Par Frantz Duval
04 janv. 2024
3.8 milliards de dollars ont été transférés sans contrepartie vers Haïti par des Haïtiens vivant à l’étranger. Cette somme a permis au pays de survivre en 2023 comme c’est le cas depuis des années. La part de la participation de la diaspora dans la constitution du revenu national continue d’être importante même si de nouveaux modes de calcul du PIB ont fait passer l’apport de la diaspora à 20% de l’assiette globale contre près de 30% avant.
L’argent de la diaspora finance de la carte de téléphone à la scolarité, du premier repas du jour aux frais de santé dans un grand nombre de familles. Dépenses courantes et investissements reposent sur les transferts de la diaspora.
La partie visible de l’apport est ce qui peut être comptabilisé à travers les institutions financières, banques ou maisons de transfert. Les flux qui irriguent les achats directs effectués à l’étranger, ceux des nouveaux modes de virements électroniques et les sommes apportées de la main à la main ne sont pas totalement intégrés dans les calculs.
Il y a plus de 3.8 milliards de dollars de la diaspora dans l’économie haïtienne. Les 3.8 financent les dépenses d’obligations. La vraie manne est ailleurs et paie le reste: l’acquisition d’un terrain, la construction ou l’achat d’une maison, tout ce qui coûte cher. Et c’est cette partie de la manne qui est en danger ainsi que l’apport des touristes de la diaspora et de leurs dépenses de plaisir. La région métropolitaine comme la province souffre avec la frilosité et la prudence obligée de nos compatriotes.
L’insécurité est le principal ennemi de la manne qu’apportait la diaspora à Haïti.
Il n’y a pas de décompte, mais le secteur foncier et celui de la construction doivent payer un prix très lourd depuis trois ans que le pays est sous la coupe des bandits et que voyager à travers le territoire est devenu un exploit dangereux.
Les compatriotes de la diaspora ont perdu des biens immobiliers de toute nature ces dernières années et ont cessé d’investir. Ils viennent de moins en moins en touriste passer des séjours de loisir en Haïti. Il y a des centaines de millions de dollars qui n’arrivent plus au pays.
La manne de la diaspora, grande rivière souterraine, voit son débit décroître, risque de disparaître si la sécurité et la libre circulation des biens et des personnes ne sont pas rétablies.
Il y a ce qui ralentit ou qu’on perd qu’on identifie rapidement et ce qui s’efface sans bruit mais pas sans conséquences. La manne de la diaspora appartient à la deuxième catégorie et les transferts répertoriés dans la première.
Il y a de vrais drames humains et financiers qui se déroulent au quotidien avec le naufrage national. Cela se passe dans l’indifférence des autorités qui ne se sont jamais vraiment souciées de la diaspora. Et sans aucune réaction des secteurs bancaires et financiers qui prennent les Haïtiens de la diaspora pour des pigeons comme les autres.
sources: https://lenouvelliste.com/article/246196/la-manne-de-la-diaspora-en-danger
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
vendredi 5 janvier 2024
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