By JONATHAN M. KATZ
The Associated Press
Thursday, November 11, 2010; 6:12 PM
PORT-AU-PRINCE, Haiti -- The first portion of U.S. reconstruction money for Haiti is on its way more than seven months after it was promised to help the country rebuild from the Jan. 12 earthquake.
The U.S. government will transfer $120 million - about one-tenth of the total amount pledged - to the World Bank-run Haiti Reconstruction Fund in the next few days, U.S. State Department spokesman P.J. Crowley said.
"Having completed the process as outlined in the appropriation, we are now moving aggressively to commit that money to Haiti's reconstruction," Crowley said.
A State Department aide said money destined for the fund would go toward rubble removal, housing, a partial credit guarantee fund, support for an Inter-American Development Bank education reform plan and budget support for the Haitian government. The fund's projects must be endorsed by the reconstruction commission co-chaired by former President Bill Clinton and Haitian Prime Minister Jean-Max Bellerive.
The U.S. money will nearly double the current reconstruction fund, into which eight other countries have contributed $135 million. It is to arrive almost exactly 10 months after the earthquake destroyed most of Haiti's capital and surrounding areas and killed an estimated 230,000 to 300,000 people.
Crowley told reporters at a Tuesday briefing that the money had been sent from the State Department to the Treasury Department for delivery.
The funds are part of a $1.15 billion pledge made by Secretary of State Hillary Rodham Clinton at the March 31 U.N. donors conference for Haiti. Pledged for fiscal year 2010, which ended in September, the money has faced several delays.
It wasn't until July that Congress appropriated nearly the entire amount pledged, $917 million, in a bill signed by President Barack Obama. But without an authorization bill or an approved spending plan, none of it could not be released.
The authorization bill was blocked by Sen. Tom Coburn of Oklahoma. When his hold was reported by The Associated Press, the senator's office initially said he objected to a provision creating a U.S. policy coordinator position that would cost $5 million over five years. Later he said he objected to a lack of cuts in other programs to offset the money spent in Haiti. That bill has never been voted on.
The spending plan was given to congressional committees in September and approved in October, when it was held up amid checks to make sure the money would not be lost to corruption, the State Department told AP. It is not clear if the other, nearly $800 million from the appropriations bill, has cleared that process.
The United States spent more than $1.1 billion in humanitarian aid for Haiti this year, most in the first weeks after the disaster. The reconstruction pledge is a different pool of money, intended to support long-term rebuilding of the nation and its economy.
The Secretary of State told the U.N. conference in March that if the effort to rebuild was "slow or insufficient, if it is marked by conflict, lack of coordination or lack of transparency, then the challenges that have plagued Haiti for years could erupt with regional and global consequences."
Nearly all the countries present at that conference have been slow in delivering on their promises since.
Less than 38 percent of the $5.6 billion pledged for 2010-11 has been delivered. Italy, Germany, the Netherlands, Switzerland, Finland, the Caribbean Development Bank - and, until the money arrives, the U.S. - have yet to give any of their promised funds, according to Bill Clinton's U.N. Office of the Special Envoy for Haiti.
After 10 months living among piles of rubble, more than 1 million without homes and their country now being ravaged by a cholera epidemic, many Haitians have lost faith that the pledged money will help, even if all of it does arrive.
"This money is going to be for the rich people," said Lonise Atilma, who lives in a tent camp in the impoverished Martissant district of Port-au-Prince. "We have been living in a tent since Jan. 12 ... We are still there, suffering, and we're not going to see this money."
Associated Press writer Bob Burns contributed from Washington.
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
samedi 13 novembre 2010
Mirlande Manigat caracole en tête dans les sondages, mais se veut "sereine et vigilante"
Malgré ses neuf points d’avance sur le candidat du pouvoir, Jude Célestin, 30% contre 21% dans la dernière enquête d’opinion du BRIDES, la dirigeante du RDNP lance un appel à la "vigilance citoyenne" en vue de barrer la route à toute tentative de fraudes électorales, le 28 novembre Vendredi 12 novembre 2010, Radio Kiskeya
La candidate du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP), Mirlande Manigat, a accueilli vendredi avec "satisfaction et sérénité" les résultats d’un nouveau sondage d’opinion qui lui donne une large avance sur le candidat officiel, Jude Célestin, 30,3% contre 21,7% des intentions de vote, à deux semaines des présidentielles du 28 novembre.
