Après la coupe du monde de football qui a constitué une trêve politique, les leaders de l'opposition haïtienne entendent relancer la mobilisation antigouvernementale. Les dirigeants des partis et organisations politiques qui contestent le CEP se proposent d'intensifier la mobilisation à partir du 13 juillet 2010.
Membre du groupe minoritaire, la sénatrice Edmonde Supplice Beauzile (Alternative) déplore le refus du président Préval de dialoguer avec les acteurs politiques. Elle appelle à la mobilisation contre ce gouvernement qu'elle assimile à une dictature.
De plus, la secrétaire générale de la Fusion invite les dirigeants des organisations représentées au CEP à se désolidariser de l'organisme électoral.
De son coté, le sénateur William Jeanty (Konba) soutient que le prochain scrutin ne sera pas libre et démocratique. Le parlementaire refuse de prendre en compte l'appui de l'ambassadeur américain au processus électoral arguant que seule la décision du peuple haïtien comptera.
Le secrétaire général de Konba explique que les conditions ne sont pas réunies pour la tenue de bonnes élections. Contrairement aux dirigeants de l'Union et Respect, le sénateur Jeanty ne croit pas qu'un dialogue entre les acteurs politiques et le chef de l'Etat permettra d'harmoniser les points de vue.
A l'instar de Fanmi Lavalas, Konba a été exclu du dernier processus électoral.
Le parti Fanmi Lavalas reprendra également ses manifestations de protestation le 15 juillet. Marise Narcisse réclame l'intégration de Fanmi Lavalas dans le processus électoral et des élections anticipées.
LLM / Radio Métropole Haïti
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
samedi 10 juillet 2010
Des haïtiens étaient à la recherche des opportunités d'affaires en Corée du Sud
Une délégation de la Commission présidentielle tripartite de Mise en œuvre de la Loi Hope a séjourné en Corée du Sud du 6 au 11 juin dernier afin de rencontrer des dirigeants d'entreprises locales appartenant au secteur textile.
La délégation composée de Georges Sassine et de Lionel de La Tour, présidée par la ministre du Commerce et de l'industrie Madame Jocelyne Colimon Féthière a approché 7 compagnies avec l'aide de l'organisme de promotion des investissements Coréens la «Kotra».
Plusieurs d'entre elles se sont montrées intéressées à investir dans la fabrication de vêtements en Haïti, notamment Kyungseung qui recherche actuellement un terrain pour y construire sa propre usine.
Trois autres ont évoqué l'investissement probable en Haïti, de 25 millions de dollars dans les 18 prochains mois.
Enfin, d'autres entreprises ont conditionné l'installation d'unités de fabrication et de teintures de textiles, à la construction de parc industriel dans la zone de Corail- Cesselesse et dans le nord du pays.
EJ/Radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=17968
La délégation composée de Georges Sassine et de Lionel de La Tour, présidée par la ministre du Commerce et de l'industrie Madame Jocelyne Colimon Féthière a approché 7 compagnies avec l'aide de l'organisme de promotion des investissements Coréens la «Kotra».
Plusieurs d'entre elles se sont montrées intéressées à investir dans la fabrication de vêtements en Haïti, notamment Kyungseung qui recherche actuellement un terrain pour y construire sa propre usine.
Trois autres ont évoqué l'investissement probable en Haïti, de 25 millions de dollars dans les 18 prochains mois.
Enfin, d'autres entreprises ont conditionné l'installation d'unités de fabrication et de teintures de textiles, à la construction de parc industriel dans la zone de Corail- Cesselesse et dans le nord du pays.
EJ/Radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=17968
Kenneth Merten affirme que la CIRH est un partenaire de la reconstruction d'Haïti
L'ambassadeur des Etats-Unis à Port-au-Prince, Kenneth Merten, vante les mérites de la Commission Intérimaire de Reconstruction d'Haïti (CIRH), laquelle établit un bon partenariat entre l'Etat haïtien, le secteur privé et la communauté internationale. Cette structure permet aux haïtiens d'avoir des échanges réguliers avec la communauté internationale sur les projets prioritaires, assure le diplomate.
Intervenant à la rubrique " Le point sur le 100.1 " de radio Métropole, Kenneth Merten a fait remarquer que la commission intérimaire permet aux bailleurs de fonds de vérifier les dépenses dans les projets sélectionnés.
Les différentes entités représentées au sein de la commission ont déjà convenu des secteurs prioritaires. Le diplomate américain croit savoir que l'agriculture et la santé ont été identifiées parmi les secteurs prioritaires.
Interrogé sur la méfiance de certains acteurs de la vie nationale à l'égard de cette structure, M. Merten assure que le gouvernement haïtien aura le leadership de la reconstruction. On veut reconstruire le pays suivant la vision des haïtiens, insiste t-il.
Les fonds promis par les Etats-Unis pour la reconstruction n'ont pas encore été approuvés par le congrès et la chambre des représentants. A ce jour chaque chambre a approuvé un document différent. Ces documents devront être conciliés et votés dans les mêmes termes.
Kenneth Merten affirme que l'aide américaine pour la reconstruction sera supérieure au milliard de dollars décaissés durant la période d'urgence. Il assure que les Etats-Unis entendent poursuivre l'assistance humanitaire qui devra être accordée en priorité aux personnes vulnérables et aux défavorisés.
