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lundi 31 décembre 2007

L'évènement : un championnat du monde de boxe en Haïti

La nouvelle a fait le tour des agences en ligne et des pages spécialisées des journaux, particulièrement en Amérique du Nord et en Amérique du Sud. Un championnat du monde de boxe aura bien lieu en Haïti. Il opposera le champion du monde des mi-mouche WBA, le Mexicain Edgar Sosa et le Panaméen Carlos Melo. Pour en savoir plus, le Nouvelliste / Sport a rencontré l'instigateur de cette grande première, le promoteur de boxe internationale et manager d'Edgar Sosa, Jacques Deschamps Fils.
Le Nouvelliste : Sosa-Melo, c'est pour bientôt ?

Jimmy Colas et le Docteur Jonas Jolivert Lors de la soirée organisée par Baze Creole au Florida Palace à Marseille
Jacques Deschamps Fils : Je crois que la nouvelle a déjà fait la une dans le monde de la boxe. Sauf inconvénient, il y aura un championnat du monde de boxe pour la première fois en Haïti entre le Mexicain Edgar Sosa dont je suis le manager et le Panaméen Carlos Melo. Ce sera la quatrième défense de son titre en huit mois. Je n'ai pas besoin de vous dire que ce sera un évènement pour notre pays et que les yeux de la presse sportive mondiale seront braqués sur Haïti. Nous espérons monter le spectacle en mars. Les négociations sont en cours.

L.N.:Parlez-nous de l'affiche de cette soirée inédite ?
J.D.F. : Un combat de championnat du monde, cela requiert une fameuse affiche. Notre ambition serait d'avoir au programme deux ou trois boxeurs haïtiens. On est en train de contempler plusieurs boxeurs : le champion de France des mi-moyens Jimmy Colas Haïtien naturalisé Français) qui vit en France; deux magnifiques espoirs invaincus de la boxe mondiale, Adonis Stevenson (super-Moyens) et Dierry Jean (Welter Junior) du Canada. Bien sûr, on compte sur Daniel Edouard et Raphael Larose, déjà connus du public haïtien. Mais, tout cela n'est pas facile.

L. N. : Quelles sont les difficultés?

J D F : Bien entendu, monter un Championnat du Monde, c'est très coûteux. On a besoin de l'appui massif et inconditionnel de sponsors et de l'Etat. Je le souligne : un appui massif et inconditionnel. Je sais que le public répondra présent. Si les matches pouvaient être télévisés, ce serait super. Il Y aussi le fait que Colas, Stevenson et Dierry Jean sont des vedettes et sont sous contrat; nous devons négocier durement avec leurs promoteurs.
Monter un championnat du Monde en Haïti est un défi. Nos voisins dominicains l'ont déjà fait, de même que la Jamïque, Trinidad, Porto Rico, Aruba, la Barbade, Bahamas. Nous, le premier pays indépendant d'Amérique Latine, nous pouvons le faire. Dans tous les cas, les gouvernements de ces pays ont joué un rôle prédominant et j'espère que ce sera le cas en Haïti.
Propos recueillis parRaphael Féquière
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=52597&PubDate=2007-12-31
Commentaires :
C’est dommage que l’auteur de cet article ne mentionne pas que l’un des professionnels français mentionnés et espérés pour cette soirée de boxe, JIMMY COLAS est haïtien naturalisé français.

Jimmy Colas, Haïtien naturalisé Français, Champion de France des poids Welter se mesurera en Février prochain à Martigues pour le titre de Champion de l'Union Européenne. Un pas vers une chance pour titre mondial

Drôle de coincidence. Samedi dernier Baze Creole avait organisé une soirée antillaise avec la participation du groupe Original H et d’artistes antillais comme Phil Control, Paskal Lanclume et Big Tom. Jimmy Colas était dans l’assistance.
En fait depuis quelques temps ce jeune haïtien qui n’a jamais cessé de revendiquer ses origines, habite la région. Plus particulièrement il habite à Istres. Il était habitué et coutumier des activités de la communauté haïtienne de Paris et depuis son arrivée en Provence il guettait l’actualité culturelle en quête d’un éco quelconque de la communauté haïtienne de la région. I y a donc une semaine il est tombé par hasard sur une affiche qui annonçait la soirée de Baze créole et, sans tarder il a pris contact avec les organisateurs.
Non seulement il est venu mais il s’est fait accompagné de plus d’une dizaine de personnes qui ont fait connaissance de la musique haïtienne.
Nous avions été heureux de le rencontrer et il nous a parlé de son prochain combat.
Il devrait défendre un titre Européen le 12 Février à Martigues.
Nous lui avons promis d’être parmi la foule avec le drapeau haïtien en plus !

L'année de Jacques Roumain et de François Duvalier

L'année 2007 a été généreuse en célébration. De Jacques Roumain, l'homme de lettres, le révolutionnaire qui a laissé en héritage le roman Gouverneurs de la rosée à François Duvalier, paradoxalement, le dictateur, qui a mis à sac la société haïtienne. De 1907 à 2007, l'un et l'autre ont marqué très fort la société haïtienne.
De l'écrivain marxiste au tyran, il y a une certaine idée d'Haïti. L'année 2007, qui ramène le centenaire de naissance de ces deux références haïtiennes incontournables, est une année importante.
Les colloques sur Jacques Roumain (New York, Port-au-Prince) ont permis de reconsidérer l'oeuvre de Roumain, de faire ressortir les fondements de cette pensée si généreuse du pays, de cette vision si éclairante. Les points de vue, ouvrages et considérations politiques sur Duvalier ont montré l'échouage politique, mais aussi le blocage de la réflexion... Comme quoi, après Duvalier... On serait encore en amont de la fabrique des dictatures.
Un ouvrage à ce sujet ne manque pas de faire le point sur la question Duvalier, en ouvrant de nouvelles perspectives.
Ce livre Duvalier La face cachée de Papa Doc (Montréal, Mémoire d'encrier) ressemble à bien des points de vue aux Bienveillantes de Jonattan Littell, et porte à questionner le mal, la violence, à mieux comprendre comment cela s'était passé effectivement. Nous publions ci-dessous le point de vue de l'éditeur Rodney Saint-Éloi, servant de préface à l'ouvrage, Duvalier La face cachée de Papa Doc.Point de vue de l'éditeur
Duvalier.

