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dimanche 15 avril 2007

Construire sur le sang et l'obscurantisme: François Duvalier

Quelques uns des illustres prisonniers décédés dans les geôles des Duvalier
Militants, professionnels, écrivains, journalistes, militaires, macoutes, ils devinrent tous des loques humaines ou furent exécutés
samedi 14 avril 2007,
Radio Kiskeya
Nous rappelons, dans le cadre d’une série, quelques unes des atrocités du régime des Duvalier à l’occasion du centième anniversaire samedi (14 avril 2007) de la naissance du plus dévastateur des dictateurs haïtiens : François Duvalier.

  • Jacques-Stephen Alexis, écrivain de renommée internationale et secrétaire général du Parti de l’Entente Populaire (PEP, marxiste-léniniste), exécuté au Fort Dimanche en 1961 dans des conditions jamais élucidées. Lui et ses trois compagnons d’infortune, Guy Béliard, Max Monroe et Hubert Dupinouillé ont été capturés, torturés et mis à mort à la suite d’une tentative d’invasion..

  • Ils étaient arrivés vers le 17 avril 1961 au Môle St-Nicolas (nord-ouest) en provenance de Cuba.
  • Auguste Thénor : Cellule 1, Plaine du Cul-de-Sac (nord de Port-au-Prince). Poète, journaliste, membre du groupe Haïti Littéraire avec René Philoctète, Anthony Phelps et Roland Morisseau. Arrêté en 1971 et libéré en décembre 1972, il est de nouveau appréhendé en janvier 1973 avant de mourir en 1975 de diarrhée.

  • Ezéchiel Abellard : Cellule 6, meurt en août 1976 de tuberculose et de malnutrition. Journaliste, originaire de la communauté rurale de l’Arcahaie (40 km au nord de la capitale)..

  • Fred Baptiste : Cellule 1, Jacmel, meurt le 16 juin 1974 de tuberculose et de maladie mentale, à l’âge de 41 ans. Son corps, ceux de son frère Rénel et de leurs sept compagnons sont jetés en pâture aux chiens.

  • Fred Baptiste fut un militant politique et le leader des Forces Armées Révolutionnaires d’Haïti (FARH), un mouvement de guérilla lancé en 1964 dans le Sud-Est d’Haïti avec le soutien de nombreux paysans. A Mapou, Belle-Anse, Bodary et Thiotte, plusieurs centaines de paysans furent arrêtés et exécutés. André Simon, ami personnel de Duvalier, était à la tête du détachement militaro-macoute chargé de mâter la rébellion armée..

  • Justin BERTRAND, cellule 5, Port-au-Prince. Ancien redoutable chef macoute de Carrefour-Feuilles (sud-est de la capitale), il meurt le 26 août 1975 de tuberculose, de diarrhée et de démence. Avant de s’éteindre, il se barbouilla le visage et le corps de matières fécales.

  • Rameau Estimé : Cellule 1, meurt le 13 mai 1976 de diarrhée et de malnutrition. Député "j’approuve" et duvaliériste de la première heure, il fut jeté en prison après être tombé en disgrâce.

  • Kesner BLAIN, cellule 3, Port-au-Prince. Ancien colonel des Forces Armées d’Haïti (FAd’H), il meurt le 1er février 1976.

  • Marie-Thérèse Féval : Exécutée en mars 1976. Elle fit partie de l’équipe dirigeante du Parti Unifié des Communistes Haïtiens (PUCH).

  • Hubert Legros : Cellule 6, Port-au-Prince. Meurt le 19 décembre 1975 à 5h AM de diarrhée et de tuberculose. Il était un avocat bien connu.

  • Salma Pierre-Paul : Cellule 3, St-Marc, meurt de tuberculose. Il fut professeur et avocat.

  • Annouce Rebecca : Cellule 3, Cavaillon. Meurt le 10 octobre 1972 de tuberculose. Il fut un ancien membre des Volontaires de la Sécurité Nationale (VSN).

  • Richard Brisson et ses quatre compagnons d’infortune furent torturés et fusillés en 1982 aux Casernes Dessalines. Brillant journaliste culturel, diseur et homme de théâtre, Brisson se trouvait en compagnie des rebelles qui avaient débarqué avec des armes à bord d’un hydravion sur l’île de La Tortue (nord-ouest) en provenance de Miami.


