille là-bas et c'est important de les soutenir.»
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/haiti-un-an-apres/201101/09/01-4358417-les-haitiens-de-montreal-se-recueillent-a-loratoire-saint-joseph.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4358469_article_POS1
Catherine Handfield, La Presse
Raymond Joseph et Margarette Laguerre se sont habillés en noir, dimanche. Assis dans la basilique de l'oratoire Saint-Joseph, à Montréal, ils pensaient en silence à leurs proches morts à Port-au-Prince le 12 janvier 2010.
La grande messe célébré en la basilique de l'oratoire Saint-Joseph, a attiré environ 1000 personnes, dont plusieurs politiciens et meneurs de la communauté haïtienne. Photo: François Roy, La Presse |
«Plus le 12 janvier approche, plus ça nous frappe», a dit M. Joseph, qui perçoit le premier anniversaire du séisme comme une seconde épreuve.
La grande messe a attiré environ 1000 personnes, dont plusieurs politiciens et meneurs de la communauté haïtienne. Les organisateurs ont ajouté 10 rangées de chaises pliantes à l'arrière. Malgré cela, quelques croyants ont assisté la cérémonie debout.
Instigateur du rassemblement, le père Yves-Michel Touzin, de la Mission catholique Notre-Dame-d'Haïti, a célébré la messe. Il était accompagné d'une chorale haïtienne, qui a entonné quelques chants catholiques créoles.
Joël Jean-Jacques, de Montréal, regardait sa femme chanter dans la chorale aux côtés de sa fille Joëlla et de son neveu Jean-Bastien, âgés de 5 ans. Le père de famille a eu une pensée pour la mère de son premier enfant et pour sa cousine, mortes lors du séisme. «Nous sommes ici pour les défunts», a-t-il dit.
Le député de Viau, Emmanuel Dubourg, était assis dans la première rangée auprès du premier ministre Jean Charest et de sa femme, Michèle Dionne. Selon lui, la grande messe d'hier a tenu lieu de funérailles pour plusieurs Haïtiens présents à l'Oratoire.
«Certaines personnes ici n'ont jamais eu de nouvelles de leurs proches, mais ils ont dû accepter leur disparition, a dit M. Dubourg, qui a participé à l'organisation de la messe. C'est aussi une façon de saluer les disparus.»
Jean Charest a exprimé sa volonté de «renouveler l'engagement du Québec envers le peuple haïtien». «Nous n'allons surtout pas laisser les difficultés actuelles nous décourager du projet de reconstruction que nous voulons pour Haïti? Nous allons continuer de travailler pour le peuple haïtien et avec le peuple haïtien», a-t-il dit, sans toutefois citer d'exemples concrets.
Immigration
Le premier ministre a assuré que les dossiers des nombreux Haïtiens qui attendent d'immigrer au Québec seront traités «le plus rapidement possible». À ce jour, seulement 400 Haïtiens ont immigré au Québec en vertu du programme de parrainage humanitaire, lequel devait permettre à 3000 Haïtiens de s'installer ici.
«Plus de 3000 certificats de sélection ont été livrés, a déclaré Jean Charest. On va atteindre les objectifs du programme, on y va le plus rapidement possible.»
Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, et son homologue d'Alma, Ulrick Chérubin, étaient également présents à la cérémonie. Le chef du Service de police de la Ville de Montréal, Marc Parent, a également tenu à y être. «Montréal compte près de 125 000 Haïtiens et nous avons 120 policiers d'origine haïtienne au SPVM, a dit M. Parent. Ils ont encore de la famille là-bas et c'est important de les soutenir.»
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/haiti-un-an-apres/201101/09/01-4358417-les-haitiens-de-montreal-se-recueillent-a-loratoire-saint-joseph.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4358469_article_POS1
Encore 800 000 personnes dans des camps en Haïti
Publié le 09 janvier 2011
Agence France-Presse, Port-au-Prince
Plus de 800 000 personnes vivent toujours dans des camps en Haïti près d'un an après le séisme qui a dévasté une partie du pays le 12 janvier 2010, a indiqué dimanche l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
«Il y a actuellement 810 000 personnes qui vivent sur 1150 sites (de camps précaires) à Port-au-Prince et en province», selon l'organisation.
Environ un million et demi de personnes ont perdu leur maison dans le tremblement de terre et elles étaient encore 1,35 million à être réfugiées dans des camps en septembre dernier, a encore précisé l'OIM.
Au cours des derniers mois, les personnes déplacées ont commencé à quitter massivement les camps et cela «pour beaucoup de raisons», a dit Luca Dall'Oglio, le responsable de l'OIM en Haïti.
Les intempéries, une épidémie de choléra, des expulsions ou la crainte d'être expulsées de leurs camps ont contribué à cette baisse, mais des familles ont aussi réussi à trouver des refuges moins précaires.
L'aide internationale à la reconstruction de maisons a bénéficié à plus de 200 000 victimes du séisme, a ainsi relevé M. Luca Dall'Oglio.
L'OIM a constaté une «tendance à la baisse d'environ 100 000 personnes par mois dans les camps, notamment dans les régions du sud». En outre, le nombre des camps où sont réfugiées un millier de familles est passé de 39 à 26 et la taille des familles qui y restent est également en diminution, a ajouté l'organisation dans un communiqué.
Le séisme de magnitude 7, qui a frappé le 12 janvier Port-au-Prince et sa région, a fait plus de 250 000 morts tandis qu'environ 1,9 million d'Haïtiens, soit 15% de la population totale du pays, ont été déplacés.
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/haiti-un-an-apres/201101/09/01-4358469-encore-800-000-personnes-dans-des-camps-en-haiti.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4358513_article_POS2
Agence France-Presse, Port-au-Prince
Photo: Ivanoh Demers, La Presse |
«Il y a actuellement 810 000 personnes qui vivent sur 1150 sites (de camps précaires) à Port-au-Prince et en province», selon l'organisation.
Environ un million et demi de personnes ont perdu leur maison dans le tremblement de terre et elles étaient encore 1,35 million à être réfugiées dans des camps en septembre dernier, a encore précisé l'OIM.
Au cours des derniers mois, les personnes déplacées ont commencé à quitter massivement les camps et cela «pour beaucoup de raisons», a dit Luca Dall'Oglio, le responsable de l'OIM en Haïti.
