Les deux hommes ont aussi minimisé les sentiments nationalistes qui poussent certains secteurs à réclamer le retrait sans délai des casques bleus, assimilés à une force d’occupation.
"Je demande à vous M. le Secrétaire général et à l’ONU de renouveler en octobre prochain le mandat de la MINUSTAH", a déclaré le chef de l’Etat qui a estimé que depuis son déploiement en 2004 la force onusienne avait rempli sa mission de "stabilisation sécuritaire et politique".
Il en a profité pour inviter l’ONU à "réinventer la MINUSTAH". Reprenant une idée qu’il avait lancée dès le premier jour de son mandat, le 14 mai 2006, René Préval a vivement souhaité que la force onusienne soit transformée en un "appareil d’aide à la réforme du système judiciaire et à l’amélioration des infrastructures de base du pays". De l’avis du dirigeant haïtien, l’élargissement de son mandat permettrait à la MINUSTAH de fournir une aide indispensable à la "modernisation de la vie sociale des citoyens et au développement économique d’Haïti".
Pour sa part, le Secrétaire général a averti qu’après cinq interventions des casques bleus au cours des dernières années, "les Nations Unies ne quitteront pas le pays tant que le suivi ne sera pas assuré".
Ban Ki-moon a clairement indiqué qu’il allait, dans son prochain rapport sur Haïti, solliciter du Conseil de sécurité "la reconduction pour 12 mois supplémentaires du mandat de la MINUSTAH". Il a justifié cette décision par le fait que "la situation reste fragile en Haïti en dépit des nombreux progrès accomplis.
Dans un autre temps fort de son intervention, le patron de l’ONU a promis une plus grande implication de la force de stabilisation dans le processus de réforme judiciaire et la professionnalisation de la Police Nationale.
"La corruption ne sera pas tolérée au sein du système judiciaire", a lancé le Secrétaire général qui a exprimé sa satisfaction face à l’adoption par le Sénat de la loi sur la création du conseil de la magistrature. "La corruption mine les institutions et affaiblit les individus", a-t-il fait remarquer en encourageant les autorités à organiser une campagne nationale contre la corruption.
Concernant la PNH, il a qualifié d’éléments-clés pour le renforcement de l’institution, la mise en place du système de pré-sélection des policiers et le travail d’investigation interne de l’inspecteur général en chef.
Soulignant avoir eu avec sa porte-parole haïtienne Michèle Montas de "riches discussions sur la situation du pays", le dirigeant de l’organisation mondiale a salué le leadership du Président René Préval et de son Premier ministre Jacques-Edouard Alexis. "Ils ont lancé un processus de dialogue politique visant à créer une culture de tolérance inclusive et vitale au développement démocratique d’Haïti", a estimé Ban qui s’exprimait notamment en présence de Michèle Montas, d’Edmond Mulet son représentant spécial et chef sortant de la MINUSTAH ainsi que du successeur de ce dernier, le diplomate tunisien Hédi Annabi. L’actuel sous-secrétaire général aux opérations de maintien de la paix prendra ses fonctions à Port-au-Prince le 1er septembre.
Des membres du corps diplomatique dont les ambassadeurs des Etats-Unis, Janet Ann Sanderson et du Canada, Claude Boucher étaient également présents.
Le Secrétaire général de l’ONU a également rendu hommage au "leadership" d’Edmond Mulet promu secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix. Il s’est dit fier des résultats du diplomate guatémaltèque qui a apporté une "importante contribution à la paix, à la sécurité et à la stabilité politique en Haïti".
René Préval s’est aussi montré très élogieux envers le chef de la MINUSTAH pour son leadership. "Il laissera le pays avec notre plus profond respect, notre gratitude et notre amitié", a indiqué le Président à propos de Mulet tout en rappelant la qualité du travail de son prédecesseur, Juan Gabriel Valdés.
Il a enfin évoqué la visite, l’an passé, à Port-au-Prince de l’ancien Secréraire général Koffi Annan et souhaité un bon séjour à Ban Ki-moon qu’il compte retrouver à la prochaine assemblée générale de l’ONU, en octobre prochain à New York.
Arrivé mercredi à la mi-journée à Port-au-Prince, M. Ban doit repartir jeudi à destination de la Barbade qui exerce la présidence tournante de la Communauté Caraïbe (CARICOM). Avant de boucler sa visite, il s’entretiendra tôt jeudi matin avec les représentants de la société civile, de la classe politique, du secteur privé des affaires, de la presse et des organisations religieuses. Une tournée à Cité Soleil (nord de la capitale), un bref passage au Parlement et des discussions avec le ministre de la justice, René Magloire et les membres du corps diplomatique figurent également dans l’agenda du diplomate sud-coréen.
Mercredi après-midi, il s’est rendu au QG de la force internationale de paix où il a rencontré le personnel civil et militaire ainsi que les responsables des agences onusiennes opérant en Haïti.
Créée en juin 2004 par une résolution du Conseil de sécurité, la MINUSTAH est aujourd’hui composée de quelque 9.000 militaires et policiers internationaux originaires d’une quarantaine de pays. Son actuel mandat de huit mois arrivera à expiration le 15 octobre. spp/RK
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