16 décembre 2010
Publié dans la catégorie : Articles
La Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH) a tenu, le 14 décembre, sa quatrième réunion dans la capitale de la République Dominicaine, Santo-Domingo. L’occasion pour la CIRH d’approuver de nouveaux projets pour un montant total de 500 millions de dollars.
Ces projets touchent des domaines divers comme la santé, l’éducation, les créations d’emplois et l’enlèvement de déblais, entre autres. Parmi eux, un projet de création d’un parc industriel pouvant générer 65.000 emplois directs. Et grâce aux emplois indirects qui vont en découler, quelque 150.000 personnes au total pourront en bénéficier, fait savoir le co-président de la CIRH, Bill Clinton, lors d’une conférence de presse tenue dans l’après-midi du 15 décembre, au Quartier général de la MINUSTAH.
La valeur des projets approuvés lors de cette quatrième réunion de la CIRH se chiffre à 500.000.000 de dollars américains. Et pour tous ces projets, hormis celui relatif à la formation d’enseignants, dont le montant s’élève à 60 millions de dollars, les fonds sont déjà disponibles. Certains projets approuvés antérieurement sont déjà en phase d’exécution, signale en outre M. Clinton.
Se prononçant sur les personnes vivant encore dans des camps d’hébergement, l’ex-président américain a fait remarquer que dans tous les désastres naturels auxquels il a assisté depuis environ 30 ans, « le plus difficile a toujours été de faire passer les gens des abris provisoires aux abris définitifs ». Cependant, « d’ici à l’année prochaine, si les donateurs tiennent leurs promesses, des centaines de milliers de personnes pourront être logées dans des abris plus solides », ajoute-t-il, visiblement confiant.
Le processus de relogement pourra prendre trois formes. En effet, des bâtiments qui ont été affectés par le séisme devraient être réparés afin d’accueillir de nouveau leurs anciens occupants.. Dans d’autres cas, il faut procéder à leur démolition, enlever les déblais et « discuter avec les propriétaires des terrains afin de voir ce qui peut être fait ». Enfin, de nouvelles constructions peuvent être entreprises sur les terrains disponibles, selon le co-président de la CIRH.
L’ex-locataire de la Maison Blanche souligne en outre que «nous devons passer de l’aide d’urgence au processus de reconstruction». Il s’est par ailleurs montré optimiste quant aux possibilités pour les partenaires internationaux de poursuivre leur aide à Haïti, ce malgré les contestations soulevées par les dernières élections.
« La communauté internationale est disposée à aider Haïti. Elle peut, pour une raison ou une autre, s’arrêter à tout moment. Mais, à mon avis, il n’y a aucune raison pour qu’elle mette fin à l’appui fourni au pays », fait-il valoir. « Si, compte tenu des correctifs promis par le Conseil Electoral Provisoire (CEP) dans le recomptage des bulletins et l’organisation du second tour avec l’aide d’experts indépendants, le processus électoral se termine bien, il n’y a pas lieu de s’inquiéter », ajoute-t-il.
Bill Clinton, accompagné du ministre de la Santé publique, Alex larsen, a visité un Centre de Traitement du Choléra (CTC). Et à l’attention de son hôte, le ministre a souligné : « les quelque 49 CTC dont dispose le pays sont loin d’être suffisants. Il en faut au moins le double pour la prise en charge des victimes ». Aussi M. Clinton sollicite-t-il un relevé des différents besoins et leur coût afin d’intervenir auprès des bailleurs pour d’éventuels soutiens financiers.
Lors de ses conversations avec des patients traités, ces derniers ont mis en exergue l’importance de la communication dans la prévention de la propagation de la maladie. Et dans le domaine de la sensibilisation à la prévention du choléra, la Fondation Clinton s’est déjà engagée auprès du pays, auquel elle a octroyé 1,5 millions de dollars. De plus, des sacs contenant du chlore, du savon et du sérum oral notamment sont en cours de distribution par l’intermédiaire du Ministère à la Santé Publique et à la Population.
La Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti, depuis sa première réunion a Port-au-Prince, le 17 juin 2010, a déjà approuvé des projets pour un montant total de 3,1 milliards de dollars américains.
Rédaction : Faustin Caille
Edition : Uwolowulakana Ikavi
http://minustah.org/?p=28182
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
vendredi 17 décembre 2010
Mémoire et Justice de la décolonisation française et des indépendances en Afrique
vendredi 17 décembre 2010 / par Hervé Lado, pour l'autre afrik
D’Haïti en Algérie, en passant par les pays d’Afrique subsaharienne et Madagascar, évoquer la colonisation c’est sans conteste ouvrir une page hautement sensible et controversée de l’histoire de ces peuples. Même si la majorité des populations de ces pays -aujourd’hui essentiellement jeunes- n’ont pas elles-mêmes été témoins de ces événements, toute référence à cette période ponctuée d’épisodes sanglants et tragiques fait écho à un présent qui peine encore à trouver des voies de pacification durable, ce qui explique en partie la nature de leurs rapports complexes, et parfois complexés, avec la France, et plus largement avec l’Occident.
