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samedi 7 juillet 2007

Pari gagné ou tradition dans la modernité ?...Autour du Baccalauréat haïtien

Avec près d'un million de candidats régulièrement inscrits à travers le pays, pour la 6e et 9e AF, ENI, rhéto, philo dont 581.070 dans le département de l'Ouest, les responsables du MENFP avaient de quoi se faire du souci. Pour le bon déroulement des examens d'Etat. Grâce à l'adhésion enthousiaste de divers secteurs du monde de l'éducation et la mobilisation des ressources disponibles, ils ont mené à bien le processus. Malgré les difficultés. Mais reste à savoir si la cohérence du système éducatif haïtien qui oscille entre tradition et modernité se mesure à la seule prise en charge des épreuves officielles.

Selon certains observateurs, l'organisation des examens d'Etat de cette année a été un succès. Pour d'autres, des pas ont été franchis. Mais il reste beaucoup à faire. Toute fois, depuis l'émergence des syndicats d'enseignants sur la scène, après le départ des Duvalier, c'est la première fois que ces acteurs du système ont été si impliqués dans l'organisation de tels examens. C'est du politiquement correct.

« Il souffle aujourd'hui un vent nouveau dans l' organisation des épreuves officielles », se réjouit un responsable d'association des directeurs d'écoles de la zone métropolitaine. Celui-ci forme le voeu que les efforts entrepris pour améliorer notre système d'évaluation ait des incidences sur le système scolaire en général.

Les idées progressistes n'ont pas de parti. Le ministre de l'Education, M.Gabriel Bien-Aimé, n'a rien oublié des épisodes et de la position affichées hier encore par des corporations d'enseignants face aux problèmes éducatifs chers du système. De la déconcentration des candidats récalés au projet de bac permanent en passant par la décentralisation des centres de correction au niveau des différents départements scolaires du pays, les efforts visant à améliorer notre système d'évaluation sont prodigieux. Encore qu'ils sont inspirés des acteurs potentiels du système éducatif (anciens ministres, enseignants de carrière ou syndiqués, contempteurs du modèle scolaire néoconservateur, mais aussi pourfendeurs du système éducatif traditionnel).Les redoublants dans la ligne de mire du BUNEXE

Face au défi de moderniser progressivement les examens d'Etat, d'aplanir les sentiers pour l'implantation du nouveau secondaire, de résoudre par étapes successives le problème des surâgés, il fallait imaginer autre chose. Et c'est fait. Selon Josué Mérilien de l'Union nationale des normaliens haïtiens (UNNOH), l'idée de séparer les candidats récalés des nouveaux postulants vise une meilleure organisation des examens du bac. Elle est tout aussi positive que le projet de "bac permanent". «Permettre à l'élève qui n'a pas réussi de reprendre uniquement les matières pour lesquelles il n'a pas obtenu 50% est une bonne chose », reconnaît M. Mérilien qui croit légitime la chance accordée pendant deux (2) ans à ces candidats de conserver les matières réussies.

A propos du bac permanent, Josué Mérilien plaide pour des mesures d'accompagnement de manière à permettre au candidat ayant réussi en décembre d'entrer à l'Université. « L'Etat doit aller au fond des problèmes éducatifs », lance le numéro un de l'UNNOH qui enjoint les responsables à soumettre des correcteurs à un meilleur régime et à les accompagner dans les provinces avec des techniciens de qualité.

Enseignants de carrière, représentants d'associations de directeurs d'écoles, directeurs d'écoles, acteurs du système impliqués de près ou de loin dans l'organisation des examens d'Etat, sont d'avis que beaucoup d'efforts ont été entrepris pour le bon déroulement des examens officiels. Les membres de la Commission nationale de supervision des examens d'Etat (CONASEE), tout en dénonçant certaines anomalies non moins évitables admettent que la réforme de notre système d'évaluation est sur la bonne voie. Lentement mais sûrement. «Items inappropriés, délégués, superviseurs, surveillants recrutés sur la base du copinage, autant d'éléments négatifs ayant marqué les examens d'Etat », s'insurge Josué Mérilien qui en appelle à une correction de ces erreurs lors de la session extraordinaire.Pari gagné à 85%...

Adler Barnave Brioché de la Confédération nationale des éducateurs haïtiens (CONEH) estime qu'à 85%, les examens ont réussi. Mettant l'accent sur " les cas particuliers "qui ont eu une considération particulière (entendus comme les candidats inscrits régulièrement qui n'ont pas eu leur fiche d'inscription), M. Brioché trouve juste la séparation des récalés des nouveaux candidats. « Ni téléphone portable, ni accordéon, ni tentative de fraude : les examens se sont déroulés dans de très bonnes conditions de sécurité », indique M. Brioché qui déplore qu'à Petit-Goâve, dans Les Nippes, le Sud et la Grand'Anse, la faible participation de la Police nationale a occasionné des situations de trouble. A certains moments. Mais, dans l'ensemble, tout s'est très bien passé.Roc Aspil Pierre-Louis et St-Louis Eliodore félicitent

« Les examens ont été bien organisés et les textes à la portée des candidats », explique le directeur du Collège mixte Frère Roc, Roc Aspil Pierre-Louis, qui note les innovations apportées dans l'organisation de ces épreuves. Tout en déplorant que des individus étrangers à l'éducation aient été engagés dans le processus, M. Pierre-Louis apprécie que la Direction départementale de l'Ouest (DDO) a convenu de responsabiliser les directeurs d'écoles à apposer eux-mêmes les photos des candidats sur les fiches d'inscription. Pour éviter les cas de fraude. « J'espère que les petites failles enregistrées cette année seront corrigées dans les années à venir », a laissé entendre M. Pierre-Louis qui rejoint en ce sens Léonel Pierre et Saint-Louis Eliodor du Groupe d'initiative des enseignants des lycées (GIEL). « Par rapport aux expériences passées, c'est une réussite », font-ils remarquer en dénonçant certaines irrégularités au niveau de la DDO qui a aménagé des centres d'examen non appropriés. « Comment accueillir des candidats de philo dans des espaces aménagés pour des élèves primaires ? », s'interrogent, amers, MM. Pierre et Eliodore qui plaident pour plus de rigueur dans le choix des centres d'examen et du personnel. Examens d'Etat 2007 : Pari gagné ou tradition dans la modernité ?
Robenson Bernard
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=45851&PubDate=2007-07-06

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