L'ONU enquête sur des allégations de fraude et de mauvaise gestion en matière d'acquisitions concernant ses opérations de maintien de la paix en République démocratique du Congo (RDC) et en Haïti, a indiqué mardi sa porte-parole, Michèle Montas. Mme Montas commentait un article paru mardi dans le Washington Post selon lequel une commission spéciale de l'ONU avait découvert des cas de "fraude, corruption, gaspillage et mauvaise gestion", à la fois au siège de l'Organisation et dans des missions de paix, "concernant des fonds d'une valeur cumulée de plus de 610 millions de dollars."
Elle a souligné que l'enquête de cette commission "avait été lancée à l'initiative de l'ONU." "Nous sommes préoccupés par les allégations contenues dans l'article (du Washington Post), nous voulons qu'elles fassent l'objet d'une enquête complète et que si nécessaire, des procédures criminelles soient engagées", a déclaré à la presse l'ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU, Zalmay Khalilzad. "Nous sommes très attachés à des procédures d'acquisition qui soient ouvertes, transparentes et efficaces," a-t-il ajouté.
"Et nous sommes en faveur de la poursuite du travail de la commission spéciale qui a découvert certaines des irrégularités, des impropriétés mentionnées dans l'article." Ces dernières allégations, qui font suite à d'autres révélations de cas de corruption dans des procédures d'acquisition de l'ONU, notamment le scandale du programme "pétrole contre nourriture" en Irak, font surface au moment où les Etats membres tentent de s'entendre sur un projet de budget pour l'Organisation mondiale pour les deux années à venir, que les Etats-Unis considèrent trop élevé.
La commission budgétaire de l'Assemblée générale a fixé à mercredi la date butoir pour approuver un projet de budget de 4,2 milliards de dollars présenté par le secrétaire général, Ban Ki-moon, pour 2008 et 2009. "Il est certain que le budget proposé est trop élevé," avait déclaré M. Khalilzad la semaine dernière. "Nous aimerions voir où des économies pourraient être faites. Nous discutons avec d'autres gros contributeurs et d'autres pays influents au sein des Nations unies."
"Les cas d'employés accusés de malversations en rapport avec les acquisitions concernant la Minustah (la mission de l'ONU en Haïti) et la Monuc (en RDC) sont en cours d'examen dans le système de justice interne de l'ONU en conformité avec les procédures établies", a dit Mme Montas. En août, cinq employés civils de la Monuc avaient été suspendus à la suite d'irrégularités en matière d'acquisitions, à la suite d'investigations conduites par le Bureau de surveillance et de contrôle interne (OIOS) de l'ONU.
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mercredi 19 décembre 2007
Le Mercosur exprime un soutien fort à Haïti
Les quatre pays du bloc économique sud-américain et leurs six associés saluent particulièrement l’action de la MINUSTAH
Décembre 2007,
Radio Kiskeya
Les pays du Marché Commun du Sud (Mercosur) et leurs associés ont apporté mardi soir à Montevideo un soutien sans équivoque au processus politique en cours en Haïti et à la présence des casques bleus, à l’issue d’un sommet d’une journée .
"Le Mercosur apporte son plus ferme appui à la consolidation du processus démocratique en Haïti, soulignant tout spécialement le travail réalisé par la Mission de stabilisation des Nations Unies (MINUSTAH) avec la participation de plusieurs pays latinoaméricains", indique le texte de la déclaration finale du sommet rendue publique dans la capitale uruguayenne et relayée par l’agence espagnole EFE.
Sept Etats sud-américains, dont les quatre membres du Mercosur, font partie de la MINUSTAH qui compte environ 9.000 militaires et policiers.
Les Présidents brésilien, Luiz Inàcio Lula da Silva, paraguayen, Nicanor Duarte, leur nouvelle homologue argentine, Cristina Fernàndez de Kirchner ainsi que l’hôte de la réunion, l’uruguayen Tabaré Vàzquez se sont également penchés sur d’autres questions régionales en appuyant particulièrement le dirigeant bolivien Evo Morales confronté à une grave crise institutionnelle.
Outre ses quatre membres à part entière, le Mercosur, plus grand bloc économique en Amérique latine, compte six pays partenaires, la Bolivie, le Chili, le Pérou, l’Equateur, la Colombie et le Vénézuéla. spp/Radio Kiskeya
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article4534
Décembre 2007,
Radio Kiskeya
Les pays du Marché Commun du Sud (Mercosur) et leurs associés ont apporté mardi soir à Montevideo un soutien sans équivoque au processus politique en cours en Haïti et à la présence des casques bleus, à l’issue d’un sommet d’une journée .
"Le Mercosur apporte son plus ferme appui à la consolidation du processus démocratique en Haïti, soulignant tout spécialement le travail réalisé par la Mission de stabilisation des Nations Unies (MINUSTAH) avec la participation de plusieurs pays latinoaméricains", indique le texte de la déclaration finale du sommet rendue publique dans la capitale uruguayenne et relayée par l’agence espagnole EFE.
Sept Etats sud-américains, dont les quatre membres du Mercosur, font partie de la MINUSTAH qui compte environ 9.000 militaires et policiers.
Les Présidents brésilien, Luiz Inàcio Lula da Silva, paraguayen, Nicanor Duarte, leur nouvelle homologue argentine, Cristina Fernàndez de Kirchner ainsi que l’hôte de la réunion, l’uruguayen Tabaré Vàzquez se sont également penchés sur d’autres questions régionales en appuyant particulièrement le dirigeant bolivien Evo Morales confronté à une grave crise institutionnelle.
Outre ses quatre membres à part entière, le Mercosur, plus grand bloc économique en Amérique latine, compte six pays partenaires, la Bolivie, le Chili, le Pérou, l’Equateur, la Colombie et le Vénézuéla. spp/Radio Kiskeya
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article4534
Honneur et Mérite aux Haïtiens de la Diaspora
Décembre 2007
Note de Presse du GARR
Document soumis à AlterPresse le 18 décembre 2007
A l’occasion de la Journée Internationale de Solidarité avec les migrants-es, célébrée le 18 décembre, le GARR salue le courage et la solidarité des deux millions et plus d’Haïtiens-Haïtiennes qui se trouvent à l’étranger et qui ont toujours manifesté un attachement inlassable au pays.
Leur contribution, à travers des transferts d’argent, permettent à plusieurs familles de subvenir à leurs besoins en alimentation, éducation, logement etc.
Des réussites individuelles, dans les domaines sportif, culturel, artistique, financier et politique, ont des retombées positives sur l’image du pays et le moral de la population.
Très souvent, les efforts de la diaspora apportent un baume à la morosité de notre quotidien et nous autorisent à rêver d’un meilleur pays.
Lorsque des groupes d’intérêts veulent capitaliser sur nos difficultés de peuple pour nous humilier et nous dominer, des voix nombreuses et déterminées s’élèvent dans la diaspora, pour défendre notre dignité.
