Le Village Monfleury contraste avec le paysage de Petite-Place Cazeau. Situé à un jet de pierre de l'Université populaire de Tarbarre, il offre l'allure d'un quartier moderne avec ses maisons ornées de fleurs, ses tracées impeccables, ses parkings de style californien.
Au village, chaque maison dispose d'installations électrique et hydraulique. Un réservoir de 20000 gallons environ alimente les maisons. Cette communauté, évaluée à cent familles environ, semble trouver un endroit idéal pour fuir les tintouins de toutes sortes.
Ce village est l'une des oeuvres de l'Entreprise publique de promotion de logements sociaux (EPPLS). Ses résidents sont comptés parmi les rares locataires qui respectent les clauses du contrat passé avec l'institution publique. « J'ai l'obligation de verser mensuellement mille gourdes à la banque populaire haïtienne, raconte Franck, un homme d'une quarantaine d'années habitant le village depuis sa construction dans les années 1990. Tout le monde ici honore son engagement envers l'EPPLS. »
Des millions de gourdes non collectées
La situation est tout à fait différente dans plusieurs autres projets gérés par l'entreprise publique. Certains quartiers ont échappé à tout contrôle. « A la faveur des troubles politiques qu'a connus le pays après le départ des Duvalier, les maisons ont été occupées anarchiquement, a regretté Claude Guerrier, directeur administratif de l'EPPLS. C'est le cas du projet Drouillard, Saint Martin, Linteau... »
Cette situation constitue un manque à gagner pour l'institution travaillant dans le domaine de logements sociaux. A côté de l'occupation illégale des maisons, l'EPPLS fait face à un autre problème : des bénéficiaires qui ne respectent pas leur engagement. La dette contractée envers l'institution par ces mauvais clients s'élève aujourd'hui à quelque 37 millions de gourdes.
L'entreprise ne veut pas pour autant faillir à sa mission. Elle vient de recevoir 20 carreaux de terre à Ganthier de la Direction générale des Impôts (DGI) pour la construction de nouveaux habitats en vue de répondre aux multiples demandes et besoins de logements.
Pour la réalisation de ce projet une avance de fonds a été faite par la Banque mondiale. « Nous sommes en pourparlers avec la BRH et le ministère des Affaires sociales pour le décaissement des fonds nécessaires au démarrage des travaux», a expliqué le directeur administratif de l'institution.
Ces travaux, a indiqué M. Guerrier, sont réalisés grâce au support de certaines institutions internationales, dont le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le Fonds d'équipements des Nations unies (FENU), la Banque mondiale et le « Kreditanstalt fuer Wiederaufbau » (KFW) de l'Allemagne, ajoutés au budget de l'institution élevé à hauteur de 16 millions de gourdes environ.
Une nouvelle dynamique
Pour surmonter les défis auxquels l'institution fait face, ses responsables ont décidé de définir de nouveaux objectifs. « Nous voulons maintenant aller vers les cadres moyens des entreprises publiques et privées, a informé le directeur administratif. Les familles et individus à faibles revenus ne sont pas pour autant négligés. »
Jusqu'à aujourd'hui, l'EPPLS est l'unique organisme public reconnu à pouvoir intervenir dans le domaine du logement social en Haïti. Depuis quelques années, des institutions philanthropiques comme « Food for the poor » et «Habitat pour l'humanité» travaillent dans le secteur.
Créée en novembre 1982 par décret présidentiel, l'EPPLS a remplacé l'Office national du logement (ONL) qui a succédé en 1966 à l'Office d'administration des cités ouvrières (OACO). D'après sa loi organique, l'EPPLS est chargée de réaliser des études et des recherches socio-économiques permettant d'établir l'ordre de priorités et des nécessités des logements pour tout le pays. Un objectif qui est loin d'être atteint par rapport à la crise de logements que connaît le pays actuellement.
Péguy André Joseph
peguy_andre@yahoo.fr
Wanzor Beaubrun
winby07@hotmail.com
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