"Si à deux semaines du scrutin, je suis créditée d’un peu plus de 30% d’opinions favorables, je ne vois pas ce qui, dans l’intervalle, pourrait me faire perdre cet avantage. Dans le cas où je n’obtiendrais pas au moins 30% des voix, je m’interrogerais sérieusement là-dessus", a déclaré Mme Manigat placée régulièrement en tête d’une série de quatre sondages publiés depuis septembre.
La secrétaire générale du RDNP précise qu’elle n’a rien à voir avec les commanditaires de ces études dont les résultats favorables sont attribuables, dit-elle, au travail accompli par son équipe.
Dans la nouvelle enquête d’opinion du Bureau de recherche et d’information en développement économique et social (BRIDES) commanditée par le secteur privée, la constitutionnaliste creuse l’écart sur son plus proche poursuivant. Elle arrive en première position dans sept des dix départements du pays, l’ouest (32,5 %), le sud (23,6 %), les Nippes (sud-ouest, 36 %), le Plateau Central (centre, 26,5 %), le nord (26 %), le nord-ouest (54,8 %) et le nord-est (40,2 %).
En perte de vitesse, Jude Célestin de la plateforme présidentielle INITE ne devance plus sa rivale que dans les trois départements restants, le sud-est (32,8 %), la Grande-Anse (sud-ouest, 44,2 %) et l’Artibonite (nord, 39,4 %).
Quoique sérieusement distancés par les deux premiers, le chanteur de Compas Direct Michel Martelly "Sweet Micky" (Repons Peyizan) et le notaire Jean Henry Céant (Renmen Ayiti), réputé proche de Jean-Bertrand Aristide, se classent respectivement troisième (10,8%) et quatrième (8,3%).
Ils précèdent l’industriel Charles Henri Baker de RESPE et l’ex-Premier ministre Jacques-Edouard Alexis totalement décrochés avec 7% des intentions de vote pour le premier et 5,8% pour le second.
En dépit de sa confortable avance d’environ 9 points sur M. Célestin, soit l’écart le plus important entre les deux concurrents depuis le début des sondages, Mirlande Manigat évite d’être triomphaliste et va jusqu’à se montrer préoccupée par d’éventuelles fraudes électorales massives au profit du représentant du pouvoir.
Aussi, appelle-t-elle à une grande mobilisation de l’électorat et à la "vigilance citoyenne" dans les bureaux de vote, le 28 novembre, afin de faire échouer "toute tentative de détournement de la volonté populaire".
Mme Manigat a bénéficié ces dernières semaines d’une succession d’endossements grâce à des alliances conclues notamment avec le Collectif pour le renouveau haïtien (COREH) des Sénateurs Youri Latortue et Evallière Beauplan, le groupe 77 de Me André Michel, l’ex-prêtre Anick Joseph, candidat au Sénat dans l’Artibonite sous la bannière d’Alternative, et le parti Konbit Pou Refè Ayiti de la mairesse de Pétion-Ville, Claire Lydie Parent.
Le quatrième et dernier sondage du BRIDES, réalisé pour le comte du Forum économique du secteur privé, sortira le 25 novembre, trois jours avant le premier tour des présidentielles et législatives. spp/Radio Kiskeya
http://radiokiskeya.com/spip.php?article7224
La candidate du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP), Mirlande Manigat, a accueilli vendredi avec "satisfaction et sérénité" les résultats d’un nouveau sondage d’opinion qui lui donne une large avance sur le candidat officiel, Jude Célestin, 30,3% contre 21,7% des intentions de vote, à deux semaines des présidentielles du 28 novembre.
"Si à deux semaines du scrutin, je suis créditée d’un peu plus de 30% d’opinions favorables, je ne vois pas ce qui, dans l’intervalle, pourrait me faire perdre cet avantage. Dans le cas où je n’obtiendrais pas au moins 30% des voix, je m’interrogerais sérieusement là-dessus", a déclaré Mme Manigat placée régulièrement en tête d’une série de quatre sondages publiés depuis septembre.