Alors que la France s’engage chaque jour un peu plus activement en faveur de la justice internationale et de la lutte contre l’impunité, alors que l’expérience de Vichy lors de la seconde guerre mondiale a plus ou moins fait l’objet de procédures ou du moins d’une reconnaissance de la responsabilité de l’Etat, les crimes commis durant la décolonisation demeurent tabou. Or Il n’y a point de paix durable sans justice, et la justice requiert de la réconciliation, étape essentielle dans la normalisation durable des relations humaines.
De toutes les puissances coloniales présentes en Afrique jusqu’aux indépendances, la France est reconnue pour avoir conduit le processus de décolonisation le plus sanglant vis-à-vis des peuples colonisés et en particulier des leaders nationalistes. Au sein de ces peuples, il demeure comme une vague croyance que les dirigeants français d’alors et d’aujourd’hui portent une lourde responsabilité historique partagée avec leurs successeurs locaux. La période de 1940 à 1970 reste ainsi une sorte de trou noir dans l’histoire de ces pays tant elle évoque, sans mémoire réelle, des événements douloureux : main-basse sur les ressources naturelles locales, réduction aux travaux forcés, répression contre les peuples réclamant l’indépendance, assassinats ciblés ou massifs, tortures et mauvais traitements, extermination de villages entiers pour mater les rébellions, certains soutiennent même la thèse de génocides perpétrés dans certains pays pour anéantir les tribus particulièrement récalcitrantes.
Estimé à plusieurs centaines de milliers voire plusieurs millions de tués, sans oublier les traitements dégradants, les peines d’emprisonnements et les déracinements culturels, le tribut payé par les résistants et les défenseurs du droit à l’autodétermination est lourd en drames humains, sociaux et culturels. Au-delà de la guerre des mémoires que se livrent régulièrement des historiens plus ou moins passionnés, on peut s’accorder sur le fait que la période de la colonisation-décolonisation demeure pour la France et les anciennes colonies une plaie non cicatrisée, faute de soins en profondeur. Est-il pertinent que ces soins viennent des Etats, du prétoire ou des historiens ? En tout état de cause, au nom du respect de la dignité humaine, traquer l’impunité est un impératif moral, que les crimes aient été commis par la France ou par les anciens colonisés eux-mêmes. L’enjeu repose plutôt sur le calendrier et le procédé, qui eux, dépendent à la fois de conditions sociologiques, politiques et économiques internes des deux côtés. Ici et là, alors que les acteurs d’alors disparaissent les uns après les autres, et que cette période de tensions menée sur fond de guerre froide cherche encore désespérément dans le patrimoine historique des différentes nations une place définitive, les langues se délient, les faits commencent à faire corps, et l’horizon d’un dénouement se rapproche inexorablement.
Les faits demeurent globalement peu documentés car souvent avec la complicité des dirigeants locaux installés après les indépendances, les preuves ont été systématiquement détruites ou rapatriées en France. Alors, il ne faut pas attendre de la France qu’elle ouvre d’elle-même ces dossiers souvent à charge. Il s’agira davantage d’une démarche des peuples des ex-colonies que d’une volonté unilatérale française de repentance, et il est démontré que la France n’était pas seule responsable des crimes. Il convient de ne pas perdre de vue qu’une fois aux commandes, les premiers Présidents Africains ont constamment sollicité d’eux-mêmes la France pour obtenir des appuis multiformes notamment militaires, pour faire face à des affrontements internes souvent armées mêlant tribus et partis locaux pour le contrôle du pouvoir. Par ailleurs, dans les années 60, on se trouve en pleine guerre froide, contexte qui a vu diverses puissances étrangères occidentales ou de l’Est s’engager selon les cas aux côtés des leaders locaux au pouvoir ou des rebelles.
Les responsabilités sont donc lourdes, souvent partagées et parfois diffuses. Aujourd’hui, dans les pays africains, les tensions entre les différentes tribus sont encore apparentes. Lumière n’a pas encore été faite en interne sur ces trahisons, alliances et liaisons coupables, et tant que les peuples ne seront pas prêts à ouvrir par eux-mêmes les pages de leur histoire commune et de dialoguer sereinement avec elle, les unités nationales resteront en sursis. Les accusations fréquentes de tribalisme en Afrique témoignent des frictions naturelles entre cultures différentes engagées dans la difficile aventure de la construction d’une nation, mais elles sont aussi la partie apparente de l’iceberg des ressentiments profonds qui trouvent leurs racines dans ces luttes historiques fratricides de la période de décolonisation où ont pu s’installer des rancœurs mutuelles plus ou moins latentes. Le génocide de 1994 au Rwanda est venu démontrer le potentiel explosif de ces ressentiments quand on se rassure de l’illusion que le temps et les décrets finiront par en avoir raison. Il est essentiel, pour une paix durable, que des mots soient posés sur ces maux, afin de désamorcer les tensions. C’est même une des conditions de la croyance en l’appartenance à une même nation qui, en diluant les hostilités intercommunautaires, fédère durablement les préférences tribales actuelles. Chaque pays s’y engagera quand le corps social sera prêt à assumer lui-même ce défi national de manière apaisée.
