Près de trois mois après le séisme du 12 janvier, les étudiants haïtiens n'ont qu'une hâte : reprendre les cours. "Certaines universités accueillent des étudiants sous des tentes, essaient de les loger, d'autres se font prêter des bâtiments, les universités congrégationnistes ont reçu des fonds de l'église. Mais pour un établissement comme le nôtre, la reprise ne pourra se faire que graduellement car la majorité de nos bâtiments ont été détruits", témoigne le recteur de l'université d'Etat d'Haïti, Jean-Vernet Henry. C'est dire si les universités du pays, dont huit sont membres de l'Agence universitaire de la francophonie (AUF) et qui regroupent 60 % des étudiants, soit quelque 60 000 jeunes, attendent beaucoup des assises internationales pour la reconstruction de l'enseignement supérieur, organisées par l'AUF à Montréal, fin mai.
L'enseignement supérieur a perdu plus de 400 étudiants et professeurs et vu s'écrouler la quasi-totalité de ses bâtiments. L'université d'Etat d'Haïti, la plus importante avec 25 000 étudiants (dont 15 000 à Port-au-Prince), est en ruine. Celles de Quisqueya (2 600 étudiants) et de Notre-Dame (2 500) ont beaucoup souffert. Les étudiants, dispersés aux quatre coins du pays, n'ont plus de logement et leurs parents, souvent sans emploi, ne peuvent subvenir à leurs besoins. La délégation des universités haïtiennes membres de l'AUF, reçue mi-mars par le ministère français de l'enseignement supérieur, estime que la facture devrait s'élever à 50 millions d'euros par an pendant dix ans.
MAINTENIR SUR PLACE
Lors de sa visite en Haïti, le 17 février, Nicolas Sarkozy a proposé que 700 étudiants haïtiens soient accueillis sur les trois sites de l'université des Antilles et de la Guyane. Quelque 11 000 jeunes ont déposé des dossiers, en cours d'examen. "L'annonce a été comprise comme une offre de bourses", ce qui n'était pas le cas, indique-t-on à l'ambassade de France. Le budget nécessaire au financement de 700 boursiers, soit 15 millions d'euros, n'existe pas. Pour l'heure, un peu plus de 60 étudiants, dont ceux de l'institut de gestion géré par l'AUF, poursuivent leurs études à Fort-de-France.
Les recteurs des universités haïtiennes craignent que le départ de ces jeunes ne devienne définitif. Dans un pays miné par la fuite des cerveaux, l'aide doit s'efforcer avant tout, estiment-ils, de maintenir les étudiants sur place. Ils défendent donc un système de bourses ciblées sur des diplômés qui iraient se spécialiser pour un master ou un doctorat et à qui ils feraient signer "un engagement de retour". Car "la grande tendance" aujourd'hui, rappelle M. Henry, est d'aller poursuivre ses études en République dominicaine, qui dispose de plus grandes capacités d'accueil et d'un plus grand nombre de filières.
L'un des moyens pour parer au plus pressé tout en offrant des moyens de qualité passe par les cours à distance. Dans cet esprit, l'AUF va lancer un appel d'offres de 100 000 euros afin d'ouvrir un campus numérique d'ici à la prochaine rentrée.
Brigitte Perucca
http://www.lemonde.fr/planete/article/2010/04/05/l-universite-d-haiti-redoute-une-fuite-des-cerveaux_1328953_3244.html
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mardi 6 avril 2010
L'université d'Haïti redoute une "fuite des cerveaux"
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