Las parturientas haitianas acuden en masa hacia los hospitales de maternidad a fin de aprovechar las condiciones de gratuidad que ofrece el sistema de salud dominicano.
Registran 53% partos de haitianas en maternidad La Altagracia
La mayoría de las haitianas parturientas que llegan suelen presentar anemia u otros cuadros médicos que no han sido tratados previamente.
Registran 53% partos de haitianas en maternidad La Altagracia
Nairobi Núñez
Santo Domingo, RD
Los partos de madres haitianas superan en cifras a los de dominicanas, según datos obtenidos en el departamento de estadísticas del Hospital Universitario Maternidad Nuestra Señora de La Altagracia.
En ese centro se han registrado en lo que va de año 2,283 nacimientos, de los cuales 1,050 son de madres dominicanas, para un 47%, mientras que 1,196 nacimientos son de madres haitianas, equivalente al 53%.
Salas de espera abarrotadas por embarazadas, quienes en su gran mayoría no dominan el idioma español y a veces ni comprenden qué les dicen, pero aun así se les brinda un servicio médico gratiuto, según pudo observar un equipo LISTÍN DIARIO, tanto adentro como afuera del centro de salud durante un recorrido.
La maternidad La Altagracia y el Centro Materno Infantil San Lorenzo de Los Mina son los hospitales públicos donde se registran la mayor cantidad de partos en el país.Varias de las mujeres embarazadas haitianas vienen a dar luz en este país por las facilidades económicas que se les dan, ya que es sin costo alguno.
Eso las impulsa a dejar su país de origen y venir a República Dominicana a concebir a sus criaturas. En un reportaje publicado en este diario bajo la firma del periodista Ricardo Santana el pasado mes de febrero, se expone cómo las embarazadas haitianas y sus esposos cruzan como si nada por la frontera de la provincia de Dajabón.
En dicho reporte se dio a conocer cómo haitianas embarazadas fueron apresadas junto a otros de sus compatriotas por miembros del Cuerpo Especializado en Seguridad Fronteriza Terrestre (Cesfront) cuando cruzaron de manera clandestina la frontera por la comunidad La Vigía, en Dajabón.
Las haitianas dijeron que su intención era dar a luz en hospitales de Santiago, Mao, Monte Cristi y la capital dominicana. Mientras el presidente del Instituto Duartiano, Wilson Gómez Ramírez, propuso el pasado 28 de febrero al gobierno que se establezcan tarifas de cobros por los partos de extranjeros en los establecimientos hospitalarios dominicanos. Explicó que su propuesta está orientada en detener la gran cantidad de alumbramientos de haitianas en República Dominicana.
Aseguró, además, que esto desincentivará la masiva presencia de estas parturientas en territorio nacional y aliviará la carga económica que representa para el presupuesto de salud.
Hospitales saturados En un reporte de la agencia EFE, fechado el 1° de febrero, su corresponsal Manuel Pérez Bella reseñaba que las haitianas ya superan en número a las dominicanas en la sala de espera de las maternidades del noroeste dominicano, una región de acogida de inmigrantes y también destino de mujeres que cruzan la frontera para parir en unos hospitales cada vez más desbordados.
En el hospital público de Guayubín, un pueblecito rodeado de bananos y de fincas de arroz situado a 42 kilómetros al este del río Masacre, frontera natural entre ambos países, nueve de cada diez parturientas son haitianas, la mayor proporción en toda República Dominicana.
Esa situación ha sido una constante durante los últimos meses a media que Haití se encuentra sumergida en una crisis político que recrudece aún más el estado de pobreza del vecino país.
IMPACTO Complicaciones. “De 90 a 95 % de las complicaciones son en pacientes extranjeras”, asegura el doctor Juan de la Cruz Rodríguez Pérez, director del hospital Materno Infantil José Francisco Peña Gómez de Mao, al ser consultado por Efe.
Triplicado.
En el reportaje de la agencia Efe, se destaca que el número de parturientas haitianas se ha triplicado en diez años, llegando a 30,322 nacimientos en 2020, lo que representa el 27% de los nacimientos en el conjunto del país, y supone que entre el 10% y el 14% de todo el presupuesto hospitalario del país se dedique a las extranjeras, según cálculos del Sservicio Nacional de Ssalud (SNS).
https://listindiario.com/la-republica/2021/03/04/659690/registran-53-partos-de-haitianas-en-maternidad-la-altagracia
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
jeudi 4 mars 2021
Haïti : La place de la France est aux côtés du peuple haïtien, et non de ses tyrans
Dimanche 28 février, des milliers d'Haïtiennes et Haïtiens sont redescendus dans la rue pour exiger le départ du dictateur en devenir, Jovenel Moïse, et pour dénoncer les enlèvements et disparitions forcées, la corruption des autorités qui composent le climat de violence quotidienne instauré par le chef de l’État haïtien.
