Nouvelle République, 17/12/2010 On peut être frappé par le mutisme de la communauté internationale et des observateurs concernant la situation chaotique en Haïti. Autant pour la Côte d’Ivoire on entend tous les jours des prises de positions et des déclarations enflammées pour condamner le blocage né des élections présidentielles. Autant pour Haïti, on entend un silence…de cimetières. Parce que justement, ce qui se passe en Haïti dépasse l’entendement et le bon sens. Voilà des gens, qui n’ont rien, ni terre, ni habitats, ni institutions, ni à manger, ni à boire et qu’on oblige à aller voter.
Rappelons qu’il y a un an à peu près (12 janvier 2010), la République de Haïti était frappée par un tremblement de terre d’une rare violence. Il y eut plus de 200.000 morts. Les dégâts eux, sont incommensurables : les institutions ont été décapitées, les bâtiments administratifs et personnels, les logements ont tous été réduits en poussière. Presque tous les Haïtiens qui avaient été frappés par le tremblement de terre étaient devenus du jour au lendemain des sans abris, errant le jour et dormant à la belle étoile la nuit ; disputant leur pitance quotidienne aux rats et aux chiens. Et pour ajouter un peu de drame supplémentaire à la tragédie qui se joue à ciel ouvert, voilà qu’il y a deux mois, une épidémie de choléra s’est abattue sur les survivants avec la ferme intention de liquider ceux qui ont survécu au tremblement de terre. Pour le moment, les comptes macabres frisent les 2000 morts, mais tout porte à croire que le choléra ne s’arrêtera pas de sitôt.
C’est dans cette atmosphère de fin du monde que l’ONU a tenu à organiser les élections présidentielles. Les résultats sont à la hauteur de l’ambiance : catastrophique et chaotique. Comme en Côte d’Ivoire, l’ONU avait pensé que les élections allaient résoudre la crise qui sévit dans cette république « maudite ». Et comme en Côte d’Ivoire, le calcul s’est avéré vain. A la seule différence qu’en Côte d’Ivoire, rien ne laissait prévoir ce qui est en train de se passer tant les acteurs étaient tous engagés à fond pour sortie de crise par les urnes.
En Haïti, on n’a pas besoin d’être un observateur averti pour se rendre compte que les élections n’étaient pas dans l’ordre des priorités des populations. Celles-ci écoutaient plus les bulletins météo qu’elles n’attendaient de bulletin de vote. Elles désespèrent de voir démarrer la reconstruction annoncée à coup de centaines de milliards de dollars après le tremblement de terre la compassion et la solidarité du monde. Depuis près d’un an, les populations de Haïti frappées de plein fouet par cette tragédie vivent d’espoir et d’eau…sale. Elles sont convaincues que l’aide internationale tardera à se concrétiser. Elles sont convaincues que les maigres ressources qui viendront seront détournées comme d’habitude pour leurs dirigeants.
Donc demander à ces Haïtiens qui souffrent de faim, qui grelottent de froid, qui sont réduits à l’état sauvage, qui courent toute la journée derrière un improbable casse-croûte d’aller voter, c’est vraiment être un sans cœur ou à tout le moins ne pas être à la hauteur des urgences.
TBM
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Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
vendredi 17 décembre 2010
Elections en Haïti : Les morts-vivants aux urnes
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