La face cachée de Papa Doc, qui retrace les moments forts du régime de François Duvalier, est le premier titre du genre publié par les Editions Mémoire d'encrier. Nous avons fait place à l'histoire, particulièrement dans la collection Chronique, mais jamais nous n'avions côtoyé de si près l'histoire.
Avec La face cachée de Papa Doc, le lecteur comprendra que le tyran a un vécu, des désirs, des peines, des amours comme tous les êtres, humanité que souvent on lui ôte. La meilleure façon de triompher de la dictature, n'est-ce pas de lui opposer la nécessité du bonheur? Le dictateur déteste le rire, la joie, et tout ce qu'il ne peut réprimer. L'idée du bonheur m'a accompagné dans la lecture du texte. Est-ce pour échapper à l'horreur?


Le portrait de Duvalier qui ressort de cet ouvrage est celui d'un despote tropical - avec les qualificatifs d'usage : anachronique, sanguinaire, cupide, féroce. Nous sommes évidemment face à l'extrême, l'infinie bêtise, la politique dans son expression la plus monstrueuse. Mais au-delà du rappel, l'invention ici est dans le clair-obscur, les zones grises que nous dépeint l'auteur Jean Florival.
On n'avait pas encore l'image d'un Duvalier amoureux, déchiré par sa passion pour France Saint-Victor, sa secrétaire privée. On n'avait pas encore l'image d'un Gérard Daumec, le poète, amant de la maîtresse du président, qui lit dans les pensées de Duvalier, et qui se joue de lui. On ne savait pas grand-chose non plus des filles du président, qui ont payé de leur corps les dettes du dictateur.
Sans vouloir banaliser le mal et l'injustice, l'aspect théâtral de la dictature duvaliérienne (jeux de dupes, jeux d'ombres et jeux de miroirs) est peut-être l'essence et le fondement du régime, puisque toute dictature est un mensonge créé par l'impuissance des uns et la lâcheté des autres.
Spectateur et souffleur, Jean Florival est dans l'oeil du cyclone. À l'intérieur du régime, sans un quelconque titre officiel, il cultive l'amitié des grands et des barons et tient le beau rôle ; comme dans un drame shakespearien, il est la conscience du pouvoir. Il raconte, ni en opposant ni en panégyriste, les aspects insolites de cette dictature.
Regard de coulisse, Florival, témoin privilégié, plonge dans l'intimité du pouvoir, relate des faits jusque-là inconnus du grand public.
Ce livre a le mérite d'exposer avec sérénité des événements tantôt tragiques, tantôt loufoques, dans le dessein de refuser l'oubli, et de mieux comprendre cette tyrannie qui a endeuillé les familles haïtiennes, afin de sortir du cercle de l'impunité et de la logique bourreau-victimes. Découvrez les frasques d'un pouvoir qui fige depuis un demi-siècle l'histoire et l'imaginaire d'Haïti.


Rodney Saint-Éloi


Octobre 2007
NDLR. : Duvalier la face cachée de Papa Doc, paru en octobre 2007 à Montréal chez Mémoire d'encrier, est mis en vente dans toutes les librairies à Port-au-Prince dès le début du mois de décembre. Après une rupture de stock spectaculaire, le marché a tout de suite été réapprovisionné. Cet ouvrage, considéré déjà comme un best-seller tant à Montréal que dans les autres villes de l'Amérique du Nord, est un témoignage remarquable sur la vie et la dictature de François Duvalier.



http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=52478&PubDate=2007-12-28

L'identité musicale métisse .. de Turgot Theodat

En Haïti, il y a une certaine promotion du jazz qui se fait avec parti pris. Et depuis 40 ans, c'est pratiqué en anglais, précise Turgot Théodat. Le peuple n'a pas accès au jazz. Le choix est porté, argumente le directeur de l'Enarts, sur un style bon enfant : le « cool jazz ». L'aspect social du jazz est écarté au profit d'un snobisme moderne. On ne parle pas d'Archie Shepp, un Afro-Américain très revendicatif. Le jazz qu'on écoute à Port-au-Prince est celui des autoroutes américaines. Le jazz identitaire nègre est occulté.

L.N. : Vous revenez d'une tournée en Guadeloupe. Cependant, on n'en parle pas dans la presse haïtienne. Qu'est- ce qui explique ce silence et pourquoi le choix a-t-il été porté sur vous ?
Turgot Théodat : C'était un hommage que la Municipalité de Pointe-à-Pitre a voulu rendre à mon travail dans le domaine du jazz. Plusieurs milliers de personnes avaient assisté à la performance de ce qu'ils appellent, là-bas, la grande musique haïtienne. Pourquoi la grande musique haïtienne ? Considère-t-on la nouvelle démarche de notre musique contemporaine comme une tendance de marque et de bonne qualité par rapport à la tradition ? En fait, on voulait honorer le nouveau courant musical en Haïti : le jazz et la musique métisse. Le métissage musical est le mixage de la musique contemporaine et de la culture traditionnelle. Cela se fait dans plusieurs pays. A Porto Rico, il y a William Cepeda. J'ai joué juste avant Cepeda. Il n'y a pas seulement que la musique dans cet art de métissage. Il est enrobé d'un concept idéologique qui porte sur la scène les cultures paysannes des peuples du sud. La création artistique et le contexte social sont aussi explorés par Hugues Masekela, un brillant musicien sud-africain. Il était un ancien mari de Myriam Makeba. A Port-au-Prince, on commence à découvrir avec bonheur la musique métisse.