LLM / Radio Métropole Haïti
Intervenant à la rubrique " Le point sur le 100.1 " de radio Métropole, Kenneth Merten a fait remarquer que la commission intérimaire permet aux bailleurs de fonds de vérifier les dépenses dans les projets sélectionnés.
Les différentes entités représentées au sein de la commission ont déjà convenu des secteurs prioritaires. Le diplomate américain croit savoir que l'agriculture et la santé ont été identifiées parmi les secteurs prioritaires.
Interrogé sur la méfiance de certains acteurs de la vie nationale à l'égard de cette structure, M. Merten assure que le gouvernement haïtien aura le leadership de la reconstruction. On veut reconstruire le pays suivant la vision des haïtiens, insiste t-il.
Les fonds promis par les Etats-Unis pour la reconstruction n'ont pas encore été approuvés par le congrès et la chambre des représentants. A ce jour chaque chambre a approuvé un document différent. Ces documents devront être conciliés et votés dans les mêmes termes.
Kenneth Merten affirme que l'aide américaine pour la reconstruction sera supérieure au milliard de dollars décaissés durant la période d'urgence. Il assure que les Etats-Unis entendent poursuivre l'assistance humanitaire qui devra être accordée en priorité aux personnes vulnérables et aux défavorisés.
LLM / Radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=17967
Le PAM s'investit dans la sécurité alimentaire en Haïti
Le Programme alimentaire mondial (PAM), qui a apporté une assistance alimentaire à environ 4 millions de personnes après le séisme, a récemment mis en place une stratégie, pour construire des fondations solides qui assureront une véritable sécurité alimentaire à des centaines de milliers d'Haïtiens.
La Directrice du PAM, Josette Sheeran a indiqué que son organisation travaille avec le gouvernement haïtien et d'autres partenaires sur des programmes qui utilisent des projets de nourriture ou d'argent contre travail, de repas scolaires, et des initiatives nutritionnelles pour reconstruire une sécurité alimentaire en Haïti. Ces programmes Cash and food for work réalisés en collaboration avec des ONG offrent ainsi de l'argent aux Haïtiens qui sont employés sur des projets concrets de reconstruction, pour qu'ils puissent couvrir leurs dépenses.
35 000 personnes ont été recrutés dans ces différents programmes de Cash for work. La Directrice du PAM pour Haïti, Myrta Kaulard, révèle que l'agence espère étendre le programme à 140 000 personnes avant la fin 2010. « Nous soutenons un grand nombre de personnes qui autrement auraient beaucoup de difficultés à se nourrir, » a déclaré Myrta Kaulard, Représentante du PAM en Haïti, en ajoutant que les rations et revenus distribués aux participants sont conçus pour subvenir aux besoins de familles allant jusqu'à cinq personnes.
En outre, le PAM s'est également impliqué dans le programme de cantine scolaire. Chaque jour, l'agence offre 655.000 repas chauds. " Les distributions de repas scolaires sont l'une des pierres angulaires de nos opérations" a ajouté Mme.Kaulard. «C'est une façon simple et efficace de garantir que les enfants obtiennent au moins un repas nutritionnel par jour, et de les inciter à continuer leur éducation ».
Dans le même temps le PAM a également distribué des repas prêts à la consommation à environ 370 orphelinats, hébergeant 37.000 enfants dont beaucoup ayant perdu leurs parents dans le séisme.
LLM / Radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=17965
La Directrice du PAM, Josette Sheeran a indiqué que son organisation travaille avec le gouvernement haïtien et d'autres partenaires sur des programmes qui utilisent des projets de nourriture ou d'argent contre travail, de repas scolaires, et des initiatives nutritionnelles pour reconstruire une sécurité alimentaire en Haïti. Ces programmes Cash and food for work réalisés en collaboration avec des ONG offrent ainsi de l'argent aux Haïtiens qui sont employés sur des projets concrets de reconstruction, pour qu'ils puissent couvrir leurs dépenses.
35 000 personnes ont été recrutés dans ces différents programmes de Cash for work. La Directrice du PAM pour Haïti, Myrta Kaulard, révèle que l'agence espère étendre le programme à 140 000 personnes avant la fin 2010. « Nous soutenons un grand nombre de personnes qui autrement auraient beaucoup de difficultés à se nourrir, » a déclaré Myrta Kaulard, Représentante du PAM en Haïti, en ajoutant que les rations et revenus distribués aux participants sont conçus pour subvenir aux besoins de familles allant jusqu'à cinq personnes.
En outre, le PAM s'est également impliqué dans le programme de cantine scolaire. Chaque jour, l'agence offre 655.000 repas chauds. " Les distributions de repas scolaires sont l'une des pierres angulaires de nos opérations" a ajouté Mme.Kaulard. «C'est une façon simple et efficace de garantir que les enfants obtiennent au moins un repas nutritionnel par jour, et de les inciter à continuer leur éducation ».
Dans le même temps le PAM a également distribué des repas prêts à la consommation à environ 370 orphelinats, hébergeant 37.000 enfants dont beaucoup ayant perdu leurs parents dans le séisme.
LLM / Radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=17965
Haïti/ONU: chef d'État major suspendu
AFP.- Le chef d'Etat major de la force militaire de la Mission de stabilisation de l'ONU en Haïti (Minustah), le Canadien Bernard Ouellette, a été relevé de ses fonctions par Ottawa qui n'a plus "confiance" en lui, a indiqué hier le porte-parole du ministre canadien de la Défense.