La secrétaire générale du RDNP précise qu’elle n’a rien à voir avec les commanditaires de ces études dont les résultats favorables sont attribuables, dit-elle, au travail accompli par son équipe.
Dans la nouvelle enquête d’opinion du Bureau de recherche et d’information en développement économique et social (BRIDES) commanditée par le secteur privée, la constitutionnaliste creuse l’écart sur son plus proche poursuivant. Elle arrive en première position dans sept des dix départements du pays, l’ouest (32,5 %), le sud (23,6 %), les Nippes (sud-ouest, 36 %), le Plateau Central (centre, 26,5 %), le nord (26 %), le nord-ouest (54,8 %) et le nord-est (40,2 %).
En perte de vitesse, Jude Célestin de la plateforme présidentielle INITE ne devance plus sa rivale que dans les trois départements restants, le sud-est (32,8 %), la Grande-Anse (sud-ouest, 44,2 %) et l’Artibonite (nord, 39,4 %).
Quoique sérieusement distancés par les deux premiers, le chanteur de Compas Direct Michel Martelly "Sweet Micky" (Repons Peyizan) et le notaire Jean Henry Céant (Renmen Ayiti), réputé proche de Jean-Bertrand Aristide, se classent respectivement troisième (10,8%) et quatrième (8,3%).
Ils précèdent l’industriel Charles Henri Baker de RESPE et l’ex-Premier ministre Jacques-Edouard Alexis totalement décrochés avec 7% des intentions de vote pour le premier et 5,8% pour le second.
En dépit de sa confortable avance d’environ 9 points sur M. Célestin, soit l’écart le plus important entre les deux concurrents depuis le début des sondages, Mirlande Manigat évite d’être triomphaliste et va jusqu’à se montrer préoccupée par d’éventuelles fraudes électorales massives au profit du représentant du pouvoir.
Aussi, appelle-t-elle à une grande mobilisation de l’électorat et à la "vigilance citoyenne" dans les bureaux de vote, le 28 novembre, afin de faire échouer "toute tentative de détournement de la volonté populaire".
Mme Manigat a bénéficié ces dernières semaines d’une succession d’endossements grâce à des alliances conclues notamment avec le Collectif pour le renouveau haïtien (COREH) des Sénateurs Youri Latortue et Evallière Beauplan, le groupe 77 de Me André Michel, l’ex-prêtre Anick Joseph, candidat au Sénat dans l’Artibonite sous la bannière d’Alternative, et le parti Konbit Pou Refè Ayiti de la mairesse de Pétion-Ville, Claire Lydie Parent.
Le quatrième et dernier sondage du BRIDES, réalisé pour le comte du Forum économique du secteur privé, sortira le 25 novembre, trois jours avant le premier tour des présidentielles et législatives. spp/Radio Kiskeya
http://radiokiskeya.com/spip.php?article7224
Les écrivains Haïtiens au salon Haïti Solidarité
Publié le 13 novembre 2010 Chantal Guy, La Presse
À l'initiative de Rodney Saint-Éloi, directeur des éditions Mémoire d'encrier, qui nous font découvrir les meilleurs écrivains haïtiens, amérindiens et québécois, il y aura «une cour à l'haïtienne» au Salon cette année. «C'est en fait un espace de vie qui sera décoré afin de montrer que le pays est vivant, explique l'éditeur et écrivain, qui vient tout juste de publier le livre Haïti Kenbe La! - 35 secondes et mon pays à reconstruire chez Michel Lafon. «Ce sera l'illustration parfaite de ce que Dany a dit au lendemain du séisme: quand tout tombe, il reste la culture.» Dany Laferrière sera d'ailleurs le président de ce stand spécial, Haïti Solidarité, que les visiteurs pourront fréquenter pendant toute la durée du Salon.
Le but de Rodney Saint-Éloi est de faire rencontrer les cultures haïtienne et québécoise par l'entremise de la littérature depuis qu'il s'est installé au Québec, il y a une dizaine d'années, en fait. Le séisme du 12 janvier a créé chez les Québécois un besoin d'en savoir plus sur son pays natal, dit-il. «Je pense qu'on a dépassé la phase "exotique", les gens ont envie de mieux connaître Haïti.»
