mardi 20 novembre 2007
Les textes chantés de Jean Gesner Henri, dit « Koupe Klouwe », continuent d’exercer une attraction sociale en Haïti, constate Vantz Brutus, chercheur en communication sociale.
P-au-P, 20 nov. 07 [AlterPresse] --- Le défunt musicien du rythme dénommé « Konpa » (compas), Jean Gesner Henri, plus connu en Haïti sous le nom de « Koupe Klouwe », sobriquet obtenu pendant son passage dans un club de football de la capitale haïtienne, avait accordé une préférence pour la thématique « femme et sexualité », révèle une étude sur la représentation du genre réalisée par Vantz Brutus, jeune chercheur en communication sociale.
« Ce qui m’intrigue, c’est l’attraction sociale que ces chansons [de Gesner Henri qui a évolué au sein de « l’ensemble select »] traitant de la femme continuent d’exercer », affirme l’universitaire Brutus qui a soutenu, le jeudi 15 novembre 2007 à Port-au-Prince, son mémoire de sortie à la faculté des sciences humaines de l’université d’Etat d’Haïti (Ueh).
La présentation des résultats de cette étude, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse, s’inscrit dans le cadre du mémoire de sortie de Brutus, pour l’obtention de licence en communication sociale, à la faculté des sciences humaines.
L’étude de Vantz Brutus concerne le « matériel verbal » des chansons composées et interprétées par Jean Gesner Henri et son groupe dénommé « Ensemble Select Coupé Cloué ».
« Il ne s’agit pas d’un procès de l’Ensemble Sélect Coupé Cloué. Nous ne portons pas de jugements de valeur sur le contenu des messages véhiculés. Nous cherchons juste à saisir le contenu des chansons consacrées à la femme », précise Vantz Brutus dans sa recherche.
Les chansons de Jean Gesner Henri (10 mai 1925 – 29 janvier 1998) sont aujourd’hui encore très prisées dans le monde musical haïtien, où certaines d’entre elles sont utilisées par de jeunes formations musicales.
Dans son mémoire de sortie, Vantz Brutus signale l’utilisation, en 2006, d’un morceau de Coupé cloué « Ban m afè m » (Donne-moi mon affaire, en Français) par le groupe hip-hop « Barikad Crew ».
Le groupe « Barikad Crew » a été désigné, par la revue « Ticket Magazine », meilleur groupe rap de l’année, avec cette chanson, qui a connu un succès remarquable à la radio et est très sollicitée par les jeunes, rappelle Brutus.
Chaque week-end, les chansons de Gesner Henri sont régulièrement en rotation sur plusieurs stations de radio à Port-au-Prince. Ces chansons sont, en général, dédiées à la gente féminine posant ainsi la question de la représentation sociale de la femme en Haïti, souligne le jeune chercheur.
La représentation sociale des femmes est, selon Brutus, un sujet qui gagne de l’intérêt depuis les 50 dernières années, dès la parution en France du livre de Simone de Beauvoir « Le deuxième sexe ».
En Haïti, très peu de recherches scientifiques inspirées du milieu ont été effectuées sur la question du genre, constate Vantz Brutus. En outre, souligne-t-il, des griefs sont régulièrement soulevés contre les musiciens haïtiens qui véhiculent des messages sexistes à travers leurs chansons.
Le chercheur affirme n’avoir retrouvé qu’une étude de Raoul Vital (licencié lui aussi en communication sociale) sur les représentations sociales de la femme.
D’après les conclusions de Vantz Brutus, les chansons de Jean Gesner Henri dit « Coupé Cloué » présentent une image négative de la femme, en raison du fait que ces chansons privilégient un angle dégradant de la femme.
« La femme est peinte comme le mal, les termes les plus imagés et les plus dégradants sont utilisés pour souligner le dégoût et l’aversion pour ce sexe », écrit le jeune chercheur.
Les compositions de « Coupé Cloué », aux dires de Brutus, devraient être considérées comme un baromètre pour s’évaluer et apprécier l’évolution des idées sur la perception de la femme, tant au niveau social qu’individuel en Haïti. [do rc apr 20/11/2007 9:00]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article6648
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mardi 20 novembre 2007
Haïti/Genre : La représentation de la femme dans les chansons d’un défunt musicien du compas, vue par un jeune chercheur
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