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lundi 12 juillet 2021

Assassinat de Moïse : Pourquoi les USA ne veulent-ils pas envoyer de troupes en Haïti ?

Le gouvernement intérimaire de ce pays insiste : il demande aux Etats-Unis et aux Nations Unies d'envoyer des militaires pour aider la Police Nationale à rétablir la sécurité après l'assassinat du Président Jovenel Moïse.
Des citoyens haïtiens se rassemblent devant l'ambassade des États-Unis à Port-au-Prince ; beaucoup veulent quitter le pays face à la nouvelle crise. / AFP / Valérie Baeriswyl VALERIE BAERISWYL
Les rues d'Haïti étaient un champ de bataille avant l'assassinat de Jovenel Moïse : rien qu'en juin, plus de 150 personnes ont été tuées et 200 kidnappées à Port-au-Prince ; la capitale était à la merci de gangs, contre lesquels la Police nationale n'a rien pu faire. « Le pays est assiégé par des bandes armées qui sèment la terreur, le meurtre, l'enlèvement et le viol en toute impunité », révèle un récent rapport du Centre d'analyse et de recherche en droits humains (CARDH). La Commission nationale de désarmement, de démantèlement et de réinsertion (CNDDR) rappelle qu'il y a aujourd'hui plus de 76 gangs et 500 000 armes illégales aux mains des civils.
L'Armée, éliminée en 1994 pour éviter d'autres coups d'État et réintégrée en 2017, compte à peine 500 membres ; La Police nationale, pour sa part, compte 15 000 hommes en uniforme pour un pays de onze millions d'habitants. Pour aggraver les choses, les forces armées haïtiennes ont été pointées du doigt par les organisations internationales pour avoir commis les massacres de La Saline en 2018 et les massacres de Bel-Air en 2019, au cours desquels des dizaines de personnes ont été sauvagement assassinées.
Après l'assassinat du président mercredi matin, des hommes armés sillonnent la capitale à la recherche de suspects ou de victimes, car les enlèvements, braquages et autres crimes n'ont pas cessé depuis l'anéantissement du président. Les gens ont peur de descendre dans la rue et le gouvernement intérimaire, dirigé par le Premier ministre Claude Joseph, craint que tout ne s'aggrave et commence des attaques contre des installations clés du pays ou des stations-service.
« Les choses ne sont pas pires ; ce qu'il y a c'est un vide du pouvoir, on ne sait pas qui est aux commandes maintenant en Haïti. Si vous sortez, ils peuvent vous kidnapper. Avant, la police ne faisait rien et maintenant moins », raconte Marie, une habitante de la capitale. Stéphane Doyon, coordinateur de Médecins Sans Frontières pour le Soudan du Sud, le Libéria, l'Éthiopie et Haïti, l'explique ainsi : « Haïti est confronté à un vide institutionnel. Quand un président est assassiné, le président de l'Assemblée doit gouverner, mais actuellement il n'y en a pas ».
En Haïti, la Constitution prévoit que le Premier ministre exerce les fonctions de président par intérim si le chef de l'État ne peut prendre ses fonctions, mais deux jours avant sa mort, Jovenel Moïse avait nommé un nouveau chef de gouvernement, Ariel Henry. Cette nomination, publiée lundi au Journal officiel , a conduit certains observateurs à s'interroger sur la légitimité de Joseph.
https://www.elespectador.com/mundo/america/magnicidio-de-jovel-moise-por-que-ee-uu-no-quiere-enviar-tropas-a-haiti/?cx_testId=28&cx_testVariant=cx_1&cx_artPos=0#cxrecs_s

Haïti demande aux États-Unis et à l'ONU d'envoyer des troupes pour stabiliser le pays

Claude Joseph, Premier ministre sortant d'Haïti, a demandé aux États-Unis et aux Nations Unies d'envoyer des troupes pour protéger ses ports, aéroport et autres sites stratégiques.
Agence AFP
Ce vendredi un groupe d'Haïtiens a encerclé et capturé deux Colombiens qui auraient participé à l'assassinat du président.
Agence AFP
Haïti a demandé aux États-Unis et à l'ONU d'envoyer des troupes pour protéger ses ports, son aéroport et d'autres sites stratégiques après l'assassinat du président Jovenel Moise, a déclaré vendredi un ministre du gouvernement haïtien.
Après l'assassinat de mercredi, « nous pensons que les mercenaires [qui sont accusés du crime] pourraient détruire certaines infrastructures pour semer le chaos dans le pays. Lors d'une conversation avec le secrétaire d'État des États-Unis et l'ONU, nous avons fait cette demande », a déclaré à l'AFP le ministre des élections Mathias Pierre.
Le dernier métier
La dernière fois qu'un président haïtien a été assassiné, en 1915, les États-Unis ont occupé le pays des Caraïbes pendant 19 ans. Un siècle et de multiples interventions plus tard, certains observateurs en Haïti disent qu'il est temps pour de nouvelles idées.
Haïti, le pays le plus pauvre des Amériques, était déjà plongé dans une crise politique, socio-économique et sécuritaire, avec des quartiers de la capitale, Port-au-Prince, contrôlés par des gangs, lorsque le président Jovenel Moise a été assassiné par un commando armé dans sa résidence. La tôt mercredi matin.
L'assassinat a lieu moins de quatre ans après la fin d'une mission des Nations Unies visant à stabiliser Haïti, et après que le pays a reçu des milliards de dollars pour la reconstruction après le tremblement de terre dévastateur de 2010.
« Il y a beaucoup de choses qui peuvent être faites pour aider, mais nous devons être modestes quant à la rapidité avec laquelle elles peuvent être mises en œuvre et faire très attention à tirer les leçons des erreurs du passé », a déclaré Brian Concannon, qui a travaillé en Haïti et est directeur exécutif du Project Blueprint, qui promeut les droits de l'homme dans la politique étrangère des États-Unis.
« La dernière fois qu'il y a eu un appel à une intervention militaire a duré 13 ans, 7 000 millions de dollars ont été dépensés, et quand cela s'est terminé, Haïti avait plus d'armes et moins de démocratie que quelques mois avant l'arrivée des Casques bleus, et il y avait aussi de la colère, l'exploitation sexuelle par les troupes de l'ONU », a-t-il déclaré.
Les États-Unis, puissance étrangère dominante dans ce pays situé à 1 300 km de la Floride, se sont rangés du côté de Moise, qui prétendait être encore président alors que, pour beaucoup, son mandat était terminé.
https://www.elespectador.com/mundo/america/haiti-le-pide-a-ee-uu-y-a-la-onu-enviar-tropas-para-estabilizar-el-pais/?cx_testId=28&cx_testVariant=cx_1&cx_artPos=2#cxrecs_s

La situation catastrophique en Haïti

Avant l'assassinat du Président Jovenel Moïse, les Haïtiens étaient confrontés à une situation extrême : pandémie, violence endémique et pauvreté. Stéphane Doyon, coordinateur des bureaux Soudan du Sud, Libéra, Haïti et Éthiopie de Médecins Sans Frontières (MSF) explique la situation.
Médecins Sans Frontières (MSF) travaille en Haïti depuis près de 30 ans. Cette organisation gère un hôpital dans le quartier Tabarre de Port-au-Prince pour les patients gravement brûlés ou traumatiques, et a admis plus de 600 patients traumatisés depuis janvier 2021, dont la plupart ont subi des blessures dues à des violences.
Il soutient également les soins de santé maternelle, sexuelle et reproductive à Port-à-Piment, dans la province du Sud d'Haïti, et prend en charge les survivants de violences sexuelles et sexistes à Port-au-Prince et aux Gonaïves. Dans le quartier Delmas 5 de la capitale, MSF fournit eau, assainissement et soins médicaux aux personnes déplacées par les affrontements armés. MSF gère également un centre d'urgence dans le quartier de Martissant, dans la capitale, qui reste fermé à la suite d'une attaque armée contre l'établissement le 26 juin.
Avant l'assassinat du président Jovenel Moïse, le pays connaissait déjà une situation très délicate en raison de la pandémie, de la violence et d'autres séries de problèmes qui ont été négligés pendant des années. Stéphane Doyon, coordinateur des bureaux Soudan du Sud, Libéra, Haïti et Éthiopie de Médecins Sans Frontières (MSF) raconte à quoi ressemble Haïti, afin de comprendre comment les gens vivent dans la nation la plus pauvre et la plus oubliée d'Amérique latine.
Quelle est la situation sanitaire en Haïti dans le cadre du covid-19 ? La campagne de vaccination n'a pas commencé...
Haïti connaît une deuxième vague de Covid qui a débuté fin avril. Les conditions de sécurité n'ont pas permis le développement d'une réponse au niveau des besoins sanitaires. En effet, l'un des deux centres de traitement des maladies de Port-au-Prince a dû cesser ses activités en raison des menaces de gangs.
L'autre centre, d'une capacité de 100 lits, module sa capacité au rythme de l'insécurité qui empêche parfois l'apport d'éléments essentiels comme l'oxygène. Médecins Sans Frontières avait prévu d'augmenter la capacité d'au moins 20 lits à Martissant, mais la situation d'insécurité ne le permettait pas. Les vaccins sont toujours en attente. Haïti a mis beaucoup de temps à commander et n'a rien reçu de Covax jusqu'à présent.