Les intempéries, une épidémie de choléra, des expulsions ou la crainte d'être expulsées de leurs camps ont contribué à cette baisse, mais des familles ont aussi réussi à trouver des refuges moins précaires.
L'aide internationale à la reconstruction de maisons a bénéficié à plus de 200 000 victimes du séisme, a ainsi relevé M. Luca Dall'Oglio.
L'OIM a constaté une «tendance à la baisse d'environ 100 000 personnes par mois dans les camps, notamment dans les régions du sud». En outre, le nombre des camps où sont réfugiées un millier de familles est passé de 39 à 26 et la taille des familles qui y restent est également en diminution, a ajouté l'organisation dans un communiqué.
Le séisme de magnitude 7, qui a frappé le 12 janvier Port-au-Prince et sa région, a fait plus de 250 000 morts tandis qu'environ 1,9 million d'Haïtiens, soit 15% de la population totale du pays, ont été déplacés.
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/haiti-un-an-apres/201101/09/01-4358469-encore-800-000-personnes-dans-des-camps-en-haiti.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4358513_article_POS2
La dernière journée de Port-au-Prince
Publié le 10 janvier 2011
La Presse
Avec le recul, c'est comme si nous avions visité Pompéi avec l'un de ses plus illustres poètes avant l'éruption. Comme d'habitude, Dany Laferrière était très occupé, conséquence du prix Médicis pour L'énigme du retour. Il était au pays depuis un moment déjà, et on ne cessait de le recevoir avec tous les honneurs. Notamment à Petit-Goâve, la ville de sa grand-mère Da, où on avait décrété une journée de congé pour tout le monde, afin de fêter le retour de l'enfant prodigue.
Mais cette journée-là, il me l'avait promise, en dépit de son horaire chargé, alors que personne ne se doutait du drame qui allait tous nous frapper. Et personne, en fait, ne saura jamais combien le lundi 11 janvier était une journée magnifique.
Les écrivains commençaient à arriver pour le festival Étonnants Voyageurs, annoncé partout sur des banderoles dans la ville. Dany l'avait écrit dans son roman, et nous pouvions le sentir: une relative stabilité était elle aussi de retour à Port-au-Prince, réputé pour ses enlèvements beaucoup plus que pour ses prix littéraires. La ville était ce jour-là grouillante et langoureuse sous le soleil de janvier. Nous allions célébrer sa vitalité, ses poètes, ses écrivains, ses artistes. Ils venaient du Québec, de la France et de l'Afrique pour l'occasion.
Le but de notre reportage était de rendre la courtoisie à un écrivain qui, en 25 ans de carrière, n'avait cessé de nous faire voyager dans son île magique, apportant à la littérature québécoise un souffle nouveau. Pour la première fois, c'était à nous d'aller à la rencontre d'Haïti.
***
Très tôt le matin, nous avons accompagné Dany à la radio pour sa première entrevue de la journée. On m'a demandé ce que je faisais là, avec un photographe. J'étais très heureuse de dire que nous étions là pour la littérature. Et cela rendait nos interlocuteurs fiers et volubiles. Spontanément, ça valait une invitation au micro.
- Le Médicis, c'est un prix pour Haïti ou pour le Québec?
- Je pense que nous le partageons, ai-je répondu, enthousiaste et diplomate.
Cela allait donner le ton pour la suite. Parce que nous avions parlé au micro avec Dany, tout le monde allait nous reconnaître dans notre tournée. Les journalistes canadiens qui suivaient Dany Laferrière, et qui trouvaient que le Médicis était aussi à eux. On écoute beaucoup la radio, en Haïti.
***
Crochet vers la Direction nationale du livre dirigée par Emmelie Prophète, où Thomas C. Spears, professeur américain de littérature, était en visite. Des amis de l'écrivain. «Le café est déjà dans l'escalier disait Saint-John Perse» a cité Dany, en voyant un employé nous accueillir avec ce café si fort et savoureux qui allait jalonner notre route un peu partout. Parce que le café, comme le rhum Barbancourt, est une institution en Haïti. Discussion sur l'importance de la diffusion du livre en Haïti: Dany déplore que la littérature québécoise ne soit pas mieux connue des Haïtiens.
Ensuite, le fameux Champ-de-Mars, le coeur de Port-au-Prince. Rempli d'étudiants. Quelques-uns font des discours enflammés, écoutés gravement par d'autres. Dany me dit qu'il n'a pas envie de les entendre, comme s'il reconnaissait la fièvre dangereuse de la jeunesse, les mauvais souvenirs de la sienne. Il nous montre le Palais présidentiel et le palais de justice. «Au Québec, il n'y a pas d'endroit où l'État se met en place comme ça. Ici, on le voit. Ça marque quand on est enfant. Ça rend fous les Haïtiens, qui veulent tous devenir président. Il y a deux lions devant le palais de justice, et c'est ça la réalité: on se fait manger. Quand j'étais enfant, je promenais un bâton sur les grillages, en guise de défi...» Pendant cette promenade, plusieurs personnes l'arrêtent pour lui demander un autographe. Alors que nous nous dirigeons vers le Théâtre Rex et le Café Rex, je comprends soudainement que nous sommes dans son roman Le cri des oiseaux fous. Le roman des 24 dernières heures avant son exil vers le Québec. Ce sont exactement les mêmes lieux. «Le Rex Théâtre, c'était mon cinéma! Je venais y voir des films, des spectacles. Je me souviens de L'enfer des hommes, un film de guerre, que j'ai dû voir ici 30 fois. Ma grand-mère se demandait pourquoi tous ces hommes se roulaient dans la boue comme ça, et je lui répondais: mais c'est un film de guerre!»
Tous les samedis, il allait manger un burger et boire un jus de papaye au Café Rex. «Tous les samedis!» répète-t-il. Et en ce 11 janvier, il veut nous le faire découvrir. Mais le proprio ne voit pas d'un très bon oeil la présence d'une journaliste et d'un photographe. Alors Dany insiste doucement, argumentant que nous sommes venus du Québec pour parler de ses livres, et des lieux qui les ont inspirés. Le burger sera très bon.
