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mercredi 24 janvier 2024

Rivière Massacre: le canal principal est prêt à plus de 85%

Malgré une semaine difficile à Ouanaminthe avec des mouvements de protestation et le blocage des principales artères de cette ville, le chantier de la prise sur la rivière Massacre continue. L'édification du seuil pour l'entrée de l’eau dans le canal est totalement terminée. Seule la construction des murs en gabion pour la protection des berges de la rivière n’est pas encore totalement achevée.
Par Jose Flecher
Le canal prend de plus en plus forme. L’on s’achemine petit à petit vers l’inauguration de cette œuvre qui symbolise la fierté de toute une population. Les ouvrages les plus importants sont dans une phase finale. Si l'euphorie autour du canal en termes d’affluence et de contribution monétaire et/ou en matériel diminue, les travaux, par contre, continuent avec le même engouement. Les responsables veulent aller vite mais priorisent le bien faire. Le seul handicap empêchant aux responsables de mettre une date définitive pour la remise des travaux en ce qui a trait au canal principal est la rareté des pierres dans les rivières limitrophes sans lesquelles la construction des murs en gabion devant protéger les berges de la rivière demeure impossible.
Ouvriers et responsables de chantiers ne chôment pas. La construction du canal est l’une des rares activités qui n’a pas été touchée par la paralysie de la ville de Ouanaminthe du 15 au 18 janvier 2024. L’emphase est mise sur la construction des murs en gabion en amont et en aval de la prise. Malgré la rareté manifeste des pierres au niveau des différentes rivières de Ouanaminthe et de Capotille, ces travaux avancent tant bien que mal. Mais par la force des choses, les initiateurs sont obligés de revoir à la baisse le nombre de mètres linéaires de murs à construire.
Ainsi, au lieu de 50 mètres linéaires en aval de la prise, les responsables optent pour une trentaine de mètres et le reste sera consolidé par des digues en terre. En vue de la protection de la prise, 28 mètres linéaires de mur en gabion seront également érigés pour l’entrée de l’eau dans le canal. On est en train de mettre les bouchées doubles pour trouver des pierres, peu importe la distance à parcourir. La Grande Rivière ne répond plus à la demande et l’on met le cap sur la rivière de Limbé, soit plus de 80 kilomètres de distance par rapport à Ouanaminthe.
En plus de l'érection des murs de protection, il reste un kilomètre de canaux à construire pour permettre à l’eau d’atteindre la rivière Diassa, le cours d’eau qui doit conduire l’eau au trop plein pour la distribution dans les rizières de Ferrier. Une partie des parpaings, communément appelés blocs en béton, est déjà disponible. Ce qui sous-tend qu’une fois que les travaux de protection des berges de la prise se terminent, l’on poursuivra la construction de la dernière partie des travaux du canal primaire.
Pas que la construction du canal primaire
« Nous mettrons tout en œuvre pour que cet ouvrage soit édifié dans les règles de l’art », affirme le responsable de communication du comité de construction du canal, Éliphète Jean Gilles. Le slogan « Kanal la pa p kanpe » est révolu. Maintenant le cap est plutôt mis sur l’exploitation de l’ouvrage. L’inauguration du canal ne devrait pas tarder. Mais d’autres travaux doivent se tenir afin d’exploiter le canal. L’un des ingénieurs responsables du chantier, Lesnel Marcellus, parle des travaux à entreprendre au niveau de Diassa et des canaux secondaires pour permettre à l’eau d’atteindre les parcelles les plus reculées de la plaine de Maribaroux, une plaine de 5 000 hectares de terre irrigables dont moins de 2 000 sont mis en valeur.
Cette prise, dans ce cas, doit contribuer à irriguer les 3 000 hectares restants afin d’augmenter la production au niveau de cette partie du pays. « L’eau est et a été toujours le facteur limitant la production dans le Nord-Est », rappellent les responsables rencontrés par Le Nouvelliste. Est-ce pourquoi la construction de ce canal ne devrait pas et ne serait pas une simple initiative. « L’idée est de contribuer à réduire la dépendance alimentaire du pays de ses proches voisins que sont la République dominicaine et les États-Unis d’Amérique », assure Eliphète Jean Gilles.
Saluant l’implication de l’ensemble de la population, notamment la diaspora haïtienne, le responsable de communication croit que le coude à coude doit continuer dans l’optique d’atteindre les résultats escomptés. L’ouvrage doit être au service de l’agriculture. Ainsi, en plus de la production végétale, cette prise va contribuer à développer l’élevage dans le bas Maribaroux. Car chaque année, bovins et caprins meurent de soif un peu partout dans cette zone.
Le travail à faire est important. Permettre l’entrée de l’eau dans le canal n’est qu’une étape. De l’avis du responsable, il n’est pas encore venu le temps de souffler, surtout, assure-t-il, qu’on ne peut pas compter sur le support de l’État qui ne fait montre d’aucun intérêt pour le travail engagé depuis le 30 août 2023 avec des piques, des pelles et des équipements rudimentaires.
Une infrastructure qui respecte les règles de l’art
La présence des engins lourds et l’implication de la population sur le site ont changé la donne. À cet effet, au lieu d’une simple percée comme il a été le cas lors des débuts des travaux, c’est un canal qui respecte toutes les normes régissant la matière. Des travaux en maçonnerie et en roches ont été effectués et les ingénieurs ont repris le plan initial afin de continuer les travaux.
Après la déviation de l’eau, les premiers travaux au niveau de la prise prennent en compte les murs en L pour l’entrée de l’eau et les murs de soutènement. Si l’on en croit M. Marcellus, tous ces murs sont reliés par des murs transversaux. Il y a un premier mur transversal pour la protection du seuil. Et comme tous les problèmes de la République dominicaine en ce qui a trait à la construction de cette prise concernent le seuil, l’ingénieur tient encore une fois à rassurer toutes les parties qu’il n’y a rien à craindre en termes de débit.
Suivant la saison en question, la rivière a des débits différents. Pour dimensionner le travail, les techniciens ont considéré le débit d’étiage dans les périodes où l’eau diminue considérablement. Dans cette période, précise-t-il, le débit est autour de 2.84 mètres cubes par seconde et le seuil de la prise est dimensionné pour recevoir environ 1,5 mètre cube par seconde.
« Le seuil pourrait effectivement constituer un problème pour les parcelles en aval s’il était trop élevé », affirme le technicien avant d’ajouter qu'ils respectent tous les prescrits internationaux en la matière. Aussi précise-t-il qu’il ne s’agit pas d’un barrage. Les normes internationales, poursuit-il, exigent qu’on ne dépasse pas les 20% du débit de l’eau. Et c’est le cas en ce qui a trait à cette construction. « Le seuil est dimensionné pour retenir moins de 20% du débit de l’eau », précise le technicien.
Après quatre mois de travaux intenses, l’on est sur le point de voir le bout du tunnel en ce qui a trait au canal primaire. S’il n’y a pas de course contre la montre pour la remise des travaux, les responsables se disent toutefois déterminés à remettre les travaux dans les meilleurs délais. Les responsables affirment qu’ils sont sur la bonne voie de terminer les travaux d’ici les trente prochains jours. Ces derniers gardent à l’esprit de réaliser des travaux bien faits tout en prenant en compte les normes internationales régissant la matière. Mais le plus important est de permettre à cette eau d’atteindre les rizières de la plaine de Maribaroux afin de mettre en valeur les 5 000 hectares irrigués au niveau de cette plaine.
https://lenouvelliste.com/article/246482/riviere-massacre-le-canal-principal-est-pret-a-plus-de-85

