L’important homme d’affaires répondait aux questions de Me Claudy Gassant sur la corruption en douane alors que des Sénateurs réclament le départ du commissaire du gouvernement
jeudi 23 août 2007,
Radio Kiskeya
Le chef du parquet était lui-même dans une situation très particulière, sa tête étant réclamée par les Sénateurs pour son absence non motivée et frondeuse mercredi à une séance de questionnement à la Chambre haute.
Présent sur les lieux très tôt dans la matinée, Boulos était accompagné de ses avocats Camille Leblanc, ancien ministre de la justice, Thierry Mayard-Paul, Grégory Mayard-Paul et Joël Petit-Homme. Cependant, Me Samuel Madistin, qui a dénoncé à plusieurs reprises l’illégalité de la convocation de son client, ne s’est pas présenté pour des raisons inconnues. Plus de six heures après son arrivée, l’interrogatoire n’avait toujours pas commencé en raison de la comparution simultanée d’autres personnes, a confié Me Petit-Homme à Radio Kiskeya.
Boulos bénéficiait du soutien pro-actif de plusieurs dizaines de résidents de Cité Soleil qui se massaient dans la cour du parquet. Certains d’entre eux ont exprimé leur reconnaissance envers l’entrepreneur pour sa contribution à l’éducation des jeunes dans le plus grand bidonville de Port-au-Prince.
Des agents de la Compagnie d’intervention et de maintien d’ordre (CIMO), une unité spécialisée de la PNH, assuraient un service d’ordre.
Médecin de profession, Réginald Boulos avait dirigé pendant plusieurs années les Centres pour le développement et la santé (CDS), une ONG créée par son père, feu Raphaël Boulos. Les violences politiques meurtrières qui sévissaient à Cité Soleil depuis le retour d’exil de Jean-Bertrand Aristide, en 1994, devaient entraîner la fermeture des CDS.
Responsable de plusieurs entreprises, le Dr Réginald Boulos, l’un des principaux représentants du monde des affaires, est notamment président du conseil d’administration du quotidien Le Matin et concessionnaire de véhicules. Très actif politiquement et impliqué dans des mouvements de la société civile, il avait ouvertement mené campagne en 2006 contre la réélection de l’actuel Président René Préval.
Avant M. Boulos, plusieurs autres membres du secteur privé se sont retrouvés ces dernières semaines dans le collimateur de la justice et ont été tous emprisonnés. Le 26 juillet dernier, Fritz Brandt et son fils David, accusés de fraudes douanières dans l’importation d’un camion, avaient été arrêtés et écroués à l’issue d’un interrogatoire marathon au parquet de Port-au-Prince. Des hommes de loi ont reproché à Claudy Gassant d’avoir dans ce cas outrepassé ses droits de chef de poursuite pour exercer les attributions du juge d’instruction. Des critiques rejetées par l’intéressé qui se défend de tout excès de zèle.
La semaine dernière, il avait d’ailleurs récidivé en se rendant au siège de l’entreprise dénommée Compagnie haïtienne de moteurs, propriété des Brandt, où il avait interrogé des employés. L’avocat des Brandt, Jean Gérard Eveillard, s’était plaint d’avoir été tenu ce jour-là à l’écart de ses clients. Un juge de paix à qui on avait fait appel en vue de dresser un procès-verbal aurait été, pour sa part, chassé de la compagnie.
Quatre autres hommes d’affaires, Franck Ciné, PDG de la compagnie de téléphonie cellulaire HAITEL et ex-actionnaire majoritaire de la SOCABANK et trois membres de l’ancien conseil d’administration, Patrick Vieux, Claudel Géhy et Patrick Poitevien, sont incarcérés depuis le 6 juin pour leur implication présumée dans la faillite de la banque commerciale.
Le Président René Préval a promis de livrer une guerre sans merci contre la corruption sous toutes ses formes. Ce projet est devenu depuis des mois un leitmotiv dans le discours officiel du pouvoir.
Jean-Claude Bajeux, rescapé de la dictature des Duvalier et figure emblématique de la lutte pour le respect des droits humains, a estimé que la relance des poursuites judiciaires contre Jean-Bertrand Aristide serait pour le chef de l’Etat la meilleure preuve de son engagement contre la corruption. Dès les premiers jours de son second mandat, Préval avait ordonné le retrait d’une plainte déposée par le gouvernement de transition (2004-2006) devant un tribunal fédéral américain contre l’ex-Président Lavalas, accusé d’avoir pillé le trésor public.
Si différents acteurs et secteurs se sont prononcés pour l’éradication de la culture de corruption omniprésente en Haïti, des réserves sont toutefois exprimées sur les méthodes du gouvernement Préval/Alexis et le caractère apparemment très sélectif et partisan des interventions de l’appareil judiciaire. spp/RK photo/lpp/RK
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