Le puzzle de l'assassinat du président d'Haïti

11 juillet 2021 - 10h00 m.
Les gens évitent de sortir de chez eux et le Premier ministre Claude Joseph, qui n'est pas sur le papier, a déclaré l'état de siège. Amérique
60% de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté. Pourquoi semble-t-il qu'aucun effort de la communauté internationale ne fonctionne ?
Depuis 2018, on assiste à une croissance progressive de l'insécurité et de la déstabilisation du pays. Les gangs contrôlent 40 pour cent de la ville de Port-au-Prince, y compris ses entrées et ses sorties. En plus des problèmes économiques qui affectent le secteur de la santé (les salaires ne sont pas payés, les hôpitaux ne peuvent pas subvenir à leurs besoins) la situation d'insécurité a également affecté le personnel de santé et ils sont constamment victimes de violences.
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Par exemple, l'un a été victime d'un enlèvement et une infirmière appartenant à une organisation religieuse a été récemment abattue dans la rue. Il est également à noter que notre centre de santé de Martissant n'est pas opérationnel depuis deux semaines car la rue où il se trouve est devenue un champ de bataille où de nombreux coups de feu se font entendre chaque jour. Sortir de la maison est un risque. En mai, un de nos serveurs a été tué dans un vol alors qu'il rentrait chez lui de l'hôpital. Les gens vivent dans une peur généralisée et la vérité est que la situation est catastrophique.
Le Spectateur en vidéo :
Comment fonctionne l'accès aux services de base tels que la santé, l'alimentation ou l'éducation ?
En 2018, le gouvernement a subventionné le prix du pétrole et d'autres matières premières . Cependant, il a manqué de ressources pour continuer et a augmenté les prix en une journée, ce qui a généré une série de protestations qui se sont soldées par des pillages pendant plusieurs jours, non seulement dans la capitale du pays mais dans d'autres parties de l'île. Plus tard, un cas de corruption a été découvert. Là, les protestations éclatent avec plus de force, il y a une augmentation de la criminalité et l'institutionnalisation n'a pratiquement pas existé.
La police a tenté de créer un syndicat et cette institution s'est progressivement dégradée, même dans sa capacité opérationnelle, à la suite de quoi les gangs se sont renforcés . Aujourd'hui, Haïti est confronté à un vide institutionnel : lorsqu'un président est assassiné, le président de l'Assemblée doit gouverner, mais actuellement il n'y en a pas.
Comme je le disais, la situation est catastrophique. C'était déjà en 2019, lorsque nous avons ouvert l'hôpital pour la chirurgie et la traumatologie. Et, en fait, lorsque nous avons ouvert les offres d'emploi pour 300 personnes, 3 400 personnes se sont présentées, ce qui est un échantillon de la situation du chômage à laquelle le pays est confronté.
Quel est l'état actuel de l'hôpital Médecins Sans Frontières de Port-au-Prince après l'attaque armée ? Quels types de services y proposent-ils ?
Maintenant, nous continuons avec notre hôpital pour les traumatismes graves, et la plupart sont blessés par la violence et victimes de brûlures graves. Nous avons reçu plus de 700 patients depuis janvier et nous traitons également des cas de violences sexuelles dans d'autres cliniques. La situation est incertaine, vraiment. Tout le monde a été surpris par l'assassinat du président.
https://www.elespectador.com/mundo/america/la-catastrofica-situacion-de-haiti/?cx_testId=28&cx_testVariant=cx_1&cx_artPos=0#cxrecs_s

Le puzzle de l'assassinat du président d'Haïti

C'est ainsi que, 40 heures après l'assassinat du Président Jovenel Moïse dans sa chambre, la Police haïtienne a lancé une opération pour capturer les assassins. Une histoire avec beaucoup d'ombres. Salle de presse mondiale.- International
C'est à ce moment que la police haïtienne capture deux autres mercenaires colombiens présumés. / AFP
VALERIE BAERISWYL
Comme dans le roman d'Agatha Christie Meurtre sur l'Orient Express, dans lequel un passager est assassiné et l'enquête conclut que tous les passagers du train avaient un mobile pour le tuer, dans l'assassinat de Jovenel Moïse, personne n'est laissé à l'abri des soupçons. Le président d'Haïti s'était fait tellement d'ennemis qu'il n'avait pas quitté son domicile depuis février et a dénoncé qu'il y avait un complot pour mettre fin à ses jours et prendre le contrôle du pays.
Jusqu'à présent, les enquêtes indiquent qu'un groupe de mercenaires colombiens et américains d'origine haïtienne aurait planifié et exécuté le crime. Quarante heures après le meurtre, la Police haïtienne a confirmé la version du Premier ministre sortant, Claude Joseph, l'homme qui devait céder le poste à Ariel Henry mercredi, mais qui après le crime a décrété l'état d'urgence et est resté en commandement demandant le soutien de gouvernements étrangers.
Selon Joseph, le président a été tué par un groupe d'"étrangers qui parlaient anglais et espagnol". Et selon Léon Charles, chef de la police, il s'agissait d'un groupe commando de 28 assaillants, dont 26 Colombiens. « Nous avons intercepté 15 Colombiens et les deux Américains d'origine haïtienne. Trois Colombiens sont morts tandis que huit autres sont en fuite. Les armes et le matériel utilisés par les voyous ont été récupérés. Nous allons renforcer nos techniques d'enquête et de recherche pour intercepter les huit autres mercenaires. »
Les techniques policières ont rapidement porté leurs fruits et vendredi, Charles lui-même a signalé que le nombre de Colombiens arrêtés s'élevait à 19. Selon un communiqué de la police, c'est grâce à la collaboration de la population que les fugitifs ont été capturés. L'identité des 19 détenus a été révélée : Germán Alejandro Rivera García, John Jader Andela, Neil Cáceres Durán, Álex Miyer Lástima, Carlos Giovani Guerrero Torres, Ángel Mario Yacce Sierra et Jheyner Alberto Carmona Flórez.
Francisco Eladio Uribe Ochoa, Nacer Franco Castañeda, Enalder Vargas Gómez, John Jairo Suárez Alegría, Alejandro Zapata Giraldo, John Jairo Gómez Ramírez, Víctor Albeiro Pineda Cardona, Manuel Antonio Grosso Guarín, Juan Carlos Yepes Clabijo, James Blaunic de ont également été retenus et Joseph Vincent, ces deux derniers naturalisés haïtiens américains. L'opération
Comment la police haïtienne, une force de sécurité controversée qui a été incapable de contrôler les gangs qui affligent Port-au-Prince, a-t-elle trouvé un commandement de mercenaires hautement qualifiés en quelques heures seulement ? Selon une source sécuritaire dans ce pays, le gouvernement américain aurait aidé à localiser les suspects par satellite et aurait donné l'emplacement à la police haïtienne, avec laquelle il coopère depuis des années dans la lutte contre la drogue et la criminalité transnationale.
Les gens évitent de sortir de chez eux et le Premier ministre Claude Joseph, qui n'est pas sur le papier, a déclaré l'état de siège.
Le commandement se cachait dans une maison à Pétionville, le même quartier où se trouve la résidence présidentielle. A cet endroit s'est déclenchée une fusillade féroce qui a duré jusqu'à la nuit et qui a fait trois morts et les six premiers arrêtés. "Nous avons les auteurs physiques, maintenant nous recherchons les auteurs intellectuels", a déclaré Charles, alors qu'un groupe d'Haïtiens mettait le feu aux véhicules des suspects et criait de les brûler.
Le juge Clément Noël, interrogé par le journal local Le Nouvelliste , a précisé que les Colombiens tués dans l'opération ont été identifiés comme étant Mauricio Javier Romeo Medina et Duberney Capador Giraldo.
Pourquoi les tueurs n'ont-ils pas fui ? Plusieurs journalistes et analystes en Haïti s'interrogent, qui trouvent plusieurs lacunes dans cette version, puisque les hommes que la communauté trouvait « suspects » habitaient depuis plus de trois mois la résidence qui, selon eux, appartenait à un allié du Président Moïse.
Le Spectateur en vidéo : Cela pourrait vous intéresser : Le message de la première dame d'Haïti après le meurtre de son mari
La Police « a saisi un véhicule utilisé par les assaillants, cinq armes à feu, dont deux pistolets de 9 millimètres, des cartouches de 5,56 millimètres, le serveur de la caméra de surveillance du Président Jovenel Moïse, un chéquier BNC au nom de M. et Mme Jovenel Moïse. , 20 sacs, haches, pinces coupantes, vêtements, nourriture, 109 billets de 20 $ US, un lot de 100 billets de 100 $ US, un jeu de 99 billets de 100 $ US et un autre jeu de 100 billets de 100 $ US, 100 50 $ US factures, 32 billets de 100 US$ en gilet pare-balles, deux plaques d'immatriculation de véhicule de location et le contrat de location de véhicule passé avec Avis le 6 juillet, de nombreux téléphones portables, entre autres", a déclaré le magistrat Clément Noël.
Le juge haïtien qui a procédé à la capture du premier fonctionnaire colombien, Fidélito Dieudonné, a assuré que les détenus ont avoué que « la mission était d'arrêter le président, pas de commettre un meurtre ». Ils ont dit qu'ils étaient allés à Port-au-Prince pour assurer la surveillance en raison de l'augmentation des enlèvements (1 000 ont été signalés l'année dernière) et qu'ils sont arrivés à la résidence présidentielle car ils ont été signalés à une fusillade et qu'ils avaient pour mission de surveiller surface.
Les deux citoyens haïtiens, nationalisés américains, James Solages et Joseph Vincent ont expliqué aux autorités qu'« ils étaient traducteurs » et qu'ils avaient trouvé ce travail grâce à internet ; Ils ont confirmé qu'ils étaient dans la capitale depuis plus de trois mois.
Les médias haïtiens soulignent que Moïse a été assassiné à 1 heure du matin, et que le commandement, selon les enregistrements des caméras de sécurité, est arrivé après 2h40, ils n'étaient donc pas impliqués dans le meurtre ; les caméras ont été saisies par la police, de même que d'autres objets trouvés sur les lieux du crime qui aideraient à révéler la vérité. Les doutes abondent et il y a ceux qui soulignent qu'un groupe aussi important de mercenaires ne pourrait pas entrer dans le pays sans la complicité des autorités. Pour ajouter plus de mystère à ce roman, le sénateur de l'opposition Steven Benoit a commenté dans une interview à l'émission Panel Magic que le président « a été assassiné par ses agents de sécurité. Ce ne sont pas les Colombiens qui l'ont assassiné. C'étaient des entrepreneurs de l'État haïtien ».
> Le meurtre brutal
Dans le rapport médico-légal, par le juge de paix Carl Henry Destin, il est assuré que le corps de Moïse avait 12 impacts de balles de gros calibre et également 9 millimètres. « Nous l'avons trouvé allongé sur le dos, (avec) un pantalon bleu, une chemise blanche tachée de sang, la bouche ouverte, l'œil gauche percé. On a vu un trou de balle dans le front, un dans chaque mamelon, trois dans la hanche, un dans l'abdomen (...) », a précisé le juge.
La première dame, Martine Moïse, qui reste hospitalisée à Miami, aux États-Unis, a été blessée dans cet événement atroce. Au moment de l'attaque, la fille du couple se cachait dans la chambre de son frère et les deux sont indemnes, selon Destin, et sont en lieu sûr.
La journaliste Maria Abi-Habib, correspondante du New York Times pour le Mexique, l'Amérique centrale et les Caraïbes, a raconté à Michael Barbaro sur le podcast The Daily , comment plus de 50 hommes armés « ont marché d'une manière très similaire à ce qu'elle a vu aux États-Unis. militaires en Afghanistan alors qu'ils s'approchaient des talibans. Il raconte qu' ils sont arrivés chez le président et ont crié DEA, le gardien les laisse entrer, ils ne tirent pas une seule balle, ils arrivent dans la chambre du président où il était avec sa femme, la fille entend des pas, court vers la chambre de son frère et il se cache avec lui, et la fusillade commence ».
Sa version coïncide avec le rapport médico-légal : « Ils lui tirent dans l'œil et la poitrine, et il y a des signes qu'ils le torturent avant de le tuer ; puis ils s'enfuient au cœur de Port-au-Prince, où ils se dispersent et tentent de fuir le pays. »
Selon son récit, il n'a vu quelque chose de similaire avec Mouammar Kadhafi en Libye, quand ils l'ont fait sortir de la maison, l'ont torturé et tué. "Je n'ai jamais vu un leader tué dans sa propre maison." Pour résoudre cette énigme, des chercheurs des États-Unis et de Colombie arriveront à Port-au-Prince. Qui a tué le président ? Dans un pays en proie à la corruption, aux gangs criminels et à la haine politique, les Haïtiens se méfient de tout et de tout le monde. Une nouvelle.
https://www.elespectador.com/mundo/america/el-rompecabezas-del-asesinato-del-presidente-de-haiti/?cx_testId=28&cx_testVariant=cx_1&cx_artPos=1#cxrecs_s