Pour toutes ces raisons, il est bon d’avoir pour eux/elles, une pensée spéciale à l’occasion de cette Journée Internationale consacrée aux migrants-es.
Il est urgent que les autorités haïtiennes inscrivent ces deux millions de personnes sur leur agenda et recherchent une forme de synergie entre les initiatives individuelles et une démarche susceptible d’enclencher un processus de développement intégré.
Le GARR profite de l’occasion pour saluer d’une manière spéciale, des immigrants-es haïtiens qui font face à de grandes difficultés, notamment l’impossibilité de visiter le pays, faute de documentation.
Nous avons également une pensée particulière à l’intention de plus d’une douzaine de travailleurs migrants haïtiens qui ont péri dans les récentes inondations survenues en République Dominicaine suite au passage de la tempête tropicale Olga. Ce drame témoigne de la situation de vulnérabilité qui affecte certains groupes d’Haïtiens-Haïtiennes à l’extérieur.
Le GARR veut espérer que le pays connaîtra des jours plus sereins et une plus grande unité entre Haïtiens-Haïtiennes de l’intérieur et de l’extérieur pour le bonheur du pays.
En cette Journée de Solidarité avec les Migrants-es, le GARR salue les multiples expressions de solidarité internationale autour du sort de nos coupeurs de canne haïtiens, entre autres, à travers l’Exposition itinérante « Esclaves au Paradis », visitée déjà par plusieurs milliers de personnes. Il invite les citoyens et citoyennes à faire preuve de solidarité en continuant à signer la pétition produite en faveur de ce groupe de travailleurs migrants de l’autre côté de la frontière.
Colette Lespinasse Coordonnatrice du Bureau Exécutif
NB. La pétition disponible au local du GARR sis au no 13 de la 1ere rue Rivière à Port-au-Prince
http://www.alterpresse.org/spip.php?article6769
Note de Presse du GARR
Document soumis à AlterPresse le 18 décembre 2007
A l’occasion de la Journée Internationale de Solidarité avec les migrants-es, célébrée le 18 décembre, le GARR salue le courage et la solidarité des deux millions et plus d’Haïtiens-Haïtiennes qui se trouvent à l’étranger et qui ont toujours manifesté un attachement inlassable au pays.
Leur contribution, à travers des transferts d’argent, permettent à plusieurs familles de subvenir à leurs besoins en alimentation, éducation, logement etc.
Des réussites individuelles, dans les domaines sportif, culturel, artistique, financier et politique, ont des retombées positives sur l’image du pays et le moral de la population.
Très souvent, les efforts de la diaspora apportent un baume à la morosité de notre quotidien et nous autorisent à rêver d’un meilleur pays.
Lorsque des groupes d’intérêts veulent capitaliser sur nos difficultés de peuple pour nous humilier et nous dominer, des voix nombreuses et déterminées s’élèvent dans la diaspora, pour défendre notre dignité.
Pour toutes ces raisons, il est bon d’avoir pour eux/elles, une pensée spéciale à l’occasion de cette Journée Internationale consacrée aux migrants-es.
Il est urgent que les autorités haïtiennes inscrivent ces deux millions de personnes sur leur agenda et recherchent une forme de synergie entre les initiatives individuelles et une démarche susceptible d’enclencher un processus de développement intégré.
Le GARR profite de l’occasion pour saluer d’une manière spéciale, des immigrants-es haïtiens qui font face à de grandes difficultés, notamment l’impossibilité de visiter le pays, faute de documentation.
Nous avons également une pensée particulière à l’intention de plus d’une douzaine de travailleurs migrants haïtiens qui ont péri dans les récentes inondations survenues en République Dominicaine suite au passage de la tempête tropicale Olga. Ce drame témoigne de la situation de vulnérabilité qui affecte certains groupes d’Haïtiens-Haïtiennes à l’extérieur.
Le GARR veut espérer que le pays connaîtra des jours plus sereins et une plus grande unité entre Haïtiens-Haïtiennes de l’intérieur et de l’extérieur pour le bonheur du pays.
En cette Journée de Solidarité avec les Migrants-es, le GARR salue les multiples expressions de solidarité internationale autour du sort de nos coupeurs de canne haïtiens, entre autres, à travers l’Exposition itinérante « Esclaves au Paradis », visitée déjà par plusieurs milliers de personnes. Il invite les citoyens et citoyennes à faire preuve de solidarité en continuant à signer la pétition produite en faveur de ce groupe de travailleurs migrants de l’autre côté de la frontière.
Colette Lespinasse Coordonnatrice du Bureau Exécutif
NB. La pétition disponible au local du GARR sis au no 13 de la 1ere rue Rivière à Port-au-Prince
http://www.alterpresse.org/spip.php?article6769
Haiti-France : Vaches solidaires
Par Cindy Drogue
P-au-P.déc. 07 [AlterPresse] --- Les paysans haitiens, en majorité des femmes, ont bénéficié en 2007 de 75 vaches, résultat d’une campagne de solidarité mise en place par l’organisation haïtienne Veterimed en partenariat avec le Collectif Haiti de France, Vétérinaires sans Frontières et d’autres institutions et particuliers, apprend l’agence AlterPresse.
Ce programme, intitulé « Eleveurs solidaires », s’inspire du système de gardiennage traditionnel tout en l’adaptant pour permettre à des investisseurs européens de l’appuyer à travers un engagement de leur part sur une durée raisonnable fixée à 4 ans, explique Michel Chancy, Directeur de Veterimed.
L’investisseur désireux de contribuer au développement de l’élevage laitier en Haïti acquiert une jeune vache prête à entrer en reproduction. Cette vache est confiée à un(e) producteur(trice) haïtien(ne), qui la prend en gardiennage pour une durée de 4 ans.
Le choix du/de la bénéficiaire est décidé collectivement par le comité paysan. Dans 80% des cas ce sont des femmes qui bénéficient des ces « vaches solidaires » puisque bien souvent ce sont elles les plus vulnérables et misérables, souligne Chancy. La vache leur est cédée sous contrat avec l’Association locale et VETERIMED et après 2 jours de formation avec un agronome et un vétérinaire.
A ce jour, il y a eu 170 bénéficiaires dont 19 en 2004/2005, 52 en 2005/2006 et 75 en 2007.
Veterimed s’est donné pour mission d’aider, par la formation, la recherche et l’appui technique en santé et production animale des éleveurs haïtiens pour augmenter leur production et leurs revenus. Cette organisation est surtout connue pour son action dans la production laitière.
Lait à gogo
Veterimed a lancé en 2002 le programme « Lèt Agogo » (Lait à gogo) qui met en place un réseau de micro laiteries où les paysans peuvent vendre leur lait qui leur assure ainsi un revenu additionnel stable. « Lèt Agogo » est aussi le nom commercial d’une série de produits laitiers disponibles sur le marché tel que le « Yawout » qui est un yogourt frais naturel ou aux fruits et « Lèt-Bèf » qui est du lait entier stérilisé aromatisé de chocolat ou de vanille et citronnelle.