L.N. : Comment se présente cet art de métissage culturel en Guadeloupe ?
T.T. : En Guadeloupe, il y a le rythme traditionnel qu'on appelle Gwoka. Il y a aussi le zouk. Maintenant, beaucoup de musiciens modernes guadeloupéens se tournent vers leur racine. Ils sont très sensibles à leurs origines ancestrales africaines. Ils produisent beaucoup. Pourquoi m'ont-ils choisi parmi Buyu Ambroise, Réginald Policard, Mushi Widmaïer, Mosaïk ? Ces derniers sont plus constamment que moi sur la scène internationale et sont plus médiatisés. Je crois qu'ils ont identifié mes recherches et que cela marche de pair avec leur quête d'identité africaine. Au festival de Jazz à New-York, je n'ai pas été invité. J'ai la forte impression que c'est mon style qui a joué en ma faveur. Ma musique a parlé pour moi.

L.N. : Quelle est la situation du jazz en Guadeloupe ?
T.T. : En Guadeloupe, il y a le fils de la romancière Simone Schwarz-Bart, Jacques Schwarz-Bart, qui est un saxophoniste très talentueux alliant démarche esthétique et concept idéologique. Il y a aussi en Guadeloupe une minorité qui veut nier la culture africaine. Jacques est dans la même attitude que moi en Haïti. Quelques semaines de cela j'ai été invité sur une station de radio pour parler de musique en général et du compas en particulier. J'ai affirmé que je n'ai pas assez de connaissance dans le compas pour en parler. Comme mon interlocuteur a insisté j'ai précisé que je ne vois pas trop de différence entre T-Vice, Sweet Micky, Tabou Combo... J'ai eu donc un avis négatif. J'ai, ensuite, associé ce style musical à la dictature de l'époque. Ce que tout chercheur découvre dans la musique c'est l'harmonie, la mélodie, l'improvisation. Cela permet de magnifier l'art musical. J'avais 15 ans quand j'ai assisté à un concert du Tabou Combo. 33 ans plus tard, c'est le même rythme. Herman Nau a appelé à l'émission par téléphone pour argumenter, et critiquer le Tabou Combo c'est nier le drapeau national. C'était aller trop vite en besogne. Cela n'a pas empêché qu'en Guadeloupe j'aie demandé au public d'applaudir notre compatriote Herman Nau. Il a joué avec moi un rara traditionnel. J'étais heureux.

L.N. : La musique contemporaine haïtienne reçoit des influences un peu particulières tel le Rap, par exemple. Cela ne met-il pas en question nos traditions culturelles musicales nées des fêtes paysannes, alors que le Rap est l'expression d'un monde urbain désarticulé ?
T.T. : Le Rap ouvre un espace à une autre forme de créativité. Le Rap, c'est aussi une culture de la révolte sociale et c'est extrêmement dynamique.. Il porte un discours qui a une portée populaire. Cependant, la créativité est limitée. L'instrumentation est quasiment nulle. On n'a pas besoin d'avoir de bonnes compétences techniques pour pratiquer cette musique urbaine.

L.N. : On constate que le jazz en Haïti est limité encore à un cercle très fermé.
T.T. : Il y a plusieurs raisons à cela. Il y a une insuffisance au niveau de la production. Le manque d'ouverture sur le plan international est aussi un facteur de stagnation. La promotion du jazz est encore embryonnaire. Le jazz n'a pas encore une bonne assise populaire. Il n'est connu que dans un milieu d'intellectuels et de connaisseurs. Il y a une catégorie sociale en Haïti qui veut prospérer au milieu de l'ignorance et de l'obscurantisme du peuple. Moi, je veux être roi dans la clarté pas au-dessus des immondices.

L.N. : Il y a donc des exclusions dans le domaine de la musique contemporaine déjà très peu connue.
T.T. : Je peux citer l'exemple de la canadienne Christie Jensen qui était venue en Haïti pour un concert en novembre dernier au Parc historique de la Canne à Sucre. On a organisé un cocktail pour elle et toute la bonne société de la musique haïtienne était présente. Mais quand elle a affirmé vouloir rencontrer Turgot Théodat on a changé d'humeur à son égard. A sa prestation au Parc historique de la Canne à Sucre il n'y a eu qu'une centaine de personnes. Elle est venue à L'Enarts et a joué sur la cour pour les étudiants avec ses musiciens. Nous avions aussi joué ensemble à l'Institut français d'Haïti. C'est une grande saxophoniste de jazz. Elle n'a pas été interviewée par les radios connues. Elle a eu un gros problème de promotion.

L.N. : A Port-au-Prince, il y a donc une certaine promotion du jazz qui se fait avec parti pris.
T.T. : Et depuis 40 ans c'est pratiqué en anglais. Le peuple n'a pas accès au jazz et là encore le choix est porté sur un style bon enfant : le « cool jazz ». L'aspect social du jazz est écarté. On ne parle pas ,par exemple, d'Archie Sheep, un afro-américain très militant et revendicatif. Le jazz qu'on écoute ici est celui des autoroutes américaines. Le jazz identitaire nègre est occulté.

