Mercredi 16 mai 2007
Paris, 16 mai. 07 [AlterPresse] --- La photographe Céline Anaya Gauthier a inauguré, dans la soirée du 15 mai 2007, une exposition de photos intitulée « Esclaves au paradis », autour des conditions de vie déplorable des coupeurs de canne haitiens en République Dominicaine.
Ce vernissage a eu lieu dans l’ancienne usine « Spring Court » à l’Est de Paris, en présence de plus de 500 personnes venues de tous les horizons, parmi elles, l’ambassadeur haitien en France, Lionel Etienne.
Plus d’une cinquantaine de photos couleur en grands formats accrochées à un beau mur blanc ont attiré les regards des nombreux visiteurs, qui se sont attardés sur des pieds fatigués, des mains exténuées, des malades en agonie, mais aussi sur des hommes et des femmes debout dans toute leur dignité, malgré la misère qui les accablent.
« Ce qui m’a le plus touché dans ces photographies, c’est le regard des gens. Je crois y lire beaucoup de messages », commente une vieille dame.
« Parce que vous avez vu, vous avez désormais une responsabilité et vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas », a pour sa part déclaré l’un des organisateurs.
Cette exposition de photos autour du thème « Esclaves au Paradis » a fait couler beaucoup d’encres et de salives, avant même son lancement, notamment en République Dominicaine où certains secteurs assimilent cette initiative à une campagne de dénigrement contre leur pays. Des membres de l’équipe d’organisation ont même reçu des lettres de menaces leur faisant injonction de désister.
« Il y a encore aujourd’hui dans le monde des situations qui sont des formes d’esclavage au Nord comme au Sud », a reconnu Kedhija Boucart, Maire adjointe de la ville de Paris, chargée de l’intégration et des étrangers non communautaires.
Boucart a cité quelques exemples de situations en France, telles les mauvais traitements accordés aux domestiques, aux familles d’immigrants sans papier qui fuient la guerre et qui sont venus se réfugier dans son pays.
« Depuis 2004, nous assistons en France à un durcissement contre les immigrants. Les lois restrictives entretiennent le racisme et la xénophobie. Au Nord comme au Sud, des gens obligés de se déplacer devraient pouvoir vivre décemment. J’espère qu’en montrant toutes ces misères et injustices, ces photographies aideront à faire changer les choses », a- t- elle poursuivi.
Elle en a profité pour présenter ses félicitations à la jeune photographe française, Céline Anaya Gauthier, pour son initiative et sa persévérance depuis plus de deux ans dans ce projet.
Dans un discours s’apparentant à une prière, Pedro Ruquoy, ancien prêtre des bateys qui n’avait jamais cessé de dénoncer les mêmes injustices, a offert cette exposition aux « milliers d’hommes et de femmes qui ont laissé Haiti pour venir « au paradis du Sucre ».
A côté de lui, se trouvait le Père Christopher Hartley, qui, lui aussi, a été expulsé de la République Dominicaine en raison de son engagement auprès des coupeurs de canne à sucre. En se remémorant certaines scènes de vie, Pedro Ruquoy n’a pu retenir ses larmes et plusieurs noms de victimes qu’il avait connues lui sont venus à la bouche.
Prenant la parole dans une salle chargée d’émotions, l’ambassadeur haitien en France, Lionel Etienne, a admis la responsabilité tant des autorités haïtiennes que dominicaines dans cette tragédie. Il y a des choses qui bougent en Haïti pour que les conditions de vie de la population s’améliorent.
Haïti a une grande responsabilité dans cette tragédie. Nous devons agir pour offrir d’autres perspectives à la population et changer ainsi cette réalité, a déclaré, en substance, l’ambassadeur.
Aucun représentant du gouvernement dominicain n’a été remarqué, bien que les autorités de la république voisine aient été invitées.
Cette exposition de photos, qui se tient à Paris du 15 mai au 15 juin 2007, a donné lieu à plusieurs programmes à la télévision et à la radio ainsi qu’à des articles dans plusieurs journaux autour de la réalité des immigrants haitiens en République Dominicaine. Un colloque intitulé « Sang, Sucre et Sueur », accompagnant l’événement, se tient ce 16 mai à la capitale française et plusieurs projections de films sont programmées pour le reste de la semaine.
« Esclaves au Paradis » est une initiative du Groupe « Pour que l’esprit vive », qui a choisi la photographie comme un moyen pour faire connaitre au monde certaines réalités qu’on a tendance à oublier, d’Amnistie Internationale, qui vient de publier un rapport sur les conditions de vie des migrants haïtiens et de leurs descendants en République Dominicaine, du Collectif Haïti de France et de plusieurs autres organisations. [cl gp apr 16/05/2007 08:00]
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Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
jeudi 17 mai 2007
Haiti-Rép. Dominicaine : Inauguration à Paris de l’exposition photographique « Esclaves au Paradis »
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