Aujourd’hui 13 laiteries sont en fonctionnement à travers le pays. Limonade, Bon Repos, Torbeck et Jacmel. ont été crées en 2002, Verrettes et Ouanaminthe en 2003, Thomazeau, Léogane et Arcahaie en 2005, Forêt-des-Pins en 2006, Marmelade, Cap Rouge et Hinche cette année. Une seule, celle de Tomazeau a fermé..
Pour les 13 laiteries qui sont opérationnelles, toutes fonctionnent sur leurs ressources propres c’est à dire par le système rentable de l’achat-vente. Toutes les laiteries du Réseau Lèt Agogo, sont des initiatives de groupes locaux (organisation de jeune, coopératives d’éleveurs ou autres associations locales) mais elles fonctionnent sous la supervision technique de VETERIMED qui est propriétaire du label « Lèt Agogo ».
Les responsables des laiteries sont recrutés sur place. Au niveau de chaque laiterie, les paysans producteurs possèdent une partie importante du capital et sont regroupés au sein d’une organisation de producteur de lait. Aujourd’hui, environ 1000 producteurs de lait approvisionnent les laiteries Lèt Agogo.
Le lait transformé s’écoule dans différents débouchés : les commerces, les chariots ambulants et dans les cantines scolaires. Les cantines scolaires, programme de distribution de lait du ministère de l’éducation national, représente depuis septembre 2007 le débouché le plus important (un peu plus de 50% de la production des laiteries).
44 écoles sont concernées soit 26 000 rations par semaine. « Ce débouché est une aubaine mais qui comporte des risques » selon Michel Chancy. Tout repose en effet sur la capacité des laiteries à gérer leurs surplus durant les vacances scolaires.
Les chariots ambulants sont opérationnels dans 7 villes du pays : Limonade, Cap Haïtien, Marmelade, Pétion-Ville, Port au Prince, Verrettes et Jacmel. Leur efficacité quand à la vente de produits est fluctuante et dépend beaucoup du dynamisme des opérateurs/vendeurs, confie Michel Chancy.
Pendant les mois de décembre 2006 et janvier 2007, le chariot de Pétion-Ville a été, selon le directeur de Veterimed, « le plus gros point de vente du pays, dépassant même les volumes de vente du plus important super-marché ! ». [cd gp apr 18/12/2007 12:00]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article6768
P-au-P.déc. 07 [AlterPresse] --- Les paysans haitiens, en majorité des femmes, ont bénéficié en 2007 de 75 vaches, résultat d’une campagne de solidarité mise en place par l’organisation haïtienne Veterimed en partenariat avec le Collectif Haiti de France, Vétérinaires sans Frontières et d’autres institutions et particuliers, apprend l’agence AlterPresse.
Ce programme, intitulé « Eleveurs solidaires », s’inspire du système de gardiennage traditionnel tout en l’adaptant pour permettre à des investisseurs européens de l’appuyer à travers un engagement de leur part sur une durée raisonnable fixée à 4 ans, explique Michel Chancy, Directeur de Veterimed.
L’investisseur désireux de contribuer au développement de l’élevage laitier en Haïti acquiert une jeune vache prête à entrer en reproduction. Cette vache est confiée à un(e) producteur(trice) haïtien(ne), qui la prend en gardiennage pour une durée de 4 ans.
Le choix du/de la bénéficiaire est décidé collectivement par le comité paysan. Dans 80% des cas ce sont des femmes qui bénéficient des ces « vaches solidaires » puisque bien souvent ce sont elles les plus vulnérables et misérables, souligne Chancy. La vache leur est cédée sous contrat avec l’Association locale et VETERIMED et après 2 jours de formation avec un agronome et un vétérinaire.
A ce jour, il y a eu 170 bénéficiaires dont 19 en 2004/2005, 52 en 2005/2006 et 75 en 2007.
Veterimed s’est donné pour mission d’aider, par la formation, la recherche et l’appui technique en santé et production animale des éleveurs haïtiens pour augmenter leur production et leurs revenus. Cette organisation est surtout connue pour son action dans la production laitière.
Lait à gogo
Veterimed a lancé en 2002 le programme « Lèt Agogo » (Lait à gogo) qui met en place un réseau de micro laiteries où les paysans peuvent vendre leur lait qui leur assure ainsi un revenu additionnel stable. « Lèt Agogo » est aussi le nom commercial d’une série de produits laitiers disponibles sur le marché tel que le « Yawout » qui est un yogourt frais naturel ou aux fruits et « Lèt-Bèf » qui est du lait entier stérilisé aromatisé de chocolat ou de vanille et citronnelle.
Aujourd’hui 13 laiteries sont en fonctionnement à travers le pays. Limonade, Bon Repos, Torbeck et Jacmel. ont été crées en 2002, Verrettes et Ouanaminthe en 2003, Thomazeau, Léogane et Arcahaie en 2005, Forêt-des-Pins en 2006, Marmelade, Cap Rouge et Hinche cette année. Une seule, celle de Tomazeau a fermé..
Pour les 13 laiteries qui sont opérationnelles, toutes fonctionnent sur leurs ressources propres c’est à dire par le système rentable de l’achat-vente. Toutes les laiteries du Réseau Lèt Agogo, sont des initiatives de groupes locaux (organisation de jeune, coopératives d’éleveurs ou autres associations locales) mais elles fonctionnent sous la supervision technique de VETERIMED qui est propriétaire du label « Lèt Agogo ».
Les responsables des laiteries sont recrutés sur place. Au niveau de chaque laiterie, les paysans producteurs possèdent une partie importante du capital et sont regroupés au sein d’une organisation de producteur de lait. Aujourd’hui, environ 1000 producteurs de lait approvisionnent les laiteries Lèt Agogo.
Le lait transformé s’écoule dans différents débouchés : les commerces, les chariots ambulants et dans les cantines scolaires. Les cantines scolaires, programme de distribution de lait du ministère de l’éducation national, représente depuis septembre 2007 le débouché le plus important (un peu plus de 50% de la production des laiteries).
44 écoles sont concernées soit 26 000 rations par semaine. « Ce débouché est une aubaine mais qui comporte des risques » selon Michel Chancy. Tout repose en effet sur la capacité des laiteries à gérer leurs surplus durant les vacances scolaires.
Les chariots ambulants sont opérationnels dans 7 villes du pays : Limonade, Cap Haïtien, Marmelade, Pétion-Ville, Port au Prince, Verrettes et Jacmel. Leur efficacité quand à la vente de produits est fluctuante et dépend beaucoup du dynamisme des opérateurs/vendeurs, confie Michel Chancy.
