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jeudi 1 novembre 2007

Haïti/Propagation du Sida : Les erreurs du professeur Michael Worobey

Mercredi 31 octobre 2007

Soumis à AlterPresse le 31 octobre 2007

Par Weibert Arthus (1)

Haïti serait-elle responsable de la propagation du Sida aux Etats-Unis et dans le monde ?

Les erreurs du professeur Worobey

Le 29 octobre 2007, dans les colonnes des prestigieuses Proceedings of the National Academy of Sciences (Annales de l’académie nationale américaine des sciences), sont publiés des résultats de recherches « scientifiques » entreprises par le professeur Michael Worobey faisant d’Haïti le tremplin de la propagation du SIDA aux au Etats-Unis et, par voie de conséquences, dans le reste du monde.

Cette étude, reprise comme parole d’évangile par les plus grands médias du monde, prétend que « le virus du Sida, originaire d’Afrique, s’est propagé aux Etats-Unis via Haïti vers 1969… » ; la faute incomberait à un « immigré haïtien célibataire ».

Le professeur, et c’est rare chez un scientifique, avance que ses résultats se confirment avec une probabilité de plus de 99%. En clair, aucune possibilité d’erreur en dépit de l’utilisation du conditionnel dans ses conclusions.

Pourtant, Worobey avait, comme professeur de biologie, la possibilité de faire un sans-faute s’il avait pu, par des résultats de laboratoire, prouver ses conclusions. Mais, son incapacité à ne considérer que les analyses génétiques pour corroborer ses thèses le porte à s’aventurer dans le champ historico-sociologique de la migration haïtiano-américaine dans les années 1960. C’est de-là que viennent ses principales erreurs et c’est ce qui décrédibilise l’ensemble de ses conclusions.

Haïti, le « chaînon manquant » ?

Ce titre du quotidien français Le Monde, en date du 30 octobre 2007, sonne comme une découverte de la responsabilité d’Haïti dans la propagation du Sida.

Or, il n’y a, sur ce point, rien de nouveau quant à la responsabilité que les scientifiques américains ont toujours voulu imputer à Haïti dans la propagation de l’épidémie. Dès la découverte du virus, au début des années 1980, avant même qu’on eût saisi l’ampleur de la maladie, le coupable idéal était désigné : « Haïti ». Des revues et journaux de réputations mondiales n’avaient-ils pas relayé des résultats « scientifiques », selon lesquels la propagation du Sida serait due à un homosexuel québécois, Gaétan Dugas, le « patient zéro », « un adepte du tourisme sexuel rentrant d’Haïti » ? Haïti est donc toujours présente.

Seulement, la nouveauté avec Worobey, c’est que ce n’est plus un canadien qui aurait été contaminé lors d’un voyage en Haïti, mais de préférence un Haïtien qui aurait mis le virus dans son sac, disons qui l’aurait dans son sang, et transporté personnellement aux Etats-Unis.

En fait, les prétendus chaînons ne manquaient pas aux scientifiques américains. Seulement, personne, avant Worobey, n’était assez négationniste pour oser aller si loin, sous couvert de résultats scientifiques, dans de si graves accusations.

De l’Afrique aux Etats-Unis

En recoupant les différentes études, réputées scientifiques, portant sur la maladie, le virus aurait l’Afrique centrale pour origine et les Etats-Unis comme terrain de propagation.

Nous insistons sur ces deux espaces géographiques pour garder la ligne de l’opinion majoritaire qui, s’appuyant sur les recherches de Mme la professeure Bette Korber du Laboratoire national de Los Albamos (Etats-Unis), affirme que le virus serait « apparu parmi les humains en 1930 après avoir été transmis par des chimpanzés », en Afrique Centrale, avant d’arriver 40 ans plus tard aux Etats-Unis.