Nous visitons le Musée d'art haïtien, pas très loin. Dany nous détaille chacune des toiles qui sont sur les murs. Parce que dans une autre vie, il a été critique d'art. «Puisque j'écrivais sur la peinture dans les journaux, je suis devenu LE critique «dit-il en riant. Depuis le coup de foudre de l'Américain Dewitt Peters en 1944, la peinture haïtienne est devenue célèbre dans le monde. Il nous montre une toile de Wilson Bigaud, Le Paradis terrestre, qui vaut une fortune. Dany a connu personnellement plusieurs des peintres exposés ici, et il a une anecdote pour chacun. Rigaud Benoît, Gessner Armand, Hector Hyppolite...
Il est intarissable.
Nous passons devant le Lycée des jeunes filles au moment de la sortie des classes. Une mer de jolies robes bleues entoure l'auteur du Goût des jeunes filles et l'image est trop belle pour l'ignorer. Elles gloussent devant l'appareil photo d'Ivanoh Demers, ce qui rend Dany Laferrière tout aussi hilare.
Rue Lafleur-Duchêne, dans le quartier Bas-peu-de-chose, nous voyons la maison où il a habité jusqu'à cette nuit fatidique qui a changé son destin,quand son ami journaliste Gasner Raymond a été assassiné. Dans Le cri des oiseaux fous, sa mère, ne voulant prendre aucun risque pour son fils, lui achète un aller simple pour le Québec, en lui interdisant de revenir à la maison. C'est une coquette demeure, que nous contemplons en nous disant que, de là, est née une oeuvre qui vient d'être couronnée par le Médicis. Deux voisins le reconnaissent. Ils échangent des souvenirs.
***
Nous resterons deux bonnes heures au mythique hôtel Oloffson, devant lequel Dany passait tous les jours en rêvant d'y séjourner. «Ils ont le service le plus lent de Port-au-Prince, souligne-t-il. Parce qu'ici, on a arrêté le temps.» De nombreuses stars internationales ont fréquenté cet hôtel, comme en témoignent leurs noms inscrits à la porte des chambres. Le plus célèbre étant sûrement Graham Greene, qui s'est inspiré de l'endroit pour écrire son roman Les comédiens.
Le charme suranné de l'Oloffson est irrésistible, ce qui porte Dany à la confidence, autour d'un Barbancourt. De toutes les émotions causées par le prix Médicis, c'est sûrement celle de sa mère qui le touche le plus. Elle ne lui parle jamais de ses livres, alors que sa tante les a tous lus en le traitant de menteur et de chenapan.... «Hier, ma mère m'a fait un joli cadeau. À l'église où elle va prier, tout le monde est venu la voir pour la féliciter de mon prix. Elle m'a alors dit: "?Tu dois être très connu. J'ai fait chanter une messe pour toi."»
Il ferme les yeux. «La forme, c'est magique, parce que cela a un impact sur soi. J'ai toujours su que j'étais un homme de lettres. C'est une aventure que j'ai entreprise pour que ça transforme ma vie. Deviens qui tu es, disait Nietzsche. C'est un chemin que j'ai pris pour que cela devienne ma réalité. C'est le temps que j'y ai mis qui compte. Dans les 30 dernières années, j'ai passé plus d'heures dans la réalité rêvée. C'est avec le rêve qu'on fait les gens. Car si on ne rêve pas, on ne se réveille pas.»
Connait-on vraiment Dany Laferrière? Sait-on que lorsqu'il a lancé cette bombe qu'était Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer, un roman de «célibataire», il était déjà en couple avec celle qui partage toujours sa vie, Maggie Berrouet? «Je suis totalement dans la littérature. J'utilise des éléments biographiques pour écrire mes livres, mais mon vrai lecteur, c'est quelqu'un qui ne me connaît pas du tout. C'est ça, le jeu.»
Qu'il joue à fond. De retour à l'hôtel Karibe, bien qu'épuisé, il nous récitera des extraits de L'énigme du retour que nous enregistrons pour les besoins du reportage. Ce reportage interrompu par le séisme, qui n'avait jamais été publié et que vous venez de lire.
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/haiti-un-an-apres/201101/09/01-4358513-la-derniere-journee-de-port-au-prince.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4358498_article_POS1
La Presse
Avec le recul, c'est comme si nous avions visité Pompéi avec l'un de ses plus illustres poètes avant l'éruption. Comme d'habitude, Dany Laferrière était très occupé, conséquence du prix Médicis pour L'énigme du retour. Il était au pays depuis un moment déjà, et on ne cessait de le recevoir avec tous les honneurs. Notamment à Petit-Goâve, la ville de sa grand-mère Da, où on avait décrété une journée de congé pour tout le monde, afin de fêter le retour de l'enfant prodigue.
Mais cette journée-là, il me l'avait promise, en dépit de son horaire chargé, alors que personne ne se doutait du drame qui allait tous nous frapper. Et personne, en fait, ne saura jamais combien le lundi 11 janvier était une journée magnifique.
Les écrivains commençaient à arriver pour le festival Étonnants Voyageurs, annoncé partout sur des banderoles dans la ville. Dany l'avait écrit dans son roman, et nous pouvions le sentir: une relative stabilité était elle aussi de retour à Port-au-Prince, réputé pour ses enlèvements beaucoup plus que pour ses prix littéraires. La ville était ce jour-là grouillante et langoureuse sous le soleil de janvier. Nous allions célébrer sa vitalité, ses poètes, ses écrivains, ses artistes. Ils venaient du Québec, de la France et de l'Afrique pour l'occasion.
Le but de notre reportage était de rendre la courtoisie à un écrivain qui, en 25 ans de carrière, n'avait cessé de nous faire voyager dans son île magique, apportant à la littérature québécoise un souffle nouveau. Pour la première fois, c'était à nous d'aller à la rencontre d'Haïti.
***
Très tôt le matin, nous avons accompagné Dany à la radio pour sa première entrevue de la journée. On m'a demandé ce que je faisais là, avec un photographe. J'étais très heureuse de dire que nous étions là pour la littérature. Et cela rendait nos interlocuteurs fiers et volubiles. Spontanément, ça valait une invitation au micro.
- Le Médicis, c'est un prix pour Haïti ou pour le Québec?