L.N. : Vous évoluez en solitaire et en isolé dans un art très peu connu du peuple. Comment vivez-vous cette situation ?
T.T. : C'est salutaire pour moi. Je conserve précieusement mon identité. Je ne veux pas être noyé dans un ensemble insipide et uniforme.. L'Ecole nationale des Arts est la porte de sortie. Ici, nous formons des musiciens et des combattants culturels. Un créateur ne baisse pas la tête. Son travail doit toucher aussi bien à l'esthétique qu'à l'identique, à la politique. La grande masse est aliénée quant à sa quête identitaire. Il y a aussi des intérêts personnels. Que Caleb Desrameaux passe son temps à parler de T-Vice, c'est son choix. Mais que cette démarche dénature l'art national c'est une question de toute importance sociale, politique et médiatique.

L.N. : Avez-vous été interviewé par la presse à Pointe-à-Pitre ?
T.T. : J'ai eu une interview à RFO sur le jazz et l'identité caraïbe. Avec une journaliste sud-africaine j'ai parlé de la situation du jazz en Haïti, de sa réalité quotidienne, de notre difficulté d'exister. Etre rebelle dans une société fermée c'est un gros risque.


L.N. : C'était votre première tournée en Guadeloupe.
T.T. C'est pour la première fois que j'ai joué en Guadeloupe. J'ai fait la Martinique. Je dois y retourner sous peu. Ces déplacements renforcent la sympathie avec Haïti. Les musiciens caribéens rêvent tous de venir en Haïti, terre mythique et promise.

L.N. : On commence à faire la promotion du jazz à travers le Club de jazz de Claude Carré qui a tenu dernièrement une conférence à l'Institut haïtiano-américain.
T.T. : C'est une bonne initiative. Cela va créer une dynamique autour du jazz. A l'Enarts, nous comptons avoir des séries de conférences sur le jazz.

L.N. : Quels sont vos projets musicaux ?
T.T. : Je n'ai pas trop de projets. Je suis un peu pris à la direction de l'Enarts. J'ai un rêve.

L.N. : Lequel ?
T.T. : Jouer sur la scène du Parc historique de la Canne à Sucre. Tifane l'a fait en deux ans de carrière. Moi, j'ai 20 ans de pratique musicale.

L.N. : Comment se porte l'Enarts ?
T.T. : Cela ne va pas trop mal. La culture est une priorité dans les discours mais dans les actes pourtant il y a une inadéquation. Officiellement, on dépense beaucoup pour le carnaval qui ne se déroule que durant trois jours. Qu'en est-il de l'Ecole nationale des Arts ? On devrait profiter du consensus qui existe aujourd'hui au niveau des étudiants. A l'Enarts l'encadrement est insuffisant, l'équipement pas assez, il n'y a pas d'accompagnement ministériel, il n'y avait pas de projet d'avenir. J'ai fait une proposition : la quête identitaire culturelle. On l'accepte. Il nous manque de la documentation pour l'appliquer et un bon budget pour la supporter. (Propos recueillis par Pierre Clitandre)