"C'est une décision qui a été prise par la hiérarchie" militaire canadienne, "en raison de l'incapacité du Colonel Ouellette à répondre ces derniers mois à la baisse de moral (des Casques bleus) et à (maintenir) la cohésion des équipes", a déclaré à l'AFP Jay Paxton, porte-parole du ministre Peter MacKay. "Il a perdu la confiance" de l'Etat major canadien, a-t-il souligné, précisant qu'une enquête interne avait été ouverte.
Selon les médias canadiens, Ottawa reproche notamment au haut gradé d'avoir entretenu une "relation inappropriée", une allégation qu'a refusée de commenter M. Paxton. Le porte-parole n'était pas en mesure d'indiquer si le militaire avait déjà quitté le pays caribéen, qui doit commémorer lundi les six mois du terrible séisme qui a fait entre 250.000 et 300.000 morts et près de 1,5 million de sans-abri, selon l'ONU.
Soldat expérimenté, qui a notamment servi en Bosnie, le colonel Ouellette avait pris la tête des quelque 7.000 militaires de l'ONU déployés en Haïti en juillet 2009. Son renvoi intervient un peu plus d'un mois après celui du plus haut gradé canadien en Afghanistan, le brigadier-général Daniel Ménard, qui avait été relevé de ses fonctions après des allégations de "conduite inappropriée".
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/07/10/97001-20100710FILWWW00413-haitionu-chef-d-etat-major-suspendu.php
"C'est une décision qui a été prise par la hiérarchie" militaire canadienne, "en raison de l'incapacité du Colonel Ouellette à répondre ces derniers mois à la baisse de moral (des Casques bleus) et à (maintenir) la cohésion des équipes", a déclaré à l'AFP Jay Paxton, porte-parole du ministre Peter MacKay. "Il a perdu la confiance" de l'Etat major canadien, a-t-il souligné, précisant qu'une enquête interne avait été ouverte.
Selon les médias canadiens, Ottawa reproche notamment au haut gradé d'avoir entretenu une "relation inappropriée", une allégation qu'a refusée de commenter M. Paxton. Le porte-parole n'était pas en mesure d'indiquer si le militaire avait déjà quitté le pays caribéen, qui doit commémorer lundi les six mois du terrible séisme qui a fait entre 250.000 et 300.000 morts et près de 1,5 million de sans-abri, selon l'ONU.
Soldat expérimenté, qui a notamment servi en Bosnie, le colonel Ouellette avait pris la tête des quelque 7.000 militaires de l'ONU déployés en Haïti en juillet 2009. Son renvoi intervient un peu plus d'un mois après celui du plus haut gradé canadien en Afghanistan, le brigadier-général Daniel Ménard, qui avait été relevé de ses fonctions après des allégations de "conduite inappropriée".
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/07/10/97001-20100710FILWWW00413-haitionu-chef-d-etat-major-suspendu.php
Haïti rattrapé par ses démons
Agnès Gruda.- La Presse
Au départ, l'idée paraissait simple: envoyer des maisons prêtes-à-monter par bateau, jusqu'en Haïti, où des centaines de milliers de gens s'entassaient dans des camps insalubres après le tremblement de terre du 12 janvier.
Dès les semaines qui ont suivi la catastrophe, le Centre d'étude et de coopération internationale (CECI) a donc entrepris d'étudier des modèles de «maisons en kit». Mais encore fallait-il trouver des terrains où les installer. Gros problème: même avant le séisme, les registres fonciers haïtiens étaient chaotiques. Ça ne s'est pas arrangé depuis.
«Nous ne pouvions pas transporter des maisons sans savoir où les mettre. Et nous ne pouvions pas commencer à les monter sur des débris ou des terrains incertains», explique Carine Guidicelli, directrice des communications du CECI.
Et puis, il n'y avait pas que le chaos foncier. Étonnamment fluides dans les semaines suivant le séisme, les douanes haïtiennes ont repris, depuis, leur rythme habituel. Lent. Très lent.
Confronté à la perspective de transporter des maisons sans destination connue pour les laisser moisir au port de la capitale, le CECI a abandonné son projet. Pour s'attaquer plutôt à la construction d'une centaine de maisons à Léogâne, cette ville qui a été pratiquement rasée le 12 janvier.
Contrairement aux cabanes prêtes-à-monter, les nouvelles habitations, bâties avec des gravats recyclés, seront de «vraies» maisons, destinées à durer. On prend le temps de démêler les titres de propriété avec les autorités locales et les voisins. Le processus est laborieux. Et on est encore loin, très loin, d'avoir posé la première pierre de la première maison...
On estime que le tremblement de terre du 12 janvier a enseveli Haïti sous 20 millions de mètres cubes de débris. Six mois plus tard, à peine 250 000 mètres cubes ont été retirés. C'est à peine plus d'un pour cent!
Pourquoi si peu? Pourquoi pas plus vite? L'histoire des maisons prêtes-à-monter donne quelques éléments de réponse. Car elle est loin d'être unique. La Société canadienne de la Croix-Rouge voulait elle aussi construire des maisons sur des fondations de béton à Léogâne. Et elle a trébuché elle aussi sur les titres fonciers incertains. Pour se rabattre sur des cabanes démontables qu'elle compte fixer au sol avec des sangles. Un projet critiqué par les Architectes de l'urgence, qui craignent que ces maisons temporaires ne se transforment en de futurs bidonvilles.