En tout état de cause, les crimes de la décolonisation ne resteront pas impunis, ils seront documentés, reconnus, et réparés, à l’issue d’un processus plus ou moins long de maturation des esprits dans ces pays, mais aussi en France. Ces questions deviendront d’actualité lorsque : i) la génération des dirigeants locaux qui ont succédé à la France, et les décideurs français d’alors, aura quitté les arènes politiques ; ii) la conscience citoyenne se sera suffisamment développée dans les anciennes colonies au point d’armer les citoyens de moyens de dialoguer sans complexe avec leur histoire, d’abord à l’intérieur des pays, puis avec les partenaires historiques dont la France ; iii) les anciennes colonies auront significativement réduit leur dépendance économique vis-à-vis de la France.
Connaître ce passé chargé et complexe passera davantage par de patientes initiatives citoyennes, académiques, scientifiques, cinématographiques ou artistiques, et en tout cas pas par le prétoire avec accusés et plaignants. A l’image du film « Indigènes » qui a contribué à rendre tangible la responsabilité historique de la France vis-à- vis des anciens combattants, des travaux de recherche de plus en plus nombreux et édifiants permettront de reconstituer ce patrimoine historique commun en parallèle avec la maturation des esprits en faveur de la justice et d’une paix durable. Cette exigence de transparence sur les patrimoines mémoriels est une condition de la constitution des identités nationales dans les anciennes colonies, et même en France. C’est plus globalement, un impératif pour la préservation de l’une de ces valeurs majeures qu’on peut considérer comme universelle : la dignité humaine.
http://www.afrik.com/article21523.html
D’Haïti en Algérie, en passant par les pays d’Afrique subsaharienne et Madagascar, évoquer la colonisation c’est sans conteste ouvrir une page hautement sensible et controversée de l’histoire de ces peuples. Même si la majorité des populations de ces pays -aujourd’hui essentiellement jeunes- n’ont pas elles-mêmes été témoins de ces événements, toute référence à cette période ponctuée d’épisodes sanglants et tragiques fait écho à un présent qui peine encore à trouver des voies de pacification durable, ce qui explique en partie la nature de leurs rapports complexes, et parfois complexés, avec la France, et plus largement avec l’Occident.
Alors que la France s’engage chaque jour un peu plus activement en faveur de la justice internationale et de la lutte contre l’impunité, alors que l’expérience de Vichy lors de la seconde guerre mondiale a plus ou moins fait l’objet de procédures ou du moins d’une reconnaissance de la responsabilité de l’Etat, les crimes commis durant la décolonisation demeurent tabou. Or Il n’y a point de paix durable sans justice, et la justice requiert de la réconciliation, étape essentielle dans la normalisation durable des relations humaines.
De toutes les puissances coloniales présentes en Afrique jusqu’aux indépendances, la France est reconnue pour avoir conduit le processus de décolonisation le plus sanglant vis-à-vis des peuples colonisés et en particulier des leaders nationalistes. Au sein de ces peuples, il demeure comme une vague croyance que les dirigeants français d’alors et d’aujourd’hui portent une lourde responsabilité historique partagée avec leurs successeurs locaux. La période de 1940 à 1970 reste ainsi une sorte de trou noir dans l’histoire de ces pays tant elle évoque, sans mémoire réelle, des événements douloureux : main-basse sur les ressources naturelles locales, réduction aux travaux forcés, répression contre les peuples réclamant l’indépendance, assassinats ciblés ou massifs, tortures et mauvais traitements, extermination de villages entiers pour mater les rébellions, certains soutiennent même la thèse de génocides perpétrés dans certains pays pour anéantir les tribus particulièrement récalcitrantes.
Estimé à plusieurs centaines de milliers voire plusieurs millions de tués, sans oublier les traitements dégradants, les peines d’emprisonnements et les déracinements culturels, le tribut payé par les résistants et les défenseurs du droit à l’autodétermination est lourd en drames humains, sociaux et culturels. Au-delà de la guerre des mémoires que se livrent régulièrement des historiens plus ou moins passionnés, on peut s’accorder sur le fait que la période de la colonisation-décolonisation demeure pour la France et les anciennes colonies une plaie non cicatrisée, faute de soins en profondeur. Est-il pertinent que ces soins viennent des Etats, du prétoire ou des historiens ? En tout état de cause, au nom du respect de la dignité humaine, traquer l’impunité est un impératif moral, que les crimes aient été commis par la France ou par les anciens colonisés eux-mêmes. L’enjeu repose plutôt sur le calendrier et le procédé, qui eux, dépendent à la fois de conditions sociologiques, politiques et économiques internes des deux côtés. Ici et là, alors que les acteurs d’alors disparaissent les uns après les autres, et que cette période de tensions menée sur fond de guerre froide cherche encore désespérément dans le patrimoine historique des différentes nations une place définitive, les langues se délient, les faits commencent à faire corps, et l’horizon d’un dénouement se rapproche inexorablement.
