Perdu dans le département oublié du Nord-Ouest, entre Port-de Paix et Anse-à-Foleur, en face de l'île de La Tortue, Saint-Louis du Nord, une vieille cité de 401 ans, a décidé de se refaire une beauté. Cette ville magnifique, qui a grandi sans perdre son charme d'autrefois, fait encore rêver. Accueillante et riante, elle séduit sans coup férir ceux qui ont le malheur de l'approcher de trop près. Et comment ne pas être séduit par le charme insolent et sain de cette ville maritime !
Ce qui frappe dès que l'on arrive à l'entrée de la ville, c'est sa propreté. Dans un pays où il est plus que rare de trouver un quartier propre, on ne peut qu'être agréablement surpris par la propreté de toute la ville. C'est comme si les Saint-Louisiens avaient choisi de se démarquer du reste du pays en établissant de nouvelles règles dans un jeu nouveau qu'ils auraient découvert : le développement.
Ce qui frappe dès que l'on arrive à l'entrée de la ville, c'est sa propreté. Dans un pays où il est plus que rare de trouver un quartier propre, on ne peut qu'être agréablement surpris par la propreté de toute la ville. C'est comme si les Saint-Louisiens avaient choisi de se démarquer du reste du pays en établissant de nouvelles règles dans un jeu nouveau qu'ils auraient découvert : le développement.
Etat des lieux
A l'entrée de la ville, au sortir d'un tournant, la route en terre battue pleine de nids-de-poule qui relie Port-de-Paix à Saint-Louis s'arrête brusquement. Un coquet petit monument annonce fièrement : Saint-Louis du Nord/1606-2006. C'est la frontière, la ligne de démarcation, la frontière entre Saint-Louis et le reste du monde, non, plutôt le reste du pays.
Finie, la route en terre battue ! Terminées, les piles d'ordure tous les 15 mètres. Oubliés, les bouteilles et sachets en plastique qui jonchent le sol. Ici, à partir d'un point précis, les choses ont déjà changé. L'ordre et la paix règnent en maîtres. Juste devant le monument qui marque l'entrée de la ville, une rue bétonnée et droite pénètre dans la cité, glissant doucement entre les eaux de la rivière et les murs fraichement repeints du cimetière. Et... Ô surprise ! Cent mètres plus loin, le premier payage routier du pays. Sublime, splendide ! Et les usagers payent sans réchigner. Des employés de la mairie, dûment identifiés, remettent des reçus mentionnant le montant versé qui est laissé à la générosité de l'usager de la route. Aucune exigence. Pourtant, tout le monde veut payer, donner sa quote-part pour aider la mairie dans la réalisation de ses entreprises, lesquelles coûtent beaucoup.
Finie, la route en terre battue ! Terminées, les piles d'ordure tous les 15 mètres. Oubliés, les bouteilles et sachets en plastique qui jonchent le sol. Ici, à partir d'un point précis, les choses ont déjà changé. L'ordre et la paix règnent en maîtres. Juste devant le monument qui marque l'entrée de la ville, une rue bétonnée et droite pénètre dans la cité, glissant doucement entre les eaux de la rivière et les murs fraichement repeints du cimetière. Et... Ô surprise ! Cent mètres plus loin, le premier payage routier du pays. Sublime, splendide ! Et les usagers payent sans réchigner. Des employés de la mairie, dûment identifiés, remettent des reçus mentionnant le montant versé qui est laissé à la générosité de l'usager de la route. Aucune exigence. Pourtant, tout le monde veut payer, donner sa quote-part pour aider la mairie dans la réalisation de ses entreprises, lesquelles coûtent beaucoup.
Sur plusieurs kilomètres, la rue principale de Saint-Louis est entièrement bétonnée, avec des trottoirs bien entretenus. Bien sûr, il y a encore beaucoup à faire pour atteindre le but fixé : bétonner jusque dans les limites... de la commune et adoquinner toutes les autres rues. Ce qui n'est pas une mince affaire. Mais, à Saint-Louis du Nord, on n'a pas peur de travailler et on a de l'ambition et le goût du sacrifice. Pour preuve, les riverains de la grand'rue n'ont pas hésité à supprimer volontairement une, deux, parfois trois pièces de leur maison, quelques fois une partie de leur propriété, sans dédommagement aucun, pour que la route ait la même largeur sur toute sa longueur.