La littérature est là pour ça. Ils seront 17 écrivains, de la diaspora ou du Québec, à dynamiser le stand. Nous aurons la visite de Lyonel Trouillot, Gary Victor, Emmelie Prophète, Kettly Mars, Makenzy Orcel, Pierre Buteau, Leslie Péan et Christophe Charles. Les auteurs haïtiens du Québec, outre Dany Laferrière et Rodney Saint-Éloi bien sûr, seront Stanley Péan, Marie-Célie Agnant, Franz Benjamin, Gary Klang, Joe Jack, Lenous Suprice et Joël Des Rosiers.
Depuis deux ans, les écrivains haïtiens ne cessent de rafler des prix littéraires prestigieux, le plus célèbre au Québec étant le Médicis de Dany Laferrière pour L'énigme du retour, évidemment. Ce qui démontre hors de tout doute le caractère très contemporain de cette littérature qui touche la réalité de plusieurs continents dans un monde sans cesse en mutation. C'est aussi une autre façon de reconstruire Haïti. «Quand on pense à la reconstruction, on pense tout de suite aux murs, mais il y a la culture, souligne Rodney Saint-Éloi. L'imaginaire est tout aussi important que la réalité, parce que le pays est d'abord une projection de l'imaginaire. L'imaginaire crée le pays, et les murs vont suivre. Et qui de mieux que les écrivains pour faire entrer les gens dans leur pays?»
Haïti Solidarité présente aussi la table ronde Écrire le séisme, avec Dany Laferrière, Makenzy Orcel et Rodney Saint-Éloi dimanche, 13h, à la Grande Place.
http://www.cyberpresse.ca/arts/dossiers/salon-du-livre-de-montreal-2010/201011/10/01-4341244-les-ecrivains-haitiens-au-salon-haiti-solidarite.php
À l'initiative de Rodney Saint-Éloi, directeur des éditions Mémoire d'encrier, qui nous font découvrir les meilleurs écrivains haïtiens, amérindiens et québécois, il y aura «une cour à l'haïtienne» au Salon cette année. «C'est en fait un espace de vie qui sera décoré afin de montrer que le pays est vivant, explique l'éditeur et écrivain, qui vient tout juste de publier le livre Haïti Kenbe La! - 35 secondes et mon pays à reconstruire chez Michel Lafon. «Ce sera l'illustration parfaite de ce que Dany a dit au lendemain du séisme: quand tout tombe, il reste la culture.» Dany Laferrière sera d'ailleurs le président de ce stand spécial, Haïti Solidarité, que les visiteurs pourront fréquenter pendant toute la durée du Salon.
Le but de Rodney Saint-Éloi est de faire rencontrer les cultures haïtienne et québécoise par l'entremise de la littérature depuis qu'il s'est installé au Québec, il y a une dizaine d'années, en fait. Le séisme du 12 janvier a créé chez les Québécois un besoin d'en savoir plus sur son pays natal, dit-il. «Je pense qu'on a dépassé la phase "exotique", les gens ont envie de mieux connaître Haïti.»
La littérature est là pour ça. Ils seront 17 écrivains, de la diaspora ou du Québec, à dynamiser le stand. Nous aurons la visite de Lyonel Trouillot, Gary Victor, Emmelie Prophète, Kettly Mars, Makenzy Orcel, Pierre Buteau, Leslie Péan et Christophe Charles. Les auteurs haïtiens du Québec, outre Dany Laferrière et Rodney Saint-Éloi bien sûr, seront Stanley Péan, Marie-Célie Agnant, Franz Benjamin, Gary Klang, Joe Jack, Lenous Suprice et Joël Des Rosiers.
Depuis deux ans, les écrivains haïtiens ne cessent de rafler des prix littéraires prestigieux, le plus célèbre au Québec étant le Médicis de Dany Laferrière pour L'énigme du retour, évidemment. Ce qui démontre hors de tout doute le caractère très contemporain de cette littérature qui touche la réalité de plusieurs continents dans un monde sans cesse en mutation. C'est aussi une autre façon de reconstruire Haïti. «Quand on pense à la reconstruction, on pense tout de suite aux murs, mais il y a la culture, souligne Rodney Saint-Éloi. L'imaginaire est tout aussi important que la réalité, parce que le pays est d'abord une projection de l'imaginaire. L'imaginaire crée le pays, et les murs vont suivre. Et qui de mieux que les écrivains pour faire entrer les gens dans leur pays?»