POUR UNE DICTATURE DE LA LOI

Commentaires :
Un jour, désabusé devant la situation chaque fois plus délabrante d’Haïti, je me suis mis à forger un rationnel dans l’enchaînement de ses évènements construits injustement sur l’irrationnel le plus macabre.
Je passai en revue la détention du pouvoir en Haïti à travers la structuration de l’appareil de l’état dans le domaine de la gouvernance.
J’ai gobé de façon puérile et j’ai vomi avec les mêmes attitudes cette fameuse et hypothétique séparation des pouvoirs en exécutif, législatif et judiciaire.
De cette révision découlèrent quelques réflexions simplistes arrimées à ce vœu inébranlable de changement.
Le pouvoir exécutif a longtemps été délégué à un président qui s’en est accroché jusqu’à la mort, souvent par des dictatures féroces, cruelles et criminelles. Comme acquis de 1986, une démocratie « particulière » s’abattit sur Haïti avec l’instauration d’un président qui en apparence délaissent quelques forces à un premier ministre dont l’action gouvernementale est contrôlée par un pouvoir législatif.
Les représentants du peuple grignotent de l’exécutif des parts de pouvoir puisque présidents, premiers ministres et législateurs viennent de groupements politiques différents et ils sont souvent indépendants les uns des autres avec une autonomie affichée et assumée.
L’évolution de la gouvernance produira une dictature du pouvoir législatif détenu par des élus aussi incompétents qu’avides de richesses rapides et mal acquises. Les députés et sénateurs vont aller au-delà de leurs attributions qui ne se limitent plus à surveiller les actions du gouvernement, jusqu’à le composer eux-mêmes avec l’introduction de leurs amis et proches dans des connivences qui visent surtout l’accès aux caisses de l’état.
Les gabegies des pouvoirs exécutifs et législatifs qui contrôlent par des nominations l’ensemble du pouvoir judiciaire, remettent régulièrement cette dernière patte du « triptyque ».
Pour des transitions démocratiques et constitutionnelles quand les passassions de pouvoir trébuchent devant ces obstacles séculaires constitués par l’amour du pouvoir, l’irrespect des lois entre autres ingrédients, le juge de la Cour de Cassation devient devant ka scène, souvent brandi par une tranche de l’opposition voulant aussi occuper le pouvoir.
J’ai donc rêvé de mes vœux, enfin la dictature du pouvoir judiciaire qui « attacherait son pantalon à sa taille » et imposerait un régime fort basé sur l’application des lois !
Aujourd’hui, avec les sanctions imposées par certains des amis d’Haïti contre des fonctionnaires actifs et passés de l’état, l’impunité plus que jamais se dégage comme le dénominateur commun de l’administration publique avec ces effets néfastes.
La presse n’en parle pas assez !
On peut facilement imaginer les raisons.
Très peu de débats de structurent sur les conséquences de la corruption ni sur le niveau de vie du citoyen haïtien ni sur la situation globale de la société haïtienne. L’action timide voire critiquée de certains juges pourrait, dans un autre contexte, dans un momentum différent, marquer le début de quelque chose.
Les forces qui ont érigé la corruption et l’impunité comme des forteresses difficilement attaquables ont des ressources pour exfiltrer tous ces fonctionnaires salis des méandres qui ont dépassé les sommets les plus hauts de notre contingent moral !
Arrestation de l'ancien député Cholzer Chancy
Ravensley Boisrond
L'ex-député d'Ennery et ancien président de la Chambre des députés, Cholzer Chancy, a été arrêté ce lundi 22 janvier sur ordre du magistrat instructeur Al Duniel Dimanche.
Cette arrestation fait suite à son audition dans le cadre de l'enquête sur le détournement de biens publics présumé au Centre National des Équipements (CNE).
Le magistrat instructeur a décidé de placer Cholzer Chancy en dépôt, suite à des éléments recueillis au cours de l'interrogatoire. L'ex-président de la Chambre des députés avait été convoqué dans le cadre du dossier de détournement de biens publics au CNE.
Rappelons que dans le cadre de l'affaire de détournement de biens du Centre national d'équipement (CNE), l'ancien député d'Ennery, Cholzer Chancy, a répondu à la convocation du juge instructeur Al Duniel Dimanche le lundi 8 janvier 2024.
L'ancien parlementaire a déclaré sur Magik 9 qu'il n'avait « pas été notifié de manière formelle, [mais] je me suis senti dans l'obligation de répondre à l'invitation du juge ». Il s'est dit prêt à se présenter devant le juge Al Duniel Dimanche pour être auditionné autant de fois que nécessaire, tout en affirmant qu'il ne détenait aucun équipement provenant du CNE.
https://haiti.loopnews.com/content/arrestation-de-lancien-depute-cholzer-chancy

mercredi 17 janvier 2024

La liste des exactions attribuées à la BSAP s’allonge

Samuel Celiné
By SAMUEL CELINÉ 24 décembre 2020
Les scandales ne cessent d’éclabousser ce corps, monté en dehors des règles élémentaires
Le décret de janvier 2006, relatif à la gestion de l’environnement, consacre l’existence d’un « Corps de Surveillance de l’Environnement », placé sous le contrôle de l’Agence Nationale des Aires protégées.
Selon un document de l’ANAP, traitant de la « Surveillance environnementale des unités d’aires protégées et des sites écologiques en Haïti », ce corps est appelé Brigade de surveillance des Aires protégées.
Dans ce document, il est indiqué que la BSAP « est un corps armé spécialisé dans la défense des sites écologiques […]. La BSAP a pour mission de sécuriser les Aires protégées déclarées et celles potentielles non encore déclarées et assurer la surveillance des carrières et mines de sable d’exploitation interdite. »
Pourtant, loin de pouvoir garder ses 1 207 membres à l’intérieur des 25 aires protégées déjà déclarées dans le pays, la BSAP s’incruste dans les villes et crée des scandales. La brigade n’est même pas prévue par la Constitution haïtienne.
Scandale après scandale Le mercredi 22 juillet 2020, dans le nord du pays, un groupe de policier appréhende Youdlex Sylvestre qui circulait avec une arme à feu illégale.
Après l’interpellation, Youdlex Sylvestre a été mis en garde à vue, au sous-commissariat de l’hôpital Justinien du Cap-Haïtien. Quelques instants plus tard, une quinzaine d’hommes armés s’introduisent de force dans le sous-commissariat, pour libérer le prévenu. Ils mettent l’espace sens dessus dessous.
Ces individus armés, en uniforme vert, sont des membres de la BSAP, et Youdlex Sylvestre fait partie de ce corps lui aussi.
Le 13 novembre 2020, le journaliste Jean Rony Augustin qui anime une émission sur les ondes de la radio Ouanavision, dans la ville de Ouanaminthe, a reçu des menaces de la part du responsable de la BSAP dans le Nord-Est, Julien Ebel. Les paroles du chef de la BSAP ont été enregistrées et publiées sur les réseaux sociaux par le journaliste.
Aujourd’hui encore, Jean Rony Augustin dit se sentir en danger puisqu’aucune sanction « sérieuse » n’a été prise contre Julien Ebel.
En réaction, le responsable de la BSAP dans le Nord-Est admet avoir parlé, par téléphone, au journaliste qui est de la même région que lui. Son but, assure-t-il, n’était pas de l’intimider, mais d’éclaircir certains points que Jean Rony Augustin avait révélés dans une émission.
D’autres bavures portent la signature de la Brigade des aires protégées. Ainsi, le lundi 21 décembre 2020, un groupe de cinq policiers de l’Unité de Sécurité générale du Palais national (USGPN) prenaient la Route Nationale Numéro 3 en direction du Grand Nord.
Arrivés à hauteur de Morne à Cabris, les policiers ont été stoppés, désarmés et dévalisés par des hommes armés portant l’uniforme de la BSAP.
Réagissant à cet incident, le directeur de l’ANAP, Jeantel Joseph, garantit que les agents de la BSAP cantonnés cette nuit-là dans la zone ont apporté leur soutien aux policiers victimes, et ne sont pas impliqués dans ce qui s’est passé.
Problèmes opérationnels
Intervenant sur les ondes de la Radio Caraïbes 48 heures après l’incident du Morne à Cabris, Jeantel Joseph s’est démené comme un beau diable pour tenter de défaire la mauvaise image renvoyée par la BSAP.
Selon Jeantel Joseph, pour intégrer la brigade, le postulant doit suivre les règles établies pour entrer dans la fonction publique à travers l’Office de management et des ressources humaines.
Pourtant, des agents de la BSAP dévoilent avoir déboursé jusqu’à 40 000 gourdes pour intégrer la brigade, qui ne leur offre ni uniforme, ni arme de service, ni salaire. Le chef de cette unité, dans le département du Nord-Est, Julien Ebel confie ces manquements.
Le responsable de la BSAP dans le Nord-Est qui dit avoir une cinquantaine d’hommes sous ses ordres dans le département dévoile que les nouvelles recrues de la brigade ne perçoivent pas encore de salaire.
Même ce responsable, qui a intégré la BSAP en juin 2019, ne connaît pas encore la couleur de son salaire.
Cependant, Julien Ebel souligne que l’État vient d’allouer 214 millions de gourdes à l’ANAP en vue du paiement des agents. L’ANAP n’a toutefois pas encore décidé combien toucheront les membres du BSAP en fonction de leurs grades.
L’uniforme pose aussi problème au sein de cette brigade. Selon les informations recueillies, les agents se rendent à Dajabon pour acheter le tissu, pour ensuite le confier à un tailleur haïtien. Certains agents sont obligés de louer des armes à des particuliers, car la brigade ne leur en a pas donné.
Julien Ebel admet l’existence de telles pratiques, mais les minimise en les qualifiant de « fuite en avant » de certains agents.
Selon Himmler Rebu, ancien colonel de l’armée d’Haïti et ancien secrétaire d’État à la sécurité publique, la BSAP fait froid dans le dos. Pour lui, la brigade a beaucoup de points communs avec le Front révolutionnaire armé pour le Progrès d’Haïti (FRAPH). Cette entité paramilitaire a pendant longtemps terrorisé la population, à la manière des tontons macoutes.
Samuel Celiné https://ayibopost.com/la-liste-des-exactions-attribuees-a-bsap-sallonge/