A Saint-Louis du Nord, personne n'attend vraiment l'intervention de l'Etat sur les dossiers qui les préoccupent. Ainsi, pour l'électricité, après avoir attendu vainement que l'Electricité d'Haïti, que dis-je, le black-out d'Haïti, apporte une solution viable à la noirceur de leur pénurie d'énergie qui perdure depuis des années, les Saint-louisiens se disent maintenant prêts à gérer leurs problèmes d'électricité. Formant une communauté soudée autour de ses leaders, les Saint-louisiens, au fait de leurs problèmes, ont déjà entrepris de nombreux travaux afin de faire de leur commune, d'après leurs déclarations, le lieu le plus agréable de ce pays.
Ainsi, des travaux d'assainissement ont ciblé le cimetière, le marché communal et, même, le littoral. Une tâche pourtant vraiment difficile quand on considère le manque de moyen qui limite l'efficacité des interventions et qui crée un retard sérieux par rapport au calendrier d'activités. La gestion du marché est, par exemple, particulièrement compliqué car il n'existe, à proprement parler, pas de marché. L'espace qui lui est consacré n'est pas même délimité et se trouve au bord de la rivière, ce qui ne facilite pas les choses en période pluvieuse. La construction du marché est donc un impératif incontournable et urgent sinon toute l'énergie et tous les investissements consentis pour embellir la ville risquent de ne pas servir à grand-chose.
Le cimetière qui se trouve à l'entrée ouest de la ville est bien entouré par une clôture dont les murs peints en jaune rehaussent le charme de l'entrée de la ville. Un coquet petit bâtiment a été érigé juste de l'autre coté de la route pour loger l'administration du cimetière, une initiative heureuse quoique tardive.
La ville n'est pas drainée, mais sa configuration facilite l'écoulement des eaux de pluie. La cité n'est donc pas trop affectée, dans son ensemble, par la situation d'érosion qui persiste dans les mornes environnants, cela en dépit de la volonté de la population et de l'administration communale de protéger la commune du déboisement et de la déforestation. Ainsi, près de 2000 plantules ont été mises en terre récemment dans le cadre d'une campagne de reboisement et de protection des bassins versants, un programme qui ne fait que commencer, selon certaines personnalités influentes de la zone, assez proches des élus du conseil municipal.
Si le déboisement et la déforestation ne sont pas systématiques dans la commune, la coupe du bois, pour les besoins domestiques, affecte quand même l'environnement. Ce qui justifie la nécessité de travailler sur des programmes d'intégration des énergies alternatives dans les foyers.
N'ayant aucun site historique, Saint-Louis du Nord peut toutefois compter, pour son développement futur, sur le tourisme vu que l'agriculture, dans cette région du pays, est plutôt orientée vers la subsistance. De magnifiques plages, dans la commune et aussi à Anse-à-Foleur, un espace urbain sain justifient largement une vocation touristique d'autant plus que le secteur hôtelier est bien organisé. Il faudrait peut-être améliorer la restauration, mais le gros du travail est fait en ce qui a trait aux structures d'accueil.
L'un des plus grands problèmes de la commune réside dans l'inexistence de ponts sur les différents cours d'eau qu'enjambe le tronçon de route qui mène de Saint-Louis à Anse-à-Foleur. Des ponts qui revêtent une importance stratégique réelle pour toute tentative de développement touristique et économique de la région.
La ville n'est pas drainée, mais sa configuration facilite l'écoulement des eaux de pluie. La cité n'est donc pas trop affectée, dans son ensemble, par la situation d'érosion qui persiste dans les mornes environnants, cela en dépit de la volonté de la population et de l'administration communale de protéger la commune du déboisement et de la déforestation. Ainsi, près de 2000 plantules ont été mises en terre récemment dans le cadre d'une campagne de reboisement et de protection des bassins versants, un programme qui ne fait que commencer, selon certaines personnalités influentes de la zone, assez proches des élus du conseil municipal.