lundi 14 juin 2021

MOURIR DE LA GUERRE DES AUTRES

Hier, jour férié national, n’ayant pas à me rendre au bureau, je me suis dit qu’il était peut-être temps d’aller voir un ami de longue date, le genre avec qui tu as des sortes de liens indélébiles, malgré le temps et les passages à vide.
Alors que j’étais en route, mon téléphone sonna pour me dire que si j’avançais encore de quelques mètres, je serais bloquée. J’ai donc décidé de faire demi tour et envoyé un message à mon ami pour lui dire que je n’allais plus pouvoir venir, une fois de plus. Il ne répondit pas.
Ce matin, un coup de fil des plus intrigants me fit sursauter d’un sommeil bizarrement agité depuis la veille au soir. N’ayant rien compris, ou plutôt, croyant n’avoir rien compris de ce qui était pour moi, sur le coup, le fait de ces inconnus qui s’amusent à se tromper de destinataire, je tentai difficilement de me rendormir pour chiper quelques minutes de plus à une journée de travail qui s’annonçait plutôt intense. En sortant de chez moi, sur l’insistance d’une énigmatique intuition, je rappelai le supposé inconnu, et celui-ci de me répéter mot pour mot - je pense- ce qu’il essayait de me dire plus tôt. C’était un membre de la famille de mon ami qui voulait m’annoncer le départ de celui-ci pour un monde où je ne pourrai plus lui faire faux bond, pour un au-delà qui une fois de plus avait souhaité m’apprendre une n-ième leçon de vie, de mort.
En fait, il est mort car il n’avait pas pu atteindre l’hôpital le plus proche pour se soigner. Les routes étaient “coupées” m’a-t-on dit, par des humains qui se détestaient et donc, évidemment, se livraient bataille. Il est mort d’une guerre qui n’était pas la sienne, mais n’était-elle vraiment pas la sienne?
Impuissance quand tu nous tiens...

Autrice: Sterline De Browns Civil
04/06/2021


Martissant zone de guerre, zone fantôme

Martissant ses habitants, ses milliers de piétons et d'automobilistes en transit avec leur passagers, n'existe plus. Martissant, un des quartiers de Port-au-Prince avec un nombre incalculable de petits commerces formels et informels, des étalagistes des deux côtés de la route principale. Un grand marché à ciel ouvert sur la route nationale numéro 2, Martissant où les activités débutent très tôt dans la matinée et se terminent très tard la nuit tombée, ce Martissant n'existe plus depuis le début des affrontements entre les gangs armés, le mardi 1er juin. Les rues sont désertes. Les portes des écoles et des commerces restent fermées. Les klaxons des véhicules et des taxis-motos dans les interminables embouteillages cèdent la place aux crépitements d'armes automatiques. Le sous-commissariat de la zone a été criblé de balles par les gangs armés. Un blindé monte la garde devant le bâtiment, mais les policiers semblent avoir abandonnés leur poste.
Les quelques rares véhicules privés et de transport en commun qui fréquentent la route n'ont pas la garantie qu'ils vont arriver à destination sains et saufs. Leurs conducteurs traversent cette partie de la route nationale numéro 2 à toute vitesse. De la cinquième avenue Bolosse à Fontamara 27, la vue est effroyable.
Les nombreuses déclarations du directeur général de la Police nationale disant que les forces de l'ordre ont repris le contrôle de la zone ne suffisent pas pour faire revenir les milliers de déplacés qui ont fui la fureur des groupes armés. Ils sont toujours pour la plupart au centre sportif de Carrefour ou logés chez parents et amis.
Léon Charles a fait savoir que l’axe routier Portail Léogâne à Fontamara est sécurisé par la police, alors que selon les constats depuis la semaine dernière, les affrontements entre les groupes armés ne se sont jamais interrompus et Martissant demeure une zone fantôme.
Selon le chef de la police, cette situation à Martissant est la conséquence d’un conflit terrien à Laboule 12. Léon Charles, qui s’est gardé de donner plus de détails, a fait savoir que des unités spécialisées de la police appuyées par des blindés font le va-et-vient sur le tronçon où il y a des affrontements sur la route nationale numéro 2.
Nous avons constaté ce vendredi un véhicule blindé de la police qui patrouillait la zone de Martissant à Fontamara. Mais malgré cela, des tirs sporadiques ne cessent de retentir
Selon un rapport du Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), 260 000 personnes sont affectées par la guerre des gangs à Martissant. Un millier d'entre eux sont actuellement pris en charge au centre sportif de Carrefour parmi les déplacés, qui ne demandent qu'à rentrer chez eux.
Source: https://lenouvelliste.com/article/229731/martissant-zone-de-guerre-zone-fantome

lundi 29 mars 2021

Des manifestants par milliers dans les rues pour exiger le respect de la constitution de 1987

Publié le 2021-03-28 | Le Nouvelliste 


Ce dimanche, ils étaient plusieurs milliers de manifestants à défiler dans les rues de Port-au-Prince. Les manifestants, à l’appel de plusieurs organisations de la société civile et du secteur protestant, ont exigé le respect de la Constitution du 29 mars 1987 qui fête le 34ème anniversaire de sa première version, ce lundi. 
Les manifestants ont dénoncé le projet du président Jovenel Moïse qui a convoqué un référendum pour changer de tout en tout la Constitution. 
Des affiches qui invitent la population à prendre part à cette consultation populaire ont été arrachées et incendiées par certains manifestants. « Nous n’avons pas un problème de constitution dans le pays. Ce référendum est une stratégie utilisée par le PHTK pour se renouveler et se maintenir au pouvoir. 
C’est une perte de temps. Le peuple s’opposera et doit s’opposer à ce projet macabre. Nous avons d’autres problèmes qui sont plus urgents tels que le chômage, l’insécurité, la vie chère. On doit savoir choisir les priorités », s’insurge Wilhem, un jeune trentenaire rencontré au carrefour de l’aéroport. 