Mais pour Jean-Pierre Taschereau, responsable des opérations d'urgence à la Croix-Rouge canadienne, il n'y avait pas vraiment le choix: «Au moins, si le propriétaire réclame son terrain, les maisons pourront être déménagées.»
***
Cette confusion foncière pose aussi problème pour ces millions de tonnes de gravats qu'il faudra bien placer quelque part. Mais sur quel terrain? Appartenant à qui?
En d'autres mots, si les choses piétinent, c'est en partie à cause de ce qu'était Haïti avant le 12 janvier. «Nous nous faisons rattraper par le contexte du pays. Ce qui n'allait pas bien avant ne va pas mieux aujourd'hui.», résume Jean-Pierre Taschereau.
C'est ce qui se produit aux douanes, par exemple, où «le système a repris le dessus». Un exemple: les Architectes de l'urgence ont acheminé 280 abris au port de Port-au-Prince. Ils poireautent là depuis un mois en attendant d'être dédouanés.
«Haïti est à une croisée des chemins critique», constate le rapport d'un comité du Sénat américain, qui dénonce lui aussi le fouillis foncier et le blocage douanier.
Mais derrière ces deux problèmes se dessine une tendance plus large: la faiblesse du gouvernement haïtien, incapable ne serait-ce que d'accélérer les procédures douanières.
Plusieurs craignent que les élections annoncées pour novembre ne fassent qu'exacerber cette impuissance, en politisant à outrance la moindre décision du gouvernement. Imaginons que celui-ci ait besoin d'exproprier un terrain pour y accueillir un projet de construction. Osera-t-il le faire, au risque de perdre des appuis politiques?
«Le gouvernement est trop faible, et il n'y a que les élections qui l'intéressent!» dénonce Michèle Striffler, députée européenne qui rentre d'Haïti et doit présenter un rapport sur sa mission à la mi-juillet.
Et ajoutez à cela la Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti, coprésidée par Bill Clinton, censée choisir les projets financés à même les 10 milliards promis en mars par les donateurs internationaux - et qui n'a encore tenu qu'une seule réunion.
Mais en même temps, peut-être était-il irréaliste d'imaginer que les choses puissent aller plus vite? «Quand le World Trade Center s'est effondré, il en a fallu, du temps, pour tout dégager. Eh bien, ici, c'est plein de World Trade Center», souligne Marie-Ève Bertrand, de Care Canada, qui travaille sur des projets d'abris à Léogâne.
D'autres font valoir que les lenteurs ne sont pas toutes haïtiennes. Les Architectes de l'urgence veulent réparer des centaines de maisons à Léogâne et Port-au-Prince. Depuis trois mois, ils attendent des fonds de l'Union européenne et de l'ONU. «On n'a toujours pas vu le premier centime», dénonce leur président, Patrick Coulombel.
Peu importe les raisons, son constat est implacable: «Six mois après le tremblement de terre, la reconstruction n'a même pas commencé. C'est absolument anormal.»
http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/agnes-gruda/201007/09/01-4297098-haiti-rattrape-par-ses-demons.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4297101_article_POS1
Commentaires:
Dans une demarche de justice et d’equite, j’aurais aime que le journaliste fasse un effort dans le sens du titre de son article de facon a mettre l’accent sur la responsabilite et les deviances affichees dans le comportement de ceux qui se sont precipites sur Haiti pour aider. Le titre le plus juste serait : La communaute internationale embourbee dans les vieux demons d’Haiti. Tout ce que decrit avec justesse le journaliste et l’ensemble des communicateurs qui se sont faits du jour au lendemain specialistes de la question haitienne auraient du s’impregner de l’ensemble des problemes structurels et conjoncturels du pays et de sa societe avant de s’engouffrer tetes baissees et visieres relevees dans un labyrynthe inextricable. Aujourd’hui la lenteur qui etend son manteau sur l’ensemble des actions et des activites de reconstruction n’incombe pas uniquement a Haiti et a son pseudo gouvernement. Nous sommes en 2010, l’improvisation ne devrait plus etre un art. Soyons serieux et faisons preuve d’intelligence.
Au départ, l'idée paraissait simple: envoyer des maisons prêtes-à-monter par bateau, jusqu'en Haïti, où des centaines de milliers de gens s'entassaient dans des camps insalubres après le tremblement de terre du 12 janvier.
Dès les semaines qui ont suivi la catastrophe, le Centre d'étude et de coopération internationale (CECI) a donc entrepris d'étudier des modèles de «maisons en kit». Mais encore fallait-il trouver des terrains où les installer. Gros problème: même avant le séisme, les registres fonciers haïtiens étaient chaotiques. Ça ne s'est pas arrangé depuis.
«Nous ne pouvions pas transporter des maisons sans savoir où les mettre. Et nous ne pouvions pas commencer à les monter sur des débris ou des terrains incertains», explique Carine Guidicelli, directrice des communications du CECI.
Et puis, il n'y avait pas que le chaos foncier. Étonnamment fluides dans les semaines suivant le séisme, les douanes haïtiennes ont repris, depuis, leur rythme habituel. Lent. Très lent.