Pendant les mois de décembre 2006 et janvier 2007, le chariot de Pétion-Ville a été, selon le directeur de Veterimed, « le plus gros point de vente du pays, dépassant même les volumes de vente du plus important super-marché ! ». [cd gp apr 18/12/2007 12:00]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article6768
Un tap-tap pour transporter Wyclef
Wyclef Jean a été circulé en tap-tap, dimanche, pour son défilé programmé plusieurs heures à l'avance par les organisateurs de sa visite en Haïti en compagnie des superstars américaines Akon et Matt Damon. « Depuis septembre dernier Wyclef avait annoncé qu'il viendrait en Haïti et circulerait en tap-tap », affirme d'un air enchanté Ancener Petit-Bois, président de l'Association professionnelle des Artisans Tap-tap et Autobus haïtiens (APATAH).« Le tap-tap c'est tout ce qu'il faut surtout lorsqu'on n'a pas tout son temps », a déclaré Wyclef Jean, qui s'était dissimulé dans ce véhicule pour n'avoir pas disposé de temps pour parler aux gens qui l'attendaient à l'entrée de l'hôtel et sur tout le parcours. La superstar haïtiano-américaine a laissé son hôtel - Hôtel Montana - dans un bwafouye construit par cette association pour exposition. Wyclef a fait tout son parcours dans le tap-tap en compagnie de plusieurs personnes chargées de l'organisation de sa tournée. De son hôtel, il s'est rendu au commissariat de Delmas 33 où il allait organiser une petite fête pour les jeunes gens placés en garde à vue. Wyclef a obtenu la grâce pour deux des membres de la Fondation Yélé Haïti - son organisation - retrouvés dans ce centre policier. Il s'est dirigé ensuite à la Place Boyer où il s'est entretenu avec des jeunes et des enfants. Les organisateurs ont beaucoup travaillé pour mettre à la disposition de Wyclef cette oeuvre d'art qu'il a beaucoup admiré en décembre 2006 lors du festival film Jacmel, s'est rappelé M. Petit-Bois. Le bwafouye qui se trouvait aux Etats-Unis après sa brillante participation à une exposition à Montréal a été bloqué à la douane de Port-au-Prince. « Ce n'est que samedi que les responsables du ministère du Tourisme ont fait diligence pour le rendre à l'APATAH », dit M. Petit-Bois. « Heureusement leurs efforts n'ont pas été vains. Il s'est félicité d'avoir fait son chemin dans le tap-tap », s'est réjoui le président de l'APATAH.L'APATAH a réalisé ce tap-tap, grâce à la générosité de la Automeca qui a, depuis plus d'une année, prêté à cette association un camion Isuzu NKR.
VISITES D’INSPECTION DES MONUMENTS HISTORIQUES / Le Palais de la Belle-Rivière et le fort de la Crête-à-Pierrot
Par Chénald Augustin
chenald@lematinhaiti.com
Du 6 au 10 décembre dernier, nous avons accompagné le directeur général de l’Institut de sauvegarde du patrimoine national (Ispan), l’architecte Daniel Élie à une visite d’inspection de monuments historiques dans le Nord d’Haïti. Notre première étape fut la Petite-Rivière de l’Artibonite où se trouvent le Palais de la Belle-Rivière et le fort de la Crête-à-Pierrot.Communément appelé Palais aux 365 portes en raison de ses nombreuses ouvertures, le Palais de la Belle-Rivière fut construit en 1820 par Louis Dupeyrac pour servir de résidence à Henri 1er, alors roi d’Haïti. « Placé sur une hauteur dominant le bourg de la Petite-Rivière, il devait avoir une vue imprenable sur la Plaine de l’Artibonite depuis Verrettes au Sud-Est jusque qu’à la baie des Gonaïves au Nord-Ouest, nous renseigne la fiche d’identification des monuments historique dressée par l’Ispan. Encore en chantier lors de la chute du royaume du Nord en 1820, la construction, qui devait probablement recevoir un second niveau, resta inachevée.Le Palais de la Belle-Rivière – nommé ainsi à cause de son voisinage avec le fleuve Artibonite – est le second palais construit par Christophe après celui de Sans-Souci à Milot. Il s’agissait pour celui-ci de consolider son pouvoir dans la vaste région agricole de l’Artibonite.
Première intervention sur le monument Lors de la première campagne de sauvegarde de nos monuments historiques, lancé sous le gouvernement de Sténio Vincent, d’importants travaux de restauration furent entrepris au Palais de la Belle-Rivière, en 1932. À cette occasion, il fut décidé de doter le palais d’une couverture en tôle ondulée soutenue par une charpente en bois. La structure du palais, alors en ruines, fut consolidée, ses murs revêtus d’un enduit de ciment et ses nombreuses ouvertures dotées de volets en bois. Si la restauration architecturale a pour but « de conserver la structure historique ainsi que sa fonction portante, et d’en révéler la valeur culturelle en améliorant la lisibilité de son intégrité historique, de ses stades antérieurs et de sa conception originale », l’intervention de Vincent a quelque peu raté cet objectif. Cependant, elle a pu néanmoins freiner le délabrement du monument, assurer sa protection contre les intempéries et transmettre aux générations futures, avec les moyens du bord et les connaissances techniques d’alors, un formidable témoin de la vision d’Henry Christophe, nous explique l’architecte Daniel Élie.
Un complexe administratif et éducatif Quelques années plus tard, le Palais de la Belle-Rivière abrita une école communale de cycle primaire (École Madame Pageot) et logea différents bureaux de l’État dont la mairie, le bureau des Contributions (la succursale de la Direction générale des Impôts), le service des télégraphies terrestres qui sera transformé plus tard en bureau de service national des Télécommunications (la Téléco). Le Palais abrita le bureau local des Volontaires de la sécurité nationale qui valut au Palais son premier «déchoukaj » en 1986. Le Palais de la Belle-Rivière a été classé Patrimoine national par arrêté.
Le Palais de la Belle-Rivière présente un plan rectangulaire de 68 mètres de long sur 11 mètres de large, auquel est adossée à la façade Ouest une vaste rotonde d’environ douze mètres de diamètre. Celle-ci précède une galerie formée d’arcades successives longeant complètement l’édifice. La façade Est, arrière, se singularise en son axe par une avancée surmontée d’un fronton en béton armé ajouté lors de l’intervention en 1932. Les murs sont de maçonnerie, de moellons liés par un mortier de chaux et parementées de briques rouges aux arêtes.
Un monument abandonné
Le Palais actuellement, quoique sous le contrôle de la mairie, est, faute de moyens financiers, dans un état d’abandon complet. L’intérieur de l’édifice est jonché d’immondices. Bon nombre de tôles manque à la couverture. Certaines pièces sont presque à ciel ouvert. Des pans de murs sont sérieusement attaqués par l’humidité et l’infiltration d’eau de pluie. Des ouvertures sont démunies de volets. Et lorsqu’elles en sont pourvues, celles-ci sont défoncées ou branlantes. Des gosses revenant de l’école profitent de cette situation pour se payer une bonne partie de football avant de regagner leurs demeures. Des chèvres fréquentent également les lieux… La carcasse de ce qui fut un temps un camion est abandonnée sur la cour Est du Palais et semble s’y agripper comme pour chercher un ultime souffle. La cour arrière est déserte, rocailleuse et poussiéreuse. Le Palais de la Belle-Rivière constitue cependant la fierté des Rivartibonitiens.