Cependant, il ne pourrait transiter ni par les Afro-Américains – on imagine le scandale aux Etats-Unis, ni par les Européens qui étaient en contact direct avec les Africains – ce qui serait une remise en question directe de la pureté de la race blanche [La Tentation de la race, Le Monde, Paris, 31 octobre 2007], ni par des militaires ou des migrants civils non-haïtiens au fait de leur contact, au cours de la deuxième guerre mondiale et la guerre froide, avec des troupes européennes ayant séjourné en Afrique pendant la colonisation.

Non. Aucun de ces cas n’est possible ni même envisageable. Au contraire. Le coupable est là, pourquoi chercher ailleurs ?

Haïti, le tremplin

Pour couronner le tout, Michael Worobey rappelle sans ambages que de « nombreux Haïtiens ont travaillé en République Démocratique du Congo après son indépendance en 1960 ».

C’est bien dit. Mais ce n’est pas tout dire.

Car, si le professeur Worobey avait une notion primaire de l’histoire contemporaine d’Haïti et de l’histoire des relations haïtiano-américaines, particulièrement de la dyade politique et migration dans le cadre de ces relations bilatérales, il saurait que :

De 1960 à 1969 (question de ne pas déborder le cadre chronologique 1960-1969), les Haïtiens, qui partaient travailler au Congo, ne revenaient pas dans leur pays. Les entrées et sorties des citoyens haïtiens étaient strictement surveillées. Il fallait obtenir un visa de sortie du palais national et un visa du consulat pour revenir au pays [Bernard Diederich, Le Prix du sang, tome 1 : François Duvalier (1957-1971), Port-au-Prince, Henri Deschamps, 2005, p. 136]. Les consulats ne donnaient des visas de retour que pour les officiels ou les partisans du régime. Et ceux-ci n’ont pas forcément travaillé en Afrique.

De 1960 jusqu’à la mort de François Duvalier, les jeunes Haïtiens, qui venaient de l’étranger, sont « arrêtés sans discrimination à leur arrivée à l’aéroport de Port-au-Prince » (Catherine Eve di Chiara, Le Dossier Haïti. Un pays en péril, Paris, Ed. Tallandier, 1988, p. 344).

En clair, partir en Afrique (Congo, Sénégal, Côte-D’Ivoire, Togo, Bénin, Cameroun), c’était un exil doré pour les intellectuels haïtiens. Ceux qui prenaient le risque de revenir au pays, s’ils n’étaient pas arrêtés, vivaient dans le maquis ou sous stricte surveillance de la police secrète de Duvalier et de la CIA, donc sans une réelle liberté pour s’adonner à des activités hétéro ou homosexuelles, avec l’ampleur requise, pour propager le Sida, comme en a conclu Michael Worobey.

Pourquoi ne pas, s’il faut s’en tenir à la piste haïtienne, comme le veulent les scientifiques américains, considérer la possibilité qu’un citoyen américain attrape le virus en Haïti et le propage aux Etats-Unis ? Pas à travers le tourisme. Car, Worobey a raison de noter que Haïti n’est devenue une destination prisée pour le tourisme sexuel qu’à partir de 1970, juste un an après la fameuse 1969.

Cependant, il est important de souligner la présence massive des citoyens américains en Haïti dès la fin des années 1950. C’est à eux que sont confiés les grand travaux comme la construction de l’aéroport international de Port-au-Prince, l’agrandissement du wharf de Port-au-Prince, la prospection et l’exploitation du pétrole et des hydrocarbures liquides ou gazeux – dans le cadre de contrats leur permettant d’utiliser exclusivement des matériels et techniciens venant directement des Etats-Unis ; certains ont des postes permanents à l’université d’Haïti et à l’académie militaire ; d’autres ont résidé plusieurs années en Haïti dans le cadre de la mission militaire américaine qui, sous demande de Duvalier, assistait les militaires haïtiens.

Nous enlevons de cette liste les diplomates et les missionnaires des grandes organisations protestantes.