Les arrestations sommaires et détentions sans jugement – de véritables kidnappings – se multiplient chaque jour. Pour assurer le règne de l'injustice et son pouvoir absolu sur l'existence de toute opposition, Jovenel Moïse a fait suspendre, déplacer, arrêter chez eux en pleine nuit et emprisonner sans procès, un nombre toujours plus important de militants des droits humains et de juristes, magistrats et fonctionnaires de justice qu'il considère comme récalcitrants. Des assassinats comme celui du bâtonnier du barreau de Port-au-Prince, Maître Monferrier Dorval, à l'automne et le massacre de Bel-Air, un quartier populaire du centre de Port-au-Prince, témoignent de la violence et de l'impunité du régime.
La police haïtienne aux ordres de J. Moïse a donc renoué avec les sales méthodes des sinistres Tontons Macoutes allant jusqu'à tirer à vue sur les manifestant-e-s et à s'en prendre violemment aux journalistes afin de les empêcher de rendre compte de la répression policière sur la population.
Malgré cette situation, l'Administration Biden maintient contre vents et marées le franc soutien des États-Unis à Jovenel Moïse, et a même procédé à la déportation de réfugiés et migrants haïtiens mi-février. »
Les grandes capitales occidentales, dans le sillon étasunien, restent bien discrètes. Il est grand temps de mettre un terme à ce silence ainsi que l'ont solennellement demandé à maintes reprises 82 organisations (syndicats, ONG, associations, mouvements paysans, féministes, citoyens) haïtiennes, françaises, belges, canadiennes, espagnoles, allemandes et béninoises. Dans leur appel du 22 février à l'Union européenne, elles rappellent que « le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire a déclaré constater la fin du mandat constitutionnel de Jovenel Moïse. (Et que), malgré cela, contre l’avis de juristes, de la Fédération des barreaux d’Haïti, de la conférence épiscopale catholique, de diverses organisations du secteur protestant, de médias, de syndicats, de mouvements féministes, des petrochallengers, de l’opposition politique et d’une grande partie de la société civile haïtienne, Jovenel Moïse s’accroche fermement au pouvoir et enfreint éhontément les règles du jeu démocratique. » L’État de droit n'est plus en Haïti. Se taire encore, c'est se rendre complice, c'est garantir l'impunité au régime dictatorial que Jovenel Moïse entend imposer en Haïti.
Le Parti communiste français (PCF) salue la dignité de la lutte du mouvement populaire haïtien et tient à réaffirmer son soutien au peuple haïtien et à la mobilisation en cours pour les droits, la liberté, la démocratie et la justice sociale.
Le PCF appelle instamment le gouvernement français à sortir de son mutisme et à dénoncer la répression en Haïti, à condamner le comportement de Jovenel Moïse.
Haïti est depuis des décennies la proie d'affameurs, d'accapareurs et de profiteurs. La souveraineté du peuple haïtien est entravée par les ingérences étasuniennes et les tenants du pouvoir au service des quelques privilégiés qui exploitent les richesses et ressources du pays à leur seul profit. En pleine pandémie de Covid19 et crise sanitaire, alors que les dégâts des derniers cyclones qui ont ravagé l'île ne sont toujours pas réparés, le peuple haïtien affronte ensemble la violence politique, l'autoritarisme, des inégalités sociales et économiques parmi les plus fortes au monde.
La place de la France est aux côtés du peuple haïtien, et non de ses tyrans.
Parti communiste français
Paris, le 2 mars 2021
Source: https://www.pcf.fr/haiti_la_place_de_la_france_est_aux_cotes_du_peuple_haitien_et_non_de_ses_tyrans?utm_campaign=communistes_849&utm_medium=email&utm_source=pcf
Les arrestations sommaires et détentions sans jugement – de véritables kidnappings – se multiplient chaque jour. Pour assurer le règne de l'injustice et son pouvoir absolu sur l'existence de toute opposition, Jovenel Moïse a fait suspendre, déplacer, arrêter chez eux en pleine nuit et emprisonner sans procès, un nombre toujours plus important de militants des droits humains et de juristes, magistrats et fonctionnaires de justice qu'il considère comme récalcitrants. Des assassinats comme celui du bâtonnier du barreau de Port-au-Prince, Maître Monferrier Dorval, à l'automne et le massacre de Bel-Air, un quartier populaire du centre de Port-au-Prince, témoignent de la violence et de l'impunité du régime.