Les faits demeurent globalement peu documentés car souvent avec la complicité des dirigeants locaux installés après les indépendances, les preuves ont été systématiquement détruites ou rapatriées en France. Alors, il ne faut pas attendre de la France qu’elle ouvre d’elle-même ces dossiers souvent à charge. Il s’agira davantage d’une démarche des peuples des ex-colonies que d’une volonté unilatérale française de repentance, et il est démontré que la France n’était pas seule responsable des crimes. Il convient de ne pas perdre de vue qu’une fois aux commandes, les premiers Présidents Africains ont constamment sollicité d’eux-mêmes la France pour obtenir des appuis multiformes notamment militaires, pour faire face à des affrontements internes souvent armées mêlant tribus et partis locaux pour le contrôle du pouvoir. Par ailleurs, dans les années 60, on se trouve en pleine guerre froide, contexte qui a vu diverses puissances étrangères occidentales ou de l’Est s’engager selon les cas aux côtés des leaders locaux au pouvoir ou des rebelles.
Les responsabilités sont donc lourdes, souvent partagées et parfois diffuses. Aujourd’hui, dans les pays africains, les tensions entre les différentes tribus sont encore apparentes. Lumière n’a pas encore été faite en interne sur ces trahisons, alliances et liaisons coupables, et tant que les peuples ne seront pas prêts à ouvrir par eux-mêmes les pages de leur histoire commune et de dialoguer sereinement avec elle, les unités nationales resteront en sursis. Les accusations fréquentes de tribalisme en Afrique témoignent des frictions naturelles entre cultures différentes engagées dans la difficile aventure de la construction d’une nation, mais elles sont aussi la partie apparente de l’iceberg des ressentiments profonds qui trouvent leurs racines dans ces luttes historiques fratricides de la période de décolonisation où ont pu s’installer des rancœurs mutuelles plus ou moins latentes. Le génocide de 1994 au Rwanda est venu démontrer le potentiel explosif de ces ressentiments quand on se rassure de l’illusion que le temps et les décrets finiront par en avoir raison. Il est essentiel, pour une paix durable, que des mots soient posés sur ces maux, afin de désamorcer les tensions. C’est même une des conditions de la croyance en l’appartenance à une même nation qui, en diluant les hostilités intercommunautaires, fédère durablement les préférences tribales actuelles. Chaque pays s’y engagera quand le corps social sera prêt à assumer lui-même ce défi national de manière apaisée.
En tout état de cause, les crimes de la décolonisation ne resteront pas impunis, ils seront documentés, reconnus, et réparés, à l’issue d’un processus plus ou moins long de maturation des esprits dans ces pays, mais aussi en France. Ces questions deviendront d’actualité lorsque : i) la génération des dirigeants locaux qui ont succédé à la France, et les décideurs français d’alors, aura quitté les arènes politiques ; ii) la conscience citoyenne se sera suffisamment développée dans les anciennes colonies au point d’armer les citoyens de moyens de dialoguer sans complexe avec leur histoire, d’abord à l’intérieur des pays, puis avec les partenaires historiques dont la France ; iii) les anciennes colonies auront significativement réduit leur dépendance économique vis-à-vis de la France.
Connaître ce passé chargé et complexe passera davantage par de patientes initiatives citoyennes, académiques, scientifiques, cinématographiques ou artistiques, et en tout cas pas par le prétoire avec accusés et plaignants. A l’image du film « Indigènes » qui a contribué à rendre tangible la responsabilité historique de la France vis-à- vis des anciens combattants, des travaux de recherche de plus en plus nombreux et édifiants permettront de reconstituer ce patrimoine historique commun en parallèle avec la maturation des esprits en faveur de la justice et d’une paix durable. Cette exigence de transparence sur les patrimoines mémoriels est une condition de la constitution des identités nationales dans les anciennes colonies, et même en France. C’est plus globalement, un impératif pour la préservation de l’une de ces valeurs majeures qu’on peut considérer comme universelle : la dignité humaine.
http://www.afrik.com/article21523.html
Aux Haïtiens de nettoyer leur cour politique!
Valère Audy; La Voix de l'Est
Les ministres responsables des Affaires étrangères des États-Unis, du Mexique et du Canada ont servi un sérieux avertissement au gouvernement haïtien au terme de la rencontre qu'ils viennent de tenir à Wakefield, dans l'Outaouais: ''La communauté internationale ne peut tout faire... Les autorités haïtiennes doivent assumer leurs responsabilités... Il n'y aura pas de progrès économique s'il n'y a pas de stabilité gouvernementale.''