Guy Philippe à tout prix : la BSAP se renforce et se dit prête pour la lutte

Rolph Louis-JeuneBy ROLPH LOUIS-JEUNE and JABIN PHONTUS
La brigade, proche de Guy Philippe, recrute 300 nouveaux agents dans le sud et multiplie les interventions jugées illégales dans ce département Dès son retour en Haïti en novembre dernier après avoir passé six ans en prison aux États-Unis pour blanchiment d’argent provenant du trafic de drogue, l’ancien commandant de police Guy Philippe fait appel à ses amis de combats, selon des sources au courant de ces prises de contact.
Joseph Jean Baptiste, responsable de la Brigade de sécurité des aires protégées (BSAP) au niveau de Hinche, confirme avoir fait partie des appelés. Le membre de l’unité étatique dédiée à la protection de l’environnement dit avoir combattu dans plusieurs villes aux côtés de Guy Philippe dans les luttes armées ayant contribué à renverser le président Jean Bertrand Aristide en 2004.
« Tous les responsables départementaux de la BSAP sont des anciens militaires qui avaient, pour la plupart, lutté avec Guy Philippe en 2004 », déclare à AyiboPost Jean Baptiste, également porte-parole des militaires démobilisés.
Dimanche 14 janvier 2024, Guy Philippe fait un autre appel, public cette fois. Dans une vidéo sortie sur YouTube, l’ancien policier demande à la BSAP, ainsi qu’à l’armée et la police, de le rejoindre dans ce qu’il appelle une « révolution » pour libérer Haïti à partir de ce lundi 15 janvier 2024.
Tous les responsables départementaux de la BSAP sont des anciens militaires qui avaient, pour la plupart, lutté avec Guy Philippe en 2004.
Des commandants de la BSAP confirment à AyiboPost être prêts à combattre aux côtés de l’homme fort de Pestel.
« Dire que nous ne sommes pas alliés de Guy Philippe au niveau de la BSAP serait une trahison », déclare à AyiboPost Fritzner Jean Pierre, commandant de la brigade à Ouanaminthe.
Administrativement, la BSAP tombe sous l’autorité de l’Agence nationale des aires protégées (ANAP) qui a pour mission de gérer et coordonner le « Système national des aires protégées dans le pays ». Cette institution a été élevée au rang de Direction générale en 2017 par l’ancien président Jovenel Moïse.
L’actuel directeur de l’ANAP, Jeantel Joseph, dirige le Consortium des partis politiques sous la bannière duquel Guy Philippe a été élu sénateur de la Grand’Anse lors des élections du 20 novembre 2016. Contacté par AyiboPost, Joseph n’a pas réagi avant publication.
Depuis son retour au pays, Guy Philippe entreprend une tournée dans certaines villes pour prêcher sa révolution.
À Ouanaminthe, lors d’une visite sur le chantier de la construction du canal sur la rivière Massacre le 2 janvier 2024, Philippe était protégé principalement par des agents armés de la BSAP. «Il n’y a eu aucun incident, tout s’était déroulé dans la tranquillité», indique Fritzner Jean Pierre, commandant de la brigade dans la zone. Les Agents BSAP veillent à la sécurité et préviennent que, parfois, l’enthousiasme de la population ne déborde pas vers les limites frontalières haïtiennes qui se trouvent à proximité de la Rivière Massacre. | Pierre Michel Jean/AyiboPost
Des commandants de la BSAP confirment à AyiboPost être prêts à combattre aux côtés de l’homme fort de Pestel.
Les déplacements de Guy Philippe semblent inquiéter au plus haut niveau du pouvoir. Après la descente de l’ancien rebelle dans le Nord-Est, le gouvernement a demandé la liste de tous les agents de la BSAP ainsi qu’un inventaire des matériels de l’institution, selon Jean Pierre. Cette requête est interprétée, d’après le commandant, comme une tentative visant à « intimider le directeur de l’ANAP, Jeantel Joseph».
«Il existe une coalition entre les commandants de la BSAP, le directeur Jeantel Joseph, Guy Philippe et le commissaire du gouvernement de Miragoane Jean Ernest Muscadin [connu pour des exécutions extrajudiciaires] afin de réagir ensemble contre toute action du gouvernement », explique Joseph Jean Baptiste, commandant de la BSAP à Hinche. La situation peut déraper à tout moment. Toute attaque contre la brigade ou la révocation de Jeantel Joseph, servira à l’accomplissement du projet de révolution de Guy Philippe, d’après Joseph Jean Baptiste. « À la guerre comme à la guerre, que le plus fort gagne! Point barre », rajoute le porte-parole des militaires démobilisés, tout en mettant le gouvernement en garde de ne pas s’en prendre à Philippe.
Malgré une relation tendue avec l’administration du Premier ministre de fait Ariel Henry, la BSAP se renforce dans le sud du pays.
Le 3 novembre 2023, la structure installe quinze nouveaux agents dans la zone en présence de plusieurs autorités départementales et lance une campagne afin de graduer 300 autres jusqu’à mi-février, selon un responsable. Les nouveaux agents s’entraînent à l’ancienne base de la compagnie de construction Estrella à «Lapòt» dans la commune de Camp-Perrin.
Toute attaque contre la brigade ou la révocation de Jeantel Joseph, servira à l’accomplissement du projet de révolution de Guy Philippe, d’après Joseph Jean Baptiste. Le processus de recrutement pour la BSAP est différent de celui de la PNH. La brigade ne pose aucune restriction d’âge ou de niveau académique.
« En l’absence de problèmes avec la justice, les aspirants sont pris sur recommandation après les résultats d’enquêtes menées par notre service de renseignement», révèle à AyiboPost Fagasse Mychelain, inspecteur général Sud de la BSAP.
L’institution, dont certains membres sont lourdement armés, multiplie également des interventions spectaculaires, souvent violentes, très éloignées de sa mission officielle de surveillance environnementale ces derniers mois.
Après l’installation des nouveaux agents à Camp-Perrin, trois d’entre eux ont roué de coups et blessé un sourd-muet de la zone, lors d’une échauffourée, témoignent à AyiboPost plusieurs témoins.
« Des individus mal intentionnés ont pris le malin plaisir de proférer des injures aux agents », explique à AyiboPost l’inspecteur Mychelain. « On a fait le nécessaire pour emmener le jeune à l’hôpital, identifier et sanctionner les auteurs de cet acte tout en les transférant à la Capitale », rajoute l’originaire de Camp-Perrin.
Les agents BSAP n’en sont pas restés là.
