Par Maeva Bambuck 10/12/2010
Des milliers de protestataires venant des quatre coins de la capitale ont remonté la ville jusqu'au Conseil électoral provisoire (CEP), pour protester contre les résultats qui placent Mirlande Manigat et Jude Célestin, le candidat du parti au pouvoir, au second tour du scrutin. La plupart d'entre eux étaient des partisans du musicien Michel Martelly, dit Sweet Micky, arrivé en troisième position, à 0,64 % du deuxième candidat. Ils ont mis le feu à tout ce qu'ils trouvaient pour barrer la route aux hommes de la Police nationale haïtienne (PNH) et aux chars des Casques bleus.
Toute la journée, les chants Martelly président et À bas Préval ont résonné sur le flanc des montagnes qui entourent Port-au-Prince. Des manifestants menaçaient de mettre le pays à feu et à sang si leur candidat n'accédait pas à la présidence. Sur leur chemin, ils ont saccagé les quartiers généraux d'Inite («Unité»), le parti du président Préval et de son poulain, qu'ils accusent d'avoir truqué les résultats.
À Pétionville, quartier bourgeois de Port-au-Prince, les Casques bleus et la police ont tenu tête aux manifestants qui cherchaient à s'approcher des bureaux du siège du CEP. Ils ont répondu aux jets de pierres par des bombes lacrymogènes. Les affrontements ont duré toute la journée et une partie de la nuit.
Ses supporters manifestaient au lieu de voter
Des troubles similaires ont eu lieu dans tout le pays et ont été particulièrement violents aux Cayes, où des véhicules de l'ONU ont été pris pour cible, et dans le Nord, à Cap-Haïtien et à Hinche. Les effectifs des Nations unies avaient interdiction de sortir de leurs campements, sauf les Casques bleus et les unités de réaction rapide. Les ONG ont également imposé à leurs équipes de rester chez elles, alors que l'épidémie de choléra persiste.
Sous la pression des protestataires, le CEP a annoncé la mise en place d'une commission de vérification des résultats. Composée de membres du conseil électoral, d'adhérents des trois partis en tête, ainsi que d'observateurs internationaux, elle examinera tous les procès-verbaux disponibles au centre de tabulation. La différence entre les scores officiels et ceux annoncés par le Comité national d'observation, une instance financée par la communauté internationale, qui plaçaient Mirlande Manigat et Michel Martelly au second tour, fait croire à une manipulation des chiffres de dernière minute.
Cependant, selon Colin Granderson, le chef de la mission d'observation de l'Organisation des États américains (OEA), les résultats officiels ne sont pas si surprenants. Michel Martelly était régulièrement en troisième position dans les sondages. Il aurait aussi commis une erreur le jour de l'élection en appelant ses supporteurs à boycotter le processus électoral, qu'il jugeait invalide à cause de fraudes. Nombre de ses supporteurs seraient descendus dans les rues au lieu de prendre le chemin du bureau de vote.
Jeunes et déterminés
S'adressant à la nation mercredi après-midi, le président René Préval a appelé les Haïtiens à exercer leur droit de manifester dans le calme. Il a demandé aux contestataires de faire appel dans le cadre légal. Même message de la part de la mission onusienne en Haïti, qui se dit préoccupée par les émeutes.
Mais les supporteurs de Michel Martelly ne répondent qu'à un seul homme, et celui-ci les a appelés sur les ondes à rester mobilisés. Jeunes, fidèles et déterminés, ses partisans semblent avoir une énergie sans limites : ils se déplacent principalement en courant, au désespoir des journalistes, qui peinent à les suivre. Et puis ils savent que les émeutes ont fait leurs preuves lors de la dernière élection, en février 2006, lorsque les supporteurs de Préval avaient eux-mêmes remonté la ville pour envahir l'Hôtel Montana et demander avec succès que leur leader soit déclaré élu au premier tour.
http://www.lefigaro.fr/international/2010/12/09/01003-20101209ARTFIG00752-haiti-s-enflamme-pour-sweet-micky.php
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
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