- Je pense que nous le partageons, ai-je répondu, enthousiaste et diplomate.
Cela allait donner le ton pour la suite. Parce que nous avions parlé au micro avec Dany, tout le monde allait nous reconnaître dans notre tournée. Les journalistes canadiens qui suivaient Dany Laferrière, et qui trouvaient que le Médicis était aussi à eux. On écoute beaucoup la radio, en Haïti.
***
Crochet vers la Direction nationale du livre dirigée par Emmelie Prophète, où Thomas C. Spears, professeur américain de littérature, était en visite. Des amis de l'écrivain. «Le café est déjà dans l'escalier disait Saint-John Perse» a cité Dany, en voyant un employé nous accueillir avec ce café si fort et savoureux qui allait jalonner notre route un peu partout. Parce que le café, comme le rhum Barbancourt, est une institution en Haïti. Discussion sur l'importance de la diffusion du livre en Haïti: Dany déplore que la littérature québécoise ne soit pas mieux connue des Haïtiens.
Ensuite, le fameux Champ-de-Mars, le coeur de Port-au-Prince. Rempli d'étudiants. Quelques-uns font des discours enflammés, écoutés gravement par d'autres. Dany me dit qu'il n'a pas envie de les entendre, comme s'il reconnaissait la fièvre dangereuse de la jeunesse, les mauvais souvenirs de la sienne. Il nous montre le Palais présidentiel et le palais de justice. «Au Québec, il n'y a pas d'endroit où l'État se met en place comme ça. Ici, on le voit. Ça marque quand on est enfant. Ça rend fous les Haïtiens, qui veulent tous devenir président. Il y a deux lions devant le palais de justice, et c'est ça la réalité: on se fait manger. Quand j'étais enfant, je promenais un bâton sur les grillages, en guise de défi...» Pendant cette promenade, plusieurs personnes l'arrêtent pour lui demander un autographe. Alors que nous nous dirigeons vers le Théâtre Rex et le Café Rex, je comprends soudainement que nous sommes dans son roman Le cri des oiseaux fous. Le roman des 24 dernières heures avant son exil vers le Québec. Ce sont exactement les mêmes lieux. «Le Rex Théâtre, c'était mon cinéma! Je venais y voir des films, des spectacles. Je me souviens de L'enfer des hommes, un film de guerre, que j'ai dû voir ici 30 fois. Ma grand-mère se demandait pourquoi tous ces hommes se roulaient dans la boue comme ça, et je lui répondais: mais c'est un film de guerre!»
Tous les samedis, il allait manger un burger et boire un jus de papaye au Café Rex. «Tous les samedis!» répète-t-il. Et en ce 11 janvier, il veut nous le faire découvrir. Mais le proprio ne voit pas d'un très bon oeil la présence d'une journaliste et d'un photographe. Alors Dany insiste doucement, argumentant que nous sommes venus du Québec pour parler de ses livres, et des lieux qui les ont inspirés. Le burger sera très bon.
Nous visitons le Musée d'art haïtien, pas très loin. Dany nous détaille chacune des toiles qui sont sur les murs. Parce que dans une autre vie, il a été critique d'art. «Puisque j'écrivais sur la peinture dans les journaux, je suis devenu LE critique «dit-il en riant. Depuis le coup de foudre de l'Américain Dewitt Peters en 1944, la peinture haïtienne est devenue célèbre dans le monde. Il nous montre une toile de Wilson Bigaud, Le Paradis terrestre, qui vaut une fortune. Dany a connu personnellement plusieurs des peintres exposés ici, et il a une anecdote pour chacun. Rigaud Benoît, Gessner Armand, Hector Hyppolite...
Il est intarissable.
Nous passons devant le Lycée des jeunes filles au moment de la sortie des classes. Une mer de jolies robes bleues entoure l'auteur du Goût des jeunes filles et l'image est trop belle pour l'ignorer. Elles gloussent devant l'appareil photo d'Ivanoh Demers, ce qui rend Dany Laferrière tout aussi hilare.
Rue Lafleur-Duchêne, dans le quartier Bas-peu-de-chose, nous voyons la maison où il a habité jusqu'à cette nuit fatidique qui a changé son destin,quand son ami journaliste Gasner Raymond a été assassiné. Dans Le cri des oiseaux fous, sa mère, ne voulant prendre aucun risque pour son fils, lui achète un aller simple pour le Québec, en lui interdisant de revenir à la maison. C'est une coquette demeure, que nous contemplons en nous disant que, de là, est née une oeuvre qui vient d'être couronnée par le Médicis. Deux voisins le reconnaissent. Ils échangent des souvenirs.
***
Nous resterons deux bonnes heures au mythique hôtel Oloffson, devant lequel Dany passait tous les jours en rêvant d'y séjourner. «Ils ont le service le plus lent de Port-au-Prince, souligne-t-il. Parce qu'ici, on a arrêté le temps.» De nombreuses stars internationales ont fréquenté cet hôtel, comme en témoignent leurs noms inscrits à la porte des chambres. Le plus célèbre étant sûrement Graham Greene, qui s'est inspiré de l'endroit pour écrire son roman Les comédiens.
Le charme suranné de l'Oloffson est irrésistible, ce qui porte Dany à la confidence, autour d'un Barbancourt. De toutes les émotions causées par le prix Médicis, c'est sûrement celle de sa mère qui le touche le plus. Elle ne lui parle jamais de ses livres, alors que sa tante les a tous lus en le traitant de menteur et de chenapan.... «Hier, ma mère m'a fait un joli cadeau. À l'église où elle va prier, tout le monde est venu la voir pour la féliciter de mon prix. Elle m'a alors dit: "?Tu dois être très connu. J'ai fait chanter une messe pour toi."»
Il ferme les yeux. «La forme, c'est magique, parce que cela a un impact sur soi. J'ai toujours su que j'étais un homme de lettres. C'est une aventure que j'ai entreprise pour que ça transforme ma vie. Deviens qui tu es, disait Nietzsche. C'est un chemin que j'ai pris pour que cela devienne ma réalité. C'est le temps que j'y ai mis qui compte. Dans les 30 dernières années, j'ai passé plus d'heures dans la réalité rêvée. C'est avec le rêve qu'on fait les gens. Car si on ne rêve pas, on ne se réveille pas.»
