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vendredi 24 août 2007

Haïti/Justice: Claudy Gassant pas vraiment chanceux!

Les autorités judiciaires font face à une levée de boucliers suite à l'incarcération de certains hommes d'affaires et à l'annonce de nouvelles convocations pour obtenir, dit-on, des informations et des explications dans le cadre de la campagne anti-corruption.
Des hommes politiques et des parlementaires élèvent la voix depuis le début de la semaine pour critiquer les récentes mesures du parquet qui vient de convoquer un ancien président de la chambre de commerce et d'industrie d'Haïti (CCIH), Réginald Boulos et pour dénoncer la gestion jugée légère du dossier des businessmen pour lesquels des traitements spéciaux sont réclamés.
Des parlementaires accusent même certaines personnalités de vouloir entrainer le président René Préval dans un labyrinthe en prenant des dispositions susceptibles, selon eux, de mettre à mal la politique de réconciliation et d'apaisement du gouvernement.
A la veille de la convocation de M. Boulos, la commission justice du Sénat présidée par le sénateur Youri Latortue, a convoqué le ministre de la justice René Magloire, en lui faisant injonction de se présenter avec le commissaire Claudy Gassant, l'auteur des convocations qui posent problèmes, pour être questionné justement sur les convocations ou invitations adressées aux hommes d'affaires.
La Constitution ne donnant pas cette prérogative aux sénateurs, le chef du parquet ne s'est pas présenté devant les membres de la commission justice et irrite certains d'entre eux...
Claudy Gassant accusé de vouloir briser l'harmonie ambiante et de mettre l'autorité de l'Etat en danger, n'est pas très chanceux, car en réalité, il ne fait qu'appliquer une politique gouvernementale annoncée à haute et intelligible voix en mai dernier par le président René Préval, politique applaudie des deux mains par les différents secteurs du pays.
Le commissaire pointé aujourd'hui du doigt pour être à l'avant garde de l'application de cette politique, n'est réellement pas chanceux, puis que ce n'est pas la première fois que ça lui arrive.
En 2001, sous le gouvernement Aristide, quand en tant que juge d'instruction, il voulait convoquer et interroger certaines personnalités dans le contexte de l'assassinat du PDG de radio Haïti Inter, Jean Léopold Dominique, il affirmait avoir été l'objet de persécutions et obligé de s'exiler avant d'être pris en charge à l'étranger par des secteurs proches de ceux qui le diabolisent aujourd'hui, dans le cadre d'une campagne d'explication sur le " blocage de la justice en Haïti".
Il était alors perçu comme un héro, au point que 6 ans plus tard le président Préval l'a présenté comme un ancien exilé politique, lors du lancement la semaine dernière de la commission dite d'appui aux enquêtes judiciaires sur des cas d'assassinat de journalistes.
Le juge Gassant n'est pas vraiment chanceux!
Beaucoup de gens critiquent la politique de deux poids deux mesures pratiquée, selon eux, dans le cadre de la lutte contre la corruption.
Déjà, au début de l'affaire Franck Ciné, actionnaire majoritaire de la Socabank et PDG de la compagnie de téléphonie mobile Haitel, beaucoup se demandaient pourquoi cet empressement à le faire écrouer, alors qu'il n'y a aucune évidence de son implication réelle dans la faillite présumée de la Socabank, alors que des secteurs évoquaient des possibilités de règlements de compte.
Cependant, beaucoup ne s'étaient pas sentis concernés.
La Chambre de Commerce et d'Industrie d'Haïti (CCIH) affirmait même ne pas vouloir interférer dans le dossier et que c'était à la justice de trancher.
Même quand le président affirmait par la suite que ce n'était pas le PDG de la Haitel qui était emprisonné mais que le tour de celui-ci viendrait sous peu, là encore certains n'étaient toujours pas concernés. Et flatteurs même d'applaudir, jusque dans les rangs de parlementaires qui semblent vouloir aujourd'hui une amnistie limitée.
La justice doit être juste et impartiale. On doit la dénoncer avec une rigueur égale quand elle prend des décisions abusives contre un secteur ou un autre: hommes politiques, hommes d'affaires, militants de droits de l'homme ou simples citoyens enlevés ou écroués... à vie pour leurs convictions politiques.
Si chaque catégorie sociale veut d'une petite politique judiciaire rien que pour elle, et si les Haïtiens refusent de taire les vielles querelles politiciennes et les vieux réflexes GNBistes contre chimères, la justice ne fera un seul pas en avant et le pays est condamné à marquer des pas.
Il faut aussi que toute la société se convainque de cette réalité: toute société démocratique est régie par des lois. Ce qui implique une justice à une seule vitesse pour tous, des richesses pour tous, des droits, des devoirs et un pays pour tous.

http://www.ahphaiti.org/ndujour.html

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