Par Djems Olivier
Section communale de Cayes-Jacmel dans le département du Sud-Est d’Haïti, Cap-Rouge est en train de connaître ce que les autres régions du pays ont vécu et continuent à affronter depuis plusieurs décennies : le récurrent conflit entre la production agricole locale et la dépendance alimentaire. Ses potentialités en culture vivrière ne l’empêchent pas d’être envahie par les produits importés !
Section communale de Cayes-Jacmel dans le département du Sud-Est d’Haïti, Cap-Rouge est en train de connaître ce que les autres régions du pays ont vécu et continuent à affronter depuis plusieurs décennies : le récurrent conflit entre la production agricole locale et la dépendance alimentaire. Ses potentialités en culture vivrière ne l’empêchent pas d’être envahie par les produits importés !
Cap-Rouge (Haïti), 24 janv. 08 [AlterPresse] --- Pour se rendre à Cap-Rouge, le plus simple c’est d’avoir un véhicule tout-terrain à cause de l’état lamentable de la route, déjà caillouteuse. Zone à la terre rouge, peuplée d’environ 18 mille habitants, Cap-Rouge est réputée pour sa production de vivres alimentaires, de fruits et légumes, rapportent les habitants à l’agence en ligne AlterPresse.
Le gingembre est aussi cultivé, parce qu’il fait toujours froid dans ce paradis méprisé.
Il serait inutile de demander si des produits locaux, comme l’igname, la banane, le manioc, les haricots (pois) et leurs dérivés, constituent le plat privilégié des paysans du terroir très attachés à la terre. Pourtant, arrivés à Cap-Rouge, une simple observation, c’est déjà suffisant. Ces produits agricoles ont tendance à disparaître dans l’habitude de consommation de la population locale.
Riz et farine importés, sucre, boissons gazeuses et énergisantes, quoique vendus à des prix exorbitants, concurrencent les produits régionaux. C’est comme si on était à Port-au-Prince, la capitale politique et économique d’Haïti.
Partout, les prix des biens essentiels grimpent
La petite marmite de riz s’achète à 20 gourdes (36 gourdes pour un dollar américain) comme à Port-au-Prince. Un paysan qui voudrait s’approvisionner en riz doit débourser 850 gourdes le sac. La petite marmite de sucre crème se vend, quant à elle, à 17 gourdes.
Que dire de la farine de blé et du maïs ? C’est à peu près la même situation qu’à la capitale haïtienne, où la petite marmite de farine et de maïs coûte respectivement 22 et 17 gourdes.
Le sac de haricots frais, cultivés par les paysans, se vend depuis Cap-Rouge à 750 gourdes.
Les « madan Sara » (commerçantes intermédiaires entre les producteurs et les consommateurs) préfèrent acquérir la cuvette à 300 gourdes pour revendre le sac à 1750 gourdes, explique une jeune paysanne interrogée par AlterPresse.
« Le coût de la vie est partout élevé, nous devons nous aussi vendre nos produits à des prix élevés pour pouvoir nous procurer les produits étrangers », raconte une marchande d’ignames.
Pour une cuvette d’ignames, cette paysanne demande 500 gourdes à un visiteur qui souhaitait goûter la saveur de ce produit agricole.
A Cap-Rouge, la nécessité d’un marché public se fait vraiment sentir. Acheteurs et vendeurs sont contraints d’occuper, trois fois par semaine, la voie principale. Sans crainte des taxi-motocyclistes qui font le va-et-vient dans la zone.
Une zone supposée riche en production de café et de choux
La culture, en tant que légume, du chou, - plante comestible de la famille des Brassicacées, originaire du Sud-Ouest de l’Europe - est très fréquente à Cap-Rouge. Andrée-Rose Lycée, une jeune paysanne de 34 ans, vend jusqu’à 30 sachets par jour.
« Ici, nous avons notre mode de production. Grâce à l’ouverture de la boutique d’intrants, le volume de choux cultivés augmente au fur et à mesure », affirme Andrée-Rose Lycée, dont le mari est l’un des responsables de l’organisation paysanne locale « Viv Espwa pou Devlopman Kap Wouj » (Vedek).
La boutique d’intrants agricoles, mise en place avec l’aide, notamment, de la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda), est gérée par Vedek.
« Les insecticides sont vendus ici, à Vedek. Mais, pour avoir l’engrais naturel, il faut du bétail », ajoute-t-elle. Pour cela, Andrée-Rose et son époux Joachim Sanon élèvent des porcs.
A Cap-Rouge, si petite soit-elle, chaque paysan dispose de sa plantation caféière.
« Nous produisons aussi du café, mais pour cette année, la récolte a été détruite par les cyclones », se désole une vendeuse de bananes.
Cri pour sauver l’environnement
Dans cette localité du Sud-Est d’Haïti, au sol dénudé, privée d’eau potable, le plus grand espoir pour les responsables de Vedek c’est d’habiter un Cap-Rouge verdoyant où il continue à faire bon vivre.
« Nous devons planter des arbres fruitiers pour reboiser nos mornes. Cette année, nous célèbrerons (chez nous) la fête de l’agriculture », avance à AlterPresse Joachim Sanon, qui annonce que les paysans de Cap-Rouge seront à Jacmel le 1er mai 2008 pour faire valoir leurs revendications.