Tout ceci pour dire que la migration entre Haïti et les Etats-Unis est certainement plus intense et plus durable dans un sens que dans l’autre, mais elle ne s’est pas faite à sens unique. La possibilité pour les Haïtiens d’être récepteurs du virus n’est donc pas à une probabilité de moins O%.

La pièce qui manque au puzzle de Worobey

Pour des résultats probables à plus de 99%, le nom de l’immigré qui aurait propagé le Sida aux Etats-Unis ne devrait être qu’un détail.

Puisque le professeur Worobey le sait Haïtien et célibataire, il devrait aussi indiquer, et c’est la moindre des informations, sa date et sa condition d’entrée aux Etats-Unis, son âge, le centre dans lequel il a été soigné aux Etats-Unis, sa date de décès et même ses différentes aventures.

Dans cette période considérée par Michael Worobey comme point de départ, les pauvres boat-people haïtiens n’affluaient pas encore sur les côtes américaines.

« Tout au long des années 1960, l’exode haïtien reste assez modeste, au point de presque passer inaperçu…En septembre 1963, le premier groupe de boat-people arrive sur les côtes de la Floride. Appréhendés par les agents de l’INS, les demandeurs d’asile politique sont refoulés rapidement vers Haïti. Entre 1963 et 1972, aucun autre groupe de boat-people en provenance d’Haïti n’est recensé par l’INS…La loi [américaine] de 1965 devait permettre une augmentation de l’immigration haïtienne. Pourtant, celle-ci se fait très lentement. L’entrée aux Etats-Unis est rendue de plus en plus difficile et l’obtention d’un visa auprès des autorités américaines devient presque impossible » [Mario Menendez, Cuba, Haïti et l’interventionnisme américain. Un poids, deux mesures, Paris, CNRS, 2005, pp 109-111 ; Alex Stepick III, The refugees Nobody Wants : Haitians in Miami, dans Guillermo J. Grenier et Alex Stepick III, Miami Now ! Immigration, Ethnicity, and Social Change, Gainesville, University Press of Florida, 1992, p. 58].

Ainsi, celui par qui le scandale est arrivé devrait-il être connu nommément, puisqu’il serait arrivé aux Etats-Unis avec un visa en bonne et due forme, et traité dans les centres spécialisés dans lesquels le professeur Worobey tire ses informations.

Tout sonne faux dans cette étude de Michael Worobey. Le professeur ne fait qu’appliquer à l’espèce humaine et à sa manière la fable de la Fontaine : « Les animaux malades de la peste ».

Concrètement, au lieu de continuer à dépenser des fortunes pour tenter de prouver qu’ils ne sont pas à l’origine de l’expansion de la maladie, les Etats-Unis auraient mieux fait d’investir dans de sérieuses recherches qui permettraient de trouver une solution à ce mal incurable et, en attendant, faciliter l’accès des plus démunis aux médicaments qui pourraient prolonger leur jour et alléger leur souffrance.

La logique du bouc émissaire n’apportera pas moins de souffrances aux malades, ni moins de peines aux familles endeuillées.

De plus, loin de servir les intérêts de la science, des conclusions telles présentées par Michael Worobey, comme celles avancées par les scientifiques d’Adolf Hitler dans les années 1920-1940 pour montrer l’infériorité des Juifs et leur responsabilité dans les malheurs du monde, ne font que jeter des discrédits sur les recherches scientifiques, particulièrement celles qui portent sur la génétique.

Weibert Arthus

(1) journaliste, doctorant en Histoire contemporaine des relations internationales (Université Paris 1 – Panthéon – Sorbonne)

http://www.alterpresse.org/spip.php?article6579

Village de Dieu vit l'enfer après Noël

Le spectacle désolant qu'offre la rivière Bois-de-chêne en menaçant presque toutes les maisonnettes de village de Dieu (Photo: François Louis)

A Village de Dieu, les habitants vivent un enfer en cette saison pluvieuse. Beaucoup de résidents de ce bidonville sis entre le Bicentenaire et la mer n'ont pas fermé l'oeil depuis le début des intempéries. Il leur faut surveiller constamment la rivière Bois-de-chêne, qui risque à tout moment de les submerger.