Haïti Solidarité présente aussi la table ronde Écrire le séisme, avec Dany Laferrière, Makenzy Orcel et Rodney Saint-Éloi dimanche, 13h, à la Grande Place.
http://www.cyberpresse.ca/arts/dossiers/salon-du-livre-de-montreal-2010/201011/10/01-4341244-les-ecrivains-haitiens-au-salon-haiti-solidarite.php
Quand les ONG sont coupables
Publié le 13 novembre 2010
Mathieu Perreault, La Presse
Les organismes humanitaires prolongent les conflits en soignant les soldats et en enlevant aux combattants la responsabilité de gérer les populations civiles. Telle est la thèse de la journaliste néerlandaise Linda Polman dans son plus récent ouvrage, War Games, après avoir dénoncé l'inefficacité des missions de maintien de la paix de l'ONU dans son livre We Did Nothing. La Presse s'est entretenue avec elle.
Q : Est-ce que les interventions humanitaires prolongent les guerres?
R : Oui, certainement. Avant l'invention de la Croix-Rouge, les armées avaient la responsabilité de gérer les populations civiles. Leur sort était peu enviable, mais aucun général ne veut avoir affaire à une horde d'affamés qui n'ont plus rien à perdre. Ça forçait les combattants à limiter les effets de la guerre à quelque chose d'acceptable. Les hôpitaux civils devaient continuer à fonctionner pour que les hôpitaux militaires puissent se concentrer sur les soldats. Maintenant, les ONG s'occupent de la population civile. Les soldats peuvent même se faire soigner dans leurs hôpitaux. Les combattants sont libres de semer la désolation autour d'eux parce qu'ils savent que quelqu'un d'autre recollera les morceaux. En Sierra Leone, les rebelles ont même justifié les amputations qu'ils infligeaient aux enfants par le fait que c'était une manière d'attirer l'intervention internationale. Les ONG provoquent la surenchère de l'horreur.
Q : Les interventions humanitaires après les désastres naturels ont-ils aussi des effets néfastes?
R : Non, pourvu que les ONG ne servent pas d'outil politique ou militaire. Cela dit, il faut toujours tenir compte du potentiel de déstabilisation économique et politique des injections massives de capitaux qui accompagnent les missions humanitaires.
Q : Pouvez-vous parler plus particulièrement du problème du Congo?
R : Les ONG qui se trouvaient dans les camps de réfugiés hutus soignaient des soldats qui ensuite prolongeaient la guerre. Les milices hutues régentaient l'accès aux camps et la distribution des vivres et des médicaments. Quand des ONG sont parties pour protester contre la situation, des ONG rivales se sont battues pour prendre leur place. Je pense que l'ONU aurait dû établir cette responsabilité des ONG dans son récent rapport.
Q : Les problèmes liés à l'intervention humanitaire durant les guerres sont-ils récents?
R : Que se serait-il passé si les nazis n'avaient pas eu l'aide de la Croix-Rouge, qui apportait des colis aux prisonniers des camps de concentration? En se taisant, la Croix-Rouge a en quelque sorte dédouané le Troisième Reich. Plus près de nous, on peut penser au Biafra, au début des années 70: la guerre civile se serait terminée beaucoup plus rapidement si le gouvernement biafrais n'avait pas eu l'aide des ONG pour nourrir la population civile.
Q : La Chine offre-t-elle un modèle de développement différent de l'Occident dans ses relations commerciales avec l'Afrique?
R : La Chine n'offre pas d'aide à l'Afrique, elle y fait des affaires. Et les affaires peuvent être sales, tout comme l'aide. De l'autre côté, l'Occident prétend offrir de l'aide alors que, en réalité, il cherche à faire avancer ses propres intérêts commerciaux. Nous déstabilisons les économies des pays qui reçoivent de l'aide. Au plan de la corruption, dont on accuse souvent la Chine en Afrique, je ne crois pas que les lois qui interdisent cette pratique en Occident soient si efficaces. Par exemple, les banques britanniques ou suisses qui acceptent l'argent criminel des pays du tiers-monde sont à mon avis tout aussi corrompues.
