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dimanche 11 avril 2010

ASSEZ DE DISCOURS, PLUS D'ACTION

Vincent Marissal, envoyé spécial, La Presse (Port-au-Prince) Situation chaotique dans les rues de la capitale, plan d'urgence de plusieurs milliards de dollars, engagement de la diaspora, élections et relations entre gouvernement et ONG, notre chroniqueur a fait le tour de ces questions, jeudi matin, lors d'une longue entrevue avec le premier ministre d'Haïti, Jean-Max Bellerive, à sa résidence officielle de Port-au-Prince.
Jeudi matin, dans le jardin de la Primature, le premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive, et la ministre canadienne responsable de l'ACDI, Bev Oda, annoncent quelques millions pour un hôpital.
Juste quelques mètres derrière, la résidence officielle extrêmement fissurée, une poutre de soutènement bien en vue pour retenir une partie de la devanture de la grande maison.
«Nous sommes ici pour servir Haïti et nous discutons avec le gouvernement de la meilleure façon de le faire», dit Mme Oda en réponse à un journaliste haïtien.
Cette réponse, et la réponse du Canada à l'ONU la semaine dernière (un ajout de 400 millions et l'appui à une commission mixte gouvernement haïtien-communauté internationale), marque tout un changement de cap.
Il y a quelques semaines à peine, tout juste après le tremblement de terre, un collaborateur de Mme Oda a indiqué à La Presse qu'Ottawa préfère passer par les ONG pour le financement parce qu'on ne fait pas confiance aux autorités haïtiennes. Ce sentiment était largement partagé dans la communauté internationale, si bien que depuis trois ans, 80% de l'aide à Haïti était versée aux ONG et seulement 20% au gouvernement.
Cette tendance vient d'être inversée, ce qui réjouit le premier ministre Bellerive, qui souligne que ce modèle a été proposé par la communauté internationale.
«La solidarité internationale, ça ne dure jamais longtemps, dit M. Bellerive dans une longue entrevue à La Presse dans les jardins de sa maison. Nous avons besoin d'un plan et tout tourne autour d'une agence de développement (gouvernementale).
«La société civile et les ONG ne sont pas heureuses puisque l'argent passera par le gouvernement alors qu'avant, c'était par elles, reprend-il. C'est pour ça que l'on ressort les histoires de corruption et de dictature maintenant. Mais depuis trois ans, 80% de l'argent passait par les ONG et seulement 20% par l'État. Pourtant, nous n'avons pas vu d'amélioration notable pour le peuple haïtien. S'il y a effectivement corruption, le gouvernement ne peut être responsable de plus de 20%!»
Il s'agit d'une victoire pour le gouvernement haïtien, certes, mais parmi les pays donateurs, les inquiétudes quant à la corruption et au manque de transparence ne s'effaceront pas du jour au lendemain. Cela fait des décennies que la communauté internationale pompe en vain de l'argent dans ce pays.
La meilleure garantie de transparence, affirme M. Bellerive, passe par le gouvernement haïtien, qui travaillera pendant les 18 prochains mois avec la communauté internationale.
«Je dis aux Canadiens: gardez les yeux ouverts, ce sera transparent. Il est plus transparent de donner aux gouvernements qu'à des organisations qui n'ont pas de comptes à rendre.»
Les ONG sont pleines de bonne volonté, mais elles ne rendent pas toujours service, ajoute-t-il.
«Certaines ONG recevaient autant d'argent que moi (au gouvernement), sans avoir de comptes à rendre. Elles pouvaient, par exemple, ouvrir 300 écoles sans se consulter et sans nous consulter pour connaître nos besoins et nous nous retrouvons avec ces écoles après et avec les salaires à payer.»
Ces propos risquent d'être reçus très durement parmi les ONG, mais on ne pourra pas accuser Jean-Max Bellerive de pratiquer la langue de bois.
Même chose lorsqu'il parle de la diaspora, déjà irritée par ses propos des dernières semaines.
À la conférence de Montréal, fin janvier, Jean-Max Bellerive lui avait lancé un premier appel. Cet appel a-t-il été entendu?
«Oui, mais comme je le pensais, dit-il. La diaspora veut «sauver Haïti», mais je souhaiterais qu'elle s'engage dans ce sauvetage. Elle en a la capacité, les moyens et la formation. On réfléchit beaucoup dans la diaspora, on discute. Je n'ai rien contre la réflexion, mais j'ai besoin d'action. Mon attente est un peu déçue en ce sens»
Selon Jean-Max Bellerive, les membres de la diaspora critiquent beaucoup le gouvernement, «qui ne comprend pas la diaspora», mais ses membres ne sont pas toujours prêts à faire le sacrifice de revenir en Haïti.