2007, année du livre

Le livre a rapproché les fils du pays au cours de l'année 2007. Il a traduit les nostalgies du compatriote exilé et son bonheur de retrouver sa terre natale. Il a mis en relation des catégories sociales dispersées par le fanatisme politique. Il a aussi tenté de comprendre des figures rejetées comme celle du dictateur François Duvalier. Du marxiste Roumain au lodyanseur Lhérisson, le livre essaie de trouver des lieux neutres culturels.
Quand sortira-t-il du mythe intellectuel pour être un produit organique de performance sociale ?
L'année 2007 a été très fructueuse en matière de publication d'ouvrages et de manifestations autour du livre. De janvier à décembre, des conférences, des colloques et autres manifestations culturelles ont été organisées pour marquer en beauté le centenaire de la naissance de l'écrivain Jacques Roumain. C'était l'année Roumain. C'était aussi l'année Duvalier et Lhérisson.
Du Livre-jeunesse à Etonnants Voyageurs
En mai, la fête du livre-jeunesse a eu lieu sur la cour de l'Institution Saint-Louis de Gonzague à Delmas 31. Une foire qui a réuni quatre auteurs en signature, une trentaine de nouveautés et cent soixante-onze titres, les uns plus accrocheurs que les autres.Puis, Livres en Folie, la plus grande foire du livre depuis plus de dix ans en Haïti, réunit environ une cinquantaine d'auteurs en signature. En introduisant dans le paysage littéraire haïtien Livres en Folie, Le Nouvelliste et la Unibank ne croyaient pas que le livre allait sortir des bibliothèques privées pour devenir un produit public qui mobilise toutes les catégories sociales.
Du 5 au 10 novembre, les Presses nationales d'Haïti ont organisé sa deuxième édition de Rentrée littéraire avec une dizaine d'auteurs en signature. Elles ont amené le livre dans quelques écoles de la capitale où l'écolier haïtien a eu la chance de palper, de toucher le livre et de parler aux auteurs.
Du 23 au 25 novembre, Livres en Liberté - initiative de Clément Benoît II- s'est offert une escale littéraire à Jérémie avec comme invité d'honneur Lyonel Trouillot. Il y a eu 900 titres disponibles et trente auteurs en signature. C'est une initiative louable parce qu'elle amène le livre dans les villes de province haïtienne. Donc, elle mérite d'être appréciée.
Du 1er au 4 décembre, une cinquantaine d'écrivains essentiellement de la Caraïbe se sont entretenus à Port-au-Prince au cours de la première édition du festival Etonnants Voyageurs. Amener le monde en Haïti et des représentants de la littérature mondiale, tel a été l'un des objectifs de l'événement.
2007, c'est l'année du livre. Il y a eu tellement de publications d'ouvrages haïtiens tant en Haïti qu'à l'étranger que la presse culturelle, impuissante, n'a pas eu le temps de tout lire. Il y a eu tellement d'activités autour du livre qu'on a l'impression que les autres manifestations culturelles sont reléguées au second plan. Pourtant, il y a eu deux grandes manifestations culturelles novatrices : Vol au vent et Artisanat en Fête. Donc, l'année 2007 a été très riche sur le plan culturel. Jamais année n'a été si prospère depuis environ vingt ans (1987-2007).
Avec cette vague déferlante axée sur le livre, personne ne sait concrètement si les ouvrages publiés sont lus. On sait simplement qu'il y a des gens qui achètent des livres. Personne ne sait si ceux qui achètent les bouquins les lisent ou s'ils les gardent comme des bijoux dans leur bibliothèque pour montrer aux autres qu'ils collectionnent de grands auteurs. S'il en est ainsi, on passe à côté de la fonction sociale de la lecture !
En tout cas, acheter des bouquins est une bonne initiative, mais les lire relève d'un exercice beaucoup plus complexe. D'où l'Etat a pour devoir d'intensifier une politique de lecture publique sur le territoire national pour apprendre aux jeunes à revisiter les grands auteurs, à aimer le livre, à avoir une vision autre sur l'universel.
Des critiques sont formulées par un secteur privé très actif à l'égard du ministère de la Culture et de la Communication dont la « politique culturelle » reste encore un secret pour l'opinion publique. Dans les milieux intellectuels, on se réjouit pour la relance de l'enthousiasme autour du livre en Haïti. Cependant, derrière fêtes et foires du livre se cache une réalité : celle, concrète, de la lecture. Avons-nous fait un pas de plus dans la connaissance des auteurs et de leurs oeuvres? Depuis que les bibliothèques s'établissent ici et là comment se présentent les statistiques autour de la lecture ? Quelle catégorie sociale est intégrée dans le processus d'accès aux livres ?
La Direction nationale du Livre (DNL) a encore du pain sur la planche. Mais les bibliothèques de proximité aussi ont un devoir de transparence pour dire aussi bien leurs succès que leurs échecs. Il en est de même pour les Centres de lecture et d'animation culturelle (CLAC) dont un relatif constat est fait qu'il manque de structures, d'espaces et d'expertise pour une véritable politique du livre en Haïti.
Duvalier, Roumain, Lhérisson...
Cette « Année du Livre » a été aussi celle des auteurs. Roumain a eu la part du lion. Conférences, colloques, débats ont montré les multiples aspects de l'auteur de « Gouverneurs de la Rosée ».
Ces approches ont permis de voir Roumain sous tous les angles : le littéraire, le scientifique, le politique, le lyrique amoureux. Au milieu de la « roumainite », la question a été posée sur le silence observé autour du centenaire de la mort de Justin Lhérisson. Cela a permis à des spécialistes de revisiter les oeuvres de l'auteur de « Zoune chez sa ninnaine ». Ils ont tiré la relative conclusion que Lhérisson est au centre de divers courants littéraires de la Caraïbe dont le mouvement de la créolité et les particularités régionales de la lodyans.
François Duvalier a été aussi comme replacé dans la bibliographie contemporaine. Du « Mal-aimé » à «Duvalier. La face cachée de Papa Doc », Rony Gilot et Jean Florival ont attiré l'attention des lecteurs de tous âges sur la figure emblématique du dictateur qui a régné sur Haïti de 1957 à 1971. On se pose des questions autour de l'intérêt des uns et des autres pour des livres qui, à un certain moment, auraient provoqué le mépris de la critique locale. La démocratisation des idées laisse de l'espace à une tolérance. Et c'est le moment idéal pour comprendre un tyran dans son contexte, dans ses « idéaux nationalistes » et dans sa mégalomanie. Certains se demandent : pourquoi pas une réédition des œuvres essentielles de François Duvalier ? Ce n'est pas peu dire dans la conjoncture.
La boulimie autour du livre montre l'inadéquation entre le producteur littéraire et les moyens d'édition encore inexistants. La publication du livre obéit encore à une logique rudimentaire. Il y a un manque flagrant de politique éditoriale du livre, pour sortir de l'archaïsme et entrer dans des publications physiquement de bonne qualité. Les Editions Presses nationales d'Haïti, constatant la situation, font un effort annuel en vue d'avoir des habitudes constantes autour du livre par les « Rentrées littéraires ».
A quand une grande politique d'édition en Haïti ?
Le livre et les auteurs ont aussi, au cours de l'année 2007, rapproché l'extérieur de l'intérieur. Avant les grandes décisions d'amendement constitutionnel, les écrivains amorcent des relations utiles entre le pays et la diaspora. Les expériences faites dans les grandes villes d'Amérique du Nord par des écrivains haïtiens révèlent que le bonheur n'est pas toujours de l'autre côté. Difficulté d'adaptation, effort d'intégration, réussite individuelle et douleur d'exil, les maladies du froid et les nostalgies de la terre natale montrent un terrain multiple et complexe. Ce dernier définit un nouvel Haïtien qui sort des contraintes de l'île pour faire de plus dures expériences en terre étrangère.
La littérature de la diaspora est le premier pas vers le dépassement des frontières établies par la suspicion entre l'intérieur et l'extérieur. A côté des spectacles de musique qui sortent le pays de l'insularité, les activités publiques autour du livre révèlent que notre créativité garde encore toute sa vigueur malgré un contexte politique souvent déprimant.