Le fort de la Crête-à-Pierrot
À environ un kilomètre du Palais de la Belle Rivière, vers l’est, sur un roc dominant la vallée de l’Artibonite et le bourg de la Petite-Rivière, se trouve le fort de la Crête à Pierrot. La fiche d’inventaire dressé par les techniciens de l'Ispan nous fournit à nouveau de précieuses informations sur la valeur historique de ce monument : « Le fort de la Crête-àPierrot est située sur un monticule de l’habitation Dupuy, à l’entrée des gorges des Cahos. Cette habitation a appartenu à Nappe Petit-Fils qui en fit don aux affranchis de l’Artibonite, peu de temps avant l’occupation anglaise à Saint-Domingue (1794-1796). Ils fortifièrent cette position lors des différends avec Borel et les saliniers en 1790 (Thomas Madiou). Laplaine Sterling et Guy L’Ainé qui construisirent le fort lui donnèrent le nom de Crête-à-Pierrot ».
À suivre…
Mardi 18 décembre 2007
http://www.lematinhaiti.com/PageArticle.asp?ArticleID=10238
Du 6 au 10 décembre dernier, nous avons accompagné le directeur général de l’Institut de sauvegarde du patrimoine national (Ispan), l’architecte Daniel Élie à une visite d’inspection de monuments historiques dans le Nord d’Haïti. Notre première étape fut la Petite-Rivière de l’Artibonite où se trouvent le Palais de la Belle-Rivière et le fort de la Crête-à-Pierrot.Communément appelé Palais aux 365 portes en raison de ses nombreuses ouvertures, le Palais de la Belle-Rivière fut construit en 1820 par Louis Dupeyrac pour servir de résidence à Henri 1er, alors roi d’Haïti. « Placé sur une hauteur dominant le bourg de la Petite-Rivière, il devait avoir une vue imprenable sur la Plaine de l’Artibonite depuis Verrettes au Sud-Est jusque qu’à la baie des Gonaïves au Nord-Ouest, nous renseigne la fiche d’identification des monuments historique dressée par l’Ispan. Encore en chantier lors de la chute du royaume du Nord en 1820, la construction, qui devait probablement recevoir un second niveau, resta inachevée.Le Palais de la Belle-Rivière – nommé ainsi à cause de son voisinage avec le fleuve Artibonite – est le second palais construit par Christophe après celui de Sans-Souci à Milot. Il s’agissait pour celui-ci de consolider son pouvoir dans la vaste région agricole de l’Artibonite.
Première intervention sur le monument Lors de la première campagne de sauvegarde de nos monuments historiques, lancé sous le gouvernement de Sténio Vincent, d’importants travaux de restauration furent entrepris au Palais de la Belle-Rivière, en 1932. À cette occasion, il fut décidé de doter le palais d’une couverture en tôle ondulée soutenue par une charpente en bois. La structure du palais, alors en ruines, fut consolidée, ses murs revêtus d’un enduit de ciment et ses nombreuses ouvertures dotées de volets en bois. Si la restauration architecturale a pour but « de conserver la structure historique ainsi que sa fonction portante, et d’en révéler la valeur culturelle en améliorant la lisibilité de son intégrité historique, de ses stades antérieurs et de sa conception originale », l’intervention de Vincent a quelque peu raté cet objectif. Cependant, elle a pu néanmoins freiner le délabrement du monument, assurer sa protection contre les intempéries et transmettre aux générations futures, avec les moyens du bord et les connaissances techniques d’alors, un formidable témoin de la vision d’Henry Christophe, nous explique l’architecte Daniel Élie.
Un complexe administratif et éducatif Quelques années plus tard, le Palais de la Belle-Rivière abrita une école communale de cycle primaire (École Madame Pageot) et logea différents bureaux de l’État dont la mairie, le bureau des Contributions (la succursale de la Direction générale des Impôts), le service des télégraphies terrestres qui sera transformé plus tard en bureau de service national des Télécommunications (la Téléco). Le Palais abrita le bureau local des Volontaires de la sécurité nationale qui valut au Palais son premier «déchoukaj » en 1986. Le Palais de la Belle-Rivière a été classé Patrimoine national par arrêté.
Le Palais de la Belle-Rivière présente un plan rectangulaire de 68 mètres de long sur 11 mètres de large, auquel est adossée à la façade Ouest une vaste rotonde d’environ douze mètres de diamètre. Celle-ci précède une galerie formée d’arcades successives longeant complètement l’édifice. La façade Est, arrière, se singularise en son axe par une avancée surmontée d’un fronton en béton armé ajouté lors de l’intervention en 1932. Les murs sont de maçonnerie, de moellons liés par un mortier de chaux et parementées de briques rouges aux arêtes.
Un monument abandonné
Le Palais actuellement, quoique sous le contrôle de la mairie, est, faute de moyens financiers, dans un état d’abandon complet. L’intérieur de l’édifice est jonché d’immondices. Bon nombre de tôles manque à la couverture. Certaines pièces sont presque à ciel ouvert. Des pans de murs sont sérieusement attaqués par l’humidité et l’infiltration d’eau de pluie. Des ouvertures sont démunies de volets. Et lorsqu’elles en sont pourvues, celles-ci sont défoncées ou branlantes. Des gosses revenant de l’école profitent de cette situation pour se payer une bonne partie de football avant de regagner leurs demeures. Des chèvres fréquentent également les lieux… La carcasse de ce qui fut un temps un camion est abandonnée sur la cour Est du Palais et semble s’y agripper comme pour chercher un ultime souffle. La cour arrière est déserte, rocailleuse et poussiéreuse. Le Palais de la Belle-Rivière constitue cependant la fierté des Rivartibonitiens.
Le fort de la Crête-à-Pierrot
À environ un kilomètre du Palais de la Belle Rivière, vers l’est, sur un roc dominant la vallée de l’Artibonite et le bourg de la Petite-Rivière, se trouve le fort de la Crête à Pierrot. La fiche d’inventaire dressé par les techniciens de l'Ispan nous fournit à nouveau de précieuses informations sur la valeur historique de ce monument : « Le fort de la Crête-àPierrot est située sur un monticule de l’habitation Dupuy, à l’entrée des gorges des Cahos. Cette habitation a appartenu à Nappe Petit-Fils qui en fit don aux affranchis de l’Artibonite, peu de temps avant l’occupation anglaise à Saint-Domingue (1794-1796). Ils fortifièrent cette position lors des différends avec Borel et les saliniers en 1790 (Thomas Madiou). Laplaine Sterling et Guy L’Ainé qui construisirent le fort lui donnèrent le nom de Crête-à-Pierrot ».