Au moins une fois, AyiboPost les a observés en train d’assurer la circulation dans la ville des Cayes à la fin de l’année dernière. Le 16 décembre 2023, ces agents sont intervenus avec la police municipale au marché «Relè» de la ville des Cayes pour déguerpir dans la violence les marchands installés au bord de la rue.
Le processus de recrutement pour la BSAP est différent de celui de la PNH. La brigade ne pose aucune restriction d’âge ou de niveau académique.
Des agents de la BSAP s’en sont également pris aux chauffeurs de camionnettes assurant le trafic entre la ville des Cayes et Cavaillon, Maniche, Camp-Perrin pour les forcer à abandonner l’intersection entre la première Grande rue et le Boulevard des Quatre Chemins utilisée comme point de stationnement, conformément à une directive municipale datée du 28 novembre 2023.
Questionné sur l’illégalité de ces interventions non conformes aux missions de la Brigade, le directeur de la BSAP, Joarilus Placide déclare à AyiboPost : «Nous sommes dans un moment de vide et l’implication de tous les acteurs pour la sécurité nationale est essentielle».
Le directeur départemental sud du ministère de l’Environnement, Jean Marc Cherisier, confirme avoir constaté les agents dans les rues. «Je les ai vus, mais c’est un dossier qui ne m’intéresse pas, car ils sont directement sous l’autorité de l’ANAP», dit-il à AyiboPost.
Les accusations d’actions illégales jalonnent le parcours de la BSAP.
Un article d’AyiboPost révèle en décembre 2023 l’implication présumée d’agents du corps dans la contrebande sur la frontière, et la réception sans comptabilité officielle de milliers de dollars US pour la construction d’une base au nord du pays. Nous sommes dans un moment de vide et l’implication de tous les acteurs pour la sécurité nationale est essentielle.
En février 2022, le ministère de l’Environnement avait annulé tous les badges des agents de la BSAP pour « filtrage et un examen appropriés », à cause de la « répétition de comportements indélicats de certains agents, retransmis à travers les médias.»
À cause de ces exactions, l’appel à l’aide publique lancé par Guy Philippe à la BSAP soulève des questions sur la possibilité de transformation du groupe en bras armé de la révolution annoncée par l’ancien chef rebelle contre le pouvoir, la classe politique et économique.
Formé en Équateur par les Forces spéciales des États-Unis au début des années 1990, Guy Philippe a été chef de police au Cap-Haïtien jusqu’à sa révocation en octobre 2000 pour participation à la préparation d’un coup d’État.
Après cette décision, l’ancien commissaire s’est réfugié en République Dominicaine d’où il a introduit avec d’anciens militaires le Front pour la libération et la reconstruction nationales (FLRN) ayant pour objectif principal le renversement du gouvernement d’Aristide.
Entre 2001 et 2004, de nombreux crimes sont attribués à la force rebelle.
Le 28 juillet 2001, le groupe est pointé du doigt dans une attaque contre l’Académie nationale de police d’Haïti à Pétion-Ville. L’administrateur de l’académie et deux élèves policiers avaient été tués et dix-sept autres cadets étaient blessés.
Le 23 juin 2002, la force paramilitaire lance une attaque contre la ville frontalière Belladère. Cinq membres de la famille d’un coordonnateur de Fanmi Lavalas avaient été mitraillé par la milice.
En février 2004, Guy Philippe est revenu dans le pays. Et le 29 février de la même année, il réussit son coup : l’ancien président Jean Bertrand Aristide a été contraint de quitter le pays à bord d’un avion escorté par des membres de l’armée américaine.
Par la suite, sous la bannière du Front national pour la reconstruction nationale (FRN) qui s’est transformé en parti politique, Guy Philippe s’est présenté comme candidat à la présidentielle de 2006. Il avait obtenu moins de 1 % des voix.
L’appel à l’aide publique lancé par Guy Philippe à la BSAP soulève des questions sur la possibilité de transformation du groupe en bras armé de la révolution annoncée par l’ancien chef rebelle contre le pouvoir, la classe politique et économique.
À partir de 2007, Guy Philippe commence à faire l’objet de recherche de la Drug Enforcement Administration (DEA) ainsi que des agents antidrogues haïtiens. Il se présente aux élections de novembre 2016, et a été élu sénateur du département de la Grand’Anse.
Alors qu’il venait de retirer son certificat de sénateur élu au Conseil électoral provisoire (CEP), Guy Philippe est arrêté à sa sortie d’une émission de radio, puis extradé vers les États-Unis le 5 janvier 2017 où il sera condamné par la justice américaine à neuf ans de prison pour blanchiment d’argent provenant du trafic de drogues. Selon René Civil, ancien allié de Fanmi Lavas et coordonnateur du Parti Émergence patriotique, le mouvement de Guy Philippe est «une stratégie de la chapelle politique au pouvoir depuis 2004 pour se renouveler sous une nouvelle forme.»
D’après Civil, Guy Philippe est revenu au pays avec le même discours de 2004 pour effectuer le travail des grandes puissances comme les États-Unis d’Amérique. L’ancien allié de Fanmi Lavas craint une éventuelle catastrophe dans le pays à l’approche de la date fatidique du 7 février où il pourrait y avoir une confrontation armée et sanglante entre le camp de Guy Philippe et celui de l’équipe au pouvoir.
Le mouvement de Guy Philippe est une stratégie de la chapelle politique au pouvoir depuis 2004 pour se renouveler sous une nouvelle forme.
Très décrié par la population, le Premier ministre Ariel Henry dirige le pays depuis l’assassinat de Jovenel Moise en 2021, à la faveur d’une intervention de la communauté internationale en Haïti, menée par les États-Unis. Ses promesses de stabilisation du pays et d’organisations d’élections ne se sont pas matérialisées, plus de deux ans après son ascension au pouvoir dans un contexte où son nom est cité dans le meurtre encore non élucidé.
Lire aussi : Ariel Henry fait partie des organisateurs de l’assassinat de Jovenel Moïse, d’après le juge d’instruction
Guy Philippe a été contacté sans succès dans le cadre de cet article.
Pour l’ancien colonel de l’armée d’Haïti, Himmler Rébu, « toutes les conditions sociales sont réunies pour un éclatement dans le pays. Cette situation, analyse l’ancien ministre, peut déboucher sur une catastrophe et échapper au contrôle de la personne qui l’a provoquée. »
Par Rolph Louis-Jeune & Jabin Phontus

