A chaque jour
suffit sa peine comme à chaque rentrée son thème, son débat ou sujet de crise.
Dernièrement sur un
réseau social, des discussions intéressantes et décontractées ont eu lieu sur
la page d'une bonne amie autour de la destitution et du remplacement de la
directrice de l'importante institution que représente l'EDH.
L'ex directrice,
détentrice d'un diplôme de l'université de Havard, a été l'objet d'un article
du sérieux quotidien Le Nouvelliste. Les termes et les propos envers elle étaient
assez élogieux. Voire dithyrambiques par moment. Cependant parmi les
caractéristiques énumérées comme atouts, le journaliste a "osé"
mentionné son "sexappeal".
Ce dernier élément
a donc été le substrat d'un débat sympathique entre des puristes qui considéraient
que le journaliste était allé un peu loin en évoquant le sexappeal de
l'ex-directrice de notre compagnie d'Electricité.
Après quelques échanges
plutôt pour rire, j'ai fait comprendre que nous nous étions laissés emporter
par un mot, élément de forme, de l'article tandis que nous avions fermé les yeux
sur des questions plus importantes comme : le motif de la destitution, le
bilan de l'ex-directrice à la tête de l'institution, et la compétence de celui
qui l'a remplacée entre autres sujets pouvant découler de cette seule
destitution.
La modératrice du
débat, avec raison certes me fit comprendre que chacun était libre de choisir
son sujet de débat.
Une réponse de ce
genre venant de quelqu'un d'autre aurait eu comme effet sur moi d'effacer
toutes mes répliques postées comme participant au débat.
Dans mes périodes
de crise existentialiste je pourrais
même aller loin dans une attitude extrême, s'exprimant par le bannissement de
cette personne dans ma liste d'amis.
Mais venant d'elle,
il m'était impossible de faire autre chose que de jouer le jeu de la tolérance
et de me dire qu'en réalité, elle avait raison. Chacun choisit son sujet de
débat. Comme son sujet de réflexion d'ailleurs.
Dans ce contexte,
une lecture superficielle de la réalité sociopolitique d'Haïti, nous fournit un
nombre incalculable de sujets. Les uns plus alléchants et sympathiques que les
autres:
- le bras de fer en
perspective entre l'exécutif et le législatif autour de la non-réalisation des
élections
- le budget de la
nation proposé par l'exécutif avec des
augmentations monstrueuses dans le chapitre correspondant à la Présidence de la République et des
augmentations des impôts dans plusieurs secteurs de l'économie…
- la réunion du
conseil de sécurité de l'ONU autour de la situation d'Haïti...
- les événements
autour de la mort du juge ayant à charge le dossier de la plainte déposée
contre la première dame de la
République et le fils
du président... ,
Ce sont des sujets
aujourd'hui d'actualité. Si on se lançait dans une rétrospective, une
rétrospective n'allant certes pas trop loin, on trouvera aussi des sujets qui
ont défié la chronique de par leur impact et importance. Des sujets qui ont
fait l'objet d'enquêtes sans suite. Bien entendu.
On pourrait là
encore Etablir une très longue liste mais on se limitera a en citer deux. Toujours
en se basant sur leur impact social, sociétal et politique.
- l'affaire Brandt,
ce membre d'une des plus riches familles haïtiennes arrêtées comme chef d'un
puissant réseau de kidnappeurs...
- l'arrestation
arbitraire d'un député par le pouvoir exécutif, député qui aurait été un ex
repris de justice ...
Tout ceci, un long
détour pour expliquer comment il est difficile d'établir une liste de priorités
qui fassent l'unanimité.
Et ceci reste difficile
même quand il y va de l'intérêt d'une famille d'une collectivité ou carrément
d'un pays.
Une certaine
perception de la pratique démocratique ou de la démocratie participative, offre
une épaisse couverture aux choix dénaturés ou extemporanés faits dans une
conjoncture déterminée.
Notre histoire
politique nous donne des exemples des plus éloquents.
Depuis la création
de la nation, l'ensemble de l'activité politique a été dominé et centré sur deux composantes d'un seul et même binôme.
L'accès au pouvoir
d'un côté et la destitution de ce pouvoir de l'autre côté.
Ces éléments
restent viscéralement liés. Comme la même mise en scène mettant en vedette des
acteurs différents.
