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samedi 7 juin 2008

« Haïti est le pays le plus créateur de la Caraïbe »

Plus d'une vingtaine de jeunes artistes peintres et céramistes ont reçu une formation en céramique avec les techniques de fabrication des pièces usuelles telles que: gobelets, assiettes, cruches, théières. Organisée par l'office national des arts (ONARTS) en partenariat avec le gouvernement chilien, la formation avait pour but de renforcer les compétences de ces jeunes.

Dans une ambiance empreinte de convivialité, un groupe de plus d'une vingtaine de jeunes artistes peintres et céramistes, venus de différentes villes du pays, a suivi avec deux formateurs étrangers des séances de formation en céramique avec les techniques de fabrication des pièces usuelles telles que: gobelets, assiettes, cruches, théières, etc.



Ce programme de formation, réalisé par l'office national des arts (ONARTS) en partenariat avec le gouvernement chilien, de mars à mai 2008, a été bien accueilli par les différents participants.
Bertrand Evenson, de son nom d'artiste « Bambou », l'un des participants, ne tarit pas d'éloges sur la formation qu'il vient de recevoir sur la fabrication des objets en céramique.
« J'ai appris beaucoup de choses en participant à cette formation », déclare Evenson, la qualifiant de « plus qu'utile ».

Selon le chef du cabinet du ministre des Affaires sociale et du travail (MAST), Mathilde Flambert, responsable du programme, cette formation s'inscrivait, dans le cadre de la coopération haïtiano- chilienne . « Nous remercions profondément l'ambassadeur chilien qui nous a accordé son support à la réalisation de ce projet.
Avec la quantité d'argile de différentes couleurs que possède Haïti, il n'est pas normal d'importer des tasses, des assiettes et d'autres objets utilitaires de l'extérieur », a dit Mme Lamothe. Le chef du cabinet n'a pas caché sa satisfaction de la réussite de ce programme. «La formation s'était portée principalement sur le tournage.

Les pièces sont fabriquées à partir d'une boule d'argile qu'on place sur un tour, déclare-t-elle. J'aimerais que chaque étudiant puisse avoir un tour afin de continuer à s'exercer dans le domaine.»Mme flambert souhaite que les participants aient en leur possession un tour, pouvant leur permettre de mieux exercer leur métier.

Pour y arriver, elle dit compter sur le support du secteur privé et du gouvernement. De son côté, le l'ambassadeur chilien à Port-au-Prince, Marcel Young, a précisé que cette contribution du gouvernement chilien est un moyen de renforcer les liens forts et durables entre les deux Etats. « Je suis content de voir les exploits réalisés par ces jeunes durant ces deux mois», a affirmé M. Young, soulignant que Haïti est le pays le plus créateur de la Caraïbe. Le diplomate chilien a, en outre, fait remarquer que les articles utilitaires fabriqués en Haïti peuvent être vendus à travers le monde.

« Je souhaite qu'Haïti soit un pays exportateur d'objets utilitaires dans les prochaines années », a-t-il indiqué. Tout en plaidant d'une part, en faveur d'un encadrement pour nos jeunes afin de réduire le taux du chômage et d'autre part, pour des investissements dans les techniques et les outils, les organisateurs souhaitent qu'une formation de ce genre se tienne en janvier 2009.

Amos Cincir
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=58360&PubDate=2008-06-07
Commentaires:
Ceci n’est pas nouveau. Il faudra bien le reconnaître un jour. Qu’il y ait un de ces quatre matins un palmarès de la créativité qui placerait enfin Haïti parmi les premiers de la classe. Ceci s’explique par un autre axiome qui se répète très souvent et qui s’applique particulièrement fidèle et jalousement en Haïti : « LA NECESSITE EST LA MERE DE L’INVENTION ».
Notre capacité de créer vient de l’instinct de conservation. Aujourd’hui encore les sociologues et les ethnologues pour ne citer que ceux-là dans la longue liste des « logues » seraient étonnés de chercher sans succès à comprendre comment survit un haïtien aujourd’hui.
Notre créativité artistique est une option retrouvée pour vaincre cette fatalité qui nous surplombe et nous noie dans une aberration érigée en état de fait.
Cette créativité agile et à fleur de peau pourrait au besoin nous transcender si un jour elle cessait de répondre à des prérogatives banales des besoins primaires du quotidien.

