Magdaline Boutros, La Presse Canadienne
Montréal
Malgré les menaces de poursuite du gouvernement français, le collectif CRIME a annoncé, jeudi, qu'il poursuivra ses actions pour dénoncer «l'hypocrisie des puissances occidentales» à l'endroit du peuple haïtien.
Le groupe avait lancé un canular dans Internet, la semaine dernière, affirmant que la France allait rembourser à Haïti une importante somme perçue lors de son accession à l'indépendance.
En conférence de presse, quatre membres du Comité pour le remboursement immédiat des milliards envolés d'Haïti (CRIME) se sont présentés, masqués pour protéger leur identité, pour poursuivre leurs attaques à l'endroit de la France.
Selon la porte-parole du groupe, qui utilise le pseudonyme Laurence Fabre, la reconstruction d'Haïti serait assurée si le gouvernement français acceptait de restituer les 90 millions de francs exigés à son ancienne colonie pour qu'elle réalise son indépendance en 1804.
Pour ramener cet enjeu dans l'actualité, le collectif CRIME avait faussement annoncé, le 14 juillet dernier, la restitution par le gouvernement français de 21 milliards $ US au peuple haïtien.
L'annonce avait été diffusée par le biais d'une conférence de presse, mettant en scène une fausse porte-parole du ministère des Affaires étrangères, sur un pastiche d'un site Web du gouvernement français.
Et que les gouvernements d'autres pays se le tiennent pour dit, le collectif, formé d'une vingtaine de Canadiens, d'Américains et de Français, envisagent d'autres actions, visant d'autres pays occidentaux, pour défendre les intérêts d'Haïti.
«Nous avons l'intention de continuer ce type d'actions pour pousser l'enjeu de la restitution», a admis Laurence Fabre.
Le groupe s'est inspiré des Yes Men, un groupe qui avait mis le Canada dans l'embarras au sommet de Copenhague en décembre dernier avec un canular sur la réduction des gaz à effet de serre.
Et, si l'on en croit le collectif, le plus récent exemple de ce type de canular a réussi.
Selon CRIME, la fausse conférence de presse aurait été vue 50 000 fois le jour de sa mise en ligne. Plusieurs médias avaient également repris la nouvelle, dont le New York Times.
Le canular a rapidement été dénoncé par le gouvernement français. Un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a déclaré que des poursuites étaient envisagées. Aucune mise en demeure n'a toutefois encore été déposée.
«Il y a encore beaucoup de travail à faire pour lancer un réel débat, mais on en a parlé dans plusieurs médias depuis notre action menée le 14 juillet», a fait valoir Mme Fabre, pour expliquer le geste d'éclat.
«Si le gouvernement français nous poursuit, ça nous donnera simplement encore plus de visibilité», a-t-elle poursuivi.
En conférence de presse, jeudi, deux membres de la communauté haïtienne de Montréal ont apporté leur soutien à l'initiative du groupe.
Serge Bouchereau, qui se décrit comme un résistant haïtien, a félicité le collectif. «Toutes les communautés haïtiennes sont fières et heureuses de cette action, menée par des amis du peuple haïtien», a-t-il dit.
«Cette somme a été extorquée après que le peuple haïtien ait réalisé son indépendance et battu l'armée napoléonienne. Aucun autre pays a dû payer son indépendance de la sorte», a-t-il décrié.
Il a également rappelé que l'aide internationale est assortie de conditions. Or, si la France restituait à Haïti les sommes qu'elle a perçues, le pays pourrait assurer seul sa reconstruction, croit-il.
«On peut ramener les problèmes économiques d'Haïti à cette dette originelle», a soutenu Mme Fabre. La perle des Antilles a mis 122 ans à rembourser sa mère-patrie. Cette dette représentait une compensation pour la perte de profits découlant de la traite des esclaves.
Selon des estimations qui prennent en considération l'inflation et les intérêts, la dette payée représenterait aujourd'hui quelque 40 milliards $ US. L'ex-président Jean-Bertrand Aristide, en exil depuis le coup d'État de 2004, avait déjà entrepris des procédures légales pour la restitution de quelque 21 milliards $ US.
Selon les chiffres présentés par le groupe, la communauté internationale aurait promis le versement de 5,3 milliards $ à Haïti au cours des 18 prochains mois pour aider à la reconstruction à la suite du séisme. Seulement 2% de ce montant serait parvenu à Haïti jusqu'à maintenant.
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/seisme-en-haiti/aide-internationale/201007/22/01-4300462-haiti-le-collectif-crime-reste-actif-malgre-les-menaces-de-poursuite.php
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
jeudi 22 juillet 2010
Haïti: le collectif CRIME reste actif malgré les menaces de poursuite
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