Le visage abattu, Paul Gary, comme la majorité des résidents de Village de Dieu, reste planté devant sa masure, regardant avec inquiétude la rivière Bois-de-chêne qui charrie des monceaux d'ordures. Mais le danger imminent semble l'inquiéter encore moins que la vie de ses cinq enfants, qui meurent littéralement de faim depuis samedi.

Etienne Saintval, le géniteur de 38 enfants: « ...Après la pluie, le soleil revient pour les autres mais il fait toujours mauvais temps pour nous. » (Photo: François Louis)3

D'habitude, Gary surveille les chantiers et les petites constructions qui se multiplient à Village de Dieu ou dans d'autres coins de la capitale. Mais depuis jeudi dernier, les pluies diluviennes qui s'abattent sur le pays ont pratiquement paralysé ses activités. « Je travaillais depuis le 15 octobre sur un chantier, raconte-t-il l'air découragé. Moins d'une semaine après, le propriétaire a décidé de stopper les travaux en raison des intempéries.»

En fait, il a beaucoup de raison de se montrer déçu : le maigre revenu que lui ont rapporté ses trois jours de travail a été épuisé. Il a peur d'accumuler des dettes dans les boutiques de la zone en vue de nourrir sa nombreuse famille. Heureusement, il vit dans une communauté où les voisins ont bon coeur. « Nous n'avons plus rien à la maison depuis samedi, dit-il. N'était la solidarité de nos voisins qui partagent avec nous leur maigre nourriture, la situation serait bien pire encore.»

Il n'est pas le seul à maudire le ciel qui, depuis quelques jours, déverse des torrents d'eau sur les vieilles tôles qui recouvrent son humble demeure. Les habitants des centaines de maisonnettes, vétustes et délabrées, qui longent la rivière Bois-de-chêne se plaignent eux aussi. Ils maudissent surtout le gouvernement qui, selon eux, ne fait rien pour les aider. Bon nombre d'entre eux n'ont pas fermé l'oeil depuis le début des intempéries de peur que les eaux ne les surprennent en plein milieu de la nuit. Les riverains pestent aussi contre certai
ns habitants qui, voulant récupérer pierres et alluvions charriés par la rivière en crue, grugent littéralement

Vue partielle des masures qui sont légion dans la zone (Photo: François Louis)2

les berges au risque de les inonder tous. Depuis des dizaines d'années, Etienne Saintval, un octogénaire bien en chair, habite également une maisonnette située à quelques mètres du canal de Bois-de-chêne. Après les dernières pluies, il vit, comme tant d'autres, la peur constante d'être frappé par les eaux en furie. Il n'y va pas par quatre chemins pour raconter sa misère. « Nous ne vivons pas ici, soupire M. Saintval, géniteur de 38 enfants - dont 6 sont déjà passés de vie à trépas - de 10 femmes différentes. Après la pluie, le soleil revient pour les autres, mais il fait toujours mauvais temps pour nous. »

« Nous n'avons rien en termes d'infrastructures. D'ailleurs, nous ne pouvons même pas bien respirer à cause de l'odeur pestilentielle dégagée par les fosses septiques ainsi que tous ces déchets qui nous entourent. On nous oublie ici », déplore M. Saintval, évoluant dans un environnement tellement dégradé au point de devenir pratiquement invivable.


La situation n'est pas différente à Cité de Dieu (Photo: François Louis)4

Sans emploi depuis quarante ans, M. Saintval tente aujourd'hui de gagner sa vie - mais quelle vie - comme accoucheur. « J'ai suivi des séances d'entraînement comme matrone à Jacmel et j'ai obtenu mon diplôme en décembre 2003 », explique-t-il avant d'entrer dans sa maison et d'en ressortir, une copie du précieux diplôme à la main.