Confronté à la perspective de transporter des maisons sans destination connue pour les laisser moisir au port de la capitale, le CECI a abandonné son projet. Pour s'attaquer plutôt à la construction d'une centaine de maisons à Léogâne, cette ville qui a été pratiquement rasée le 12 janvier.
Contrairement aux cabanes prêtes-à-monter, les nouvelles habitations, bâties avec des gravats recyclés, seront de «vraies» maisons, destinées à durer. On prend le temps de démêler les titres de propriété avec les autorités locales et les voisins. Le processus est laborieux. Et on est encore loin, très loin, d'avoir posé la première pierre de la première maison...
On estime que le tremblement de terre du 12 janvier a enseveli Haïti sous 20 millions de mètres cubes de débris. Six mois plus tard, à peine 250 000 mètres cubes ont été retirés. C'est à peine plus d'un pour cent!
Pourquoi si peu? Pourquoi pas plus vite? L'histoire des maisons prêtes-à-monter donne quelques éléments de réponse. Car elle est loin d'être unique. La Société canadienne de la Croix-Rouge voulait elle aussi construire des maisons sur des fondations de béton à Léogâne. Et elle a trébuché elle aussi sur les titres fonciers incertains. Pour se rabattre sur des cabanes démontables qu'elle compte fixer au sol avec des sangles. Un projet critiqué par les Architectes de l'urgence, qui craignent que ces maisons temporaires ne se transforment en de futurs bidonvilles.
Mais pour Jean-Pierre Taschereau, responsable des opérations d'urgence à la Croix-Rouge canadienne, il n'y avait pas vraiment le choix: «Au moins, si le propriétaire réclame son terrain, les maisons pourront être déménagées.»
***
Cette confusion foncière pose aussi problème pour ces millions de tonnes de gravats qu'il faudra bien placer quelque part. Mais sur quel terrain? Appartenant à qui?
En d'autres mots, si les choses piétinent, c'est en partie à cause de ce qu'était Haïti avant le 12 janvier. «Nous nous faisons rattraper par le contexte du pays. Ce qui n'allait pas bien avant ne va pas mieux aujourd'hui.», résume Jean-Pierre Taschereau.
C'est ce qui se produit aux douanes, par exemple, où «le système a repris le dessus». Un exemple: les Architectes de l'urgence ont acheminé 280 abris au port de Port-au-Prince. Ils poireautent là depuis un mois en attendant d'être dédouanés.
«Haïti est à une croisée des chemins critique», constate le rapport d'un comité du Sénat américain, qui dénonce lui aussi le fouillis foncier et le blocage douanier.
Mais derrière ces deux problèmes se dessine une tendance plus large: la faiblesse du gouvernement haïtien, incapable ne serait-ce que d'accélérer les procédures douanières.
Plusieurs craignent que les élections annoncées pour novembre ne fassent qu'exacerber cette impuissance, en politisant à outrance la moindre décision du gouvernement. Imaginons que celui-ci ait besoin d'exproprier un terrain pour y accueillir un projet de construction. Osera-t-il le faire, au risque de perdre des appuis politiques?
«Le gouvernement est trop faible, et il n'y a que les élections qui l'intéressent!» dénonce Michèle Striffler, députée européenne qui rentre d'Haïti et doit présenter un rapport sur sa mission à la mi-juillet.
Et ajoutez à cela la Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti, coprésidée par Bill Clinton, censée choisir les projets financés à même les 10 milliards promis en mars par les donateurs internationaux - et qui n'a encore tenu qu'une seule réunion.
Mais en même temps, peut-être était-il irréaliste d'imaginer que les choses puissent aller plus vite? «Quand le World Trade Center s'est effondré, il en a fallu, du temps, pour tout dégager. Eh bien, ici, c'est plein de World Trade Center», souligne Marie-Ève Bertrand, de Care Canada, qui travaille sur des projets d'abris à Léogâne.
D'autres font valoir que les lenteurs ne sont pas toutes haïtiennes. Les Architectes de l'urgence veulent réparer des centaines de maisons à Léogâne et Port-au-Prince. Depuis trois mois, ils attendent des fonds de l'Union européenne et de l'ONU. «On n'a toujours pas vu le premier centime», dénonce leur président, Patrick Coulombel.
Peu importe les raisons, son constat est implacable: «Six mois après le tremblement de terre, la reconstruction n'a même pas commencé. C'est absolument anormal.»
http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/agnes-gruda/201007/09/01-4297098-haiti-rattrape-par-ses-demons.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4297101_article_POS1
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Dans une demarche de justice et d’equite, j’aurais aime que le journaliste fasse un effort dans le sens du titre de son article de facon a mettre l’accent sur la responsabilite et les deviances affichees dans le comportement de ceux qui se sont precipites sur Haiti pour aider. Le titre le plus juste serait : La communaute internationale embourbee dans les vieux demons d’Haiti. Tout ce que decrit avec justesse le journaliste et l’ensemble des communicateurs qui se sont faits du jour au lendemain specialistes de la question haitienne auraient du s’impregner de l’ensemble des problemes structurels et conjoncturels du pays et de sa societe avant de s’engouffrer tetes baissees et visieres relevees dans un labyrynthe inextricable. Aujourd’hui la lenteur qui etend son manteau sur l’ensemble des actions et des activites de reconstruction n’incombe pas uniquement a Haiti et a son pseudo gouvernement. Nous sommes en 2010, l’improvisation ne devrait plus etre un art. Soyons serieux et faisons preuve d’intelligence.