Connait-on vraiment Dany Laferrière? Sait-on que lorsqu'il a lancé cette bombe qu'était Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer, un roman de «célibataire», il était déjà en couple avec celle qui partage toujours sa vie, Maggie Berrouet? «Je suis totalement dans la littérature. J'utilise des éléments biographiques pour écrire mes livres, mais mon vrai lecteur, c'est quelqu'un qui ne me connaît pas du tout. C'est ça, le jeu.»
Qu'il joue à fond. De retour à l'hôtel Karibe, bien qu'épuisé, il nous récitera des extraits de L'énigme du retour que nous enregistrons pour les besoins du reportage. Ce reportage interrompu par le séisme, qui n'avait jamais été publié et que vous venez de lire.
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/haiti-un-an-apres/201101/09/01-4358513-la-derniere-journee-de-port-au-prince.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4358498_article_POS1
Michaëlle Jean se rendra en Haïti mercredi
Publié le 09 janvier 2011
La Presse Canadienne
L'ancienne gouverneure générale Michaëlle Jean se rendra en Haïti cette semaine pour marquer le premier anniversaire du tremblement de terre survenu en 2010.
Il s'agira de son premier voyage vers son pays d'origine depuis qu'elle a été nommée diplomate canadienne l'an dernier.
Mme Jean, qui est née en Haïti mais qui a grandi au Canada, désirait retourner dans la Perle des Antilles depuis septembre, lorsqu'elle a été nommée représentante du pays à l'UNESCO pour Haïti.
Une controversée et contestée élection tenue en Haïti a été suivie par des violences, menant à l'imposition d'une interdiction de voyage dans ce pays pour les employés des Nations unies.
L'interdiction a été levée et Mme Jean effectuera mercredi une visite éclair de 24 heures dans la capitale, Port-au-Prince, pour encourager les efforts de reconstruction du pays.
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/haiti-un-an-apres/201101/09/01-4358498-michaelle-jean-se-rendra-en-haiti-mercredi.php
La Presse Canadienne
L'ancienne gouverneure générale Michaëlle Jean se rendra en Haïti cette semaine pour marquer le premier anniversaire du tremblement de terre survenu en 2010.
Il s'agira de son premier voyage vers son pays d'origine depuis qu'elle a été nommée diplomate canadienne l'an dernier.
Mme Jean, qui est née en Haïti mais qui a grandi au Canada, désirait retourner dans la Perle des Antilles depuis septembre, lorsqu'elle a été nommée représentante du pays à l'UNESCO pour Haïti.
Une controversée et contestée élection tenue en Haïti a été suivie par des violences, menant à l'imposition d'une interdiction de voyage dans ce pays pour les employés des Nations unies.
L'interdiction a été levée et Mme Jean effectuera mercredi une visite éclair de 24 heures dans la capitale, Port-au-Prince, pour encourager les efforts de reconstruction du pays.
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/haiti-un-an-apres/201101/09/01-4358498-michaelle-jean-se-rendra-en-haiti-mercredi.php
Un touché de la LCF en Haïti
Agence QMI 09/01/2011 18h43
Les athlètes de sport professionnel sont souvent associés à des causes humanitaires. C’est le cas de huit joueurs de la Ligue canadienne (LCF), dont le secondeur Ray Fontaine, qui participent depuis samedi à une mission humanitaire en Haiti.
La mission humanitaire de l’Association des joueurs de la LCF intitulée «Huddle for Haiti» vise à aider la population de ce pays à se relever du séisme qui a coûté la vie à 200 000 personnes et blessé 300 000 autres, le 12 janvier 2010.
Sans parler du choléra, qui a également causé des ennuis aux autorités médicales au cours des derniers mois.
En plus de Fontaine, Kelly Bates (Edmonton), Chris Cvetkovic (Winnipeg), Jason Jimenez (Hamilton), Aaron Fiaccioni (Edmonton), Rolly Lumbala (Colombie-Britannique) et Graeme Bell (Edmonton) ont également fait le voyage à leurs propres frais avec la collaboration de la compagnie aérienne WestJet.
Ils participeront à l’effort de reconstruction pendant les six prochains jours. Lors de leur arrivée en sol haïtien, les joueurs et le journaliste de TSN, Dave Naylor, ont eu une vision frénétique.
«Tout le monde voulait nous offrir leur aide pour quelques dollars, a mentionné Naylor. Nous avons trouvé nos camionnettes et nous sommes montés à bord. Un homme gardait une main à l’intérieur pour tenter de m’empêcher de fermer la porte tout en me disant de sortir. J’ai réussi à la fermer et nous avons tous poussé un soupir de soulagement.»
Partout, les représentants de la LCF sont témoins de plusieurs scènes de désolation laissées par le tremblement de terre qui a sévi il y a presque un an.
La tante du porteur de ballon des Blue Bombers de Winnipeg, Yvenson Bernard, un Américain d’origine haïtienne, hébergera les joueurs de la LCF durant leur séjour. Bernard les aidera à apprécier leur expérience, qui les sortira à l’extérieur de leur zone de confort habituelle.
«Je n’avais pas de passeport avant 2008, a raconté le joueur de ligne offensive d’Edmonton, Kelly Bates, à TSN. Et c’était pour assister aux rencontres de l’Association des joueurs de la LCF à Las Vegas.»
Les joueurs bénéficieront du soutien logistique de WestJet pour leurs déplacements et travailleront de concert avec Oxfam, une organisation qui apporte du réconfort aux Haïtiens, incluant l'apport d'eau potable, d'abris et d’autres nécessités
http://fr.canoe.ca/sports/nouvelles/football/lcf/archives/2011/01/20110109-184312.html
Les athlètes de sport professionnel sont souvent associés à des causes humanitaires. C’est le cas de huit joueurs de la Ligue canadienne (LCF), dont le secondeur Ray Fontaine, qui participent depuis samedi à une mission humanitaire en Haiti.
La mission humanitaire de l’Association des joueurs de la LCF intitulée «Huddle for Haiti» vise à aider la population de ce pays à se relever du séisme qui a coûté la vie à 200 000 personnes et blessé 300 000 autres, le 12 janvier 2010.