À suivre…
Mardi 18 décembre 2007
http://www.lematinhaiti.com/PageArticle.asp?ArticleID=10238
Comme des damnés de la terre
Le paysan est livré à lui-même. On a cure de ses misères, de ses besoins dans un pays en « crise alimentaire » où les agronomes labourent les bureaux climatisés en attendant l'aide internationale.
A Tuffet, 2e section communale des Cayes, tout homme qui se respecte doit se mettre au travail dès l'aube. Les tirs au flanc ne sont pas tolérés. Clausel Ferrier, fils de cultivateur, le sait bien. Une houe à la main, un vieux chapeau sur la tête, un maillot troué sur le dos, il sarcle chaque recoin de son champ de pistache alors que le soleil, radieux, tape et chasse le frisquet des brises de ce matin de décembre. Le front ruisselant de sueur, ce père de cinq enfants confie s'être adonné à la culture de la pistache à cause de la chute des prix du maïs, de la flambée de l'engrais et de l'eau qui ne coule plus dans un vieux canal d'irrigation construit au milieu des années quarante.
Sûr de lui, il explique que « la culture d'un hectare de maïs nécessite 12 sacs d'engrais. Et que le sac, en quelques mois, est passé de 500 à 1200 gourdes tandis que la petite marmite de maïs en grain se vend à 20 gourdes après avoir atteint la barre des 35 gourdes ». L'acceptation en don par l'Etat haïtien d'un surplus de production de maïs venant de l'Argentine aurait cassé les reins des paysans en provoquant la chute des cours et une baisse de la production locale, se rappelle-t-il avoir entendu dire un agronome, il y a quelques années.
« L'Etat n'a cure du paysan. Mais l'Etat n'est pas l'unique responsable », fait remarquer Clausel contant, dans la même veine, les humiliations subies par d'autres paysans de la zone, regroupés au sein d'associations qui ont essayé en vain de trouver des crédits dans des banques commerciales ayant pignon sur rue dans tout le pays. « Le paysan est seul, il n'a pas de subvention », martèle-t-il en jurant ses grands dieux de ne pas aller gonfler les bidonvilles de Port-au-Prince avec sa femme et ses enfants. Le défi de l'eauIndispensable à l'agriculture, l'eau est devenue une denrée rare à Tuffet et dans les localités avoisinantes alimentées par le canal, confie Clausel. Le temps de passer ses récriminations une fois à la maison sur un bol de patate douce, il chausse une vielle godasse et prend, en compagnie de Valcourt Joseph Vilnor et de Paul André Chéry, la direction de Moreau. « L'eau est retenue en haut », dit-t-il en pointant du doigt le canal sec comme le désert du Sahara à quelques pas de « Eglise Dévouée pour Christ » de Tuffet.
Toutefois, à Moreau, non loin de Ferme Leblanc, elle coule, généreuse, en dépit de la réduction de son débit causée par la coupe effrénée d'arbres magnifiques et verdoyants dans les bassins versants avoisinants. « Avant, un comité planifiait la distribution. Chacune des 39 localités, de Major à Fondfrède, avait accès à l'eau au moins une fois par semaine », soutient-il en déplorant les conflits enregistrés dans le passé. Une femme enceinte a été battue par un homme suite à une dispute à cause de l'eau du canal, regrette Clausel qui appelle, au passage, au forage de puits comme alternative.
Léger confirmeLe paysan haïtien est effectivement abandonné, confirme l'agronome Pierre Léger, président de la Chambre de commerce du Grand Dud (Sud, Sud-Est, Grand'Anse et Nippes). « Les agronomes sont en train de labourer les bureaux de Damien. Ces monstres rongeurs attendent l'aide internationale », crache-t-il en expliquant comment l'aide internationale peut être déstabilisante si elle n'est pas bien canalisée. « Haïti n'est pas pauvre. Faisons la révolution économique », appelle l'industriel qui plaide en faveur du désenclavement du Grand Sud.Le ministère de l'Agriculture, qui ne repose son action que sur le financement des bailleurs de fonds, a une réputation de gestionnaire de projet. Ce qui, estime-t-on, constitue un handicap à l'élaboration et à l'application d'une stratégie de développement de l'agriculture.
A Tuffet, 2e section communale des Cayes, tout homme qui se respecte doit se mettre au travail dès l'aube. Les tirs au flanc ne sont pas tolérés. Clausel Ferrier, fils de cultivateur, le sait bien. Une houe à la main, un vieux chapeau sur la tête, un maillot troué sur le dos, il sarcle chaque recoin de son champ de pistache alors que le soleil, radieux, tape et chasse le frisquet des brises de ce matin de décembre. Le front ruisselant de sueur, ce père de cinq enfants confie s'être adonné à la culture de la pistache à cause de la chute des prix du maïs, de la flambée de l'engrais et de l'eau qui ne coule plus dans un vieux canal d'irrigation construit au milieu des années quarante.
Sûr de lui, il explique que « la culture d'un hectare de maïs nécessite 12 sacs d'engrais. Et que le sac, en quelques mois, est passé de 500 à 1200 gourdes tandis que la petite marmite de maïs en grain se vend à 20 gourdes après avoir atteint la barre des 35 gourdes ». L'acceptation en don par l'Etat haïtien d'un surplus de production de maïs venant de l'Argentine aurait cassé les reins des paysans en provoquant la chute des cours et une baisse de la production locale, se rappelle-t-il avoir entendu dire un agronome, il y a quelques années.
« L'Etat n'a cure du paysan. Mais l'Etat n'est pas l'unique responsable », fait remarquer Clausel contant, dans la même veine, les humiliations subies par d'autres paysans de la zone, regroupés au sein d'associations qui ont essayé en vain de trouver des crédits dans des banques commerciales ayant pignon sur rue dans tout le pays. « Le paysan est seul, il n'a pas de subvention », martèle-t-il en jurant ses grands dieux de ne pas aller gonfler les bidonvilles de Port-au-Prince avec sa femme et ses enfants. Le défi de l'eauIndispensable à l'agriculture, l'eau est devenue une denrée rare à Tuffet et dans les localités avoisinantes alimentées par le canal, confie Clausel. Le temps de passer ses récriminations une fois à la maison sur un bol de patate douce, il chausse une vielle godasse et prend, en compagnie de Valcourt Joseph Vilnor et de Paul André Chéry, la direction de Moreau. « L'eau est retenue en haut », dit-t-il en pointant du doigt le canal sec comme le désert du Sahara à quelques pas de « Eglise Dévouée pour Christ » de Tuffet.
Toutefois, à Moreau, non loin de Ferme Leblanc, elle coule, généreuse, en dépit de la réduction de son débit causée par la coupe effrénée d'arbres magnifiques et verdoyants dans les bassins versants avoisinants. « Avant, un comité planifiait la distribution. Chacune des 39 localités, de Major à Fondfrède, avait accès à l'eau au moins une fois par semaine », soutient-il en déplorant les conflits enregistrés dans le passé. Une femme enceinte a été battue par un homme suite à une dispute à cause de l'eau du canal, regrette Clausel qui appelle, au passage, au forage de puits comme alternative.
