MINUSTAH - Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti - 26/01/2011 16:30:00 La paix, pour Haïti, un pays naguère en proie à de la violence armée, est une donnée incontournable. Pour y parvenir, de nombreux acteurs s'investissent dans des domaines divers, dont la réduction de la violence au sein des communautés haïtiennes vulnérables. Parmi eux, l'ONG brésilienne Viva Rio qui, avec le soutien de la MINUSTAH, entreprend non seulement des projets socioéconomiques mais aussi des activités sportives et de sensibilisation destinées à développer une culture de la paix. Et sa dernière initiative en date est l'organisation de la «Journée haïtienne du sport pour la paix ».
C'est dans le but de faire la promotion « de la paix et du dialogue » que Viva Rio a organisé, ce dimanche 23 janvier à Port-au-Prince, « la journée haïtienne du sport pour la paix ». Une activité qui a été réalisée avec l'appui de nombreux partenaires, dont les casques bleus du contingent brésilien de la MINUSTAH, la ville de Manaus (Brésil), l'Ambassade brésilienne à Port-au-Prince et la firme d'ingénierie OAS.
Tout a commencé à la Place d'Italie, au bas de la ville, par une course à pied de 6 km devant aboutir à l'institution « KAY NOU » (Siège de l'Organisation Viva Rio), à La Saline, ancien quartier chaud de la périphérie du bidonville de Bel-air. Une course qui a rassemblé 300 Haïtiens et 250 Brésiliens, dont des membres du personnel civil, militaire et policier de le MINUSTAH, âgés de 16 à 50 ans.
L'ancien athlète professionnel haïtien, Jean Robert Baptiste, qui a remporté la course, a indiqué avoir été motivé par le seul souci d' « encourager les jeunes à pratiquer le sport en vue d'éviter les déchirures sociales ». La deuxième place revenait à FéFé Notus, lui aussi un vétéran. Quant au jeune Guerrier Jacky, alias Jacky Chen, classé troisième, il s'entraine tous les matins avant de se rendre à l'école. Il encourage ses pairs « à rechercher des opportunités d'avenir » au lieu de s'adonner à l'oisiveté.
Au menu de cette journée figuraient également des activités comme l'exécution, sous la supervision d'une monitrice brésilienne, de danses folkloriques brésiliennes par des jeunes Haïtiens et des matchs de football en salle par des plus jeunes. Des ateliers de volley ball, de saut en longueur et de judo ont aussi été conduits par des moniteurs brésiliens.
Selon l'Ambassadeur du Brésil en Haïti, Igor Kipman, qui intervenait lors du lancement de la course, la coopération haïtiano-brésilienne en matière sportive a au moins deux objectifs : faciliter l'inclusion sociale et voir Haïti participer au Mondial 2014 au Brésil. M. Kipman a par ailleurs qualifié d' « extraordinaires » les résultats jusqu'à présent obtenus dans le cadre des démarches visant à réduire la violence communautaire dans le pays, particulièrement dans la région métropolitaine de Port-au-Prince.
Encourager les jeunes à pratiquer le sport
Un des participants a la course, Sironé Kénold, qui frise la cinquantaine, estime que le « sport représente l'avenir » pour Haïti. Il estime qu'en le pratiquant de manière rationnelle, on peut en faire une profession capable de détourner les esprits de toutes formes de malversations. Pour une autre participante, la jeune Frédeline Léonard, le sport « permet à ses pratiquants de rester en bonne santé et d'éviter des pratiques nocives comme la consommation de la drogue ».
Hormis les activités sportives ponctuelles du dimanche 24, Viva Rio organise des championnats de football pour détecter de jeunes talents. A titre d'exemple, un championnat de football pour enfants regroupant 32 équipes, a été organisé en juin 2010, selon le format de la Coupe du monde de Football se déroulant en Afrique du Sud. Près de 480 enfants y avaient participé.
De même, Viva Rio va organiser un championnat interscolaire de footsal, un sport collectif dérivé du football. Il s'agit pour l'ONG de « préparer les enfants physiquement, techniquement et tactiquement », explique Jean Maxeau Greffin, qui y enseigne cette discipline. Pour lui, le football en salle, qui en est a ses débuts dans le pays, « s'il bénéficie de l'encadrement nécessaire, pourra connaitre un grand développement et servir de tremplin aux jeunes qui souhaitent poursuivre une carrière de footballeur ».