Wilson St-Jean n'ira pas à Haïti mais garde espoir
La Tribune: François Gougeon.-
(Sherbrooke) Déçu de ne pouvoir aller visiter les siens à Haïti cet été, le professeur d'éducation physique Wilson St-Jean sent au moins la lumière au bout du tunnel: les démarches sont réellement engagées dans le processus de réunification à Sherbrooke de ses parents et de deux soeurs mineures.
On se souviendra que l'ancien athlète du Vert et Or a vécu une gamme intense d'émotions en janvier dernier à cause du séisme meurtrier en Haïti. Lui-même y avait perdu des proches.
«Après ma visite lors de la semaine de relâche scolaire à l'hiver, j'avais prévu retourner à Haïti cet été. Je devais partir le 14 juillet, mais j'ai tout annulé à cause du prix du billet d'avion, soit environ 1100 $. Pourtant l'été passé j'avais payé 400 $», a indiqué à La Tribune le solide gaillard, qui a célébré ses 34 ans mardi.
L'autre problème de Wilson St-Jean, c'est que comme il n'a pas sa permanence d'enseignant à la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke (CSRS), il est sans revenu depuis la fin des classes. S'il ne s'inquiète pas trop de trouver une école où enseigner au retour de septembre, il préfère économiser ses sous pour en acheminer le plus possible à sa famille à Haïti. «Les médias n'en parlent plus, mais la situation est toujours très difficile dans le pays. Mais au moins, ça bouge un peu plus pour la reconstruction», fait valoir M. St-Jean.
Quant au fonds institué par son ancien professeur Jean-Pierre Cuerrier, il servira à faire venir au Québec quatre des siens. «Les démarches avancent, mais c'est très compliqué. Il faut notamment un avocat pour préparer les papiers à Haïti, un bilan médical et tout plein de détails... Mais au moins, le dossier est maintenant dans la machine», dit-il.
http://www.cyberpresse.ca/la-tribune/sherbrooke/201007/10/01-4297138-wilson-st-jean-nira-pas-a-haiti-mais-garde-espoir.php
(Sherbrooke) Déçu de ne pouvoir aller visiter les siens à Haïti cet été, le professeur d'éducation physique Wilson St-Jean sent au moins la lumière au bout du tunnel: les démarches sont réellement engagées dans le processus de réunification à Sherbrooke de ses parents et de deux soeurs mineures.
On se souviendra que l'ancien athlète du Vert et Or a vécu une gamme intense d'émotions en janvier dernier à cause du séisme meurtrier en Haïti. Lui-même y avait perdu des proches.
«Après ma visite lors de la semaine de relâche scolaire à l'hiver, j'avais prévu retourner à Haïti cet été. Je devais partir le 14 juillet, mais j'ai tout annulé à cause du prix du billet d'avion, soit environ 1100 $. Pourtant l'été passé j'avais payé 400 $», a indiqué à La Tribune le solide gaillard, qui a célébré ses 34 ans mardi.
L'autre problème de Wilson St-Jean, c'est que comme il n'a pas sa permanence d'enseignant à la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke (CSRS), il est sans revenu depuis la fin des classes. S'il ne s'inquiète pas trop de trouver une école où enseigner au retour de septembre, il préfère économiser ses sous pour en acheminer le plus possible à sa famille à Haïti. «Les médias n'en parlent plus, mais la situation est toujours très difficile dans le pays. Mais au moins, ça bouge un peu plus pour la reconstruction», fait valoir M. St-Jean.
Quant au fonds institué par son ancien professeur Jean-Pierre Cuerrier, il servira à faire venir au Québec quatre des siens. «Les démarches avancent, mais c'est très compliqué. Il faut notamment un avocat pour préparer les papiers à Haïti, un bilan médical et tout plein de détails... Mais au moins, le dossier est maintenant dans la machine», dit-il.
http://www.cyberpresse.ca/la-tribune/sherbrooke/201007/10/01-4297138-wilson-st-jean-nira-pas-a-haiti-mais-garde-espoir.php
Haïti: pourquoi rien ne bouge?
La cathédrale Notre-Dame de Port-au-Prince est exactement dans le même état six mois plus tard. Ce qui était un marché avant le séisme est devenu un camp pour les sinistrés. Photo: Martin Chamberland, La Presse.-
Patrick Lagacé.- La Presse
Rien n'a changé. C'est ce qui frappe le visiteur qui revient à Port-au-Prince, six mois après le séisme du 12 janvier. Rien n'a changé. Ou si peu. Trop peu.
Il y a six mois, des gravats obstruaient les rues, on voyait partout des immeubles écroulés sur eux-mêmes ou tanguant au-dessus de la voie publique et des voitures écrasées comme des crêpes.
Aujourd'hui, près de 200 jours après le séisme, ce tableau est encore la norme dans les quartiers de Port-au-Prince. De temps en temps, ici et là, de façon aléatoire, les débris d'un édifice ont été ramassés. Il reste un terrain vague, bien souvent entre deux immeubles en miettes.
Pardonnez le cliché: la reconstruction avance à pas de tortue. En fait, avant même de parler de reconstruction, il faudra évacuer les débris. Ce qui commence à ressembler, à l'échelle de Port-au-Prince, à ramasser les débris d'un bungalow lavallois avec une spatule.
