Quelque six mille individus vivent dans des conditions inhumaines dans la localité de Pinquoi, un hameau situé à environ 15 km de Cerca-Cavajal (Plateau central). Sans électricité, sans eau potable, sans soins de santé... cette population semble dépendre de la nature qui, comme on le sait, ne fait pas toujours de cadeau.
Quelques boites d'allumettes éparpillées dans une corbeille rouge et une douzaine de sachets noirs, c'est tout ce qui compose le commerce d'Adeline, une fillette vivant dans les hauteurs de Pinquoi. La tête nouée d'un mouchoir multicolore, les pieds nus, elle prend place à la première rangée à la chapelle catholique de cette localité où se déroule la cérémonie d'inauguration de l'Ecole nationale de ce hameau retiré du Plateau central.
Comme plusieurs centaines d'autres jeunes de son âge, Adeline n'a pas encore la certitude de trouver une place à la première institution scolaire construite dans la zone. « L'ouverture des classes est annoncée pour le mois prochain », lance, pantois, la jeune adolescente qui n'a aucune idée de son âge. Adeline a apparemment quinze ans. Un âge avancé qui pourrait constituer un obstacle à son inscription dans l'unique institution scolaire de la localité.
Si elle ne maîtrise pas encore les vingt-six lettres de l'alphabet français, Adeline n'a pas besoin de calculatrice pour ses opérations dès qu'il s'agit de la vente d'un produit. « Parallèlement au commerce, je vais à l'école, dit-elle, les yeux collés au sol comme pour cacher sa timidité. Je suis en première année. »
La vraie école
Si elle ne maîtrise pas encore les vingt-six lettres de l'alphabet français, Adeline n'a pas besoin de calculatrice pour ses opérations dès qu'il s'agit de la vente d'un produit. « Parallèlement au commerce, je vais à l'école, dit-elle, les yeux collés au sol comme pour cacher sa timidité. Je suis en première année. »
La vraie école
A Pinquoi, la vraie école, c'est le commerce et l'agriculture. De très tôt, les filles sont initiées à l'achat et à la vente de produits de première nécessité. Les garçons, eux-mêmes, s'adonnent à l'agriculture. Généralement, c'est à l'âge de dix ans que les enfants sont envoyés à l'école. « C'est à Cerca-Cavajal que nos enfants vont à l'école. Il faut marcher pendant trois heures pour y arriver. Le trajet est trop dur pour les enfants de moins de dix ans », raconte Périlus Pierre, un notable de Pinquoi.
Très peu d'enfants acceptent de faire un si grand sacrifice pour apprendre à lire et à écrire. Face à un tel constat, le député de Cerca-Cavajal, Rodon A. Bien-aimé, de concert avec l'Organisation paysanne pour le Développement du Centre (OPDC), ont écrit au ministre de l'Education nationale pour lui demander d'ouvrir une école nationale à Pinquoi. Une demande à laquelle les responsables du ministère ont répondu sans perdre de temps.
En attendant sa construction, l'Ecole nationale de Pinquoi va être logée dans la chapelle de la zone. Toutes les dispositions ont été déjà prises pour faire fonctionner l'institution. Les cinq professeurs nommés par le ministère de l'Education nationale ont été présentés à l'assistance par le directeur départemental du Centre, Denès Métellus. « Les professeurs vont-ils accepter de venir ici de tous les jours », s'interroge un parent en se rappelant que Pinquoi n'est accessible ni à moto, ni en voiture. « Nous ferons le sacrifice », répondent les cinq jeunes comme pour dissiper la crainte des parents.
Une goutte d'eau dans l'océan
Tout est urgent à Pinquoi. Le ministère de l'Education nationale, pour l'instant, est la seule institution présente dans cette localité dépourvue de tout. Même les ONG y sont absentes. Le député Rodon A. Bien-Aimé qui se convertit en agent de développement invite les autres ministères à intervenir en urgence dans la zone afin d'améliorer les conditions de vie de la population.
Accès à l'eau potable est l'un des plus grands défis auxquels font face les habitants de Pinquoi. Pour trouver une eau relativement potable, les gens doivent parcourir des kilomètres. Ceux qui ne peuvent pas faire le trajet n'ont pas d'autre choix que d'utiliser l'eau tirée du lagon boueux où boivent les animaux.
La rareté de ce précieux liquide fait mal aussi aux agriculteurs, car les récoltes dépendent de la nature. « Nos récoltes sont souvent perdues, faute de pluie », déplore Fortuné, un agriculteur d'une quarantaine d'années.
Jean Pharès Jérôme
Jean Pharès Jérôme
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