D'ailleurs, l'ONG a mis sur pied une académie de football devant permettre aux jeunes talents de parfaire leur formation. Elle travaille avec deux sélections de 22 jeunes footballeurs respectivement de moins de 13 ans (U-13) et de moins de 15 ans (U-15). D'ici au mois d'avril prochain, quelque 80 enfants intégreront l'académie. D'autres domaines de formation sportive comme le judo, la boxe et le Volley-ball verront sous peu le jour, informe pour sa part Daniel Delva, responsable des actions de sensibilisation et des relations communautaires à Viva Rio.
Des projets sociaux pour réduire la violence
Les interventions visant à « apaiser les tensions sociales » ne se limitent pas à des activités sportives. Aussi, en collaboration avec la MINUSTAH et d'autres partenaires, Viva Rio a développé des projets à caractère socio-économique devant offrir des opportunités d'emplois aux jeunes des quartiers défavorisés comme Bel-air et la Saline. Des projets qui se déclinent en campagne de nettoyage des rues, réhabilitation et curage des canaux d'évacuation, l'établissement de brigades pour la prévention des désastres, la transformation des déchets humains en biogaz, le recyclage de matières plastiques, l'assainissement et des campagnes de reboisement, entre autres.
Le quartier de Bel-air a accueilli le projet « Tambour de la Paix » visant à favoriser l'entente entre les différents secteurs de cette communauté. Ce projet et celui portant sur la réhabilitation et le curage des canaux d'évacuation sont financés par la MINUSTAH via sa Section Réduction de la Violence communautaire (RVC). Des financements qui, après le séisme, s'élèvent à 1.873.411 dollars.
Dans le domaine artistique, Viva Rio organise des classes de « capoeira », une danse brésilienne, et de folklore haïtien. Des jeunes de Bel-air et des quartiers avoisinants pratiquent également la danse, la musique, la peinture et le dessin.
Autre domaine d'intervention de l'ONG, la santé. Selon la coordonatrice du projet santé de Viva Rio, Dr Rosiane Siméon, des cliniques mobiles et des campagnes de vaccination sont réalisées dans le quartier. Des actions qui ont pour objectif d'atteindre un maximum de personnes, dont des femmes.
Des jeunes provenant de quartiers difficiles comme Cité Soleil, Simon-Pelé, Bel-air et Carrefour-Feuille, ont bénéficié de formations professionnelles qui doivent « les aider à prendre la voie du changement et du progrès ». Ils ont été formés dans des domaines comme la plomberie, la mécanique, la réfrigération/climatisation, l'électricité, la maçonnerie et la ferronnerie. Et pour les rendre plus aptes à se lancer sur le marché du travail, ils ont aussi réalisé des stages en entreprise.
Pour les responsables de Viva Rio, les activités socioéconomiques et de sensibilisation de l'ONG visant a réduire la violence communautaire ne sauraient se concentrer uniquement à la capitale. L'objectif de Viva Rio est maintenant de pouvoir « décentraliser » sa structure en établissant des antennes notamment à Bon Repos et à l'Arcahaie, deux villes au nord de Port-au-Prince.
http://www.newspress.fr/Communique_FR_237111_4357.aspx
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mercredi 26 janvier 2011
Le dictateur : l’enigme du retour
L’affront est d’une portée titanesque. La provocation participe à la fois du mépris, de la belligérance hautaine et de l’insolence la plus aveugle. Car, quel que soit l’angle sous lequel l’entendement humain puisse envisager la décision de J-C Duvalier de s’inviter en sol haïtien à cette heure critique de la vie nationale, impossible d’inscrire son geste autrement que sous le registre de l’indécence la plus scandaleuse, voir de l’odieux le plus manifeste. L’audace outrancier de Baby Doc, fort avisé de la précarité abyssale où sont plongées les institutions du pays, après la triple dévastation causée par le tremblement de terre, la choléra et l’imbroglio électoral, n’est rien de moins qu’une ignoble gifle, magistralement administrée à l’endroit de toute la classe politique nationale.
Gifle amère et froide car l’accueil ,sinon enthousiaste, du moins étonnamment sympathique, fait à sa personne par des secteurs non négligeables de la rue , traduise paradoxalement le sentiment éminemment tragique et combien désolant d’une collectivité qui n’en finit de constater l’inertie systématique et le misérabilisme généralisé de la société haïtienne vingt-cinq ans après la défection des Duvalier : vie politique comateuse ,effondrement progressif de toutes les ressources économiques, paupérisation de la classe moyenne, dépendance de plus en plus accrue de l’aide étrangère, insécurité permanente dans les grandes villes, fuite massive des cerveaux vers l’étranger, désagrégation de plus en sauvage du tissu social : il est vrai que la classe politique Haïtienne n’a pas à s’enorgueillir de ses réalisations post-duvaliériennes. Sentiment d’autant plus douloureux que le souvenir de l’espoir et de l’euphorie qui enthousiasmaient toutes les couches de la population de ce pays, lors de la défection de Baby Doc en février 86 n’est pas encore totalement disparu.