Q : Que pensez-vous des pillages d'entrepôts d'aide humanitaire et des enlèvements de travailleurs humanitaires?
R : On exagère la plupart du temps. En Haïti, en 1995, j'ai été témoin de l'arrivée des soldats américains. Des foules de pauvres étaient venues pour saluer leurs sauveurs. Les soldats américains ont eu peur d'eux. Ils ont vu arriver les Lexus et les Audi des riches Haïtiens et ils ont repoussé la foule pour les laisser passer. Mais les victimes, ce n'était pas les riches dans les grosses voitures. Après le tremblement de terre en Haïti en janvier dernier, une équipe médicale belge a abandonné une clinique parce que les soldats de l'ONU ne voulaient pas en assurer la protection. Une équipe de CNN ayant à sa tête le correspondant médical Sanjay Gupta s'y est installée et a fait le travail sans subir aucune violence.
Q : Comment en êtes-vous venue à vous intéresser aux Casques bleus et à l'aide humanitaire?
R : Au début de ma carrière, je faisais des reportages de tourisme en Afrique pour des quotidiens néerlandais. Je me suis retrouvée en Somalie en 1993 et j'ai trouvé l'intervention de l'ONU absolument fascinante. Les Casques bleus pakistanais tentaient tout simplement de survivre. Leur mandat était inadéquat et ils n'avaient aucune infrastructure militaire. On avait envoyé des préposés à la circulation pour endiguer une guerre civile. Ils n'avaient ni le mandat ni les capacités de se battre ou d'arrêter les chefs de guerre.
Q : Pourquoi les Casques bleus n'ont-ils pas un mandat adéquat?
R : Parce que l'ONU est un grand jeu politique. Un diplomate américain m'a déjà dit que les résolutions de l'ONU, c'est comme de la saucisse: il vaut mieux ne pas savoir de quoi elles sont faites. Les pays autocratiques ne veulent pas que soient condamnées des pratiques auxquelles ils se livrent eux-mêmes. Les pays industrialisés et émergents ne veulent pas s'aliéner leurs partenaires commerciaux ou leurs alliés stratégiques.
Q : Cela signifie que vous êtes d'accord avec des interventions militaires contre des régimes autocratiques, par exemple l'invasion américaine de l'Irak en 2003?
R : Non, pas du tout. Je ne suis pas toujours en faveur des interventions unilatérales. Elles devraient être réservées aux cas de génocide. Je ne suis pas spécialiste de l'Irak, mais je crois que les États-Unis avaient des raisons politiques égoïstes d'y intervenir. En même temps, je sais que c'est une utopie de penser que les puissances militaires comme les États-Unis et la France interviendront pour stopper les génocides.
Q : Avez-vous un exemple d'une mission réussie des Casques bleus?
R : En Haïti au milieu des années 90. L'armée américaine a pris la place des autorités locales. Les Casques bleus se sont limités à transporter et à former les policiers locaux, à garder les prisons
http://www.cyberpresse.ca/dossiers/les-grandes-entrevues/201011/13/01-4342442-quand-les-ong-sont-coupables.php
Commentaires:
LES ONGs EN QUESTION!
Il faut avoir du courage et une certaine valeur morale pour toucher aux intouchables. Et aujourd'hui les ONGs sont de véritables intouchables. Qui oseraient critiquer l'actions de ces institutions presque divinisées qui empêchent des millions et des millions de décès dans les pays pauvres et les pays touchés par des catastrophes humaines (guerres et corruption) et naturelles?
Cependant on devrait se demander pourquoi il n'y a pas d'ONGs actives dans les pays riches ou developpées? Et pourquoi l'action des ONGs n'est jamais limitée dans le temps dans les pays pauvres?
Les ONGs qui se targuent d'être sur le terrain depuis 40 ans et qui continuent à gérer des situations d'urgences ne devraient -elles pas questionner leur méthodologies et leus champs d'action?
L'auteur parle d'injections d'argent qui tuent l'économie locale sans établir des nuances dans la destinantion réelle des fonds alloués.