La nudité de la Forêt des pins, bientôt couverteReforestation

Pour enfin stopper la déforestation de la Forêt des pins, le ministère de l'Environnement vient d'embaucher 33 agents de surveillance qui y seront déployés sous peu.
Ces agents auront la responsabilité d'empêcher la coupe anarchique et systématique des arbres au niveau de la forêt et en même temps procéder à la saisie des bois en question transportés par des camions.

A l'occasion de la journée mondiale de l'Environnement, le 5 juin, le ministère de l'Environnement (MDE) a annoncé l'adoption de plusieurs mesures visant à protéger les sites naturels, les parcs et les forêts du pays, lors d'une cérémonie déroulée à la Forêt des pins située dans la commune de Fonds-Verrettes.
Il s'agit, entre autres, d'activités de reboisement et de mesures de surveillance de cette forêt qui est passée de 32.000 hectares à environ 8.000 aujourd'hui, a souligné le directeur départemental de l'Ouest du MDE, l'ing. Ludner remarais.

En ce qui concerne le reboisement, 22 mille plantules sont déjà disponibles sur un total de 1. 000. 000 promises par la République Dominicaine, a indiqué monsieur Remarais. Les dirigeants ciblent dans cette perspective les localités Gros Cheval et Morne Vincent, responsables, selon eux, en grande partie des dégâts environnementaux enregistrés à Fonds-Verrettes lors des inondations de 2004.
Le ministère de l'Environnement, la Mairie de Fonds-Verrettes, la députation, la justice locale et les organisations militant au sein de la Forêt des pins s'unissent désormais pour faire échec à tous ceux qui, d'une façon ou d'une autre, se plaisent à détruire cette forêt, a soutenu le cadre du MDE.
Pour sa part, le député de la circonscription Ganthier / Fonds-Verrettes, Pierre Jude Destiné, a insisté sur la portée mondiale du problème de l'environnement. Rappelant que les arbres constituent la vie, il a invité les habitants de la région à prendre conscience du danger que représente la déforestation de la Forêt des pins pour le pays en général et pour eux en particulier.

Le maire de la commune de Fonds-Verrettes, Junel Jean, s'est engagé à préserver ce qu'il appelle « le reste de la Forêt des pins » au bénéfice des générations montantes. En termes de mesures adoptées au niveau local, il a fait mention de la présence de certains brigadiers chargés de surveiller la forêt.

Le président de l'Organisation des Jeunes pour le Développement de la Forêt des pins (OJDF), Phito Lafleur, estime que la déforestation de la forêt est liée à la négligence des autorités étatiques et à la pauvreté.
En ce sens, il invite les autorités gouvernementales à offrir à la population une autre alternative ce qui, selon lui, pourrait contribuer à la baisse considérable de l'abattage des arbres.

Phito Lafleur a également souligné l'importance de la Forêt des pins en matière d'alimentation en eau de certaines parties du pays, prévenant que la poursuite de la coupe anarchique des bois pourrait conduire à une pénurie d'eau.
Un enfant vivant dans la zone a déclamé à la fin de la cérémonie un poème interpellant la conscience de tout un chacun quant à la nécessité de protéger la Forêt des pins : »Forè a se sous lavi nou, nou dwe pwoteje li chak jou ; chak pye bwa se manm kò nou, si yo disparèt, nap fin viv tou... nan tèt kole ann byen jere l', ti moun ap genyen yon bon avni, konsa lamizè ap fini ».