Pour témoigner des efforts de reconstruction, le photographe Martin Chamberland, de La Presse, avait immortalisé des dizaines d'endroits de Port-au-Prince, au mois de janvier. Avec l'idée de revenir plus tard reprendre des photos aux mêmes endroits.
C'est ce que Martin a fait, au début de la semaine, pour marquer les six mois du tremblement de terre. Je l'accompagnais. Dans la Toyota bringuebalante de notre guide, nous nous sommes mis à la recherche des lieux photographiés il y a six mois. Premier arrêt: rue Estimé, quartier Fort national.
Un tableau réjouissant nous attendait. Les débris de plusieurs immeubles avaient été ramassés. En ce dimanche suffocant, un bulldozer attendait le retour de son conducteur. Il y avait clairement, ici, du mouvement.
Jean-Louis Jean-Hubert, dont la minuscule demeure a été jugée digne de ne pas être rasée, n'est pourtant pas impressionné. «Ça ne s'améliore pas», dit-il dans ses chaussures Crocs roses, en regardant la photo de sa rue prise il y a six mois.
Le second arrêt, au Champ-de-Mars, devant le Palais présidentiel, confirme ce que M. Jean-Hubert nous a dit, rue Estimé. Le Palais ressemble encore au vieillard penché qu'il était en janvier. Pas l'ombre d'un bulldozer en vue.
«Il ne s'est rien passé depuis deux mois. Ils ont commencé des travaux, puis il sont partis», nous informe Carlo, un jeune homme qui habite le quartier de tentes flambant neuf du Champ-de-Mars.
Martin Chamberland pointe sa Canon sur le palais. Avant, après: seul le dôme central, amputé, est absent du cliché du mois de juillet. Le symbole du pouvoir exécutif haïtien est laissé à l'abandon, en ruine.
Une ville pétrifiée
Le reste de la journée sera à peu près de la même eau. Partout, le photographe de La Presse a retrouvé les mêmes tableaux qu'il y a six mois. Comme si Port-au-Prince était encore pétrifié.
Enfin, le lendemain, lundi, des signes d'action là où s'élevait l'église Notre-Dame du Perpétuel Secours! Un terrain clôturé, des bruits de machinerie lourde, des hommes casqués qui s'activent. Ce jour-là, on nivelait le terrain, dernière étape avant la construction d'une école.
Pour Hervé Jacques, de Fideli Construction, la reconstruction d'Haïti se passe très bien, merci. Il a supervisé des travaux aux Cayes, à l'Hexagone, à La Plaine. Fideli, dit-il, démolit et construit depuis des semaines. «Et nous aurons terminé cette école dans une semaine. Nous allons travailler jour et nuit.»
La restauration de ce terrain illustre bien le caractère aléatoire de la reconstruction de Port-au-Prince. C'est l'UNICEF, l'agence de l'ONU pour les enfants, qui finance la construction de cette école, une structure légère. Des religieuses l'administreront.
Pourquoi cette école? Pourquoi ici? Pourquoi maintenant? Parce que c'est comme ça que se déroule principalement la reconstruction: de façon organique, sans réelle direction centrale, sans supervision de l'État. Par les deniers et les efforts d'intérêts privés, de l'ONU et d'ONG.
Au stade Sylvio-Cator, les sinistrés qui occupaient l'enceinte dans les semaines qui ont suivi le séisme ont été relogés tout autour. Ce camp menace, comme tous les autres, de devenir un bidonville permanent, étouffant d'exiguïté.
George David, membre du comité de citoyens, nous accueille. Nous lui expliquons notre projet photo. «Rien n'évolue, dit-il. Rien ne change. Il n'y a pas de projets. Le gouvernement ne fait rien pour nous. On parle de la reconstruction d'Haïti, mais je ne la vois pas!»
Et encore une fois, le tableau est pareil à celui du mois de janvier. Six mois plus tard, cependant, un fil électrique s'est détaché d'un poteau et pend entre deux tentes. Un enfant joue avec le fil. Heureusement, le courant électrique n'a jamais été fiable, dans ce pays, séisme ou pas.
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/seisme-en-haiti/201007/09/01-4297101-haiti-pourquoi-rien-ne-bouge.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B42_acc-manchettes-dimanche_369233_accueil_POS6
Patrick Lagacé.- La Presse
Rien n'a changé. C'est ce qui frappe le visiteur qui revient à Port-au-Prince, six mois après le séisme du 12 janvier. Rien n'a changé. Ou si peu. Trop peu.
Il y a six mois, des gravats obstruaient les rues, on voyait partout des immeubles écroulés sur eux-mêmes ou tanguant au-dessus de la voie publique et des voitures écrasées comme des crêpes.
Aujourd'hui, près de 200 jours après le séisme, ce tableau est encore la norme dans les quartiers de Port-au-Prince. De temps en temps, ici et là, de façon aléatoire, les débris d'un édifice ont été ramassés. Il reste un terrain vague, bien souvent entre deux immeubles en miettes.
Pardonnez le cliché: la reconstruction avance à pas de tortue. En fait, avant même de parler de reconstruction, il faudra évacuer les débris. Ce qui commence à ressembler, à l'échelle de Port-au-Prince, à ramasser les débris d'un bungalow lavallois avec une spatule.