Hormis le respect de la Constitution, la marche du dimanche a été l’occasion pour les participants de dénoncer les velléités dictatoriales de Jovenel Moïse. Le pasteur Gérald Bataille, l’un des initiateurs, s’est dit alarmé de la situation du pays. « La patrie est en danger. Nous sommes sous le joug de la dictature, des persécutions et de l’insécurité. Nous sommes dirigés par un gouvernement illégal. Le mandat de ce président est arrivé à terme depuis le 7 février. C’est pour cela que nous sommes dans les rues. Pour crier notre détresse et notre colère », a fait savoir le révérend. 
Gérald Bataille a aussi demandé à la communauté internationale de laisser une chance aux Haïtiens pour qu’ils puissent diriger leur pays. Pour ce berger, aucun des problèmes que confronte le pays ne peut être résolu avec Jovenel Moïse au pouvoir.
 « Le dialogue est le point de départ de toutes les solutions. Mais aucun dialogue n’est possible avec ce monsieur (Jovenel Moïse) », estime-t-il. 

Viviane Fleurimé, une quadragénaire rencontrée sur la route principale de Delmas, n’a pas caché son exaspération devant la situation que vit le pays. Elle a dénoncé la gestion « calamiteuse » de l’administration Moïse. « La situation s’est dégradée avec Jovenel Moïse au pouvoir. Les écoles ne peuvent plus fonctionner comme avant. Nous ne sommes plus libres de circuler librement. Mes fils sont obligés de retourner en province à cause de l’insécurité. Moi je ne peux plus mener mes activités au marché de la Croix-des-Bossales à cause des balles », s’est-elle plaint. 
Bible entre-ouverte, Viviane Fleurimé a souligné qu’elle profitait pour lire des psaumes tout en participant à la manifestation. « Je lis des psaumes de combat. Je suis en train de lire le psaumes 91. Jovenel Moïse n’est pas au dessus de Dieu. La voix du peuple c’est la voix de Dieu. Si le peuple lui demande de partir, il ne doit pas faire la sourde oreille », estime-t-elle. 

Des leaders et représentants de partis politiques ont été également remarqués sur le parcours. L’ancien candidat à la présidence Jean Charles Moïse a demandé aux Haïtiens de défendre la Constitution de 1987. « Cette constitution a 34 ans. On ne peut pas permettre à un dictateur de la changer. Nous sommes contre ce référendum. Nous demandons par conséquent au peuple de se mobiliser contre ce projet dictatorial, contre ce dictateur et contre les étrangers qui tiennent le pays en otage », a-t-il appelé.

De son côté, Schultz Simpssie Cazir, secrétaire général du parti MTV, s’est insurgé de la situation du pays. « Ma présence dans les rues aujourd'hui est pour dénoncer et protester énergiquement contre l'insécurité, la persécution et l'intimidation politique, la corruption, l'impunité et contre les multiples cas de violation de la constitution par un pouvoir illégitime qui agit en toute illégalité. 
Marcher pacifiquement aujourd'hui pour moi exprime mon rejet du plan dictatorial de Jovenel Moise de nous imposer une constitution à travers un référendum inconstitutionnel, sans un large consensus avec les forces vives du pays », a-t-il fait savoir. 
Pour Cazir, Haïti peut profiter de cette crise pour prendre désormais un nouveau départ. « C'est une épreuve pour nos élites qui sont appelées à se montrer à la hauteur de cette tranche d'histoire et faire preuve d'éthique de responsabilité. 
A cette phase, Jovenel Moïse doit comprendre qu'il ne pourra réussir à organiser ni le référendum ni les élections. L'opposition a déjà aussi fait montre de ses faiblesses. Pour le bien du pays, les deux antagonistes doivent trouver une issue à la crise. Cette solution ne peut venir que d'une négociation entre le pouvoir et l'opposition qui permettra de définir le mécanisme d'implémentation de l'article 134.2 et la mise en place d'un gouvernement inclusif après le départ de Jovenel Moïse », estime le secrétaire général du MTV. 

Comme d’habitude, les manifestants se sont rassemblés au Champ de Mars et au Carrefour de l’aéroport. 
Ensuite, ils ont convergé vers la route principale de Delmas. Ils ont rejoint Bourdon en bifurquant par Delmas 60. Certains manifestants ont dénoncé l’influence des États-Unis sur l’échiquier politique en Haïti et ont clamé leur amour pour la Russie et la Chine. 
D’autres ont imprimé des photos de parlementaires américains comme Andy Levin, Gregory Meek, Stacy Abrams, Alexandria Ocasio-Cortez, et les ont remerciés pour leur engagement en faveur de la cause d’Haïti. 
La manifestation s’est terminée au Champ-de-Mars sans grands incidents, sinon des heurts entre certains manifestants et des agents de l’ordre. Des barricades de pneus enflammés ont été remarquées dans les secteurs arpentés par les manifestants. 
Auteur : Jean Daniel Sénat 
https://lenouvelliste.com/article/227789/des-manifestants-par-milliers-dans-les-rues-pour-exiger-le-respect-de-la-constitution-de-1987

Des milliers de personnes dans les rues de Port-au-Prince contre le pouvoir en place

Publié le 2021-03-28 | 
Le Nouvelliste Des milliers d'Haïtiens ont manifesté dimanche dans la capitale pour dénoncer le projet de référendum constitutionnel porté par le président et pour critiquer la communauté internationale qui soutient le pouvoir en place, accusé d'imposer une nouvelle "dictature". 
"Ce référendum est une plaisanterie car le fond du problème haïtien n’est pas un problème de constitution : depuis que les gens ont une velléité totalitaire, ils font ce qu'ils veulent", a dénoncé Michel Péan en début de parcours. "Dans un pays sans pouvoir judiciaire, sans pouvoir législatif, ou tout est réduit à un président qui gouverne par décret : cela suffit pour dire que nous sommes en situation de dictature", a ajouté le septuagénaire aveugle, ancien secrétaire d’État aux personnes handicapées. 

Le pouvoir exécutif souhaite l'adoption d'une nouvelle constitution par un vote qui serait organisé le 27 juin. 
Un tel projet attise les critiques jusque dans le camp du président Jovenel Moïse car la procédure choisie ne semble pas respecter les dispositions de l'actuelle constitution. 
Rédigé en 1987, après la chute de la dictature des Duvalier, le texte actuellement en vigueur déclare que "toute consultation populaire tenant à modifier la Constitution par voie de référendum est formellement interdite". 
"Dans un pays où ce sont les gangs qui dirigent, où nous sommes dépourvus de tout, santé, logement, éducation... Comment un président peut oser dire qu'il veut faire un référendum", interroge Marie Sheila Martinet, brandissant sa pancarte "Jovenel must go" à l'arrière d'une moto. 
Équipés de longues tiges en métal, deux hommes se sont attelés, le long du parcours, à détruire toutes les pancartes fraîchement installées par le gouvernement pour promouvoir la participation au référendum.
 "On veut montrer à Jovenel et à l'ambassade américaine qu'ils ne pourront jamais nous imposer un référendum", s'insurge Jean Dany Duval. 
"On va arracher toutes leurs pancartes : nous sommes les Haïtiens et le voilà leur référendum, aujourd'hui dans la rue", ajoute le manifestant. 
Un très large nombre de personnes ont défilé drapeau haïtien en main mais une poignée a aussi arboré le tricolore russe.
 "Vive Poutine, à bas les Américains", a scandé un groupe de jeunes militants dont l'un agitait une pancarte où figurait en créole "Biden, démocratie ne veut pas dire ingérence". 
Constitué majoritairement de jeunes mais avec une présence remarquée de personnes âgées, le cortège a sillonné sans violence les grands axes de la capitale dimanche. 
Avec AFP 
https://lenouvelliste.com/article/227787/des-milliers-de-personnes-dans-les-rues-de-port-au-prince-contre-le-pouvoir-en-place

Haïti : des milliers de manifestants dans la rue contre le projet de référendum constitutionnel