Protestations et paralysie des activités dans plusieurs villes de province

Plusieurs villes de province se sont réveillées sous tension ce lundi 15 janvier 2024.
Par Par Jean Daniel Sénat
15 janv. 2024 | Lecture : 3 min. Plusieurs villes de province se sont réveillées sous tension ce lundi 15 janvier 2024. La veille, l’ancien rebelle Guy Philippe avait appelé la population à la désobéissance civile pour exiger le départ du Premier ministre Ariel Henry. A Jérémie, Le Nouvelliste a constaté une paralysie des activités. Les écoles, les institutions publiques et privées ont gardé leurs portes fermées. Le commerce a tourné au ralenti.
En milieu de journée, plusieurs centaines de protestataires ont été remarqués dans les rues. Les manifestants ont exigé le départ du premier ministre Henry. « On ne veut plus de lui. Sous son administration, la situation s’est détériorée. Il n’est pas l’homme de la situation », a pesté un participant à la manifestation.
La tension est montée d’un cran quand les manifestants ont voulu attaquer la résidence de l’ancien sénateur Saurel Jacinthe, accusé d’avoir ordonné une répression contre la manif. Ils ont lancé des pierres en direction de la maison de l’ancien parlementaire. La police a dû intervenir pour rétablir l’ordre. Le Nouvelliste a constaté des affrontements entre les agents de sécurité de la résidence privée de l'ancien sénateur et manifestants à la rue Legagneur, zone reliant les quartiers de Rochasse et Caracolie.
La ville des Cayes a également vécu une journée de tension ce 15 janvier. Les établissements scolaires ont fermé leurs portes. Même cas de figure pour l’administration publique. Les magasins sont restés fermés. Des centaines de manifestants ont été remarqués dans les rues pour réclamer le départ du premier ministre Ariel Henry.
Les protestataires ont exprimé leur ras-le-bol face au système en place qui, selon eux, ne fait rien pour sortir le pays de l’insécurité. « Nous allons fermer tous les bureaux de l’État dans le département pour forcer le premier ministre à laisser la tête du pays » a déclaré un manifestant vêtu d’un t-shirt blanc auquel est écrit « Nou se Guy Philippe ». Des propos acides ont été lancés par les protestataires le long de leur parcours à l’endroit du premier ministre, Ariel Henry et du délégué départemental du Sud, Ketnor Estinvil. Ils accusent le chef de la primature d’être en complicité avec les gangs qui terrorisent le pays.
Le décor n’était pas différent à Miragoane. Les activités ont été au point mort.Les portes des établissements scolaires, des bureaux de l’administration publique et des institutions privées sont restées fermées. A la principale gare routière de la commune, les activités ont été à l’arrêt. La circulation des véhicules a été très fluide. À Carrefour, dans le département de l’Ouest, des centaines de manifestants ont répondu à l’appel de Guy Philippe. Ils ont protesté dans les rues de cette commune pour dénoncer la gouvernance de M. Henry. A l’aide d’un rara, munis de pancartes, ils ont exprimé leur colère contre le locataire de la primature et signifié leur opposition au déploiement de la Mission multinationale de sécurité en Haïti.
Au centre-ville de Ouanaminthe, sur la route nationale #6 et dans des quartiers comme Anba Gaya, non loin du site où se construit le canal d'irrigation sur la rivière Massacre, des barricades de pneus enflammés ont été remarqués tôt de la matinée du lundi 15 janvier 2024. Des partisans de l'ancien chef rebelle Guy Philippe, répondant à son appel à la désobéissance civile, ont fermé les portes de plusieurs institutions publiques telles que l'ONA, la DGI et le tribunal de Paix. Les écoles publiques et privées ainsi que le grand commerce ont dû aussi fermer leurs portes.
https://lenouvelliste.com/article/246348/protestations-et-paralysie-des-activites-dans-plusieurs-villes-de-province

Est-ce la fin du café haïtien ?

