Vendredi, 9 heures 40, le Premier ministre désigné grimpe à pas comptés les quelques marches qui mènent au bureau de Pierre Eric Jean-Jacques, président de la Chambre des députés. L'économiste Michèle Pierre-Louis soumet les quelque 21 pièces -soigneusement reliées - à la commission spéciale présidée par le député Guy Gérard George. Dans un tailleur noir, ses yeux cachés derrière sa sempiternelle paire de lunettes, elle reprend vingt minutes après le même couloir pour retrouver cette fois un parterre de journalistes.« Je ne veux faire présentement aucune déclaration, a lâché Mme Pierre-Louis à des journalistes. J'ai déposé les pièces exigées par la Constitution et j'attends le verdict de la commission. Je souhaite vous revoir à la fin du processus.» Un processus entamé sur de consultations entre la présidence et les différents blocs constitués à la Chambre des députés. Le président René Préval, a-t-on appris, devrait rencontrer en fin de journée les membres de la Concertation des parlementaires progressistes (CPP). « Si le dossier de Mme Pierre-Louis est correct, son choix sera ratifié », a tenté de rassurer Pierre Eric Jean-Jacques, sans aucune assurance de la CPP, le bloc majoritaire qui réunit à lui seul 53 des 98 députés qui compose l'assemblée. La commission chargée d'étudier le dossier, dit-il, prendra le temps nécessaire avant de soumettre son rapport à l'assemblée.
Son acte de naissance, ceux de ses parents, huit passeports, une attestation de résidence pour les cinq dernières années, un casier judiciaire vierge, un certificat de mariage, une lettre d'engagement de la dernière fonction occupée, constituent le gros du dossier déposé par la directrice de la Fondation connaissance et liberté (Fokal) créée en 1995 grâce au financement du milliardaire américain George Soros.
Amie de longue date de René Préval, avec qui elle gérait une boulangerie dans les années 1980, Michèle Pierre-Louis, 61 ans, a participé à la campagne d'alphabétisation lancée par l'Eglise catholique à cette époque. Elle a fait des études aux Etats-Unis où elle a obtenu une licence en économie. Mère d'une fille, Elizabeth, elle a également suivi des cours de formation en France, notamment à Paris sur la gestion des aéroports.
Claude Gilles
Claude Gilles