La police haïtienne aux ordres de J. Moïse a donc renoué avec les sales méthodes des sinistres Tontons Macoutes allant jusqu'à tirer à vue sur les manifestant-e-s et à s'en prendre violemment aux journalistes afin de les empêcher de rendre compte de la répression policière sur la population.
Malgré cette situation, l'Administration Biden maintient contre vents et marées le franc soutien des États-Unis à Jovenel Moïse, et a même procédé à la déportation de réfugiés et migrants haïtiens mi-février. »
Les grandes capitales occidentales, dans le sillon étasunien, restent bien discrètes. Il est grand temps de mettre un terme à ce silence ainsi que l'ont solennellement demandé à maintes reprises 82 organisations (syndicats, ONG, associations, mouvements paysans, féministes, citoyens) haïtiennes, françaises, belges, canadiennes, espagnoles, allemandes et béninoises. Dans leur appel du 22 février à l'Union européenne, elles rappellent que « le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire a déclaré constater la fin du mandat constitutionnel de Jovenel Moïse. (Et que), malgré cela, contre l’avis de juristes, de la Fédération des barreaux d’Haïti, de la conférence épiscopale catholique, de diverses organisations du secteur protestant, de médias, de syndicats, de mouvements féministes, des petrochallengers, de l’opposition politique et d’une grande partie de la société civile haïtienne, Jovenel Moïse s’accroche fermement au pouvoir et enfreint éhontément les règles du jeu démocratique. » L’État de droit n'est plus en Haïti. Se taire encore, c'est se rendre complice, c'est garantir l'impunité au régime dictatorial que Jovenel Moïse entend imposer en Haïti.
Le Parti communiste français (PCF) salue la dignité de la lutte du mouvement populaire haïtien et tient à réaffirmer son soutien au peuple haïtien et à la mobilisation en cours pour les droits, la liberté, la démocratie et la justice sociale.
Le PCF appelle instamment le gouvernement français à sortir de son mutisme et à dénoncer la répression en Haïti, à condamner le comportement de Jovenel Moïse.
Haïti est depuis des décennies la proie d'affameurs, d'accapareurs et de profiteurs. La souveraineté du peuple haïtien est entravée par les ingérences étasuniennes et les tenants du pouvoir au service des quelques privilégiés qui exploitent les richesses et ressources du pays à leur seul profit. En pleine pandémie de Covid19 et crise sanitaire, alors que les dégâts des derniers cyclones qui ont ravagé l'île ne sont toujours pas réparés, le peuple haïtien affronte ensemble la violence politique, l'autoritarisme, des inégalités sociales et économiques parmi les plus fortes au monde.
La place de la France est aux côtés du peuple haïtien, et non de ses tyrans.
Parti communiste français
Paris, le 2 mars 2021
Source: https://www.pcf.fr/haiti_la_place_de_la_france_est_aux_cotes_du_peuple_haitien_et_non_de_ses_tyrans?utm_campaign=communistes_849&utm_medium=email&utm_source=pcf
CRISE POLITIQUE ET SOCIALE
Haïti. Manifestations contre le régime corrompu, et l’ingérence des États-Unis et du FMI Depuis le début de l’année, la crise politique et les mobilisations contre le gouvernement de Jovenel Moïse se sont intensifiées en Haïti. Ce dimanche les manifestants sont encore descendus dans les rues dénonçant la répression, le régime autoritaire et l'ingérence impérialiste.
Pepe Balanyà -
mercredi 3 mars
Les journées les plus combatives ont eu lieu le 1er et 2 février, lorsque les syndicats, diverses organisations militantes et l’opposition politique haïtienne ont appelé à une grève générale largement suivie dans les grandes villes. Le gouvernement a rapidement réagi en militarisant les rues de la capitale Port-au-Prince et d’autres villes de la nation caribéenne. La répression lors de ces journées de grève a fait au moins trois morts.
Il est à noter que les manifestations contre le gouvernement de Jovenel Moïse remontent à novembre 2018, un an après son investiture en 2017. Fragile depuis son investiture, le président issu d’un parti d’extrême droite accusé de détournement de fonds publics et de séquestrations, est arrivé au pouvoir après avoir été élu en 2015 lors d’un scrutin annulé pour fraudes. Lui-même ancien PDG d’une entreprise d’exportation, a été (et il est encore) le candidat préféré pour défendre les intérêts des États-Unis et d’autres puissances impérialistes comme la France dans les Caraïbes.