En 2008, lorsque Jean Max St Fleur, reporter à Le Nouvelliste, titre « Café local, on boit la tasse », les producteurs, torréfacteurs, exportateurs et techniciens agricoles s’alarmaient de la baisse de rendement à l’hectare et d’autres problèmes affectant la filière.
Par Par Roberson Alphonse
16 janv. 2024 | Lecture : 8 min.
En 2008, lorsque Jean Max St Fleur, reporter à Le Nouvelliste, titre « Café local, on boit la tasse », les producteurs, torréfacteurs, exportateurs et techniciens agricoles s’alarmaient de la baisse de rendement à l’hectare et d’autres problèmes affectant la filière. Mais ils ne savaient pas que des catastrophes, la rouille, l’insécurité enfonceraient encore plus le café haïtien dont les exportations sont devenues insignifiantes.
En 2023, l’exportation du café haïtien, très en deçà d’un million, n’a atteint que quatre cent cinquante mille dollars, a appris Le Nouvelliste, qui a eu accès au tableau « des valeurs des principaux produits exportés » établi par la BRH, début janvier 2024.
En 2022, le montant était de huit cent vingt mille, six cent cinquante mille dollars en 2021. 2020 et 2016, 2018 et 2019 font figure d’exception avec des exportations respectivement de un million et de un million trois cent mille dollars. Interrogé en septembre 2022, l’agronome Abel Cléomé, responsable de l’Institut national du café haïtien (INCAH), avait confié l’observation « d’une baisse soutenue de la production passant de 740 000 sacs de 60 kg en 1955 à moins de 300 000 sacs environ en 2013. Pour les dernières campagnes 2020 et 2021, a-t-il poursuivi, la production a été évaluée à plus de 150 000 sacs et le volume des exportations à 103 561.81 kg de café vert ». Cependant, fait notoire, l’agronome Cléomé a indiqué que « ces données ne prennent pas en compte le fort volume exporté de façon informelle en République dominicaine, exportation représentant plus de 60 % de la production ». « La commune de Thiotte est aujourd’hui la principale zone de production du pays. On estime qu’il y a actuellement environ 200 000 planteurs, 80 000 travailleurs saisonniers et 20 000 voltigeurs, « madan sara » et « sous-marin » qui évoluent dans la filière café », a indiqué l’agronome Cléomé, soulignant que « le café représentait encore en 1995, 25% des exportations globales du pays et entre 70 et 80% des exportations agricoles (AVSF, 2005). »
Gilbert Gonzalez, l’un des responsables de « Café Rébo », interrogé sur les données de la banque centrale, a confié à Le Nouvelliste, lundi 15 janvier 2024, que « beaucoup de gens sont étonnés de voir le faible niveau d'exportation du café, selon les données officielles. En réalité, a-t-il souligné, cela prouve qu'il y a un grand déficit de communication concernant le secteur ». Pour Gilbert Gonzalez, « il ne faut pas oublier qu'en 2013-14, le secteur a subi un gros coup avec l'apparition de la rouille, qui est une maladie qui a affecté les caféiers de toute la région. Pour remonter cette pente, il a fallu replanter des milliers d'hectares avec des variétés résistantes à la rouille, particulièrement le Catimor. C'est un processus qui prend du temps et du financement », évoquant l’impact du cyclone Matthew sur la filière et du renforcement de la gourde face au dollar américain.
« Le deuxième événement malheureux a été le cyclone Matthew qui a complètement détruit la production de la zone Sud- Grand’Anse, 2ème zone de production du pays. Suite à ces deux événements, il était difficile de répondre même à la demande locale, donc certainement l'export a souffert. En plus de ces problèmes de disponibilité, l'année dernière on a eu un phénomène externe qui s'est ajouté aux soucis agricoles: c'est le renforcement de la gourde face au dollar. Quand la gourde se renforce, automatiquement les produits d'exportation deviennent moins compétitifs. Or, vu la carence de production, le café haïtien est déjà cher à la livre; donc quand la gourde s'apprécie, cela ne fait que renforcer cette réalité. Les importateurs étrangers comparent nos prix à ceux de la Colombie, du Costa Rica, du Honduras, etc. et se disent: "pourquoi payer plus cher pour le café haïtien?" », a indiqué Gilbert Gonzalez.
De l’exportation
« En ce sens, si le gouvernement entend maintenir une gourde forte, il faudra penser à d'autres types de subventions pour nos produits exportables car les importateurs de café, cacao, etc. ont le choix et vont toujours comparer nos prix à d'autres. Si nous voulons voir grandir les exportations, Haïti doit développer une politique d’export dans une collaboration entre l'État et le privé. Cette politique, a conseillé Gilbert Gonzalez, doit prendre en compte les grandes orientations économiques de l'État, et les réalités de la production agricole. Il y a plusieurs exemples dans la région et nous pouvons choisir le modèle qui nous convient le mieux. » Pour que le café retrouve son importance d’antan
« Pour retrouver son importance, la stratégie du pays doit être revue. Aujourd'hui c'est un produit à potentiel d'export mais traité comme une culture de subsistance. Le café, selon Gilbert Gonzalez, doit être désormais traité comme un secteur d'affaires ». Ce responsable des Café Rébo plaide « en faveur d’une politique d'encouragement à l'investissement dans le secteur pour des firmes haïtiennes et étrangères », « la coexistence de fermes commerciales et de fermes familiales traditionnelles », l’apparition de nouvelles technologies, l’obtention d’un centre de recherche sur les variétés et les maladies pour former un bon nombre de techniciens agricoles qui seront spécialisés en café.
Interrogé sur l’encadrement de l’État à la filière, Gilbert Gonzalez a indiqué que « depuis 2016, Rébo a commencé une démarche de production depuis la semence. On a monté une grande pépinière et une plantation commerciale dans la zone de Thiotte, en achetant environ 40 ha de terrains privés. L’État haïtien, à travers la BRH, a créé des fenêtres de financement pour les compagnies qui sont dans l’agriculture ou dans l'export. Cela nous a permis de trouver pour ce projet des prêts à 6% sur 10 ans en HTG. C'est une très bonne option mais malheureusement, les besoins en garanties (cash ou hypothèque) ne sont pas encourageants et nous limitent. Il faudrait revoir cette partie du protocole si le but est de créer une relance du café et de l'agriculture. L'autre aspect concerne la recherche: la situation actuelle de maladie du secteur nous prouve qu'on a besoin de recherches constantes et d’infrastructures nous permettant de déterminer et/ou développer des variétés nouvelles, plus résistantes, plus productives, avec de bons profils organoleptiques et adaptées au climat haïtien. C'est ce qui se fait dans les pays producteurs. Il est impératif pour l'État de trouver un moyen de rendre productives les terres de l'État qui sont sous-exploitées dans les zones à potentiel agricole. Un grand nombre d'hectares sont sous-exploités ou abandonnés, mais dès qu'un investisseur essaie de les mettre en valeur par un bail avec l'État, immédiatement la population de la zone s'y oppose. En effet, souvent ils exploitaient ces terrains partiellement et se considèrent propriétaires de fait. C'est état de fait rend quasiment impossible l'exploitation commerciale des terres par des investisseurs locaux ou étrangers. Il faut trouver une formule de partenariat si on espère produire plus en Haïti, café ou autre denrée », a expliqué Gilbert Gonzalez, qui souhaite un renforcement de l’INCAH.
Pour un renforcement de l’INCAH
« Du côté de l'INCAH, on attend des statistiques et des données fiables et à jour concernant les filières café et cacao. Beaucoup de nos données remontent à 10 ans et plus. On ne connait plus le nombre d'ha en production, de familles concernées, la production totale, les exports, la consommation locale... Toutes ces données actualisées permettraient de donner une idée réelle du secteur et du vrai potentiel. On attend aussi que l'INCAH soit plus présent sur les ondes afin que le public haïtien soit au courant des vrais problèmes et du potentiel de ces filières et des initiatives en cours », selon Gilbert Gonzalez. Aujourd'hui, le public continue a répéter les mêmes anciennes informations, sans savoir à quel point le secteur se dégrade et change. Il faudrait un aspect "relation publique" et communication pour faire la promotion de ces deux filières à potentiel export, qui peuvent avoir un très bon impact sur la balance des paiements à un moment où Haïti essaie de redresser son économie », a plaidé Gilbert Gonzalez.
Les efforts de Rébo
« En décembre 2021, Rébo s'est installé à Beaumont, dans la Grand'Anse. Jusqu'au passage du cyclone Matthew, cette zone représentait près de 30% de l’approvisionnement en café de l'entreprise. Depuis cette catastrophe, les producteurs de la zone sont désespérés car ils ne peuvent replanter seuls un peu plus de 10 000 ha. En 2016, Rébo avait présenté à OXFAM un plan de relance pour 2 000 ha de café dans la zone de la Grand’ Anse, que l'ONG a soumise au Canada. Grâce au financement qui a suivi, OXFAM et ses partenaires Rébo et FNGA apportent un support grandement attendu à cette zone. C'est avec beaucoup de détermination que Rébo assiste depuis 2022 plus de 1 100 familles de producteurs à replanter près de 1,000 ha en café et autres cultures connexes. La compagnie emploie déjà dans la zone une trentaine de techniciens et d'agronomes, des centaines d'ouvriers de main-d'œuvre et du personnel administratif. 1 100 producteurs sont formés et assistés régulièrement dans leur jardin afin de maximiser les rendements. En moins de deux ans, Rébo a déjà distribué plus de 700 000 plantules produites dans deux pépinières centrales et 10 communautaires. Les bénéficiaires ont également reçu de l'engrais, des outils, des plantules de bananes, ignames, etc. et aussi de l'assistance à la création de leurs plans de ferme. Environ 1 million de caféiers additionnels seront plantés dans les prochains 12 mois. Il y a aussi de l'espoir pour le café dans la zone de Thiotte », selon Gilbert Gonzalez.
« Dans cette région à fort potentiel, Rébo a obtenu le support de l'USAID dans un "matching grant", pour le renforcement de la filière. Le projet "Kafe Tyòt Se Richès (KTSR)" assiste déjà 500 producteurs sur plus de 800 ha à augmenter leur productivité en leur fournissant des plantules jeunes et résistantes, de l'assistance technique à travers des agents agricoles formés par la compagnie, et des intrants adaptés. Selon ce projet, l'USAID va co-investir avec la compagnie au ratio de 1 pour 1. Un des aspects importants, a souligné Gilbert Gonzalez, sera d'encourager les jeunes hommes et femmes de Thiotte à s'intéresser à la production et au commerce de café. Près d'1 million de caféiers et d'arbres de couverture seront plantés au cours des quatre prochaines années », a dit Gilbert Gonzalez de Rébo qui « va mettre en terre un total de 2.5 millions de caféiers en quatre années à Thiotte, Beaumont, Duchity et Pestel ».
Le café haïtien, selon l’INCAH
Le café est à l’origine une plante de sous-bois, cultivée sous ombrage mais la culture en plein soleil s’est largement développée pour accroître les rendements, et représente aujourd’hui 35% des surfaces cultivées en café. À l’échelle mondiale, 65% des superficies cultivées correspondent à des systèmes agroforestiers.
Haïti a toujours été un pays exportateur de café depuis l’introduction de cette culture sur le territoire, au moment de la colonisation française de Saint-Domingue en 1726. Le café haïtien a connu son apogée sous la colonie en 1790 lorsque Saint-Domingue s’est hissée au rang de premier pays exportateur mondial. Les taxes prélevées sur le café à l’exportation ont même contribué au paiement d’une indemnité à la France après la guerre de l’indépendance ou encore aux financements de la construction du parc industriel de Port-au-Prince (SONAPI) et de l’aéroport international dans les années 1970. Le café représentait encore en 1995, 25% des exportations globales du pays et entre 70 et 80% des exportations agricoles (AVSF, 2005).
En 2011, Haïti occupe la 28e place en tant que pays producteur sur 56 pays de l’OIC, représentant une production marginale de moins de 0.3%. Toujours en 2011, Haïti est reléguée à la 41e place mondiale en matière d’exportation avec seulement 540 tonnes exportées officiellement. Au niveau de l’Amérique latine et des Caraïbes, pour la même période, Haïti est le 13e producteur sur 20 pays de la région et le 16e en termes d’exportation (TERO, 2016).
Source: https://lenouvelliste.com/article/246366/est-ce-la-fin-du-cafe-haitien