Ces propos sont tirés de l'allocution de clôture du ministre canadien Lawrence Cannon qui a même insisté, pressant les Haïtiens, dont leurs dirigeants actuels, de veiller à doter leur pays ''d'un gouvernement démocratique, efficace et intègre, condition fondamentale et incontournable à la reconstruction et au développement de leur pays.'' De son côté, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a prévenu les autorités haïtiennes qu'il y a danger pour elles, un influent sénateur américain proposant la suspension de l'aide internationale dont Haïti a tant besoin.
Mme Clinton a aussi dit, ce qui concorde avec les déclarations canadiennes du gouvernement et de l'opposition: ''Nous ne voulons pas punir les Haïtiens pour les problèmes allégués pendant les élections. Les gens ont encore besoin d'abris, d'éducation, d'eau potable, de soins de santé, de développement économique.''
Les positions sont claires et la pression devient très forte: ou les autorités haïtiennes marchent en droite ligne ou elles risquent de perdre l'aide internationale et croupir alors dans leur misère. Si M. Cannon ne va pas jusqu'à brandir la menace relevée par Mme Clinton, il reste que les Canadiens et les Québécois sont de plus en plus nombreux à croire qu'on devrait couper les vivres à Haïti. Il y a même des Haïtiens qui le pensent parce qu'ils sont de moins en moins sûrs de profiter de l'aide promise, imaginant sans doute qu'elle ne profitera qu'aux riches et aux politiciens qui se disputent le pouvoir.
Tout cela démontre que les voisins et plus proches collaborateurs d'Haïti sont aussi soucieux qu'exaspérés par la crise politique et sociale qui secoue le pays et qui le rend à elle seule incapable d'amorcer la reconstruction et le développement espéré depuis les malheurs qui l'ont frappé depuis un an. Malgré tout, dont la faible confiance qu'ils font aux autorités en place, ces voisins restent prêts à les accompagner avec le soutien technique requis pour la tenue d'élections démocratiques.
Mais ils n'entendent pas prendre le contrôle de ces élections par respect pour le peuple qui reste fier de son indépendance. Quelle indépendance, peut-on toutefois se demander? Parce que les Haïtiens ne peuvent se tirer de leur misère eux-mêmes, tellement le pays est pauvre et la misère grande, tellement les catastrophes naturelles y ont détruit le peu qu'on y trouvait en infrastructures, tellement le pays est dépourvu de fonds et moyens pour se relever, tellement les clans politiques s'entredéchirent dans leur quête de pouvoir... au lieu de s'unir et former un gouvernement d'unité nationale pour sauver et relever le pays.
La situation haïtienne n'est évidemment pas propice à la stabilité politique, à la paix sociale et, forcément, à la reconstruction, comme le rappelle le leader néo-démocrate canadien Jack Layton. Mais on ne pourra rien faire de l'extérieur, pas plus que de l'intérieur, si ceux qui dirigent actuellement Haïti ou qui rêvent d'en prendre les rênes n'inspirent pas confiance. Les milliardsde dollars d'aide retenus le sont parce que les grands donateurs doutent fortement, non sans raison d'ailleurs, de l'usage qui en sera fait.
Bref, que les Haïtiens commencent par nettoyer leur cour politique. C'est le premier pas à franchir pour s'attaquer à la reconstruction du pays. Autrement, il n'y aura qu'une voie à emprunter, tel qu'on l'avait évoqué dans cette page peu après le séisme vécu: une tutelle de dix ans. À moins de tout abandonner et de laisser Haïti aller à la dérive, ce qui serait humainement insoutenable.
http://www.cyberpresse.ca/la-voix-de-lest/201012/15/01-4352522-aux-haitiens-de-nettoyer-leur-cour-politique.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_lire_aussi_4353135_article_POS1
Les ministres responsables des Affaires étrangères des États-Unis, du Mexique et du Canada ont servi un sérieux avertissement au gouvernement haïtien au terme de la rencontre qu'ils viennent de tenir à Wakefield, dans l'Outaouais: ''La communauté internationale ne peut tout faire... Les autorités haïtiennes doivent assumer leurs responsabilités... Il n'y aura pas de progrès économique s'il n'y a pas de stabilité gouvernementale.''
Ces propos sont tirés de l'allocution de clôture du ministre canadien Lawrence Cannon qui a même insisté, pressant les Haïtiens, dont leurs dirigeants actuels, de veiller à doter leur pays ''d'un gouvernement démocratique, efficace et intègre, condition fondamentale et incontournable à la reconstruction et au développement de leur pays.'' De son côté, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a prévenu les autorités haïtiennes qu'il y a danger pour elles, un influent sénateur américain proposant la suspension de l'aide internationale dont Haïti a tant besoin.
