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lundi 27 août 2007

Haiti-Tourisme : A quand la renaissance du tourisme à Sans-Souci et à la Citadelle Laferrière ?

Lundi 27 août 2007
Par Joël Lorquet
Soumis à AlterPresse le 27 aout 2007
C’est toujours un plaisir de visiter le « Palais Sans-Souci » à Milot puis la Citadelle Lafferrière, deux monuments classés « Patrimoine Mondial de l’UNESCO ». Cependant, c’est avec le cœur serré que l’on constate qu’en l’an de grâce 2007, on a toutes les peines du monde à boucler les 18 kilomètres reliant le Cap-Haïtien à Milot, à cause de l’état piteux de la route.
Toute personne avisée ayant voyagé à l’étranger réalisera rapidement que les deux sites sus-cités sont sous-exploités pour ne pas dire négligés. Certains pays ont, à partir de rien, su attirer les touristes. Singapour par exemple a pu créer Sentosa Island qui représente aujourd’hui un véritable attrait touristique, alors que rien de particulier n’est remarqué sur cet îlot naturel. Pas la peine de mentionner les exploits accomplis par les autorités de la République Dominicaine dans le domaine touristique.
Une carence d’infrastructures
Aucun panneau d’identification ne figure sur tout le parcours conduisant à la Citadelle, et le touriste est obligé d’interroger le guide qui, pour sa part, n’est qu’un informateur improvisé, n’ayant reçu aucune formation pour la tâche qu’il exerce. Aucun restaurant ou aucune boutique vendant des cadeaux-souvenirs ou autres articles pouvant intéresser les touristes n’existe. Tout fonctionne dans l’informel, alors qu’un parking organisé aurait pu être économiquement profitable à l’Etat. Que dire de la possibilité d’installer un téléphérique reliant Milôt à la Citadelle pour les visiteurs plus pressés ?
Les ruines de « Massada », le grand palais du roi Hérode situé sur une montagne au Nord d’Israël est de loin comparable à la Citadelle Laferrière ; pourtant, les autorités de ce pays l’ont rendu attrayant et rentable en facilitant l’accès, grâce à un téléphérique s’élevant à 400 mètres. Des travaux de restauration devraient se poursuivre à l’intérieur de la Citadelle où sont constatées des détériorations de la toiture et des murs.
De moins en moins de touristes
En pleine saison estivale, il est curieux de constater, le jeudi 26 juillet dernier, qu’une vingtaine de visiteurs seulement (vraisemblablement des compatriotes en provenance de la diaspora) est attirée par la Citadelle Laferrière, monument qui aurait pu aisément figurer dans le nouveau classement des merveilles du monde si l’on tenait compte des conditions dans lesquelles le Roi Henry Christophe réalisa ce prodige à son époque, dans l’ignorance de l’appareillage technologique dont on dispose aujourd’hui. Ceux qui ont visité Sans-Souci et la Citadelle Laferrière au début des années 80 doivent se rappeler l’achalandage touristique que suscitaient ces sites. L’un des guides résidant à Milôt se plaint de la situation actuelle des monuments et soupire : « Depuis le départ de Duvalier, on ne reçoit point de touristes en provenance des bateaux de croisière car les organisateurs de tours leur enlèvent cette possibilité ». En effet, quatre fois par semaine, depuis un an et demi, les bateaux de croisière, de la Royal Caribbean Cruse Line mouillent à Labadie, mais les touristes sont obligés de se contenter de la belle plage sablonneuse, car la ville du Cap n’est pas en état de les accueillir. Même les touristes européens en provenance de la République Dominicaine, à qui on faisait visiter cette partie d’Hispaniola, ne viennent plus chez nous. Les habitants du Nord se souviennent du slogan qu’utilisaient nos voisins pour attirer les touristes : « Visitez la République Dominicaine et venez voir la Citadelle » …
Aujourd’hui, sur les 7 kilomètres de route reliant Milôt à la Citadelle les ¾ sont pavés en pierres jusqu’au parc de stationnement situé à Choiseul. De là, la Citadelle Laferrière est accessible en moins de quarante minutes à pied ou à cheval. Certaines parties de cette route qui vient d’être réparée à l’occasion de la 1ère édition des Rencontres Fondatrices « Caraïbes en Créations » tenues les 22 et 23 juin dernier, sont fouillées en dessous, ce qui constitue un véritable danger pour les usagers en cas d’effondrement.
Penser sérieusement au tourisme nécessite des actions concrètes
Prendre le tourisme au sérieux dans le Nord du pays voudrait dire : construire la route reliant Cap-Haïtien à Milôt ; restaurer le Palais de sans-Souci et le site des Ramiers ; structurer la ville de Milôt et la doter d’infrastructures appropriées ; protéger le Parc National Historique et son environnement écologique ; redonner à la deuxième vile du pays son aspect d’antan ; construire la route reliant Labadie au Cap-Haïtien.
Actuellement le mini-aéroport du Cap-Haïtien est desservi par de petits avions assurant le trajet vers les Bahamas, Turc and Caicos et Providentiales. Les compagnies aériennes, Lynx Air et Prestige, relient, 2 à 3 fois par semaine la deuxième ville du pays à Miami pour le premier, et Fort Lauderdale pour le second. Cependant en 2007, ne faudrait-il pas plutôt un aéroport international digne du nom pouvant permettre l’atterrissage de n’importe quel boeing ?
Incontestablement, le Nord dispose de beaucoup d’atouts pour un développement touristique, mais, ce qui manque aujourd’hui c’est la volonté, pas les idées ; le sens de l’initiative, pas les ressources humaines ; le choix des priorités, pas les moyens économiques, bref, la notion de leadership.
Contact :
Joellorquet@yahoo.com
http://www.alterpresse.org/spip.php?article6346

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