«Si Haïti était le Canada, ces gens n'auraient pas quitté Haïti! S'il leur faut les grands hôtels et les grosses maisons et ce qu'ils ont ailleurs, ils ne reviendront pas.»



Aucune tentation dictatoriale

En plus de récupérer la part du lion de l'aide internationale, le gouvernement haïtien vient aussi de faire adopter une loi prolongeant de 18 mois et renforçant les mesures d'urgence.

Cette loi crée aussi la commission intérimaire mixte (gouvernement haïtien-communauté internationale) qui dirigera pendant 18 mois le plan de reconstruction de 10 milliards.

Cette loi d'urgence permet, notamment, au gouvernement de déplacer des gens et de les reloger ailleurs, d'ordonner la fermeture ou la démolition d'établissements, d'immeubles ou ouvrages, de passer des contrats et de décaisser des fonds rapidement, d'obliger les radios à diffuser des messages, etc. Elle donne techniquement un droit de veto au président, admet son premier ministre.

Le peuple dans la rue, dans son immense majorité, n'a aucune idée de ce que contient cette loi (ou même de son existence, d'ailleurs), mais au sein de l'opposition, on craint les dérives autoritaires, jamais très loin dans l'imaginaire haïtien.

Pas le choix, rétorque Jean-Max Bellerive. Aux grandes catastrophes, les grands moyens.

«Jamais un pays n'a été aussi durement touché par une catastrophe que le nôtre, qui est en plus le pays le plus pauvre des Amériques. Ça prend des mesures d'exception. Mais parler de dérive dictatoriale, c'est absurde. Nous n'avons aucune tentation totalitaire et puis, de toute façon, nous n'en n'aurions pas les moyens. Nous n'avons pas d'armée, pas d'équipement, pas d'infrastructures.»

La priorité absolue dans les prochains jours, ajoute le premier ministre, c'est de déplacer les populations les plus à risque dans les camps de fortune de la capitale. Avant les pluies, attendues dès la semaine prochaine (quoiqu'il pleut déjà régulièrement en fin de soirée).

Avec la loi d'urgence, l'État pourra chasser les réfugiés de certains camps particulièrement précaires.

Le déblaiement, le ramassage et, ultérieurement, la reconstruction viendront plus tard.

«Nous avons besoin de la loi d'urgence, insiste M. Bellerive. Un exemple: en ce moment, la loi dit que l'État doit obtenir la permission du propriétaire d'une maison avant d'entrer sur son terrain. Bien souvent, les propriétaires sont morts ou vivent à l'étranger. Il va pourtant falloir démolir ces maisons dangereuses.»


Des élections dans ce chaos?
La crainte des opposants (aussi nombreux que divisés, ici!) est accentuée par le fait que la tenue d'élections présidentielles en novembre est improbable dans les circonstances, selon plusieurs.
Si le scénario de l'annulation des élections se concrétise, le président Préval (qui termine son deuxième et dernier mandat) pourrait rester et gouverner par décret, ce que prévoit la loi.

Ces craintes sont infondées, réplique le premier ministre (dont le mandat se termine aussi avec le départ du président qui l'a nommé).

«Nous devons avoir des élections, les législatives et les présidentielles en même temps, fin novembre ou début décembre. C'est la position du gouvernement», dit-il.

(À l'origine, les législatives devaient avoir lieu en février, mais elles ont été annulées pour des raisons évidentes. Les présidentielles sont prévues pour novembre.)

La grande question est de savoir s'il est possible - voire souhaitable - de tenir des élections dans un chaos semblable.

Dans un rapport à paraître, l'ONU en arrivera apparemment à la conclusion qu'il est possible d'organiser un scrutin.

