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vendredi 3 août 2007

Entre la privatisation et le monopole d'Etat

L'Autorité portuaire nationale évoque des raisons d'Etat pour préserver son monopole dans le secteur maritime. Les wharfs du secteur privé sont limités au débarquement du ciment et de produits pétroliers. Certaines agences maritimes laissent transpirer leur malaise au Sénat de la République.
Containers et produits expédiés en vrac sont interdits de débarquement dans les wharfs privés depuis que l'Autorité portuaire nationale (APN) à émis une circulaire prônant le « monopole d'Etat » dans la gestion des ports. L'affaire dont l'enjeu économique est de taille a été portée devant la commission Transports et communication du Sénat de la République intéressée par la privatisation probante de l'APN. « Nos clients sont déjà informés de cette circulaire », déclare Yourie Mews du Terminal Varreux, touchée de plein fouet par cette mesure. L'APN, dit-elle, évoque des raisons d'Etat pour préserver son monopole en attendant que le processus de la privatisation soit mis en branle.
Cinq ports dont deux appartenant à la famille Mews, a indiqué un membre de la commission Transports et communication du Sénat, sont concernés par la circulaire de l'APN. « Le Terminal Varreux est limité au trafic de ciment et de produits pétroliers et celui de Thor, appartenant à la famille Kawly, seulement au ciment. Aucun monopole ne peut être établi en faveur de l'Etat et des collectivités territoriales que dans l'intérêt exclusif de la société »,a dit le parlementaire qui prend la Constitution de 1987 comme boussole.

La notion de monopole aurait divisé même les agences maritimes mécontentes des mesures de l'APN. Des quarante agences maritimes du pays, treize se sont regroupées au sein de la Commission nationale des agences maritimes, selon des chiffres cités par le sénateur Anacacis Jean-Hector, président de la commission Transports et communication du Sénat. « Cette association n'est pas ouverte à la trentaine d'autres agences maritimes. Cette restriction crée une friction dans le secteur maritime, principal intéressé par la privatisation de l'APN », a révélé un autre membre de la commission sénatoriale qui requiert l'anonymat.
Les enjeux de la privatisation probante de l'Autorité portuaire nationale ont été, la semaine dernière, au centre des débats au Sénat de la République. Après la Minoterie et la Cimenterie d'Haïti privatisées depuis près d'une décennie, l'APN pourrait tomber entre les mains du secteur privé. Déjà les 80% des services de l'APN, a indiqué Anacacis Jean-Hector, sont fournis par le secteur privé. Cette importante institution de l'Etat haïtien n'a pas les moyens, dit-il, pour fournir même à 20% des services relatifs aux containers réfrigérés et conventionnels.

Le personnel pléthorique de l'APN n'est pas en mesure de s'adapter aux normes internationales en vigueur pour la gestion des ports, estime un responsable d'agence. Quelque 200 professionnels, a dit l'homme d'affaires, pourrait fournir le même volume de travail pour lequel 1200 employés sont engagés par l'APN. Des chiffres qui paraissaient convaincants pour les parlementaires qui souhaiteraient une « privatisation à visage humain ».
« Nous ne pouvons pas sacrifier les employés sur l'hôtel de la privatisation», a répliqué le sénateur Rudy Hérivaux après que le Sénat de la République eut entendu la Commission nationale des agences maritimes pour moderniser l'APN. «Vu la situation de précarité qui existe dans le pays, il faudrait trouver au préalable une solution alternative», a-t-il ajouté.

Claude Gilles
gonaibo73@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=46930&PubDate=2007-08-02

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