Mme Clinton a aussi dit, ce qui concorde avec les déclarations canadiennes du gouvernement et de l'opposition: ''Nous ne voulons pas punir les Haïtiens pour les problèmes allégués pendant les élections. Les gens ont encore besoin d'abris, d'éducation, d'eau potable, de soins de santé, de développement économique.''
Les positions sont claires et la pression devient très forte: ou les autorités haïtiennes marchent en droite ligne ou elles risquent de perdre l'aide internationale et croupir alors dans leur misère. Si M. Cannon ne va pas jusqu'à brandir la menace relevée par Mme Clinton, il reste que les Canadiens et les Québécois sont de plus en plus nombreux à croire qu'on devrait couper les vivres à Haïti. Il y a même des Haïtiens qui le pensent parce qu'ils sont de moins en moins sûrs de profiter de l'aide promise, imaginant sans doute qu'elle ne profitera qu'aux riches et aux politiciens qui se disputent le pouvoir.
Tout cela démontre que les voisins et plus proches collaborateurs d'Haïti sont aussi soucieux qu'exaspérés par la crise politique et sociale qui secoue le pays et qui le rend à elle seule incapable d'amorcer la reconstruction et le développement espéré depuis les malheurs qui l'ont frappé depuis un an. Malgré tout, dont la faible confiance qu'ils font aux autorités en place, ces voisins restent prêts à les accompagner avec le soutien technique requis pour la tenue d'élections démocratiques.
Mais ils n'entendent pas prendre le contrôle de ces élections par respect pour le peuple qui reste fier de son indépendance. Quelle indépendance, peut-on toutefois se demander? Parce que les Haïtiens ne peuvent se tirer de leur misère eux-mêmes, tellement le pays est pauvre et la misère grande, tellement les catastrophes naturelles y ont détruit le peu qu'on y trouvait en infrastructures, tellement le pays est dépourvu de fonds et moyens pour se relever, tellement les clans politiques s'entredéchirent dans leur quête de pouvoir... au lieu de s'unir et former un gouvernement d'unité nationale pour sauver et relever le pays.
La situation haïtienne n'est évidemment pas propice à la stabilité politique, à la paix sociale et, forcément, à la reconstruction, comme le rappelle le leader néo-démocrate canadien Jack Layton. Mais on ne pourra rien faire de l'extérieur, pas plus que de l'intérieur, si ceux qui dirigent actuellement Haïti ou qui rêvent d'en prendre les rênes n'inspirent pas confiance. Les milliardsde dollars d'aide retenus le sont parce que les grands donateurs doutent fortement, non sans raison d'ailleurs, de l'usage qui en sera fait.
Bref, que les Haïtiens commencent par nettoyer leur cour politique. C'est le premier pas à franchir pour s'attaquer à la reconstruction du pays. Autrement, il n'y aura qu'une voie à emprunter, tel qu'on l'avait évoqué dans cette page peu après le séisme vécu: une tutelle de dix ans. À moins de tout abandonner et de laisser Haïti aller à la dérive, ce qui serait humainement insoutenable.
http://www.cyberpresse.ca/la-voix-de-lest/201012/15/01-4352522-aux-haitiens-de-nettoyer-leur-cour-politique.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_lire_aussi_4353135_article_POS1
Haïti abandonné à son sort
Publié le 16 décembre 2010
Victor Gravel, Gatineau
Au sortir d'un repas gastronomique avec ses homologues américaine et mexicaine, notre auguste ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, adressait à Haïti les mots de réconfort suivants : « On ne peut tout faire... Le peuple et les dirigeants doivent travailler à rétablir la stabilité... [Autrement], il n'y aura pas de prospérité économique... »
Au-delà des entourloupettes diplomatiques, ce que cela veut dire, c'est « Démerdez-vous ! Tout ce qui vous arrive, c'est votre faute, et nous n'allons pas troubler notre confort pour vous aider. Tous les milliards qu'on vous a promis, vous ne les aurez pas. D'ailleurs, vous ne sauriez pas quoi en faire. Vous ne pourriez quand même pas reconstruire des fondations et des murs avec des billets de banque ! Prenez-vous en main, que diable ! »
La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a quand même daigné reconnaître certains problèmes : crise humanitaire, choléra, pauvreté, faiblesse du gouvernement. Rien pour perturber la quiétude du gouvernement américain. En somme, ce qu'on dit au peuple haïtien : vous êtes les parias du monde, un peuple de sans-abri et de sans-talents. Cessez de compter sur le BS international! Vous n'avez plus de ressources? Inventez-en! Nous sommes fatigués de vous entendre vous plaindre !
Bien sûr, Haïtiens, votre pays a été malmené par l'histoire : sous couvert de colonisation, des envahisseurs européens ont assujetti votre pays et vous ont menés au bord de l'esclavage; vos terres et vos richesses naturelles ont été pillées; vos fonds ont été spoliés sans vergogne par des dictateurs corrompus (maintenant réfugiés dans de luxueux châteaux sous la protection de pays complices). Les dirigeants que vous avez élus ont lamentablement failli à la tâche, aussi bien ce prêtre sur qui on fondait tant d'espoir que le président actuel, qui n'a d'autre priorité que de rebâtir son palais !