Aujourd'hui de la même façon que des questionnements voire des critiques et des condamnations se font sur la gestion de certains gouvernements, on s'attend à ce que l'action des ONGs soient évaluées par des mécanismes exogènes.
De toutes les façons, crise financière oblige il faudra un jour modifier des paradigmes pour que les ONGs ressentent moins d'allergie à travailler avec les autorités locales des pays.
Mathieu Perreault, La Presse
Les organismes humanitaires prolongent les conflits en soignant les soldats et en enlevant aux combattants la responsabilité de gérer les populations civiles. Telle est la thèse de la journaliste néerlandaise Linda Polman dans son plus récent ouvrage, War Games, après avoir dénoncé l'inefficacité des missions de maintien de la paix de l'ONU dans son livre We Did Nothing. La Presse s'est entretenue avec elle.
Q : Est-ce que les interventions humanitaires prolongent les guerres?
R : Oui, certainement. Avant l'invention de la Croix-Rouge, les armées avaient la responsabilité de gérer les populations civiles. Leur sort était peu enviable, mais aucun général ne veut avoir affaire à une horde d'affamés qui n'ont plus rien à perdre. Ça forçait les combattants à limiter les effets de la guerre à quelque chose d'acceptable. Les hôpitaux civils devaient continuer à fonctionner pour que les hôpitaux militaires puissent se concentrer sur les soldats. Maintenant, les ONG s'occupent de la population civile. Les soldats peuvent même se faire soigner dans leurs hôpitaux. Les combattants sont libres de semer la désolation autour d'eux parce qu'ils savent que quelqu'un d'autre recollera les morceaux. En Sierra Leone, les rebelles ont même justifié les amputations qu'ils infligeaient aux enfants par le fait que c'était une manière d'attirer l'intervention internationale. Les ONG provoquent la surenchère de l'horreur.
Q : Les interventions humanitaires après les désastres naturels ont-ils aussi des effets néfastes?
R : Non, pourvu que les ONG ne servent pas d'outil politique ou militaire. Cela dit, il faut toujours tenir compte du potentiel de déstabilisation économique et politique des injections massives de capitaux qui accompagnent les missions humanitaires.
Q : Pouvez-vous parler plus particulièrement du problème du Congo?
R : Les ONG qui se trouvaient dans les camps de réfugiés hutus soignaient des soldats qui ensuite prolongeaient la guerre. Les milices hutues régentaient l'accès aux camps et la distribution des vivres et des médicaments. Quand des ONG sont parties pour protester contre la situation, des ONG rivales se sont battues pour prendre leur place. Je pense que l'ONU aurait dû établir cette responsabilité des ONG dans son récent rapport.
Q : Les problèmes liés à l'intervention humanitaire durant les guerres sont-ils récents?
R : Que se serait-il passé si les nazis n'avaient pas eu l'aide de la Croix-Rouge, qui apportait des colis aux prisonniers des camps de concentration? En se taisant, la Croix-Rouge a en quelque sorte dédouané le Troisième Reich. Plus près de nous, on peut penser au Biafra, au début des années 70: la guerre civile se serait terminée beaucoup plus rapidement si le gouvernement biafrais n'avait pas eu l'aide des ONG pour nourrir la population civile.
Q : La Chine offre-t-elle un modèle de développement différent de l'Occident dans ses relations commerciales avec l'Afrique?
R : La Chine n'offre pas d'aide à l'Afrique, elle y fait des affaires. Et les affaires peuvent être sales, tout comme l'aide. De l'autre côté, l'Occident prétend offrir de l'aide alors que, en réalité, il cherche à faire avancer ses propres intérêts commerciaux. Nous déstabilisons les économies des pays qui reçoivent de l'aide. Au plan de la corruption, dont on accuse souvent la Chine en Afrique, je ne crois pas que les lois qui interdisent cette pratique en Occident soient si efficaces. Par exemple, les banques britanniques ou suisses qui acceptent l'argent criminel des pays du tiers-monde sont à mon avis tout aussi corrompues.
Q : Que pensez-vous des pillages d'entrepôts d'aide humanitaire et des enlèvements de travailleurs humanitaires?