Manifestement en colère, il n'est pas le seul à tirer à boulets rouges sur les autorités du pays. « Les responsables n'entendent rien faire en vue de corriger la situation qui s'aggrave de jour en jour, dit-il, debout en face du menaçant canal de Bois-de-chêne aux abords duquel les piles d'immondices s'amoncellent. Ils préfèrent que les choses restent inchangées afin qu'ils puissent continuer à faire leur beurre au détriment des sans-abri. »

Noël démasque Tabarre

La rivière Grise, en crue, a détruit une vingtaine de maisonnettes à « Dèyè mi », un bidonville de la commune de Tabarre (Photo: François Louis)

Noël, la tempête tropicale qui a frappé Haïti cette semaine, a révélé dans toute sa laideur le visage caché de Tabarre, où pullulent les constructions anarchiques. C'est le cas du bidonville « Dèyè mi » dont une

bonne partie vient d'être détruite par la rivière Grise en crue. Les avalanches d'eau et de boue qui ont dévalé soudainement des montagnes en début de semaine ont frappé sévèrement « Dèyè mi » - de l'autre côté du mur -, un bidonville de Tabarre récemment construit en partie sur le lit de la rivière Grise. En crue, celle-ci a emporté pas moins d'une vingtaine de masures dans le seul bidonville érigé à Tabarre 27.

"Dèyè mi" le bidonville récemment construit à Tabarre 27 reste sous la menace de la rivière Grise, en crue lors du passage Noël, la tempête tropicale meurtrière (Photo: François Louis)2

Beauvoir Laguerre, l'une des victimes, s'attend au pire. Même si la rivière Grise n'est même pas sortie de son lit, sa maisonnette a néanmoins été détruite par les eaux en furie. « Heureusement que personne n'a perdu la vie dans la catastrophe », soupire l'homme de 45 ans, qui regrette sa maison de trois pièces et ses animaux emportés sous ses yeux. Il ne lui reste que son courage après le passage de Noël, ce cadeau empoisonné du temps, pour assurer la survie des onze enfants vivant avec lui.

Désolant spectacle à « Dèyè mi », un bidonville de Tabarre, touché par la rivière Grise (Photo: François Louis)

« La catastrophe était prévisible pour les habitants de ce bidonville, juge un passant du haut de sa luxueuse Jeep 4X4. Je ne comprends pas l'insouciance de l'Etat qui laisse construire des maisons dans le lit des rivières. » L'homme s'attaque aux journalistes qui crient au scandale lorsque l'Etat ou les autorités municipales mettent à exécution leurs mesures de déguerpissement. Son intervention jette la brouille parmi les victimes et les quelques spectateurs venus de Croix-des-Bouquets, la commune voisine, pour assister à leur malheur.

Un porc dans le lit de la rivière Grise (Photo: François Louis)


« Nos maisonnettes n'étaient pas du tout construites dans le lit de la rivière, répliquent des habitants de Dèyè mi, qui ont tout perdu. Il y avait un monticule de terre qui nous séparait de la rivière », se défendent-ils à l'unisson, tout en désignant plus bas d'autres maisons menacées par les eaux. « Pensez-vous qu'il y avait des maisons plus sécurisées que celles-ci ? », sínterrogent les riverains.

« Dèyè mi » est emblématique de ces dizaines de quartiers construits dans l'anarchie à Tabarre. Là-bas, de luxueuses maisons sont construites, en dehors des normes primaires d'urbanisme. A la moindre averse, des tonnes d'alluvions s'étalent sur la chaussée, ce qui ralentit ou bloque la circulation à certains endroits.