RFI © AFP - VALERIE BAERISWYL 
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Port-au-Prince dimanche 28 mars 2021 pour exprimer leur opposition à ce qu’ils considèrent une volonté de réinstaurer la dictature. 
La crise politique perdure en Haïti. 
Son mandat contesté depuis le 7 février, le président Jovenel Moïse fait également face à une contestation citoyenne contre son projet de référendum constitutionnel. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans la capitale ce dimanche 28 mars pour exprimer leur opposition à ce qu’ils considèrent une volonté de réinstaurer la dictature. 
Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron Ils ont été des milliers à Port-au-Prince à répondre dimanche à l’appel lancé par des églises protestantes et des organisations de la société civile. Face à la crise sécuritaire et dans le difficile contexte socio-économique que subissent les Haïtiens, Marie Sheila Martinet refuser d’entendre parler de changement de Constitution: « Dans un pays où Jovenel a perdu toute sa légitimité, où ce sont les gangs qui dirigent, où nous sommes dépourvus de tout : la santé, l’éducation, le logement. Est-ce qu’un président peut oser dire qu’il va faire un référendum ? »
 Septuagénaire aveugle, Michel Péan tenait aussi à participer à cette manifestation. L’ancien secrétaire d’État aux personnes handicapées ne mâche pas ses mots contre le projet de référendum : « Je trouve que c’est une plaisanterie parce que le fond du problème haïtien n'est pas un problème de Constitution : depuis que les gens ont une velléité totalitaire, dictatoriale, ils font ce qu'ils veulent, qu’il y ait une Constitution ou pas. 
Donc cette affaire de référendum, c’est une plaisanterie. » « Dans un pays sans pouvoir judiciaire, sans pouvoir législatif, où tout est réduit à un président qui gouverne par décret : cela suffit pour dire que nous sommes en situation de dictature », a ajouté l’ancien secrétaire d'État aux personnes handicapées.
 Le non-respect des dispositions de la Constitution 
Le pouvoir exécutif souhaite l'adoption d'une nouvelle Constitution par un vote qui serait organisé le 27 juin. Un tel projet attise les critiques jusque dans le camp du président Jovenel Moïse, car la procédure choisie ne semble pas respecter les dispositions de l'actuelle Constitution. Rédigé en 1987, après la chute de la dictature des Duvalier, le texte actuellement en vigueur déclare que « toute consultation populaire tenant à modifier la Constitution par voie de référendum est formellement interdite ». 

La communauté internationale pointée du doigt Contre Jovenel Moïse, le défilé s’est aussi voulu contre la communauté internationale, contre ce que les manifestants considèrent comme une ingérence des États-Unis et de l’ONU. Un très large nombre de personnes ont défilé drapeau haïtien en main, mais une poignée a aussi arboré le tricolore russe et appelle même Vladimir Poutine à l’aide. « Vive Poutine, à bas les Américains », a scandé un groupe de jeunes militants dont l'un agitait une pancarte où figurait en créole « Biden, démocratie ne veut pas dire ingérence ». 
Constitué majoritairement de jeunes, mais avec une présence remarquée de personnes âgées, le cortège a sillonné sans violence les grands axes de la capitale dimanche. 
https://www.msn.com/fr-fr/actualite/monde/ha-c3-afti-des-milliers-de-manifestants-dans-la-rue-contre-le-projet-de-r-c3-a9f-c3-a9rendum-constitutionnel/ar-BB1f3LSm?ocid=uxbndlbing

Manifestation contre le projet de référendum

Le pouvoir exécutif souhaite l’adoption d’une nouvelle constitution par un vote qui serait organisé le 27 juin. Mais la population haïtienne ne l’entend pas ainsi.
 Le projet de référendum attise les critiques jusque dans le camp du président Jovenel Moïse. Photo d’archives/Reuters 
Des milliers d’Haïtiens ont manifesté dimanche dans la capitale pour dénoncer le projet de référendum constitutionnel porté par le président et pour critiquer la communauté internationale qui soutient le pouvoir en place, accusé d’imposer une nouvelle «dictature».
 «Ce référendum est une plaisanterie, car le fond du problème haïtien n’est pas un problème de constitution: depuis que les gens ont une velléité totalitaire, ils font ce qu’ils veulent», a dénoncé Michel Péan en début de parcours.
 «Dans un pays sans pouvoir judiciaire, sans pouvoir législatif, ou tout est réduit à un président qui gouverne par décret: cela suffit pour dire que nous sommes en situation de dictature», a ajouté le septuagénaire aveugle, ancien secrétaire d’État aux personnes handicapées.
 «Nous sommes dépourvus de tout» 
Le pouvoir exécutif souhaite l’adoption d’une nouvelle constitution par un vote qui serait organisé le 27 juin. Un tel projet attise les critiques jusque dans le camp du président Jovenel Moïse, car la procédure choisie ne semble pas respecter les dispositions de l’actuelle constitution. Rédigé en 1987, après la chute de la dictature des Duvalier, le texte actuellement en vigueur déclare que «toute consultation populaire tenant à modifier la Constitution par voie de référendum est formellement interdite». 

«Dans un pays où ce sont les gangs qui dirigent, où nous sommes dépourvus de tout, santé, logement, éducation… Comment un président peut oser dire qu’il veut faire un référendum», interroge Marie Sheila Martinet, brandissant sa pancarte «Jovenel must go» à l’arrière d’une moto. «Vive Poutine, à bas les Américains» 

Équipés de longues tiges en métal, deux hommes se sont attelés, le long du parcours, à détruire toutes les pancartes fraîchement installées par le gouvernement pour promouvoir à la participation au référendum. 
«On veut montrer à Jovenel et à l’ambassade américaine qu’ils ne pourront jamais nous imposer un référendum», s’insurge Jean Dany Duval. 
«On va arracher toutes leurs pancartes : nous sommes les Haïtiens et le voilà leur référendum, aujourd’hui dans la rue», ajoute le manifestant. 
Un très large nombre de personnes ont défilé drapeau haïtien en main, mais une poignée a aussi arboré le tricolore russe. «Vive Poutine, à bas les Américains», a scandé un groupe de jeunes militants dont l’un agitait une pancarte où figurait en créole «Biden, démocratie ne veut pas dire ingérence». 
Constitué majoritairement de jeunes, mais avec une présence remarquée de personnes âgées, le cortège a sillonné sans violence les grands axes de la capitale, dimanche. https://www.20min.ch/fr/story/manifestation-contre-le-projet-de-referendum-494798720407

jeudi 4 mars 2021

Registran 53% partos de haitianas en maternidad La Altagracia

Las parturientas haitianas acuden en masa hacia los hospitales de maternidad a fin de aprovechar las condiciones de gratuidad que ofrece el sistema de salud dominicano.
Registran 53% partos de haitianas en maternidad La Altagracia
La mayoría de las haitianas parturientas que llegan suelen presentar anemia u otros cuadros médicos que no han sido tratados previamente.
Registran 53% partos de haitianas en maternidad La Altagracia
Nairobi Núñez
Santo Domingo, RD
Los partos de madres hai­tianas superan en cifras a los de dominicanas, según datos obtenidos en el de­partamento de estadísti­cas del Hospital Universi­tario Maternidad Nuestra Señora de La Altagracia.
En ese centro se han registrado en lo que va de año 2,283 nacimien­tos, de los cuales 1,050 son de madres domi­nicanas, para un 47%, mientras que 1,196 naci­mientos son de madres hai­tianas, equivalente al 53%.
Salas de espera abarro­tadas por embarazadas, quienes en su gran mayo­ría no dominan el idioma español y a veces ni com­prenden qué les dicen, pero aun así se les brinda un servicio médico gra­tiuto, según pudo obser­var un equipo LISTÍN DIA­RIO, tanto adentro como afuera del centro de sa­lud durante un recorrido.
La maternidad La Al­tagracia y el Centro Ma­terno Infantil San Lorenzo de Los Mina son los hos­pitales públicos donde se registran la mayor canti­dad de partos en el país.Varias de las mujeres em­barazadas haitianas vie­nen a dar luz en este país por las facilidades económi­cas que se les dan, ya que es sin costo alguno.
Eso las impulsa a dejar su país de origen y venir a República Dominicana a concebir a sus criaturas. En un reportaje publica­do en este diario bajo la fir­ma del periodista Ricar­do Santana el pasado mes de febrero, se expone có­mo las embarazadas haitia­nas y sus esposos cruzan co­mo si nada por la frontera de la provincia de Dajabón.
En dicho reporte se dio a conocer cómo haitia­nas embarazadas fueron apresadas junto a otros de sus compatriotas por miembros del Cuerpo Es­pecializado en Seguridad Fronteriza Terrestre (Ces­front) cuando cruzaron de manera clandestina la frontera por la comuni­dad La Vigía, en Dajabón.
Las haitianas dijeron que su intención era dar a luz en hospitales de San­tiago, Mao, Monte Cris­ti y la capital dominicana. Mientras el presidente del Instituto Duartiano, Wilson Gómez Ramírez, propuso el pasado 28 de febrero al gobierno que se establez­can tarifas de cobros por los partos de extranjeros en los establecimientos hos­pitalarios dominicanos. Explicó que su propues­ta está orientada en detener la gran cantidad de alum­bramientos de haitianas en República Dominicana.
Aseguró, además, que es­to desincentivará la masi­va presencia de estas par­turientas en territorio nacional y aliviará la carga económica que representa para el presupuesto de sa­lud.
Hospitales saturados En un reporte de la agencia EFE, fechado el 1° de febre­ro, su corresponsal Manuel Pérez Bella reseñaba que las haitianas ya superan en nú­mero a las dominicanas en la sala de espera de las ma­ternidades del noroeste do­minicano, una región de acogida de inmigrantes y también destino de mujeres que cruzan la frontera para parir en unos hospitales ca­da vez más desbordados.
En el hospital público de Guayubín, un pueble­cito rodeado de bananos y de fincas de arroz situa­do a 42 kilómetros al este del río Masacre, frontera natural entre ambos paí­ses, nueve de cada diez parturientas son haitia­nas, la mayor proporción en toda República Domi­nicana.
Esa situación ha sido una constante durante los últimos meses a media que Haití se encuentra su­mergida en una crisis po­lítico que recrudece aún más el estado de pobreza del vecino país.
IMPACTO Complicaciones. “De 90 a 95 % de las complicaciones son en pacientes extranjeras”, asegura el doctor Juan de la Cruz Rodríguez Pé­rez, director del hospi­tal Materno Infantil José Francisco Peña Gómez de Mao, al ser consulta­do por Efe.
Triplicado.
En el reportaje de la agencia Efe, se destaca que el número de partu­rientas haitianas se ha triplicado en diez años, llegando a 30,322 naci­mientos en 2020, lo que representa el 27% de los nacimientos en el con­junto del país, y supo­ne que entre el 10% y el 14% de todo el presu­puesto hospitalario del país se dedique a las ex­tranjeras, según cálculos del Sservicio Nacional de Ssalud (SNS).
https://listindiario.com/la-republica/2021/03/04/659690/registran-53-partos-de-haitianas-en-maternidad-la-altagracia