Ces aspects couplés à une situation sociale très difficile et aggravé par la dette qui étouffe le pays, ont fait émerger les premières protestations en 2018. L’intensité de celles-ci a forcé la démission de plusieurs ministres, parmi lesquels le premier ministre Jack Guy Lafontant chargé d’appliquer les plans du FMI à l’époque. Après une impasse, les protestations ont repris en septembre 2019 contre les pénuries de carburant qui ont provoqué des coupures de courant, des problèmes avec les transports publics, des augmentations de prix des produits et services de base. À cette époque, les manifestations ont été brutalement réprimées, faisant plus de 40 morts et des centaines de blessés.
Dans ce contexte de contestation sociale et de méfiance, la mise en place des plans du FMI et des mesures d’austérité n’ont pu être menés à bien que par une montée toujours plus violente de ses méthodes de gouvernance et par une concentration croissante du pouvoir exécutif. En effet sous prétexte des manifestations, le gouvernement de Moïse a reporté sans date les élections législatives prévues pour 2019. En janvier 2020, dans la continuité de cette mesure le président a décidé aussi de fermer le Parlement. Depuis, Jovenel Moïse gouverne par décret. Dans ce même ses, le gouvernement a voulu afficher de la détermination avec une déclaration signée par le commandant en chef, Jodel Lessage, où l’armée montrait son soutien au président.
Ces décisions, bien qu’elles aient pu renforcer ponctuellement le pouvoir présidentielle, l’ont aussi conduit à un isolement politique qui se mélange depuis à la grande insatisfaction d’une population minée par la pauvreté et la violence de bandes criminelles, dont beaucoup sont liées au gouvernement lui-même. Cet approfondissement de la crise politique explique la reprise vigoureuse des mobilisations et l’étendue de la grève générale des premiers jours de février. La situation s’est encore aggravée quand le président a décidé de ne pas quitter le gouvernement après la date du 7 février, date à laquelle, selon un article de la Constitution elle-même, son mandat expire. Depuis, certains secteurs comme les écoles sont fermées et les journées de mobilisations se succèdent presque chaque jour, et cela malgré la répression meurtrière.
De son côté, l’opposition politique a proclamé Joseph Mécène Jean-Louis comme président provisoire mais cela sans consulter absolument personne, et encore moins les gens qui sont dans la rue. En effet les partis d’opposition appartiennent également à des franges de l’establishment politique et défendent une issue négocié avec le gouvernement. Ils tentent d’influencer une partie de la mobilisation de masse pour maintenir leur rythme de pression tout en essayant que la situation ne dégénère pas et que la mobilisation elle-même ne passe au-dessus d’eux. En effet, des nombreux chefs d’opposition sont eux aussi liés à des cas de corruption et eux-mêmes peinent à attirer la sympathie des manifestants. Comme le témoignait un manifestant : « Je ne vais pas dire que l’opposition représente un changement. Parce que beaucoup des politiques qui sont dans l’opposition ont aussi des accusations de corruption contre eux. Ils ont déjà été au pouvoir et n’ont pas fait mieux que Jovenel Moise ».
Si pendant ce temps Jovenel Moise a pu surmonter les difficultés c’est d’un côté parce que l’opposition lui a redonnée du souffle par le biais de multiples négociations, et parce que d’autres acteurs lui ont apporté leur soutien. C’est le cas des États-Unis mais aussi d’autres pays impérialistes comme la France, qui ont réitéré, à l’instar de Joe Biden, leur soutien à une année supplémentaire de mandat pour Jovenel Moïse.
Cette position de la communauté internationale dans la crise haïtienne a été sévèrement critiquée par les manifestants, qui ont rejeté toute ingérence dans les affaires intérieures du pays et remis en question le bilan des forces de l’ONU, considérées comme une occupation étrangère d’un territoire. Comme le dénonçait un manifestant : « Malgré toutes les séquestrations, les massacres dans les quartiers populaires, les Etats-Unis continuent de le soutenir. L’argent du fonds Petrocaribe a été dilapidé, on n’a pas de bons hôpitaux, et les Etats-Unis continuent à soutenir ce gouvernement corrompu »
Tel qu’on l’a vu ces derniers jours, de par la profondeur de la crise politique et sociale, il est très probable que les mobilisations contre Jovenel Moïse se poursuivent mais aussi que l’opposition politique essaye de canaliser la colère pour récupérer ses positions et ne rien changer en profondeur. Pour en finir avec la subordination historique du pays aux États-Unis et aux intérêts du FMI mais aussi de l’ensemble des pays impérialistes, il convient de construire une véritable voie indépendante à la bourgeoisie haïtienne et qui réponde aux intérêts des travailleurs et de la population, pour en finir avec la dette et le pillage du pays, la pauvreté extrême et la misère.