En circulant dans les rues de Port-au-Prince, on imagine mal comment l'État réussira à faire le recensement nécessaire à la tenue d'élections, mais quant à la faisabilité du scrutin lui-même, les experts en la matière font valoir qu'Haïti n'est pas plus chaotique que l'Afghanistan ou que l'Irak, où ont eu lieu des élections.
Les Haïtiens interrogés sur la pertinence et la nécessité de tenir des élections maintenant ont tous la même réaction, que résume ici Ralph, jeune homme qui accompagne La Presse ces jours-ci: «Des élections? Est-ce que l'on n'a pas des choses plus urgentes à faire?»
Cela dit, s'il n'y a pas d'élections, le président Préval reste en poste, une perspective qui n'enthousiasme pas beaucoup plus les Haïtiens.

Et le premier ministre Bellerive, plutôt bien coté par les gouvernements étrangers, serait-il prêt à prolonger son séjour au pouvoir?

«Je ne veux pas fermer cette porte maintenant, mais je ne pense pas vraiment à ça pour le moment», répond-il.


L'ÉTAT DU PAYS EN CHIFFRES, TROIS MOIS PLUS TARD
212 000: Nombre de morts (officiellement)
300 000: Nombre de morts (officieusement). Le premier ministre Bellerive estime que le nombre de morts pourrait atteindre ce total effarant.
«On trouve encore régulièrement des morts dans le ramassage des débris, mais ils ne sont pas comptabilisés. Ce serait trop difficile. Comme on n'a même pas encore vraiment commencé le ramassage, c'est certain qu'il en reste encore beaucoup. Plus tous les morts enterrés dans les jardins privés ou jetés dans les fosses communes.»


600 000: Nombre estimé de personnes sans-abri à Port-au-Prince à la suite du séisme.
1,5 million: Nombre de réfugiés dans les camps.
10 milliards: Argent promis par la communauté internationale (pour le moment, mais ce n'est pas tout), dont 80% passera par le gouvernement haïtien. Du total, 400 millions proviennent du Canada, tel qu'annoncé lors de la conférence de l'ONU, la semaine dernière

Bilan
Bilan de la Croix-Rouge internationale après trois mois: 150 000 enfants vaccinés, 16 millions de messages textes de sensibilisation et de promotion de campagnes sanitaires et médicales envoyés, distribution d'assistance humanitaire d'urgence à 5000 à 10 000 personnes par jour


http://www.cyberpresse.ca/international/amerique-latine/seisme-en-haiti/la-presse-en-haiti/201004/10/01-4269141-haiti-treve-de-discussions-cest-le-temps-de-laction.php

René Préval à camp Corail

Les Nations unies ont ouvert, samedi, à 20 km de Port-au-Prince, leur premier camp destiné à accueillir les victimes du séisme. Aménagé avec l'aide de l'armée américaine, le site doit accueillir 8 000 personnes dans l'immédiat. Les travaux d'aménagement se poursuivent alors que les premières familles arrivent. «Y'a plein de poussière, y'a rien», dit Johanna, en découvrant avec sa mère et ses deux soeurs le premier camp de déplacés ouvert samedi par l'ONU, leur nouveau domicile.
«C'est pourquoi des engins sont en train de compacter la poussière», explique le Président René Préval, en pointant du doigt des bulldozers et des rouleaux compresseurs en train de déposer et tasser du remblais. «Des rues et des infrastructures seront construites. Une vraie communauté» assure-t-il.
Réfugiée depuis la catastrophe, au golf de Pétion-Ville, sur les hauteurs de Port-au-Prince, la famille Archiles était en danger, comme environ 7.500 personnes de ce camp de quelque 50.000 sinistrés, l'un des sept de la capitale dévastée jugés à hauts-risques par l'ONU. Leur abri de fortune avait été érigé dans une zone susceptible d'être emportée par des coulées de boues ou de subir un glissement de terrain.
N'ayant nulle part où aller, elles ont accepté de partir à 20 km au nord de la ville, là où les Nations unies et l'armée américaine viennent d'aménager un camp capable d'accueillir 8.000 personnes dans l'immédiat.

À leur descente du bus, des haïtiennes expriment leurs inquiétudes. «C'est la première fois que des gens vont vivre ici. Comment va-t-on travailler ?», s'interroge Eunite Pierre-Paul, 23 ans, esthéticienne avant le séisme. Sa mère elle est marchande de légumes.

Pour le moment, seules quelques douches, des latrines et une vingtaine de longues tentes blanches ont été installées. L'école est en travaux, l'aménagement du camps n'en est qu'à ses début.