Haïti : La place de la France est aux côtés du peuple haïtien, et non de ses tyrans

Dimanche 28 février, des milliers d'Haïtiennes et Haïtiens sont redescendus dans la rue pour exiger le départ du dictateur en devenir, Jovenel Moïse, et pour dénoncer les enlèvements et disparitions forcées, la corruption des autorités qui composent le climat de violence quotidienne instauré par le chef de l’État haïtien.
Les arrestations sommaires et détentions sans jugement – de véritables kidnappings – se multiplient chaque jour. Pour assurer le règne de l'injustice et son pouvoir absolu sur l'existence de toute opposition, Jovenel Moïse a fait suspendre, déplacer, arrêter chez eux en pleine nuit et emprisonner sans procès, un nombre toujours plus important de militants des droits humains et de juristes, magistrats et fonctionnaires de justice qu'il considère comme récalcitrants. Des assassinats comme celui du bâtonnier du barreau de Port-au-Prince, Maître Monferrier Dorval, à l'automne et le massacre de Bel-Air, un quartier populaire du centre de Port-au-Prince, témoignent de la violence et de l'impunité du régime.
La police haïtienne aux ordres de J. Moïse a donc renoué avec les sales méthodes des sinistres Tontons Macoutes allant jusqu'à tirer à vue sur les manifestant-e-s et à s'en prendre violemment aux journalistes afin de les empêcher de rendre compte de la répression policière sur la population.
Malgré cette situation, l'Administration Biden maintient contre vents et marées le franc soutien des États-Unis à Jovenel Moïse, et a même procédé à la déportation de réfugiés et migrants haïtiens mi-février. »
Les grandes capitales occidentales, dans le sillon étasunien, restent bien discrètes. Il est grand temps de mettre un terme à ce silence ainsi que l'ont solennellement demandé à maintes reprises 82 organisations (syndicats, ONG, associations, mouvements paysans, féministes, citoyens) haïtiennes, françaises, belges, canadiennes, espagnoles, allemandes et béninoises. Dans leur appel du 22 février à l'Union européenne, elles rappellent que « le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire a déclaré constater la fin du mandat constitutionnel de Jovenel Moïse. (Et que), malgré cela, contre l’avis de juristes, de la Fédération des barreaux d’Haïti, de la conférence épiscopale catholique, de diverses organisations du secteur protestant, de médias, de syndicats, de mouvements féministes, des petrochallengers, de l’opposition politique et d’une grande partie de la société civile haïtienne, Jovenel Moïse s’accroche fermement au pouvoir et enfreint éhontément les règles du jeu démocratique. » L’État de droit n'est plus en Haïti. Se taire encore, c'est se rendre complice, c'est garantir l'impunité au régime dictatorial que Jovenel Moïse entend imposer en Haïti.
Le Parti communiste français (PCF) salue la dignité de la lutte du mouvement populaire haïtien et tient à réaffirmer son soutien au peuple haïtien et à la mobilisation en cours pour les droits, la liberté, la démocratie et la justice sociale.
Le PCF appelle instamment le gouvernement français à sortir de son mutisme et à dénoncer la répression en Haïti, à condamner le comportement de Jovenel Moïse.
Haïti est depuis des décennies la proie d'affameurs, d'accapareurs et de profiteurs. La souveraineté du peuple haïtien est entravée par les ingérences étasuniennes et les tenants du pouvoir au service des quelques privilégiés qui exploitent les richesses et ressources du pays à leur seul profit. En pleine pandémie de Covid19 et crise sanitaire, alors que les dégâts des derniers cyclones qui ont ravagé l'île ne sont toujours pas réparés, le peuple haïtien affronte ensemble la violence politique, l'autoritarisme, des inégalités sociales et économiques parmi les plus fortes au monde.
La place de la France est aux côtés du peuple haïtien, et non de ses tyrans.
Parti communiste français
Paris, le 2 mars 2021
Source: https://www.pcf.fr/haiti_la_place_de_la_france_est_aux_cotes_du_peuple_haitien_et_non_de_ses_tyrans?utm_campaign=communistes_849&utm_medium=email&utm_source=pcf
CRISE POLITIQUE ET SOCIALE
Haïti. Manifestations contre le régime corrompu, et l’ingérence des États-Unis et du FMI Depuis le début de l’année, la crise politique et les mobilisations contre le gouvernement de Jovenel Moïse se sont intensifiées en Haïti. Ce dimanche les manifestants sont encore descendus dans les rues dénonçant la répression, le régime autoritaire et l'ingérence impérialiste.
Pepe Balanyà -
mercredi 3 mars
Les journées les plus combatives ont eu lieu le 1er et 2 février, lorsque les syndicats, diverses organisations militantes et l’opposition politique haïtienne ont appelé à une grève générale largement suivie dans les grandes villes. Le gouvernement a rapidement réagi en militarisant les rues de la capitale Port-au-Prince et d’autres villes de la nation caribéenne. La répression lors de ces journées de grève a fait au moins trois morts.
Il est à noter que les manifestations contre le gouvernement de Jovenel Moïse remontent à novembre 2018, un an après son investiture en 2017. Fragile depuis son investiture, le président issu d’un parti d’extrême droite accusé de détournement de fonds publics et de séquestrations, est arrivé au pouvoir après avoir été élu en 2015 lors d’un scrutin annulé pour fraudes. Lui-même ancien PDG d’une entreprise d’exportation, a été (et il est encore) le candidat préféré pour défendre les intérêts des États-Unis et d’autres puissances impérialistes comme la France dans les Caraïbes.
Ces aspects couplés à une situation sociale très difficile et aggravé par la dette qui étouffe le pays, ont fait émerger les premières protestations en 2018. L’intensité de celles-ci a forcé la démission de plusieurs ministres, parmi lesquels le premier ministre Jack Guy Lafontant chargé d’appliquer les plans du FMI à l’époque. Après une impasse, les protestations ont repris en septembre 2019 contre les pénuries de carburant qui ont provoqué des coupures de courant, des problèmes avec les transports publics, des augmentations de prix des produits et services de base. À cette époque, les manifestations ont été brutalement réprimées, faisant plus de 40 morts et des centaines de blessés.
Dans ce contexte de contestation sociale et de méfiance, la mise en place des plans du FMI et des mesures d’austérité n’ont pu être menés à bien que par une montée toujours plus violente de ses méthodes de gouvernance et par une concentration croissante du pouvoir exécutif. En effet sous prétexte des manifestations, le gouvernement de Moïse a reporté sans date les élections législatives prévues pour 2019. En janvier 2020, dans la continuité de cette mesure le président a décidé aussi de fermer le Parlement. Depuis, Jovenel Moïse gouverne par décret. Dans ce même ses, le gouvernement a voulu afficher de la détermination avec une déclaration signée par le commandant en chef, Jodel Lessage, où l’armée montrait son soutien au président.
Ces décisions, bien qu’elles aient pu renforcer ponctuellement le pouvoir présidentielle, l’ont aussi conduit à un isolement politique qui se mélange depuis à la grande insatisfaction d’une population minée par la pauvreté et la violence de bandes criminelles, dont beaucoup sont liées au gouvernement lui-même. Cet approfondissement de la crise politique explique la reprise vigoureuse des mobilisations et l’étendue de la grève générale des premiers jours de février. La situation s’est encore aggravée quand le président a décidé de ne pas quitter le gouvernement après la date du 7 février, date à laquelle, selon un article de la Constitution elle-même, son mandat expire. Depuis, certains secteurs comme les écoles sont fermées et les journées de mobilisations se succèdent presque chaque jour, et cela malgré la répression meurtrière.
De son côté, l’opposition politique a proclamé Joseph Mécène Jean-Louis comme président provisoire mais cela sans consulter absolument personne, et encore moins les gens qui sont dans la rue. En effet les partis d’opposition appartiennent également à des franges de l’establishment politique et défendent une issue négocié avec le gouvernement. Ils tentent d’influencer une partie de la mobilisation de masse pour maintenir leur rythme de pression tout en essayant que la situation ne dégénère pas et que la mobilisation elle-même ne passe au-dessus d’eux. En effet, des nombreux chefs d’opposition sont eux aussi liés à des cas de corruption et eux-mêmes peinent à attirer la sympathie des manifestants. Comme le témoignait un manifestant : « Je ne vais pas dire que l’opposition représente un changement. Parce que beaucoup des politiques qui sont dans l’opposition ont aussi des accusations de corruption contre eux. Ils ont déjà été au pouvoir et n’ont pas fait mieux que Jovenel Moise ».
Si pendant ce temps Jovenel Moise a pu surmonter les difficultés c’est d’un côté parce que l’opposition lui a redonnée du souffle par le biais de multiples négociations, et parce que d’autres acteurs lui ont apporté leur soutien. C’est le cas des États-Unis mais aussi d’autres pays impérialistes comme la France, qui ont réitéré, à l’instar de Joe Biden, leur soutien à une année supplémentaire de mandat pour Jovenel Moïse.
Cette position de la communauté internationale dans la crise haïtienne a été sévèrement critiquée par les manifestants, qui ont rejeté toute ingérence dans les affaires intérieures du pays et remis en question le bilan des forces de l’ONU, considérées comme une occupation étrangère d’un territoire. Comme le dénonçait un manifestant : « Malgré toutes les séquestrations, les massacres dans les quartiers populaires, les Etats-Unis continuent de le soutenir. L’argent du fonds Petrocaribe a été dilapidé, on n’a pas de bons hôpitaux, et les Etats-Unis continuent à soutenir ce gouvernement corrompu »
Tel qu’on l’a vu ces derniers jours, de par la profondeur de la crise politique et sociale, il est très probable que les mobilisations contre Jovenel Moïse se poursuivent mais aussi que l’opposition politique essaye de canaliser la colère pour récupérer ses positions et ne rien changer en profondeur. Pour en finir avec la subordination historique du pays aux États-Unis et aux intérêts du FMI mais aussi de l’ensemble des pays impérialistes, il convient de construire une véritable voie indépendante à la bourgeoisie haïtienne et qui réponde aux intérêts des travailleurs et de la population, pour en finir avec la dette et le pillage du pays, la pauvreté extrême et la misère.
Source:https://www.revolutionpermanente.fr/Haiti-Manifestations-contre-le-regime-corrompu-et-l-ingerence-des-Etats-Unis-et-du-FMI