Lucmane Vieux
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=58424&PubDate=2008-06-07
Commentaires :
La protection enfin de ce qui reste comme couverture végétale (aujourd’hui estimée à moins de 2%) serait ailleurs, dans un autre contexte, dans l’enceinte d’une autre mentalité, digne des plus ferventes louanges. L’intention voire toute tentative s’alignant dans ce sens pourrait être motif de satisfaction.
Cependant la raison nous rappelle que là encore une fois il est question d’Haïti . Pays à part. Plus pathétique et unique du genre. Un endroit ou l’imaginaire débordent les limites de l’imaginable.
Nous avions souvent entendu des voix s’élever pour dénoncer la battue indiscriminée des arbres de Forêt des pins. Qui pis est il a existé même un commerce appuyé et supporté par des secteurs économiquement puissants qui continuent à considérer Haïti comme « un cas perdu », une situation les habilitant à enfoncer encore le clou entre les yeux de ce serpent qui pour survivre se bouffe outrageusement la queue.
Ceux qui ont étudié les perceptions de la corruption dans un environnement caractérisé par une déliquescence institutionnelle, savent très bien que les bonnes intentions ne suffiront pas.
Les tentacules de cette bête, tueuse de nation, sont si puissantes et nombreuses qu’elles n’auront pas de difficultés à investir et déflorer les mailles de ce rideau débile qui ne saura être à la hauteur de l’impétuosité des prédateurs.
Ainsi osons nous espérer que ces gardes forestiers n’ont pas été investis dans le but de réduire le chômage, ni dans le cadre de la réinsertion de bandits ou de donner du travail à des militants.
Les députés devraient, en marge de la constitution de leur parti politique (CCP-2011 !), légiférer en faveur de la protection de ce qui reste de la forêt des pins.
Sinon comme pour les besoins de protéger leur famille, les haïtiens vont devoir s’allier et s’armer pour protéger de leur sang et de leur chair tout ce qui à la longue peut détruire ce qui reste du pays.
Ainsi tout individu s’adonnant à la coupe, la vente ou le transport d’arbres abattus doit être considéré et traité comme criminel apatride.

Déplacement de la population : une nécessité

Les habitants de la zone de Thor 10, sur la route de Carrefour par les rails, sont contraints de laisser leurs maisons pour faciliter la construction et le fonctionnement d'une centrale électrique financée par le Venezuela. Les démolitions commencent et les habitants se plaignent..
La construction de la centrale électrique à Carrefour se trouve à un niveau très avancé.

Afin d'assurer la sécurité de la population vivant dans la zone et le bon fonctionnement de cette centrale thermique, des dizaines de familles doivent abandonner leurs maisons.
Malgré le dédommagement promit par l'Etat haïtien, les habitants tardent à laisser la zone où certains d'entre eux y habitent depuis plus d'une dizaine d'années, ce qui n'est pas sans conséquence sur l'avancement des travaux de construction.
Les maisons à démolir se trouvent entre l'ancienne centrale de l'Electricité d'Etat d'Haïti (ED'H) qui fonctionne toujours et celle construite par le Venezuela.

Comme presque un peut partout dans la commune, les constructions ne respectent aucune normes, les élus actuels et antérieurs de la mairie n'ont jamais eu de contrôle sur ces gens. Selon le témoignage d'un riverain, les responsables veulent connecter les deux centrales thermiques. Pour ce faire, il leur faut tout l'espace. Il critique les autorités de la commune qui n'ont jamais manifesté leur volonté de réglementer la construction dans cette zone.

Une fois en marche, la nouvelle centrale aurait pu avoir des effets négatifs sur la vie des gens qui occupent l'espace à récupérer. « Une fois mis en marche, les habitants ne pourront pas supporter les vibrations de ces moteurs », nous a confié un ingénieur qui travaille dans la construction de la centrale.
Se trouvant au beau milieu de l'ancienne centrale thermique de l'ED'H et la nouvelle, les habitants de la zone de Thor 10 sur la route des rails doivent quitter leurs maisons.

Pour certains d'entre eux, le dédommagement ne servira pas à grande chose, car, ils devront payer à la Direction générale des impôts (DGI) des dettes qui remontent à des années.

Grognent, mécontentement, désespoir...
Les démolitions ont déjà commencé et certains d'entre eux ne savent pas où aller. « J'habite la zone depuis plus de 20 ans, je n'avais pas l'habitude de payer à l'Etat des taxes ou des impôts, puisque personne ne m'a rien demandé depuis que j'y suis venue habiter », se plaint une dame cinquantenaire.

On lui aurait demandé de payer des taxes recouvrant toutes ces années. Comme elle, des dizaines d'autres familles doivent non seulement laisser leurs habitats, mais aussi payer des impôts à la DGI avant de percevoir le dédommagement promis par les autorités étatiques.
Avec ses 20 moteurs qui seront alimentés par le diesel et le mazout, la construction de cette nouvelle centrale électrique va fournir plus de 30 mégawatts à l'ED'H. Des dizaines d'employés haïtiens et techniciens cubains mettent les bouchés doubles pour la finition des travaux.

Robenson Geffrard