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lundi 21 janvier 2008

Mûr pour de nouveaux marchés

Très nutritif, le fruit de l'arbre à pain est une alternative saine et bon marché aux aliments importés. Pourtant, en dépit de ses nombreuses qualités, ce fruit polyvalent est encore sous-exploité. Une amélioration des techniques de production et de transformation aiderait à remettre au menu cet aliment traditionnel.
À son départ de Tahiti en 1787, l'infortuné Bounty du capitaine Bligh avait à son bord 1 015 plants d'arbres à pain en pots. La plupart furent perdus dans la mutinerie qui suivit, mais l'infâme capitaine finit par débarquer l'arbre à pain aux Caraïbes lors de voyages ultérieurs. Cet arbre avait été domestiqué dans la région du Pacifique bien avant que Bligh n'y navigue, son fruit nourrit les îliens depuis plus de 3 000 ans. À part le Pacifique et les Caraïbes, l'arbre à pain pousse aussi dans certaines régions côtières d'Afrique, en particulier au Mozambique et en Guinée. Mais il ne faut pas confondre l'espèce Artocarpus altilis Fosb avec le fruit à pain africain (Treculia africana), une tout autre plante, ni avec le fruit du jaquier (Artocarpus heterophyllus) auquel il ressemble. Polyvalent, l'arbre à pain fournit aliment, bois, médicaments et insecticides naturels ; il fait partie intégrante des jardins de nombreuses communautés des pays ACP. Bien que pratiquée dans près de 90 pays, la culture de cet arbre reste à développer. Sa valorisation permettrait de faire progresser nutrition et revenus. Les perspectives d'amélioration des variétés cultivées et des procédés de transformation pour fabriquer des produits à haute valeur ajoutée sont très vastes. Lors du premier symposium international sur la recherche et le développement du fruit à pain, en avril 2007, Aleki Sisifa, directeur du Département des ressources foncières du Secrétariat de la communauté Pacifique, a déclaré que le fruit à pain est sous-exploité faute d'attention de la part des instituts de recherche et des gouvernements.

Transformation et conservation

Le symposium organisé à Nadi, Fidji, avec l'appui du CTA a fait le point sur les recherches sur l'arbre à pain, la conservation des ressources génétiques et le développement de produits alimentaires. Plusieurs intervenants ont souligné la valeur du fruit à pain comme aliment local sain, surtout dans le Pacifique où la tendance croissante à consommer des aliments transformés importés est lourde de conséquences pour la santé et l'économie. Le fruit à pain est riche en calories, en vitamines A, B (thiamine, riboflavine et niacine) et C, en phosphore et en fer. Il entre dans la préparation de nombreux plats - hors-d'oeuvre, salades, soupes, ragoûts, pains et desserts. Tout comme la banane fruit et plantain, il peut être consommé comme légume avant maturité ou comme fruit une fois mûr.
Selon les nutritionnistes et les chercheurs soucieux de le promouvoir, il est possible de développer de nouvelles techniques de transformation alimentaire à partir des méthodes traditionnelles. La fermentation est une voie intéressante si l'on adapte des techniques employées dans la préparation de plats tels que les masi ulu, des biscuits de fruit à pain fermenté des îles Samoa. Lors d'une visite récente à Pohnpei, le Dr Richard Beyer, spécialiste en science alimentaire, a montré comment moudre, mouler et frire le fruit à pain pour fabriquer un savoureux amuse-gueule local. À la Barbade et à Trinité-et-Tobago, on commercialise des chips. Toujours à la Barbade, la farine du fruit séché remplace parfois en partie la farine de blé pour le pain. Elle est plus riche en lysine et autres acides aminés essentiels que la farine de blé. En Jamaïque, cette farine est bouillie et sucrée pour être consommée en porridge au petit déjeuner. Les surplus ou les fruits endommagés peuvent servir d'aliment du bétail. Dans le Pacifique, on encourage les petits éleveurs de porcs à utiliser le fruit comme base d'une ration équilibrée. En effet, des tonnes de fruits à pain impropres à la consommation humaine sont perdues chaque année, alors qu'on importe des aliments pour les porcs.

Dans certains pays ACP, les Fidji et Samoa notamment, le fruit à pain devient un produit d'exportation. Sangeeta Prasad, de Food Processors Ltd aux Fidji, explique que sa société a du mal à satisfaire la demande croissante en Australie, au Canada et en Nouvelle-Zélande. À la Dominique et à Trinité-et-Tobago, le fruit à pain est mis en conserve pour expédition en Nouvelle-Zélande, au Royaume-Uni et aux USA. D'autres techniques, dont la congélation et le conditionnement sous vide, ont été mises au point pour améliorer la conservation pour l'exportation. Certains exportateurs jamaïcains précuisent les fruits entiers pour en figer le suc, les laissent refroidir puis les expédient par bateau vers l'Europe et les USA.

Des marchés outre-mer Selon Andrew McGregor, coordinateur du Projet fidjien de développement de l'industrie du fruit à pain, les communautés d'îliens du Pacifique vivant en Nouvelle-Zélande offrent un gros marché potentiel, mais il faut améliorer les techniques après récolte et le conditionnement. Le fruit à pain continue de transpirer après la récolte, si bien que les cartons d'emballage ramollissent et s'affaissent. Les importateurs souhaitent des fruits calibrés et mieux emballés.

On essaie par ailleurs d'améliorer la qualité du fruit lui-même. Le Département de la recherche du ministère de l'Agriculture des Fidji développe actuellement la culture de plants selon divers modes de propagation tels que marcottage, bouturage et drageons. Des cadres du ministère et des exportateurs collaborent étroitement pour lutter contre les ravageurs. Dans le même temps, des recherches visent à mettre à la disposition des agriculteurs de la région une variété naine de l'île de Niutao dans le Pacifique. Les négociations avec les insulaires ont débouché sur un accord de production massive de l'arbre - populaire en raison de la facilité avec laquelle on peut le cultiver et le récolter - et de distribution aux petits agriculteurs d'autres îles.
Spore
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=53264&PubDate=2008-01-19
Notre avis :
Enfin notre « LA-M VERITAB » est à l’honneur et fait l’objet d’une distinction que nous lui avons refusé pendant des années. Oui combien il nous manque cette tranche de « POLO » notre « accordéon » sorti frais émoulu du plateau de la marchande de fritailles du coin ?
Certains fruits et légumes qui font partie de notre régime alimentaire subissent une certaine discrimination. Et ceci souvent au détriment de notre réalité et de notre culture.
Manger les tubercules du terroir est l’option du pauvre. Déguster un bon morceau d’arbre à pain bouilli stigmatise ceux qui sont dans le besoin étranglés par la misère. Il est de mise d’accepter des prouesses pour s’acheter du riz ou des céréales détaillé par les vendeurs de tout et n’importe quoi.
Il est surtout intéressant de vois le regard que nous autres de la diaspora nous jetons sur ces produits bien de chez nous qui nous rappellent tant de choses !

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