Notre Dame de Paris, cette comédie musicale qui a tant fait vibrer les coeurs, va être jouée en Haïti, et c'est la compagnie Haïti en Scène qui s'en occupe. Le défi est très grand; cette pièce, en effet, fut jouée par des acteurs francophones à l'étranger, elle a pour nous un parfum d'exotisme. Les acteurs haïtiens auront pour devoir de produire une oeuvre originale et ne pas tomber dans un fade plagiat. Et c'est justement ce que nous a affirmé Bertrand Labarre, le metteur en scène.
Et elle? (Photo: Philippe DESMANGLES)
Invité à une séance de répétition, je fus surpris par le professionnalisme de la formation. Je précise : la formation est professionnelle, mais les acteurs ne le sont pas. Ils sont jeunes, amateurs et même pour certains, c'est leur première expérience théâtrale. Je m'attendais à ce que l'on me présente Frolo, Esméralda, Phoebus... Mais non, la distribution n'est pas réellement encore faite, si quelques- uns sont pressentis pour certains rôles, rien n'est en fait défini.
Tout le monde chante et tout le monde joue, car c'est une comédie musicale. Il faut apprendre à le faire, et cela prend du temps : quatre mois. Pour Bertrand, c'est le temps nécessaire pour que ses apprentis appréhendent les rouages de ce double métier, celui d'acteur et de chanteur.
Sera-ce la nouvelle Esméralda?(Photo: Philippe DESMANGLES)
Sera-ce la nouvelle Esméralda?(Photo: Philippe DESMANGLES)
« Mais dans ce cas, dis-je, pourquoi prendre des amateurs ? » Parce qu'en fait, c'est le but initial d'Haïti en Scène : donner à de jeunes acteurs une chance de percer dans le monde du show-biz haïtien. Une fois lancés, on s'attend à ce qu'ils volent de leurs propres ailes. La loi est dure, mais qui ne risque rien n'a rien et on ne peut s'attendre à tout recevoir sur un plateau d'argent ! Haïti en Scène présentera sur les planches, le 26 Janvier, une quarantaine de jeunes fruits d'une sélection et ayant travaillé d'arrache-pied. Car les coups de gueule du metteur en scène ne leur seront pas épargnés. J'en ai même assisté à un où Bertrand fermement lançait ses jeunes recrues sans pour autant faire preuve d'irrespect.
Dès lors, certains points sur les « i » s'imposent !Et il a de grands projets : « cette comédie musicale, genre nouveau en Haïti, sera jouée sur toute l'étendue du territoire et pendant une année. Je compte faire des représentations pour les écoles». « Mais quel texte allez-vous mettre en scène ? celui de Victor Hugo ? » Non, il s'inspirera de Luc Plamondon.
quels rôles auront-ils? (Photo: Philippe DESMANGLES)
quels rôles auront-ils? (Photo: Philippe DESMANGLES)
Toutefois il pense adapter certaines scènes pour en faire une pièce haïtienne, et même créoliser certains textes grâce au spécialiste de la question : Robinson Auguste.« Et la barrière linguistique ? », posai-je encore comme question, car Bertrand est français et la plupart de ses protégés sont créolophones. J'avais senti comme un flottement chez eux quand il tenta de leur inculquer certaines notions. As-tu l'impression dès fois de ne pas être compris ? - "oui, avoua-t-il, mais ceci constitue pour moi une sorte de challenge que je pourrai même inclure dans le cadre de la francophonie. » Et il a raison, Bertrand, cette pièce devrait retenir l'attention des responsables et bénéficier de leur soutien.
Puis il y a eu une séance de chant pour finir, et je dois vous dire que même à l'état brut, ces jeunes ont du talent et j'ai hâte de les voir le 26 janvier sur scène. Mais avant, pour avoir une idée plus globale de cette comédie musicale, je me fais la promesse d'aller voir les danseurs qui, eux, s'entraînent à Pétion-Ville avec monsieur Delsoin.
Dr Philippe DESMANGLES
Dr Philippe DESMANGLES