Dans la journée de dimanche, plusieurs centaines de sinistrés du golf, volontaires au départ, rejoindront le site, et ainsi de suite pendant dix jours, précise le major brésilien Yvon Werneck, qui travail sur ce projet depuis un mois.

Tous ceux qui resteront deux semaines recevront 50 dollars.

Venu inspecter les travaux, le général Ken Keen, qui dirige les troupes américaines en Haïti, est interpellé par un habitant du camp faisant face à Corail. «Vous devez faire la même chose pour nous. J'ai sept enfants, mais rien pour les nourrir ni pour les envoyer à l'école», dit-t-il au haut-gradé, par l'intermédiaire d'un officier de l'US Navy parlant créole. «C'est tout à fait légitime. Il faut en parler aux autorités locales. Mais vous devez comprendre que l'on essaie de trouver des solutions pour ceux dont la vie est en danger à Port-au-Prince», explique le général.

Les Archilles avoir découvert leur nouveau domicile, ont retrouvé le sourire. «Bienvenu chez nous!», lance Johanna, 18 ans, pendant que sa petite soeur de 8 ans se cache dans la chambre de l'abri de toile et que l'aînée attend avec impatience la distribution de nourriture.

N/ Radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=17490

Haiti-Stade Sylvio Cator: On nous expulse comme des animaux

Dans une atmosphère de colère et de désespoir, les autorités haïtiennes ont poursuivi samedi l'évacuation commencée la veille du stade national d'Haïti Sylvio Cator, transformé en centre d'hébergement depuis le séisme du 12 janvier. Plus de 7,000 personnes soit près de 1200 familles vivaient sur le gazon synthétique et dans les tribunes du stade depuis le séisme.
Des détachements de la police nationale d'Haïti (PNH) ont entrepris vendredi soir de détruire les tentes et habitations de fortune. Avant de tenter de vider le stade, les responsables ont remis des tentes aux occupants en les priant de quitter les lieux qui doivent subir des réparations en prévision de la prochaine reprise des activités sportives suspendues depuis le 12 janvier.
«Ce terrain a accueilli des compétitions internationales officielles, le roi Pelé a joué ici, Ronaldo, Ronaldinho et compagnie. C'est aussi ici qu'Haïti a obtenu son unique qualification à une phase finale de coupe du monde de football, en 1974», explique Rolny Saint-Louis directeur du stade.






«Il faut faire revivre le football. Il y a des joueurs qui attendent de pouvoir rejouer et nourrir leurs familles de leur métier», a soutenu M. Saint-Louis chahuté par des sans abri qui l'accusent d'avoir utilisé la force pour les déloger.
«Quand on nous expulse comme des animaux sans nous dire où nous allons dormir le soir, sans nous offrir une alternative, c'est irresponsable car des familles vont finir dans la rue», s'est exclamée Edelyne dont la mère souffre de graves blessures à la tête reçues lors du séisme.
«Nous sommes obligés d'abandonner les lieux, mais nous ne savons pas où nous allons poser les maigres biens récupérés de notre maison détruite», se lamente Laurette mère de quatre enfants, debout devant son ancienne demeure faite de morceaux de toiles et de bouts de plastique.
«Rien n'a été préparé pour les accueillir dans un autre centre. Le gouvernement n'est pas sérieux. Dans n'importe quel autre pays ont aurait fait différemment. On ne respecte pas les gens ici», peste Ricard Pierre, errant au milieu du stade.
Après avoir pris le contrôle du stade, les responsables vont travailler avec l'aide des Taïwanais qui ont promis d'installer une nouvelle pelouse et de réparer les tribunes avant la reprise du championnat de football.
De fortes averses tombées vendredi soir sur la capitale ont surpris de nombreuses familles délogées qui n'avaient pas encore réussi à trouver un autre abri.
N/ Radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=17489

Haïti-Élection : Mission de l'OEA en Haïti

L'Ambassadeur et Secrétaire général adjoint de l'Organisation des États Américains (OEA) Albert Ramdin, dirigera une mission en Haïti du 8 au 10 avril à la demande du Gouvernement d'Haïti. Cette mission cherchera à engager les autorités haïtiennes et les autres parties prenantes importantes dans l'ordre du jour électoral du pays. Le processus électoral en Haïti ayant été brusquement interrompu à la suite du tremblement de terre du 12 Janvier.
 «A ce stade et compte tenu des tâches énorme de reconstruction à venir, il est essentiel pour aider Haïti, d'assurer la continuité des affaires de l'État et de défendre la légitimité des autorités issues de la volonté du peuple», a déclaré le Secrétaire général Adjoint.