Des Casques bleus de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti constatent de loin les dégâts causés par la rivière Grise à Tabarre (Photo: François Louis)

Même si Noël a laissé sur son passage de nombreuses victimes, on ne déplore heureusement aucun mort à « Dèyè mi ». Mais la force délétère de la rivière Grise continue d'effrayer les nombreux habitants qui ont construit leurs maisons dans son voisinage. Chaque fois que tombe une goutte de pluie, ils fuient leur demeure. « On a peur de la force menaçante des eaux », disent des femmes fuyant avec des enfants dans leurs bras.

Claude Gilles
gonaibo73@yahoo.fr

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=50370&PubDate=2007-11-01

LÉOGÂNE/ INONDATIONS / Se sortir les pieds de l’eau

Par Natacha Clergé
clernatacha@yahoo.fr
La tempête tropicale Noël, formée depuis le dimanche 28 octobre dans les Caraïbes, a frappé, lundi Haïti. Cabaret, Cayes, Cayes-Jacmel, Croix des Missions, Ganthier, Cité Soleil, Léogâne sont quelqueunes des zones touchées. À Léogâne, les deux rivières, Monance et Rouyonne, sont entrées en crue et ont envahi une bonne partie de la commune. Aux abois, la population essayait, mardi, tant bien que mal de sortir la tête et les pieds de l’eau.
La Rivière Monance, comme une bête en furie, a cassé le barrage construit en 1959 afin de contenir sa puissance et a envahi la route. Les eaux déchaînées ont charrié tout ce qui était à la traîne, en l’occurrence des bouteilles en plastique, des ustensiles, des vêtements, des pelures de mangues, d’avocats et autres détritus. Et dissimulé à la vigilance des chauffeurs, des égouts dont les couvercles ont été emportés et même le trottoir contre lequel les véhicules butaient.
Aux environs de la Place Anacaona, les eaux se sont aussi introduites dans les maisons et tout mis sens dessus dessous. Elles ont condamné des familles à veiller toute la nuit de lundi à mardi. « La pluie a commencé à tomber avec force aux environs de minuit. Peu à peu, l’eau a gagné la maison, le lit, les draps. Alors, avec mes enfants, je suis montée sur une chaise et j’y ai passé la nuit, debout sans fermer l’œil. Ce matin, j’ai empilé des objets et conduit les enfants chez ma sœur où ils sont plus en sécurité. Moi, je suis revenue, car j’ai pas mal de choses à faire », a témoigné Venette, 42 ans, la robe mouillée jusqu’à la ceinture et les mains occupées à introduire dans un sac quelques vêtements tirés du désordre de la maison.
La rivière Rouyonne a elle aussi joué sa partition et envahi différentes localités de Léogâne dont Binau Lestère, Cassagne, Nan Bassin, Lonpré, Mathieu.« Quand la Rouyonne passe, elle envahit le cimetière, elle charrie donc avec elle des microbes qui causent des tas maladies comme la filariose ou d’autres affections aux pieds. D’autres fois, ce sont des épidémies comme la tipho–malaria qui font rage », souligne un habitant de Cassagne, les pieds enfouis dans l’eau à l’instar de beaucoup d’autres habitants de cette localité.Surpris par les inondations, certains habitants de Binau Lestère n’ont pas eu le temps de vider les lieux et ont passé la nuit sur les toitures des maisons. Ce mardi matin encore, coincés au même endroit, ils suivaient docilement les instructions d’autres habitants de la localité mobilisés pour les tirer de l’impasse. Une dizaine de cordes et des mégaphones pour dicter les instructions constituaient le matériel de sauvetage. Opération menée en majorité par des jeunes hommes des communautés et quelques policiers.
« Je n’ai que deux hommes avec moi, ils n’ont pas le savoir-faire nécessaire dans ce domaine. Donc, la population m’est d’un support impayable. Depuis minuit, nous sommes au travail. C’est à ce moment que nous avons commencé à recevoir des appels à l’aide », a souligné le commissaire de police Athanase Blanchard qui fouillait, des yeux, les eaux, en quête d’une issue pour sortir une famille, dont un vieillard hypertendu, d’une maison envahie par les eaux à hauteur d’un mètre. À Cassagne, les eaux n’ont pas frappé avec la même intensité qu’à Binau Lestère. Des femmes s’attelaient à dégager des sols inondés à quelque trente centimètres de hauteur alors que sur des matelas trempés étaient jetés pêle-mêle ustensiles, vêtements sales et propres. S’alignaient dans un coin des barils de clairin, principales sources de revenus de maintes familles léogânaises. A l’annonce de la tempête, cinq abris ont été mis à la disposition de la population des zones à risques. La marie, le lycée Anacaona sont quelques-uns de ces établissements transformés en centre d’hébergement. « Personne ne s’est présenté à ces centres jusque-là », nous a informé Alix Santos, maire de la commune de Léogane. En effet, des habitants et habitantes interrogés ne prévoient pas d’habiter ces abris même si la situation devait empirer. « Le cas échéant, je compte emmener ma femme et mes enfants chez un collègue dont la maison a deux étages. Ainsi nous serons protégés au cas où les eaux montent. Je n’irais pas dans un abri de la commune. Je serais mieux traité et plus en sécurité chez mon ami. D’ailleurs ma femme est enceinte de quatre mois et nécessite un certain confort », a souligné un habitant de Cassagne.
Un mouvement de protestationSous la pluie comme pour sortir du bourbier, une centaine d’habitants de la commune de Léogâne, vacinnes, tambours, graj et pancartes en main, a marché, mardi, pour exprimer leur désespoir après le constat des dégâts causés par les inondations, mais aussi pour dénoncer la situation de la commune en général où manquent des infrastructures de base. Aujourd’hui nous marchons pour protester contre la saleté ambiante. Nous avons besoin de routes et de places publiques. On a entamé certaines places qui n’ont jamais été achevées. Il faut des hôpitaux et des écoles. Depuis tantôt un an, nous vivons pratiquement sans courant dans la ville. Il manque de marchés publics. La rue Lacroix, au cœur de la ville, est impraticable et couverte d’eaux et de détritus. Il faut que la situation s’améliore. Nous avons écrit au maire et au député de la commune et, depuis une semaine, nous attendons leur réponse. Si, dans les mois à venir, il n’y a pas de retombées positives, nous allons entamer une autre phase de la mobilisation : grenadiers à l’assaut » a averti Belony Michel Arison, membre d l’organisation Léogâne en action. Des habitants, occupés à réparer les dégâts causés par les inondations, au passage des la manifestation, se sont un court instant détournés de leurs tâches, pour danser ou entonner les slogans des manifestants.