Gifle amère et froide que ce Jean-Claude Duvalier, franchissant, presque sans broncher, les lignes des douanes haïtiennes et déambulant, avec un port presque héroïque, dans les rues de la capitale, comme s’il était un libérateur, car il pourrait s’agir là de l’illustration la plus convaincante et la plus macabre de l’absolue disqualification de l’élite politique nationale, réfléchissant pour cette dernière, par un dédoublement atroce et cruel, l’image lugubre et assassine de son propre marasme des derniers vingt-cinq ans.
Au point qu’il n’est pas encore exclu de penser, tant le scandale de l’inopiné retour de Baby Doc demeure entier, que l’ultime responsable de toute cette vacherie ne soit finalement la médiocrité des acteurs de l’élite, l’obscurantisme de ses pratiques arriérées et le délabrement permanent de ses institutions majeures.
Gifle amère et froide car elle contraint la classe politique actuelle à prendre toute la mesure de son aliénation endémique par rapport aux classes populaires, puisque celle-là ne pourra plus nier qu’elle aura ainsi contribué à faire admettre par la porte arrière la bête immonde et sanguinaire que celles-ci avaient cru avoir terrassé, au prix de sacrifices ultimes , quelque trente ans plus tôt.
Gifle amère et froide car on ne peut s’y tromper : le vrai nom de ce camouflet impudique , la signature profonde de ce sentiment mégalomane de grossière impunité, il trouve la clé de son intelligence dans la scabreuse dérive de toutes les forces vives de la nation, lesquelles ont été, vingt-cinq ans durant, livrées, par leurs gouvernants à la merci des appétits voraces des classes possédantes ; Tous coupables, de Lesly F Manigat, aveuglé par son obsession à gouverner seul, jusqu’au gouvernement Préval dont le seul programme connu semble être son engagement pour l’inertie et sa foi aveugle dans le laisser aller, en passant par l’administration lavalas qui, deux fois plutôt qu’une, consomma la grande œuvre de perversion de toutes les valeurs démocratiques amorcées depuis le 7 février 86, et qui, à grands coups de populisme niais et infantile, n’hésita point à élever les allégeances partisanes au rang de modus operandi pour toute l’administration du pays, alors que la paranoïa de perdre le pouvoir distillait subtilement de sombres pathologies qui ne reculaient même pas devant le culte idolâtre du chef.
Gifle amère et froide également, parce qu’on sent déjà qu’un vent de panique vient balayer avec ce retour de Jean-Claude tous les pans du gratin politique de Port-au-Prince. D’ailleurs, saisissant au vol l’occasion, depuis son exil sud-africain où le démange encore la morsure du pouvoir, l’ex-président J-B Aristide ,qui a toujours habitué ses interlocuteurs, au moins dans la rhétorique convenue de sa vulgate démagogique, à une volonté, parfois excessive, d’éloignement tant de la personne que des idéologies des Duvalier, semble aujourd’hui prêt á faire tomber les masques…l’exil est pénible, l’hiver ne convient guère à ses yeux malades…alors, lui, non plus, il n’a pu résister à faire parvenir aux autorités haïtiennes l’impérieuse nécessité qui était la sienne de bénéficier d’un nouveau passeport (celui qu’il détient présentement étant expiré) afin de regagner sa terre natale, s’inscrivant ainsi volontairement dans la même filiation de nuisance outrecuidante, de cynisme abusif et d’aveuglement partisan le plus grossier que ce Duvalier, qui, hier encore, était la destination universelle de toutes ses récriminations et l’objet tout désigné de toute son indignation.
Gifle amère et froide car les proches de Duvalier semblent déterminés à faire front sur toutes les institutions et à n’épargner aucun moyen pour justifier le droit de ce dernier à rentrer chez lui. Ils en appellent à la constitution, qui, ne prévoyant pas le bannissement, ne saurait l’empêcher, disent-ils, comme tout autre citoyen, d’entrer dans son pays. Ils allèguent du caractère ordinaire et pacifique de ce séjour, alors que quarante-huit heures seulement à l’intérieur des frontières haïtiennes auront suffi pour que soient déclenchés, de gré ou de force, des manifestations populaires, des protestations émanant de représentants de la presse, des appels lancés sur les ondes radiophoniques de la part d’anciens dissidents et exilés et finalement rien de moins qu’une inculpation au parquet où au cours d’un interrogatoire de plus de trois heures, le contenu d’allégations de détournements de fonds, de corruption et d’association de malfaiteurs lui aurait déjà été communiqué. Si ces ouailles avaient des doutes quant à ses chances de pouvoir, un jour, jouir d’un traitement ordinaire dans ce pays que son père et lui ont dilapidé et dévalisé pendant trente ans, leurs doutes devraient être dissipés totalement après la succession de ces rebondissements si peu de temps après son arrivée.