La "mission" de Wyclef Jean

Avec The Score (1997), deuxième opus des Fugees, le groupe dont il était la tête pensante au côté de Lauryn Hill et de Pras, Wyclef Jean détient encore - avec environ 15 millions d'exemplaires écoulés- le record de l'album le plus vendu de l'histoire du rap. Devenu artiste solo depuis ce triomphe, ce New-Yorkais, né à Haïti en 1972, a démontré ses talents éclectiques de producteur, auteur-compositeur, interprète, fan de musiques caraïbes et de jazz. S'il manie la vantardise aussi bien que les grandes figures du rap, Wyclef Jean est un collaborateur recherché au-delà du milieu hip-hop (Sinead O'Connor, Mick Jagger, Carlos Santana, Shakira, Ziggy Marley...). Il se consacre aussi à sa fondation, Yéle Haïti, venant en aide aux enfants de son île natale. Le Monde l'a rencontré à l'occasion de la sortie de son sixième album, Carnival Vol. II, Memoirs of an Immigrant.

Pourquoi vos créations musicales revendiquent-elles régulièrement votre identité d'immigré haïtien ?

L'histoire de mes parents, de leur arrivée en Amérique, de leur lutte pour s'en sortir, est celle de tous les immigrés. Celle qui a permis à l'Amérique et au monde d'avancer. Mon père a fait les boulots dont personne ne voulait : nettoyer les toilettes de restaurants, construire un immeuble sous la neige...

Je crois en la loi et en l'ordre, mais si quelqu'un a servi un pays pendant vingt-cinq ans et qu'il n'a pas violé la loi, pourquoi le traiter comme un ennemi ? Pourquoi lui faire sentir son statut d'étranger ?Quand avez-vous pris conscience du pouvoir de la musique ?
A partir de 13 ans. Je me suis plongé dans Bob Marley, Peter Tosh, les I-Threes... Le reggae m'a aidé à définir ma mission, c'est sans doute le genre musical qui me ressemble le plus. Il représente l'essence même de la vie spirituelle.
Vous vous êtes d'abord fait connaître comme rappeur. Quel lien voyez-vous entre le reggae et le hip-hop ?
Dans mon quartier, tout cela allait ensemble. Le rap a permis à toutes les cultures de s'exprimer, de dire leurs peines, leurs joies, leurs espoirs. Quand j'écris un gros succès pop comme Hips Don't Lie, en duo avec Shakira, le passage rap me permet de faire passer un message plus politique.Pourquoi inviter autant de monde sur vos disques ?Je suis à la fois interprète, producteur, auteur-compositeur. Peu importe qui chante le "hit", si c'est moi qui l'écris. Je vois qui est le plus apte à l'interpréter.
Je répète souvent aux gamins qui font de la musique : "Faites en sorte d'écrire votre chanson !" Regardez, Carlos Santana remplit des stades. Mais chaque mois, grâce à la chanson Maria Maria que je lui ai écrite, je reçois un chèque qui me rapporte autant que la recette de ces stades.

Comment gérez-vous tout cet argent?
J'avais 20 ans quand j'ai commencé à en gagner beaucoup. Toucher à cet âge 500 000 dollars par semaine, c'est perturbant. Mon éducation m'a permis de garder les pieds sur terre. Ma mère m'aurait filé une raclée si j'avais commencé à flamber. Mon premier gros chèque était de 1,5 million de dollars. Je l'ai apporté à mes parents en leur disant : "Ceci est pour vous, achetez-vous une maison." Ma mère s'est évanouie.

Quand avez-vous commencé à financer des projets humanitaires pour Haïti ?
J'ai d'abord cherché à investir mon argent aux bons endroits, en ouvrant aussi des comptes à l'étranger. Puis je me suis dit : "Et mon pays ?" L'idée de la Fondation Yéle m'est venue quand j'ai emmené les Fugees à Haïti, en 1997. J'y ai investi plusieurs millions, puis j'ai cherché à la rendre viable. Mieux vaut apprendre aux gens à pêcher que de leur donner du poisson. Yéle Haïti s'occupe de programmes éducatifs, de scolarisation. Il existe aussi un programme pour la formation des athlètes. Yéle a aidé à pacifier des ghettos comme la Cité soleil.

Pas de problèmes avec les politiques locaux ou avec les gangs ?
Le gouvernement haïtien m'a donné un passeport diplomatique. J'ai été nommé ambassadeur spécial, chargé de l'image d'Haïti à l'étranger. Je ne vais pas là-bas pour concurrencer les politiques. Sur place, c'est parfois un travail dangereux. Je me suis une fois retrouvé face à des tueurs en cagoule. L'un d'eux m'a dit : "Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que tu n'as pas peur. Tu pourrais bien ne pas sortir d'ici." Je lui ai répondu : "Laisse-moi te dire qu'il n'a jamais été question de partir d'ici mais de venir ici, te dire de poser tes armes. J'ai besoin de toute la communauté." Les autres ont commencé à frapper leurs armes au sol en signe d'approbation.

Y a-t-il une chance pour que les Fugees sortent un jour un nouveau disque ?
J'ai été très déçu par l'expérience de reformation et de tournée que nous avions entreprise, il y a deux ans. Lauryn Hill donnait l'impression d'être ailleurs. Chaque jour, nous nous trouvions devant une personne différente. Je connais Lauryn depuis qu'elle a 14 ans, nous sommes sortis ensemble quand elle en avait 17. Son premier album solo, The Miseducation of Lauryn Hill, parle de cette relation. Je crois que, tant qu'elle n'aura pas subi d'examen psychiatrique, il y a peu de chances d'entendre un nouveau disque des Fugees.
(Propos recueillis par Stéphane Davet Article paru dans l'édition du 29 décembre 2007 du journal Le Monde)
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=52648&PubDate=2007-12-31

