Il n'est pas facile de saisir, au premier degré, la dimension sémantique de « Heures brèves ». Ce beau poème spiraliste est une initiation au voyage, au délire poétique, au fantasme, au corps et à l'amour. C'est le «désir éclaté par version impossible où le foetus explose dans la tumeur du doute».
C'est le même constat pour « Corps sans repères ». La seule différence est que ce poème s'ouvre sur l'existence humaine. C'est une poésie subversive, métaphysique et prophétique : «Je suis poète et prophète de la folie».
Son oeuvre est exceptionnellement dérangeante, novatrice, tant du point de vue esthétique que du point de vue éthique.
C'est une oeuvre bouleversante et moderne qui interpelle tout lecteur actif par son universalité et sa densité poétique.
Ce qui paraît essentiel et exceptionnel dans l'univers de ce génial créateur, c'est que son travail, étalé sur un demi-siècle d'expérimentation à cheval sur le réel et l'imaginaire, est loin d'être une oeuvre gratuite basée sur des coquetteries littéraires.
En témoignent les nombreux travaux à caractère académique réalisés sur son oeuvre dans divers centres universitaires répartis à travers le monde.De « Ultravocal à Miraculeuse», en passant par l'«Oiseau Schizophone» et ses huit métamorphoses, sans oublier « Fleurs d'Insomnie», « H'Eros-Chimères» et « Galaxie Chaos-Babel», Frankétienne a merveilleusement illustré le concept de spirale impliquant l'esthétique du chaos.
Il a en outre mis en évidence la notion de schizophrénie qui permet de traiter les mots comme des particules d'énergie sensuelle en perpétuel mouvement intérieur à l'intérieur du texte.
Né le 12 avril 1936, Frankétienne a déjà produit plus d'une quarantaine d'ouvrages. Poète, romancier, dramaturge, comédien, peintre et musicien jouissant d'une audience à la fois nationale et internationale, ce géant de la littérature haïtienne a marqué profondément la création artistique et littéraire de notre époque.
(1)ETIENNE (Franck),Corps sans repères, Xeos, Delmas, 2007, 108 p.
(2) ETIENNE (Franck), Heures brèves, Xeos, Delmas, 2007, 112p.