  • P.S En 1978, la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) avait envoyé au gouvernement de Jean-Claude Duvalier une liste de 151 prisonniers qui avaient été exécutés à cette époque. spp/RK
    Sources : Les Cachots des Duvalier de Marc Romulus et Le Prix du sang de Bernard Diederich

Comment françois Duvalier a tué Les libertés: La Loi anticommuniste de 1969

L’un des instruments juridiques ayant permis à Duvalier d’instaurer un régime fasciste en Haïti
samedi 14 avril 2007,
Radio Kiskeya
Pour l’histoire, nous reproduisons l’un des textes législatifs les plus liberticides qui aient été conçus et proclamés en Haïti. La loi anticommuniste du 28 avril 1969, approuvée à l’unanimité par la Chambre des Députés et promulguée par le gouvernement de François Duvalier.
Cette légitimation d’un système de pensée unique et d’un Etat consacrant l’abolition du pluralisme idéologique en pleine guerre froide vint dans le sillage d’une vaste campagne meurtrière lancée contre la gauche haïtienne à Port-au-Prince, à l’Arcahaie, au Cap-Haïtien et dans de nombreuses autres régions du pays.
TEXTE DE LA LOI ANTICOMMUNISTE DU 28 AVRIL 1969
Article 1.- Sont déclarés crimes contre la sûreté de l’Etat, les activités communistes sous quelque forme que ce soit : Toute propagande des doctrines communistes ou anarchistes, par conférences, discours, causeries, lectures, réunions publiques ou privées ; par tracts, placards, périodiques, revues, journaux, brochures, livres, images, toutes correspondances écrites ou verbales avec des associations, soit locales, soit étrangères, ou avec des personnes qui s’adonnent à la diffusion des idées communistes ou anarchistes, de même que le fait de recevoir, de recueillir ou de fournir des fonds destinés directement ou indirectement à la propagation desdites idées.
Article 2.- Seront déclarés coupables des mêmes crimes tous ceux qui, à un titre quelconque : Libraires, propriétaires ou gérants d’imprimerie, propriétaires, gérants ou locataires de salles de spectacle publiques ou privées ; propriétaires, locateurs ou locataires de maisons d’habitation ; ministres du culte, ministres prédicateurs, professeurs, instituteurs, etc., auront suggéré ou facilité leur exécution ; hébergé ou prêté assistance à leurs auteurs.
Article 3.- Les individus poursuivis conformément aux articles 1 et 2 de la loi présente seront jugés par une cour martiale ou militaire permanente.
Article 4.- Tout individu surpris en flagrant délit d’activités anarchistes ou terroristes est déclaré hors-la-loi
Article 5.- La présente Loi abroge toutes lois ou dispositions de lois, tous décrets, tous décrets-lois ou dispositions de décrets-lois qui lui sont contraires et sera exécutée à la diligence des Secrétaires d’Etat de l’Intérieur et de la Défense Nationale et de la Justice, chacun en ce qui le concerne. FIN

Source Radio Kiskeya sur http://www.radiokiskeya.com

La République Dominicaine laisse Haïti loin derrière

La stabilité politique en République Dominicaine durant les 40 dernières années face à l’instabilité en Haïti a été le facteur fondamental dans le niveau de développement atteint par les deux nations, souligne une étude réalisée par Laura Jaramillo et Cemile Sancak publié par le Fond Monétaire International (FMI). L’étude intitulée « Pourquoi les gazons sont plus verts de ce côte d’hispaniola ? », expose qu’en 1960 dominicains et haïtiens percevaient la même revenue per capita, moins de 800 dollars américains ; cependant, déjà pour 2005, le produit Interne Brut (PIB) de la République Dominicaine s’est multiplié par trois (2500 dollars américains) tandis que le PIB d’Haïti s’est divisé par deux (430 dollars américains).
Dans les faits, Haïti et La république Dominicaine ont représenté les deux extrêmes en Amérique Latine en terme de croissance pendant les 45 dernières années. Pendant cette période, La République Dominicaine a atteint un taux de croissance supérieure à 5%, un des taux de croissance les plus élevés, pendant que Haïti accusait les niveaux les plus bas de la région avec près de 1%.
En publiant l’étude comparative entre la croissance économique des deux nations, le FMI avertit que celle-ci ne reprend pas le point de vue de cet organisme, sinon la position des auteurs. Cependant, il déclare, la faire connaître pour permettre le débat.
Citant plusieurs auteurs, Jaramillo et Sancak affirment que la différence en matière de croissance des deux nations est due, entre autres facteurs, aux politiques de l’environnement, à la densité démographique élevée et la sécheresse. Ils disent que ces facteurs ont été les principaux motifs qui ont accéléré la déforestation et la perte de la fertilité du sol de la parie ouest de l’île, avec des conséquences adverses pour la production agricole et pour la croissance.
De même, autres auteurs cités par l’étude admettent que Haïti est le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental à cause de l’augmentation de la main d’œuvre rurale qui a conduit à une agriculture de subsistance au détriment d’une production agricole orientée vers l’exploitation.
D’autres études ont trouvé que la croissance économique de la République Dominicaine a été favorisée par la stabilité politique et macroéconomique.
Article original en Espagnol paru dans l’édition digitale du Journal HOY