Au cours de la visite de deux jours, la mission de l'OEA s'entretiendra avec le président René Préval et le son Premier ministre Jean-Max Bellerive, ainsi que d'autres ministres du gouvernement. La délégation composée de 6 personnes, rencontrera également la Commission électorale provisoire (CEP), les partis politiques nationaux, le secteur privé et la société civile. Albert Ramdin a souligné que «ces consultations permettront à l'OEA de mieux aider Haïti dans la planification et la préparation des élections, de concert avec les partenaires internationaux».

L'ambassadeur Albert Ramdin a également indiqué que «plusieurs autres questions importantes seront abordées, y compris les opérations concernant le programme du registre d'état civil, le lancement d'un projet de modernisation du cadastre, et les moyens de faire progresser la gouvernance, le renforcement des capacités institutionnelles et le renforcement des programmes en Haïti».
N/ Radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=17488

Exode: La pression sur les familles d'accueil est énorme

Dans les jours qui ont suivi la catastrophe, de milliers d'Haïtiens ont fui Port-au-Prince et sa région pour rejoindre les zones rurales dans des bateaux affrétés gratuitement par le gouvernement. Au sud-ouest de l'île, le département de la Grande Anse a accueilli en moins de 3 mois plus de 120 000 personnes pour une population initiale d'environ 400 000 habitants. Avec 30% de personnes supplémentaires, c'est le premier département d'accueil de déplacés. En traversant la ville de Jérémie, capitale de la Grande Anse, on ne croise aucun camp d'hébergement, comme on peut en voir à Port-au-Prince. Car les déplacés ont rejoint le département pour trouver refuge dans leur famille.
Aujourd'hui, la situation est critique et la pression sur les familles d'accueil est énorme. Chaque famille accueille entre 3 à 10 personnes, dans une situation de précarité renforcée, souligne Thérèse Benoit, coordinatrice du programme de MdM à Grande Anse.

Dinia, 34 ans, accueille, depuis deux mois, trois de ses proches qui ont fui Port au Prince : sa belle sœur et les deux enfants de sa sœur ainée. Celle-ci a été amputée suite au tremblement de terre et espère venir à son tour rejoindre sa famille et ses enfants : Avant nous vivions à 7, aujourd'hui nous sommes 10, dans une maison qui ne compte que 3 chambres. Alors nous nous tassons mais c'est difficile et encore plus de trouver de la nourriture pour tout le monde. Nos récoltes ne sont pas suffisantes et les prix ont vraiment augmenté. Avant pour 1 mesure d'huile je devais payer 12 gourdes, aujourd'hui c'est 20 gourdes.

«Cette hausse des prix, conjuguée au nombre croissant de personnes à nourrir, nous font craindre une aggravation des poches de malnutrition dans les mois à venir, en particulier chez les enfants », explique Jean Kith Dely, coordinateur médical du programme de MdM. « Dans chaque centre, nous dépistons donc systématiquement tous les enfants de 6 mois à 5 ans [...] et nous référerons les cas les plus graves vers les centres pour une prise en charge. «Celle-ci consiste essentiellement par de la pâte Plumpy Nut» expliquent Andrea et Suzy, infirmières chargées de ce volet. «à base d'arachide cette pâte est très riche en protéine et assure des résultats impressionnants. Actuellement nous recevons chaque jour une dizaine d'enfants atteints de malnutrition aigue sévère» soulignent-elles.

Le séisme a montré à quel point tout était centralisé à Port-au-Prince. Pour lutter contre cette centralisation extrême, le gouvernement haïtien a donc fait part de sa volonté de stabiliser les déplacés dans les provinces mais «cela nécessite de développer des projets sinon ils repartiront pour trouver du travail à Port-au-Prince. Un phénomène que nous commençons déjà à observer» témoigne Thérèse Benoit.

Sous un grand chapeau noir, Délice, 32 ans raconte qu'elle a fui Port-au-Prince 5 jours après le séisme, avec le 1er bateau affrété gratuitement.