Sans parler du choléra, qui a également causé des ennuis aux autorités médicales au cours des derniers mois.
En plus de Fontaine, Kelly Bates (Edmonton), Chris Cvetkovic (Winnipeg), Jason Jimenez (Hamilton), Aaron Fiaccioni (Edmonton), Rolly Lumbala (Colombie-Britannique) et Graeme Bell (Edmonton) ont également fait le voyage à leurs propres frais avec la collaboration de la compagnie aérienne WestJet.
Ils participeront à l’effort de reconstruction pendant les six prochains jours. Lors de leur arrivée en sol haïtien, les joueurs et le journaliste de TSN, Dave Naylor, ont eu une vision frénétique.
«Tout le monde voulait nous offrir leur aide pour quelques dollars, a mentionné Naylor. Nous avons trouvé nos camionnettes et nous sommes montés à bord. Un homme gardait une main à l’intérieur pour tenter de m’empêcher de fermer la porte tout en me disant de sortir. J’ai réussi à la fermer et nous avons tous poussé un soupir de soulagement.»
Partout, les représentants de la LCF sont témoins de plusieurs scènes de désolation laissées par le tremblement de terre qui a sévi il y a presque un an.
La tante du porteur de ballon des Blue Bombers de Winnipeg, Yvenson Bernard, un Américain d’origine haïtienne, hébergera les joueurs de la LCF durant leur séjour. Bernard les aidera à apprécier leur expérience, qui les sortira à l’extérieur de leur zone de confort habituelle.
«Je n’avais pas de passeport avant 2008, a raconté le joueur de ligne offensive d’Edmonton, Kelly Bates, à TSN. Et c’était pour assister aux rencontres de l’Association des joueurs de la LCF à Las Vegas.»
Les joueurs bénéficieront du soutien logistique de WestJet pour leurs déplacements et travailleront de concert avec Oxfam, une organisation qui apporte du réconfort aux Haïtiens, incluant l'apport d'eau potable, d'abris et d’autres nécessités
http://fr.canoe.ca/sports/nouvelles/football/lcf/archives/2011/01/20110109-184312.html
Haïti un an plus tard: de l'aide qui arrive à bon port
Publié le 10 janvier 2011
Le Soleil
(Québec) L'aide internationale se rend aussi à destination en Haïti. Alors que certains envois sont bloqués depuis des mois en raison des nombreux problèmes qui affligent le pays des Antilles, la soeur Virginie Musac jubile à Port-de-Paix devant la cargaison reçue en provenance de la faculté des sciences infirmières de l'Université Laval.
L'initiative revient entre autres à Ginette Lazure, professeure à la faculté des sciences infirmières de l'UL. En 2010, sa faculté procède à des rénovations et des réaménagements au pavillon Ferdinand-Vandry. Le grand ménage permet de mettre à jour des équipements académiques, et l'idée est alors lancée de donner ces précieux outils d'apprentissage à Haïti.
Au même moment, la soeur Virginie?Musac,?fraîchement diplômée de l'Université Laval en 2009, poursuit sa croisade pour doter Port-de-Paix d'une école en soins infirmiers. L'histoire connaît un heureux dénouement, la cargaison étant arrivée à destination vers la fin décembre.
«J'ai vu que c'était du matériel de qualité, alors j'étais très satisfaite. En les récupérant, la fatigue est disparue. Intérieurement, j'étais contente de l'avoir», a raconté soeur Musac, jointe à Port-de-Paix, à 250 km de Port-au-Prince.
Casse-tête du transport
Cette fatigue, elle l'a ressentie en raison de tout le casse-tête du transport dans son pays. Depuis le séisme et la destruction d'infrastructures, l'acheminement en biens divers a gagné en complexité.
Après avoir parcouru plusieurs centaines de kilomètres, d'un port à l'autre, elle se dit ravie de disposer enfin du matériel pédagogique. «L'important, c'est que je les ai récupérés. C'est très important pour nous. J'ai vu les livres, ce sont des documents récents, des documents actuels et en français. En général, les documents qu'on a dans nos écoles, ils remontent plus aux années 1900, alors que là, ce sont des documents récents, dans les années 2000. Et le matériel qu'on a, les mannequins, pour les activités de pratique, c'est très intéressant. Ça va aider à la pratique des étudiants. Et quand je regarde les CD aussi, avec des vidéos, illustrant les techniques en soins infirmiers, ça va beaucoup aider à l'apprentissage des étudiants.»
Soeur Virginie Musac se croise désormais les doigts pour ouvrir son école de soins infirmiers, qui deviendrait une branche de l'Université Notre Dame. «Avec la situation actuelle du pays, on ne sait pas comment ça va tourner. Mais nous prévoyons que la période d'inscription soit à partir de mars.»
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/dossiers/seisme-en-haiti/201101/09/01-4358509-haiti-un-an-plus-tard-de-laide-qui-arrive-a-bon-port.php
Le Soleil
(Québec) L'aide internationale se rend aussi à destination en Haïti. Alors que certains envois sont bloqués depuis des mois en raison des nombreux problèmes qui affligent le pays des Antilles, la soeur Virginie Musac jubile à Port-de-Paix devant la cargaison reçue en provenance de la faculté des sciences infirmières de l'Université Laval.
L'initiative revient entre autres à Ginette Lazure, professeure à la faculté des sciences infirmières de l'UL. En 2010, sa faculté procède à des rénovations et des réaménagements au pavillon Ferdinand-Vandry. Le grand ménage permet de mettre à jour des équipements académiques, et l'idée est alors lancée de donner ces précieux outils d'apprentissage à Haïti.
Au même moment, la soeur Virginie?Musac,?fraîchement diplômée de l'Université Laval en 2009, poursuit sa croisade pour doter Port-de-Paix d'une école en soins infirmiers. L'histoire connaît un heureux dénouement, la cargaison étant arrivée à destination vers la fin décembre.
«J'ai vu que c'était du matériel de qualité, alors j'étais très satisfaite. En les récupérant, la fatigue est disparue. Intérieurement, j'étais contente de l'avoir», a raconté soeur Musac, jointe à Port-de-Paix, à 250 km de Port-au-Prince.