Le Foyer Maurice Sixto revient avec la palme

La distinction qu'a reçue le Foyer Maurice Sixto (Photo: Yonel Louis)
Cette année, le Prix des Droits de l'Homme de la République française revient au Foyer Maurice Sixto. Présenté au grand public jeudi dans les locaux de « Aux Calebasses Restaurant», ce prix est décerné annuellement par la Commission consultative des Droits de l'Homme de la République Française.
Au cours d'une conférence de presse donnée jeudi « Aux Calebasses Restaurant », le père Miguel Jean-Baptiste, directeur fondateur du Foyer Maurice Sixto, a présenté la distinction que le Foyer Maurice Sixto vient de recevoir de la Commission consultative des Droits de l'Homme de la République française, le 10 décembre dernier. Le prix intitulé « Prix des Droits de l'Homme de la République française 2007 » a récompensé le projet « Campus du Foyer Maurice Sixto » qui vise la construction d'un édifice devant loger le foyer.« Ce prix représente non seulement le symbole de notre travail dans le pays, mais aussi une lueur d'espoir pour tous les enfants qui sont en domesticité dans le pays», a lâché le directeur, avec une pointe de fierté dans la voix. Il a souligné que la fondation participe vigoureusement àla réinsertion des « restavèk », cette catégorie d'enfants marginalisés et exclus de la société.

Le Rév. Père Miguel Jean-Baptiste exhibant le projet "Campus du Foyer Maurice Sixto"(Photo: Yonel Louis)

Pour son titre cette année, le Foyer Maurice Sixto gagne la somme de 75000 euros de concert avec les quatre autres lauréats et une médaille d'honneur. « Nous avons été choisi, explique le fondateur, parmi des organismes des militants en Droits de l'Homme provenant de la Chine, d'Egypte, du Bénin et de la Biélorussie. » Le Foyer Maurice Sixto est une organisation à but non lucratif. A travers ses actions, elle entend, selon son directeur exécutif, Wenès Jeanty, faire le plaidoyer de tous les enfants placés en domesticité. « Je reste confiant que tous les enfants jouissent du même droit sans distinction aucune », affirme-t-il en référence à la Convention des Droits de l'Homme relatif à l'enfant.

Les responsables du Foyer Maurice Sixto, Wenès Jeanty, le directeur exécutif, et Père Miguel Jean-Baptiste, le directeur fondateur (Photo: Yonel Louis)

Depuis sa fondation en 1989, le foyer s'est donné comme objectifs de recueillir les enfants placés en domesticité ou livrés dans les rues, de travailler avec les enfants du foyer en suscitant chez eux une prise de conscience en vue d'un changement de comportement au sein de la société, de les former, les prévenir contre la domesticité et de contribuer à la vulgarisation des oeuvres de Maurice Sixto.Le foyer, soutient le Révérend Père Jean-Baptiste, est occupé actuellement par environ 300 enfants en domesticité à travers ses différents centres. Il est principalement assuré par «Terre des Hommes de Genève» et d'autres partenaires internationaux. « L'Etat ne nous apporte que la reconnaissance légale et rien de plus », déplore le Père Jean-Baptiste.


Le premier Prix remporté en 1992 (Photo: Yonel Louis)

Par ailleurs, le Prix des Droits de l'Homme de la République française est reçu pour la deuxième fois par le foyer. Aux dires des responsables, Rama Yade, le Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères françaises, a affirmé lors de la remise du Prix à Paris que le « Foyer Maurice Sixto » est la seule institution à avoir remporté à deux reprises cette distinction. Il a obtenu le premier Prix en 1992.
Le Foyer Maurice Sixto s'implante dans le quotidien haïtien en mettant au service de la communauté une clinique dentaire, où les enfants en domesticité pourront recevoir des soins médicaux, et une coopérative devant faciliter l'accès au crédit aux familles en difficulté.
Sherline Chanlatte Duplan
sherlinecduplan@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=52631&PubDate=2007-12-28

Des parlementaires s’opposent au déploiement de casques bleus à la frontière

La commission bicamérale de développement de la zone frontalière s’oppose au déploiement de casques bleus le long de la frontière haïtiano-dominicaine.La sénateure Edmonde Supplice Beauzile, membre de la commission, estime que la sécurité de la frontière, partie de la souveraineté nationale, doit être confiée à la Police nationale. " Les autorités doivent s’arranger pour dépêcher des unités de la PNH dans les différents points de contrôle de la frontière", insiste t-elle. " J’ai appris que la Mission de l’ONU a établi une douane provisoire à Thomassique, je me demande comment cela est-il possible", déclare Mme Beauzile. Mme Beauzile, également vice président du sénat, annonce que des forums seront réalisés en vue de préparer un cadre légal en ce qui a trait au développement de la région frontalière. " Le premier forum aura lieu le 21 janvier 2008 avec la participation des représentants des ONG œuvrant dans la région et des ministères concernés", dit-elle précisant que des thèmes tels l’immigration et la sécurité seront débattus lors de ces forums.Comparant la situation des communautés haïtienne et dominicaine le long de la frontière, Mme Beauzile reconnaît que les autorités dominicaines ont réalisé d’importants travaux d’aménagement pour favoriser l’arrivée des investisseurs étrangers. Elle croit que dans le cadre de la loi Hope, les haïtiens sont en retard pour la création de zones franches.En ce qui a trait au différend entre les membres de la commission bicamérale de développement de zone frontalière et les responsables du bureau de la Minustah d’appui au parlement, Edmonde Supplice Beauzile affirme que l’objectif principal de la démarche des élus est le respect de du parlement haïtien. " Le président du sénat avait écrit aux responsables de la Minustah et je ne sais pas ce qu’il en est aujourd’hui", explique t-elle.
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=13361
Commentaires :
Vous la connaissez cette parlementaire qui répond à ce nom ?
Allez lui dire de ma part que l’allégation qui fait intervenir ce contexte de « souveraineté » est plus que ridicule. Il faudrait commencer par lui rappeler que son fauteuil de sénateur elle le doit à la généreuse contribution de la communauté internationale, la même qui supporte et parraine l’intervention étrangère en Haïti.
C’est à se demander si Madame le sénateur sait ce que veut dire « souveraineté » nationale.
Quand on n’a rien à se dire on n’a qu’à la fermer.

