Haïti-Rép. Dominicaine : La plate-forme GARR critique le laxisme des autorités sur le trafic et la traite de personnes
mercredi 27 juin 2007
P-au-P, 27 juin 07 [AlterPresse] --- La plate-forme haïtienne dénommée Groupe d’appui aux réfugiés et rapatriés (Garr) s’inquiète du laxisme des autorités nationales en ce qui concerne le trafic et la traite des personnes à la frontière, qui ont causé, à l’aube du 25 juin 2007, la mort de 2 sans papiers haïtiens, alors que 34 autres ont été blessés au cours d’un accident dans la province de Santiago Rodriguez, au nord de la République dominicaine.
Dans une note transmise à l’agence en ligne AlterPresse, relatant les conséquences des transports clandestins de ressortissantes et ressortissants haïtiens, la plate-forme Garr enjoint les autorités des deux pays à coordonner un ensemble d’actions communes pour poursuivre les trafiquants à la frontière.
« Les passeurs continuent d’agir en toute quiétude et le pays ne cesse de compter des cadavres », écrit la plate-forme de promotion et de défense des droits des migrantes et migrants, se demandant quand l’Etat haïtien se résoudra à prendre une décision ferme pour combattre le trafic de personnes.
« De la frontière terrestre à la mer, le Garr observe que le laxisme de l’administration haïtienne, face aux drames répétés des migrants sans papier, s’exprime en général par le silence ou des déclarations qui ne vont guère au-delà de l’annonce de commissions d’enquête ».
A date, à l’exception d’une journée de deuil national, aucun rapport n’est publié en relation au repêchage, le 4 mai 2007, d’une soixantaine de cadavres de boat-people haïtiens au large de l’archipel britannique Turk & Caicos, malgré l’annonce de la mise en place d’une commission d’enquête par le gouvernement du Premier ministre Jacques Edouard Alexis. Pourtant, des témoignages troublants de rescapés ont fait état d’un naufrage provoqué, voire d’une tentative d’assassinat délibérée de sans-papiers haïtiens par les garde-côtes de l’archipel britannique.
Contrairement aux prescriptions constitutionnelles faisant des autorités haïtiennes le garant du respect des droits à la vie des citoyennes et citoyens, le regroupement d’organisations haïtiennes de défense des droits humains des migrantes et migrants relève une absence de suivi et de dispositions adéquates en vue d’une gestion pertinente des différents points frontaliers, de la ratification d’instruments internationaux comme la Convention contre la criminalité transnationale organisée et les 2 protocoles y relatifs, punissant respectivement le trafic et la traite de personnes, ainsi que de l’adoption d’une législation haïtienne en la matière.
« Malgré les promesses faites par les autorités haïtiennes, aucune disposition sérieuse n’a été prise, jusqu’à date, pour freiner le trafic et la traite de personnes sur le territoire ».
Le Garr déclare n’avoir constaté aucun suivi concret à la proposition de politique de gestion de la migration de main-d’œuvre soumise, le 19 septembre 2006, au Premier ministre haïtien par un groupe interministériel et intersectoriel.
« Il était nécessaire pour Haïti de disposer d’un document d’analyse. Je vous assure qu’il ne va pas moisir au fond des tiroirs », déclarait Alexis lors de la présentation du dit document, le mardi 19 septembre 2006, à laquelle a assisté un reporter de l’agence en ligne AlterPresse.
De plus, « La surveillance de la frontière reste moins que symbolique du côté haïtien, en dépit des engagements souscrits depuis huit (8) ans à travers la signature du Protocole d’Accord sur les mécanismes de rapatriements intervenu entre Haïti et la République Dominicaine, en 1999, lors du premier mandat du président René Garcia Préval ».
Rappelant que la république d’Haïti se retrouve encore, en 2007, dans la catégorie des "cas spéciaux" et est pointée, par le département d’Etat américain, comme « un pays devant consentir beaucoup d’efforts dans la lutte contre le trafic et la traite de personnes sur son territoire », le Groupe d’appui aux réfugiés et rapatriés déplore l’absence d’effort véritable pour l’amélioration des conditions de vie de la majorité des citoyennes et citoyens.
« Les couches les plus vulnérables de la population se sentent oubliées et associent, de plus en plus, leur survie à un départ du pays ».
Et les autorités nationales ont mis une sourdine aux promesses faites, en septembre 2006 au Dialogue de Haut Niveau sur la Migration, pour une prise en charge de la migration dans la politique gouvernementale.
Tout en préconisant des actions concertées entre l’exécutif et le parlement d’Haïti dans la lutte contre le trafic de personnes, le Garr considère impérieux pour les autorités haïtiennes de tenir compte des « recommandations inscrites dans le document de politique de gestion de la migration de main-d’œuvre, en vue d’éviter que des Haïtiennes et Haïtiens se dirigent, sans aucun cadre légal et au péril de leur vie, vers des pays en quête de main-d’œuvre ». [rc apr 27/06/2007 12 :00]
NDLR
En septembre 2006, les rédacteurs du document « Proposition pour une politique de gestion de la migration de main-d’œuvre en Haïti », [produit par un Groupe interministériel et intersectoriel, mis en place par les autorités haïtiennes pour le renforcement des capacités d’administration de la migration de main-d’œuvre nationale], préconisaient la mise en branle d’une politique de gestion efficace de migration de main-d’œuvre.
Divisé en trois parties, ce document d’une centaine de pages fait un état des lieux de la migration haïtienne, de la migration de main-d’œuvre et des conséquences du flux migratoire non contrôlé. (cf. http://www.alterpresse.org/spip.php ?article5181).