Casse-tête du transport
Cette fatigue, elle l'a ressentie en raison de tout le casse-tête du transport dans son pays. Depuis le séisme et la destruction d'infrastructures, l'acheminement en biens divers a gagné en complexité.
Après avoir parcouru plusieurs centaines de kilomètres, d'un port à l'autre, elle se dit ravie de disposer enfin du matériel pédagogique. «L'important, c'est que je les ai récupérés. C'est très important pour nous. J'ai vu les livres, ce sont des documents récents, des documents actuels et en français. En général, les documents qu'on a dans nos écoles, ils remontent plus aux années 1900, alors que là, ce sont des documents récents, dans les années 2000. Et le matériel qu'on a, les mannequins, pour les activités de pratique, c'est très intéressant. Ça va aider à la pratique des étudiants. Et quand je regarde les CD aussi, avec des vidéos, illustrant les techniques en soins infirmiers, ça va beaucoup aider à l'apprentissage des étudiants.»
Soeur Virginie Musac se croise désormais les doigts pour ouvrir son école de soins infirmiers, qui deviendrait une branche de l'Université Notre Dame. «Avec la situation actuelle du pays, on ne sait pas comment ça va tourner. Mais nous prévoyons que la période d'inscription soit à partir de mars.»
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/dossiers/seisme-en-haiti/201101/09/01-4358509-haiti-un-an-plus-tard-de-laide-qui-arrive-a-bon-port.php
Haïti : ce qu'a permis votre générosité
Par Claudie Baran 10/01/2011
Quelques exemples d'actions menées par la Fondation de France grâce à vos dons.
Il y a un an, Le Figaro Magazine, en partenariat avec la Fondation de France (FDF), GDFSuez, RTL et M6, lançait un appel à la générosité des lecteurs afin de venir en aide aux enfants d'Haïti. L'opération «Un numéro acheté=un euro versé» s'est soldée par la collecte de 170.632 euros. Un succès, donc, grâce à vous. Martin Spitz, responsable des urgences et des solidarités internationales à la Fondation de France, rappelle que son institution tient à mener des actions qui s'inscrivent dans le temps, «afin d'éviter l'écueil de la bulle humanitaire qui crève dès que retombe la pression médiatique». Aujourd'hui, en collaboration avec les instances en place, la FDF finance la construction et/ou la remise en état d'une dizaine d'écoles. «L'une de mes plus grandes fiertés est d'avoir réussi à scolariser 4000 gamins immédiatement après le séisme, et ce pendant six mois!» explique- t-il. Les besoins n'en restent pas moins encore immenses. Ne serait-ce que pour évacuer les décombres. «Pour enlever les 20 millions de mètres cubes de gravats, il faut 1000 camions pendant 1000 jours !» Un travail herculéen. S'ajoutent à cela trois facteurs aggravants: le niveau de destruction, le milieu urbain et le manque de structures existantes en Haïti.
Loin d'être découragée, la Fondation de France poursuit son action en soutenant le développement rural, l'habitat et la (re)construction, l'éducation restant l'une de ses priorités et la pérennité de ses actions son exigence. A ce jour, l'organisation a engagé 21 millions d'euros sur les 33 millions collectés, 42 projets ont vu le jour, 300.000 personnes ont reçu de l'aide. Quant à l'argent -votre argent-, il est soumis à une procédure de traçabilité des fonds des donateurs. Une transparence exigée par l'éthique de la fondation.
Renseignements: www.fondationdefrance.org
http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2011/01/08/01006-20110108ARTFIG00591-haiti-ce-qu-a-permis-votre-generosite.php
Quelques exemples d'actions menées par la Fondation de France grâce à vos dons.
Il y a un an, Le Figaro Magazine, en partenariat avec la Fondation de France (FDF), GDFSuez, RTL et M6, lançait un appel à la générosité des lecteurs afin de venir en aide aux enfants d'Haïti. L'opération «Un numéro acheté=un euro versé» s'est soldée par la collecte de 170.632 euros. Un succès, donc, grâce à vous. Martin Spitz, responsable des urgences et des solidarités internationales à la Fondation de France, rappelle que son institution tient à mener des actions qui s'inscrivent dans le temps, «afin d'éviter l'écueil de la bulle humanitaire qui crève dès que retombe la pression médiatique». Aujourd'hui, en collaboration avec les instances en place, la FDF finance la construction et/ou la remise en état d'une dizaine d'écoles. «L'une de mes plus grandes fiertés est d'avoir réussi à scolariser 4000 gamins immédiatement après le séisme, et ce pendant six mois!» explique- t-il. Les besoins n'en restent pas moins encore immenses. Ne serait-ce que pour évacuer les décombres. «Pour enlever les 20 millions de mètres cubes de gravats, il faut 1000 camions pendant 1000 jours !» Un travail herculéen. S'ajoutent à cela trois facteurs aggravants: le niveau de destruction, le milieu urbain et le manque de structures existantes en Haïti.
Loin d'être découragée, la Fondation de France poursuit son action en soutenant le développement rural, l'habitat et la (re)construction, l'éducation restant l'une de ses priorités et la pérennité de ses actions son exigence. A ce jour, l'organisation a engagé 21 millions d'euros sur les 33 millions collectés, 42 projets ont vu le jour, 300.000 personnes ont reçu de l'aide. Quant à l'argent -votre argent-, il est soumis à une procédure de traçabilité des fonds des donateurs. Une transparence exigée par l'éthique de la fondation.
Renseignements: www.fondationdefrance.org
http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2011/01/08/01006-20110108ARTFIG00591-haiti-ce-qu-a-permis-votre-generosite.php
Une reconstruction qui n’est pas à la hauteur des dons
Agence QMI Josianne Desjardins
MONTRÉAL - Malgré l’élan de générosité de plusieurs Québécois, les investissements prévus afin de venir en aide à la reconstruction d’Haïti n’ont pas encore tous été utilisés, ce que plusieurs organismes d’aide humanitaire de la province qualifient de «normal».
Un an après le séisme qui a secoué l’île des Antilles, 24H a contacté quatre organismes impliqués et le gouvernement canadien afin de comprendre pourquoi, selon eux, la totalité des sommes n’a pas encore servi à la remise sur pied d’Haïti.