La Lime contre Haïti ou le déshonneur des Nations unies

Publié le 2021-03-03 | Le Nouvelliste
La présence des Nations unies en Haïti a été caractérisée par deux choses : le gaspillage et l’épidémie de choléra. Des missions à n’en plus finir. Des millions de dollars gaspillés dans des programmes inefficaces, allant du renforcement des institutions (il n’y en a pratiquement plus une seule qui fonctionne) au désarmement (on n’aura jamais autant vu d’armes illégales dans ce pays). Avec, comme si le ridicule ne suffisait pas, la mort jetée dans la rivière. Le bilan : compter les morts et les dollars perdus.
Mais l’affaire La Lime contre Haïti témoigne de quelque chose de plus grave. Dans son superbe ouvrage « The rhetoric of empire » (1993, Duke University Press), David Spurr pointe la négation comme constitutive du discours colonial et de ses avatars. Elle va plus loin qu’un simple procédé. Elle est essentielle à la légitimation de son porteur, à sa paix intérieure, à son assurance. Rarement aura-t-on vu chez un haut fonctionnaire des Nations unies une telle attitude intellectuelle. De son point de vue, c’est déjà une concession que madame La Lime nous fait en réduisant des dizaines de milliers de personnes à trois mille. Pour une « administratrice coloniale », l’autre n’existe que dans les termes fixés par l’administrateur.
On peut chercher dans sa philosophie politique personnelle (des rumeurs à vérifier sur ses amitiés avec la pensée suprémaciste) et dans ses intérêts personnels et affectifs (d’autres rumeurs d’un autre type qu’il serait sordide d’aller vérifier), mais au-delà du détail des incidences biographiques, ce que madame La Lime représente et révèle, c’est la persistance d’un système de pensée que l’on n’avait pas l’optimisme de croire mort, mais qu’on pensait un peu sous la paille, la gêne, sinon la honte affectant ses porteurs.
La négation de l’autre dans la rhétorique coloniale fait abstraction de sa condition objective aussi bien que de sa capacité de produire du discours sur cette condition. Et si nous nous fâchons, elle nous récitera peut-être les vers du poème de Kipling, « le fardeau de l’homme blanc » : « Prenez le fardeau de l'Homme Blanc /Et récoltez sa vieille récompense/ La critique de ceux qu'on dépasse, La haine de ceux qu'on surveille/ Les cris des hôtes que vous guidez/ (Ah, lentement !) vers la lumière. »
« Dépasse », « surveille », « guide »… On imagine qu’elle utilise ce vocabulaire dans son intimité. Madame La Lime, c’est l’homme blanc typique du XIXe siècle.
Le déshonneur des Nations unies, c’est d’avoir envoyé en Haïti, terre de la négation la plus radicale de la pensée et de la geste coloniales, une rescapée de cette pensée. L’actualité haïtienne est passée sous silence et nombreux sont les peuples, les journalistes, les chercheurs qui regardent ailleurs. Mais il viendra vite le temps où l’évolution de la situation haïtienne forcera à s’intéresser au destin de ce peuple et à analyser, pour l’histoire, ce que la représentante des Nations unies a fait ici, ce qu’elle a vraiment représenté. Le souvenir des « plaisirs de Saint-Domingue » et la négation de l’autre. Quand arrivera ce temps, les Nations unies auront à expliquer pourquoi ce déshonneur que fut madame La Lime.
Antoine Lyonel Trouillot
https://lenouvelliste.com/article/226899/la-lime-contre-haiti-ou-le-deshonneur-des-nations-unies

Fusillade, kidnapping, colère...

Publié le 2021-03-03 | Le Nouvelliste
En plein jour, à la place des Artistes, au Champ de Mars, deux individus à moto ont ouvert le feu et tué deux jeunes hommes présentés comme des laveurs de voitures, mercredi 3 mars 2021, a appris le journal Le Nouvelliste.
Pour le moment, le mobile de ce double homicide est inconnu. Des images partagées sur les réseaux sociaux montrent une femme ensenglantée, touchée à l’abdomen.
Elle a été évacuée de la place des Artistes, un lieu de rencontres, de restauration situé à un jet de crachat du commissariat de Port-au-Prince, de l’ambassade de France et une centaine de pas du Palais national.
La veille, à Pernier, une infirmière, Édline Mentor, a été tuée par balle en sortant de la banque. Kidnappings et coup de gueule
Mardi, les kidnappeurs ont écumé les rues. Au moins cinq enlèvements ont été recensés à Pacot et ses environs.
Ce mercredi, en réaction à l’enlèvement de Jean Marc Condestin ce week-end, des habitants de Mariani, à l’entrée sud de Port-au-Prince ont obstrué la voie publique avec des véhicules de fort tonnage. 275 stations d'essence de l’ANAPROSS sont restées fermées pour exiger la libération de M Condestin, propriétaire d’une station-service.
Á Delmas 33, zone Gérald Bataille, des protestations ont été signalées pour exiger la libération de Venel Ilée, un conducteur.
Des médecins de l'hôpital La Paix ont marché à Delmas pour dénoncer l'assassinat de Dr Ernst Pady.
Le directeur général a.i de la PNH, Léon Charles, a annoncé le lancement ce vendredi, du 122, un numéro de téléphone pour contacter a PNH en cas d'enlèvement.
Il a souligné que le kidnapping n'est pas uniquement le problème de la PNH. C'est un problème de société, a-t-il confié au moment d'annoncer des fouilles de véhicules.
Sur la route de Ganthier, ce mercredi, un autobus qui se rendait en République dominicaine a été carnardé par des bandits de 400 Mawozo, ont rapporté des témoins. Il y a plusieurs blessés dont deux gravement touchés.
Dans l'Artibonite, une ambulance de la CAN immatriculée SE-05014 a essuyé des tirs dans la localité dénommée Doda, à Verrettes. L'ambulance transportait un malade au moment des faits, a appris le journal.
Port-au-Prince et ses environs continuent de glisser dans la peur. Ces temps-ci, des gestes simples du quotidien sont pratiqués avec la boule au ventre.
Roberson Alphonse
Source: https://lenouvelliste.com/article/226938/fusillade-kidnapping-colere

lundi 1 février 2021

L’opposition propose une Commission nationale de 15 membres pour l’après Jovenel Moïse