Source:https://www.revolutionpermanente.fr/Haiti-Manifestations-contre-le-regime-corrompu-et-l-ingerence-des-Etats-Unis-et-du-FMI
Haïti. Manifestations contre le régime corrompu, et l’ingérence des États-Unis et du FMI Depuis le début de l’année, la crise politique et les mobilisations contre le gouvernement de Jovenel Moïse se sont intensifiées en Haïti. Ce dimanche les manifestants sont encore descendus dans les rues dénonçant la répression, le régime autoritaire et l'ingérence impérialiste.
Pepe Balanyà -
mercredi 3 mars
Les journées les plus combatives ont eu lieu le 1er et 2 février, lorsque les syndicats, diverses organisations militantes et l’opposition politique haïtienne ont appelé à une grève générale largement suivie dans les grandes villes. Le gouvernement a rapidement réagi en militarisant les rues de la capitale Port-au-Prince et d’autres villes de la nation caribéenne. La répression lors de ces journées de grève a fait au moins trois morts.
Il est à noter que les manifestations contre le gouvernement de Jovenel Moïse remontent à novembre 2018, un an après son investiture en 2017. Fragile depuis son investiture, le président issu d’un parti d’extrême droite accusé de détournement de fonds publics et de séquestrations, est arrivé au pouvoir après avoir été élu en 2015 lors d’un scrutin annulé pour fraudes. Lui-même ancien PDG d’une entreprise d’exportation, a été (et il est encore) le candidat préféré pour défendre les intérêts des États-Unis et d’autres puissances impérialistes comme la France dans les Caraïbes.
Ces aspects couplés à une situation sociale très difficile et aggravé par la dette qui étouffe le pays, ont fait émerger les premières protestations en 2018. L’intensité de celles-ci a forcé la démission de plusieurs ministres, parmi lesquels le premier ministre Jack Guy Lafontant chargé d’appliquer les plans du FMI à l’époque. Après une impasse, les protestations ont repris en septembre 2019 contre les pénuries de carburant qui ont provoqué des coupures de courant, des problèmes avec les transports publics, des augmentations de prix des produits et services de base. À cette époque, les manifestations ont été brutalement réprimées, faisant plus de 40 morts et des centaines de blessés.
Dans ce contexte de contestation sociale et de méfiance, la mise en place des plans du FMI et des mesures d’austérité n’ont pu être menés à bien que par une montée toujours plus violente de ses méthodes de gouvernance et par une concentration croissante du pouvoir exécutif. En effet sous prétexte des manifestations, le gouvernement de Moïse a reporté sans date les élections législatives prévues pour 2019. En janvier 2020, dans la continuité de cette mesure le président a décidé aussi de fermer le Parlement. Depuis, Jovenel Moïse gouverne par décret. Dans ce même ses, le gouvernement a voulu afficher de la détermination avec une déclaration signée par le commandant en chef, Jodel Lessage, où l’armée montrait son soutien au président.
Ces décisions, bien qu’elles aient pu renforcer ponctuellement le pouvoir présidentielle, l’ont aussi conduit à un isolement politique qui se mélange depuis à la grande insatisfaction d’une population minée par la pauvreté et la violence de bandes criminelles, dont beaucoup sont liées au gouvernement lui-même. Cet approfondissement de la crise politique explique la reprise vigoureuse des mobilisations et l’étendue de la grève générale des premiers jours de février. La situation s’est encore aggravée quand le président a décidé de ne pas quitter le gouvernement après la date du 7 février, date à laquelle, selon un article de la Constitution elle-même, son mandat expire. Depuis, certains secteurs comme les écoles sont fermées et les journées de mobilisations se succèdent presque chaque jour, et cela malgré la répression meurtrière.
De son côté, l’opposition politique a proclamé Joseph Mécène Jean-Louis comme président provisoire mais cela sans consulter absolument personne, et encore moins les gens qui sont dans la rue. En effet les partis d’opposition appartiennent également à des franges de l’establishment politique et défendent une issue négocié avec le gouvernement. Ils tentent d’influencer une partie de la mobilisation de masse pour maintenir leur rythme de pression tout en essayant que la situation ne dégénère pas et que la mobilisation elle-même ne passe au-dessus d’eux. En effet, des nombreux chefs d’opposition sont eux aussi liés à des cas de corruption et eux-mêmes peinent à attirer la sympathie des manifestants. Comme le témoignait un manifestant : « Je ne vais pas dire que l’opposition représente un changement. Parce que beaucoup des politiques qui sont dans l’opposition ont aussi des accusations de corruption contre eux. Ils ont déjà été au pouvoir et n’ont pas fait mieux que Jovenel Moise ».