Santo Domingo rapatrie 50 sans-papiers haïtiens accusés de violences conjugales

Les services d’immigration jugent préoccupantes les violences intrafamiliales au sein de la communauté haïtienne
dimanche 30 décembre 2007,
Radio Kiskeya

Au moins 50 sans-papiers haïtiens, accusés d’avoir maltraité leurs concubines dans la province dominicaine de Santiago (155 km au nord de Santo Domingo), ont été rapatriés ces derniers jours, ont indiqué dimanche des sources officielles citées par EFE.
Un responsable régional de la direction de la migration a fait savoir à l’agence espagnole que le parquet de Santiago remet quotidiennement à l’organisme deux à trois ressortissants haïtiens arrêtés pour des violences faites à leurs partenaires également de nationalité haïtienne.
"Il y a beaucoup de violences intrafamiliales dans la communauté haïtienne d’ici, les hommes ont une culture qui les porte à frapper les femmes pour la moindre chose. Les frères aussi maltraitent leurs sœurs et même des cas de mères victimes des agissements de leurs propres fils sont rapportés", a déclaré le fonctionnaire ayant requis l’anonymat. Il précise que la plupart des haïtiens impliqués dans des violences intrafamiliales ignorent que la législation en vigueur en République Dominicaine punit sévèrement les maltraitances physiques et psychologiques infligées aux femmes.
La direction de la migration souligne que dans leur majorité, les victimes, même si elles vivent illégalement dans le pays, ne sont pas rapatriées parce qu’elles bénéficient d’une assistance légale et de thérapies psychologiques grâce à l’intervention d’organisations féministes.
Enfin, l’institution dominicaine affirme que beaucoup des haïtiennes ont subi de graves violences parce qu’elles n’avaient pas préparé à manger à temps, avaient laissé tomber un ustensile ou refusé d’avoir des relations sexuelles avec leurs conjoints.
Il est inhabituel de la part des autorités dominicaines de mettre en avant les violences conjugales comme motif d’expulsion de sans-papiers haïtiens.
Des centaines de milliers de compatriotes vivent, pour la plupart dans des conditions marginales, en territoire voisin. spp/Radio Kiskeya
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article4574
Commentaires :
L’Eglise qui se fout de la charité. Le ridicule ne tue pas. Il suffirait de demander aux différentes organisations qui défendent les droits des femmes pour savoir un peu ce qui se passe en matière de violences faites aux femmes en République Dominicaine. La lecture des quotidiens de circulation nationale vous donnera une idée du nombre de citoyens dominicains qui tuent leurs femmes.
Pour expulser un citoyen haïtien de la République Dominicaine tous les arguments sont valables. Et surtout que l’on n’essaie pas de présenter les haïtiens comme plus ou moins violents que les dominicains.
C’est ridicule !

Visite en Haïti de la Directrice générale de l’UNICEF, Mme Ann M. Veneman

Evaluation de programmes à Port-au-Prince et dans le Plateau Central
dimanche 30 décembre 2007,
Radio Kiskeya

La Directrice générale du Fond des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) effectue une visite en Haïti le 4 janvier 2008 dans le but d’évaluer certains projets soutenus par l’organisation à Port-au-Prince et à Cange (dans le Plateau central).
Selon un communiqué du bureau de l’organisation à Port-au-Prince, Mme Veneman, vient s’informer de l’application de la vision de l’organisation dans ces projets, traduite par un certain « sentiment d’urgence » par rapport aux Objectifs du Millénaire pour le développement, devant être atteints d’ici à 2015.
Mme Ann M. Veneman a pris les commandes de l’UNICEF le 1er mai 2005, devenant ainsi la cinquième personne à diriger l’organisation en soixante ans. Avant de rejoindre l’UNICEF, Mme Veneman a été la 27ème Secrétaire du Département de l’agriculture des Etats-Unis, de 2001 à 2005.
L’UNICEF est impliquée dans divers programmes en faveur des enfants en Haïti incluant des programmes de vaccination. Dans ce cadre, Haïti a été déclaré libre de la rougeole et de la polio en 2001. En 2005, 824 000 enfants ont été vaccinés contre la polio avec le soutien de l’UNICEF.
Dans le cadre d’une grande campagne de réduction de la mortalité maternelle, l’UNICEF et ses partenaires ont fourni de l’équipement médical et effectué de la formation en vue d’ouvrir à nouveau des installations sanitaires dont certaines étaient fermées. On estime que 75 000 femmes enceintes ont profité de cette opération.
Des centres de soutien psychologique et de dépistage recourant à des bénévoles ont maintenu avec succès les taux de transmission du SIDA de la mère à l’enfant au-dessous de 10 pour cent.
Pendant la transition ayant précédé les élections de 2006, un programme intitulé « Retour à l’école » a incité 19 000 enfants et 350 enseignants à retourner en classe. L’UNICEF a aidé les communautés à bâtir 55 nouvelles écoles, permettant à 20 000 enfants de plus de recevoir un enseignement. L’UNICEF a en outre approvisionné 75 écoles en matériel pour eau et assainissement et donné des cours sur l’hygiène.
L’UNICEF et ses partenaires ont apporté des secours aux victimes, dont des milliers d’enfants, de différents ouragans et tempêtes tropicales qui ont durement frappé Haïti au cours des 5 dernières années. [jmd/RK]
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article4572