http://www.hoy.com.do/article.aspx?id=18967 traduit par Thom GATO pour Haïti Recto verso sur http://haitirectoversoblogspot.com
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Ce qu’il convient de retenir dans tout ça c’est le titre de l’article et la grande vérité du premier paragraphe. L’instabilité politique et sociale en Haïti n’a été bénéfique qu’aux dirigeants qui, dans un contexte ou un autre ont tenu le timon des affaires.
Arrivés souvent les mains et les poches vides, ils ont vidés les caisses de l’état pour assurer le futur de plusieurs générations de leurs descendances ceci au détriment de l’application de la plus minime des politiques qui viserait le redressement de la situation retrouvée lors de leur accession au pouvoir… Quand on évoque les facteurs qui font d’Haïti ce qu’elle est devenue aujourd’hui les deux éléments à mettre au premier plan sont incompétence et corruption.

L’autre face de Haití en République Dominicaine

Par Maria Isabel Soldevila
509.994 haïtiens et leurs enfants vivraient en République Dominicaine en 2002 selon FLASCO.
Santo Domingo.- Une filles aux grands yeux noirs, applique de l’engrais sur la terre ou –une fois de plus- elle verra pousser la canne à sucre que son père coupera. Cette fille rêve et s’indigne- sans connaître encore ce que signifie le mot indignation- parce que les personnages de petits romans que lui prête Victor un dominicain de « pure souche » qui porte même des chaussures, ont des vies fantastiques qu’elle ne peut qu’imaginer. Quand cette enfant pris naissance en 1948, les rêvent n’étaient pas fertilisés dans les bateyes comme Bermejo. Mais Inoelia Rémy Yantiel a osé les cultiver.
Le 17 avril 1998, cinquante ans après que Silvia Yantiel et Elias Miguel Rémy l’aient conçue, la plus jeune d’une fraterie de sept s’est faite avocate. Le diplôme est accroché à un mur principal de son bureau dans les locaux de l’association pro-desarrollo de la Mujer y el medio ambiente, inc, institution qu’elle dirige depuis sa fondation en 1994 et qui a apporté de l’eau, de petites entreprises d’élevage de porcs et de lapins à sa communauté d’origine. La vie dans le batey n’a pas été facile, rappelle Rémy.
On la regardait comme un être étrange, plongée dans sa lecture du reader’s Digest, ouvrant encore plus grand ses yeux pour apprendre sur une certaine Peron dans un pays appelé Argentine, ou sur cette blonde Marilyn Monroe, d’un idyllique Hollywood. « Nono » ainsi connue chez elle, se noyait dans ces pages et oubliait d’apprendre la recette du pain fait maison, avec les reproches des femmes des barraques. « Mais, maman me défendait. Elle leur disait : « Nono sait écrire » pour la laisser tranquille.
Lire les revues paraissait un passe-temps hors contexte temporel dans un batey. Quand les travailleurs recevaient leurs salaires, ces petits papiers de couleur étaient échangées contre valeurs et des vendeurs arrivaient de toute part. Ils vendaient des revues usées déjà lues qui servaient à décorer les murs des baraques.
C’est ainsi que j’ai pu obtenir mon premier reader’s Digest. Mon frère a pu l’avoir en sus parce que les pages étaient trop petites pour décorer les murs et personne les achetait », raconte Rémy. Tandis que la petite Nono construisait son univers dans sa tête, le monde de la canne à sucre dans son environnement lui donnait des douches froides de réalité.
« Dans le batey, les gens rêvent de s’en aller. Six mois de travail et six mois de survie », dit aujourd’hui l’avocate, et elle en frémit encore. « En 1959, ils nous ont divisés dans des baraques différentes. Les haïtiens d’un côté et avec eux leurs enfants et les dominicains de pure souche de l’autre. On avait très peur, car on pensait qu’ils allaient nous tuer comme en 1937 (massacre de 20.000 haïtiens perpétré par Trujillo) »
La vie loin du batey.