Si pendant ce temps Jovenel Moise a pu surmonter les difficultés c’est d’un côté parce que l’opposition lui a redonnée du souffle par le biais de multiples négociations, et parce que d’autres acteurs lui ont apporté leur soutien. C’est le cas des États-Unis mais aussi d’autres pays impérialistes comme la France, qui ont réitéré, à l’instar de Joe Biden, leur soutien à une année supplémentaire de mandat pour Jovenel Moïse.
Cette position de la communauté internationale dans la crise haïtienne a été sévèrement critiquée par les manifestants, qui ont rejeté toute ingérence dans les affaires intérieures du pays et remis en question le bilan des forces de l’ONU, considérées comme une occupation étrangère d’un territoire. Comme le dénonçait un manifestant : « Malgré toutes les séquestrations, les massacres dans les quartiers populaires, les Etats-Unis continuent de le soutenir. L’argent du fonds Petrocaribe a été dilapidé, on n’a pas de bons hôpitaux, et les Etats-Unis continuent à soutenir ce gouvernement corrompu »
Tel qu’on l’a vu ces derniers jours, de par la profondeur de la crise politique et sociale, il est très probable que les mobilisations contre Jovenel Moïse se poursuivent mais aussi que l’opposition politique essaye de canaliser la colère pour récupérer ses positions et ne rien changer en profondeur. Pour en finir avec la subordination historique du pays aux États-Unis et aux intérêts du FMI mais aussi de l’ensemble des pays impérialistes, il convient de construire une véritable voie indépendante à la bourgeoisie haïtienne et qui réponde aux intérêts des travailleurs et de la population, pour en finir avec la dette et le pillage du pays, la pauvreté extrême et la misère.
Source:https://www.revolutionpermanente.fr/Haiti-Manifestations-contre-le-regime-corrompu-et-l-ingerence-des-Etats-Unis-et-du-FMI
La Lime contre Haïti ou le déshonneur des Nations unies
Publié le 2021-03-03 | Le Nouvelliste
La présence des Nations unies en Haïti a été caractérisée par deux choses : le gaspillage et l’épidémie de choléra. Des missions à n’en plus finir. Des millions de dollars gaspillés dans des programmes inefficaces, allant du renforcement des institutions (il n’y en a pratiquement plus une seule qui fonctionne) au désarmement (on n’aura jamais autant vu d’armes illégales dans ce pays). Avec, comme si le ridicule ne suffisait pas, la mort jetée dans la rivière. Le bilan : compter les morts et les dollars perdus.
Mais l’affaire La Lime contre Haïti témoigne de quelque chose de plus grave. Dans son superbe ouvrage « The rhetoric of empire » (1993, Duke University Press), David Spurr pointe la négation comme constitutive du discours colonial et de ses avatars. Elle va plus loin qu’un simple procédé. Elle est essentielle à la légitimation de son porteur, à sa paix intérieure, à son assurance. Rarement aura-t-on vu chez un haut fonctionnaire des Nations unies une telle attitude intellectuelle. De son point de vue, c’est déjà une concession que madame La Lime nous fait en réduisant des dizaines de milliers de personnes à trois mille. Pour une « administratrice coloniale », l’autre n’existe que dans les termes fixés par l’administrateur.
On peut chercher dans sa philosophie politique personnelle (des rumeurs à vérifier sur ses amitiés avec la pensée suprémaciste) et dans ses intérêts personnels et affectifs (d’autres rumeurs d’un autre type qu’il serait sordide d’aller vérifier), mais au-delà du détail des incidences biographiques, ce que madame La Lime représente et révèle, c’est la persistance d’un système de pensée que l’on n’avait pas l’optimisme de croire mort, mais qu’on pensait un peu sous la paille, la gêne, sinon la honte affectant ses porteurs.
La négation de l’autre dans la rhétorique coloniale fait abstraction de sa condition objective aussi bien que de sa capacité de produire du discours sur cette condition. Et si nous nous fâchons, elle nous récitera peut-être les vers du poème de Kipling, « le fardeau de l’homme blanc » : « Prenez le fardeau de l'Homme Blanc /Et récoltez sa vieille récompense/ La critique de ceux qu'on dépasse, La haine de ceux qu'on surveille/ Les cris des hôtes que vous guidez/ (Ah, lentement !) vers la lumière. »
« Dépasse », « surveille », « guide »… On imagine qu’elle utilise ce vocabulaire dans son intimité. Madame La Lime, c’est l’homme blanc typique du XIXe siècle.