mercredi 31 octobre 2007
http://www.lematinhaiti.com/PageArticle.asp?ArticleID=9405

Libération de la responsable Lavalas, Maryse Narcisse et de son chauffeur

Le versement d’une rançon aurait mis fin à la double séquestration
mercredi 31 octobre 2007,
Radio Kiskeya

La dirigeante de Fanmi Lavalas, Maryse Narcisse et son chauffeur, Delano Morel ont été libérés contre rançon mercredi matin aux premières heures, quatre jours après leur enlèvement samedi dernier à Port-au-Prince, a appris Radio Kiskeya de sources proches du parti.
Aucune information n’était disponible dans l’immédiat sur les circonstances exactes de leur libération. Une rançon de 300.000 dollars avait été réclamée par les ravisseurs au lendemain du rapt.
Les deux ex-otages seraient en bonne condition physique, mais psychologiquement éprouvés. Ils avaient été interceptés samedi soir à Delmas 83 (banlieue est) devant la résidence du Dr Maryse Narcisse par des inconnus armés qui étaient en embuscade. La responsable Lavalas, porte-parole officielle de Jean-Bertrand Aristide en Haïti, revenait d’une réunion politique.
Plusieurs parlementaires, dont ceux de son parti, avaient dénoncé le double rapt qui, selon eux, était "politiquement motivé". Début août, un autre dirigeant Lavalas, Lovinsky Pierre-Antoine, également coordonnateur de la Fondation 30 septembre, avait disparu et depuis c’est le black-out total sur son sort.
Les cas de kidnapping à caractère crapuleux ou politique sont en hausse constante depuis quelques semaines dans la région métropolitaine de Port-au-Prince malgré les démentis répétés et agacés de la Mission de stabilisation de l’ONU (MINUSTAH). Certains enlèvements font l’objet de discrètes négociations financières entre les ravisseurs et les familles des victimes, sans la moindre implication des autorités constituées. spp/Radio Kiskeya
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article4349

