Par Natacha Clergé
clernatacha@yahoo.fr
La tempête tropicale Noël, formée depuis le dimanche 28 octobre dans les Caraïbes, a frappé, lundi Haïti. Cabaret, Cayes, Cayes-Jacmel, Croix des Missions, Ganthier, Cité Soleil, Léogâne sont quelqueunes des zones touchées. À Léogâne, les deux rivières, Monance et Rouyonne, sont entrées en crue et ont envahi une bonne partie de la commune. Aux abois, la population essayait, mardi, tant bien que mal de sortir la tête et les pieds de l’eau.
La Rivière Monance, comme une bête en furie, a cassé le barrage construit en 1959 afin de contenir sa puissance et a envahi la route. Les eaux déchaînées ont charrié tout ce qui était à la traîne, en l’occurrence des bouteilles en plastique, des ustensiles, des vêtements, des pelures de mangues, d’avocats et autres détritus. Et dissimulé à la vigilance des chauffeurs, des égouts dont les couvercles ont été emportés et même le trottoir contre lequel les véhicules butaient.
Aux environs de la Place Anacaona, les eaux se sont aussi introduites dans les maisons et tout mis sens dessus dessous. Elles ont condamné des familles à veiller toute la nuit de lundi à mardi. « La pluie a commencé à tomber avec force aux environs de minuit. Peu à peu, l’eau a gagné la maison, le lit, les draps. Alors, avec mes enfants, je suis montée sur une chaise et j’y ai passé la nuit, debout sans fermer l’œil. Ce matin, j’ai empilé des objets et conduit les enfants chez ma sœur où ils sont plus en sécurité. Moi, je suis revenue, car j’ai pas mal de choses à faire », a témoigné Venette, 42 ans, la robe mouillée jusqu’à la ceinture et les mains occupées à introduire dans un sac quelques vêtements tirés du désordre de la maison.
La rivière Rouyonne a elle aussi joué sa partition et envahi différentes localités de Léogâne dont Binau Lestère, Cassagne, Nan Bassin, Lonpré, Mathieu.« Quand la Rouyonne passe, elle envahit le cimetière, elle charrie donc avec elle des microbes qui causent des tas maladies comme la filariose ou d’autres affections aux pieds. D’autres fois, ce sont des épidémies comme la tipho–malaria qui font rage », souligne un habitant de Cassagne, les pieds enfouis dans l’eau à l’instar de beaucoup d’autres habitants de cette localité.Surpris par les inondations, certains habitants de Binau Lestère n’ont pas eu le temps de vider les lieux et ont passé la nuit sur les toitures des maisons. Ce mardi matin encore, coincés au même endroit, ils suivaient docilement les instructions d’autres habitants de la localité mobilisés pour les tirer de l’impasse. Une dizaine de cordes et des mégaphones pour dicter les instructions constituaient le matériel de sauvetage. Opération menée en majorité par des jeunes hommes des communautés et quelques policiers.
« Je n’ai que deux hommes avec moi, ils n’ont pas le savoir-faire nécessaire dans ce domaine. Donc, la population m’est d’un support impayable. Depuis minuit, nous sommes au travail. C’est à ce moment que nous avons commencé à recevoir des appels à l’aide », a souligné le commissaire de police Athanase Blanchard qui fouillait, des yeux, les eaux, en quête d’une issue pour sortir une famille, dont un vieillard hypertendu, d’une maison envahie par les eaux à hauteur d’un mètre. À Cassagne, les eaux n’ont pas frappé avec la même intensité qu’à Binau Lestère. Des femmes s’attelaient à dégager des sols inondés à quelque trente centimètres de hauteur alors que sur des matelas trempés étaient jetés pêle-mêle ustensiles, vêtements sales et propres. S’alignaient dans un coin des barils de clairin, principales sources de revenus de maintes familles léogânaises. A l’annonce de la tempête, cinq abris ont été mis à la disposition de la population des zones à risques. La marie, le lycée Anacaona sont quelques-uns de ces établissements transformés en centre d’hébergement. « Personne ne s’est présenté à ces centres jusque-là », nous a informé Alix Santos, maire de la commune de Léogane. En effet, des habitants et habitantes interrogés ne prévoient pas d’habiter ces abris même si la situation devait empirer. « Le cas échéant, je compte emmener ma femme et mes enfants chez un collègue dont la maison a deux étages. Ainsi nous serons protégés au cas où les eaux montent. Je n’irais pas dans un abri de la commune. Je serais mieux traité et plus en sécurité chez mon ami. D’ailleurs ma femme est enceinte de quatre mois et nécessite un certain confort », a souligné un habitant de Cassagne.
Un mouvement de protestationSous la pluie comme pour sortir du bourbier, une centaine d’habitants de la commune de Léogâne, vacinnes, tambours, graj et pancartes en main, a marché, mardi, pour exprimer leur désespoir après le constat des dégâts causés par les inondations, mais aussi pour dénoncer la situation de la commune en général où manquent des infrastructures de base. Aujourd’hui nous marchons pour protester contre la saleté ambiante. Nous avons besoin de routes et de places publiques. On a entamé certaines places qui n’ont jamais été achevées. Il faut des hôpitaux et des écoles. Depuis tantôt un an, nous vivons pratiquement sans courant dans la ville. Il manque de marchés publics. La rue Lacroix, au cœur de la ville, est impraticable et couverte d’eaux et de détritus. Il faut que la situation s’améliore. Nous avons écrit au maire et au député de la commune et, depuis une semaine, nous attendons leur réponse. Si, dans les mois à venir, il n’y a pas de retombées positives, nous allons entamer une autre phase de la mobilisation : grenadiers à l’assaut » a averti Belony Michel Arison, membre d l’organisation Léogâne en action. Des habitants, occupés à réparer les dégâts causés par les inondations, au passage des la manifestation, se sont un court instant détournés de leurs tâches, pour danser ou entonner les slogans des manifestants.
mercredi 31 octobre 2007
http://www.lematinhaiti.com/PageArticle.asp?ArticleID=9405
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
jeudi 1 novembre 2007
LÉOGÂNE/ INONDATIONS / Se sortir les pieds de l’eau
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