Le déshonneur des Nations unies, c’est d’avoir envoyé en Haïti, terre de la négation la plus radicale de la pensée et de la geste coloniales, une rescapée de cette pensée. L’actualité haïtienne est passée sous silence et nombreux sont les peuples, les journalistes, les chercheurs qui regardent ailleurs. Mais il viendra vite le temps où l’évolution de la situation haïtienne forcera à s’intéresser au destin de ce peuple et à analyser, pour l’histoire, ce que la représentante des Nations unies a fait ici, ce qu’elle a vraiment représenté. Le souvenir des « plaisirs de Saint-Domingue » et la négation de l’autre. Quand arrivera ce temps, les Nations unies auront à expliquer pourquoi ce déshonneur que fut madame La Lime.
Antoine Lyonel Trouillot
https://lenouvelliste.com/article/226899/la-lime-contre-haiti-ou-le-deshonneur-des-nations-unies
La présence des Nations unies en Haïti a été caractérisée par deux choses : le gaspillage et l’épidémie de choléra. Des missions à n’en plus finir. Des millions de dollars gaspillés dans des programmes inefficaces, allant du renforcement des institutions (il n’y en a pratiquement plus une seule qui fonctionne) au désarmement (on n’aura jamais autant vu d’armes illégales dans ce pays). Avec, comme si le ridicule ne suffisait pas, la mort jetée dans la rivière. Le bilan : compter les morts et les dollars perdus.
Mais l’affaire La Lime contre Haïti témoigne de quelque chose de plus grave. Dans son superbe ouvrage « The rhetoric of empire » (1993, Duke University Press), David Spurr pointe la négation comme constitutive du discours colonial et de ses avatars. Elle va plus loin qu’un simple procédé. Elle est essentielle à la légitimation de son porteur, à sa paix intérieure, à son assurance. Rarement aura-t-on vu chez un haut fonctionnaire des Nations unies une telle attitude intellectuelle. De son point de vue, c’est déjà une concession que madame La Lime nous fait en réduisant des dizaines de milliers de personnes à trois mille. Pour une « administratrice coloniale », l’autre n’existe que dans les termes fixés par l’administrateur.
On peut chercher dans sa philosophie politique personnelle (des rumeurs à vérifier sur ses amitiés avec la pensée suprémaciste) et dans ses intérêts personnels et affectifs (d’autres rumeurs d’un autre type qu’il serait sordide d’aller vérifier), mais au-delà du détail des incidences biographiques, ce que madame La Lime représente et révèle, c’est la persistance d’un système de pensée que l’on n’avait pas l’optimisme de croire mort, mais qu’on pensait un peu sous la paille, la gêne, sinon la honte affectant ses porteurs.
La négation de l’autre dans la rhétorique coloniale fait abstraction de sa condition objective aussi bien que de sa capacité de produire du discours sur cette condition. Et si nous nous fâchons, elle nous récitera peut-être les vers du poème de Kipling, « le fardeau de l’homme blanc » : « Prenez le fardeau de l'Homme Blanc /Et récoltez sa vieille récompense/ La critique de ceux qu'on dépasse, La haine de ceux qu'on surveille/ Les cris des hôtes que vous guidez/ (Ah, lentement !) vers la lumière. »
« Dépasse », « surveille », « guide »… On imagine qu’elle utilise ce vocabulaire dans son intimité. Madame La Lime, c’est l’homme blanc typique du XIXe siècle.
Le déshonneur des Nations unies, c’est d’avoir envoyé en Haïti, terre de la négation la plus radicale de la pensée et de la geste coloniales, une rescapée de cette pensée. L’actualité haïtienne est passée sous silence et nombreux sont les peuples, les journalistes, les chercheurs qui regardent ailleurs. Mais il viendra vite le temps où l’évolution de la situation haïtienne forcera à s’intéresser au destin de ce peuple et à analyser, pour l’histoire, ce que la représentante des Nations unies a fait ici, ce qu’elle a vraiment représenté. Le souvenir des « plaisirs de Saint-Domingue » et la négation de l’autre. Quand arrivera ce temps, les Nations unies auront à expliquer pourquoi ce déshonneur que fut madame La Lime.
Antoine Lyonel Trouillot
https://lenouvelliste.com/article/226899/la-lime-contre-haiti-ou-le-deshonneur-des-nations-unies
Fusillade, kidnapping, colère...
Publié le 2021-03-03 | Le Nouvelliste
En plein jour, à la place des Artistes, au Champ de Mars, deux individus à moto ont ouvert le feu et tué deux jeunes hommes présentés comme des laveurs de voitures, mercredi 3 mars 2021, a appris le journal Le Nouvelliste.
Pour le moment, le mobile de ce double homicide est inconnu. Des images partagées sur les réseaux sociaux montrent une femme ensenglantée, touchée à l’abdomen.
Elle a été évacuée de la place des Artistes, un lieu de rencontres, de restauration situé à un jet de crachat du commissariat de Port-au-Prince, de l’ambassade de France et une centaine de pas du Palais national.
