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vendredi 3 août 2007

Des communautés acquièrent l'autonomie de décision en Haïti

Quelle est la priorité pour le développement d'une communauté rurale : rendre les routes praticables ou acheter de l'équipement pour produire ? Avoir accès à de nouvelles techniques agricoles ou construire une maison des jeunes qui incitera ceux-ci à rester au village ?

À Carice, commune reculée dans les montagnes au nord-est d'Haïti, les dirigeants locaux ont tranché : c'est l'approvisionnement en eau salubre qui fait le plus défaut.

Ils ont ainsi appuyé la demande d'une association de femmes de la région, Solidarité Femmes Larose, qui souhaitaient disposer d'une pompe à eau dans leur localité.

Un don de 17 900 dollars accordé par la Banque mondiale ainsi que la formation et l'assistance technique dispensées par le Centre d'étude et de coopération internationale (CECI - organisation canadienne liée contractuellement au gouvernement haïtien) ont permis à ces femmes de réaliser leur projet. Elles ont installé une pompe qu'elles ont appris à gérer tant sur le plan fonctionnel qu'économique.

Grâce à leurs efforts, 250 familles bénéficient aujourd'hui de l'eau potable.
« La pompe a amélioré la santé des gens. Les enfants ne souffrent plus de typhoïde ni de diarrhée : leurs mères sont plus tranquilles », déclare Islanne Jean Simon, coordinatrice de Solidarité Femmes Larose, qui envisage de renouveler l'expérience dans d'autres secteurs de la commune.

Le développement mené par la communauté (CDD)
Le projet d'approvisionnement en eau mis en oeuvre à Carice montre que certaines collectivités haïtiennes déterminent elles-mêmes leurs priorités.

Leurs initiatives touchent différents domaines, tels la conservation des sols, l'implantation d'un centre de transformation des fruits, l'achat de matériel de labour ou la construction d'une école communale.

Toutes ces initiatives font partie du projet de développement mené par la communauté (projet CDD) en Haïti, financé par une subvention de 38 millions de dollars de l'Association internationale de développement (IDA - institution de la Banque mondiale qui vient en aide aux pays les plus pauvres de la planète) et par une contribution des organisations locales à hauteur de 2,3 millions de dollars.

Pendant cinq ans, le projet fournira des fonds pour quelque 1 300 petits investissements dans 55 à 65 municipalités rurales et périurbaines, améliorant ainsi la vie de 195 000 personnes dans 42 % des communes haïtiennes.
Le principe du développement de proximité consiste à donner le contrôle direct des ressources aux communautés afin d'optimiser les résultats produits au niveau local, de renforcer la cohésion sociale et d'encourager une saine gestion.

« En Haïti, le gouvernement, la Banque mondiale, les collectivités territoriales et autres acteurs du développement travaillent conjointement pour soutenir les décisions prises par les communautés », affirme Henriot Nader, coordinateur national du projet CDD.
« Notre objectif est d'aider les gens sur place à prendre l'initiative pour améliorer leur existence et celle de leurs proches », ajoute-t-il.

Comment cela fonctionne-t-il ?

L'approche du CDD comprend une phase initiale consistant à définir les investissements par les organisations communautaires locales. Des conseils de mise en oeuvre des projets, démocratiquement élus, décident ensuite des priorités en fonction des ressources disponibles.
Garry Charlier, chef de projet CDD de la Banque mondiale pour Haïti, explique que « les projets d'investissement retenus bénéficient de dons de 17 500 dollars en moyenne. Ils sont préparés, mis en oeuvre, supervisés, exploités et entretenus par les acteurs locaux. »
Une agence gouvernementale, le bureau de gestion PL-480, est responsable des contrats de formation et d'assistance technique signés avec les fournisseurs locaux, tels le CECI et la Fondation panaméricaine de développement, afin de répondre aux besoins des communautés.
La Banque mondiale et le gouvernement haïtien assurent ensemble la supervision générale du projet. Cette collaboration s'inscrit dans l'engagement pris par la Banque mondiale d'aider, de manière générale, le pays à améliorer les conditions de vie de ses citoyens, renforcer la gouvernance et consolider l'état de droit.
« Tout l'attrait du développement de proximité tient à l'adéquation entre les objectifs des projets et les besoins réels des populations », souligne Mathurin Gbetibouo, représentant de la Banque mondiale en Haïti.
« En unissant les forces des membres de la communauté pour atteindre un même but, ces projets jouent également un rôle pacifique et réconciliateur », observe-t-il.

Améliorer les conditions de vie

Les efforts des groupes locaux haïtiens pour améliorer leurs conditions de vie produisent des résultats tangibles :
• La remise en état des routes a réduit les coûts de transport et facilité l'accès aux marchés et services de base pour les habitants de Carrefour Virgile-Bidouze, village au sud-ouest d'Haïti.
• Le centre de transformation de fruits installé à Gens-de-Nantes, près de Carice, a créé des emplois pour les femmes qui ont ainsi accru leur indépendance financière.
• À Brodequin, petite commune au sud du pays, un élevage de chèvres a considérablement amélioré les moyens de subsistance des familles rurales.
« Les communautés s'approprient littéralement leurs projets et elles récoltent ce qu'elles ont semé », se réjouit M. Gbetibouo.
Des investissements prometteurs
Pour chaque initiative sélectionnée par les conseils de développement de projet, plusieurs autres pourtant prometteuses n'obtiennent pas de financement.
À Carice, par exemple, trois suggestions faisaient concurrence à l'installation de la pompe à eau, dont la construction d'un moulin et un programme de santé animale.
L'équipe du projet CDD ne demande qu'à donner une seconde chance aux meilleures propositions finalistes.
« Nous voulons collaborer avec la diaspora haïtienne et d'autres donateurs pour trouver le moyen de financer ces investissements », confirme M. Charlier qui conclut : « Ensemble, nous pouvons changer les choses. »

sources: Banque Mondiale

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=46863&PubDate=2007-08-03

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"Toute fissure peut devenir porte ou fenêtre..." Franketienne (Ultravocal)

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