L’encadrement des techniciens de Vedek semble être un atout majeur pour les paysans de Cap-Rouge, ignorés des autorités constituées de l’Etat. La cassaverie (une usine de transformation de manioc), dont ils disposent, permet de trouver une alternative à la farine de blé.
D’ailleurs, le pain qu’ils consomment est un mélange de 80% de farine de manioc et de 20% de farine de blé. Conservée dans des sacs de 110 livres des Moulins d’Haïti, la farine de manioc est revendue à 850.00 gourdes le sac. [do rc apr 24/01/2008 12:00]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article6874
Le gingembre est aussi cultivé, parce qu’il fait toujours froid dans ce paradis méprisé.
Il serait inutile de demander si des produits locaux, comme l’igname, la banane, le manioc, les haricots (pois) et leurs dérivés, constituent le plat privilégié des paysans du terroir très attachés à la terre. Pourtant, arrivés à Cap-Rouge, une simple observation, c’est déjà suffisant. Ces produits agricoles ont tendance à disparaître dans l’habitude de consommation de la population locale.
Riz et farine importés, sucre, boissons gazeuses et énergisantes, quoique vendus à des prix exorbitants, concurrencent les produits régionaux. C’est comme si on était à Port-au-Prince, la capitale politique et économique d’Haïti.
Partout, les prix des biens essentiels grimpent
La petite marmite de riz s’achète à 20 gourdes (36 gourdes pour un dollar américain) comme à Port-au-Prince. Un paysan qui voudrait s’approvisionner en riz doit débourser 850 gourdes le sac. La petite marmite de sucre crème se vend, quant à elle, à 17 gourdes.
Que dire de la farine de blé et du maïs ? C’est à peu près la même situation qu’à la capitale haïtienne, où la petite marmite de farine et de maïs coûte respectivement 22 et 17 gourdes.
Le sac de haricots frais, cultivés par les paysans, se vend depuis Cap-Rouge à 750 gourdes.
Les « madan Sara » (commerçantes intermédiaires entre les producteurs et les consommateurs) préfèrent acquérir la cuvette à 300 gourdes pour revendre le sac à 1750 gourdes, explique une jeune paysanne interrogée par AlterPresse.
« Le coût de la vie est partout élevé, nous devons nous aussi vendre nos produits à des prix élevés pour pouvoir nous procurer les produits étrangers », raconte une marchande d’ignames.
Pour une cuvette d’ignames, cette paysanne demande 500 gourdes à un visiteur qui souhaitait goûter la saveur de ce produit agricole.
A Cap-Rouge, la nécessité d’un marché public se fait vraiment sentir. Acheteurs et vendeurs sont contraints d’occuper, trois fois par semaine, la voie principale. Sans crainte des taxi-motocyclistes qui font le va-et-vient dans la zone.
Une zone supposée riche en production de café et de choux
La culture, en tant que légume, du chou, - plante comestible de la famille des Brassicacées, originaire du Sud-Ouest de l’Europe - est très fréquente à Cap-Rouge. Andrée-Rose Lycée, une jeune paysanne de 34 ans, vend jusqu’à 30 sachets par jour.
« Ici, nous avons notre mode de production. Grâce à l’ouverture de la boutique d’intrants, le volume de choux cultivés augmente au fur et à mesure », affirme Andrée-Rose Lycée, dont le mari est l’un des responsables de l’organisation paysanne locale « Viv Espwa pou Devlopman Kap Wouj » (Vedek).
La boutique d’intrants agricoles, mise en place avec l’aide, notamment, de la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda), est gérée par Vedek.
« Les insecticides sont vendus ici, à Vedek. Mais, pour avoir l’engrais naturel, il faut du bétail », ajoute-t-elle. Pour cela, Andrée-Rose et son époux Joachim Sanon élèvent des porcs.
A Cap-Rouge, si petite soit-elle, chaque paysan dispose de sa plantation caféière.
« Nous produisons aussi du café, mais pour cette année, la récolte a été détruite par les cyclones », se désole une vendeuse de bananes.
Cri pour sauver l’environnement
Dans cette localité du Sud-Est d’Haïti, au sol dénudé, privée d’eau potable, le plus grand espoir pour les responsables de Vedek c’est d’habiter un Cap-Rouge verdoyant où il continue à faire bon vivre.
« Nous devons planter des arbres fruitiers pour reboiser nos mornes. Cette année, nous célèbrerons (chez nous) la fête de l’agriculture », avance à AlterPresse Joachim Sanon, qui annonce que les paysans de Cap-Rouge seront à Jacmel le 1er mai 2008 pour faire valoir leurs revendications.
L’encadrement des techniciens de Vedek semble être un atout majeur pour les paysans de Cap-Rouge, ignorés des autorités constituées de l’Etat. La cassaverie (une usine de transformation de manioc), dont ils disposent, permet de trouver une alternative à la farine de blé.
D’ailleurs, le pain qu’ils consomment est un mélange de 80% de farine de manioc et de 20% de farine de blé. Conservée dans des sacs de 110 livres des Moulins d’Haïti, la farine de manioc est revendue à 850.00 gourdes le sac. [do rc apr 24/01/2008 12:00]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article6874