Gifle amère et froide finalement car l’histoire s’écrit souvent dans une sourde opacité des transcendances du passé projetant victimes et bourreaux dans des jeux de rôle parfois multiples et nombreux et se moquant amèrement des verdicts définitifs. Car sans une volonté étatique organisée doublée d’une pédagogie unifiée de la probité morale et de la droiture civique , les milliers de voix et de plumes, qui se sont mis debout pour la majorité silencieuse sous les bottes des Duvalier, risquent d’éprouver le sentiment d’une seconde trahison, tant est réelle et imminente l’éventualité, que leur résistance héroïque d’alors, ne soit devenue soudain matière à révision, ou même se trouve frappée de la négation la plus absolue. A quoi servait réellement Fort-Dimanche ? Qui étaient finalement ces nombreux détenus qui peuplaient les cachots de Duvalier ? Quel est le sens que la génération actuelle doit retenir de la résistance verticale et courageuse De Jean-Dominique et de ses collègues de Radio Haïti ? La grande majorité des Haïtiens reconnaissent-ils précisément la dette qui est la leur envers les milliers de saints qui ont fait don de leur vie et de leurs biens pour rendre possible la liberté de parole et d’association dont ils usent et abusent aujourd’hui ? La bataille du sens est maintenant ouverte. La course à la conquête de la mémoire haïtienne a commencé.
parpatrick morisseau
mercredi 26 janvier 2011
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/le-dictateur-l-enigme-du-retour-87775
Gifle amère et froide car l’accueil ,sinon enthousiaste, du moins étonnamment sympathique, fait à sa personne par des secteurs non négligeables de la rue , traduise paradoxalement le sentiment éminemment tragique et combien désolant d’une collectivité qui n’en finit de constater l’inertie systématique et le misérabilisme généralisé de la société haïtienne vingt-cinq ans après la défection des Duvalier : vie politique comateuse ,effondrement progressif de toutes les ressources économiques, paupérisation de la classe moyenne, dépendance de plus en plus accrue de l’aide étrangère, insécurité permanente dans les grandes villes, fuite massive des cerveaux vers l’étranger, désagrégation de plus en sauvage du tissu social : il est vrai que la classe politique Haïtienne n’a pas à s’enorgueillir de ses réalisations post-duvaliériennes. Sentiment d’autant plus douloureux que le souvenir de l’espoir et de l’euphorie qui enthousiasmaient toutes les couches de la population de ce pays, lors de la défection de Baby Doc en février 86 n’est pas encore totalement disparu.
Gifle amère et froide que ce Jean-Claude Duvalier, franchissant, presque sans broncher, les lignes des douanes haïtiennes et déambulant, avec un port presque héroïque, dans les rues de la capitale, comme s’il était un libérateur, car il pourrait s’agir là de l’illustration la plus convaincante et la plus macabre de l’absolue disqualification de l’élite politique nationale, réfléchissant pour cette dernière, par un dédoublement atroce et cruel, l’image lugubre et assassine de son propre marasme des derniers vingt-cinq ans.
Au point qu’il n’est pas encore exclu de penser, tant le scandale de l’inopiné retour de Baby Doc demeure entier, que l’ultime responsable de toute cette vacherie ne soit finalement la médiocrité des acteurs de l’élite, l’obscurantisme de ses pratiques arriérées et le délabrement permanent de ses institutions majeures.
Gifle amère et froide car elle contraint la classe politique actuelle à prendre toute la mesure de son aliénation endémique par rapport aux classes populaires, puisque celle-là ne pourra plus nier qu’elle aura ainsi contribué à faire admettre par la porte arrière la bête immonde et sanguinaire que celles-ci avaient cru avoir terrassé, au prix de sacrifices ultimes , quelque trente ans plus tôt.