«Je suis arrivée avec 3 de mes enfants de 2, 3 et 5 ans. Mon mari a été blessé par le tremblement de terre et est aujourd'hui handicapé, il ne peut plus travailler. Il est resté à Port au Prince avec ma première fille de 12 ans qui a, elle aussi été blessée au poignet par la chute d'un gros bloc de béton. Je suis venue rejoindre mes parents ici. Nous vivons à 15 dans une maison de 3 pièces. Je n'ai pas d'argent, je n'ai rien à donner à mes enfants. Ce sont souvent des voisins ou des amis qui nous dépannent ou bien, j'achète à crédit. Je pense revenir bientôt à Port-au-Prince, parce que la situation est vraiment trop difficile ici».

N/ Radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=17486

C'est toujours l'état d'urgence pour les ONG en Haïti

Trois mois après le séisme qui a fait au moins 220.000 morts en Haïti, les ONG sont encore dans une phase d'intervention d'urgence alors que l'arrivée de la saisons des pluies rend la population plus vulnérable, estiment samedi de grandes ONG françaises. «Trois mois après la catastrophe, la situation relève toujours de l'urgence», souligne Médecins du Monde (MDM) rappelant que «1,3 million de personnes sont sans-abri» et que «la saison des pluies va encore détériorer leurs conditions de vie».
«Si la phase aiguë est terminée, les besoins humanitaires et sanitaires restent colossaux en particulier pour les sans-abri et les milliers de déplacés internes», poursuit l'ONG médicale, qui appelle, comme Médecins sans frontières (MSF), à prolonger la gratuité des soins dans le domaine sanitaire, gratuité que le gouvernement vient de prolonger de 3 mois, revenant sur sa décision de rendre les soins de santé payant a compté du 15 avril.

«La population haïtienne est, et sera durablement affectée», rappelle MDM dont le réseau international a reçu un total de 10,8 millions d'euros pour cette intervention d'urgence «A chaque réplique ressurgissent la peur, les insomnies et les crises d'angoisses (...) certains cas relèvent aujourd'hui de la psychiatrie, or les structures de prise en charge sont quasi inexistantes», précise-t-elle.
De son côté, Action contre la Faim (ACF) dont les activités d'urgence continuent, indique que «l'arrivée de la saison des pluies constitue l'inquiétude principale» car ces pluies «vont détériorer les conditions sanitaires et augmenter considérablement les risques de maladies».
La mission d'ACF en Haïti dispose d'un budget de 19,2 millions d'euros, dont près de 30 % de dons privés.
Pour sa part, le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD-Terre solidaire) confirme que «l'heure est encore à l'urgence» et appelle à une «solidarité accrue en faveur de la relance agricole
à travers des partenaires locaux.
N/ Radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=17485

Abris transitionnels pour haïtiens sans domicile

«Nous les appelons des abris transitionnels mais ils sont pensés en vue d'offrir aux familles haïtiennes une certaine qualité de vie. Nous savons qu'ils demeureront là pour un certain temps donc ces habitations leur permettront de reprendre des activités comme l'éducation, le travail et tout ce qui rapproche le peuple à la normalité» Dans le cadre de la stratégie du gouvernement haïtien visant à mettre en place des abris plus sécuritaires, le déménagement dans un abri transitionnel est considéré comme un dernier recours pour les familles, les autres solutions étant de retourner vivre dans leur demeure ou sur leur terre, ou encore de trouver refuge provisoirement chez une famille d'accueil.
Les abris transitionnels de Vision Mondiale sont dotés de charpentes en aluminium pouvant être recouvertes d'une toile ou d'une bâche; on peut éventuellement y ajouter des matériaux de construction, des portes et des fenêtres. Chaque abri compte deux pièces pour dormir, une pour les parents et une autre avec couchettes pour les enfants. Il y a également un coin salon et un coin d'entreposage des aliments. Pendant la construction de ces abris, Vision Mondiale fournira des tentes et distribuera des rations alimentaires aux gens qui commenceront à arriver cette fin de semaine au site appelé Corail-Cesselesse.
Vision Mondiale participera à la première opération de relogement de 7 500 Haïtiens déplacés qui quitteront les camps de Port-au-Prince pour s'installer sur le site Corail Cesselesse où des abris transitionnels seront construits. En partenariat avec d'autres organismes, Vision Mondiale construira le tiers des 1 356 abris devant être installés sur ce nouveau site de 75 kilomètres carrés récemment allouée par le gouvernement d'Haïti à l'intention des gens les plus susceptibles d'être affectés par la prochaine saison des pluies.
N/ Radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=17483