La veille, à Pernier, une infirmière, Édline Mentor, a été tuée par balle en sortant de la banque.
Kidnappings et coup de gueule
Mardi, les kidnappeurs ont écumé les rues. Au moins cinq enlèvements ont été recensés à Pacot et ses environs.
Ce mercredi, en réaction à l’enlèvement de Jean Marc Condestin ce week-end, des habitants de Mariani, à l’entrée sud de Port-au-Prince ont obstrué la voie publique avec des véhicules de fort tonnage. 275 stations d'essence de l’ANAPROSS sont restées fermées pour exiger la libération de M Condestin, propriétaire d’une station-service.
Á Delmas 33, zone Gérald Bataille, des protestations ont été signalées pour exiger la libération de Venel Ilée, un conducteur.
Des médecins de l'hôpital La Paix ont marché à Delmas pour dénoncer l'assassinat de Dr Ernst Pady.
Le directeur général a.i de la PNH, Léon Charles, a annoncé le lancement ce vendredi, du 122, un numéro de téléphone pour contacter a PNH en cas d'enlèvement.
Il a souligné que le kidnapping n'est pas uniquement le problème de la PNH. C'est un problème de société, a-t-il confié au moment d'annoncer des fouilles de véhicules.
Sur la route de Ganthier, ce mercredi, un autobus qui se rendait en République dominicaine a été carnardé par des bandits de 400 Mawozo, ont rapporté des témoins. Il y a plusieurs blessés dont deux gravement touchés.
Dans l'Artibonite, une ambulance de la CAN immatriculée SE-05014 a essuyé des tirs dans la localité dénommée Doda, à Verrettes. L'ambulance transportait un malade au moment des faits, a appris le journal.
Port-au-Prince et ses environs continuent de glisser dans la peur. Ces temps-ci, des gestes simples du quotidien sont pratiqués avec la boule au ventre.
Roberson Alphonse
Source: https://lenouvelliste.com/article/226938/fusillade-kidnapping-colere
En plein jour, à la place des Artistes, au Champ de Mars, deux individus à moto ont ouvert le feu et tué deux jeunes hommes présentés comme des laveurs de voitures, mercredi 3 mars 2021, a appris le journal Le Nouvelliste.
Pour le moment, le mobile de ce double homicide est inconnu. Des images partagées sur les réseaux sociaux montrent une femme ensenglantée, touchée à l’abdomen.
Elle a été évacuée de la place des Artistes, un lieu de rencontres, de restauration situé à un jet de crachat du commissariat de Port-au-Prince, de l’ambassade de France et une centaine de pas du Palais national.
La veille, à Pernier, une infirmière, Édline Mentor, a été tuée par balle en sortant de la banque.
Kidnappings et coup de gueule
Mardi, les kidnappeurs ont écumé les rues. Au moins cinq enlèvements ont été recensés à Pacot et ses environs.
Ce mercredi, en réaction à l’enlèvement de Jean Marc Condestin ce week-end, des habitants de Mariani, à l’entrée sud de Port-au-Prince ont obstrué la voie publique avec des véhicules de fort tonnage. 275 stations d'essence de l’ANAPROSS sont restées fermées pour exiger la libération de M Condestin, propriétaire d’une station-service.
Á Delmas 33, zone Gérald Bataille, des protestations ont été signalées pour exiger la libération de Venel Ilée, un conducteur.
Des médecins de l'hôpital La Paix ont marché à Delmas pour dénoncer l'assassinat de Dr Ernst Pady.
Le directeur général a.i de la PNH, Léon Charles, a annoncé le lancement ce vendredi, du 122, un numéro de téléphone pour contacter a PNH en cas d'enlèvement.
Il a souligné que le kidnapping n'est pas uniquement le problème de la PNH. C'est un problème de société, a-t-il confié au moment d'annoncer des fouilles de véhicules.
Sur la route de Ganthier, ce mercredi, un autobus qui se rendait en République dominicaine a été carnardé par des bandits de 400 Mawozo, ont rapporté des témoins. Il y a plusieurs blessés dont deux gravement touchés.
Dans l'Artibonite, une ambulance de la CAN immatriculée SE-05014 a essuyé des tirs dans la localité dénommée Doda, à Verrettes. L'ambulance transportait un malade au moment des faits, a appris le journal.
Port-au-Prince et ses environs continuent de glisser dans la peur. Ces temps-ci, des gestes simples du quotidien sont pratiqués avec la boule au ventre.
Roberson Alphonse
Source: https://lenouvelliste.com/article/226938/fusillade-kidnapping-colere
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