Si le déboisement et la déforestation ne sont pas systématiques dans la commune, la coupe du bois, pour les besoins domestiques, affecte quand même l'environnement. Ce qui justifie la nécessité de travailler sur des programmes d'intégration des énergies alternatives dans les foyers.
N'ayant aucun site historique, Saint-Louis du Nord peut toutefois compter, pour son développement futur, sur le tourisme vu que l'agriculture, dans cette région du pays, est plutôt orientée vers la subsistance. De magnifiques plages, dans la commune et aussi à Anse-à-Foleur, un espace urbain sain justifient largement une vocation touristique d'autant plus que le secteur hôtelier est bien organisé. Il faudrait peut-être améliorer la restauration, mais le gros du travail est fait en ce qui a trait aux structures d'accueil.
L'un des plus grands problèmes de la commune réside dans l'inexistence de ponts sur les différents cours d'eau qu'enjambe le tronçon de route qui mène de Saint-Louis à Anse-à-Foleur. Des ponts qui revêtent une importance stratégique réelle pour toute tentative de développement touristique et économique de la région.
Les représentations des différentes institutions étatiques, bien que sous-équipées, sont relativement bien logées si l'on tient compte de ce qui se passe ailleurs. Ce qui ne veut pas dire que les choses vont bien. Le matériel adéquat faisant défaut, on est loin des performances que l'on pourrait attendre de ces différents bureaux.
Le local de la mairie a subi quelques petites opérations chirurgicales qui la rendent quelque peu confortable, et même, assez agréable à regarder, même s'il y a encore de nombreuses améliorations à y apporter. Quant à savoir ce qu'il y a à l'intérieur, c'est autre chose. Etant arrivés la veille de la fête patronale, nous n'avons pas eu le privilège de pouvoir visiter la mairie qui, pour la circonstance, était fermée.
Le local de la mairie a subi quelques petites opérations chirurgicales qui la rendent quelque peu confortable, et même, assez agréable à regarder, même s'il y a encore de nombreuses améliorations à y apporter. Quant à savoir ce qu'il y a à l'intérieur, c'est autre chose. Etant arrivés la veille de la fête patronale, nous n'avons pas eu le privilège de pouvoir visiter la mairie qui, pour la circonstance, était fermée.
Education
Les nombreuses écoles de Saint-Louis du Nord fonctionnent normalement, à la satisfaction des parents qui estiment que le niveau général est satisfaisant. Le Lycée qui, pendant des années, a fait défaut, obligeant les élèves à s'exiler vers Port-de-Paix ou Port-au-Prince, est pleinement fonctionnel. Bien sûr, tout le monde le sait, tout n'est pas parfait. Cependant, les choses ne vont pas trop mal et, avec une prise en charge sérieuse des responsables, de nombreux problèmes peuvent être résolus assez rapidement.
Bien que les rêves d'université des Saint-louisiens soient encore loin de la concrétisation, de nombreuses écoles professionnelles fonctionnant à plein rendement annoncent déjà les couleurs.
Bien que les rêves d'université des Saint-louisiens soient encore loin de la concrétisation, de nombreuses écoles professionnelles fonctionnant à plein rendement annoncent déjà les couleurs.
Santé
A Saint-Louis du Nord, c'est le secteur qui fonctionne le mieux. Les problèmes auxquels est confronté le principal centre de santé de la commune sont avantageusement palliés grâce à la collaboration inter-institutionnelle établie avec l'Hôpital de la Mission Chrétienne du Nord-Ouest qui, bien équipé et recevant la visite de spécialistes dans différentes branches médicales, offre gratuitement des services de qualité à la population. Cela ne va, malheureusement, pas aussi bien dans les différentes sections communales ou les centres sont sous-équipés et ne disposent pas de personnel adéquat.
Saint-Louis est une ville à suivre de près car cette approche nouvelle de la prise en main de la commune par les citoyens pourrait être une expérience pilote qui, si elle réussit (et, nous n'en doutons pas), pourrait servir de modèle à d'autres villes qui croupissent dans l'insalubrité, le désordre et la bidonvillisation.
Patrice-Manuel lerebours