CRISIS HAÏTI : Guy Philippe pousse Haïti sur une voie dangereuse de violence

Sa plateforme politique, Despertar National para la Soberanía de Haití (Éveil national pour la Souveraineté d'Haïti), a admis recourir à la violence pour accéder au pouvoir.
L'ancien rebelle putschiste Guy Philippe a averti hier, dans un message adressé aux Haïtiens, que dans son pays "le moment est venu de renverser ce système qui se régénère constamment".
Auteur: GUILLERMO PÉREZ
Saint-Domingue, République Dominicaine
16/01/2024 00:00
Haïti est entré dans une nouvelle phase de manifestations, de destructions et de menaces, cette fois-ci sous l'égide de l'ancien leader rebelle putschiste, Guy Philippe, provoquant l'inquiétude de la population face à ses menaces de prendre le pouvoir par la force armée.
Des manifestations, des barricades et des incendies de pneus ont été signalés dans les régions du Nord-Ouest, du Nord et du Nord-Est du pays, ainsi que la fermeture forcée de ministères et des attaques contre des habitations.
S'il restait encore un espoir minime de progresser dans le processus de dialogue et de compréhension en vue de la réconciliation et de la paix en Haïti, il faut l'oublier pour le moment.
Déporté des États-Unis pour trafic de drogue, Guy Philippe, qui assombrit davantage la situation dans le pays, est arrivé le 30 novembre 2023 pour empêcher, à tout prix, tout règlement pacifique.
Il a quatre options sur la table : coup d'État, coup de force, consensus ou négociations et élections.
Par priorité, il cherche le pouvoir et aspire à le remporter par les armes avec une certaine urgence. Les élections sont pour lui le dernier recours, comme en témoigne sa menace de révolte violente pour expulser le gouvernement du Premier ministre Ariel Henry.
L'appel de Philippe hier à la désobéissance civile, une étape qui pourrait marquer le début de son aventure guerrière, ébranle la population haïtienne, déjà saturée d'incertitude et de violence.
"Il est temps de renverser ce système qui se régénère constamment", a-t-il averti dans un message diffusé sur les réseaux sociaux.
En conséquence, il a appelé les habitants à être "prêts pour la révolution et à lancer les hostilités" dans les départements du pays.
Le danger des bandes armées s'ajoute maintenant à la grave menace que représente cet homme, déterminé à détruire ce qui reste des institutions gouvernementales de ce pays.
Son parti politique, Réveil Nationale Pour la Souveraineté d’Haïti, a déjà annoncé qu'il n'excluait pas la possibilité de prendre le pouvoir par la force.
Philippe est actif avec son mouvement dans les communautés proches de la frontière avec la République dominicaine, notamment à Juana Méndez, où il a demandé au Brigades de Sécurités des Aires Protégées (BSAP) de continuer à soutenir la population haïtienne, comme il l'a fait pour la construction du canal d'irrigation le long de la rivière Massacre.
Ce week-end, des milliers de ses partisans ont demandé la démission du Premier ministre Ariel Henry, érigé des barricades, brûlé des pneus sur les routes et attaqué et jeté des pierres contre la maison de l'ancien sénateur Sorel Jacinthe, signataire de l'accord du 21 décembre.
Selon les médias haïtiens, en raison de cette manifestation, les banques commerciales, les écoles et les bureaux publics ont fermé leurs portes et les petites entreprises ainsi que les transports en commun ont été paralysés.
Ils ont déjà fait une démonstration arrogante de force en fermant plusieurs institutions publiques situées dans un complexe situé sur l'Avenue Emile Roumer.
Parmi elles, la direction départementale du ministère du Commerce, le ministère de l'Éducation nationale, le ministère de l'Économie et des Finances, le ministère des Affaires sociales, de la Santé publique et de la Population.
Dans ses discours, Guy Philippe insiste sur le déclenchement d'une révolte armée et le renversement du gouvernement. C'est pourquoi il a déjà demandé aux autorités de démissionner de leurs fonctions ou, sinon, ils seront expulsés par sa "révolution".
Source : https://listindiario.com/la-republica/20240116/guy-philippe-pone-haiti-peligrosa-ruta-violencia_791221.html?utm_source=gravitec&utm_medium=push&utm_campaign=

vendredi 5 janvier 2024

Des sénateurs américains accusent la RD de trafic d’armes vers Haïti

SIx sénateurs américains accusent la République dominicaine de trafic d’armes vers Haïti, la RD réagit
Six sénateurs démocrates accusent la République Dominicaine de servir de pont pour le trafic d'armes vers Haïti. Les sénateurs Edward J. Markey et Elizabeth Warren du Massachusetts ; Bernard Sanders, du Vermont ; Raphael Warnock, de Géorgie ; John Hickenlooper, du Colorado, et Chris Van Hollen, du Maryland ont adressé une correspondance au président américain Joe Biden pour soutenir leur accusation, soulignant que le trafic d’armes vers Haïti qui passe par la République Dominicaine est un acte illégal et qu'il empire la crise sécuritaire qui touche le pays depuis plusieurs années.
L’accusation des sénateurs démocrates américains est très mal reçue en République Dominicaine où des députés et l'ambassadrice dominicaine aux États-Unis, Sonia Guzmán, n’ont pas tardé à réagir, qualifiant les propos de législateurs américains d’ « infondées et nuisibles », de « préjudiciables », d’ « irrespectueuses et irresponsables » et n’ayant « aucune validité ».
En effet, les députés dominicains soutiennent que l’accusation des sénateurs américains n’a aucune validité car ils ne disposent pas de données ou de preuves permettant de confirmer le crime. Les hommes de lois dominicains associent les accusations américaines à un « intérêt évident à nuire » à leur pays sur la scène internationale.
La députée dominicaine Soraya Suárez, du Parti révolutionnaire moderne (PRM), a qualifié de « préjudiciable » l'accusation portée par les membres du Congrès américain. Elle craint que l'accusation américaine conduise à une qualification pénale qui n'existe pas. Elle exhorte donc les congressmen américains à plus de prudence dans l’élaboration d’arguments qu’elle qualifie d’« invalides », niant l’existence de tout type de preuve démontrant un prétendu trafic d'armes du territoire national vers Haïti. Pour la femme de loi, cette accusation est une recherche de notoriété des sénateurs américains.
Elle dit aussi croire que de telles sorties pourraient « sérieusement » affecter le tourisme en République dominicaine et retarder la collaboration internationale pour Haïti que le gouvernement a constamment exigée.
De son côté, l'ambassadrice de la République Dominicaine aux États-Unis, Sonia Guzmán, a répondu à la lettre des Congressmen américains en déclarant que la République dominicaine menait une lutte contre le trafic illégal d'armes en établissant des contrôles de sécurité stricts pour détecter les unités de munitions et d'armes à feu, rapportent les médias dominicains.
Pour le député Gustavo Sánchez, du Parti de Libération Dominicaine (PLD), les accusations des parlementaires américains sont « irrespectueuses et irresponsables », car selon lui, ces derniers profitent de leur statut de parlementaires et d'un pouvoir pour lancer des accusations « sans aucune base probante ».
« Je pense que c'est une façon pour eux d'attirer l'attention et de faire une sorte d'ingérence dans notre pays », a-t-il déclaré. Le député Sánchez a par ailleurs proposé aux sénateurs américains de se concentrer sur les questions qui incitent à la violence dans leur pays, comme le trafic illégal d'armes ou le génocide, qui, pour lui, sont des problèmes graves répandus dans différents États.
Rappelons que le 29 décembre 2023, la police de Mirebalais avait saisi "9, 960 cartouches de calibre 5 mm, retrouvées dans des boîtes contenant des poules en provenance de la République Dominicaine", selon AlterPresse citant une communication de « la informe » la Police nationale d’Haïti. Smith Bellegarde, 52 ans, le chauffeur du véhicule, Jean Lipré Descolines, 34 ans, et Robenson Descolines, 18 ans, ont été arrêtés lors de cette intervention policière.
Sources: https://haiti.loopnews.com/content/6-senateurs-des-usa-accusent-la-rd-de-trafic-darmes-vers-haiti

