Diplomatique "affrontement" entre le chef de la police et le commissaire du gouvernement sur la libération de "dangereux prévenus"
« Il n’y a pas de recrudescence de l’insécurité ; le niveau actuel de sécurité est acceptable ; il n’y aura jamais de niveau zéro d’insécurité », tels sont les propos « rassurants » tenus jeudi par le secrétaire d’Etat à la sécurité publique, Luc Eucher Joseph, et le directeur général de la Police Nationale d’Haïti (PNH), Mario Andrésol, lors d’une rencontre à la Chambre basse autour de la remontée de l’insécurité.
Les deux responsables de la sécurité publique accompagnaient leur patron, le ministre de la justice, Me René Magloire, le secrétaire d’Etat à la justice, Daniel Jean, le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Claudy Gassant et l’inspecteur général en chef de la PNH, Fritz Jean. L’invitation avait été lancée par la Commission justice et sécurité publique de la chambre des députés dont les membres se disent alarmés par la recrudescence de l’insécurité, notamment des actes de kidnapping.
La rencontre devait également se dérouler sur les problèmes enregistrés au niveau du système judiciaire incluant les libérations récentes de détenus, dont certains réputés dangereux, par le commissaire du gouvernement.
Le secrétaire d’Etat à la sécurité publique a condamné toute tendance à l’exagération du phénomène de l’insécurité. Selon lui, la situation actuelle n’est en aucun point comparable à celle qu’a connue le pays l’année dernière à la même époque. Reconnaissant la perpétration de certains actes de banditisme, il a déploré le fait que le black-out, dû au rationnement drastique ces temps-ci de l’électricité, facilite l’action des bandits.
Luc Eucher Joseph s’est félicité du fait qu’aucun gang connu soit actuellement en activité dans le pays. Evoquant le cas de l’unique chef de gang encore en cavale, Amaral Duclona, il a donné la garantie que, s’il se trouve dans le pays, il sera appréhendé.
Réaffirmant la détermination de la police à sévir contre les bandits, « même quand la justice libère ceux d’entre eux qui ont été appréhendés », le chef de la police, Mario Andrésol, a corroboré les dires du secrétaire d’Etat à la sécurité publique sur l’amélioration significative de la situation par rapport à l’année dernière.
En guise de réaction implicite à la critique contre la justice clairement émise par le directeur général de la police en ce qui concerne la libération de dangereux détenus, Me Claudy Gassant a mis en cause les problèmes techniques contenus dans les rapports de police et le non-respect par celle-ci de la période de garde à vue (48 hures, selon la Constitution).
Si la justice devait tenir compte de tels facteurs, 95% des personnes arrêtées par la police seraient libérées, a ajouté le chef du Parquet du Tribunal civil de Port-au-Prince. En raison de telles anomalies, il a exhorté le parlement à voter une nouvelle loi sur la garde à vue devant permettre à la police de disposer de beaucoup plus de temps pour préparer ses dossiers.
Claudy Gassant qui a souvent maille à partir avec des membres du haut commandement de la police, a enfin fait état d’une amélioration des relations entre le Parquet et la police.
A l’issue de l’audience, le député Ronald Larêche a exprimé son insatisfaction de la façon dont les autorités traitent le problème de l’insécurité. « La justice libère aveuglément des bandits écroués par la police alors que celle-ci, de son côté, ne manifeste aucun véritable engagement en vue de faire échec à l’insécurité », s’est plaint le parlementaire élu sous la bannière de la Fusion des sociaux démocrates haïtiens.
De nombreux cas de kidnapping et de meurtres ont été enregistrés ces derniers jours à Port-au-Prince. Alors que la Mission des Nations Unies pour la Stabilité en Haïti (MINUSTAH) accusait la presse d’exagération concernant la recrudescence de l’insécurité, le Fond des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) relayait, dans un communiqué en date du 29 novembre 2007, des informations faisant état d’une recrudescence alarmante des cas d’enlèvements et d’assassinats au cours des mois d’octobre et de novembre. « Les enfants ne sont pas épargnés et il apparaît clairement qu’ils sont souvent la cible directe de ces crimes odieux », soulignait le communiqué.
Citant la Direction centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), l’UNICEF indiquait qu’une vingtaine d’enlèvements aurait été perpétrés pour le mois de novembre seulement dans la région de Port-au-Prince. « Cette forme de délinquance n’est d’ailleurs plus limitée à la seule zone métropolitaine de la capitale, dans la mesure où de tels faits ont été rapportés à Gros Morne, au Cap Haïtien, aux Gonaïves et à Cabaret », lit-on dans le communiqué de l’agence des Nations-Unies, très impliquée dans les programmes d’aide en faveur des enfants haïtiens. [jmd/RK]
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article4496
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
samedi 8 décembre 2007
Insécurité : pas d’exagération, s’exclament des responsables de la sécurité publique au cours d’une audition au parlement
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