«C’est sûr qu’il y a du retard, mais c’était déjà difficile d’intervenir avant le séisme. Nous sommes encore dans la phase d’urgence. On commence graduellement la phase de rétablissement», a indiqué Geneviève Déry, porte-parole pour la Croix-Rouge canadienne division Québec.
En date du 30 décembre, sur les 199 millions $ reçus en dons à travers le Canada, la Croix-Rouge a réussi à en utiliser un peu moins de la moitié, soit 89 millions $.
Du côté de Vision Mondiale, 194 millions $ US en dons ont été amassés à travers le monde (dont 21,9 % proviennent du Canada) jusqu’au 30 septembre, et sur ce montant, 107 millions $ ont été investis à ce jour.
Contactée à ce sujet, Margaret Buchanan, chargée des relations publiques pour le Québec, a affirmé que «c’est normal que ça prenne du temps». De plus, le changement de gouvernement pourrait être responsable du «délai dans le versement de certains fonds».
Selon leur bilan de décembre, Oxfam a récolté quelque 17 millions $, sur lesquels 9,5 millions $ ont été injectés dans leurs diverses activités d’urgence.
«C’est un long processus et nous agissons principalement sur le plan de l’eau, l’assainissement et l’hygiène. On ne peut pas dépenser l’argent n’importe comment», a expliqué Michel Veret, directeur du développement des relations publiques à Oxfam-Québec.
Les décombres, source du problème
«Il faut bouger, mais le balayage des décombres nous complique la vie. Souvent, ce sont des bâtiments publics, donc les décisions doivent venir des autorités locales», a expliqué M. Veret.
Selon Erin Barton-Chery, une correspondante d’Enfants-Entraide à Haïti, la densité de la population au sein de la ville de Port-au-Prince rendrait difficile le retrait des décombres.
Considérant que seulement 5% des décombres ont été balayés, le travail reste immense, a-t-elle révélé.
«Le président haïtien René Préval a annoncé qu'il faudrait 1000 camions sur 1000 jours pour retirer les décombres de bâtiments effondrés et des structures qui ne sont plus sûres. Jusqu’à ce jour, pratiquement aucun effort n’a été déployé. Quand est-ce que ces 1000 jours commenceront?», s’est demandé Mme Barton-Chery.
L’Association canadienne de développement international (ACDI), qui gère les fonds du pays dédiés à l’aide humanitaire en Haïti, a informé que 150,1 millions $ ont été versés sur les 400 millions $ prévus sur deux ans en spécifiant que «conformément à son mandat, l’ACDI déboursera les fonds au fur et à mesure que les besoins seront déterminés», selon le porte-parole, Scott Cantin. Selon le rapport d’Oxfam, seulement 42% des 2,1 milliards $ promis par les gouvernements internationaux en 2010 ont été octroyés.
http://fr.canoe.ca/infos/international/archives/2011/01/20110109-224116.html
MONTRÉAL - Malgré l’élan de générosité de plusieurs Québécois, les investissements prévus afin de venir en aide à la reconstruction d’Haïti n’ont pas encore tous été utilisés, ce que plusieurs organismes d’aide humanitaire de la province qualifient de «normal».
Un an après le séisme qui a secoué l’île des Antilles, 24H a contacté quatre organismes impliqués et le gouvernement canadien afin de comprendre pourquoi, selon eux, la totalité des sommes n’a pas encore servi à la remise sur pied d’Haïti.
«C’est sûr qu’il y a du retard, mais c’était déjà difficile d’intervenir avant le séisme. Nous sommes encore dans la phase d’urgence. On commence graduellement la phase de rétablissement», a indiqué Geneviève Déry, porte-parole pour la Croix-Rouge canadienne division Québec.
En date du 30 décembre, sur les 199 millions $ reçus en dons à travers le Canada, la Croix-Rouge a réussi à en utiliser un peu moins de la moitié, soit 89 millions $.
Du côté de Vision Mondiale, 194 millions $ US en dons ont été amassés à travers le monde (dont 21,9 % proviennent du Canada) jusqu’au 30 septembre, et sur ce montant, 107 millions $ ont été investis à ce jour.
Contactée à ce sujet, Margaret Buchanan, chargée des relations publiques pour le Québec, a affirmé que «c’est normal que ça prenne du temps». De plus, le changement de gouvernement pourrait être responsable du «délai dans le versement de certains fonds».
Selon leur bilan de décembre, Oxfam a récolté quelque 17 millions $, sur lesquels 9,5 millions $ ont été injectés dans leurs diverses activités d’urgence.
«C’est un long processus et nous agissons principalement sur le plan de l’eau, l’assainissement et l’hygiène. On ne peut pas dépenser l’argent n’importe comment», a expliqué Michel Veret, directeur du développement des relations publiques à Oxfam-Québec.
Les décombres, source du problème
«Il faut bouger, mais le balayage des décombres nous complique la vie. Souvent, ce sont des bâtiments publics, donc les décisions doivent venir des autorités locales», a expliqué M. Veret.
Selon Erin Barton-Chery, une correspondante d’Enfants-Entraide à Haïti, la densité de la population au sein de la ville de Port-au-Prince rendrait difficile le retrait des décombres.
Considérant que seulement 5% des décombres ont été balayés, le travail reste immense, a-t-elle révélé.
«Le président haïtien René Préval a annoncé qu'il faudrait 1000 camions sur 1000 jours pour retirer les décombres de bâtiments effondrés et des structures qui ne sont plus sûres. Jusqu’à ce jour, pratiquement aucun effort n’a été déployé. Quand est-ce que ces 1000 jours commenceront?», s’est demandé Mme Barton-Chery.
L’Association canadienne de développement international (ACDI), qui gère les fonds du pays dédiés à l’aide humanitaire en Haïti, a informé que 150,1 millions $ ont été versés sur les 400 millions $ prévus sur deux ans en spécifiant que «conformément à son mandat, l’ACDI déboursera les fonds au fur et à mesure que les besoins seront déterminés», selon le porte-parole, Scott Cantin. Selon le rapport d’Oxfam, seulement 42% des 2,1 milliards $ promis par les gouvernements internationaux en 2010 ont été octroyés.
http://fr.canoe.ca/infos/international/archives/2011/01/20110109-224116.html
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