R : On exagère la plupart du temps. En Haïti, en 1995, j'ai été témoin de l'arrivée des soldats américains. Des foules de pauvres étaient venues pour saluer leurs sauveurs. Les soldats américains ont eu peur d'eux. Ils ont vu arriver les Lexus et les Audi des riches Haïtiens et ils ont repoussé la foule pour les laisser passer. Mais les victimes, ce n'était pas les riches dans les grosses voitures. Après le tremblement de terre en Haïti en janvier dernier, une équipe médicale belge a abandonné une clinique parce que les soldats de l'ONU ne voulaient pas en assurer la protection. Une équipe de CNN ayant à sa tête le correspondant médical Sanjay Gupta s'y est installée et a fait le travail sans subir aucune violence.
Q : Comment en êtes-vous venue à vous intéresser aux Casques bleus et à l'aide humanitaire?
R : Au début de ma carrière, je faisais des reportages de tourisme en Afrique pour des quotidiens néerlandais. Je me suis retrouvée en Somalie en 1993 et j'ai trouvé l'intervention de l'ONU absolument fascinante. Les Casques bleus pakistanais tentaient tout simplement de survivre. Leur mandat était inadéquat et ils n'avaient aucune infrastructure militaire. On avait envoyé des préposés à la circulation pour endiguer une guerre civile. Ils n'avaient ni le mandat ni les capacités de se battre ou d'arrêter les chefs de guerre.
Q : Pourquoi les Casques bleus n'ont-ils pas un mandat adéquat?
R : Parce que l'ONU est un grand jeu politique. Un diplomate américain m'a déjà dit que les résolutions de l'ONU, c'est comme de la saucisse: il vaut mieux ne pas savoir de quoi elles sont faites. Les pays autocratiques ne veulent pas que soient condamnées des pratiques auxquelles ils se livrent eux-mêmes. Les pays industrialisés et émergents ne veulent pas s'aliéner leurs partenaires commerciaux ou leurs alliés stratégiques.
Q : Cela signifie que vous êtes d'accord avec des interventions militaires contre des régimes autocratiques, par exemple l'invasion américaine de l'Irak en 2003?
R : Non, pas du tout. Je ne suis pas toujours en faveur des interventions unilatérales. Elles devraient être réservées aux cas de génocide. Je ne suis pas spécialiste de l'Irak, mais je crois que les États-Unis avaient des raisons politiques égoïstes d'y intervenir. En même temps, je sais que c'est une utopie de penser que les puissances militaires comme les États-Unis et la France interviendront pour stopper les génocides.
Q : Avez-vous un exemple d'une mission réussie des Casques bleus?
R : En Haïti au milieu des années 90. L'armée américaine a pris la place des autorités locales. Les Casques bleus se sont limités à transporter et à former les policiers locaux, à garder les prisons
http://www.cyberpresse.ca/dossiers/les-grandes-entrevues/201011/13/01-4342442-quand-les-ong-sont-coupables.php
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LES ONGs EN QUESTION!
Il faut avoir du courage et une certaine valeur morale pour toucher aux intouchables. Et aujourd'hui les ONGs sont de véritables intouchables. Qui oseraient critiquer l'actions de ces institutions presque divinisées qui empêchent des millions et des millions de décès dans les pays pauvres et les pays touchés par des catastrophes humaines (guerres et corruption) et naturelles?
Cependant on devrait se demander pourquoi il n'y a pas d'ONGs actives dans les pays riches ou developpées? Et pourquoi l'action des ONGs n'est jamais limitée dans le temps dans les pays pauvres?
Les ONGs qui se targuent d'être sur le terrain depuis 40 ans et qui continuent à gérer des situations d'urgences ne devraient -elles pas questionner leur méthodologies et leus champs d'action?
L'auteur parle d'injections d'argent qui tuent l'économie locale sans établir des nuances dans la destinantion réelle des fonds alloués.
Aujourd'hui de la même façon que des questionnements voire des critiques et des condamnations se font sur la gestion de certains gouvernements, on s'attend à ce que l'action des ONGs soient évaluées par des mécanismes exogènes.
De toutes les façons, crise financière oblige il faudra un jour modifier des paradigmes pour que les ONGs ressentent moins d'allergie à travailler avec les autorités locales des pays.
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