Gifle amère et froide car on ne peut s’y tromper : le vrai nom de ce camouflet impudique , la signature profonde de ce sentiment mégalomane de grossière impunité, il trouve la clé de son intelligence dans la scabreuse dérive de toutes les forces vives de la nation, lesquelles ont été, vingt-cinq ans durant, livrées, par leurs gouvernants à la merci des appétits voraces des classes possédantes ; Tous coupables, de Lesly F Manigat, aveuglé par son obsession à gouverner seul, jusqu’au gouvernement Préval dont le seul programme connu semble être son engagement pour l’inertie et sa foi aveugle dans le laisser aller, en passant par l’administration lavalas qui, deux fois plutôt qu’une, consomma la grande œuvre de perversion de toutes les valeurs démocratiques amorcées depuis le 7 février 86, et qui, à grands coups de populisme niais et infantile, n’hésita point à élever les allégeances partisanes au rang de modus operandi pour toute l’administration du pays, alors que la paranoïa de perdre le pouvoir distillait subtilement de sombres pathologies qui ne reculaient même pas devant le culte idolâtre du chef.
Gifle amère et froide également, parce qu’on sent déjà qu’un vent de panique vient balayer avec ce retour de Jean-Claude tous les pans du gratin politique de Port-au-Prince. D’ailleurs, saisissant au vol l’occasion, depuis son exil sud-africain où le démange encore la morsure du pouvoir, l’ex-président J-B Aristide ,qui a toujours habitué ses interlocuteurs, au moins dans la rhétorique convenue de sa vulgate démagogique, à une volonté, parfois excessive, d’éloignement tant de la personne que des idéologies des Duvalier, semble aujourd’hui prêt á faire tomber les masques…l’exil est pénible, l’hiver ne convient guère à ses yeux malades…alors, lui, non plus, il n’a pu résister à faire parvenir aux autorités haïtiennes l’impérieuse nécessité qui était la sienne de bénéficier d’un nouveau passeport (celui qu’il détient présentement étant expiré) afin de regagner sa terre natale, s’inscrivant ainsi volontairement dans la même filiation de nuisance outrecuidante, de cynisme abusif et d’aveuglement partisan le plus grossier que ce Duvalier, qui, hier encore, était la destination universelle de toutes ses récriminations et l’objet tout désigné de toute son indignation.
Gifle amère et froide car les proches de Duvalier semblent déterminés à faire front sur toutes les institutions et à n’épargner aucun moyen pour justifier le droit de ce dernier à rentrer chez lui. Ils en appellent à la constitution, qui, ne prévoyant pas le bannissement, ne saurait l’empêcher, disent-ils, comme tout autre citoyen, d’entrer dans son pays. Ils allèguent du caractère ordinaire et pacifique de ce séjour, alors que quarante-huit heures seulement à l’intérieur des frontières haïtiennes auront suffi pour que soient déclenchés, de gré ou de force, des manifestations populaires, des protestations émanant de représentants de la presse, des appels lancés sur les ondes radiophoniques de la part d’anciens dissidents et exilés et finalement rien de moins qu’une inculpation au parquet où au cours d’un interrogatoire de plus de trois heures, le contenu d’allégations de détournements de fonds, de corruption et d’association de malfaiteurs lui aurait déjà été communiqué. Si ces ouailles avaient des doutes quant à ses chances de pouvoir, un jour, jouir d’un traitement ordinaire dans ce pays que son père et lui ont dilapidé et dévalisé pendant trente ans, leurs doutes devraient être dissipés totalement après la succession de ces rebondissements si peu de temps après son arrivée.
Gifle amère et froide finalement car l’histoire s’écrit souvent dans une sourde opacité des transcendances du passé projetant victimes et bourreaux dans des jeux de rôle parfois multiples et nombreux et se moquant amèrement des verdicts définitifs. Car sans une volonté étatique organisée doublée d’une pédagogie unifiée de la probité morale et de la droiture civique , les milliers de voix et de plumes, qui se sont mis debout pour la majorité silencieuse sous les bottes des Duvalier, risquent d’éprouver le sentiment d’une seconde trahison, tant est réelle et imminente l’éventualité, que leur résistance héroïque d’alors, ne soit devenue soudain matière à révision, ou même se trouve frappée de la négation la plus absolue. A quoi servait réellement Fort-Dimanche ? Qui étaient finalement ces nombreux détenus qui peuplaient les cachots de Duvalier ? Quel est le sens que la génération actuelle doit retenir de la résistance verticale et courageuse De Jean-Dominique et de ses collègues de Radio Haïti ? La grande majorité des Haïtiens reconnaissent-ils précisément la dette qui est la leur envers les milliers de saints qui ont fait don de leur vie et de leurs biens pour rendre possible la liberté de parole et d’association dont ils usent et abusent aujourd’hui ? La bataille du sens est maintenant ouverte. La course à la conquête de la mémoire haïtienne a commencé.
parpatrick morisseau
mercredi 26 janvier 2011
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/le-dictateur-l-enigme-du-retour-87775
Inscription à :
Articles (Atom)