Oeuvre de portée historique, la toile "Mme Macéna" peinte par Hugues Larose donne à voir une tranche de notre histoire couvrant la période 1915-1934.
Ce peintre d'histoire restitue notre passé avec élégie à travers un pinceau qui saigne et qui se lamente. Un passé qui a coûté au pays beaucoup de vies humaines. C'est sur cela que médite Mme Péralte dans sa toile en regardant le départ du contingent de fusiliers marins des Etats-Unis qui, selon son analyse, n'est pas définitif.
La toile "Mme Macéna" montre le parcours d'une longue démarche historique couvrant une période de quatre-vingt-dix-sept ans (1888-1915) au cours de laquelle aucun président n'a pu terminer son mandat de sept ans. Un seul est mort d'une façon naturelle, les autres sont assassinés, renversés ou exilés. Bien sûr, le lynchage de Vilbrun Guillaume fut la dernière goutte d'eau qui fait déborder le vase.
La toile de Hugues Larose est divisée en trois séquences. La première part de 1915 à 1920 et parle de la guérilla des nationalités (les cacos). On y observe au centre droit du tableau les échauffourées des cacos sous le commandement d'un de leurs chefs et les marines américains (fusiliers marins) dans la formation de la 19e compagnie de cavalerie de la gendarmerie d'Haïti.
A droite, en haut dans le décor, se détachent deux êtres étrangement suspendus, de nature féminine, porteuse d'étendard et de la glaive de la justice surplombant la scène du combat. Des génies de la nation haïtienne arborent le bicolore bleu et rouge, dont le bleu est la plus immatérielle. La nature ne la présente généralement que par l'effet de transparence du vide accumulé, vide de l'air, vide de l'eau, vide du cristal ou du diamant.
A droite, en haut dans le décor, se détachent deux êtres étrangement suspendus, de nature féminine, porteuse d'étendard et de la glaive de la justice surplombant la scène du combat. Des génies de la nation haïtienne arborent le bicolore bleu et rouge, dont le bleu est la plus immatérielle. La nature ne la présente généralement que par l'effet de transparence du vide accumulé, vide de l'air, vide de l'eau, vide du cristal ou du diamant.
Parlant du symbolisme des couleurs, le peintre Wassily Kandins (1866-1944) a fait cette remarque : "La profondeur du vert donne une impression de repos terrestre et de contentement de soi, tandis que la profondeur du bleu a une gravité solennelle, surpra-terrestre, cette gravité appelle l'idée de la mort ".
Chez Hugues Larose, le rouge dans le bicolore est la couleur symbolique de la guerre, le dualisme ciel et enfer. C'est la couleur de dionysos. La pourpre est la couleur des généraux, de la noblesse, des patriciens. Elle devient par conséquent celle des empereurs.
La 2e séquence nous ramène à la section culminante du tableau où nous trouvons debout Mme Macéna, mère de Charlemagne, portant en filigrane dans sa robe blanche la preuve de la trahison de Conzé.
A gauche et au fond du tableau, les soldats du contingent des fusiliers marins des Etats-Unis partent sous le regard inquiet de Mme Macéna voyant le dernier officier en possession d'une cruche remplie de secrets de notre culture. Alors que cette dernière devrait être de préférence écrasée derrière le convoi selon notre coutume afin d'empêcher les soldats de retourner dans le pays. La troisième séquence se trouve à l'extérieure droite de l'oeuvre en haut et en toile de fond, c'est la bande de rara en effervescence qui fête le départ des marines sans prendre du temps pour réfléchir sur les motifs qui ont occasionné l'intervention. Du reste, la bande de rara illustre fort bien la mentalité du peuple haïtien dans presque toutes ses composantes, toujours prêt à célébrer tout ce qui ressemble à la victoire sans pour autant penser à l'avenir, sans pour autant jeter un regard prospectif.
Hélas ! Et c'est là surtout la cause de tous nos malheurs.
Maxime Melay
Maxime Melay
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