Tempête : Désormais 34 morts, 14 disparus et plus d’une centaine de blessés

Inondations sectorielles aux Cayes et inquiétude chez les habitants de la ville où deux premiers morts sont recensés
mercredi 31 octobre 2007,
Radio Kiskeya

Au moins 34 personnes ont été tuées et 14 autres sont portées disparues suite aux inondations et glissements de terrain causés par le passage de la tempête tropicale Noël sur Haïti, selon un nouveau bilan provisoire présenté mercredi soir par la directrice de la protection civile (DPC), Alta Jean-Baptiste.
Plus d’une centaine de blessés ont été également enregistrés.
Un précédent bilan communiqué dans l’après-midi faisait état de 24 morts, 5 disparus et 15 blessés.
9.914 personnes ont été évacuées et des centaines de familles sont sinistrées dans différents départements.
Les dégâts matériels deviennent de plus en plus lourds. 747 maisons ont été détruites et des centaines d’autres endommagées, a indiqué la responsable de la DPC qui continuait de recueillir des données sur les conséquences des désastres ayant touché de nombreuses régions.
Parallèlement, la situation était extrêmement inquiétante aux Cayes (196 km au sud de Port-au-Prince) dont certains secteurs étaient inondés par la Ravine du Sud, arrivée au-dessus de la normale pour la première fois depuis longtemps. Une certaine panique commençait à gagner des habitants de la troisième ville du pays où une forte pluviométrie a été enregistrée pendant toute la journée.
Selon le responsable régional de la protection civile, Renan Vallière, au moins deux morts et un disparu ont été confirmés. 1.400 personnes ont dû être déplacées et installées dans des abris provisoires.
Le bilan du passage de Noël à l’échelle nationale devrait s’alourdir davantage au cours des prochaines évaluations. spp/Radio Kiskeya
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article4355

Le Bois-de-chêne en feu

Bois-de-chêne, le cours d'eau qui traverse Port-au-Prince, est en feu depuis une semaine et même les fortes pluies des derniers jours ne parviennent pas à venir à bout des flammes. Des tas de fatras constitués principalement de plastiques brûlent à la surface de l'eau et dégagent une épaisse fumée qui empoisonne les milliers de résidents de Village de Dieu.
Situé entre le Théâtre national et le Centre GESKIOH, à la hauteur du Bicentenaire, le Bois de chêne est alimenté en eau polluée et en détritus venus des hauteurs de la capitale.

Bouteilles en plastique et en verre, assiettes en carton et en styromousse, toiles, marmites, ordures ménagères ou d'hôpitaux, déchets agricoles, batteries usées etc. brûlent de concert au détriment de l'environnement.« La fumée est tellement épaisse que des fois ça m'empêche de respirer » déclare une petite détaillante. « Les gens de la zone n'ont rien à voir avec ces tonnes de détritus, dit-elle.

Ils nous viennent d'autres zones. » Les gens qui fréquentent la zone le font en courant pour éviter la fumée qui, disent-ils, laisse sur leurs vêtements une odeur désagréable. « Nous sommes bien obligés de les brûler pour éviter d'être envahis lorsqu'il pleut », objectent des riverains, qui avouent avoir mis le feu aux piles de fatras descendus des mornes, ignorant manifestement les conséquences de leur geste sur la santé des populations avoisinantes.

Robenson Geffrard