En 1966, Nono cessa d’être Nono. Ici, dans le monde du dehors, Inoelia Remy Yantiel, dominicaine d’origine haïtienne, passe les « mille et une », selon ce qu’elle raconte.
Elle est partie vivre avec une amie, la fille d’un chef du batey, qui avait réussi à partir après avoir épousé un homme qui lui construisit une petite maison à Gualey. Son origine et la couleur de sa peau ont été des motifs de plaisanterie plus d’une fois.
La majorité des immigrants haïtiens, un 71% ont manifesté cependant n’avoir pas été offensés par des dominicains à cause de leur origine, selon l’Enquête sur les immigrants haïtiens en République Dominicaine (OIM y FLAASCO, 2004). L’activisme communautaire, la participation dans des syndicats et groupes de gauche comme l’Union Générale des Travailleurs Dominicains (UGTD) et le PACOREDO l’ont aidée à retrouver sa voix hors du batey.
La petite fille qui appliquait l’engrais de ses mains avec ses frères, ne négocie pas son coin de terre. En Haïti on l’appelle la dominicaine et en République Dominicaine l’haïtienne. Inoelia Remy Yantiel, comme les autres 250.000 fils et filles d’haïtiens que l’OIM et FLASCO estiment résider en République Dominicaine vit sur une sorte de terre de personne.
Mais elle assure que son cœur se trouve de ce côté de l’île sans renier ses origines. « Fermez les yeux et pensez que vous n’avez pas de maison, que quelqu’un vous dise que vous n’êtes pas ce que vous êtes, que vous n’êtes pas d’où vous êtes. Personne ne peut me dire que je ne suis pas d’où je suis né, d’où j’ai appris le « quisqueyanos valientes » (l’hymne national dominicain)….Personne n’aime ce pays comme je l’aime » dit, émue Inoelia Rémy Yantiel dominico-haïtienne.
Chanceux
Joseph Chérubin se déclare un homme chanceux. Ca fait 20 ans qu’il est arrivé de Haïti, deux décades durant lesquelles sa vie a viré de façon radicale. Il s’exprime en un espagnol haché, assaisonné du créole haïtien, dont il se moque lui-même sans aucune honte. « Je ne suis jamais allé à l’école pour apprendre l’espagnol. Je me suis aplati ici. Mes enfants rient beaucoup et me corrigent. Les gens se moquent moi j’en ai rien à foutre »
Il n’avait jamais pensé que lui, un infirmier de l’hôpital militaire de Port-au-Prince durant la dictature de Jean Claude Duvalier, issu d’une famille de classe moyenne – son père détenait une boulangerie à Martissant, finirait de ce côté de l’île dont il savait seulement que l’on y envoyait des braceros pour couper la canne à sucre. « Je ne voulais plus restes là-bas. J’ai demandé qu’on me licencie. L’hôpital militaire ne l’a pas fait. Je me suis débrouillé pour rentrer à New York ». Il y est parvenu.
Mais sa demande d’asile politique aux USA fut rejetée. Sachant que, considéré comme déserteur, s’il retournait en Haïti, il risquait la mort, celui qui est aujourd’hui Docteur Joseph Chérubin, directeur du centre de santé intégral La Solidarité, à Villa Mella, est resté à santo Domingo ou il a pu obtenir l’asile politique. C’était 1985. Son capital, 40 dollars.
Son salut lui vint du service des réfugiés des Nations Unies (ACNUR). Chérubin est détenteur d’histoires pour remplir plusieurs livres. Il vivait au jour le jour et il payait nuit après nuit son droit à dormir à Petit Haiti, un Hôtel encore debout aujourd’hui : celui de al rue Del Monte y Tejada. Une simple conversation avec un autre réfugié a défini son destin. Le Mouvement socio Culturel pour les travailleurs haïtiens (MOSTCHA) avait besoin d’un infirmier capable d’assister le Docteur Guillermo Rijo Cedeño et de traduire le créole. Ceci fut le premier emploi avec un salaire de 250 pesos par mois. Cherubin continue à travailler encore avec MOSTCHA.

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Article original en Espagnol paru dans la version digitale du journal Listin Diario http://www.listin.com.do/app/article.aspx?id=9429,traduit en Français par Thom GATO pour Haiti Recto Verso