Le policier Stéphane Caputo est particulièrement touché par la grande misère dans laquelle vivent les enfants haïtiens, dont le courage est immense malgré la terrible épreuve qu'ils vivent en Haïti.
(Sherbrooke) Stéphane Caputo a pris l'avion pour Haïti en octobre dernier afin de poursuivre une mission de l'Organisation des Nations unies (ONU) à laquelle participent des policiers de la Sûreté du Québec (SQ) depuis plusieurs années déjà. Au départ, il formait des policiers-enquêteurs haïtiens. À mille lieux de celle d'ici, sa vie semblait toutefois assez confortable en Haïti.
Puis vint le séisme si destructeur du 12 janvier, qui changea tout: la mission, le travail du policier québécois et de ses confrères, ses conditions de vie, sa perspective sur le peuple haïtien.
«Après la mission, on a surtout fait du travail de terrain. On a beaucoup été dans les camps, on a côtoyé la misère. Les premiers temps après le séisme ont été vraiment difficiles. On faisait beaucoup d'heures, on était sous le gros soleil douze heures par jour avec tout notre équipement sur le dos, les gens venaient souvent nous donner leurs enfants en nous demandant de les ramener au Canada... Comme policier, on a une carapace d'habitude, mais pendant cette période-là, je peux vous dire qu'elle était mince ici!»
Faire une différence?
C'est par choix que Stéphane Caputo a décidé de demeurer à Haïti après le tremblement de terre. En effet, la Sûreté du Québec a offert à ses membres de rentrer au bercail, le sens de la mission ayant trop changé pour que ses policiers soient tenus de respecter leur engagement. Mais le policier a refusé d'abandonner les Haïtiens.
«Malgré tout, ce fut une très belle mission. J'avais envie de relever un défi dans ma carrière après 18 ans de service à la SQ, et c'est ce que j'ai eu.»
Heureusement, la maison où il logeait a tenu le coup après le tremblement de terre et ses nombreuses répliques. Et les policiers de la SQ, dont plusieurs provenaient de la région estrienne, ont même réussi à manger à leur faim après le séisme, bien que... «Certains jours, ça n'a pas été facile.»
Le travail de Stéphane Caputo aura-t-il fait une différence en bout de ligne pour les Haïtiens? se demande-t-il parfois.
«Il y a tellement de travail à faire que c'est difficile de savoir si on a été vraiment utile. Mais je sais que j'ai fait une différence pour des enfants à qui j'ai remis le premier jouet de leur vie ou pour une de nos employées à qui on a fait une épicerie avec tout ce qu'elle voulait...» cite-t-il en exemples.
Puis il n'oubliera jamais les enfants haïtiens. «J'ai vu des orphelins seuls dans les rues, pour qui on ne pouvait rien faire parce que les ONG débordaient. On voyait la détresse dans leurs yeux et on était impuissants... Ça, c'est le genre d'image qui ne s'effacera jamais...»
Pas d'amélioration
Un peu plus de six mois après le grand tremblement de terre, le policier de la Sûreté du Québec à Sherbrooke n'a pas vu beaucoup de changements du côté de la qualité de vie des Haïtiens. L'effort international y est sans doute, mais...
«Les immeubles dangereux n'ont pas bougé. Les débris sont encore là où ils sont tombés, à moins d'avoir été déplacés juste assez pour laisser passer une voiture. Sur le terrain, il n'y a pas encore beaucoup de choses perceptibles», fait savoir le sergent-enquêteur.
Dans les camps de sinistrés, le policier a vu beaucoup de colère et de frustration. Les crimes commis étaient fort nombreux... et le sont toujours, d'ailleurs.
«Avec l'arrivée de la saison des pluies, les conditions sanitaires qui étaient déjà épouvantables se sont encore empirées. La malaria, entre autres, a fait des ravages. Ici, la maladie n'est pas quelque chose de prioritaire.»
Bientôt à la maison
Voilà que sa mission tire à sa fin. Après neuf mois, il rentrera enfin rejoindre sa famille qui s'est beaucoup inquiétée, après le séisme particulièrement.
«Le jour du tremblement de terre, certaines maisons voisines à la mienne sont tombées. Pourquoi pas la nôtre? Pendant plusieurs semaines, comme il y avait beaucoup de répliques, j'ai eu peur. J'ai mal dormi. Pour la famille qui vit ça à distance, ce n'est pas facile non plus», explique-t-il.
Mais la famille a compris pourquoi Stéphane Caputo souhaitait rester au pays et l'a soutenu, explique ce père de deux enfants de 16 et 10 ans.
Bientôt de retour, le policier profitera de quelques semaines de vacances. Ensuite, Stéphane Caputo reprendra son boulot d'enquêteur à l'Escouade régionale mixte, où l'attendent beaucoup de défis.
«Ce sera complètement différent de ce que j'ai vécu à Port-au-Prince, mais je ne pense pas m'ennuyer. Après neuf mois, j'ai hâte de retrouver une vie plus normale», avoue-t-il.
http://www.cyberpresse.ca/la-tribune/sherbrookois-monde/201007/20/01-4299803-les-images-marquantes-dhaiti.php
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