Par Catherine Le Brech | Publié le 29/01/2014 à 11H46
Déjà largement défaillant en Haïti avant le tremblement de terre du 12 janvier 2010 qui a ravagé Port-au-Prince, l'enseignement supérieur est en souffrance. Aujourd'hui, l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF) aide à la restauration d'un système universitaire viable. Le Pr Michel Dispersyn, directeur régional du Bureau Caraïbe, fait le point avec Géopolis.
L'Agence universitaire de la Francophonie a été créée le 13 septembre 1961 à Montréal à l'initiative d'une quarantaine d'universités de plusieurs pays. Elle a pour mission de contribuer à la solidarité entre les établissements du nord et du sud en renforçant les échanges et le soutien à l'excellence universitaire. En 2013 et dans les années à venir, l'AUF veut accentuer son «soutien à la sortie de crise en Haïti».
Quel était l’état du système scolaire, et en particulier celui de l’université, en Haïti avant le séisme, et quel est-il aujourd’hui ? Combien d’enfants sont scolarisés et quelle est la proportion de ceux-ci à accéder à l'université ?
Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a dévasté Port-au-Prince et a très sévèrement affecté la plupart des établissements d’enseignement supérieur. Les pertes en vies humaines ont été très élevées et les infrastructures ont été totalement détruites ou gravement endommagées.
Les défis étaient immenses avant le séisme et le sont toujours. Les problèmes sont en effet souvent bien antérieurs : contexte socio-économique et politique difficile, politique de l’enseignement supérieur et de la recherche défaillante, absence d’encadrement normatif, faible capacité de régulation étatique, multiplicité d’institutions et de programmes sans contrôle ni garantie de qualité, quasi-inexistence de formations de 3e cycle, qualification et statut du corps professoral, gouvernance de l’enseignement supérieur.
Un rapport d’août 2010 à destination du président de la République, intitulé Pour un pacte national sur l’éducation en Haïti, indique que, «avant le séisme, le taux net de scolarisation au fondamental est en moyenne de 76% à l'échelle nationale, le taux brut de scolarisation est égal à 22% au secondaire et ce taux est de moins de 10% au supérieur.»
La fuite des cerveaux est-elle une constante dans ce pays qui a formé de nombreux intellectuels (Dany Laferrière, Lyonel Trouillot, Georges Castera...) ? Le phénomène s’est-il amplifié depuis 2010 ? A contrario, des étudiants sont-ils revenus dans leur pays après le tremblement de terre ?
Il est généralement admis que 80% des cadres ne sont pas en Haïti. Il n'existe aucune statistique permettant d'affirmer que le phénomène se serait amplifié. Nous ne disposons pas non plus de données permettant de considérer qu'un nombre significatif d'étudiants ou de cadres seraient revenus dans le pays après le séisme.
Comment l’AUF peut aider à reconstruire le système d’enseignement supérieur en Haïti ? Comment travaille-t-il en collaboration avec le ministère dédié à l’Education ?
La Déclaration de Paris, adoptée le 12 mars 2010 par les représentants de la communauté scientifique française et les responsables des institutions d’enseignement supérieur haïtiennes membres de l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF), a jeté les bases d’un programme de reconstruction du système universitaire et de recherche haïtien.
La Déclaration fixe le cadre de deux plans d'urgence: le plan d’enseignement numérique à distance en faveur de l’enseignement supérieur et de la recherche en Haïti (PENDHA), et le plan d'enseignement numérique «présentiel» (sur place) et à distance en faveur de la formation médicale et en santé en Haïti (HAITI-SANTE).
Le Ministère des Affaires étrangères et européennes français a confié la mise en œuvre du projet PENDHA à l'Agence inter-établissements de recherche pour le développement (AIRD) et le projet HAITI-SANTE à l'Université numérique francophone des sciences de la santé et du sport (UNF3S). Tous deux ont fait appel à l'AUF, forte de son réseau solidaire d'universités francophones, de ses innovations dans le domaine de la formation à distance (Campus numériques francophones®) et surtout, de la présence de son bureau régional en Haïti.
Ces deux plans sont fondés sur les nouvelles technologies éducatives de l'information et de la communication. Ils ont pour objectif d’accroître l'offre de formation supérieure en Haïti afin de maintenir les étudiants en Haïti et d'éviter l'exode des cerveaux.
L'AUF travaille en outre en étroite collaboration avec le Ministère de l'éducation nationale, en particulier dans le domaine de la formation des maîtres (Initiative francophone pour la formation à distance des maîtres, projet IFADEM porté conjointement avec l'Organisation internationale de la Francophonie).
http://geopolis.francetvinfo.fr/comment-remettre-sur-pied-luniversite-en-haiti-29149
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)