Pour témoigner des efforts de reconstruction, le photographe Martin Chamberland, de La Presse, avait immortalisé des dizaines d'endroits de Port-au-Prince, au mois de janvier. Avec l'idée de revenir plus tard reprendre des photos aux mêmes endroits.
C'est ce que Martin a fait, au début de la semaine, pour marquer les six mois du tremblement de terre. Je l'accompagnais. Dans la Toyota bringuebalante de notre guide, nous nous sommes mis à la recherche des lieux photographiés il y a six mois. Premier arrêt: rue Estimé, quartier Fort national.
Un tableau réjouissant nous attendait. Les débris de plusieurs immeubles avaient été ramassés. En ce dimanche suffocant, un bulldozer attendait le retour de son conducteur. Il y avait clairement, ici, du mouvement.
Jean-Louis Jean-Hubert, dont la minuscule demeure a été jugée digne de ne pas être rasée, n'est pourtant pas impressionné. «Ça ne s'améliore pas», dit-il dans ses chaussures Crocs roses, en regardant la photo de sa rue prise il y a six mois.
Le second arrêt, au Champ-de-Mars, devant le Palais présidentiel, confirme ce que M. Jean-Hubert nous a dit, rue Estimé. Le Palais ressemble encore au vieillard penché qu'il était en janvier. Pas l'ombre d'un bulldozer en vue.
«Il ne s'est rien passé depuis deux mois. Ils ont commencé des travaux, puis il sont partis», nous informe Carlo, un jeune homme qui habite le quartier de tentes flambant neuf du Champ-de-Mars.
Martin Chamberland pointe sa Canon sur le palais. Avant, après: seul le dôme central, amputé, est absent du cliché du mois de juillet. Le symbole du pouvoir exécutif haïtien est laissé à l'abandon, en ruine.
Une ville pétrifiée
Le reste de la journée sera à peu près de la même eau. Partout, le photographe de La Presse a retrouvé les mêmes tableaux qu'il y a six mois. Comme si Port-au-Prince était encore pétrifié.
Enfin, le lendemain, lundi, des signes d'action là où s'élevait l'église Notre-Dame du Perpétuel Secours! Un terrain clôturé, des bruits de machinerie lourde, des hommes casqués qui s'activent. Ce jour-là, on nivelait le terrain, dernière étape avant la construction d'une école.
Pour Hervé Jacques, de Fideli Construction, la reconstruction d'Haïti se passe très bien, merci. Il a supervisé des travaux aux Cayes, à l'Hexagone, à La Plaine. Fideli, dit-il, démolit et construit depuis des semaines. «Et nous aurons terminé cette école dans une semaine. Nous allons travailler jour et nuit.»
La restauration de ce terrain illustre bien le caractère aléatoire de la reconstruction de Port-au-Prince. C'est l'UNICEF, l'agence de l'ONU pour les enfants, qui finance la construction de cette école, une structure légère. Des religieuses l'administreront.
Pourquoi cette école? Pourquoi ici? Pourquoi maintenant? Parce que c'est comme ça que se déroule principalement la reconstruction: de façon organique, sans réelle direction centrale, sans supervision de l'État. Par les deniers et les efforts d'intérêts privés, de l'ONU et d'ONG.
Au stade Sylvio-Cator, les sinistrés qui occupaient l'enceinte dans les semaines qui ont suivi le séisme ont été relogés tout autour. Ce camp menace, comme tous les autres, de devenir un bidonville permanent, étouffant d'exiguïté.
George David, membre du comité de citoyens, nous accueille. Nous lui expliquons notre projet photo. «Rien n'évolue, dit-il. Rien ne change. Il n'y a pas de projets. Le gouvernement ne fait rien pour nous. On parle de la reconstruction d'Haïti, mais je ne la vois pas!»
On ne la voit pas, certes, elle est désespérément lente, cette reconstruction, mais elle est là. C'est le paradoxe de cette reconstruction: elle n'est pas faite que de briques et de béton. Prenez Médecins sans frontières. L'ONG médicale avait quatre points de service en Haïti avant le 12 janvier. Elle en a désormais plus de 17 grâce aux fonds recueillis et à la sensibilisation internationale. Petit exemple, selon Stefano Zannini, chef de mission de MSF en Haïti, de la «chance extraordinaire» que représente encore pour le pays la catastrophe de janvier.
Il y a cependant des ratés immenses dans la planification, note Zannini. Le quart de toute l'eau distribuée dans les camps est fourni pas MSF. «C'est anormal quand on sait que nous sommes une organisation médicale. Ça veut dire que quelqu'un n'assure pas ce travail.»
Un autre arrêt, pour une autre photo. Encore au Champ-de-Mars. Vue sur le bidonville avec, au fond, la «Tour 2004», une affreuse structure d'inspiration nord-coréenne, incomplète, érigée pour souligner les 200 ans de la révolution haïtienne.Et encore une fois, le tableau est pareil à celui du mois de janvier. Six mois plus tard, cependant, un fil électrique s'est détaché d'un poteau et pend entre deux tentes. Un enfant joue avec le fil. Heureusement, le courant électrique n'a jamais été fiable, dans ce pays, séisme ou pas.
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/seisme-en-haiti/201007/09/01-4297101-haiti-pourquoi-rien-ne-bouge.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B42_acc-manchettes-dimanche_369233_accueil_POS6
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