7 février 2021/Proposition de sortie de crise
Publié le 2021-01-31 | Le Nouvelliste
Après plusieurs mois de discussions et de tergiversations, les principales organisations politiques de l’opposition se sont finalement entendues sur une proposition commune de sortie de crise. Dans le document, il est d’abord question de la création d’une Commission nationale pour la mise en place de la transition (CNT). Cette structure de 15 membres choisira le prochain président qui devrait remplacer le président Jovenel Moïse. La CNT participera aussi dans le choix du Premier ministre, la formation du gouvernement, la mise en place de l’organe de contrôle de la transition. La durée de la transition est de deux ans.
L’opposition politique n’est toujours pas parvenue à présenter au pays une alternative au président de la République qui, selon elle en évoquant l’article 134-2 de la Constitution, doit laisser le pouvoir le 7 février 2021. Après plusieurs mois de négociations, les principales organisations politiques de l’opposition ne sont arrivées qu’à la signature d’un document qui prévoit comment remplacer Jovenel Moïse à jour J-7 du 7 février 2021.
Tout va d’abord passer par la création d’une « Commission Nationale pour la mise en place de la Transition (CNT) composée de 15 membres ainsi répartis : sept membres de la société civile dont un membre du Comité de suivi de la Déclaration du 21 aout 2020 et huit membres des partis, groupements et regroupements politiques de l’opposition. »
La CNT a pour mission de choisir selon les modalités décrites dans le document : le président/la présidente de transition, le/la premier.ère ministre, les membres de son gouvernement et les membres de l’organe de suivi et de contrôle de l’action gouvernementale. Les membres de la CNT ne peuvent pas faire partie du gouvernement de transition, précise le document.
« Avant le 7 février 2021, la Commission Nationale pour la mise en place de la Transition (CNT) désignera comme Président ou Présidente un juge de la Cour de Cassation, régulièrement nommé, réputé honnête, jugé apte à respecter la feuille de route, et contre lequel aucune accusation d’action contraire à l’Etat de droit n’a été portée. Si la Commission ne parvient pas à désigner le président ou la présidente selon la procédure fixée, elle choisira au sein de l’un des pouvoirs que la Commission aura jugés régulièrement établis ou toute autre solution institutionnelle concertée », lit-on dans le document de l’opposition.
Le choix du président sera adopté et appliqué par la Commission par consensus ou par vote de la majorité des 2/3. Le mandat du président ou de la présidente de la transition prend fin à la prestation de serment du nouveau président élu.
S’agissant du choix du Premier ministre, « Les partis, groupements et regroupements politiques signataires dudit Accord après concertation d’une part et les organisations de la société civile signataires d’autre part présentent chacun une liste à la CNT. Le secteur politique présente une liste de quatre candidats et la société civile une liste de trois candidats. La commission choisit par vote le premier ministre ou la première ministre le soumet au président ou à la présidente pour nomination », selon l’accord de l’opposition. Selon l’accord signé entre les membres de l’opposition, le Premier ministre, chef de gouvernement, en accord avec le président et la CNT, forme le gouvernement. Le cabinet ministériel sera formé d’un maximum de 14 membres. « Les membres du gouvernement de transition ne peuvent pas se porter candidats aux élections générales que le gouvernement de transition organisera. Après délibération au conseil des ministres, le/la président/e nomme les agents exécutifs intérimaires. Ces derniers ne peuvent se porter candidats aux prochaines élections », indique le document.
Par ailleurs, la CNT a aussi pour mission de choisir les membres de l’Organe de contrôle de la transition (OCT). « Cet organe aura pour mission de veiller au respect des lois et de l’éthique dans la gestion de la chose publique. Il devra aussi s’assurer de la prise en compte des revendications populaires par le pouvoir politique. Il ne s’agit pas d’un organe jouissant des privilèges et prérogatives d’un parlement, mais d’une instance de consultation et de surveillance. La fonction de membre de l’OCT est bénévole et non rémunérée.
Cependant, à chaque session, les membres auront droit à des frais leur permettant de couvrir les frais de déplacement et de séjour à la capitale. L’OCT disposera d’un secrétariat chargé de collecter et de distribuer à tous les membres les informations émanant du gouvernement pour leur permettre d’exercer leur mission de contrôle en connaissance de cause. Il se réunira une fois par mois pour des sessions ordinaires de huit (8) jours ouvrables. En cas d’urgence, l’OCT peut décider de la tenue de sessions extraordinaires », explique le document.
Aucun membre de l’OCT ne peut se porter candidat aux prochaines élections. Un arrêté portant organisation et fonctionnement de l’OCT et nommant les vingt-trois (23) membres est publié dans le journal officiel. L’Organe de contrôle de la transition (OCT) sera dissout à l’installation de la 51ème législature.
Le Président/La Présidente convoque la Conférence nationale souveraine quinze jours après son entrée en fonction. Le nouveau chef de l’Etat désigne de concert avec la CNT une commission chargée de planifier et de réaliser la conférence. Tous les secteurs de la vie nationale seront représentés : politique, syndical, secteur populaire, secteur privé des affaires, secteur paysan, secteur des droits humains, secteur des droits des femmes, secteur universitaire, secteur des handicapés, associations professionnelles, secteur religieux et la diaspora, lit-on dans le document.
« La Conférence nationale souveraine se prononcera sur les grands problèmes de la société pour proposer de nouvelles orientations. Son organisation, ses mécanismes de fonctionnement et les limites de ses prérogatives seront fixés par les termes de référence adoptés conjointement par l’exécutif de transition et l’OCT », indique l’accord entre les partis de l’opposition.
Aussitôt la formation de l’OCT, le président constate la dissolution de la Commission nationale pour la mise en place de la transition.
Quelques points dans la feuille du gouvernement de transition
Le gouvernement de transition aura pour missions principales de travailler à: restaurer l’autorité de l’état ; créer un climat sécuritaire en vue de ramener la paix et la confiance de la population, en menant des actions efficaces contre les gangs armés et les trafiquants en tous genres ; convoquer une conférence nationale souveraine en vue d’organiser le dialogue national en vue d’aboutir à un pacte de gouvernabilité autour d’un projet national commun de rupture pour la transformation de notre pays.
Le gouvernement de transition doit aussi créer les conditions pour « la réalisation d’un procès Pétrocaribe équitable dans un délai raisonnable, de telle sorte que soient rendus des jugements justes, équitables et que les sommes détournées soient récupérées ; créer les conditions pour la tenue d’élections libres, honnêtes et démocratiques, dans un délai raisonnable, en mettant en place un système électoral limitant au maximum les possibilités de fraudes et en incitant les citoyennes et les citoyens à participer en grand nombre dans le choix des dirigeants au niveau national et au niveau local… »
L’opposition a mis plusieurs mois pour arriver à la signature de ce document. Combien de temps mettra-t-elle pour se mettre d’accord sur le choix des 15 membres de la Commission nationale de transition, du président, du premier, des membres du gouvernement, des membres de l’OCT… ? Pourra-t-elle y arriver avant le 7 février 2021 soit dans 7 jours ?
Parmi les signataires du document final, on peut citer les membres de l’Accord du 21 août, le parti politique Pitit Desalin, la Direction politique de l’opposition démocratique, ‘’Operasyon tèt ansanm’’.
Robenson Geffrard
Source : https://lenouvelliste.com/article/225873/lopposition-propose-une-commission-nationale-de-15-membres-pour-lapres-jovenel-moise

Joseph Lambert lance son dialogue pour tenter de trouver une solution à la crise

Publié le 2021-01-31 | Le Nouvelliste
Le sénateur Joseph Lambert, président du dernier tiers du Sénat, lance un « grand dialogue national ». Ce, pour tenter de trouver une issue à la crise que traverse le pays, mais aussi pour revendiquer l’existence d’un contre-pouvoir à Jovenel Moïse alors que le Parlement est devenu caduc avec le départ de la Chambre des députés et des 2 tiers du Sénat.
« Après deux semaines de rencontres préparatoires avec les différents secteurs vitaux de la vie nationale et certains partenaires internationaux, le Président du Sénat de la République, Joseph Lambert, lance officiellement « Le grand dialogue national », peut-on lire dans une note de presse du Sénat
Selon la note, ce dialogue va se réaliser sous les auspices du Sénat de la République et se tiendront les 3 et 4 février 2021 Tara's La Sapinière. Toujours selon le document, la discussion va se réaliser entre les protagonistes de la crise politique actuelle. « À l'issue des échanges, un accord global sera signé pour juguler le chaos imminent et stabiliser le pays », précise la note.
Plus loin, poursuit la note, après les judicieuses observations de la société civile, le pouvoir et l'opposition exprimeront tour à tour leur position sur l'état de la constitution, la nécessité du retour à l'ordre constitutionnel par des élections et les mécanismes à mettre en œuvre pour une meilleure gouvernance dans un climat politique apaisé. « Convaincu de la capacité des acteurs de la vie nationale à trouver un accord sur leurs désaccords pour le bien des générations présentes et futures, le Sénat de la République invite toutes les Haïtiennes et tous les Haïtiens à un dépassement de soi pour sauver Haïti, le seul bien commun que nos aïeux nous ont légué », conclut la note.
Le nouveau président du Sénat a publié sa note dans un contexte politique tendu. En effet, l’opposition appelle au départ de Jovenel Moïse d’ici le 7 février, estimant que le mandat du président arrive à terme à cette date. Pour sa part, le président Jovenel Moïse s’accroche à son quinquennat, arguant que son mandat de 5 ans arrivera à terme le 7 février 2022.
Entre-temps, des centaines de manifestants ont foulé le macadam la semaine écoulée et ce dimanche 31 janvier pour exiger le départ du président Jovenel Moïse.
Source : https://lenouvelliste.com/article/225878/joseph-lambert-lance-son-dialogue-pour-tenter-de-trouver-une-solution-a-la-crise
Auteur : Jean Daniel Sénat