Valère Audy; La Voix de l'Est
Les ministres responsables des Affaires étrangères des États-Unis, du Mexique et du Canada ont servi un sérieux avertissement au gouvernement haïtien au terme de la rencontre qu'ils viennent de tenir à Wakefield, dans l'Outaouais: ''La communauté internationale ne peut tout faire... Les autorités haïtiennes doivent assumer leurs responsabilités... Il n'y aura pas de progrès économique s'il n'y a pas de stabilité gouvernementale.''
Ces propos sont tirés de l'allocution de clôture du ministre canadien Lawrence Cannon qui a même insisté, pressant les Haïtiens, dont leurs dirigeants actuels, de veiller à doter leur pays ''d'un gouvernement démocratique, efficace et intègre, condition fondamentale et incontournable à la reconstruction et au développement de leur pays.'' De son côté, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a prévenu les autorités haïtiennes qu'il y a danger pour elles, un influent sénateur américain proposant la suspension de l'aide internationale dont Haïti a tant besoin.
Mme Clinton a aussi dit, ce qui concorde avec les déclarations canadiennes du gouvernement et de l'opposition: ''Nous ne voulons pas punir les Haïtiens pour les problèmes allégués pendant les élections. Les gens ont encore besoin d'abris, d'éducation, d'eau potable, de soins de santé, de développement économique.''
Les positions sont claires et la pression devient très forte: ou les autorités haïtiennes marchent en droite ligne ou elles risquent de perdre l'aide internationale et croupir alors dans leur misère. Si M. Cannon ne va pas jusqu'à brandir la menace relevée par Mme Clinton, il reste que les Canadiens et les Québécois sont de plus en plus nombreux à croire qu'on devrait couper les vivres à Haïti. Il y a même des Haïtiens qui le pensent parce qu'ils sont de moins en moins sûrs de profiter de l'aide promise, imaginant sans doute qu'elle ne profitera qu'aux riches et aux politiciens qui se disputent le pouvoir.
Tout cela démontre que les voisins et plus proches collaborateurs d'Haïti sont aussi soucieux qu'exaspérés par la crise politique et sociale qui secoue le pays et qui le rend à elle seule incapable d'amorcer la reconstruction et le développement espéré depuis les malheurs qui l'ont frappé depuis un an. Malgré tout, dont la faible confiance qu'ils font aux autorités en place, ces voisins restent prêts à les accompagner avec le soutien technique requis pour la tenue d'élections démocratiques.
Mais ils n'entendent pas prendre le contrôle de ces élections par respect pour le peuple qui reste fier de son indépendance. Quelle indépendance, peut-on toutefois se demander? Parce que les Haïtiens ne peuvent se tirer de leur misère eux-mêmes, tellement le pays est pauvre et la misère grande, tellement les catastrophes naturelles y ont détruit le peu qu'on y trouvait en infrastructures, tellement le pays est dépourvu de fonds et moyens pour se relever, tellement les clans politiques s'entredéchirent dans leur quête de pouvoir... au lieu de s'unir et former un gouvernement d'unité nationale pour sauver et relever le pays.
La situation haïtienne n'est évidemment pas propice à la stabilité politique, à la paix sociale et, forcément, à la reconstruction, comme le rappelle le leader néo-démocrate canadien Jack Layton. Mais on ne pourra rien faire de l'extérieur, pas plus que de l'intérieur, si ceux qui dirigent actuellement Haïti ou qui rêvent d'en prendre les rênes n'inspirent pas confiance. Les milliardsde dollars d'aide retenus le sont parce que les grands donateurs doutent fortement, non sans raison d'ailleurs, de l'usage qui en sera fait.
Bref, que les Haïtiens commencent par nettoyer leur cour politique. C'est le premier pas à franchir pour s'attaquer à la reconstruction du pays. Autrement, il n'y aura qu'une voie à emprunter, tel qu'on l'avait évoqué dans cette page peu après le séisme vécu: une tutelle de dix ans. À moins de tout abandonner et de laisser Haïti aller à la dérive, ce qui serait humainement insoutenable.
http://www.cyberpresse.ca/la-voix-de-lest/201012/15/01-4352522-aux-haitiens-de-nettoyer-leur-cour-politique.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_lire_aussi_4353135_article_POS1
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
vendredi 17 décembre 2010
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire