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mercredi 19 décembre 2007

VISITES D’INSPECTION DES MONUMENTS HISTORIQUES / Le Palais de la Belle-Rivière et le fort de la Crête-à-Pierrot

Par Chénald Augustin
chenald@lematinhaiti.com

Du 6 au 10 décembre dernier, nous avons accompagné le directeur général de l’Institut de sauvegarde du patrimoine national (Ispan), l’architecte Daniel Élie à une visite d’inspection de monuments historiques dans le Nord d’Haïti. Notre première étape fut la Petite-Rivière de l’Artibonite où se trouvent le Palais de la Belle-Rivière et le fort de la Crête-à-Pierrot.Communément appelé Palais aux 365 portes en raison de ses nombreuses ouvertures, le Palais de la Belle-Rivière fut construit en 1820 par Louis Dupeyrac pour servir de résidence à Henri 1er, alors roi d’Haïti. « Placé sur une hauteur dominant le bourg de la Petite-Rivière, il devait avoir une vue imprenable sur la Plaine de l’Artibonite depuis Verrettes au Sud-Est jusque qu’à la baie des Gonaïves au Nord-Ouest, nous renseigne la fiche d’identification des monuments historique dressée par l’Ispan. Encore en chantier lors de la chute du royaume du Nord en 1820, la construction, qui devait probablement recevoir un second niveau, resta inachevée.Le Palais de la Belle-Rivière – nommé ainsi à cause de son voisinage avec le fleuve Artibonite – est le second palais construit par Christophe après celui de Sans-Souci à Milot. Il s’agissait pour celui-ci de consolider son pouvoir dans la vaste région agricole de l’Artibonite.

Première intervention sur le monument Lors de la première campagne de sauvegarde de nos monuments historiques, lancé sous le gouvernement de Sténio Vincent, d’importants travaux de restauration furent entrepris au Palais de la Belle-Rivière, en 1932. À cette occasion, il fut décidé de doter le palais d’une couverture en tôle ondulée soutenue par une charpente en bois. La structure du palais, alors en ruines, fut consolidée, ses murs revêtus d’un enduit de ciment et ses nombreuses ouvertures dotées de volets en bois. Si la restauration architecturale a pour but « de conserver la structure historique ainsi que sa fonction portante, et d’en révéler la valeur culturelle en améliorant la lisibilité de son intégrité historique, de ses stades antérieurs et de sa conception originale », l’intervention de Vincent a quelque peu raté cet objectif. Cependant, elle a pu néanmoins freiner le délabrement du monument, assurer sa protection contre les intempéries et transmettre aux générations futures, avec les moyens du bord et les connaissances techniques d’alors, un formidable témoin de la vision d’Henry Christophe, nous explique l’architecte Daniel Élie.
Un complexe administratif et éducatif Quelques années plus tard, le Palais de la Belle-Rivière abrita une école communale de cycle primaire (École Madame Pageot) et logea différents bureaux de l’État dont la mairie, le bureau des Contributions (la succursale de la Direction générale des Impôts), le service des télégraphies terrestres qui sera transformé plus tard en bureau de service national des Télécommunications (la Téléco). Le Palais abrita le bureau local des Volontaires de la sécurité nationale qui valut au Palais son premier «déchoukaj » en 1986. Le Palais de la Belle-Rivière a été classé Patrimoine national par arrêté.

Le Palais de la Belle-Rivière présente un plan rectangulaire de 68 mètres de long sur 11 mètres de large, auquel est adossée à la façade Ouest une vaste rotonde d’environ douze mètres de diamètre. Celle-ci précède une galerie formée d’arcades successives longeant complètement l’édifice. La façade Est, arrière, se singularise en son axe par une avancée surmontée d’un fronton en béton armé ajouté lors de l’intervention en 1932. Les murs sont de maçonnerie, de moellons liés par un mortier de chaux et parementées de briques rouges aux arêtes.

Un monument abandonné

Le Palais actuellement, quoique sous le contrôle de la mairie, est, faute de moyens financiers, dans un état d’abandon complet. L’intérieur de l’édifice est jonché d’immondices. Bon nombre de tôles manque à la couverture. Certaines pièces sont presque à ciel ouvert. Des pans de murs sont sérieusement attaqués par l’humidité et l’infiltration d’eau de pluie. Des ouvertures sont démunies de volets. Et lorsqu’elles en sont pourvues, celles-ci sont défoncées ou branlantes. Des gosses revenant de l’école profitent de cette situation pour se payer une bonne partie de football avant de regagner leurs demeures. Des chèvres fréquentent également les lieux… La carcasse de ce qui fut un temps un camion est abandonnée sur la cour Est du Palais et semble s’y agripper comme pour chercher un ultime souffle. La cour arrière est déserte, rocailleuse et poussiéreuse. Le Palais de la Belle-Rivière constitue cependant la fierté des Rivartibonitiens.

Le fort de la Crête-à-Pierrot
À environ un kilomètre du Palais de la Belle Rivière, vers l’est, sur un roc dominant la vallée de l’Artibonite et le bourg de la Petite-Rivière, se trouve le fort de la Crête à Pierrot. La fiche d’inventaire dressé par les techniciens de l'Ispan nous fournit à nouveau de précieuses informations sur la valeur historique de ce monument : « Le fort de la Crête-àPierrot est située sur un monticule de l’habitation Dupuy, à l’entrée des gorges des Cahos. Cette habitation a appartenu à Nappe Petit-Fils qui en fit don aux affranchis de l’Artibonite, peu de temps avant l’occupation anglaise à Saint-Domingue (1794-1796). Ils fortifièrent cette position lors des différends avec Borel et les saliniers en 1790 (Thomas Madiou). Laplaine Sterling et Guy L’Ainé qui construisirent le fort lui donnèrent le nom de Crête-à-Pierrot ».
À suivre…
Mardi 18 décembre 2007
http://www.lematinhaiti.com/PageArticle.asp?ArticleID=10238

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