Au cours des derniers mois, dans une situation déjà précaire, vous avez encaissé coup sur coup un séisme indescriptible, des inondations catastrophiques, une épidémie de choléra, de graves perturbations sociales, une criminalité galopante. Vous vivez depuis dix mois dans la boue et les immondices, alors qu'autour de vous trônent les ruines et les gravats.
Pourtant, au nom de la sacro-sainte autonomie des nations, nous n'interviendrons pas dans vos élections présidentielles, nous ne détournerons même pas une minime partie des fonds consacrés à nos milliers de tanks, d'avions et de véhicules militaires pour vous fournir quelques béliers mécaniques. L'oeuvre «humanitaire armée» de nos soldats en Iran et en Afghanistan ne saurait être sacrifiée pour juguler vos petits problèmes d'eau, de santé et de criminalité! Faites-les, vos élections. Qu'est-ce que ça changera, de toute façon ?
http://www.cyberpresse.ca/place-publique/commentaires-du-jour/201012/16/01-4353135-haiti-abandonne-a-son-sort.php
Victor Gravel, Gatineau
Photo: David Boily, La Presse |
Au-delà des entourloupettes diplomatiques, ce que cela veut dire, c'est « Démerdez-vous ! Tout ce qui vous arrive, c'est votre faute, et nous n'allons pas troubler notre confort pour vous aider. Tous les milliards qu'on vous a promis, vous ne les aurez pas. D'ailleurs, vous ne sauriez pas quoi en faire. Vous ne pourriez quand même pas reconstruire des fondations et des murs avec des billets de banque ! Prenez-vous en main, que diable ! »
La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a quand même daigné reconnaître certains problèmes : crise humanitaire, choléra, pauvreté, faiblesse du gouvernement. Rien pour perturber la quiétude du gouvernement américain. En somme, ce qu'on dit au peuple haïtien : vous êtes les parias du monde, un peuple de sans-abri et de sans-talents. Cessez de compter sur le BS international! Vous n'avez plus de ressources? Inventez-en! Nous sommes fatigués de vous entendre vous plaindre !
Bien sûr, Haïtiens, votre pays a été malmené par l'histoire : sous couvert de colonisation, des envahisseurs européens ont assujetti votre pays et vous ont menés au bord de l'esclavage; vos terres et vos richesses naturelles ont été pillées; vos fonds ont été spoliés sans vergogne par des dictateurs corrompus (maintenant réfugiés dans de luxueux châteaux sous la protection de pays complices). Les dirigeants que vous avez élus ont lamentablement failli à la tâche, aussi bien ce prêtre sur qui on fondait tant d'espoir que le président actuel, qui n'a d'autre priorité que de rebâtir son palais !
Au cours des derniers mois, dans une situation déjà précaire, vous avez encaissé coup sur coup un séisme indescriptible, des inondations catastrophiques, une épidémie de choléra, de graves perturbations sociales, une criminalité galopante. Vous vivez depuis dix mois dans la boue et les immondices, alors qu'autour de vous trônent les ruines et les gravats.
Pourtant, au nom de la sacro-sainte autonomie des nations, nous n'interviendrons pas dans vos élections présidentielles, nous ne détournerons même pas une minime partie des fonds consacrés à nos milliers de tanks, d'avions et de véhicules militaires pour vous fournir quelques béliers mécaniques. L'oeuvre «humanitaire armée» de nos soldats en Iran et en Afghanistan ne saurait être sacrifiée pour juguler vos petits problèmes d'eau, de santé et de criminalité! Faites-les, vos élections. Qu'est-ce que ça changera, de toute façon ?
http://www.cyberpresse.ca/place-publique/commentaires-du-jour/201012/16/01-4353135-haiti-abandonne-a-son-sort.php
Elections en Haïti : Les morts-vivants aux urnes
Nouvelle République, 17/12/2010 On peut être frappé par le mutisme de la communauté internationale et des observateurs concernant la situation chaotique en Haïti. Autant pour la Côte d’Ivoire on entend tous les jours des prises de positions et des déclarations enflammées pour condamner le blocage né des élections présidentielles. Autant pour Haïti, on entend un silence…de cimetières. Parce que justement, ce qui se passe en Haïti dépasse l’entendement et le bon sens. Voilà des gens, qui n’ont rien, ni terre, ni habitats, ni institutions, ni à manger, ni à boire et qu’on oblige à aller voter.