Léger confirmeLe paysan haïtien est effectivement abandonné, confirme l'agronome Pierre Léger, président de la Chambre de commerce du Grand Dud (Sud, Sud-Est, Grand'Anse et Nippes). « Les agronomes sont en train de labourer les bureaux de Damien. Ces monstres rongeurs attendent l'aide internationale », crache-t-il en expliquant comment l'aide internationale peut être déstabilisante si elle n'est pas bien canalisée. « Haïti n'est pas pauvre. Faisons la révolution économique », appelle l'industriel qui plaide en faveur du désenclavement du Grand Sud.Le ministère de l'Agriculture, qui ne repose son action que sur le financement des bailleurs de fonds, a une réputation de gestionnaire de projet. Ce qui, estime-t-on, constitue un handicap à l'élaboration et à l'application d'une stratégie de développement de l'agriculture.
Au classement de la catastrophe
Au moment où l'on tire la sonnette d'alarme sur le déclin de l'agriculture locale, Haïti, selon la FAO, fait partie des 37 pays au monde qui sont en "situation de crise alimentaire". Le pays est confronté à des situations sévères d'insécurité alimentaire localisée, souligne le rapport 2007 de cet organisme des Nations unies, qui préconise une assistance externe rapide pour les pays concernés. Cette situation résulte des graves inondations des derniers mois, fait-on remarquer.En dépit de sa détermination à lutter contre vents et marées, rien ne dit que Clausel, comme des centaines de milliers de paysans avant lui, n'ira pas gonfler les bidonvilles de la capitale ou risquer sa vie sur un rafiot en tentant d'atteindre les Etats-Unis ou les Bahamas. Du reste, il boit la tasse de la misère et de l'oubli jusqu'à la lie. L'autre aurait dit de lui qu'il est le damné de la terre.
Roberson Alphonse
robersonalphonse@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=52062&PubDate=2007-12-17
Au moment où l'on tire la sonnette d'alarme sur le déclin de l'agriculture locale, Haïti, selon la FAO, fait partie des 37 pays au monde qui sont en "situation de crise alimentaire". Le pays est confronté à des situations sévères d'insécurité alimentaire localisée, souligne le rapport 2007 de cet organisme des Nations unies, qui préconise une assistance externe rapide pour les pays concernés. Cette situation résulte des graves inondations des derniers mois, fait-on remarquer.En dépit de sa détermination à lutter contre vents et marées, rien ne dit que Clausel, comme des centaines de milliers de paysans avant lui, n'ira pas gonfler les bidonvilles de la capitale ou risquer sa vie sur un rafiot en tentant d'atteindre les Etats-Unis ou les Bahamas. Du reste, il boit la tasse de la misère et de l'oubli jusqu'à la lie. L'autre aurait dit de lui qu'il est le damné de la terre.
Roberson Alphonse
robersonalphonse@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=52062&PubDate=2007-12-17
Lueur d'humanité pour les restavèk
Pareille à ces dizaines -voire même des centaines- de milliers d'enfants au destin tragique, *Cristela, née et élevée dans une province du Sud, a connu l'enfer de la domesticité au lendemain de la disparition de ses père et mère. Jadis humiliée, désespérée, l'adolescente, fréquentant aujourd'hui le Foyer Maurice Sixto, retrouve progressivement le sourire.
Quatorze ans accomplie, passablement vêtue de son uniforme, *Cristela, restavèk éprouvée, n'a pour estime que sa scolarité. Cette maigrelette en 3e année fondamentale au Foyer Maurice Sixto, malgré elle, n'a pas caché son bonheur de connaître la civilité d'une salle de classe comme tant d'autres adolescents de son milieu à Carrefour. « J'aime être à l'école, c'est l'endroit idéal où un enfant puisse se retrouver », soupire t-elle, les yeux pleins de vie et de rêves. A son âge, d'autres gosses jouissant d'une enfance relativement normale s'installent déjà en secondaire. Cristela, elle, est moins préoccupée par le niveau d'études que par la joie de lire et écrire à un moment où des dizaines -voire même des centaines- de milliers de ses pairs vivent en état d'asservissement ou sont carrément réduits en ''esclavage''.
Quatorze ans accomplie, passablement vêtue de son uniforme, *Cristela, restavèk éprouvée, n'a pour estime que sa scolarité. Cette maigrelette en 3e année fondamentale au Foyer Maurice Sixto, malgré elle, n'a pas caché son bonheur de connaître la civilité d'une salle de classe comme tant d'autres adolescents de son milieu à Carrefour. « J'aime être à l'école, c'est l'endroit idéal où un enfant puisse se retrouver », soupire t-elle, les yeux pleins de vie et de rêves. A son âge, d'autres gosses jouissant d'une enfance relativement normale s'installent déjà en secondaire. Cristela, elle, est moins préoccupée par le niveau d'études que par la joie de lire et écrire à un moment où des dizaines -voire même des centaines- de milliers de ses pairs vivent en état d'asservissement ou sont carrément réduits en ''esclavage''.
Pareille à ces enfants au destin tragique, Cristela, née et élevée dans une province du Sud, a connu l'enfer de la domesticité au lendemain de la disparition de ses père et mère. « Ma tante -formule de politesse généralement utilisée pour nommer la responsable de la famille d'accueil- m'a invité à suivre ses pas à Port-au-Prince, me promettant une vie décente capable de m'épargner de la solitude orpheline, se rappelle Cristela toute pensive. Je l'ai suivie avec entrain ». Là commence le calvaire de l'adolescente. Il lui revient en propre, au lendemain de son arrivée, de s'occuper assidûment des tâches ménagères : faire la vaisselle, laver les linges, aller à la recherche de l'eau, etc. « Le droit aux loisirs m'est pratiquement refusé ; Et le comble de mon malheur, ce sont les longues fessées qui récompensent la moindre maladresse et le moindre oubli », dit-elle, avec une note d'amertume dans la voix.
La raison de vivre de Cristela aujourd'hui, c'est son droit de pouvoir aller à l'école. Elle s'en est accrochée aussi solidement qu'elle semble être prête à se battre pour le garder intact. Fort heureusement, personne n'a jamais osé le lui enlever. « Beaucoup d'enfants se sont vus empêchés par leur famille d'accueil de fréquenter le Foyer Maurice Sixto en dépit du fait qu'elles n'ont aucun frais à payer pour leur formation académique, dénonce Wénès Jeanty, directeur exécutif de cette institution. Ces familles avancent, comme prétexte, que leur domestique dispose de peu de temps pour s'occuper de leurs tâches quotidiennes ».