Tenue de la première édition de « Soup joumou solidaire » à Strasbourg

L'association CHAPO a réalisé la première édition de « Soup joumou solidaire », dans la Maison Citoyenne de Strasbourg, en France
L'association CHAPO a réalisé la première édition « Soup joumou solidaire », à l’occasion du 1er janvier 2024, fête de l'indépendance d'Haïti. C’était l’occasion pour l’association d’accueillir, dans les locaux de la Maison Citoyenne, à Strasbourg, toutes personnes intéressées et notamment des étudiants qui n’avaient pas la chance de partager ce repas avec leurs familles cette année.
Dans une ambiance marquée de respect et de solidarité, plus de 80 personnes ont partagé cette soupe, son histoire et ce qu’elle représente pour les Haïtiens et l’humanité en quête de liberté. A travers cette initiative, l'association a voulu « non seulement rehaussé cette tradition à Strasbourg dans une logique d’entraide et de rencontre culturelle, mais elle a également invité à traiter tout le monde dans la dignité et le respect de cette tradition », a soutenu un membre de l'équipe organisatrice jointe par Loop.
Inscrite sur la liste représentative du patrimoine culturel et immatériel de l’humanité en 2021 après décision de l’UNESCO, la « soupe joumon » haïtienne, symbole de l’indépendance et de la liberté, elle a une renommée internationale. Ce plat est consommé dans une ampleur grandiose chaque 1er janvier et permet de se réunir pour un moment de partage symbolique.
Selon l’UNESCO, c’est un plat de fête, profondément enraciné dans l’identité haïtienne, dont la préparation favorise la cohésion sociale, l’inclusion ainsi que le sentiment d’appartenance aux communautés.
CHAPO est une association à but non lucratif dont le siège social se trouve à Strasbourg en France. Fondée en 2023, elle œuvre dans un cadre de solidarité, au-delà des nationalités, afin de contribuer à la transformation des modalités d’intégration des Haïtiens, notamment des étudiants en France. L'association participe à la rencontre des cultures, aux supports psycho-pédagoqiques, à la promotion des actions responsables en faveur de l’environnement et au développement holistique de tous ses membres et bénéficiaires.
source: https://haiti.loopnews.com/content/tenue-de-la-premiere-edition-de-soup-joumou-solidaire-strasbourg

La manne de la diaspora en danger

Par Frantz Duval 04 janv. 2024 3.8 milliards de dollars ont été transférés sans contrepartie vers Haïti par des Haïtiens vivant à l’étranger. Cette somme a permis au pays de survivre en 2023 comme c’est le cas depuis des années. La part de la participation de la diaspora dans la constitution du revenu national continue d’être importante même si de nouveaux modes de calcul du PIB ont fait passer l’apport de la diaspora à 20% de l’assiette globale contre près de 30% avant.
L’argent de la diaspora finance de la carte de téléphone à la scolarité, du premier repas du jour aux frais de santé dans un grand nombre de familles. Dépenses courantes et investissements reposent sur les transferts de la diaspora.
La partie visible de l’apport est ce qui peut être comptabilisé à travers les institutions financières, banques ou maisons de transfert. Les flux qui irriguent les achats directs effectués à l’étranger, ceux des nouveaux modes de virements électroniques et les sommes apportées de la main à la main ne sont pas totalement intégrés dans les calculs.
Il y a plus de 3.8 milliards de dollars de la diaspora dans l’économie haïtienne. Les 3.8 financent les dépenses d’obligations. La vraie manne est ailleurs et paie le reste: l’acquisition d’un terrain, la construction ou l’achat d’une maison, tout ce qui coûte cher. Et c’est cette partie de la manne qui est en danger ainsi que l’apport des touristes de la diaspora et de leurs dépenses de plaisir. La région métropolitaine comme la province souffre avec la frilosité et la prudence obligée de nos compatriotes.
L’insécurité est le principal ennemi de la manne qu’apportait la diaspora à Haïti.
Il n’y a pas de décompte, mais le secteur foncier et celui de la construction doivent payer un prix très lourd depuis trois ans que le pays est sous la coupe des bandits et que voyager à travers le territoire est devenu un exploit dangereux.
Les compatriotes de la diaspora ont perdu des biens immobiliers de toute nature ces dernières années et ont cessé d’investir. Ils viennent de moins en moins en touriste passer des séjours de loisir en Haïti. Il y a des centaines de millions de dollars qui n’arrivent plus au pays.
La manne de la diaspora, grande rivière souterraine, voit son débit décroître, risque de disparaître si la sécurité et la libre circulation des biens et des personnes ne sont pas rétablies.
Il y a ce qui ralentit ou qu’on perd qu’on identifie rapidement et ce qui s’efface sans bruit mais pas sans conséquences. La manne de la diaspora appartient à la deuxième catégorie et les transferts répertoriés dans la première.
Il y a de vrais drames humains et financiers qui se déroulent au quotidien avec le naufrage national. Cela se passe dans l’indifférence des autorités qui ne se sont jamais vraiment souciées de la diaspora. Et sans aucune réaction des secteurs bancaires et financiers qui prennent les Haïtiens de la diaspora pour des pigeons comme les autres.
sources: https://lenouvelliste.com/article/246196/la-manne-de-la-diaspora-en-danger

mercredi 3 janvier 2024

La caravane de milliers de migrants se disperse au Mexique

Après avoir avancé d'environ 105 kilomètres à travers Chiapas, les migrants se sont rendus aux autorités pour traiter leurs documents d'immigration.
Un convoi de milliers de migrants qui avait quitté le 24 décembre l'État méridional de Chiapas, au Mexique, en direction des États-Unis, s'est dispersé ce mardi (02.01.2024) après que les autorités migratoires se soient engagées à traiter leurs cas.
La caravane s'était formée à Tapachula, près de la frontière avec le Guatemala, et s'est dispersée dans la municipalité de Mapastepec, après qu'on leur ait proposé des autobus pour se rendre à la ville de Huixtla, également au Chiapas, où ils pourront faire des démarches pour leurs documents d'immigration.
"Ils vont être traités, demain les premiers devront partir avec leurs cartes", a déclaré Luis García Villagrán, un activiste qui organise la caravane.
Villagrán a déclaré que, au moment de la dispersion, le groupe comptait environ 6 800 personnes, bien que le jeudi précédent, le président Andrés Manuel López Obrador ait déclaré qu'il y avait seulement 1 500 membres.
L'Institut National de Migration (INM) a déclaré que les migrants devront se rendre à la Commission Nationale d'Aide aux Réfugiés pour entamer les démarches correspondantes.
Attention aux mineurs et aux adolescents
Les mineurs seront pris en charge par le Système National pour le Développement Intégral de la Famille (DIF) et par le Bureau du Procureur pour la Protection des Filles, Garçons et Adolescents, qui indiqueront aux autorités migratoires les démarches à suivre dans ces cas.
La caravane a coïncidé la semaine passée avec la visite du Secrétaire d'État des États-Unis, Antony Blinken, et d'autres hauts fonctionnaires de ce pays, à un moment où l'on observe une augmentation sans précédent du nombre de migrants cherchant à atteindre la frontière entre le Mexique et les États-Unis.
La caravane de milliers de migrants, la plus nombreuse de 2023, s'est déplacée à travers une partie de l'État de Chiapas, où des chiffres historiques de personnes cherchant à entrer aux États-Unis à la frontière mexicaine ont été enregistrés.
Le Bureau des Douanes et de Protection des Frontières des États-Unis (CBP, en anglais) a confirmé la semaine dernière l'arrivée de plus de 2,2 millions de migrants de janvier à novembre de l'année précédente."
Source: https://lapagina.com.sv/internacionales/se-desintegra-caravana-de-millas-de-migrantes-en-mexico/