Rappelons qu’il y a un an à peu près (12 janvier 2010), la République de Haïti était frappée par un tremblement de terre d’une rare violence. Il y eut plus de 200.000 morts. Les dégâts eux, sont incommensurables : les institutions ont été décapitées, les bâtiments administratifs et personnels, les logements ont tous été réduits en poussière. Presque tous les Haïtiens qui avaient été frappés par le tremblement de terre étaient devenus du jour au lendemain des sans abris, errant le jour et dormant à la belle étoile la nuit ; disputant leur pitance quotidienne aux rats et aux chiens. Et pour ajouter un peu de drame supplémentaire à la tragédie qui se joue à ciel ouvert, voilà qu’il y a deux mois, une épidémie de choléra s’est abattue sur les survivants avec la ferme intention de liquider ceux qui ont survécu au tremblement de terre. Pour le moment, les comptes macabres frisent les 2000 morts, mais tout porte à croire que le choléra ne s’arrêtera pas de sitôt.
C’est dans cette atmosphère de fin du monde que l’ONU a tenu à organiser les élections présidentielles. Les résultats sont à la hauteur de l’ambiance : catastrophique et chaotique. Comme en Côte d’Ivoire, l’ONU avait pensé que les élections allaient résoudre la crise qui sévit dans cette république « maudite ». Et comme en Côte d’Ivoire, le calcul s’est avéré vain. A la seule différence qu’en Côte d’Ivoire, rien ne laissait prévoir ce qui est en train de se passer tant les acteurs étaient tous engagés à fond pour sortie de crise par les urnes.
En Haïti, on n’a pas besoin d’être un observateur averti pour se rendre compte que les élections n’étaient pas dans l’ordre des priorités des populations. Celles-ci écoutaient plus les bulletins météo qu’elles n’attendaient de bulletin de vote. Elles désespèrent de voir démarrer la reconstruction annoncée à coup de centaines de milliards de dollars après le tremblement de terre la compassion et la solidarité du monde. Depuis près d’un an, les populations de Haïti frappées de plein fouet par cette tragédie vivent d’espoir et d’eau…sale. Elles sont convaincues que l’aide internationale tardera à se concrétiser. Elles sont convaincues que les maigres ressources qui viendront seront détournées comme d’habitude pour leurs dirigeants.
Donc demander à ces Haïtiens qui souffrent de faim, qui grelottent de froid, qui sont réduits à l’état sauvage, qui courent toute la journée derrière un improbable casse-croûte d’aller voter, c’est vraiment être un sans cœur ou à tout le moins ne pas être à la hauteur des urgences.
TBM
Nouvelle République, est seul responsable du contenu de cet article
http://www.maliweb.net/category.php?NID=68571&intr=
Rappelons qu’il y a un an à peu près (12 janvier 2010), la République de Haïti était frappée par un tremblement de terre d’une rare violence. Il y eut plus de 200.000 morts. Les dégâts eux, sont incommensurables : les institutions ont été décapitées, les bâtiments administratifs et personnels, les logements ont tous été réduits en poussière. Presque tous les Haïtiens qui avaient été frappés par le tremblement de terre étaient devenus du jour au lendemain des sans abris, errant le jour et dormant à la belle étoile la nuit ; disputant leur pitance quotidienne aux rats et aux chiens. Et pour ajouter un peu de drame supplémentaire à la tragédie qui se joue à ciel ouvert, voilà qu’il y a deux mois, une épidémie de choléra s’est abattue sur les survivants avec la ferme intention de liquider ceux qui ont survécu au tremblement de terre. Pour le moment, les comptes macabres frisent les 2000 morts, mais tout porte à croire que le choléra ne s’arrêtera pas de sitôt.
C’est dans cette atmosphère de fin du monde que l’ONU a tenu à organiser les élections présidentielles. Les résultats sont à la hauteur de l’ambiance : catastrophique et chaotique. Comme en Côte d’Ivoire, l’ONU avait pensé que les élections allaient résoudre la crise qui sévit dans cette république « maudite ». Et comme en Côte d’Ivoire, le calcul s’est avéré vain. A la seule différence qu’en Côte d’Ivoire, rien ne laissait prévoir ce qui est en train de se passer tant les acteurs étaient tous engagés à fond pour sortie de crise par les urnes.
En Haïti, on n’a pas besoin d’être un observateur averti pour se rendre compte que les élections n’étaient pas dans l’ordre des priorités des populations. Celles-ci écoutaient plus les bulletins météo qu’elles n’attendaient de bulletin de vote. Elles désespèrent de voir démarrer la reconstruction annoncée à coup de centaines de milliards de dollars après le tremblement de terre la compassion et la solidarité du monde. Depuis près d’un an, les populations de Haïti frappées de plein fouet par cette tragédie vivent d’espoir et d’eau…sale. Elles sont convaincues que l’aide internationale tardera à se concrétiser. Elles sont convaincues que les maigres ressources qui viendront seront détournées comme d’habitude pour leurs dirigeants.
Donc demander à ces Haïtiens qui souffrent de faim, qui grelottent de froid, qui sont réduits à l’état sauvage, qui courent toute la journée derrière un improbable casse-croûte d’aller voter, c’est vraiment être un sans cœur ou à tout le moins ne pas être à la hauteur des urgences.
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