A tour de rôle, un
politicien concentre ses activités pour accéder au pouvoir. Une fois cet
objectif atteint, il va faire face à une opposition qui va s'évertuer à le
destituer. Souvent celui qui arrive au pouvoir avait participé activement aussi
à la destitution de son prédécesseur.
Du coup celui qui
détient un mandat pour un temps limite commence par faire usage de tout et de
n'importe quoi pour finir son mandat et aussi pourquoi pas, pour le prolonger!
Et dans ce contexte
il est tout à fait compréhensible, la juxtaposition dans les pages de
l'histoire, des présidents ayant fait preuve d'une longévité Mathusalemienne,
et des gouvernements extrêmement éphémères.
Généralement, le
terme d'un mandat présidentiel s'achève soit par l'exil, soit par la mort.
Il y a une
exception!
Heureusement!
Un chef d'Etat a
fini son mandat et est retourné dans son patelin !
Oui le président
Nissage Saget. A l'époque, le Sénat de la République qui nommait les présidents, lui avait
demandé de rester et briguer un autre mandat. Il a catégoriquement refusé. Bon
l’histoire dit que ça patinait un peu dans sa tête.
- Jean-Jacques DESSALINES 1er
janv. 1804 - 17 oct. 1806 : Tué
- Henry CHRISTOPHE- 28 déc.1806 - 24
oct. 1820- suicidé
- Alexandre PÉTION - 9 mars 1807 - 28 mars
1818- Mort au pouvoir
- Jean-Pierre BOYER - 29 mars 1818 - fév.
1843- Destitué
- Charles HÉRARD aîné dit RIVIÉRE - 31 déc. 1843 - 3 mai 1844- Destitué
- Philippe GUERRIER - 3 mai 1844 - 15 avr. 1845- Mort au
pouvoir
- Louis PIERROT - 16 avr. - 1er mars 1846 - Destitué
- Jean-Baptiste RICHÉ - 1er mars 1846 - 27
fév. 1847- Mort au pouvoir
- Faustin SOULOUQUE - 1er mars 1847 - 15 janv. 1859 - Destitué
- Fabre GEFFRARD - 15 janv. 1859 - 13 mars
1867 - Destitué
- Sylvain SALNAVE - 14 juin 1867 - 19 déc. 1869- Fusillé
- Nissage SAGET - 19 mars 1870 - 12 mai 1874 - Termine
son mandat
- Michel DOMINGUE - 11 juin 1874 - 15 avr. 1876 - Destitué
- Boisrond CANAL - 17 juil. 1876 - 17 juil.
1879 - Destitué
- Lysius Félicité SALOMON- 23 oct. 1879 -
10 août 1888 - Destitué
- François LÉGITIME - 16 déc. 1888 - 22
août 1889- Destitué
- Florvil HIPPOLYTE - 9 oct. 1889 - 24 mars
1896 - Mort au pouvoir
- Tirésias Simon SAM - 31 mars 1896 - 12 mai 1902 -
Termine son mandat
- Nord ALEXIS - 21 déc. 1902 - 2 déc. 1908
- Destitué
- Antoine SIMON - 17 déc. 1908 - 2 août 1911 - Destitué
- Cincinnatus LECONTE - 14
août 1911 - 8 août 1912 - Saute avec son palais
- Tancrède AUGUSTE - 8 août
1912 - 4 mai 1913 - Mort au pouvoir
- Michel ORESTE -:4
mai 1913 - 27 janv. 1914- Destitué
- Oreste ZAMOR - 8 fév. - 7
nov. 1914 - Destitué / tué
- Damilvar THÉODORE - nov.
1914 - fév. 1915 - Destitué / fusillé
- Vilbrun Guillaume SAM - 7 mars - 27 juil. 1915 - Tué
- Sudre DARTIGUENAVE - 12
août 1915 - 15 mai 1922- Termine son mandat
- Louis BORNO - 15 mai 1922 - 15 mai 1930- Termine son mandat-
- Louis Eugène ROY : 15 mai - 18 nov. 1930
- Sténio VINCENT : 18 nov. 1930 - 15 mai 1941- Termine son mandat
- Élie LESCOT - 15
mai 1941 - 11 janv. 1946- Renversé
- Comité exécutif militaire
11 janv. - 16 août 1946
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