Gaillot Dorsinvil évoque la « théorie de l'impossible » pour justifier le communiqué de l'institution électorale qu'il préside, autorisant les anciens gestionnaires de deniers publics à s'inscrire sans certificat de décharge dans la course présidentielle. Haïti: « Nous ne pouvons pas faire du tort à un candidat qui, n'ayant pas obtenu un certificat de décharge, veut [cependant] devenir président (...). La commission bicamérale n'existe plus, en conséquence nous ne pouvons pas pénaliser le citoyen ». Par ces propos, le président du Conseil électoral provisoire (CEP), Gaillot Dorsinvil, n'exprime jusqu'ici aucun regret d'avoir décidé de publier un communiqué autorisant tous les gestionnaires de deniers publics désireux d'accéder à la magistrature suprême à faire convenablement le dépôt de leur candidature à la direction des opérations électorales sur la base d'un rapport favorable de la Cour supérieur des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA).
Selon M. Dorsinvil, le CEP, par cette décision, a voulu réparer une certaine défaillance au sein de l'État. A l'entendre, le dossier d'un ancien gestionnaire de deniers publics qui devient président sans avoir obtenu auparavant un certificat de décharge pourrait être reconsidéré à l'avenir.
Cette question a été agitée ce jeudi au siège social de l'institution électorale, à l'occasion du tirage au sort permettant aux partis politiques récemment agréés d'obtenir un numéro de campagne. « Le CEP dispose-t-il de provisions légales pour adopter une telle décision qui fait fi de l'article 233 de la Constitution ? », demande un journaliste à M. Dorsinvil. « Il y a deux façons d'obtenir un certificat de décharge : par le moyen de la Cour supérieure des Comptes et par le moyen de la commission bicamérale. Celle-ci n'est plus ». Dans sa tentative de réponse, le président, qui asseoit son idée sur une base théorique, invite les travailleurs de la presse à se référer à la « théorie de l'impossible ». Celle-ci a été évoquée, a-t-il rappelé, par un professeur de droit constitutionnel dans un article publié dans un journal sur la problématique de décharge.
« Le communiqué # 16 du CEP pose problème, à mon avis, parce que tel que présenté, il court-circuite le processus de décharge qui, selon la Constitution, passe par le Parlement. La résolution a été prise en mon absence due à des raisons indépendantes de ma volonté. Je ne l'ai donc pas signé et, en plus, je ne puis le cautionner, faute d'arguments », avait expliqué la conseillère Ginette Chérubin dans une interview au journal Le Nouvelliste. A en croire M. Dorsinvil, Mme Chérubin semble avoir rectifié le tir. « Mme Ginette Chérubin s'est ravisée et est toujours conseillère [contrairement aux rumeurs faisant croire qu'elle allait remettre sa démission] », dit le président.
En tout cas, les nouvelles déclarations de M. Dorsinvil qui, décrié dans les milieux politiques à l'instar de ses collègues au sein de l'organisme électoral, ont vite soulevé la colère de la plupart des représentants de 13 partis, groupements et regroupements politiques venus assister au tirage au sort en présence du juge de paix suppléant de Pétion-ville, Godelie Joseph Hilaire. C'est le cas de Gérard Evans Beaubrun, secrétaire général-adjoint du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP), qui considère les déclarations de Gaillot Dorsinvil comme une insulte à la population. « Le président a décidé de violer la Constitution et la Loi électorale dans le but de remplir un vide existant théoriquement au sein de l'Exécutif. C'est un désordre, une bêtise, une insulte », s'est indigné M. Beaubrun, rappelant que les conseillers électoraux sont passibles de la Haute Cour de Justice.
Alors qu'il reconnaît que les prochaines élections ne seront pas crédibles, M. Beaubrun a cependant indiqué que son parti politique participera coûte que coûte à ces joutes. « Nous ne laisserons aucune occasion pour que des individus volent nos votes », prévient-il. Il dit être obligé de prendre part à ces compétitions électorales parce qu' « il faut mettre des garde-fous ».
Entre-temps, les séances d'audition des contestations des candidatures ont débuté ce jeudi au Bureau du contentieux électoral départemental. Trois affaires concernant les candidats Wyclef J. Jean (Viv Ansanm), Lavarice Gaudin (Veye Yo) et Jean Bertin (PSH) ont été entendues. La liste des prétendants présidents agréés doit être publiée le 17 août prochain, selon le calendrier électoral. Toujours est-il que le Conseil électoral provisoire a renouvelé son engagement d'organiser des élections crédibles, inclusives et démocratiques.
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=82397&PubDate=2010-08-12
Liste des 13 nouveaux partis politiques auxquels un numéro de campagne vient d'être attribué dans le cadre des élections du 28 novembre 2010 :
1. Alliance chrétienne et citoyenne pour la reconstruction d'Haïti (ACCRHA), #60
2. Ayisyen pou Ayiti, #67
3. Force 2010, #58
4. Forces militantes révolutionnaires (FMR), #66
5. MOPANOU, #65
6. Organisation politique Wozo, #61
7. Parti national pour le développement (PND), #57
8. Parti reconstruire Haïti (RH), #56
9. Parti renaissance haïtienne (PAREH), #59
10. Pati pèp la, #62
11. Platfòm 16 desanm, # 64
12. Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP), #68
13. Renmen Ayiti, #63
Victor Jean Junior
victorjeanjunior@lenouvelliste.com
Commentaires:
On retient que pour les prochaines élections haïtiennes, il y a plus de 68 partis politiques inscrits. Si on tient compte des récalcitrants et ceux qui vont appeler au boycott des joutes, nous comptons plus de 80 partis politiques.
Nous avons 34 candidatures déposées sur une liste pour aggréément du Conseil Electoral Provisoire.
Nous sommes assez curieux de savoir ce que disent les lois électorales sur le financement des partis et des campagnes électorales.
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
vendredi 13 août 2010
Décrié, Gaillot Dorsinvil s'assume
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