Foyer Maurice Sixto, lieu de civilité, d'humanité
C'est en l'année 1989 en réponse à « Sentaniz », lodyans populaire de Maurice Sixto -posant dans son inhumanité, et sa barbarie la problématique de la domesticité en Haïti, agitée avant lui par Justin Lhérisson dans « Zoune Chez Sa Ninainne »- que le Foyer a été fondé par le prêtre Miguel Jean-Baptiste. Le foyer fournit une assistance éducative, psychologique et affective aux enfants en domesticité dans la commune de Carrefour. « L'espace, dans sa philosophie, est un plaidoyer sur la nécessité urgente d'une prise de conscience collective du phénomène en vue de modifier le comportement des familles d'accueil qui infligent de lourdes peines à ces pauvres enfants », explique Wénès Jeanty. Le directeur exécutif soutient que c'est une honte pour le pays qu'à l'échelle internationale on continue à dénoncer, 203 ans après le miracle de l'indépendance et 13 ans après avoir ratifié la Convention relative aux droits de l'Enfant, l'esclavage moderne en Haïti.
Financé par ''Terre des Hommes Suisse'' et supporté par UNICEF dans ses projets ponctuels, le Foyer Maurice Sixto est un lieu de civilité, d'humanité et d'apprentissage où plus de 350 restavèk se côtoient, se frottent et se socialisent. Majoritairement des filles, les moins de 15 ans suivent un cycle normal de scolarisation jusqu'à la 4e année fondamentale avant d'intégrer d'autres centres d'enseignement de la zone. Ce que Wénès Jeanty appelle une forme subtile de réinsertion sociale. Au-delà de 15 ans, ils suivent des cours d'alphabétisation et sont orientés vers des professions manuelles. Au Foyer, tous ont droit à un repas chaque jour et des séances d'animation qui leur permettront, même l'espace d'un cillement, de retrouver la joie de vivre loin de la geôle et de l'enfer que représente souvent le toit d'accueil.
Bien qu'il demeure encore criant -le dernier recensement de l'UNICEF fait état de 200 000 enfants domestiques- le problème de la domesticité en Haïti, a fait remarquer M. Jeanty, interpelle de plus en plus de consciences. Beaucoup de comportements ont changé suite à des campagnes de sensibilisation. Des institutions nationales, relativement nombreuses, et internationales sont de plus en plus conscientes du phénomène : d'où le prix des Droits de l'Homme de la République française 2007 décerné au Foyer Maurice Sixto. Le problème est posé avec acuité dans les médias par des organismes des droits humains. Mais le phénomène ne disparaîtra pas, reconnaît le numéro 2 de la Fondation Maurice Sixto, s'il n'y a aucune volonté politique de transformer la société haïtienne, si nos valeureux paysans ne sont pas encadrés, si l'Etat ne crée pas des écoles dans les zones les plus reculées du pays pour contenir l'exode rural, si rien n'est fait pour casser cette dichotomie « moun an deyò/ moun lavil », ... s'il n'y a pas une politique de création d'emplois pour réduire le chômage et la misère en Haïti.
_________
* Cristela est un nom d'emprunt qui protège l'identité véritable de cette adolescente en 3e année fondamentale au Foyer Maurice Sixto.
Nélio Joseph
La raison de vivre de Cristela aujourd'hui, c'est son droit de pouvoir aller à l'école. Elle s'en est accrochée aussi solidement qu'elle semble être prête à se battre pour le garder intact. Fort heureusement, personne n'a jamais osé le lui enlever. « Beaucoup d'enfants se sont vus empêchés par leur famille d'accueil de fréquenter le Foyer Maurice Sixto en dépit du fait qu'elles n'ont aucun frais à payer pour leur formation académique, dénonce Wénès Jeanty, directeur exécutif de cette institution. Ces familles avancent, comme prétexte, que leur domestique dispose de peu de temps pour s'occuper de leurs tâches quotidiennes ».
Foyer Maurice Sixto, lieu de civilité, d'humanité
C'est en l'année 1989 en réponse à « Sentaniz », lodyans populaire de Maurice Sixto -posant dans son inhumanité, et sa barbarie la problématique de la domesticité en Haïti, agitée avant lui par Justin Lhérisson dans « Zoune Chez Sa Ninainne »- que le Foyer a été fondé par le prêtre Miguel Jean-Baptiste. Le foyer fournit une assistance éducative, psychologique et affective aux enfants en domesticité dans la commune de Carrefour. « L'espace, dans sa philosophie, est un plaidoyer sur la nécessité urgente d'une prise de conscience collective du phénomène en vue de modifier le comportement des familles d'accueil qui infligent de lourdes peines à ces pauvres enfants », explique Wénès Jeanty. Le directeur exécutif soutient que c'est une honte pour le pays qu'à l'échelle internationale on continue à dénoncer, 203 ans après le miracle de l'indépendance et 13 ans après avoir ratifié la Convention relative aux droits de l'Enfant, l'esclavage moderne en Haïti.
Financé par ''Terre des Hommes Suisse'' et supporté par UNICEF dans ses projets ponctuels, le Foyer Maurice Sixto est un lieu de civilité, d'humanité et d'apprentissage où plus de 350 restavèk se côtoient, se frottent et se socialisent. Majoritairement des filles, les moins de 15 ans suivent un cycle normal de scolarisation jusqu'à la 4e année fondamentale avant d'intégrer d'autres centres d'enseignement de la zone. Ce que Wénès Jeanty appelle une forme subtile de réinsertion sociale. Au-delà de 15 ans, ils suivent des cours d'alphabétisation et sont orientés vers des professions manuelles. Au Foyer, tous ont droit à un repas chaque jour et des séances d'animation qui leur permettront, même l'espace d'un cillement, de retrouver la joie de vivre loin de la geôle et de l'enfer que représente souvent le toit d'accueil.
Bien qu'il demeure encore criant -le dernier recensement de l'UNICEF fait état de 200 000 enfants domestiques- le problème de la domesticité en Haïti, a fait remarquer M. Jeanty, interpelle de plus en plus de consciences. Beaucoup de comportements ont changé suite à des campagnes de sensibilisation. Des institutions nationales, relativement nombreuses, et internationales sont de plus en plus conscientes du phénomène : d'où le prix des Droits de l'Homme de la République française 2007 décerné au Foyer Maurice Sixto. Le problème est posé avec acuité dans les médias par des organismes des droits humains. Mais le phénomène ne disparaîtra pas, reconnaît le numéro 2 de la Fondation Maurice Sixto, s'il n'y a aucune volonté politique de transformer la société haïtienne, si nos valeureux paysans ne sont pas encadrés, si l'Etat ne crée pas des écoles dans les zones les plus reculées du pays pour contenir l'exode rural, si rien n'est fait pour casser cette dichotomie « moun an deyò/ moun lavil », ... s'il n'y a pas une politique de création d'emplois pour réduire le chômage et la misère en Haïti.
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* Cristela est un nom d'emprunt qui protège l'identité véritable de cette adolescente en 3e année fondamentale au Foyer Maurice Sixto.
Nélio Joseph
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